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des ornithologistes modernes qui ont classé les pigeons dans «n ordre à part, intermédiaire entre les passereaux et les gallinacés, celui des colnmbius. Ils constituent le genre proprement dit ; mais, vu le nombre considérable des espèces et les différences secondaires qu’elles présentent, on les a réparties en plusieurs sections plus ou moins naturelles, mais commodes pour, l’étude, et qui sont l’objet d’articles spéciaux : tels sont les colombars, les côtombi-yatlines, les colombikoccos, les colombi-perdrix, les gouras, tes ramiers, les tourterelles, etc. (v. ces mots). Nous ne parlerons ici que des pigeons proprement dits. Les pigeons sont des oiseaux essentiellement granivores ; toutefois, si leur nourriture préférée vient à leur manquer, ils se rejettent sur les baies et les petits fruits sauvages, et même sur les insectes ou les escargots de petite taille. Un jabot membraneux, très-extensible, fait subir aux aliments une sorte de macération préalable qui prépare et facilite leur digestion ; l’estomac, où celle-ci s’achève, est pourvu de muscles très-puissants ; l’animal aide d’ailleurs à leur notion en garnissant son gésier de petits cailloux destinés à triturer les grains et’autres substances. 11 résulte de ce régime que les pigeons, quand ils se répandent dans les champs, peuvent opérer des dégâts assez considérables sur les récoltes ou sur les semis-, bien qu’ils ne soient pas pulvérateurs comme les poules, ils savent très-bien écarter la terre avec leur bec pour arriver jusqu’à la graine, ou bien dévorer les cotylédons quand ils sortent de terre. Mais on s’accorde a reconnaître que le tort qu’ils peuvent faire est bien compensé par les services qu’ils rendent à l’économie rurale ; on peut du reste, au moins en ce qui concerne les pigeons domestiques, atténuer ces dégâts, eu fermant les colombiers aux époques critiques pour l’agriculture.

La voix du pigeon est une sorte de cri prolongé, doux et plaintif, bien désigné et connu sous le nom onomatopique de roucoulement ; chez le mâle, ce roucoulement est plus fort, plus plein, plus soutenu, plus fréquent que chez la femelle ; nous avons vu que, pendant qu’ils roucoulent, ils enflent leur iabo^en y introduisant de l’air. Ils boivent beaucoup, mais sans renverser le cou ; ils aiment à se baigner et à se rouler dans fa poussière, pour se délivrer des parasites qui les tourmentent ; mais ils ont soin de nettoyer leurs plumes, qui sont toujours très-propres. Ils ont la vue et l’ouïe excellentes et très-aetives, ce qui, joint à leur-vol rapide et soutenu, leur permet de se soustraire le plus souvent aux atteintes de leurs ennemis. ■ « Tous les piçeons, dit Buffon, ont certaines qualités qui leur sont communes : l’amour de la société, l’attachement h leurs semblables, la douceur des mœurs, la chasteté, c’est-à-dire la fidélité réciproque et l’amour sans partage du mâle et de la femelle ; la propreté, le soin de soi-même qui supposent l’envie de plaire, l’art de se donner des grâces qui le suppose encore plus ; les caresses tendres, les mouvements doux, les baisers timides qui ne deviennent intimes qu’au moment de jouir ; ce moment même ramené quelques instants après par de nouveaux désirs, de nouvelles approches également nuancées, également senties, un ft ; u toujours durable, un goût toujours constant et, pour plus grand bien encore, la puissance d’y satisfaire sans cesse. •

L’amour, chez les pigeons, n’est pas sans coquetterie ni galanterie ; qui n’a remarqué les mouvements, le petit manège du mâle, quand il fait la cour à la femelle ? Il s’approche, tourne autour d’elle, va, vient, fait la roue, le tout avec force courbettes et roucoulements. La femelle parait d’abord insensible ; mais bientôt elle répond aux avances et rend caresse pour caresse ; il semble môme que l’amant veut lui donner un avant-goût des douceurs de la maternité, car il lui apporte de la nourriture et la lui donne de la même manière qu’ils en donneront û leurs petits. À ces préludes succèdent les grandes privautés ; mais l’acte d’union intime des deux époux ne dure qu’un moment.

Quelquefois deux mâles se battent pour la même femelle, et cela jusqu’à la mort de l’un ’ des prétendants. Il arrive aussi qu’une femelle se dégoûte de son mâle, refuse ses caresses et finit par le fuir, pour se livrer, par un caprice étrange, au premier venu. D’autres fois, un pigeon ne se contente pas d être infidèle à sa compagne, mais il la force encore a vivre en commun avec une rivale préférée ; il les surveille toutes deux et les bat à l’occasion, pour les contraindre à lui rester fidèles, au moins en sa présence. Parfois on observe entre les deux conjoints unis de forée (ce qui n’arrive qu’en domesticité) une antipathie due à la différence d’âge ou de tempérament. Un a remarqué aussi que, lorsqu’une femelle s’est laissé couvrir par un mâle étranger, le sien dépité l’abandonne et ne veut plus la voir ou, s’il s’en rapproche, c’est pour la battre. Mais tout cela n’est rien à côté des exemples de perversité que rapporte naïvement V. de Bomare : « On a vu, dit-il, des femelles se tromper, c’est-à-dire s’entre-saisir à défaut de mâle, ce qui suppose un tempérament fort chaud dans ces individus ; on a vu aussi deux mâles, mécontents respectivement de leurs femelles, faire entre eux un échange et vivre ensuite en bonne intelligence dans Iqur nouveau petit ménage.

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Nous aimons à croire que ces faits sqntde simples exceptions, des aberrations si l’onveut, et qu’ils ne doivent pas détruire la bonne réputation dont les pigeons jouissent sous le rapport des vertus conjugales et familiales. • Aussitôt après leur accouplement, les deux conjoints s’occupent de réunir des matériaux pour construire leur nid : les uns l’établissent sur un arbre élevé, dans les parties les plus solitaires des forêts ; d’autres, dans les bosquets ou les jeunes taillis ; d’autres encore, dans les crevasses des rochers ou dans les trous des bâtiments abandonnés ou en ruine ; enfin il en est qui le posent.simplement à terre. Ce nid, composé de ramilles, de bûchettes, de tiges de graminées ou d’autres herbes, est toujours informe, presque plat et assez large pour contenir les deux parents. Le mâle s’y établit ordinairement le premier, puis, par des roucoulements et des battements d’ailes, il semble inviter la femelle à s’y rendre ; quand celle-ci est nrrivée, elle garde le nid pendant quelques heures dans la journée et y couche uneou deux nuits avant de pondre. On assure même que, si et le néglige ce premier devoir, le mâle sait le lui rappeler et devient alors un maître sévère.

La ponte est de deux œufs blancs. Le père et la mère se partagent le soin de l’incubation, qui dure environ dix-huit jours. La durée de leur garde et les heures auxquelles ils. se relèvent varient suivant les espèces et les saisons. Les petits, dans les premiers jours, sont couverts seulement d un duvet très-clair-semé, ordinairement blanc ; aussi la mère a-t-elle le soin de les tenir bien chaudement ; elle ne s’absente que pour prendre un peu de nourriture et alors le père la remplace. Ils sont nourris avec une sorte de bouillie, un peu analogue avec le lait des mammifères, sécrétée en partie par les cryptes muqueuses dont est criblée la face interne des parois de l’œsophage, à l’endroit où cet organe se dilate pour former le jabot.

« Les pigeons, dit M. 2. Gerbe, ont une manière toute particulière de donner la becquée à leurs nourrissons ; ces derniers, au lieu d’ouvrir largement leur bec, ainsi que le font presque tous les jeunes oiseaux élevés dans un nid afin de recevoir leur nourriture, l’introduisent en entier dans celui de leurs parents et l’y tiennent légèrement entr’ouvert ; de cette façon, ils saisissent les matières a moitié digérées que les nourriciers, par un mouvement eonvnlsif qui paraît assez pénible et qui a quelquefois des suites dangereuses pour certaines races, chassent de leur jabot. Cette opération est toujours accompagnée d’un tremblement rapide des ailes et du corps. Les pigeonneaux n’abandonnent le nid que fort tard et seulement lorsqu’ils essayent de saisir eux-mêmes leur nourriture.» Ils roucoulent de très-bonne heure. Les piqeons do la grande espèce s’accouplent dès l’âge de cinq à six mois, et les autres de quatre à cinq mois

Vers lu fin de l’été, quand les couvées et les éducations sont terminées, les pigeons se réunissent en troupes nombreuses, soit pour errer dans les bois et les champs voisins, soit pour émigrer vers des climats où ils trouveront une température et une nourriture convenables. Ces sociétés, composées entièrement d’individus de môme espèce, mais où les sexes et les âges sont confondus, restent ainsi formées durant l’automne et l’hiver ; mais au printemps, alors que l’instinct de la reproduction se fait sentir, elles s© séparent pur couples, dont chacun va se cantonner dans l’endroit qu’il préfère. Grâce au nombre considérable des espèces, à leurs longs et fréquents déplacements, à la domestication, on trouve aujourd’hui des pigeons dans toutes les contrées du globe. Indépendamment des types spécifiques primitifs, on possède aujourd’hui de nombreuses races ou variétés, dont la majeure partie, peut-être même la totalité, appartient à l’espèce dont nous allons parler en premier lieu.

Le pigeon biset, appelé nussi quelquefois pigeon de roche, a environ O10^ de longueur totale, du moins h l’état sauvage, car les individus domestiques sont plus.grands ; le plumage, d’un cendré bleuâtre, avec la cou d’un vert doré, à reflets violacés et chatoyants ; deux bandes noires transversales sur l’aile ; les pennes de la queue d’un cendré plus foncé que le corps et le croupion d’un blanc pur ; le bec noirâtre ; l’iris et les pieds ronges. Il est rare aujourd’hui à l’état sauvage dans les Contrées peuplées de l’Europe ; on ne le trouve guère que sur les côtes ou dans quelques Iles rocailleuses de la Méditerranée, aux lies Kéroe et sur les bords de la Keika ; il est srtout répandu KTéuéiïffo. Il vit de préférence au milieu des rochers et niche dans leurs crevasses ou leurs trous, et aussi dans ceux des vieilles masures ou des tours isolées. Il emifre en octobre, et on le voit alors arriver par andes assez nombreuses dans nos départements du Midi.

Par contre, cette espèce est aujourd’hui domestiquée partout. Elle vit, chez nous, dans une sorte de captivité volontaire, au sein des demeures que l’homme lui bâtit et qu’on nomme colombiers ou pigeonniers. Quelques individus ont adopté certains édifices publics, où ils vivent dans une sorte de demi-sauvagerie ; tels sont ceux des arches du pont Neuf, à Paris ; de Saint-Marc, à Venise etc.

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(Les célèbres pigeons des Tuileries sont des t ramiers.) On s’accorde généralement à regarder cette espèce comme la souche primitive de toutes nos races do pigeons de colombier et de la plupart de celles des pigeons de volière. Les auteurs ne sont pas d’accord sur le nombre et les caractères de ces races, et des classifications très-diverses ont été proposées à cet égard. Nous adopterons ici celle de Boitard et Corbié, en passant très-sommairement en revue les vingt-quatre races, plus ou moins importantes, qu’ils ont reconnues.

I. Pigeon biset. Type primitif plié à la domestication, mais ayant conservé un peu de

son naturel sauvage ; c’est celui qu’on préfère pour peupler les colombiers. Moins productif que d’autres, il coûte moins à élever, parce qu’il va chercher sa nourriture dans les champs pour rentrer le soir à sa demeure. On en distingue deux sous-races ou variétés principales : le pigeon de fuie ou fuyard, appelé aussi pigeon de roche ou rocherai, et le pigeon domestique, plus gros et un peu moins vagabond. 2. Pigeon mondain. Le plus commun, le plus fécond, l’un des plus répandus dans les pertes exploitations, et qui, avecMe précédent, alimente les marchés de Paris. Il prospère en volière et méine en cage, est très-sédentaire, se nourrit de tout et s’accouple indistinctement avec tous les pigeons ; mais il.devient souvent incommode par sa familiarité. 3. Pigeon paltu. Ainsi nommé des • plumes plus ou moins longues qui couvrent ses pattes et les font paraître plus grosses, caractère qui se retrouve, du reste, dans plusieurs autres racesj Peu estimé aujourd’hui, bien que très-productif. 4. Pigeon tambour. Caractérisé par le front, surmonté d’une couronne, les pieds fortement emplumés, et surtout par son roucoulement singulier, qui imite le roulement du tambour. Il est fécond, mais peu soigneux pour ses couvées. La variété dite glouglou articule assez nettement ces deux syllabes. 5. Pigeon boulant ou grosse-gorge. Très-belle race, possédant plus que touie autre la faculté d’enfler son jabot ou de se rengorger, ce qui est la cause de maladies spéciales, ou à peu près, à cette race, un peu négligée aujourd’hui pour ce motif. 6. Pigeon lillois. Se rengorge aussi, mais moins que le précédent, et sa boule est ovoîde et non sphérique. Fécond et très-estimô. 7. Pigeon maillé. Diffère du grosse-gorge par sa taille plus petite, sa gorge moins enflée, ses jambes plus courtes, sou manteau agréablement maillé. Très-productif, mais recherché surtout par les amateurs. 7. Pigeon cavalier. Se rapproche encore beaucoup du boulant, mais facile à en distinguer par ses narines épaisses, membraneuses et charnues. Belle et bonne race, très-féconde. 9. Pigeon bagadais. Bec long et crochu, narines tuberculeuses très-développêes, large ruban caronculeux entourant tout l’œil ; cou et tarses très-longs ; le plus gros des pigeons de volière ; fécond, mais farouche, s’apprivoisant mal et par cela même peu recherché. 10. Pigeon turc. Diffère du précèdent par ses narines moins tuberculées, la caroncule des yeux plus large, le port plus trapu, les jambes plus courtes ; en outre, il est presque toujours huppé. Malgré sa beauté et son produit, il devient de plus en plus rare, parce qu’il a tous les défauts du bagadais.

II. Pigeon romain. Très-grande taille ; petit cercle rouge autour des yeux ; deux sortes de fèves tuberculeuses autour des narines ; fécondité moyenne. Très-répandu en Italie.

12. Pigeon miroité. Ressemble par sa forme au mondain, dont il se distingue surtout par la beauté de son plumage ; iris jaune ; pas de filet autour des yeux ; race très-féconde.

13. Pigeon nonnain. Caractérisé surtout par une fraise de plumes relevées, qui, partant de derrière la tète, descend le long du cou et s’étend sur la poitrine, comme le capuchon d’un moine, ce qui le fait souvent uppeler aussi pigeon capucin. Belle race de volière, de petite taille, mais recommandable sous tous les rapports. U. Pigeon coquille. Le capuchon est réduit à une simple touffe de plumes à rebours, qui forment une sorte de coquille. Race très-féconde, ayant d’ailleurs toutes les qualités de la précédente. 15. Pigeon hirondelle. Couleur variée en dessus, blanche en dessous ; jambes fortement emplumées ; tête souvent ornée d’une huppe.

Une de nos plus jolies races domestiques. 16. Pigeon carme. Très-petit et bas sur jambes ; une huppe derrière la lète ; dessous du corps blanc ; tarses et doigts garnis de plumes. Race très-féconde, niais ne produisant que de petits pigeonneaux. 17. Pigeon polonais. Petit, trapu ; tête carrée ; bec gros et très-court ; bande rouge très-large autour des yeux ; caroncules très-développees. Ruée peu productive. 1S. Pigeon craoaté. Race de très-petite taille, caractérisée par les plumes de la gorge redressées et fiisées en forme de jabot, la tête carrée, le bec court et très-petit, les yeux saillants, les formes gracieuses. Grand voilier, à vol direct et très-soutenu, revient de loin et toujours au gîte ; aussi l’emploie-t-on fréquemment comme messager. 19. Pigeon volant. Race très-ancienne, de petite taille ; formes sveltes ; narines dépourvues de tubercules ; grande fécondité ; vol rapide. Employé de préférence et de toute antiquité comme messager. Nombreuses variétés. 20. Pigeon culbutant, appelé aussi pantomime. Rnce très-petite, mais très-féconde, avant la singulière habitude, quand elle vole,

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toot

de tourner quatre ou cinq fois sur elle-même, la tête en arrière, comme un corps que l’on jetterait en l’air ou comme un clown qui fait le saut périlleux, ce qui, joint à son vol très-rapide, déroute quelquefois l’oiseau de proie qui le poursuit ; il en est qui exécutent les contorsions les plus grotesques. 21. Pigeon tournant ou batteur. Un peu plus fort que la culbutant ; iris noir ; pieds chaussés. Exécute en volant des cercles continuels, comme un oiseau qui a du plomb dans l’aile, et celp. même dans le colombier, ce qui fait qu’il se blesse et dérange les couveuses ; il but d’ailleurs les mâles des autres races ; aussi est-il de jour en jour moins recherché. HZ. Pigeon heurté. Plumage blanc, avec un masque de couleur variée, ainsi que la queue. Peu répandu. 23. Pigeon paon ou trembleur. Trèspetite race, à ailes pendantes et à queue relevée, comme celle du paon, presque toujours agitée, surtout au temps des amours, d’un tremblement convulsif. Recherché uniquement comme curiosité. H. Pigeon suisse. Race de la grandeur du biset, comprenant les individus les plus brillants en couleurs, mais, du reste, de plumage très-varié ; il est très-rare de l’avoir pure.

Telles sont les races les mieux caractérisées du pigeon biset ; elles se subdivisent en nombreuses sous-races ou variétés.

Poursuivons maintenant notre élude des espèces. Le pigeon d croupion d’or a les parties supérieures d’un vert brillant ; la tète, le cou et le haut de la poitrine d’un rouge rose très-vif ; le ventre cendré bleuâtre, séparé de la poitrine par une double ceinture blanche et noire ; les parties inférieures vertes et jaunâtres ; le dessous des rectrices gris et terminé d une nuance plus claire. Il habite les îles de la Sonde et les Moluques. Ses mœurs sont encore peu connues.

Le pigeon voyageur a le plumage d’un gris bleuâtre, avec la gorge brun jaunâtre, la poitrine rouge vineux, les pennes des ailes et do la queue brunes, l’abdomen d’un blanc pur. 11 habite l’Amérique du Nord, vit particulièrement sur tes chênes et se nourrit surtout de glands, qu’il détache d’une manière assez curieuse : il monte et descend continnellefnent et très-rapidement, et donne chaque fois un coup d’aile au gland, jusqu’à ce qu’il l’ait fait tomber. C’est un excellent gibier et on lui fait une chasse active.

« De tous les pigeons de l’Amérique septentrionale, dit Vieillot, celui-ci est le plus nombreux ; il traverse, au printemps et à l’automne, les contrées qui sont entre le 20e et le 60c degré de latit. N. On en voit alors uno si grande quantité, que leur vol obscurcit le soleil pendant assez de temps pour qu’on puisse charger trois fois un fusil et tirer sur fa même troupe ; quelquefois même, des bandes couvrent deux milles d’étendue en longueur et un quart de mille en largeur. Ils voyagent matin st soir, se reposent vers le milieu du jour dans les forêts, surtout dans celles où abondent les chênes, et préfèrent s’arrêter sur les branches mortes ou dépouillées de verdure ; ils s’y portent en si grand nombre et se perchent si près les uns des autres, qu’ils couvrent les arbres en entier. Tantôt c«s pigeons parcourent les contrées voisines de la mer, tantôt ils prennent leur direction dans l’intérieur des terres -, c’est alors qu’on les voit sur les bords des lacs, et traverser sans interruption celui d’Ontario, dans l’étendue de huit à dix milles, lis se fatiguent tellement, quand ils voyagent sur cette mer intérieure, qu’on peut, à leur arrivée sur le rivage, en tuer plusieurs centaines a coups de bâton. On ne les y voit qu’une fois en huit ans, et le passage est si régulier, que les naturels appellent cette année l’année des pigeons. Des bandes ne sont composées que de jeunes ; d’autres, de femelles et de quelques mâles ; dans d’autres, ce sont presque tous des mâles. Le passage dure, à l’automne et au printemps, quinze ou vingt jours, après lesquels on ne rencontre plus ces oiseaux au centre des États-Unis. •

Le pigeon à couronne pourpre a la taille do la tourterelle, le front pourpre, le derrière de la tète, le cou et le dessus du corps d’un beau -vert foncé et brillant, les pennes des ailes noires, bordées de vert ou de jaune, la queue d’un- noir verdâlre. Il habile diverses ites de l’océan Pacifique, où les nnturels lui donnent les noms d’ooparo et de kurukuru. Ses couleurs sont plus ou moins foncées, suivant les pays. Il se nourrit de bananes et s’apprivoise facilement.

Le pigeon ori^ou a les joues dépourvues de plumes, la peau du devant du cou nue «t munie de trois barbillons pendants ; une caroncule charnue, arrondie, d’un beau rouge, de la grosseur d’une noix au-dessus des narines ; le plumage d’un blanc uniforme, la queue grise à sa base et noire à l’extrémité. La vraie patrie de cet oiseau n’est pas bien connue ; on croit néanmoins qu’il habite les Iles de l’océan Pacifique.

Le pigeon grivelé, l’un des plus gros du genre, habile l’Australie ; sa chair, blanche et délicate, l’emporte do beaucoup sur celle des autres espèces connues. On a tenté d’acclimater Crttte espèce en Europe, mais le» résultats obtenus jusqu’à ce jour sont peu satisfaisants.

Le pigeon labrador, plus petit que le précédent, a été trouvé dans le sud de lu Tusmanie. Importé en Angleterre, il s’y est re^

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