Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 2, Pubi-Rece.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Rais

" ^- Raison suffisante. On appelle en philo,

-Sophie rawon suffisante un ■ principe ptirticu-iièr^dorit’ ri&us’ allons ’donner’ 1 explicationayécjL’êibhizr C, J- ’ - ’*' ’-~ •-,- "’ : tjerbniz, . ;’àans’ "sa 'TKéodieéi-, suppose-le . Monde.créé^p’aruri*’êtrè parfait jmàis’én ce, ".WbndV’là Lma’lu^fsîe, l, dahYToraVér physi-

Reflet, ’ adinéttto-’quà iémondev ivéta créé-par Un étrépârfait qui’ lé’gouverne avec sagesse,

j.l’allé taal, éclate aux yeux de quelque côté que

J’op se tourne f La^philôsophiedôii donc con- ’

’ "cilierl’imperfection, Uu’moins appureriieîdu

monde avec la perfection divine.- ’ " Il est deux manières de résoudre cette im- ;jportantffdifnoultè et dé concilier ce qui semblé"âu ; ’premier’abord inconciliable.-Où bien’fl.fifut admettre dans l’homme la liberté d’in- ;%diffèrericèj dânsJceJcàs)’ion résout assez facilement le problème,1 en faisant’remarquer qu’e-la liberté est’^l’oi’iginè du mal et qu’un v être""privé.dë’J liberté’ serait moins parfait qu’avec la-liberté.’-'Ou bien il ïàut admettre, ^ef-.c’est ce que fait. Leibniz, qu’uuoun être une pëut..seiuétenniner sans um.raison sutli. i.santé, et ce.principe amena une théorie de nia liberté qui n’est que celle, de. Spinoza sous —, ides formes.plus douces. ■ ;.■...-’

— îwi-teibhiz, -en effets.dît M ; Renouvier, .le —"profond’interprète de la pensée leibniziemie, <’niu’la’conscience1 intérieure.de -la liberté que Dèscartes-avait reconnue, et : ainsi n/eut au—’cune-peine ^concilier" la’ prescience.divine —avec la liberté humaine, puisqu’un des côtés ■ " du myslérieux^rapYiori- étaifdetroit. En tout Ceia, "Leibniz-aurait.donc :été. parfaitement s)]|^yi’zisïé"W !i-’t’-u croyance-à :1a.volonté de • :’la.nature divine, qu’il’côncev’ait comme anaj logue3à celle, .de l’homme, et, capable dé se ^déterminer pur je principédé la raison suffl., . sauje. Cette dernière loi lui fit.regarder l’m^flitfereuce.en. Lieucoinnierune ehiiùerê, * aussi Is.’P.’èu.*jùe l’indifférence en l’huiiiiiie ;. or, cette « idiffereii.ce.ue coiiSL-stait, aux jeux de Dès-’

jl’jejH^u’it ne ; le>fait actuellemeiit^cooaciecce qui s’étend à ’tout "polir’Dieii et’ qui, — pour 1 homme, souffre l’exception des ventés hé =eessairespet-uous-nB-.cyjnpreuniiS : pas-com^ ment Leibniz put nier cette conscience sans tomber dans lu divinité aveugle dé Spinoza, dont toutes les déterminations et tous les

actes sont pleineinênVïiécèssair’es. ■ ]~

’ ^M&iï ; retenons à l’existence du mal ;. Leibniz’remarquait que la raison suffisante de

fi l’être parVmt doit.étrë la meilleure possible ;

— de-cette.cousideration, .il concluait.qua.uoiremoude est le meilleur des mondes possibles, et il donnait ainsi une valeur absolue à la solution indiquée par Descartes, dans saquatrièine Méditation métaphysique, et par ilalebrauche, dans son Traité de la nature et de la irrdee, solution que, du reste, on parait avoir entrevue dàii’s’tuus*lês temps, à savoir" que, si, quittant les dét.aijs infiniment petits du inonde, où le désordréJjSëut’ apparaître à-" nos sens imparfaits, on s’élève à la considération, à la contemplation totale de l’ensemble, le désordre disparaît à nos yeux pour faire place à un ordre admirable, à une harmonie universelle. Mais, remarquons-le, Hintervention de la raison suffisante dans l’eu 3Clendement divin^pe résout pas la question. Quempus., importe*qùe Dieu prenne ses.réso- !utio ns ; parrune ra/iON’sui’lisant.e et que cette i-àïsoa soit là meilleure possible f Est-ce détruire le mai que nous, créatures, nous éproù-vous à notre pointjde vue propre ? Ce n’est donc là qu’une simple subtilité métaphysique, qu’une argutie d’un esprit aux abois en présence d’une question insoluble.

Pour expliquer l’existence du mal, besoin n’est pas d une raison suffisante. Il faut recourir au. mystère du fini oans l’infini. Laissons encore la parole à M. Renouvier : « Le

, fini ne peut être qu’à la condition d’une imperfection ou d’une (négation par rapport au bien ’même, ’ c’est-à-dire qu’a la condition d’une nature mêlée ; de bien et de mal. De là ressort toute sa viej son développement, son progrès. Vouloir commendre comment l’infini, qui est tout bien et toute puissance, ne fait pas. le fini semblable à lui, c’est vouloir comprendre’comment il n’existe pas seul, et,

en effet, cela est pleinement impossible a qui

(.Je contemple ; maisTinrini est de même incompréhensible à qui.contemple le fini ; car

quel eue "peut exister saus relations ? quelles relations peuvent être sans înodiiisauous ?

t

au

quelles modifications sans changement è sans.-passage du iiédnt à l’être ou de l’être au néant ?. Du reste, il n’est pas étonnant que f l’esprit, procédant du fini à l’infini, considérant des.ensembles de plus en plus grands et complets, " voie l’ordre augmenter et les imperreétidnsVetfacer f iliaivcela’ n’arrive pré^

cisémeutque parce qu’il s’éloigne du fini jusqu’à la.perdre enfin de vue ; c’est là le vrai côié-de^l’ûptimisme leibauieji< f V. CE»Ti ?.

t 4

?VDB.

— ;Théars.e, dt la raison impersonnelle. Cette théorie joua un grand rOle dans la philpsofuie éclectique. Elle y a été introduite par ’ Victor Cousin. C’est par la raison impersonnelle ; qu’il prétendait saisir dans l’aperceplion spontanée, que Cousin se flattait 4’e RAIS

chapper au principe criticiste de la subjectw yité, : ou, : comine disait Hamilton, de la relatif Tito de la connaissance. Voici en.quels’termesil a exposé ses vues sur l’impersonnalité de la raison ;. ; -, •. ■ ’

' rPlus que jamais Adèle à la méthode psychologique,

au lieu de sortir de l’observation, rje m’y enfonçaidavantage, -.et, à’un-degré où iiunt n’avait pas-pénétré, sous la relativité et la subjectivité apparentes des principes.nécessaires, j’atteignis et démêlai le fait instantané, mais réel, de l’aperception spontanée de la vérité, aperception qui, ne se réfléchissant point immédiatement elle-même, passe inaperçue dans les profondeurs de la conscience, y est la base véritable de ce qui, plus tard, sous une forme logique et entre les mains de la réflexion, devient une conception nécessaire. Toute subjectivité : avec toute réfiexivité expire dans la spontanéité de l’aperception. Mais l’aperception spontanée est si pure qu’elle nous échappe ; c’est la lumière réfléchie qui nous frappe, mais souvent en offusquant de son éclat infidèle la pureté de la lumière primitive... La raison est en quelque sorte le pont jeté entre la psychologie et l’ontologie, .entre la conscience et l’être ; : elle pose à la fois sur l’une et sur l’autre ; elle descend de Dieu et s’incline vers l’homme ; elle apparaît à la conscience comme un hôte qui lui apporte- des nouvelles d’un monde inconnu, dont il lui donne à la fois etl’idée et le besoin. Si la raison était personnelle ; elle serait de nulle valeur et sans au- ; cuna autorité-hors du sujet et du moi iudivi..duel. Si elle restait à’l’état de substance non 1 manifestée ; elle serait comme si elle n’était pas pour ie moi qui ne se connaîtrait pas lui-—même ; Il faut donc que la substance intelligente se manifeste, et cette manifestation- est ^’apparition-de la raison dans la conscience.’ La raison est donc à la lettre unerévélation, une révélation néces.sà’ue et universelle, qui n’a manqué à aucun homme et

a éclairé tuut homme à sa venue eu ce monde : ./lliwiinat-.ontnem hominem venientem in hum 'mundum. La raisom est,1e médiateur uéces„saire.entre Dieu etl’hoimne, ce W-joç de Py-thagore et/de. Platon, ce verOe ; fiut.chairqui sert, dlinterprèlé à- Dieu et de précepteur àl’hommej homme à la fois et’Dieu tout ensemble... Si Kant ;, sous sa profonde analyse, avait vu la source de toute analyse, si sous la réflexion, il avait vu le fuit primitif et certain dé -l-’affirmaii’onj-il ;-’auïtt’it’ vu que rienn’est-moins personnel que la raison, surtout dans le phénomène de l’affirmation’ pure ; que par conaequent rien.n’est moins subjectif, et que les vèiilés qui nous sont ainsi don-fiées-sont des vérités absolues,1* subjectives, j’en.conviens, par leur rapport au moi dans léphénomène total de la conscience, mais —objeetives-en-ce-qu’elles en-sont indépendantes... La raison n est pas subjective ; le sujet, c’est moi, c’est la personne, la liberté, la volonté. La raison n a aucun caractère de persoiinulité et de liberté. Quia jamais dit :« Ma > venté, voire vérité ? •... Il a suffi d’une seule —erreur psychologiquekpour, jeter Kant dans une routé qui conduit à’ l’abîmé... Ce grand « hommej.n’a..pas. vu que c’était particulièrement aux phénomènes de l’activité volontaire et libre qu’était attachée la personnalité, et que ta i-aUon, bien qu’unie à la personnalité, en est profondément distincte. Si la raison est personnelle, comme i’alteniion et la-volonté, il s’ensuit que toutes les conceptions qu’elle nous suggère ; sont personnelles aussi, que.toutes-les, vérités qu’elle Jious, découvre sont purement relatives à notre manière de concevoir, et que les objets prétendus réels, les choses, les êtres, les substances, .dont cette raison nous révèle l’existence, ne peuvent avoir qu’une valeur sub. jective, », .

’ Quel psychologue que le maître de l’éclectisme I De quelles métaphores superbes il accablé la philosophie critique) Comme il la regarde de haut et quelle autorité dans le reproche qu !il-Iui adresse de manquer de-profondeur I Sur quel ton il le prend avec ce pauvre Kant, qu’une erreur de psychologie a conduit à un aùime, qui a fait tristement iiûm- frage contre le grand problème de la philosophie moderne et qui, pour n’avoir pas pénétra assez profondément uans l’intiuiite de la conscience, n’a pas su voir le pont jeté par la raison entre la psychologie et l’ontologie 1 ’ Grâce à-Dieu et au génie de Cousin, ce pont est aujourd’hui découvert ; nous échappons à l’abîme ; nous sommes sauvés du naufrage ; nous ne oinmes plus enfermés dans 1 enceinte de la1 subjectivité ; nous sortons de la prison du moi ; nous passons triomphants de la conscience à l’être ; nous comprenons que la raison n’est pas un organe propre à noire intelligence, un œil disuuct de la vérité absolue et pouvant ta déuaturer-en nous la transmettant, mais Dieu lui-même en nous, Dieu avec’qui nous sommes en une nécessaire participation ; notre analyse creuse jusqu’au tuf de la spontanéité et notre suvoir, ’afin d’être assuré, réel et absolu, n’est plus réduit à une simple et humiliante nécessité de croire. —La-théorie d« la raison impersonnelle, liée à la distinction de la-spontanéité et de la ré—flexion, vient rendre à la métaphysique ses jiroits et forcer le scepticisme dans son dernier retranchement 1 Voilà-dê~Biën hautes prétentions ; il n’est pas difficile de montrer qu’elles n’ont rien de sérieux, que cette raison impersonnelle ne supporte pas l’examen,

RATS

qu’on ne peut, sans la nier par là même, lui refuser ou lui reconnaître des rapports quelponques au moi, et que l’auteur de cette belle découverte n’a pas même compris le principe auquel il l’oppose avec une si naïve assurance.

La subjectivité ou relativité de la connaissance

consiste en ceci, que l’objet de la connaissance est nécessairement déterminé comme tel par les facultés du sujet connaissant, par la constitution de l’esprit ; que nosjugements quelconques, particuliers ou universels, dépendent de notre nature mentale et n’ont pas, ne peuvent pas avoir, en fin de compte, d’autre garantie. Il n’y a’ pas à distinguer entre l’affirmation primitive et spontanée et l’afrir■ination réfléchie. La première est subjective, comme la seconde, puisqu’elle est, comme la seconde, un produit du sujet connaissant. N’est-ce pas en vertu des lois de notre esprit, de notre nature mentale, que nous apercevons, que nous jugeons, que nous affirmons, dans le premier moment, dans le moment de l’intuition spontanée, comme dans celui de la réflexion ? Ce sont les lois de l’esprit, de la nature mentale, ce n’est pas l’intervention de la volonté et de la réflexion, qui déterminent la forme delapenséeet quidonnentànosconnaissances le caractère subjectif dont parle Kant. C’est donc à.cette nature, à ces lois qu’il faudrait s’attaquer "pour triompher du

firincipe de Kant ; cést à cette nature, à ces ois qu’il faudrait soustraire cette raison spontanée qu’on va chercher au fond de la conscience, et il ne sert à rien de dire qu’elle échappe à l’action de la volonté. Ces lois dé l’esprit, la réflexion les analyse, les formule, les classe, mais ne tes crée pus ; elle ne crée pas davantage, mais se borne à saisir et à constater le caractère subjectif de ta connaissance. Cousin veut à toute force qu’elle le crée, confondant ainsi, ce qui semble à peine croyable, la subjectivité de la connaissance avec la connaissauce de la subjectivité. Il y a eu, dit-il, un moment où 1 esprit apercevait la vérité sans retour sur soi, sur ses lois, sur son action. Eu ce moment, la connaissance n’était pas subjective. Elle n’est devenue subjective que lorsque l’esprit, se repliant sur lui ; même, a essayé, sans y parvenir, de révoquer eu doute la vérité d’abord spontanément aperçue, et s’est assuré du rapport-nécessaire qu elle avait avec ses fucuitès ; en d’autres termes, elle n’est devenue subjective que lorsque la réflexion l’a montrée telle. De telles confusions ne sont pas d’un philosophe, mais d’un rhéteur qui ne ^cherche ni à regarder de près les choses, ni u les présenter sôuVIeur" vrai jour. : ToutTeffort.de Cousin, et rjen n’est plus embarrasse ni plus malheureux-que cet effort, est de justifier la restriction qu’il lui plaît d’imposer.au.sens kantUte des mots sujet, subjectif, subjectivité. faut que la raison nous donne toute sûreté contre le scepticisme, et c’est pourquoi.on.veut qu’elle atteigne l’absolu, l’existence en soi, le noumène ; et c’est pourquoi ou ne peut souffrir qu’elle soit subjective, personnelle. Il s’agit donc de la mettre hors du moi, pour qu’elle garde ses prétentions, tout en la laissant cependant dans la consciencejour qu’elle reste saisissable. Voilà le lourde force à exécuter. Rien de plus simple, si l’on peut faire tenir le sujet, le moi "tout eutier’dans une seule faculté, dans l’activité volontaire. C’est le point qui-importe et dont tout dépend. Et Cousin de répéter sur tous les tons dans ses livres et ses préfaces, que « les faits volontaires sont seuls marqués aux yeux de la conscience du caractère d’immutabilité et de personnalité ; » que « la volonté seule est la personne ou le moi ; ■ que ■ les mouvements de la sensibilité, les passions, loin de constituer la personnalité, la détruisent ; que la raison est si peu individuelle que son caractère est précisément le contraire de l’individualité, savoir l’universalité et la nécessité ;’ qu’en réalité « le moi se trouve dans un monde étranger, entre deux ordres de phénomènes qui ne lui appartiennent pas, • ce qui n’empêche pas ces deux ordres de phénomènes d’être étroitement unis aux faits voluntaires « dans l’indivisible unité de la conscience. >

Mais répéter n’est pas démontrer. Le système est bâti d’équivoques pitoyables. Cousin a découvert et vient nous apprendre avec une risible solennité qu’il n’y a d’imputables que les actes volontaires ; que les vérités rationnelles ne dépendent pas.de notre bon plaisir ; que la passion est en lutte avec la personnalité morale. Et là-deSsus, triomphant : « Vous voyez bien, fait-il, queiaraison n’est passubjectivel «Mais, à ce compte, il faudrait dire cette énorinité, que la sensibilité, ta passion ne l’est pas davantage ; et cependant, la passion ne.se caractérise pas par l’universalité et la nécessité. C’est la négation même de la nature mentale, c’est-à-dire de la synthèse vivante de- fonctions que les philosophescompf’éiinent sous les noms d’eâprit, de sujet, de moi. Eu réalité, vous jouez sur les mots personne, personnel, lesquels ont plusieurs sens. Kant vous parle du sujet connaissant, du moi psychologique ; vous répondez en prenant le mot penuitne au sens moral, uvec uno hardiesse naïve et imprudente, Cousin appelle ia’langue-à son-secours. On ne dit pas ma vérité t. remarque-i-il. Soit. Mais il s’agit de l’impersonnalité de la raison et de la sensibilité : ne dit-on pas ma ration,

RAIS

mon jugement, mon aperception, mon plaisir, ma douleur, mon souvenir ? La langue même témoigne contre cette assertion, que les faits volontaires sont les seuls que nous rapportions à notre personne. Est-ce que mes idées et mes sentiments ne m’appartiennent pas ? Est-ce que je ne les rapporte pas à ma personne ? Est-ce qu’ils ne font partie de moi-même ? Le mot conscience suffit pour vous condamner ; on est consciens sui, et, sous peine de contradiction dans les termes, il faut reconnaître que le moi, pris en son acception ordinaire, qui est en même temps le sens philosophique, est, diraient les Anglais, coeztensif à la conscience. Vous parlez de l’unité indivisible de la conscience dont les trois classes de faits, rationnels, sensibles et volontaires, forment trois éléments intégrants et inséparables : comment conciliez-vous cette unité de la conscience avec votre système ? Si elle est indivisible, pourquoi la divisez-vous en deux parties, l’une constituant le moi, l’autre.étrangère au moi ?

Nul souci des définitions précises et du style exact, nul scrupule sur la valeur fixe des signes employés, pas d’habitudes scientifiques : c’est le trait qui frappe quand on lit les écrits de Cousin et de ses disciples. U a pris chez ses maîtres allemands le goût des grands substantifs abstraits. Il n’a pas appris des philosophes anglais et français du xvina siècle à les traduire et réduire en propriétés et en attributs. Comme les philosophes des premiers temps, il en fait des êtres métaphysiques, détachés et indépendants des réalités, et qu’il substitue, sans s’en apercevoir, aux réalités. Pour un analyste, la conscience n’est pas autre chose que le moi conscient, la raison n’est pas autre chose que l’esprit saisissant les principes et les rapports généraux. Cela est simple et clair. La raison im’personnelle de Cousin et des éclectiques n’est qu’une abstraction réalisée.

— Dr. coi n m. Raison sociale. Toute société, commerciale ou même civile, forme une personne juridique, distincte des associés considérés individuellement, ou même considérés dans leur agrégation numérique. Cette personnalité -collective n’est qu’un être de raison créé par une fiction de la loi. Néanmoins, elle existe juridiquement ; elle u fin patrimoine à elle propre, formé de la réunion des apports sociaux ; elle a la capacité de s’obliger et d obliger les tiers envers elle ; elle a enfin un nom qui la désigne et une signature qu’elle appose aux engagements

qu’elle souscrit. Ce nom est ce que l’on appelle la raison sociale, dénomination composite, formée du nom d’un ou de plusieurs des associés, gérants et responsables, adquel on ajoute ordinairement les mots consacrés par l’usage : et compaynie ; par exemple, la Société Martin père et fils et compagnie.

La raison socinte est propre uux sociétés de commerce qui constituent une personne juridique, à part des associés, et distincte de ces derniers. Sur ce point, pas de doute possible. Les associés en matière commerciale sont, en effet, tenus chacun solidairement des engagements contractés au nom de la société. D autre part, l’article 5Î9 du code civil dispose que les intérêts ou les actions dans les sociétés d’industrie ou de finance sont meubles dans tous les cas et alors même que la compagnie serait, comme telle, propriétaire de biens immobiliers. La doctrine des auteurs reconnaît à bon droit, dans cette disposition, une preuve manifeste de la distinction, de la dualité entre la personnalité des associés d’un côté et la personne sociale de l’autre, puisque cette dernière peut posséder des propriétés immobilières, auxquelles les associés individuellement ne sont censés avoir aucune participation tant que la société fonctionne, c’est-à-dire jusqu’à 1 époque de sa liquidation. La personnalité juridique, inhérente au corps moral de l’association, peut donc être discutée en matière de société purement civile, niiiis son existence est incontestable et incontestée quand il s’agit de société de commerce. La raison sociale est le nom propre, le nom commercial de cette personne fictive.

Il y a toutefois, relativement à la nécessité de la raison sociale, une distinction à établir entre les difi’érentes espèces de sociétés de commerce. La raison sociale est un des éléments constitutifs et une des conditions nécessaires d’existence : 1<> des sociétés de commerce en nom collectif (art. 20, C. comm. J ; 2o des sociétés de même nature en commandite. Les sociétés en nom collectif, en effet, opèrent sous la responsabilité indéfinie et solidaire de tous les associés ; les sociétés en commandite font le commerce également sous la responsabilité solidaire des associés ou du moins sous la responsabilité indéfinie d’un gérant qui peut être unique, et il n’y a que les commanditaires ienomés dont ie> obligations soient limitées au montant de leurs mises. Dans de semblables conditions, les socielés de ces deux espèces ne peuvent pas plus se passer d’un nom qui les désigne au public et d’une signature collective que ne peut se passer de son nom patronymique toute personne se livrant individuellement au négoce. L’adoption d’une raison sociale est donc... une clause substantielle de tout contrat de société commerciale eu nom collectif ou en commandite, et son omission entraînerait la, nullité de l’acte. Non-seulement lé