à ce sujet ce mot, qui annonce au moins une politique habile : « Il est au pouvoir des rois de se faire aimer ou haïr. » Après la bataille de Chéronée, Philippe, dans l’enivrement de la victoire, insultait aux prisonniers. L’orateur Démade, l’un d’eux, dit alors hardiment au prince : « Tu joues le rôle de Thersite, quand tu pourrais être un Agamemnon. » Cet avis généreux valut la liberté à Démade et un traitement plus doux aux autres prisonniers,
Une pauvre femme le pressait de lui rendre justice, et comme il la renvoyait de jour en jour : « Cessez donc d’être roi, » lui dit-elle avec émotion. Ce mot naïf, mais profond, ramena soudain Philippe à son premier devoir, À une audience publique, comme il se tenait dans une position peu convenable, un esclave l’en avertit : « Qu’on mette cet homme en liberté, dit Philippe, j’ignorais qu’il fût de mes amis. »
Un autre jour, une femme vint lui demander justice au sortir d’un long festin et fut condamnée. « J’en appelle, s’écria-t-elle vivement. — Et à qui ? répondit le roi. — À Philippe à jeun, » répliqua-t-elle ; et Philippe, examinant de nouveau l’affaire, reconnut l’injustice de son jugement et la répara aussitôt.
Cette dernière anecdote est restée célèbre, et il y est fait souvent allusion. Mais on varie sur la dernière partie de la réplique, et au lieu de dire à Philippe à jeun, on dit quelquefois à Philippe mieux informé. On dit encore, mais par erreur, à César mieux informé.
Philippe (LE), harangue d’Isocrate (348 av.
J.-C). Elle fut adressée au roi de Macédoine
entre la Ire et la IIe Philippique de Démosthène ;
c’est un des derniers ouvrages du rhéteur. Il le composa au moment où Philippe venait d’attirer Athènes dans un piège
par la paix, négociée avec Eschine. Isocrate
engagea le roi à se faire le médiateur entre
les États grecs en discorde (le loup médiateur
dans les querelles des brebis !) et à marcher
ensuite en bonne harmonie avec eux
contre les Perses, chose que Philippe avait
réellement l’intention d’exécuter, mais avec
le titre de général en chef et en réalité comme
souverain des républiques grecques. On représente
Philippe, dit-il en faisant allusion
à Démosthène, comme un prince artificieux,
dont le véritable but est d’opprimer la Grèce ;
mais de telles imputations lui paraissent dénuées
de fondement et de vraisemblance. Il
exhorte le roi à convaincre de calomnie ses
accusateurs et à démontrer la fausseté de
leurs allégations en n’ambitionnant que le
titre de pacificateur de la Grèce et de généralissime
contre les Perses, leurs ennemis communs.
Isocrate était de bonne foi, puisqu’on prétend qu’il se laissa mourir de faim à la suite de la bataille de Chéronée ; mais il était la dupe du roi de Macédoine, qui aveuglait habilement son patriotisme en flattant sa vanité littéraire. Il suffit, d’ailleurs, pour juger Isocrate, de lire l’interminable préambule de cette harangue. Ce qui préoccupe ce politique à courte vue, c’est la crainte de n’avoir peut-être pas orné son style de tous les agréments que Philippe aimerait à y trouver. Il s’écrie avec une feinte modestie : « Si seulement mon discours était écrit avec cette variété de nombre et de figures dont jadis je connaissais l’usage et que j’enseignais à mes disciples en leur montrant les secrets de mon art ! Mais, à mon âge, on ne retrouve plus ces tours. » Néanmoins, ou trouve dans cette harangue une certaine éloquence et une moins grande exubérance de ces ornements de style qui avaient passionné Isocrate dans sa jeunesse.
Philippe (lettres à), par Isocrate. Ces lettres sont au nombre de trois ; elles sont longues,
étudiées et semblables en tout point à
des discours. La première est de la même
date que la harangue qui précède et lui sert,
pour ainsi dire, d’introduction. Isocrate regrette
que son extrême vieillesse l’empêche
d’aller présenter lui-même sa harangue à
Philippe, Il engage ce prince à la lire avec
attention et à y réfléchir mûrement. L’objet
en est important et Philippe est assez éclairé
pour goûter un bon avis, même donné avec
assez de liberté. Les circonstances sont favorables ;
c’est le moment d’agir, de marcher
contre les Perses, comme le conseille son
discours ; l’auteur mérite d’être écouté. Tout
cela est fort bien dit ; mais la vanité tient
trop de place dans cette lettre, et l’auteur
semble plus préoccupé du succès littéraire de
son œuvre que de sa réussite politique.
La seconde lettre est démesurément longue. Philippe, après avoir conclu la paix avec les Athéniens, incapable de rester oisif, guerroyait en Thrace, où il courut les plus grands dangers. Isocrate le supplie de modérer son courage et de se ménager ; Il lui prouve par plusieurs exemples historiques qu’il ne doit pas s’exposer témérairement. Il l’exhorte encore à marcher contre le roi de Perse et à conclure avec Athènes une paix solide et durable. « Vous aurez plus de facilité, lui dit-il en terminant, à contenir les peuples qui sont sous votre domination et à soumettre les barbares. »
La troisième lettre revient sur les avis donnés dans la précédente et dans son discours. Les peuples de la Grèce sont disposés à se réunir et à marcher ensemble contre les Perses ; que Philippe se mette sans retard à la tête de l’expédition, qui sera aussi honorable pour lui que profitable pour les Grecs. Un personnage aussi célèbre que lui ne saurait trop faire pour augmenter l’éclat de sa gloire. Or que lui restera-t-il à ambitionner après la défaite du grand roi ? Rien que les honneurs divins dont, sans aucun doute, la Grèce récompensera sa générosité.
Isocrate était dévoué à sa patrie et ne cherchait que le bien public de la Grèce. S’il flatte Philippe, c’est, croit-il, dans l’intérêt d’Athènes, et, loin d’être un des lâches complaisants ou un des traîtres vendus à ce prince ambitieux, il était dupe de sa politique perfide, que la droiture de son caractère l’empêchait de deviner. Un autre reproche que l’on peut adresser à ces lettres, c’est d’être trop parfaites sous le rapport de la forme. Le rhéteur, dans Isocrate, éclipse tout à fait le patriote et peut-être ferait-il plus d’effet s’il cherchait moins à se faire admirer.
PHILIPPE III, roi de Macédoine. Ce titre
fut donné à Arrhidée, fils naturel de Philippe II. V. ARRHIDÉE.
PHILIPPE IV, roi de Macédoine de 297 à 296 av. J.-C. Il était fils aîné de Cassandre et il entretint des relations amicales avec les Athéniens. Son règne, qui ne dura que quelques
mois, ne contient aucun événement important.
PHILIPPE V, roi de Macédoine de 221 à
178 av. J.-C. Il fut l’avant-dernier roi des
Macédoniens et hâta, par ses fautes, la conquête
de la Grèce par les Romains. Les commencements
de son règne furent assez heureux.
Guidé par le célèbre Aratus, il prit parti
pour les Achéens, dans la guerre des Alliés
ou des Deux ligues, et remporta de grands
avantages sur les Étoliens (217). Il chercha
ensuite à consommer l’entier asservissement
de la Grèce, fit alliance avec Annibal, qui
ravageait alors l’Italie, tenta de chasser les
Romains de l’Illyrie et fut vaincu par eux à
Apollonie (214). Ayant fait empoisonner Aratus,
il s’attira la haine des Achéens et d’une
partie de la Grèce ; les Romains, de leur côté,
lui suscitèrent de nombreux ennemis. Après
une suite de revers, il se vit contraint d’accepter
une paix humiliante (205). Il n’en continua pas moins à fournir des secours à Annibal et s’attira la haine de Rome, dont
l’ambition, d’ailleurs, après la chute de
Carthage, se tournait vers l’Orient. La guerre
recommença en 200. Après une suite de revers,
il fut écrasé dans les plaines de Cynocéphales
par Flaminius (197) et réduit à renoncer
à ses possessions et à ses alliances en
Grèce, à payer un tribut, à licencier son armée
et sa marine, à se soumettre aux ordres du sénat,
etc. Néanmoins, il reprit dans la suite
ses projets et fit secrètement de nouveaux
préparatifs que la mort ne lui laissa pas le
temps d’achever. Des chagrins domestiques
vinrent aigrir encore ceux que lui causaient
tant de revers : trompé par les calomnies de
Persée, son fils naturel, il fit mettre à mort
Démétrius, son fils légitime (181), et mourut
consumé de regrets en 178. Persée lui succéda
et, vingt ans après, la Macédoine était réduite
en province romaine.
PHILIPPE, roi syrien, fils d’Antiochus VIII,
mort vers 57 av. J.-C. En l’an 95, après
la mort de son frère Séleucus VI, il s’unit à
son autre frère, Antiochus XI, pour combattre
Antiochus X qui s’était emparé du trône. Ils
furent vaincus par Antiochus X. Antiochus XI
mourut en traversant l’Oronte. Quant à Philippe,
malgré sa défaite, il prit le titre de
roi, parvint à se maintenir dans une partie
de la Syrie, se concerta avec un autre de
ses frères, Démétrius, obtint du secours des
Égyptiens et chassa définitivement Antiochus X. Peu après, pour rester seul maître
du pouvoir, il fit la guerre à Démétrius, le
vainquit après des alternatives de succès et
de revers (88) et l’envoya captif dans la
haute Asie. Il croyait pouvoir régner enfin
seul et en repos, lorsqu’il trouva un nouveau
compétiteur dans son cinquième frère, Antiochus XII, qui souleva Damas et la Cœlésyrie.
Ce dernier prince trouva la mort en combattant,
vers 86. Philippe ne put néanmoins
recouvrer les provinces soulevées. Il se vit
entièrement dépossédé par Tigrane, roi d’Arménie,
en 83, se retira à Antioche et mourut vers 67.
PHILIPPE, prince juif, tétrarque de la Gaulanitide, de la Trachonite, de Batanen, fils d’Hérode le Grand, mort en 34 de notre ère.
En mourant, son père le nomma tétrarque de
trois provinces et Auguste le confirma dans
cette souveraineté, qu’il exerça de l’an 4
av. J.-C. jusqu’en 31 de l’ère chrétienne. Son
règne fut calme et prospère. Il se fit aimer
par sa douceur et son équité, fonda et embellit
plusieurs villes et éleva plusieurs édifices
importants.
PHILIPPE, médecin d’Alexandre, qu’il guérit de la maladie qu’il avait contractée en se baignant dans le Cydnus. Alexandre ayant reçu une lettre de Parménion, qui lui annonçait que son médecin, corrompu par l’or des Perses, devait l’empoisonner, il donna cette lettre à Philippe, au moment où celui-ci lui présentait un breuvage, et but sans la moindre hésitation. Cette noble confiance ne fut pas trompée : l’accusation était fausse, et Alexandre guérit.
PHILIPPE (L. Marcius), homme d’État romain qui vivait dans le IIe siècle avant notre ère. Il devint préteur en 188, consul en 186, se fît battre en Ligurie, puis fut chargé de
missions en Grèce et en Macédoine (183, 171),
se montra diplomate habile et sans scrupule
et décida, en 171, par des promesses illusoires,
Persée à suspendre les hostilités. En 169,
Philippe, nommé consul pour la seconde fois,
fut chargé de diriger la guerre contre Persée ;
mais il ne remporta aucun succès et fut
remplacé par Paul-Émile. Il obtint la censure
en 164.
PHILIPPE (Lucius Marcius), un des plus grands orateurs et un des plus grands hommes politiques du temps de Cicéron. Il vivait
au Ier siècle av. J.-C., fut consul en 91 et
s’opposa avec la plus grande vivacité aux réformes
proposées par le tribun Drusus. La
plus grande partie des agitations si fréquentes
qui troublèrent Rome à cette époque provint
des lois agraires. Lois agraires proposées
par les Gracques, qui commencèrent ce
grand mouvement d’émancipation du peuple,
lois agraires proposées par Drusus, lois agraires
de Rullus, lois agraires de César, toutes
attestent cette vague inquiétude qui travaillait
Rome au moment des guerres civiles, et
qui se manifesta par des luttes violentes
sur la place publique. Dans ces luttes terribles,
Philippe joua un grand rôle. Également
ennemi de l’aristocratie et du peuple, il
frayait surtout avec les chevaliers, et on
pourrait dire qu’il était du parti de Cicéron,
si le grand orateur n’avait pas plusieurs fois
changé de parti. Philippe est resté célèbre
surtout par un grand discours qu’il prononça
contre Crassus dans le sénat, discours que
Crassus réfuta avec une éloquence que Cicéron
appelle divine, mais qu’il paya de sa vie.
Cicéron a raconté avec une grande éloquence,
dans le troisième livre de son Dialogue sur l’orateur, cette mort de son illustre prédécesseur.
Après avoir plaint la triste fortune du
sénat qui se voyait trahi par celui-là même
qui aurait dû lui prêter son appui, comme
Philippe, outré des vives attaques de son
adversaire, songeait à user des moyens légaux
dont il pouvait disposer contre un sénateur,
Crassus s’écria : « Quand, pour gage
de ton pouvoir, tu auras renversé l’autorité
de l’ordre tout entier, lorsque tu l’auras détruite
sous les yeux mêmes du peuple romain,
penses-tu donc que de pareilles menaces puissent
m’effrayer ? Ce n’est pas là ce qu’il te
faut supprimer et détruire, si tu veux venir
à bout de Crassus ; c’est cette langue qu’il te
faudra couper ; et même, après que tu me
l’auras arrachée, mon souffle sera encore
assez indépendant pour repousser tes inutiles
violences ! » Crassus répondait d’ailleurs à un
adversaire digne de lui, comme nous le prouve
Cicéron dans le Brutus. Voici, en effet, comment
il juge l’éloquence de Philippe : « Si
Crassus et Antoine occupent le premier rang,
Philippe est celui qui en approche le plus ;
mais il n’en approche pourtant que de très-loin.
Ainsi, quoique personne ne vienne se
placer entre lui et ces grands maîtres, je ne
lui donnerai cependant pas la seconde, ni
même la troisième place ; car je n’appellerai
le second ou le troisième, ni dans une course
de chars celui qui est encore tout près de la
barrière quand le vainqueur a déjà reçu la
palme, ni parmi les orateurs ceux qui sont si
éloignés du premier, qu’à peine ils semblent
courir dans la même lice. Cependant Philippe
avait des qualités qui, jugées seules et sans
comparaison, pouvaient paraître grandes :
une extrême franchise, beaucoup de traits piquants,
des idées abondantes et développées
avec facilité. Il était surtout initié fort avant
pour ce temps-là aux disputes de la Grèce.
Dans la dispute, ses railleries avaient quelque
chose de mordant et d’acéré. »
Philippe obtint l’annulation des lois qu’avait fait porter Drusus, devint censeur en 86, chassa du sénat son oncle Appius Claudius, garda la neutralité pendant la guerre civile entra Marius et Sylla et échappa complètement aux proscriptions. Par la suite, Philippe appuya Pompée, alors chef du parti des chevaliers, et contribua à lui faire donner le commandement de la guerre contre Sartorius en Espagne. Philippe avait une grande fortune et vivait au milieu d’un grand luxe. — Son fils, L. Marcius Philippe, consul en 53 av. J.-C, épousa Atia, nièce de César et veuve d’Octavius, père du futur empereur Auguste, resta neutre pendant les guerres civiles, se prononça, après la mort de César, pour un arrangement entre Octave et Antoine et vit son beau-fils devenir souverain des Romains. Il rebâtit le temple d’Hercule et des Muses, fréquemment désigné sous le nom de Portique de Philippe.
PHILIPPE (saint), apôtre de Jésus-Christ,
né à Béthsaïda, en Galilée. Il était, croit-on,
pêcheur lorsque, après la vocation de saint
Pierre et de saint André, il devint un des disciples
du fils de Marie, qu’il accompagna partout
depuis lors. Philippe assista notamment
au sermon sur la montagne, au miracle de
la multiplication des pains, à la Cène, et accompagna
son maître sur la montagne des Oliviers. Après la mort du Christ, il resta à Jérusalem jusqu’à la dispersion des apôtres dans le monde. Il alla prêcher alors l’Évangile en Phrygie, où il fut martyrisé, pendu par les pieds et crucifié à Hiéraple, vers l’an 80, pour s’être opposé au culte des serpents. L’Église
célèbre sa fête le 1er mai.
— Iconogr. Les Analecta juris pontificit (22e livraison), revue publiée à Rome, présentent les observations suivantes au sujet de la représentation de saint Philippe : « Les peintres ont coutume de représenter l’apôtre saint Philippe dans la décrépitude de l’âge ; néanmoins, les écrits qui lui donnent un âge si avancé ne sont pas très-authentiques. On peut le figurer avec la croix qui fut l’instrument de son martyre. Si on le peint avec un livre, ce n’est pas qu’il ait laissé quelque écrit ; car l’Évangile que certains hérétiques voulurent lui attribuer est rangé par saint Gélase parmi les apocryphes, et saint Épiphane nous apprend que c’était l’œuvre impure des gnostiques ; mais le livre convient à tous les apôtres, parce qu’ils propagèrent la doctrine évangélique parmi les gentils. » Une statue colossale en marbre, sculptée par Giuseppe Mazzuoli et qui se voit dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran, représente saint Philippe tenant une longue croix et ayant le pied gauche posé sur un dragon, image de Satan ; il se penche pour regarder le monstre et, de la main droite tendue en avant, il fait un geste oratoire. Cette statue, aux draperies ronflantes, n’a pas la gravité qui convient aux sujets religieux. D’autres statues de marbre d’un meilleur style ont été exécutées par Giovanni Bandini (cathédrale de Florence), Francavilla (église San-Marco, à Florence), Thorwaldsen (gravé par Domenico Marchetti). Une statue de pierre a été sculptée, en 1867, par Mme Léon Bertaux pour l’église Saint-Laurent de Paris. Des figures de saint Philippe ont été gravées par Beccafumi (clair-obscur), Fr.-F. Aquila (d’après la statue de Gius. Mazzuoli décrite ci-dessus), Jaspar Isac, etc. (v. apôtres). Le musée des Offices possède une remarquable peinture à la détrempe d’Albert Dürer, datée de 1516 et qui représente saint Philippe en buste. Une figure à mi-corps peinte par Ribera appartient au musée de Madrid. D’autres peintures ont été exécutées par Philippe de Champaigne (au Louvre), J.-U. Mair (musée du Belvédère), etc..
PHILIPPE (saint), surnommé l’Évangéliste,
l’un des sept premiers diacres élus par les
apôtres. Il annonça l’Évangile dans Samarie,
où ses miracles confondirent Simon le Magicien,
et, sur l’ordre d’un ange, se rendit sur
le chemin de Gaza, où il rencontra le trésorier
de Candace, reine d’Éthiopie, auquel il
donna le baptême. Il mourut vers 70, probablement
à Césarée. Il est honoré le 6 juin.
— Iconogr. L’acte de saint Philippe qui a été le plus fréquemment représenté est le Baptême de l'eunuque de la reine Candace ; il a été figuré notamment par Nicolas Bertin, Chassériau, les frères Both (gravé par J. Browne), Claude Vignon (estampe), Dietrich (dessin gravé par Bartsch, 1804), Roger (peinture murale de la chapelle des fonts baptismaux de Notre-Dame-de-Lorette, à Paris), Paul Bonhomme (Salon de 1838), etc. Un tableau de l’ancienne galerie de Pommersfelden, signé A. Marienhof et exécuté dans la manière de Rembrandt, représente le Baptême de la reine d’Éthiopie par saint Philippe. M. Gosse a peint Saint Philippe prêchant sur les ruines d’un temple païen, dans l’Asie Mineure (Salon de 1838) ; M. Gigoux, Saint Philippe guérissant une malade (Salon de 1842) ; Th. Blanchet, le Ravissement de saint Philippe (autrefois dans la cathédrale de Paris) ; Dom. Muratori, le Martyre des apôtres saint Jacques et saint Philippe (tableau du maître-autel de l’église des Saints-Apôtres, à Rome). L’esquisse de cette dernière composition est au musée de Naples.
PHILIPPE BENITI ou BENIZZI (saint), général des servites, né à Florence en 1233,
mort à Todi en 1285. Il se rendit à Paris, où
il étudia la philosophie et la médecine, puis
alla terminer ses études médicales à Florence
et à Padoue et se fit recevoir docteur. Peu
après, il entra dans l’ordre des servites, où
ses capacités le firent appeler rapidement aux
plus hautes fonctions et enfin à celles de général.
Sous sa direction habile, l’ordre des servites
acquit un grand développement. Philippe
Beniti parvint à empêcher Innocent V
de supprimer les servites (1276) et acquit une
telle réputation, qu’il fut question de l’élever
au souverain pontificat après la mort de Clément IV. De 1272 à 1274, il entreprit une grande
mission en France, en Allemagne, en Pologne,
puis il alla assister au second concile de
Lyon, et fit un second voyage en Allemagne
en 1280. Clément X l’a canonisé en 1671 et
l’Église l’honore le 23 août.
Philippe Benizzi (LES ACTES DE SAINT), fresques d’Andréa del Sarto, dans le portique de l’église de l’Annunziata, à Florence. Les servites, dont l’ordre avait eu pour général Philippe Benizzi, chargèrent Cosimo Rosselli de peindre l’histoire de ce saint sur les murs du portique qui entoure la première cour de leur église. Cosimo exécuta une fresque représentant Saint Philippe recevant l’habit religieux, composition où l’on admire les têtes expressives des moines vêtus de noir qui entourent le novice agenouillé. L’artiste étant venu à mourir (après 1506), le soin de continuer son œuvre fut confié par les moines à Andréa del Sarto, dont le talent commençait à attirer l’attention. Ce grand artiste était alors âgé de vingt-deux ans à peine, suivant les conjectures des derniers annotateurs de Vasari. Afin de le décider à se charger de ce travail,