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un bien chétif estomac, si un si mince morceau que moi l’incommode* ! » C’était dans un moment où Henri IV lui-même se plaignait à. Sully que ses pourpoints étaient troués nu coude et ses chemises déchirées I (Mignet.) Une autre lettre encore navrante est celle où il dit à l’ambassadeur d’Espagne, Pedro de Toledo : « Je suis dans la plus extrême misère, ayant épuisé la bienveillance des amis qui me secourent et ne sachant où trouver le pain de demain 1 > Ces lacunes sont regrettables dans une édition qui devrait être définitive. La lettre au connétable de Montmorency, par laquelle il accompagne l’envoi des irants parfumés, que nous avons citée plus haut et qui est une des plus jolies comme tournure, manque également.

Dans leur ensemble et quoiqu’elles ne se rattachent qu’à une période de sa vie, ces lettres pfignent admirablement cet homme léger, aimable, spirituel, qui ne fut pas sans reproches, mais qui expia bien durement ses fautes,

FEREZ (Antonio), dominicain et prélat espagnol, né à Saiiit-Dominique-de-Silos en 1559 ? mort à Madrid en 1637. Après avoir été vieaire général de son ordre, il devint successivement évêque d’Urgel, d’Ilerda et de

Tarragone. Ses principaux ouvrages sont : Apunlamientos qundragesimates (Barcelone, 1608, 3 vol. in-4o), et Pentateuchwn fiilei (Madrid, 1620, in-fol.).

FEREZ (Antonio), jurisconsulte espagnol, né à Alfaro-sur-1’Kbre en 1583, mort à Louvain en 1672. Il suivitson père en Belgique, étudia le droit en Flandre, en France", en Italie, devint successivement professeur d’Institutes (1619) et de droit civil à Louvuin (1628), puis fut nommé conseiller du roi d’Espagne. Ferez a publié sur la jurisprudence romaine des ouvrages longtemps estimés, notamment : Assertiones poliliae aharumque iuris qvsstionum résolutiones (Cologne, 1C12, in-4<>) ; Tractatus de incendia (Louvain, 1624) ; Prslectiones in codicem Justinianum (Louvain, 1620-1651, 3 vol. in-4»), traité souvent réédité ; Institutiones impériales explicatx (Louvain, 1629) ; Jus pubticum (Amsterdam. 1657), etc.

PEREZ (le Père André), dominicain et romancier espagnol qui vivait au commencement du xvne siècle. Il fut supérieur du couvent des dominicains de Madrid et laissa des Sermons et une Vie de saint Raymond de Penafort, depuis longtemps oubliés. Le seul ouvrage de lui qu’on recherche encore, c’est un roman intitulé la Picara Justina (Medinadel-Campo, 1605, in-4o) et qui parut sous le pseudonyme de l’iu..fois Ubcdu. Ce roman, aussi faible de style que d’invention, est surtout curieux par les incidents licencieux qu’on y trouve. Il a été traduit en français sous le titre de la Narquoise Justine, lecture pleine de récréatives aventures et de morales railleries (Paris, 1635, in-8o).

PRIIEZ (David), compositeur italien, né à Naples en 1711, d’une famille espagnole, mort à Lisbonne en 1778. Ce fut à Païenne, où il était maître de chapelle à la cathédrale, qu’il fit représenter ses premiers opéras, YEroismo dé Scipione, VAstartea, Medea, VIsola incantata. De retour à Naples au bout de dix ans (1749), il y lit représenteravec un grand succès la Clemenza di Tito. Perez visita successivement ensuite Rome, Gênes, Turin,

Lisbonne (1752) et se îixa dans cette ville, où le roi, grand appréciateur de son talent, lui fit une pension annuelle considérable. Outre les ouvrages précités, nous mentionnerons encore : Sémiramide, Demofoonte (1752), Dprnetrio(1752), Alessandro nelle Indie (1755), Solimanno (1757). Ses opéras, beaucoup trop vantés par ses contemporains, contiennent quelques mélodies d’un beau style. On estime davantage, comme étant plus originale, sa musique^ sacrée.

PEREZ ou PÉRÈS DU GIEF (Joachim), homme politique français, né à Mirande en ■ 1759, mort vers 1832. Avocat au début de la Révolution, il devint en 1789 député d’Auch aux états généraux, en 1792 député suppléant du Gers à la Convention nationale, où il siégea en 1795, et demanda la révision des décrets portés depuis le : il mai jusqu’au 9 thermidor au II. Appelé à la fin de cette même année au conseil des Cinq-Cents, Perez du Gief demanda des mesures sévères contre les prêtres réi’raetaires, dénonça les maisons de jeu comme amenant la ruine des familles, parla contre la loi du 19 fructidor an V (1797), qui exposait à être arrêtés et fusillés des individus ignorant l’inscription de leurs noms sur les listes d’émigrés, et devint, après le coup d’État du 18 brumaire, membre du conseil de préfecture du Gers, fonctions qu’il remplit jusqu’en 1822.

PE11EZ-LAGESSK (Emmanuel), dit Perei do lu Huuie-Garouue, homme politique et administrateur français, né à Agen en 1752,

mort en 1833. Avocat, puis député suppléant aux états généraux, il fut élu dans la liante-Garonne député à la Convention nationale en 179Ï, vota, dans le procès de Louis XVI, pour la détention pendant la guerre et le bannissement après la paix, siégea parmi les silencieux de la Plaine pendant la l’erreur et fut chargé, en 1795, ne mi.-sious dans le but de préparer la fusion de la Belgique avec la France.. Appelé à faire partie du conseil des Cinq-Cents, il y soutint les institutionsrépu PERF

blicaines, demanda l’amnistie, la restitution dés biens enlevés aux hôpitaux, des indemnités pour les citoyens injustement incarcérés en matière politique, devint en 1798 membre du conseil des Anciens, dont il fut seeréiaire, puis président, et se montra favorable au coup d’État du 18 brumaire. Perez-Lagesse fut peu après appelé par Bonaparte à la préfecture de Sambre-et-Meuse, où il se lit aimer par sa sage administration, puis reçut lu titre de baron de l’Empire. Destitué en 1814, il se retira dans la Haute-Garonne, où il termina paisiblement sa vie. Ou écrit parfois son nom Pérè«-Lngesse OU Pérès delà lluuloGoroiiue.

PEREZ DE MONTALVAN (Juan), poëte espagnol. V. Mo.NTALVAN.

PEREZ DE OL1VA (Feruand), littérateur espagnol. V. Oliva.

PEREZ DE P1NEDA (Juan), protestant espagnol, né à Montiila (Andalousie), mort à Paris ; il vivait au xvio siècle. Ses talents le rirent remarquer de l’empereur Charles-Quint, qui le chargea en 1527 d’une mission près du pape. Lorsque, cette même année, les troupes impériales prirent Rome d’assaut et la livrèrent au pillage, Perez courut de grands dangers. Peu après, il revint en Espagne, imbu des principes de la Réforme, et se rit recevoir docteur en théologie. Ne se trouvant plus en sûreté dans un pays où l’inquisition régnait en souveraine maitresse, il s’enfuit à Genève, passa ensuite en France et devint d’abord pasteur à Blois, puis chapelain-de la duchesse de Ferrare, fille de Louis XII, laquelle était venue habiter à Montargis en 1559. C’était un homme savant et pieux, à qui l’on doit des traductions du Nouveau Testament (1556) et des Psaumes (1557), un Catéchisme et un Sommaire de la doctrine chrétienne.

PEREZ DE VARGAS (Bernard), chimiste espagnol qui vivait au xvie siècle, sous le règne de Philippe II. Il s’est occupé particulièrement de métallurgie et a laissé un ouvrage célèbre où il expose les doctrines d’Agricola et de Biringuccio, les deux plus célèbres métallurgistes du temps. Ce livre de Perez de Vargas a pour titre : De re metallica, en el quai se tratan diversos secretos del conoscimiento de ioda suerle de minérales (Madrid, 15G9, in-8o). « Perez de Vargas, dit M. Hœier, admet la plupart des doctrines des alchimistes, au lieu de les combattre sérieusement. Le sec et l’humide, le soufre et le mercure sont considérés comme les éléments des métaux. L’or est le métal le plus parfait, parce que le sec et l’humide s’y trouvent dans une juste proportion. La fusibilité, la malléabilité, l’éclat, la couleur, toutes les propriétés des métaux, dépendent de l’action du principe sec et du principe humide. C’est là le cadre étroit que l’auteur dépasse rarement. ■ Au point de vue pratique, le livre de Vargas est plus sérieux ; on y trouve plusieurs observations qui méritent d’être citées. Ainsi, l’analogie de l’untimoine et de l’arsenic y es t très-exactement indiquée. À propos de l’arsenic, Vargas raconte « que les ouvriers qui le retirent des mines ont soin de tenir la bouche fermée et pleine de vinaigre ; car la fumée d’arsenic les empoisonne et leur donne la mort. » Le manganèse, encore si peu connu de nos jours, est mentionné avec détails par Vargas : « Le manganèse, dit-il, de couleur de rouille noire, ne se fond point seul ; mais étant mêlé et fondu avec les éléments du verre, il communique à cette substance une couleur d’eau limpide et transparente ; il purifie le verre vert ou jaune et le rend blanc ; les verriers et les potiers se servent de ce demi-métal avec profit. » Tous ces détails sont d’une grande exactitude ; aujourd’hui encore, les verriers emploient le btoxyde de manganèse, sous le nom de savon des verriers, pour décolorer les verres jaunis par l’oxyde de fer. La préparation du fer et de l’acier, l’opération de la trempe sont décrites avec soin. Le procédé de gravure sur métaux à l’aide de l’eau-forte est indiqué par Vargas. Tout ce qui se rapporte à l’emploi industriel des métaux est traité dans sa Métallurgie. Sur la vie même de ce personnage il ne nous reste aucune indication : tous les auteurs qui l’ont cité n’en parlent qu’au point de vue de ses travaux chimiques.

PÉRÉZIE s. f. (pé-ré-zî — de Perez, bot. espagn.). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des chicoracées, comprenant plusieurs espèi.es, qui croissent surtout dans l’Amérique australe. Il Syn. d’Acourtie, autre genre de plantes.

PER FAS ET ISEFAS, proverbe latin qui signifie Par le juste et l’injuste, c’est-à-dire par toutes les voies, par tous les moyens permis ou non permis.

« Les traits sourcilleux de cet homme, son teint blafard, ses membres enflés et disproportionnés, son ventre énorme et sa taille

épaissie, montraient que, depuis qu’il se trouvait dans sa nouvelle position, il s’y était engraissé per fas et nefus, comme la belette de la fable, devenue incapable d’effectuer sa retraite par aucun des sentiers étroits qui communiquaient avec son trou. >

Walter Scott.

■ Les disciples de Saint-Simon, devenus

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per fas et nefas princes du crédit, chefs de la finance, matadors de la Bourse, travaillent de leur mieux à la réalisation de leur grand principe, la réhabilitation de la chair par la centralisation des capiiaux, l’accaparement des fortunes, la coalition des privilèges, et cela toujours au nom du dogme, au nom de la philanthropie. •

Proudhon,

De toutes les déesses de l’humanité, l’industrie est la plus impatiente et la plus implacable ; elle produit le jour, la nuit, à toute heure, et il faut qu’elle trouve per fas et nefas des débouchés à sa production. ■

Ed. Texier.

« Profondément convaincu, Broussais ne comprenait pas la contradiction et il la souffrait encore moins ; une fois établi dans une idée, il la soutenait avec une sorte de furie aveugle, per fas et nefas. »

L. Peissk.

« Je crois que votre choix serait le mien ; mais je suppose à notre place un scélérat qui ne voudrait que la liberté per fas et nefas, et pour qui la honte des moyens ne serait rien. Eh bien, il serait trompé dans ses vues ; il aurait la honte et n’aurait pas la liberté. »

Mirabeau.

PERFECTEUR s. m. (pèr-fè-kteur — lat. perfeclor ; de perficere, perfectionner). Celui qui perfectionne : Le temps, qui est le destructeur de toute législation humaine, en est aussi le perFECTKUR. (Cerutti.) Il Peu usité.

PERFECTIBILISÉ, ÉE (pèr-fè-kti-bi-li-zé) part, passé du v. Perfectibiliser : Industrie

PERFECTIBILISÉE.

PERFECTIBILISER v. a. ou tr. (pèr-fèkti-bi-li-zé

— rad. perfectible). Néol. Rendre perfectible.

PERFECTIBILISEUR S. m. (pèr-fè-kti-bili-zeur

— rad. perfectibiliser). Néol. Celui qui perfectibilise, qui rend perfectible : Une secte, qu’on peut nommer la coterie des perfectibiliseurs, ne cesse de vanter les progrès de la raison moderne. (Fourier.)

PERFECTIBILITE s. m. (pèr-fè-kti-bi-liste

— rad. perfectibiliser). Néol. Celui qui croit à la perfectibilité : Canning était un des perfectibilités, hommes du progrès et du vol sublime, qui ne voient la civilisation que dans les salons. (Corinen.)

PERFECTIBILITÉ S. m. (pèr-fè-ktî-bi-li-té

rad. perfectible). État, nature, caractère de ce qui est perfectible : La perfectibilité de l’espèce humaine, de l’esprit humain. L’homme perd par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir. (J.-J. Rouss.) La perfectibilité individuelle est l’instrument donné A l’homme pour atteindre aux dernières limites de son développement intellectuel et moral. (Portalis.) Dieu, en donnant à l’homme la perfectibilité, ne lui a pas défendu de l’appliquer à l’ordre social. (Mignet.) La sainteté, idéal de la perfection, est contradictoire à la perfectibilité. (Proudh.) La perfection exclut la perfectibilité. (F. Bastiat.)

C’est depuis peu de temps que notre vanité Forgea ce mot si long, perfectibilité.

Andrieox.

— Encycl. Philos, soc. V. progrès.

PERFECTIBLE adj. (pèr-fè-kti-ble — lat. perfeciibilis ; formé de perficere, perfectionner, achever). Qui peut être perfectionné, qui peut se perfectionner : L’homme est, de sa nature, un être perfectible. (Acad.) La perfection est l’état le plus naturel de l’être perfectible. (De Bonald.) L’homme est perfectible, la société humaine est perfectible, le genre humain est perfectible. (P. Leroux.) Les animaux ne diffèrent essentiellement de nous que par une intelligence stationnaire, tandis que la nôtre est indéfiniment perfectible. (A. Fée.) L’homme est essentiellement perfectible. (Proudh.) Le talent est toujours perfectible, avec un esprit ouvert et une invincible volonté. (Vitet.)

PERFECTIF, IVE adj. (pèr-fè-ktiff, i-ve

— rad. perfection). Philos. Qui a le caractère de la perfection : Si les choses matérielles étaient perçues immédiatement, elles seraient une véritable lumière pour l’esprit ; car elles en seraient ta forme intelligible et perfecti vb. (Jouffroy.)

PERFECTION s. f. (pèr-fè-ksi-on — lat. perfectio ; de perficere, achever, proprement faire complètement ; de per, complètement, et de facere, faire). Qualité, état de ce qui est parfait en son genre : Aspirer à la perfection. Approcher de la perfection. Donner à un ouvrage toute la perfection possible. Il faut chercher la perfection dans tout ce qu’on fait. (Acad.) La perfection de l’homme est de vivre selon la raison. (Boss.) La perfection d’une chose consiste dans son essence -• il y a des scélérats parfaits, comme il y a des hommes d’une parfaite probité. (La Rochef.) Il faut tendre à la perfection, sans jamais y prétendre. (Malebr.) La meilleure partie de notre perfection consiste à bien rei&urquer nos imperfections. (La Motte Le Vayer.) La perfection du sens dépend pria-

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cipalement du degré de sa sensibilité. (BufF.) On gâte tout quand on veut approcher d’une PERFECTION trop rigoureuse. (Grhntii.) La poésie exprime la perfection en général, plutôt qu’une manière d’être ou de sentir particulière. (Mme de Staël.) La perfection du genre familier est te naturel naïf. (De Bonald.) Le mélange du goût acquis et du goût naturel est la perfection de tous deux. (Kératry.) L’homme souffre et croit à la béatitude ; il tombe el aspire à la perfection ; il passe et prétend à l’éternité. (Guizot.) La perfection du style doit être recherchée de tous ceux qui se croient appelés à répandre des idées utiles. (Bérunger.) La plus haute perfection de la société se trouve dans l’union de l’ordre et de l’anarchie. (Proudh.)

— Achèvement : Les armes des animaux atteignent leur perfection en même temps que les organes de la génération. (B. de St-P.)

— Qualité excellente, suprême en son genre : Être doué de toutes les perfections. Acquérir de nouvelles perfections. C’est une perfection de n’aspirer point à être parfait. (Fén.) Il est aussi inutile d’argmnenier avec un fanatique, que de contester à un amant les perfections de sa maîtresse. (Volt.) Une âme bien réglée est celle qui mesure son amour sur les perfections de l’objet aimé. (J. Simon.)

— Théol. Perfections divines, Qualités, vertus qui sont en Dieu à un degré infini : La sainteté est l’abrégé el comme un précis des PERFECTIONS DIVINES, (BosS.) Il État le plus parfait de la vie chrétienne, de la vie religieuse : Faire des progrès dans la perfection. La conséquence de la perfection, c’est la béatitude. (Laeordaire.)

En perfection, à la perfection, Parfaitement : Un artiste qui chante dans la perfection. M. de Feletz me représentait en perfection le galant homme littéraire. (SteBeuve.)

’ — Encycl.-Nous ne voulons pas même effleurer iei ce que nous avons à- dire ailleurs sur le progrès, cette loi aussi évidente que mystérieuse de l’humanité ; mais nous devons nous arrêter un instant sur la façon dont l’esprit religieux a compris et essayé de résoudre la grave question du perfectionnement des unies. Notons tout de suite qu’entre la notion philosophique du progrès et l’idée chrétienne de la perfection il y a une différence essentielle : la philosophie considère le progrès comme le mode naturel du développement de l’univers, ou, pour nous enfermer dans le sujet qui nous occupe, comme la marche en avant de l’humanité ; les théologiens, ou du moins la plupart d’entre eux, ceux qui n’ont pas sacrifié à l’esprit philosophique, nient absolument que le progrès soit la loi générale de l’humanité, qui, créée presque parfaite, est définitivement déchue par la faute du premier homme ; ils admettent seulement que la perfection est le but assigné à. chaque fidèle, but qu’il est impossible d’atteindre, car l’infini est irréalisable, mais vers lequel il est nécessaire de tendre incessamment.

Mais en quoi consiste cette perfection à laquelle il est indispensable de viser ? Il n’est pas facile de le dire. Jésus a bien dit à ses disciples : • Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait. • Mais il n’a jamais explique bien clairement en quoi consiste cette perfection qu’il recommande ; il n’a même jamais fait connaître d’une manière bien sure ce qu’il faut entendre par le père céleste. Toutefois*, les principes de sa morale étant exposés en maints endroits des Évangiles, qui ne sont, à les bien prendre, que des recueils de préceptes moraux, on a pu les recueillir, et la morale une fois connue, en conclure que la perfection est l’accomplissement constant et sans réserve des préceptes évangéliques. Ainsi Jésus recommande partout la lutte contre les passions ; on en a conclu que la perfection réside dans la victoire définitive sur toutes les passions. Toutes les mauvaises actions viennent du cœur, dit Jésus, c’est-à-dire de la volonté ; pour être parfait, il faut donc être maître absolu de sa volonté ; belle maxime et digne des plus grands philosophes, mais que les disciples de Jésus ont dénaturée en faisant consister la perfection dans la mort de la volonté. Enfin Jésus prêche le renoncement absolu : renoncement aux richesses, renoncement à la famille, renoncement à soi-même. Si vous voulez être

parfait, vendez tous vos biens et distribuez-en l’argent aux pauvres, abandonnez vos parents et suivez-moi. L’Église a accepté ces règles de la perfection, avec quelques changements, par exemple en substituant aux

pauvres le clergé et les couvents.

Malgré tout, les théologiens n’ont pas réussi à s’entendre sur la nature de la véritable perfection chrétienne ; leurs divers systèmes pourraient se résumer en deux mots : pour les uns, vivre en Dieu ; pour les autres, mourir en Dieu. Diriger vers Dieu toutes ses pensées, tous ses désirs, toutes ses actions, n’avoir que Dieu seul en vue, n’avoir d’autre volonté que la sienne, d’autre pensée que celle de lui plaire, n’aimer que lui, ne s’occuper que de lui, ne voir que lui eu tout et partout, n’aimer la nature que parce qu’elle procède de lui, n’aimer ses semblables que parce qu’ils sont faits à son image, tel est le type de perfection adopté par les partisans de la vie en