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Rabelais ouvre le XVIe siècle comme Voltaire a fermé le XVIIIe siècle : c’est la même étendue d’intelligence, la même audace contre l’ordre religieux. Tous deux, armés du ridicule, aiguisé chez l’un par la colère, tempéré chez l’autre par la gaieté, ils font même guerre ; et tous deux, soit prudence, soit conviction, respectent l’ordre politique et se font de la royauté un rempart contre le ressentiment du clergé. Toutefois, Rabelais s’attaquait à plus forte partie, et son siècle, qu’il voulait émanciper, ne l’aurait pas protégé dans une guerre ouverte ; la royauté elle-même l’eût sacrifié, bien qu’à regret. Ce n’était donc pas assez qu’il fût le courtisan, il fallait encore qu’il se fît le fou du roi et de la nation ; ses témérités ne pouvaient passer qu’à ce prix : le philosophe devait prendre la marotte et les grelots de Caillette et de Triboulet pour écarter et étourdir ses adversaires. Voltaire en fut quitte à meilleur compte ; il lui suffit d’être courtisan déterminé et de faire une ou deux fois, authentiquement, acte d’orthodoxie. »

Le nom si populaire de Rabelais, qui semble, résumer tout l’esprit et tout le scepticisme du XVIe siècle, est devenu un nom générique pour désigner un homme, un écrivain qui se fait remarquer par un mélange de verve, d’incrédulité et de cynisme railleur.

Swift, prêtre, curé, docteur, recteur, prédicateur et, ce qui est bien au-dessus, le Rabelais de l’Angleterre, disait un jour en chaire, devant une nombreuse assemblée : « Il y a trois sortes d’orgueil : l’orgueil de la naissance, celui de la richesse, celui de l’esprit. Je ne vous parlerai pas du dernier ; il n’y a personne parmi vous qui ait à se reprocher un vice aussi condamnable. » (Étrennes d'Apollon.)

« La philosophie allemande aurait déjà eu son Rabelais, si ce n’était pas un châtiment assez humiliant pour elle que de n’avoir apporté au monde aucun principe nouveau et d’être morte un beau matin de la main même de ses enfants, au milieu de l’indifférence générale. » Lanfrey.

— Iconogr. Hopwood a gravé sur acier, d’après une miniature de la Bibliothèque nationale, un petit portrait de Rabelais, vu de profil et coiffé d'une toque : les traits ne manquent pas de beauté ; le nez est légèrement aquilin ; la physionomie est jeune et spirituelle. Un portrait au crayon, attribué à Janet Clouet et qui a fait partie de la collection du chevalier Alexandre Lenoir, nous montre Rabelais arrivé à l’âge mûr, ayant une barbe abondante qui lui descend sur la poitrine, coiffé d’une toque et vêtu d’une sorte de manteau monacal ; son visage, vu de face, a une expression sérieuse ; les regards observent ; la bouche est légèrement entr’ouverte ; le front est vaste. Ce portrait a été lithographié par M.-A. Prieur, de la grandeur de l’original. Il y a au musée d’Orléans un portrait de Rabelais qui passe pour être la copie d’un tableau d’Holbein ; mais l’original de cet ouvrage n’existe nulle part et il n’est rien moins que certain que le spirituel curé de Meudon ait été peint par le maître allemand. Une eau-forte, datée de 1770, marquée des initiales D. M. et portant l’inscription Léonard de Vinci pt., représente Rabelais, en buste et de trois quarts, la bouche ouverte, la mine joyeuse et sardonique, coiffé d’un bonnet orné d’une médaille par devant, et ayant un vêtement ouvert au col. Léonard de Vinci" n’est pour rien, sans doute, dans la composition de ce portrait, qui est la reproduction exacte d’une gravure en manière noire exécutée au commencement du XVIIIe siècle par Jean Sarrabot. Cette gravure, qui attribue à Rabelais un type quelque peu rustique, mais empreint de bonne humeur et de malice, a été copiée encore plus ou moins fidèlement par P. Savart (1777), N. de Launay, A. Ribault, Howood (pour une publication de Furne), J. Beaume (lithographie), etc. Un portrait, qui a beaucoup d’analogie avec celui qu’a publié Sarrabat, est une peinture anonyme appartenant à l’École de médecine de Montpellier ; il a été gravé, il y a quelques années, par Ambroise Tardieu et doit avoir servi de modèle pour une estampe éditée par Crépy (rue Saint-Jacques, au Lion d’argent), vers la fin du XVIIe siècle ; sur cette estampé, ainsi que sur plusieurs autres, le nom de l’auteur du Pantagruel est écrit : « François Rabelais, docteur en médecine de Montpellier, » et on y lit cette courte biographie : « Il fut capucin, puis bénédictin, chanoine de Saint-Maur et enfin curé de Meudon ; il a composé plusieurs ouvrages de médecine et de critique divertissante. » Michel Lasne a gravé, vers le milieu du XVIIe siècle, un portrait de Rabelais qui s’éloigne assez peu du type donné par le tableau de Montpellier, mais qui en diffère par le costume : le curé de Meudon a ici un vêtement boutonné par devant et est coiffé d’un bonnet carré. Un portrait ayant beaucoup de rapport avec celui de Lasne a été édité à peu près à la même époque par Moncornet ; on y lit six vers, dont voici les trois premiers ;

Cet esprit, et rare et subtil,
Charmant, jovial et gentil
Ne nous paraît-il pas sur ce riant visage ?

Des portraits analogues ont été gravés par N. Hubert (1699), È. Desrochers, Scriven, Landon, W. de Broen, etc. L’estampe de Desrochers nous montre Rabelais tenant un verre à la main et ayant près de lui un vaste flacon ; au-dessous sont écrits ces vers de Gacon :

Rabelais, ce Varron françois,
Dans son agréable satire,
Pinçant peuples, prélats et fols,
Trouve l’art de nous faire rire.
Heureux si ses écrits plaisants,
Et qu’avec justice l'on prise,
Étaient eux-mêmes plus exempts
Des vices qu’il y satirise.

Dans une bonne gravure exécutée par P. Tanjé en 1739, Rabelais a les traits plus réguliers et plus nobles que dans les estampes de Sarrabat et de Lasne ; sa physionomie est aussi plus sérieuse, quoique toujours très-fine. Une estampe de François Chauveau le représente coiffé du bonnet carré, assis à sa table de travail, dans sa bibliothèque. D’autres portraits ont été gravés par Demouchy, Giroux (d’après un dessin de L. Massard), H. Brevière (d’après Théodore Frère, pour la Touraine ancienne et moderne), Normand fils (d’après une médaille de Gatteaux), etc. Un portrait de Rabelais, peint par Eugène Delacroix, pour la bibliothèque de Chinon, a été exposé au Salon de 1834. Une statuette a été exposée par Machault au Salon de 1868 et une statue de pierre a été sculptée par Élias Robert, pour la décoration extérieure du nouveau Louvre.

Édouard Hamman a peint Rabelais à la cour de François Ier, faisant une lecture pantagruélique (Salon de 1848) ; F.-A. Corps, Rabelais écrivant Pantagruel (Salon de 1845) ; H.-J. Vetter, le Quart d’heure de Rabelais (Exposition universelle de 1855). Ce dernier tableau est exécuté avec beaucoup de finesse : Rabelais, debout contre la fenêtre de l’hôtellerie et maintenu par un lansquenet, rit sous cape du succès de son stratagème ; les gens de justice instrumentent, les médecins analysent avec précaution le contenu des fioles ; la maigre valise du voyageur est fouillée jusque dans ses plus intimes profondeurs ; un peu en arrière, on voit l’hôtelier et sa femme stupéfaits d’avoir hébergé un si grand scélérat ; des marmitons curieux se pressent au vitrage du fond. M. Vetter a représenté, dans une autre toile, Rabelais se reposant sous une treille (Salon de 1850). Enfin, une composition, gravée par J. Folkema, représente le Temps découvrant le portrait de Rabelais.

RABELAISERIE s. f. (ra-be-lè-ze-ri). Plaisanterie libre dans le genre de celles qu’on trouve dans les ouvrages de Rabelais : M. de Thou reproche à Marnix, sieur de Sainte-Aldegonde, d’avoir mis la religion en rabelaiseries. (Noël.)

RABELAISIEN, IENNE adj. (ra-be-lè-zi-ain, i-è-ne). Littér. Qui appartient, qui est propre à Rabelais : Style rabelaisien.

— Qui rappelle le genre de Rabelais : Rire rabelaisien. Plaisanterie rabelaisienne.

RARENER (Théophile-Guillaume), écrivain satirique allemand, né & "Wachau, prés de Leipzig, en 1714, mort en 1771. Il remplit, entre autres fonctions, celles d’inspecteur des douanes (1741), puis reçut le titre de conseiller à Dresde. Rabener contribua beaucoup par ses écrits a la transformation de la littérature allemande. Ses satires, dans lesquelles il n’introduisit jamais de personnalités, sont écrites d’un style agréable, facile, et retracent avec autant d’esprit que de bon goût les travers des classes moyennes. Ses Œuvres satiriques complètes (Leipzig, 1751 - 1755, 4 vol.) ont eu un très-grand nombre d’éditions, dont la plus récente est celle de Stuttgard (1840, 4 vol.). Elles ont été traduites en plusieurs langues, notamment en français par Boispréaux, sous le titre de Satires (Paris, 1754), et par N. T. sous celui de Mélanges amusants, récréatifs et satiriques (1779, vol.). F. Weisse a publié la Correspondance de Rabener avec ses amis (1772).

llaiicadoiu, château de Bavière, dans la Suisse franconienne. Détruit pendant la guerre de Trente ans, il a été reconstruit dans les temps modernes et domine la profonde vallée de l’Ahorn. On y conserve de belles ammonites et des ossements d’animaux antédiluviens, trouvés dans les grottes du voisinage. Mais ce qui attire particulièrement l’attention, ce ne sont pas ses ruines, très-intéressantes pourtant au point de vue archéologique, c’est sa grotte ou caverne de Sophie, la plus remarquable, à plusieurs points de vue, que l’on trouve dans toute la Suisse franconienne.

RABES s. f.- pi. (ra-be). Pêehe. Œufs de morue salés et mis en barrique. Il On dit aussi RAVES.

RABÊTI, IE (ra-bê-ti, 1) part, passé du v. Rabétir : Peuple babèti par la superstition.

RABÊTIR v. n. ou tr. (du préf. r, et de abêtir). Rendre bête, stupide : Les mauvais traitements rabêtissknt les enfants.

— v. n. ou in tr. Devenir bête, stupide : Cet enfant rabêtit de plus en plus.

— Syn. Rnbêtir, abêtir. V. ABÊTIR.

RABETTE s. f. (ra-bè-te — dimin. de rave, qui se dit rabe.dans certains patois). Bot. Nom vulgaire des choux-raves, et particulièrement de l’espèce, connue aussi sous lô nom de mavette. Il On dit aussi ravettb.

RABIAU s. m. (ra-biô). Vivres, vin, eaude-vie, café, riz, biscuit, viande, etc., qui restent après la distribution faite à une escouade, il Prélèvement sur les rations que s’approprie un fourrier, soit qu’il ait reçu une trop grande quantité d’aliments ou de boisson, soit qu’il ait frauduleusement écourté la part qui devait revenir à ses hommes.

— Pop. Invalide d’hôpital. Il V. rabiot.

RABIAOTER v. n. ou intr. (ra-biô-térad. rabiau). S’approprier le rabiau.

RABIBOCHER v. a. ou tr. (ra-bï-bo-ché). Pop. Réparer, rétablir : Un zouave blessé à l’épaule me dit : Ils n’auront pas ma peau, cette fois du moins, je vais me faire rabibocher celte aile-là. • (V. Paulin.)

Babilla (la), couvent d’Espagne, aux environs de Huelva, situé au sommet d’une colfine. Il est précédé d’une petite esplanade au milieu de laquelle s’élève une croix. C’est sur les degrés de cette croix que Colomb, succombant à la faim et a la fatigue, vint demander l’hospitalité aux moines de la Rabida. On entre par une porte à plein cintre, dans un palio entouré d’arcades qui portent une galerie sur laquelle ouvrent des cellules. Par un large escalier qui conduit à l’étage supérieur, on pénètre sur la galerie d’un second patio également entouré de cellules, ’dont les fenêtres donnent sur le magnifique panorama de l’Océan, de la rivière de Huelva et de la sierra d’Aroche. Une grande salle carrée qui ouvre sur cette galerie, et qui occupe l’un des angles du bâtiment, est l’ancienne habitation du prieur Juan Perez de Marchena, qui accueillit Christophe Colomb, reçut de lui la confidence de ses projets et lui en facilita la réussite. • Cette salle, dit M. Gormond de Lavigne a eu la plus grande part dans l’œuvre de la restauration du couvent de la Rabida, qui fut un instant transformé en caserne d’invalides après l’expulsion des moines. Restauration n’est peut-être pas le mot propre ; mais, du moins, a ce coin de mur reconstruit, à cette toiture réparée, à cette salle mise à l’abri des atteintes de la mauvaise saison, il y a la preuve d’un intérêt protecteur, d’une pensée donnée aux vieilles gloires de l’Espagne. C’est M. le duc de Montpensier qui a voulu recueillir ce souvenir tout près de disparaître. Dans la salle du prieur, le prince a fait placer un portrait da Colomb et quatre tableaux peints par un artiste de Séville, et qui représentent : Colomb venant demander, en 1486, le pain et l’eau à la Rabida ; Colomb’expliquant ses projets au prieur ; la Publication à Palos, en 1492, de l’ordre royal relatif à l’armement des caravelles ; Colomb prenant congé du prieur le 3 août 1492. Sur la table qui occupe le milieu de la saile sont le registre où s inscrivent les visiteurs et des albums sur lesquels sont transcrits, d’abord, le récit de l’inauguration de cette restauration, puis une foule de poésies et d’odes en l’honneur de Colomb et en mémoire de la découverte de l’Amérique, signées de noms connus ou inconnus. Aucune de ces poésies ne vaut, a coup sûr, ces cinq vers que nous avons lus, écrits au crayon, sur le mur d’une des cellules voisines de la grande salle, et qui étaient signés un eautiuo « un prisonnier. »

De agui un mundo nacio >" tanta memoria

¥ es posible que occupe pobrt espaeto

Del eugusto Colon la excelsa glcria ?

En templo de zafir, de oro y topaces

Guardara otra nacion (on alta historia.

« D’ici naquit un monde. Saint souvenir ! Sepeut-il qu’un si pauvre espace soit seul à consacrer l’immense gloire de l’illustre Colomb ? Chez une autre nation, on élèverait à ua si grand fait un temple d’or, de topazes et de saphirs. »

RABIÉIQUE adj. (ra-bi-é-i-ke). Syn. de

RAB1QU1S.

RABI-EL-ABBER s. m. (ra-bi-è-la-kèr). Chronol. Quatrième mois de l’année musulmane, commençant le 24 août et se terminant le 24 septembre. /

RABI-EL-EWEL s. m. (ra-bi-è-lé-ouèl). Chronol. Troisième mois de l’année musulmane, commençant le 24 juillet et se terminant le 24 août.

RABIEN, IENNE adj. (ra-bi-ain, i-è-ne). Syn. de rabiqub.

RAB1KAL, bourg des États-Unis de l’Amérique centrale, État de Guatemala, district de Vera-Paz, sur le Polochie ; 3,000 hab.

RABINE s. f. (ra-bi-ne). Nom que l’on donne, dans le Morbihan, aux avenues en arbres de futaie.

— Agric. Variété de poire. U.VBlMiAU (Victor), chansonnier français,

né à Sablé (Sarthe) en 1S16, mort ù Paris en janvier 1S09. Il reçut d’un de ses oncles, curé dans le pays, une instruction classique à peu près complète. Le prêtre voulait faire de son neveu son héritier s’il consentait à embrasser l’état ecclésiastique. Rabineau préféravenir à Paris et y apprendre auprès de son père la profession de marbrier. Il avait alors vingt ans. Ses premiers essais poétiques datent de cette époque. En 1848, ses chansons avaient acquis à son nom une certaine notoriété, et on les chantait déjà dans toutes les

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réunions populaires. On les voit égarer à partir de ce moment dans les petits cahiers à deux sous que les chanteurs ambulants vendent dans las rues. Les Malthusiens, la Gloire militaire, la Prison cellulaire, les Vieux tambours, le Juif errant, les Vieux papillons, méritent une mention ; elles jouirent d’une vogue qui fut dépassée encore par sa romance de la Locomotive, un instant célèbre, et qui ne manque ni de verve ni de chaleur :

O ma locomotive !

Quand ton âme captive

En vapeur fugitive

Sort de tes tlancs Brûlants,

Tu pars, belle d’audace.

Tu dévores l’espace, ’ '

Et ta colonne passe

Comme un éclair Dans l’air.

À la suite des événements de juin 184S, Rabineau fut arrêté, retenu en prison, puis rendu à la liberté après quelques mois de captivité. Depuis lors, sa santé chancelante ne lui permit plus d’exercer son état de marbrier. Marié à une institutrice, malade elle-même et qui ne pouvait lui être d’aucun secours, il chercha une ressource dans la profession de photographe ; mais le travail manquant trop souvent, les privations devenaient chaque jour plus nombreuses ; la faim amena bientôt l’épuisement et enfin la mort. Transporté à l’hôpital La Riboisière, ily succomba fidèle aux convictions de toute sa vie ; suivant sa recommandation expresse, aucun prêtre ne parut à son enterrement, qui fut fait par les soins de la Société des libres penseurs, au milieu d’un concours d’environ huit cents travailleurs. Quoique n’exerçant plus son premier état, Rabineau avait été maintenu, pendant cinq années, par les ouvriers de ia corporation comme membre des prud’hommes et choisi pour président de la Société de secours mutuels des ouvriers marbriers, t Rabineau a mérité, dans le sens le plus relevé de cette expression, l’ôpithète de chansonnier populaire, disait le journal le Iléueii en lui consacrant une notice nécrologique. Toutes ses œuvres sont inspirées par des sentiments honnêtes et élevés, par les convictions démocratiques et socialistes les plus généreuses ; la forme est plus correete que dans la plupart des productions du même genro ; l’expression toujours juste ; l’idée et l’image sont originales. Il n’a rien de commun ni dans ses œuvres, qui furent honnêtes, ni dans sa vie, qui fut pauvre, avec les rimeurs et avec les chanteurs soi-disant populaires que la sottise et la dépravation publiques se plaisent à enrichir et à applaudir depuis quelques années. » Un seul volume des productions de ce chansonnier a été publié, et il s’apprêtait à faire paraître le second lorsque la mort est venue interrompre son travail.

RABIOLE OU RABIOLLE s. f. (ra-bi-O-ledu lai. râpa, rave). Bot. Un des noms du chou-rave et d’une variété du chou-navet : Potage aux rabioles. On cultive en grand la rave plate ou lurneps, que les habitants de ta Creuse nomment rabiole et qui sert principalement à la nourriture des bestiaux.(V. Hugo.) H On dit aussi rabioulb.

RABIOT s. m. (ra-bi-o). Argot, Temps que les soldats passeut en prison : Ces ! ce gîte les troupiers appellent faire du kabiot, le temps passé à purger une condamnation prononcée par un conseil de guerre ne comptant pas pour la durée du serut’ee, (A. Gandon.)

— Pop. Invalide d’hôpital à qui ses infirmités permettent de rendre certains services.

— Encycl. On distingue ainsi dans un hôpital un individu qui s’y est fait admettre pour quelqu’une de ces maladies qui n’en sont pas, en la compagnie desquelles un homme parvient à la soixantaine, mais qui, par cela même qu’elles constituent des anomalies étranges et parfois monstrueuses qui ne dérangent en rien l’économie animale, sont précieuses pour un chef de clinique et font la réputation d’une salle. Cet heureux mortel, regardé comme un phénomène, a son pain et son gîte assurés pour le restant de ses jours. Insinuant auprès des sœurs et plein de zèle a leur endroit, il traite bientôt d’égal à égal avec l’infirmier, qui est une grande puissance. Il aide au service, fait les lits, porte les potions et devient petit à petit un personnage et l’oracle des autres malades. Ses théories sur la médecine sont précieuses à recueillir : selon lui, un amputé de la -veille peut manger un pain de 2 livres s’il n’est pas malade de cceur. Il a aussi sa manière à, lui de désigner les choses ; dans sa bouche, le laudanum se transforme en eau d’anum ; le sirop antiscorbutique eu antique et scorbutique. It sait poser les éoetUouses et les vessicatoires ; il a éou les plus célèbres professeurs et sait sur Ûupuytren une, foule d’anecdotes ; c’est lui qui conseille de panser les cancers avec de la viande crue : le cancer ronge la viande et néglige le malade pendant ce temps-là, rien n’est plus logique. Possesseur, au bout de quelques années, d’un petit pécule qu’il s’est amassé en procurant en cachette aux malades tout ce qu’ils peuvent désirer, le rabiot ne quitte pas pour cela l’hôpital dont il est devenu partie intégrante ; il meurt laissant sous son oreiller n’o