Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 2, Path-Phel.djvu/269

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ruqiies des docteurs Bucquet et Vieq-d’Azyr passaient pour les plus belles de France ; celles des lords anglais Thni’li>w et Châtain étaient réputées les plus somptueuses de l’Europe.

Cependant, au cours du xvui* siècle, la perruque subit de graves modifications ; peu a peu on abandonna ces immenses édifiées capillaires h boucles roulées ou flottantes ; les cheveux, ramenés en deux musses, furent assemblés à l’aide de rubans et formèrent deux queues parallèles qui descendaient jusque sur le dos ; bientôt on ne fit qu’une seule queue et inénw assez courte. Alors, pour ceux qui avaient des cheveux, la perruque devint inutile, la chevelure naturelle pouvant se prêter aisément aux mêmes dispositions. Ce fut le barreau qui donna l’exemple. De jeunes avocats, renonçant h l’artifice, laissèrent croître leurs cheveux, qu’ils firent accommoder à peu près connue les perruques. Cette mode nouvelle fit d’abord des progrès chez les jeunes conseillers, puis se propagea insensiblement dans le inonde. Les1 perruques disparurent peu à peu. « Il n’y eut plus, dit Dulaure, que les vieillards chauves et entêtés qui conservèrent courageusement les chevelures artificielles, et on les nomma, par dérision, têtes à perruque. » Sous le Directoire, les femmes composant la cour d’alors adoptèrent, à l’imitation des femmes qui fréquentaient Barras, avec la tunique romaine, la prrruque blonde, bouclée et frisée ; niais cette mode ne dura que quelques années ; elle prit fin au 18 brumaire. De nos jours, tes femmes se contentent d’ajouter à leur chevelure naturelle d’énormes paquets de faux cheveux, qui ne sont pas, à proprement parler, des perruques. Quant aux hommes, ils en ont complètement abandonné l’usage. On ne porte plus que de faux toupets, et non par luxe, mais pour cacher la calvitie.

— Hyg. Les accidents produits par les perruques nu devaient pas être rares, si l’on songe à la compression qu’elles exerçaient autour du crâne. En effet, il fallait qu’elles joignissent parfaitement, que leurs bords et leurs pointes, au nombre de cinq ou sept, s’imprimassent dans la peau, et, comme on ne

connaissait pas encore les liens élastiques, cette constriction devait être nécessairement permanente. Le pourtour de lu perruque était formé par un ruban qui ne prétait point ; la courroie qui la serrait par derrière, avec une boucle, était encore plus rigide, de sorte qu’une forte compression s’exerçait constamment en forme de ligature sur toute la circonférence de ht tête. D’un autre côté, le crâne étant tonné de parties osseuses, dures et résistantes, les vaisseaux qui circulent dans le cuir chevelu ou dans le tissu cellufaire sous-jueent se trouvaient ainsi resserrés et comme aplatis entre les os et les ligatures. De là, une gène plus ou moins grande de la circulation et, par suite, des contestions du côté du cerveau, des eblouissements, des liiitenieiils d’oreilles, des vertiges, des céphalalgies’, etc. Un autre accident non moins fréquent était occasionné par la calotte même de la perruque, laquelle, après ta raréfaction de l’uir qu’elle emprisonnait sous l’influence de la chaleur naturelle, jouait absolument le rôle d’une ventouse. Lorsque les individus quittaient le soir leur perruque, on pouvait, voir le sommet de leur tète gonflé et tuméfié ; il pouvait en résulter une apoplexie.

D’un autre côté, il est certain qu’on voyait moins souvent que de nos jours des rhumes, des enehifrenements, des ophihalmies eatarrhalSS, des fluxions d’oreilles, des maux de dents, etc., ce qui était dû évidemment à ce quou pouvait avoir partout et en toute circonstance^ la tête couverte et parfaitement chaude. C’est ce qui taisait dire à un satirique de l’époque :

C’est une loi communément reçue

Qu’il faut, devant les grands, se tenir tête nue ;

El la perruque alors est un puissant secours. Mais cette perruque devait être solidement fixée, sans quoi, en s’inclinant très-bus devant les grands, elle pouvait tomber, ce qui était, ajoute le même auteur, une fâcheuse déconvenue. Aussi, pour prévenir ces accidents, ou collait sa perruque avec du blanc d’œufou avec une préparation d’iohthyoeolJe. Cet enduit, plus ou moins épais, arrêtait la perspiration cutanée et ne pouvait manquer, par là, d’être nuisible.

Les perruques avaient encore accidentellement un autre inconvénient ; il en fallait de telles quantités, qu’on n’avait pas toujours le temps n’en nettoyer et préparer convenablement les cheveux. Aussi vit-on plus d’une fois la vermine, la gale, la teigne se transmettre par ce moyen. D’un autre côté, le prix des perruques, étant extrêmement élevé, beaucoup, de femmes en achetaient d’occasion et s’en paraient aussitôt sans songer aux fâcheuses maladies qu’elles pouvaient ainsi contracter ; car, dans le nombre, il ne pouvait pas manquer d’y avoir sous certaines perruques des pustules syphilitiques, des boutons de mauvaise nature, des matières plus ou moins imprégnées de pus, de vermine, etc. On raconte l’histoire d’une daine qui avait deux perruques semi-blondes, qu’elle envoyait tour à tour chez le perruquier. Celui-ci n’avait qu’une seule tête en bois ou en carton, sur laquelle passaient ut repassaient successivement toutes a&perruques du quartier. Un Jour, la dame en question sentit, après avoir

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mis une des siennes, une vive démangeaison au cuir chevelu. Sa première idée fut que sa coiffure n’était pas revenue seule de chez le perruquier. Aussitôt elle s’en débarrassa pour reprendre la seconde ; mais le prurit n’en continua pas moins ; il devint même insupportable, et, au bout de quelques jours,

une éruption herpétique couvrit toute la tète. Le médecin appelé reconnut sur la tête désa malade les mêmes croûtes daitreuses et tinéiformes dont il soignait, depuis un an, une autre dame du voisinage, laquelle envoyait ses perruques chez le même coiffeur.

Aucun de ces dangers n’est k craindre avec les perruques actuelles ; elles sont préparées avec soin, légères, souples, pénétraoies à l’air et k la transpiration. La seule difficulté consiste à les bien fixer sur la tète, ce que l’on obtient assez bien k l’aide des élastiques, qu’on serre médiocrement par derrière. Celles qui sont mal faites ou mal adaptées s’enlèvent parfois avec le chapeau, inconvénient assez désagréable pour ceux qui les portent, ou bien encore elles dévient k droite, a gauche, en arrière, sur le front, et laissent voir ainsi un reste de cheveux blancs ou de couleur disparate, qui devraient être cachés. Ce sont ces perruques mal confectionnées qui nécessitent l’emploi de la colle ou d’un aggmtinalif qui n’est pas toujours sans danger ou au moins sans inconvénient.

L’utilité des perruques est réelle, mais elle a été singulièrement exagérée. Un grand nombre d’individus, ordinairement enrhumés, sujets k des maux de gorge, aux oplnhaluiies catarrhales, à des douleurs d’oreilles, à des névralgies de la tête, n’ont pu être guéris qu’en adoptant l’usage de la perruque. On peut donc la conseiller à tous ceux qui, ayant perdu leurs cheveux, sont obligés par état de se tenir constamment découverts. Nous ne saurions en dire autant de l’amas monstrueux de faux cheveux ou de crins que les famines portent derrière la tête, et qui n’a d’autre avantage que de les gêner et ne faire disparaître sous une lourde crinière de pâles visages le plus souvent ravagés par le lyiophatisme ou l’anémie.

Terminons par quelques anecdoctes cet article coiuico-sètieux. Bien qu’elles se rattachent directement k notre sujet, introduites dans le courant du récit, elles n’eussent pu qu’en embarrasser et en ralentir la marche.

M. de Sartines, lieutenant général de police et homme du monde, avait des perruques de tous les caractères et de toutes les dimensions : perruque pour le négligé ; perruque pour le conseil ; perruque k bonnes fortunes ; perruque k interrogatoires. La perruque des rendez-vous galants était k cinq petites boucles Bottantes. Celle dont le magistrat s’affublait pour interroger les criminels était terrible ; eile faisait des serpents ; on l’appelait Vineœorabte.

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À l’Opéra-Comique, dont il était le directeur, Fuvart avait organisé des sortes de représentations extraordinaires qui avaient lieu a l’époque des fêtes publiques. En ces jours, l’orchestre était au grand complet ; tous les symphonistes étaient assis sur un banc et, par couséquent, rangés sur une longue ligne. Or, k cette époque, tous les musiciens avaient des perruques. (Jette circonstance fit naître une singulière idée dans la tête d’une jeune actrice très-étourdie, qui était l’enfant gâtée de toute la troupe. Elle s’appelait Mlle y... et était connue sous le nom île ma mie Babichon. Elle descendit dans l’orchestre, se glissa derrière le banc des symphonistes avec la souplesse d’un petit serpent et piqua très-habilement des hameçons, préparés à l’avance, qui se terminaient par des crins imperceptibles. Ces crins se réunissaient k un fil de rappel qui répondait aux troisièmes loges. Babichon y monte, attend qu’on donne le signal pour l’ouverture ; au premier coup d’archet, la toile se lève et les perruques s’envolent

toutes en même temps. M. B directeur du

Grand-Opéra, qui présidait à cette représentation avec toute sa dignité, scandalisé d’une pareille indécence, voulut en connaître l’auteur, pour le punir. Babichon, qui avait eu le temps de descendre, était auprès de lui et haussait les épaules en joignant les mains. On connut k son air moqueur que c’était elle qui avait fait le coup. Elle l’avoue et dit à M. B.... : « Hélasl monsieur, je vous supplie de me le pardonner ; c’est un effet de l’antipailiie que j’ai pour les perruques, et même au moment où je vous parle, malgré le respect que je vous dois, je’ne puis ni’empêoher de me jeter sur la votre. » Ce qu’elle fit en prenant la fuite aussitôt. Chacun dit qu’il fallait venger l’honneur des têtes k perruque. Babichon fut mandée, le lendemain, à la police ; mais elle raconta l’histoire si naïvement et d’une façon si plaisante, que le magistrat étouffait de rire en la grondant. Elle eu fut quitte pour une.mercuriale.

Le czar Pierre, dans son second voyage de Hollande, en 1716, passa par Dantzig ; il s’y trouva un dimanche, placé dans l’église à côté du bourgmestre : le service était long ; on était eu hiver. Le prince était chauve et avait froid à la tète ; il imagina de prendre, sur la tète de son voisin, la grande perruque qui la couvrait et de la mettre sur la sienne.

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Le service fini, il rendit au bourgmestre sa perruque et le salua très-poliment.

Un Figaro de petite ville, dont la spécialité se bornait k faire la barbe, à couper et k entretenir les cheveux et qui portait nue haine mortelle aux perruques, avait eu l’idée originale, pour traduire cette aversion et aehalander en même temps sa boutique, de représenter sur une énorme enseigne un homme qui se noyait. Un nageur charitable s’ébmçait pour le tirer’du perfide élément et croyait le sauver en le saisissant par les cheveux j mais il ne lui restait à la main qu’une perruque, et le pauvre diable coulait k fond. Aussi renseigne purtuit-i.-lle en grosses lettres cette légende significative :

À l’inconvénient des perruques ! Jusqu’ici, l’enseigne ne parait qu’une fantaisie malicieuse ; mais la vérité est que le malin Figaro avait puur rival et pour visà-vis un autre barbier dont la spécialité consistait précisément dans la fabrication er la vente des perruques, de sorte qu’il se voyait par Ik gravement menacé dans son existence, nous voulons dire dans sa clientèle. Kn effet, les amateurs, effrayés de ce saisissant apologue, se portaient en foule chez l’antiperruquier, et notre homme se lamentait seul.au fond de sa boutique. Mais il était homme d’imagination aussi, homme k faire dire de lui : À Figaro, Figaro et demi. Un beau jour, on vit se balancer au-dessus de sa porte un grand tableau représentant Absalon au moment où il vient d’être abandonné par sa mule ; au-dessous flamboyait, ce quatrain vengeur :

Passants, contemple : la douleur D’Absalon pendu par la nuque :

Il eût évii<5 ce malheur

S’il eût porté perruque !

— Allua. littér. Faites des perruques, maître AuUrc, faite* de* perruques, dos i>erruifucs, des perruques, etc., Réponse spirituelle de Voltaire k un perruquier, nommé André, qui avait eu l’idée comique do lui dédier une tragédie en cinq actes et eu vers, ayant pour titre : le Tremblement de terre de Lisbonne. V. ANDRÉ.

Cette phrase : Faites des perruques, est devenue une des locutions les plus pittoresques de notre langue. C’est une traduction spirituelle et comique du Ne sulor ultra crepidam des Latins.

« Louis XIV, le grand roi, est le premier qui ait bien compris la majesté de la perruque. Voltaire a donné un grand exemple au monde en disant k l’un de ses confrères en littérature : Faites des perruques.’ faites des perruques ! N’eu fait pas qui veut : il faut vingt-cinq ans pour faire un perruquier ; on fait un coiffeur passable en six mois. »

(Journal amusant.)

« Jasmin, le poëte perruquier, ayant envoyé k M. Ch. Nodier un exemplaire de ses poésies (tas Ptipillotos), celui-ci lui répondit :

« C’est un honnête métier que de faire des

« perruques et une distraction frivole que de faire des vers. Cependant, monsieur, je vous dirai : Faites des vers, faites des vers, puisque votre merveilleuse organisation p vous a donné ce talent et imposé cette des « tinée ; et Dieu me garde que vous n’en fassiez plus, moi qui m’engagerais volontiers à ne plus lire que les vôtres I... >

Cuvillier-Fleuhy.

s Que d’honnêtes cordonniers, tailleurs, maçons ou perruquiers ont abandonné leur état pour se livrer k la fabrication de la musique, s’imaginant que l’on alignait les notes avec autant de facilité que les points d’une couture ou les moellons d’un mur 1 Voltaire leur aurait dit : Faites des perruques, et îlerum, des perruques. »

Castil-Blazb.

PERRUQUE, ÉE (pè-ru-ké) part, passé du v. Pdrniquer. Coiffé d’une perruque : L’abbé de La Hivière, é< :êque de Lauyres, a été te premier ecclésiastique qui ait porté perruque, et on peut, par conséquent, l’appeler avec justice le doyen des ecclésiastiques PEHKUQUàS. {J.-B. Thiers.)

PERRUQUER v. a. ou tr. (pô-ru-ké — rad. perruque). Fam. Poser et accommoder une perruque sur la tête de : Un coiffeur de théâtre, qui a l’honneur de pkrruquer les comédiens amateurs du grand monde, prétendait l’autre soir que, pour les rivalités artistiques, les petites jalousies, ces messieurs et ces dames ne le cédaient en rien aux acteurs véritables. (G. Davidson.)

PERRUQUERIE s. f. (pè-ru-ke-rt — rad. perruque). Fam. Chose surannée, vieillie, démodée.

PERRUQUIER s. m. (pè-ru-kié — rad. perruque). Celui qui fait des perruques, coiffe et rase : Une boutique de PkHRuqUikr. AI. Jasmin, coiffeur et poëte., a dinê uiiec le roi ; on n’uceueiLterail pas ainsi, au château, un poète qui hk serait pus en même temps puriuiquiiiR. (A. Kiur.) Il »’y a pas une grande différence entre le fils d’un PERRUQUIER et celui d’un roi. (Vaquerie.)

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Ce perruquier superbe est l’effroi du quartier.

Boilbao.

— Lon. fam. Quart d’heure de perruquier, Temps plus long qu’on ne l’avait annoncé, ainsi dit parce que les perruquiers, faisant un ouvrage qui exige des soins minutieux, sont souvent plus longs qu’ils n’avaient promis de l’être.

— Encycl. Les perruquiers formaient une Corporation dont l’importance s’explique facilement d’après les usages et les habitudes de toilette propr.-s k l’ancien régime. Vers la fin du xviiie siècle, leurs charges se ■ payaient à Lyon jusqu’à 10,000 francs et k Paris 3,91)0 livres. Dans cette dernière ville, leur nombre était de 9*2. Ils avaient saint Louis pour patron. Les bassins qui leur servaient d’enseignes devaient être blancs, pour les distinguer de ceux des chirurgiens-barbiers qui étaient jaunes. « Vous avez en France, disait un jour Franklin avec sa bonhomie moqueuse, un excellent moyen de faire la guerre sans qu’il vous en coûte rien. Vous n’avez qu’à ne point vous friser et k vous passer de poudre tant qu’elle durera. Vos perruquiers formeront une armée ; l’argent qu’ils vous coûtent suffira pour leur solde et vous les nourrirez avec le blé que vous perdez à vous poudrer. • V. coiffeur.

Perruquier de 1» Bëgence (le), opéra-CO mique en trois actes et en iiro.se, de Planard et Paul Duport, musique d Ambroise Thomas (Opéra-Comique, 30 mars 1838). Fléchinel, perruquier de la place du Chàlelet, vient d’être no-nmé syndic des barbiers de Paris ; cet hou1- ’T ne contribue ’pas peu à attirer les chalanus dans.sa boutique ; il y reçoit des officiers du czar Pierre, de jeunes marquis et jusqu’à de vieilles duchesses. Il est vrai qu’on peutsupposer un autre motif k cette afâueuce. Fléi-hinel a naguère recueilli sur la route de Mayence une pauvre enfant dont le père venait de mourir de faim. Bien que fort peu aisé à cette époque, le brave garçon perruquier n’a pas hésité k se charger de l’orpheline et à l’adopter. Cette action lui a porté bonheur ; tout, depuis lors, a prospère dans sa maison. 11 a fait unépetite fortune, sa réputation s’est étendue ; après l’argent sont arrivé» le-* honneurs ; et la jeune Agathe, sa tille adoptive, le dédommage par son affection, sa grâce et ses

?ualiies aimables de tous les sacrifices qu’il a

aits pour elle. Cependant il n’est pus sans inquiétude. Un jeune clerc de procureur est sur le point d’obtenir la main d’Agathe, quand on découvre que M. Firmin (c’estle nom qu’il a pris) n’e^t autre que le marquis de Forlanges, frère de la duchesse de Grandval. Indignation de Fléchinel, désespoir d’Agathe ; le marquis doiléire un roué qui méditait le déshonneur de la jeune fille, lie plus, un officier du czar, qui a remarqué Agathe à l’Opéra, la Suit ubatiiiéineut depuis cette soirée. Enfin, comme si la Fortune, qui jusqu’alors avait souri à Fléchinel, voulait F’urcubler de ses plus rudes coups, un détachement de gardesfrançaises vient lui enlever Agathe en vertu d’une lettre de cachet signée du régent... Le troisième acte se passe k Saint- Péiersbourg. Nous y retrouvons Agathe, non plus dans Ta boutique d’un artisan, mais au palais impérial, où, grâce à la proiection spéciale que lui accurde Te czar, elle est environnée d’hommuges, de médisances et de flatteries. La duchesse de Grandval, dont le mari a été nommé ambassadeur à la cour de Russie, et.son fr<*re, le marquis de Forlanges, doivent être présentés à la favorite ce jour-lk. Au moment de la présentation arrive un courrierenvo.yé de Paris par le régent. Ce courrier n’est autre que le pauvre Fléchinel, qui est aussi loin de comprendre la raison qui l’a fait choisir pour une mission pareille que de deviner le véritable mutif de l’enlèvement de sa fille adoptive. Mais tous nos personnages sont en présence et nous allons avoir l’explication de ces bizarres événements. Agathe ne peut entendre sans une vive émotion le récit du voyage de Fléchinel et l’expression de la douleur profonde que lui cause la perte de l’enfa<U qu’il a élevée avec tant de sollicitude et de tendresse. Forlanges, de son côté, donne, les marques les moins équivoques de la sincérité de son amour pour Agathe, en mêlant Ses larmes à celles du malheureux perruquier. À ce spectacle, la protégée du czar ne peut garder plus longtemps I incognito ; elle lève son voile et se précipite dans les bras de Fléchinel. Pierre leGr»iid présente alors Agathe à sa cour comme la tille d’un des plus grands seigneurs de la Russie que le czar, trompé, a —condamné k un exil injuste ; et c’est pour réparer autant que possible ses torts envers le père qu’il a voulu rendre à la tille ses titres, sa fortune et son nom... L’heureux Forlanges, dont on avait calomnié les intentions, épouse Agathe, et Fléchinel, installé et choyé dans le palais du czar, ne rasera plus désormais personne.

Ce pogme avait le mérite d’offrir au compositeur d’assez nombreuses situations. La musique en est délicieuse de la première à la dernière note ; c’est moins bouffe que le Caïd, mais plus distingué. Le joli compliment, que débitait Jenny Colon (Agathe) avec tant de giàce et de gentillesse, éclate de malice et ue verve railleuse ; nous le donnons ci-après. La partie d’orchestre est traitée da main de maître : tout y est k sa place. Les instruments y sont groupés d’une façon piquante et neuve,