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RAGUEAU (François), jurisconsulte français, né à Bourges, mort dans cette ville en 1605. Il était lieutenant général au bailliage de Mehun-sur-Yèvre lorsque, en 1584, Cujas, dont il avait été l’élève, le fit nommer professeur de droit civil à Bourges. On lui doit un glossaire de la langue barbare dont la jurisprudence du moyen âge fit usage : Indice des droits royaux et seigneuriaux, des plus notables dictions, termes et phrases de l’Estat et de la justice recueillis des lois, coustumes et ordonnances, arrêts, annales et histoires du royaume de France et d’ailleurs (Paris, 1583, in-fol.), ouvrage qui eut un grand succès et que Laurière a refondu sous le titre de Glossaire du droit français (1704, 2 vol. in-4o). Il a laissé, en outre : Commentaire sur les constitutions de Justinien (1610, in-4o) ; les Coutumes de Berry, avec un commentaire (1615, in-fol.), etc.


RAGUENAU DE LA CHAINAYE (Armand-Henri), littérateur, né à Paris en 1777, mort vers 1850. Il composa un certain nombre de vaudevilles fort médiocres et qui ne méritent pas d’être cités ; mais il a laissé un recueil anonyme fort estimé, l’Annuaire dramatique, qui contient l’indication du personnel des théâtres, le répertoire des tragédies, comédies, opéras et ballets et des notices nécrologiques sur les auteurs, chanteurs, etc. (1804-1822, 17 vol. in-32). Audiffret a pris part à la rédaction de cet Annuaire, qui est devenu rare et s’adjuge à des prix élevés dans les ventes publiques. Raguenau a collaboré à l’Histoire critique des théâtres de Paris (1815), publiée par Châlons d’Argé.


RAGUENEAU (François ou Cyprien), pâtissier poète et comédien français, mort à Lyon en 1654. Maître Ragueneau, que nous croyons Lyonnais, tint boutique de pâtissier, de 1640 à 1650, dans la rue Saint-Honoré, à Paris, et il paraît que son établissement était en même temps une rôtisserie et un cabaret fréquenté par les cabotins et les bohèmes littéraires. Ragueneau, payé en quatrains et en billets de comédie, dut fermer boutique et, qui pis est, aller en prison, probablement pour avoir suivi vis-à-vis de son propriétaire le mauvais exemple que ses pratiques lui donnaient. « Ce fut, dit le burlesque Dassoucy, un jour marqué de noir pour MM. les poètes, que dès l’aube du jour on rencontra par les rues se torchant le bec, après avoir pris chez luy le dernier déjeuner. » Ragueneau resta un an en prison et mit ce temps à profit en se livrant au culte des Muses, pour lesquelles la fréquentation de ses clients lui avait inspiré un goût malheureux. Au sortir de captivité, il n’était riche que de vers composés à la façon de Théophile, et ce fut en vain que, pour les faire imprimer, il alla frapper à la porte des libraires. Le pire de l’aventure, c’est que Ragueneau avait femme et enfants. Il les mit « sur un petit âne tout chargé d’épigrammes » et s’achemina tristement vers le Languedoc. En route, il rencontra une troupe de comédiens ambulants, leur offrit ses services et fut admis, dit Dassoucy, « en qualité de valet de carreau de la comédie, où, quoy que son rolle ne fust jamais tout au plus que de quatre vers, il s’en acquitta si bien qu’en moins d’un an qu’il fist ce métier il acquit la réputation du plus méchant comédien du monde ; de sorte que les comédiens, ne sachant à quoy l’employer, le voulaient faire moucheur de chandelles ; mais il ne voulut point accepter cette condition, comme répugnante à l’honneur et à la qualité de poète. » Cette troupe, c’est Grimarest qui le dit, n’était autre que celle de Molière, alors dans le midi de la France. Ragueneau passa ensuite dans une autre troupe, où on le vit « mouchant les chandelles fort proprement. » À partir de ce moment, on perd la trace de Ragueneau, surnommé de l’Estang, et dont la fille, Marie ou Marotte, épousa le comédien La Grange, qui donna, en 1682, la première édition des Œuvres de Molière. Vers 1652, Ragueneau adressa à Adam Billault, menuisier poëte, le sonnet suivant :

Je croyois estre seul de tous les artisans
Qui fust favorisé des dons de Calliope,
Mais je me range, Adam, parmi tes partisans
Et veux que mon rouleau le cède à ta varlope.

Je commence à connoistre, après plus de dix ans,
Que dessous moi Pégase est un cheval qui chope ;
Je vais donc mettre en paste et perdrix et faisans
Et contre le fourneau me noircir en cyclope.

Puisque c’est ton mestier de fréquenter la cour,
Donne-moi tes outils pour eschaufer mon four,
Car tes Muses ont mis les miennes en déroute.

Tu souffriras pourtant que je me flatte un peu ;
Avecque plus de bruit tu travailles sans doute,
Mais, pour moy, je travaille avecque plus de feu.

Adam Billaut a inséré cette pièce en tête de ses Chevilles (Rouen, 1654).


RAGUENEL (Épiphanie ou Tiphaine), femme de Bertrand Du Guesclin, née à Dinan vers 1322, morte vers 1372. Elle était fille de Robert Raguenel, seigneur de Chastel-Oger, et de Jeanne de Dinan, vicomtesse de La Bellière. Tiphaine s’occupait d’astrologie judiciaire. Voyant ses concitoyens inquiets du sort de Du Guesclin, qui se préparait à sortir de leurs murs pour se rendre à un combat singulier, elle déclara sans hésiter que Bertrand reviendrait vainqueur ; ce qui arriva effectivement. Le bon chevalier ressentit beaucoup de joie de la confiance que la belle jeune fille avait eue dans son étoile, et il éprouva bientôt pour elle un sentiment profond d’amour. Peu d’années après, Charles de Blois le maria avec Tiphaine et donna au chevalier le château de La Roche-Darien. Les douceurs de cette union firent oublier pendant quelques mois à Du Guesclin le bruit des armes. Mais la jeune femme était digne du héros qu’elle avait pour époux ; voyant qu’il hésitait à se remettre en campagne, elle-même fut la première à le blâmer en lui disant : « La France doit retrouver par vous son ancienne splendeur, et voilà que pour l’amour de moi vous voulez perdre la gloire qui vous estoit acquise. Certes, je ne le souffrirai pas, car celle qui attend de vous sa gloire seroit aussi cause de son humiliation. Sachez-le bien, si vous ne poursuivez pas vos beaux faits d’armes, vous perdrez l’amour des honnêtes femmes. » En entendant ce viril langage, Du Guesclin reprit son épée et continua le cours de ses exploits. Ayant été fait prisonnier par le prince de Galles en 1370, il obtint la permission de venir en Bretagne pour y chercher le prix de sa rançon. En arrivant à La Roche-Darien, il s’empressa de demander à sa femme une somme de 100,000 livres qu’avant son départ pour l’Espagne il avait enfermée dans l’abbaye du Mont-Saint-Michel et qui ne s’y trouvait plus. « Dame, dit-il, je voudrois savoir ce que vous avez fait de mon trésor. — Monseigneur, reprit doucement Tiphaine, je l’ai donné k vos chevaliers qui sont venus me le demander pour payer leur rançon ou l’équipement qu’ils avoient perdu. Il ne m’en reste plus rien. » Du Guesclin se contenta de lui répondre : « Dame, vous avez bien agi. » Tiphaine mourut avant le connétable, dont elle n’avait pas eu d’enfant.


RAGUENET s. m. (ra-gue-nè). Ornith. Nom vulgaire de la petite linotte rouge.

HAGUENET (François), littérateur, né à Rouen vers 1660, mort en 1722. Il choisitl’état ecclésiastique, devint précepteur des neveux du cardinal de Bouillon et prit part avec succès aux concours de l’Académie française. En 1698, il accompagna k Rome le cardinal de Bouillon, étudia les chefs-d’œuvre de l’art des priais et des églises et publia ensuite : les Monuments de Borne ou Description des plus beaux ouvrages de peinture, de sculpture et d’architecture, etc. (Paris, 1700, in-12), ouvrage qui lui valut le litre de citoyen romain, honneur que depuis Montaigne aucun Français n’avait obtenu. Parmi les autres ouvrages de l’abbé Raguenet, nous citerons : Histoire d’Olivier Cromwell (Paris, 1691, in-4o) ; Syroës, histoire persane (1692 et 1698, 2 vol. in-12) ; Parallèle des Italiens et des français en ce gui touche la musique et l’opéra (1702, in 12) ; Histoire abrégée de l’Ancien Testament (1708) ; Histoire du vicomte de Turenne (La Haye, Paris, 1738, in-12).

RAGUER v. a. ou tr. (ra-glié. — Scheler tire ce verbe du bas latin rascare, gratter, de l’inusité rasicare, de rasum, supin de radere, frotter). Déchirer ou user par le frottement.

— v. n. ou intr. S’user ou se déchirer par le frottement. *

Se raguer v. pr. Être ragué, usé ou déchiré par le frottement.

RAGUET s. m. (ra-ghè). Pêche. Morue de rebut.

RAGUET (Gilles-Bernard), érudit belge, né k Namur en 1666, mort k Paris eu 1748. Il lit sa théologie au séminaire Saint-Sulpiee, k Paris, et lut ordonné prêtre. Grâce au prélat Fleuryj dont il avait acquis les bonnes grâces, il obtint le prieuré d’Argenteuil et fut chargé de lu direction spirituelle de la Compagnie des Indes. Outre des articles publiés dans le Journal des savants, de 1701 à 1721, on lui doit la traduction de la Nouvelle Atlantide de Bacon (Paris, 1702, in-12) ; Histoire des contestations sur ta Diplomatique deMabillon, avec l’analyse de cet ouvrage (1703, in-12), etc.

RAGUETTE s. f. (ra-ghè-te). Bot. Nom vulgaire d’une espèce d’oseille.

RAGUIN, INE s. (ra-ghain, i-ne). Econ. rur. Nom que l’on donne k l’agneau mâle et k l’agneau femelle, quand ils sont arrivés à la fui de leur première année.

RAGUS s. m. (ra-guss). Art vétér. Nom de la pourriture des moutons, dans la HauteGaronne.

1UGUSA, ville d’Italie (Sicile), intendance de Syracuse, sur une montagne et près de la rivière de son nom ; 16,000 hab.’Fabriques de draps et d’étoffes de laine. L’église des Capucins est ornée de beaux tableaux. Aux environs, carrières et cavernes.

« RAGUSA (Jérôme), littérateur et jésuite italien, né à Modiea (Sicile) en 1655, mort à Syracuse vers 1715.11 professa tour k tour la philosophie, la théologie et les belles-lettres et publia, entre autres ouvrages : Elogia Siculorum gui veteri memoria filleris floruerunt (Lyon, 1690, in-12) ; Fragmenta progymnasmatum diversorum (Venise, 1706, in-8«J ; Problemata philosophica (J706, in-12).

RAGUSAIN, AINE s. et adj. (ra-gu-zain, è-ne). Géogr. Habitant de Raguse ; qui appartient k Ragusé ou à ses habitants : Les KaGUSainS. One RaGVJSaine. La population ragusaine. Les Ragusaixs eurent l’idée a’offrir au Grand Seigneur 14,000 sequinspar an. (V. Hugo.) u On dit aussi Ragusais, aisb.

RAGU

RAGUSE (Rhausium, Dubrownik), ville de Dalmutie, eh.-l. du cercle du même nom, ancienne capitale d’une petite république aristocratique, sur un petit golfe ; 7,000 hab. environ. Commerce important ; son industrie consiste principalement dans la fabrication du savon, du drap, du tabac, des étoffes de soie et la construction des vaisseaux. Cette ville est le siège d’un évêché ; elléaun gymnase, une école principale et un institut philosophique. Ses fortifications sont importantes. A 4 kilom. N.-O. et en face de la presqu’île qu’elle occupe se trouve le port de Gravosa, avec un chantier pour la construction des navires, et dans lequel les plus gros navires de l’Adriatique pourraient mouiller commodément. Le commerce se fait surtout avec l’Herzégovine. Ryguse jouit, en outre, du privilège de recevoir des caravanes turques. Elles y apportent de la laine, de la cire, du fer, des peaux brutes, des animaux de boucherie, des chevaux, des vivres, des tuyaux de pipe, du bois et du charbon, et prennent en retour des denrées coloniales et des articles de manufacture, de la farine, du plomb, du cuivre, du laiton, du verre, des bois de teinture et, dans les mauvaises années, aussi des grains. Mais le chiffre du commerce de ce port n’excède pas annuellement 2 millions de francs. Pour le favoriser, le gouvernement autrichien a établi une route ne Raguse k la frontière turque, assigné aux gens de l’Herzégovine un marché spécial k l’une des barrières du fort qui s’élève en dehors de l’enceinte des murs de la ville et simplifié pour eux les formalités de douane.

Raguse, que l’on appelait autrefois la Venise slave, a eu deux époques de splendeur, au xve siècle et au x.vme siècle. Elle était alors l’entrepôt de la Turquie d’Europe et faisait, comme Venise, des gains énormes sur les transports maritimes effectués pour le compte des autres nations. Sa"*constitution était calquée sur la constitution vénitienne. Elle périt, ainsi que sa rivale de l’Adriatique, dans les événements européens qui suivirent la Révolution française. En 1806, les Français occupèrent laDalmatie. Ils s’emparèrent alors de Raguse et y battirent, le 5 juillet, les Russes et les Monténégrins qui étaient venus les y assiéger et la joignirent en 1810 aux provinces IllyrienneS.Les traités de 1815 la donnèrent à l’Autriche.

Raguse a beaucoup souffert de fréquents tremblements de terre, parmi lesquels on cite ceux de 1634 et de 1667 ; ce dernier la ruina presque entièrement. Napoléon 1" l’érigea en duché en faveur de Marmont (1809). Les constructions de Raguse sont généralement massives ; on remarque parmi elles l’ancien palais des doges, la bibliothèque et l’hôpital. 11 y a de belles promenades et d’anciennes églises.

RAGUSE (cbrclb de), division administrative des États autrichiens (Dalinatie). Situé entre les cercles de Spalatro au N., des Bouches-du-Cattaro au S., l’Adriatique k l’O. et l’empire ottoman k l’E., le cercle de Raguse se compose d’une langue de terre resserrée entre la mer et une haute chaîne de montagnes et de plusieurs lies, dont les principales sont Cuzzola, Meleda, Lagosta, Giupana, Mezzo et Calamatta. Il a 1,372 kilom. carrés et 52,000 hab. Le sol n’offre, en général, qu’un terrain calcaire, nu et pierreux et qui produit k peine le grain nécessaire k la consommation des habitants pendant trois mois, tandis que les districts du S.-O, sont couverts de vignobles et d’oliviers. Ses principales productions consistent en vin, huile, blé et mais, dont les récoltes seraient toutefois plus abondantes si l’agriculture y était moins arriérée. Les légumes et tes fruits n’y viennent que très-difficilement, faute de pluie. Le bois de chauffage y est rare et ou y supplée par du charbon de bois que l’on lire de la Bosnie. On y élève du gros et du menu bétail, des porcs, des mulets et des ânes. L’industrie manufacturière n’y a pour objet que quelques tanneries et la fabrication de housses, de couvertures et de souliers pour le peuple ; encore se trouve-t-elle presque entièrement concentrée dans la ville de Raguse. Les habitants, la plupart marins, font quelque commerce en vin et huile qu’ils échangent contre des grains. Quoique ce cercle n’ait qu’une population peu considérable, il existe cependant une différence remarquable dans les mœurs des habitants de chaque district et même de chaque canton. Il est divisé en 9 districts subdivisés en 176 cantons, qui comprennent 23 communes, dont 15 en terre ferme et dans la presqu’île de Sabioucello et 8 dans les lies..

RAGUSE (VIEUX), en italien Ragusa Vecchia, bourg de États autrichiens (Dalinatie), k 25 kilom. S.-E. de Raguse, sur l’Adriatique, k l’entrée méridionale de la baie de Breno. C’est l’ancienne Epidaure, détruite par les Slaves au vue siècle.

KAGUSE, ville de Sicile, sur la rive droite de la petite rivière de son nom, k 43 kilom. O.-S.-O. de Syracuse ; 25,000hab. Églises et couvent. Soieries, draps, commerce de grains, huile, vin, etc. (province de Noto). On la croit bâtie sur l’emplacement de l’ancienne Hybla Hera ou Hybia Minor.

RAGUSE (duc de), titre donné au maréchal Marmont par Napoléon 1er. V. Mar-

RAHB

RAHAB, femme de Jéricho, rendue célèbre par un épisode de la Bible (Josué, n, l et suiv.). Voici comment le fait est raconté : « Après la mort de Moïse, il arriva que Dieu parla à Josué, fils de Nun, et lui dit : Mon serviteur Moïse est mort. Lève-toi, passe le Jourdain, toi et tout le peuple avec toi... Tous les lieux où tu mettras les pieds, je te les donnerai, comme je l’ai promis à Moïse, depuis le désert et le Liban jusqu’au grand fleuve de l’Euphrate ; nul ne pourra te résister tant que tu vivras. Josué, fils de Nun, envoya donc secrètement de Setim deux espions... Ils partirent et entrèrent k Jéricho, dans la maison d’une prostituée nommée Rahab, et ils dormirent près d’elle. Le roi de Jéricho en fut averti ; il envoya chez Rahab la prostituée, disant : Amène-nous les espions qui sont dans ta maison. Mais cette femme les cacha, et dit : Ils sont sortis quand on fermait les portes, et je ne sais où il sont allés. Les envoyés du roi la crurent et sortirent de la ville pour poursuivre ces deux espions. Rahab, qui les avait fait monter sur la terrasse de sa maison et qui les avait cachés sous des bottes de lin, alla les trouver et, après leur avoir marqué la confiance et la foi qu’elle avait dans le Dieu des Israélites, elle leur fit jurer qu’ils useraient de miséricorde envers elle et envers son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et toute sa famille lorsqu’ils se seraient rendus maîtres de la ville, et les engagea k lui donner un signal pour la distinguer des autres habitants. Après que ces deux espions lui eurent promis d’exécuter ce qu’elle demandait, elle les descendit par une corde qu’elle attacha à une fenêtre de sa maison, qui était sur les murs de la ville, et leur indiqua le chemin qu’ils devaient tenir pour n’être point rencontrés par ceux qui étaient partis pour les poursuivra... On tint parole k cette femme, et lorsque l’armée des Israélites fut arrivée devant Jéricho, Josué l’excepta avec tout ce qui se trouvait dans sa maison de l’anathème qu’il prononça contre tout le reste de la ville. Elle suspendit à sa fenêtre la corde dont les espions s’étaient servis pour se sauver, ce qui était le signal dont ils étaient convenus... Dieu lui-même avait demandé k Josué la vie de la prostituée. Ne sauvez, avait-il dit, que la prostituée Rahab, avec tous ceux qui seront dans sa maison... Et ils tuèrent tout ce qui était en Jéricho, hommes, femmes, enfants, vieillards, bœufs, brebis, ânes ; ils les frappèrent du glaive... Après cela, ils brûlèrent la ville et tout ce qui étuit dedans. Or, Josué sauva Rahab la prostituée et la maison de son père, avec tout ce qu’il avait, et ils ont habité au milieu d’Israël jusqu’aujourd’hui. ■ Rahab épousa Salmon, prince de Juda, de qui elle eut Booz ; ce dernier fut père d’Oreb, et celui-ci d’Isaï, père de David. Jésus-Christ, ’ fils de David, est donc un descendant de Rahab.

« Le3 critiques, dit Voltaire, demandent pourquoi, Dieu ayant juré k Josué, fils de Nun, qu’il serait toujours avec lui, Josué prend cependant la précaution d’envoyer deux espions chez une meretrix ; quel besoin avait-il de cette misérable, quand Dieu lui avait promis son secours de sa propre bouche et quand il était k la tète d’une armée de 600,000 hommes ? M.Fréret traite dom Calmet d’imbécile et se moque de lui de ce qu’il perd son temps k examiner si le mot sonah (traduit par meretrix dans la Vulgate) signifie toujours une femme débauchée et si Rahab ne pouvait pas être regardée seulement comme une cabaretière. Le crime abominable de trahir sa patrie pour des espions d’un peuple barbare dont elle ne pouvait comprendre la langue méritait le dernier supplice ; ce qui n’a pas empêché dom Calmet de dire que Rahab ne pouvait prendre un parti ni plus équitable ni plus conforme aux lois delà sagesse. Nous savons que le Nouveau Testament compte cette Rahab au nombre des aïeules de Jésus-Christ ; mais il descend aussi de Bethsabée et de Thauuir, qui n’étaient pas moins criminelles. Il a voulu nous faire connaître que sa naissance effaçait tous les crimes. •

RAHAD, rivière d’Afrique. Elle nuit en Abyssinie (Amhara), au N.-O. du lac Dembea, parcourt l’E. de la Nubie supérieure, parallèlement au Dender.et afflue k la droite du Bahr-el-Azrek, entre Ouàd-Modeyn et Abou-Ahraze, k 90 kilom. de Sennaar. Elle a un cours de 450 kilom. au N.-O. et 200 pas de largeur vers sou confluent ; elle est très-rapide et bien encaissée ;’les rives en sont fertiles et bien boisées. La Rahad forme, avec le Bahr-el-Azrek, le Nil et le Tacazzé, la presqu’île de Méroé.

RAHATIDJANE s. f. (ra-a-ti-dja-ne). Gelée ou sirop de raisin, mêlé avec de la glace concassée, qui fait les délices des Boukhares.

RAUAY, village et comm. de France (Sarthe), canton, arrond. et k 9 kilom. de Saint-Calais, k 50 kilom. du Mans ; 629 hab. Commerce de céréales, légumes et fruits. On y remarque une église ogivale du xvio siècle, plusieurs châteaux et une motte féodale très-élevée.

RAHBECK. (Knud-Lyne), littérateur danois, né k Copenhague eu 1760, mort en 1830. Après avoir fait des voyages k Kiel, Leipzig, Prague, Munich, Vienne et Paris, il fut successivement professeur d’esthétique k Copenhague (1790-1798), d’histoire a, l’institut