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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 2, Pubi-Rece.djvu/375

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rappeler les sirènes. Toutefois, comme il y en avait dont les saillies anguleuses, trop fortement accentuées par une main inhabile, éveillaient l’idée d’une maigreur excessive, semblable h. celle des gens dont on dit vulgairement qu’ils n’ont que la peau sur les os, l’expression visage de rebee se prit en mauvaise part. Ouditi la traduit ainsi : « visage de reoec, c’est-à-dire visage sec et mal fait. • Les Italiens disent dons le même sens ■ vi « sage de tambour de basque, viso ou figura da cembalo ;, «ils ont dit aussi quelquefois ! vi « sage de psaltérion, viso a saltero, » visage ridé et grimaçant. De là vient aussi, d’après quelques savants, le nom de Jlébeca, qu’on donne à une femme maigre et dans lequel on a voulu voir une double allusion k l’expression « visage de rebec » et à la pieuse Rébecca de la Bible. À propos de rebecs rebéquer de contre-point (rebeccare di contrapuiito) se dit en jargon italien pour discourir. »

La seconde expression dont nous voulions parler est celle-ci : sec comme rebec, qui n’avait pas un sens plus favorable que la précédente. On lit dans la Comédie des proverbes, d’Adrien de Montlue, prince de Chnbanais : " Pour la bourse, il ne l’a pas trop bien ferrée ; de ce côté-là, il est sec comme rebec et plus plat qu’une punaise. » D’après Oudiu, l’expression ■ sec comme rebec » signifiait ■ fort maigre. ■

On peut supposer que la phrase suivante, extraite des satires chrétiennes, avait aussi un sens proverbial :

A tel ménestrier, tel rtbtc. Tenant tousiours le verre au bec.

Enfin NoEl du Fuil, l’auteur des Contes d’Eutrapel, emploie cette façon de parler : ■ 11 est bon sonneur de rebec, • pour dire : C’est un homme habile, entendu.

REBEC, bourg d’Italie, dans le Milanais, sur la rive droite de l’Oglio, à 10 kiloin. N. de Crémone. Bayard y fut tué en 1524.

Robee (journéb de), notu sous lequel on désigne la retraite de l’armée française en Italie (1584), retraite désastreuse, puisque le succès même en fut acheté par une pêne irréparable, celle de Bayard. Bonnivet commandait l’année et avait devant lui deux généraux qui lui étaient bien supérieurs par l’activité et les talents militaires : le connétable de Bourbon et le marquis de Pescaire. Par une manœuvre hardie, ceux-ci enfermèrent l’armée française entre eux et Milan, enlevèrent plusieurs postes sur leur passage et prirent à revers Bonnivet, qui dut évacuer son camp de Biugrasso et se retirer sur Vigevano, puis sur Novare. Il essaya en vain d’amener les ennemis k combattre : la misère et les maladies, qui exerçaient leurs ravages parmi l’armée française, faisaient trop bien leurs affaires pour qu’ils en compromissent le succès par unébalaille décisive. Bientôt, pour surcroît de malheur, les Suisses quittèrent l’armée, abritant cette défection sous le prétexte que François Ier avait manqué lui-même a sa promesse de les renforcer de quatre cents lances il leur descente en Piémont. Bonnivet, pur cet événement, se trouvait hors d’état de résister aux impériaux ; un autre échec le contraignit k précipiter sa retraite. Tandis qu’il était posté aux environs de Rebec, le marquis de Pescaire se proposa d’enlever pendant lu nuit un de ses quartiers, et, pour assurer le succèa, il ordonna à ses soldats de revêtir une chemise par-dessus leurs habits, afin de pouvoir se reconnaître dans l’obscurité. Ce stratagème réussit, et on donna depuis le nom de camisades k toutes les surprises pratiquées durant les ténèbres. Il ne restait plus à Bonnivet qu’un parti à prendre, c’était de repasser les Alpes au plus vite. Après avoir donné l’ordre k l’armée de franchir la Sésia, il se posta à l’arrière-garde pour contenir les arquebusiers et les chevaulégers de l’ennemi, qui passaient à gué et donnaient déjà sur • la queue • des Français. À la première charge, il reçut une blessure au bras, ce qui le contraignit k quitter le champ de bataille. Il laissa le commandement au chevalier Bayard, qui se dévoua à la tache difficile de sauver 1 année et qui y réussit, mais au prix de sa vie. L’héroïque chevalier combatlit avec cette impétuosité, cette intrépidité et cette adresse qui faisaient dire de lui qu’il possédait les trois meilleures qualités d’un grand capitaine : assaut de lévrier, défense de sanglier et fuite de loup. Mais, tandis qu’il soutenait ainsi les efforts de l’avantgarde ennemie, voyaut tomber à ses côtés une foule de vaillants hommes de guerre, il fut frappé lui-même, au travers des reins, d’une pierre d’arquebuse qui lui brisa l’échiné (v. BaYaBd). La mort du chevalier Sans peur et sans reproche laissa le commandement de l’armée au comte de Saint-Pol, qui la fit rentrer en France sans grandes pertes ; mais le

— Milanais était perdu pour nous.

RÉBECCA, femme d’Isaac, mère d’Esnù et de Jacob, l’héroïne d’un des épisodes les plus naïfs de la Bible. Elle est représentée dans ce livre comme fille de Bathuel, petit-fils lui-même d’un frère d’Abruhum. Celui-ci, voulant marier son fils Isaac, envoya son serviteur Eliézer t» la recherche d’une femme, dans les tribus voisines. Eliézer étant allé en Mésopotamie et se trouvant vers le soir au bord d’une fontaine, près du village de Nacaor, se parla en ces termes : « O Eternel ! Dieu d’Abraham, mon maître, fais que j’aie

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une heureuse rencontre aujourd’hui et sois favorable k mon seigneur ; voici : je suis près de cette fontaine et les filles des habitants de la ville sortiront pour puiser de l’eau. Fais donc que la jeune fille k laquelle je dirai : « Baisse un peu le vase que tu portes afin que

« je me désaltère » et qui me répondra : • Bois

« et je donnerai ensuite k boire k tes cha « meaux, ■ soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac. Je reconnaîtrai par la que tu es favorable k mon seigneur. »

Avant qu’il eût achevé, voici qu’il vit sortir de la ville, avec sa cruche sur l’épaule, Rébecca, fille de Bathuel. La jeune fille était d’une grande beauté et encore vierge. Elle descendit à la fontaine, remplit sa cruche et elle remontait de puiser de l’eau. Alors le serviteur courut à sa rencontre et lui dit : « Donne-moi, je te prie, à boire. » Elle lui répondit : « Bois, mon seigneur ; > et, ôtant sa cruche de dessus son épaule, elle la prit en main pour le faire boire ; et, après qu’elle eut achevé, elle dit : « J’en veux puiser aussi pour tes chameaux, jusqu’à ce qu’ils soient désaltérés. »

Le vœu d’Eliézer était exaucé. Il offrit aussitôt kla jeune fille une bague d’or qui pesait un demi-sicle et des bracelets d’or pesant 10 sicles, l’accompagna chez ses parents et la demanda en mariage pour le fils d’Abraham.

Rébecca figure encore, mais d’une façon moins avantageuse, dans la scène de supercherie burlesque où Jacob, son fils préféré, se fait bénir par Abraham aux lieu et place d’Esaû.

— Iconogr. La rencontre d’Eliézer et de Rébecca kla fontaine, cette scène d’un caractère si patriarcal et si gracieux, a été représentée par un grand nombre d’artistes. A ceux que nous avons cités et dont nous avons décrit les œuvres au mot Euézke, il faut ajouter : L’Albane (vente du prince de Carignan, 1742), Giacinto Gimignani (au palais fiai), Luca Giordano (au musée de Dresde, gravé par Joseph Wagner), le Guide (au jialais Pitti), Pieter de Hooch (collection W.-T. Blodgett, à Paris), Johann Kônig (autrefois dans la galerie de Pommersfelden), La Hyre (vente Peilhon, 1763, et vente La Live dé Jully, 1770, gravé par F. Chauveau), Al. Magnaschi (musée d’Orléans), Schonin (gravé par Rollet, Salon de 1852), le Tintoret (gravé par Claude Mellan), Eugène Thirion (Salon de 1874), etc. La composition de ce dernier artiste, comme celle d’Horace Vernet que nous décrirons ci-après, nous offre des costumes et des types empruntés aux Arabes de l’Algérie : Rébecca, debout près d’un puits ombragé par un figuier, est habillée d’une robe de couleur claire, ouverte sur la poitrine et laissant voir une riche tunique de dessous brodée d’or et de couleur orangée-, elle incline un long vase de terre, où boit Eliézer, qui est coiffé d’un turban blanc et vêtu d’un burnous brun. Ces deux figures sont bien dessinées et d’une bonne couleur. Le fond, où l’on aperçoit un chameau et un esclave, est d une exécution un peu molle. Des estampes représentant Rébecca et Eliézer ont été gravées par Ch.-Nie. Cochin fils (d’après Nicolas Bertin), Michel Le Blond, Jacob van Bakker (eau-forte).

« Les Noces d’Isaac et de Rébecca ont été peintes par Benozzo Gozzoli, au Campo-Santo de Pise, par Baldassare Beruzzi (gravé par T. de Bry), etc. Fr. Bouterwek a peint Isaac et Rébecca surpris par Abimelech et te Départ de Rébecca (Salon de 1843). Ce dernier sujet a été représenté aussi par Benedetto Luti (gravé par Fr. Bartolozzi) et par Schopin (gravé par Hipp. Garnier, Salon de 1841). Des statues de Rébecca ont été sculptées par Henri Imhof (musée de Bàle), Rinaldi (Salon de 1844), Marius Montagne (Salon de 1859), Fabisch (Salon de 1861).

RAbeceu à la fontaine OU Rébecca el Elié 1er, tableau de Paul Véronèse, au musée de Madrid. La jeune et belle Rébecca est assise près de la margelle d’un puits, reçoit les présents que lui offre le serviteur d’Abraham ; déjà elle s’est parée d’une riche boucle d’oreille. Un vieillard et d’autres personnes sont témoins de l’entrevue ; près deux se trouve un cheval. À gauche, derrière Rébecca, on aperçoit la maison de son père et un domestique qui fait boire un chameau.

Paul Véronèse a traité plusieurs fois ce sujet. On lui a longtemps attribué un tableau du Louvre (n<> 110), où l’on voit Eliézer présentant k Rébecca des bijoux que deux nègres ont apportés dans une cassette et viennent de déposer sur le bord du puits. Cette peinture, qui se trouvait autrefois au palais Bonaldi, à Venise, et qui appartint ensuite au fameux banquier Jabach, fut achetée k ce dernier pour le compte de Louis XIV et figura jusqu’à la fin du siècle dernier dans un salon du palais de Versailles. Mariette a émis des doutes sur son authenticité et nous apprend que quelques connaisseurs ont cru y retrouver la manière de Zelotti ; d’autres pensent que ce pourrait être une œuvre de Carletto Caliari. Cet ouvrage a d’ailleurs beaucoup souffert. Il a été gravé par Jean Moyreau, par L. Jacob (Cabinet Crozat) et dans le recueil de Landon (VIII, pi. 34). Des gravures sur le même sujet, d’après Paul Véronèse, ont été exécutées par J.-F. Kaufmann et par F.-A. Meloni. Une Rébecca à la fontaine, du même maître, fait partie de la collection lar-I borough (Angleterre).

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. Rébecca à la fontaine, tableau d’Horace Vernet (Salon de 1834). Malgré son titre biblique, ce tableau est une étude toute moderne, une scène de mœurs algérienne, et Horace Vernet s’est contenté de transporter sur la toile ce qu’il avait pu voir de sas yeux, sans consulter la Bible le moins du monde. Rébecca est une jolie Kabyle, bien drapée, qui offre à boire à l’un de ses compatriotes rencontré au bord d’une fontaine, dans un de ces vases de poterie grossière qui sont de fabrication courante en Algérie. Cette scène arabe est d’une grande exactitude- ; elle a une remarquable fidélité de couleur locale, et, si l’on va au fond des choses, il est probable, pour qui connaît l’immobilité des mœurs de l’Orient, que les Arabes portent aujourd’hui k peu près les mêmes vêtements que les habitants de la Palestine k l’époque patriarcale. Mais les maîtres du xvie siècle nous ont habitués, en retraçant des scènes du même genre, k des costumes de convention qui ont acquis en quelque sorte force de loi ; si bien que les costumes qui sont probablement les vrais paraissent des travestissements. « Je ne vois dans ce tableau, dit M. E. About, qu’une bonne mise en scène d’opéra. L’amphore est joliment placée ; elle fatiguerait le poignet de Rébecca et les dents d’Eliézer si elle était en terre cuite et pleine d’eau ; mais rassurez-vous, nous sommes au spectacle. Le bonhomme Eliézer cache ses bijoux derrière son dos, comme un bon père qui veut faire une surprise à sa tille ; cette disposition serait applaudie à la scène. > ■

Rébecca «t Kon-ona, roman anglais de W. Thackeray (1842, in-18), trad. en français par A. Pichot. Ce roman est une suite de 17vanhoë de W. Scott, mais une suite ironique, ainsi qu’on est en droit de l’attendre de 1 humoriste anglais. On y voit reparaître tous les personnages de Walter Scott et quelques autres, mais dans des situations sensiblement modifiées. Thackeray n’est pas de la race de ces continuateurs naïfs, pareils à ce savant du xvc siècle qui fit un treizième livre à 'Enéide ; il continua /uûJiAo£-parce qu’il lui semblait que le chevalier déshérité a des combats beaucoup plus périlleux à livrer après son mariage qu’auparavant ; que Rébecca, la belle juive, devient alors bien plus redoutable, et que lady Rowena, la douce et blonde jeune tille, une fois mariée, aura encore des luttes à soutenir ; qu’un héros et une héroïne comme eux ont encore bien des choses k voir et il faire. Thackeray était persuadé, avec raison, que le dénoùment des contes de fées se terminant par cette formule, qu’ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants, n’est pas toujours la vérité, puisque dans la vie tout n’est pas fini avec le mariage, quelquefois même tout commence, et que, suivant lui, le roman doit être comme la vie. Cette continuation, dont l’analyse ne serait guère possible, donne une assez juste idée du roman tel que le conçoit Thackeray. Le mariage est une des péripéties, la plus grande de toutes ; ce n’est pas le but ni ta fin de ses romans. Si la vie était une longue avenue qui se terminât au mariage, il suivrait le procédé commun et prendrait congé de ses héros avec les amis qui ont assisté k la bénédiction nuptiale ; au contraire, puisque le mariage est comme le centre de la vie humaine, Thackeray en fait non la.conclusion mais le centre de ses romans.

Rébecca, comédie-vaudeville en deux actes, de Scribe (Gymnase, 2 décembre 1844). Cette Rébecca, fille d’un juif et mariée k un homme qui ne l’aimait pas et que des circonstances particulières ont seules contraint à cetteunion, est une des héroïnes les plus poétiques de Scribe. Elle se dévoue k celui que son cœur a choisi. Aussi, au dénoùment, appréciée enfin de son époux, elle reçoit la récompense d’un si chaste amour au moment où tout parait perdu, car on a obtenu la rupture du mariage contracté entre un chrétien et une juive... Mais tout est sauvé, au contraire 1 Rébecca a embrassé le culte catholique. Son amie Gianina la félicite et, parlant de cette religion, lui dit : « C’est la bonne. » Rébecca répond : « Je ne sais, mais c’est la sienne. » Rébecca (l’enlevkment de), tableau d’Eugène Delacroix. Le sujet de ce.tableau est tiré d’ivanhoé, roman de Walter Scott : la fille du juif Isaac d’York est enlevée par les ordres du templier Boisguilbert pendant le sacdu château de Front-de-bœuf ; elle estdéjk entre les mains des deux esclaves africains chargés de la conduire loin du théâtre du combat ; un de ces hommes, monté sur un grand cheval de bataille, saisit la jeune fille a demi évanouie que l’autre soulève brutalement. Cette peinture, qui a paru au Salon de 1S46, a été l’objet de vives critiques. « On ne peut nier, a dit Gustave Planche, que les deux Africains ne respirent une énergie farouche, une impitoyable cruauté ; mais les membres, le corps et le visage de ces deux esclaves sont a peine indiques. Le cheval sur lequel Rébecca va être placée n’est pas en proportion avec le cavalier. Le visage de Rébecca est dessiné ou plutôt indiqué avec tant de confusion, qu’il ne peut exprimer ni la terreur ni la prière. Quant au corps, il n’est pas possible de le deviner sous le vêtement. Nonseulement cette composition n’est pas peinte dans l’acception sérieuse du mot, mais elle n’est pas même trouvée, à G. Planche a pu critiquer avec raison les détails de cette com REBE

position, mais il s’est singulièrement trompé en disant qu’elle n’était pas peinte : on y voit un cheval gris pommelé qui se cabre et un cavalier arrivant k toute bride, dont l’exécution vive, puissante, est d’un maître. Delacroix a repris le sujet de l’Enlèvement de Rébecca dans un tableau qui a été exposé au Salon de 1859 et où il a exprimé d’une façon merveilleuse la confusion, le tumulte, l’effroi d’une scène de pillage, de meurtre et d’incendie.

Un tableau de l’Enlèvement de Rébecca par le rempiler a été exposé au Salon de 1S31 par Léon Cogniet ; Fr. Girard en a fait une gravure. Le même sujet a été peint par Longuet (Salon de 1838). Th. Lupton a gravé, d’après Fradeile, une scène entre Rébecca et Iifunhoë, Théophile Lacaze a peint Rébecca donnant des soins à Ivanhoê (S ; ilou de 1842) ; Hugues Merle, les Adieux de Rébecca et de lady Rowena (Expos, univ., 1S55) ; A. van "ïsendick, Rébecca remettant ses bijoux à la femme d’ivanhoé (Salon de 1838). î RÉBECCAÏTE s. m. (ré-bèk-ka-i-te — de Rébecca, n. pr.). Membre d’une société secrète fondée en Angleterre, pour travailler k la suppression des péages.

— Encycl. C’est en 1843, dans la principauté de Galles, que les rébeccaïtes firent leur apparition. L’établissement d’un nouveau péage sur la route de Carmathen k Saint-Ciar avait soulevé l’indignation des villages des environs ; un jour, une trentoine d’hommes, barbouillés de noir, commandés par un chef déguisé en femme qui prenait le nom de Rébecca, et dont ils étaient dits les enfants, vinrent démolir la barrière ; on la replaça, elle fut de nouveau détruite. Cette protestation contre un des abus qui pèsent le plus sur les campagnes rencontra de nombreux partisans dans les comtés voisins et toutes les barrières tombèrent, presque instantanément, sous les coups vengeurs des

rébeccaïtes.

Un vif intérêt s’attacha, dès le début, à cette guerre entreprise contre les barrières. Ces expéditions se faisaient en plein jour et sans qu’on eût jamais k signaler aucun vol ou aucune violence inutile. Avant d’attaquer la barrière, le garde était préalablement sommé de déguerpir. On lui laissait tout le temps nécessaire pour enlever son mobilier et mettre sa famille k l’abri. À l’expiration du délai, l’exécution commençait ; si le garde avait cru devoir rester k sou poste, il voyait brûler ses meubles et bientôt la barrière tombait sous les efforts de la bande. Cependant, des sentinelles placées sur tous les points protégeaient les travailleurs et éloignaient les curieux à coups de fusil. Au bout de quelques minutes, Kébecca disparaissait avec ses enfants, et la police, en arrivant, ne trouvait plus que des débris.

Les rébeccaïtes dirigeaient aussi quelques entreprises contre les workhouses, maisons de force où la pauvreté est punie, k l’égal du crime, par la réclusion. Ils ne craignirent pas de s’aventurer dans la ville de Carmathen pour détruire le workhouse. Les fermes furent bientôt attaquées, les propriétaires menacés. Rébecca avait juré guerre k mort aux abus et voulait venger à la fois tous les griefs du peuple.

Le chef de chacune de ces bandes portait le nom et le costume de Rébecca ; le second s’appelait miss Crorappell. Il existait entre toutes les bandes une organisation redoutable. Quand une expédition était décidée, des feux s’allumaient sur les montagnes pour diriger les détachements ; des instructeurs formaient les conjurés au maniement des armes et k la discipline militaire. Ou put croire un moment qu’une révolution sociule allait se répandre du pays de Galles dans les quarante comtés d’Angleterre. Le gouvernement mit en marche des régiments de dragons ; tuais ces troupes ne purent rien contre des ennemis invisibles. Il fallut abandonner la répression ; le pouvoir réussit par des concessions habilement ménagées k désarmer Rébecca et ses enfants, et à l’insurrection militante succéda le pétitionnement pacidque.

On ignore l’origine et le sens précis de la singulière dénomination dont s’étaient baptisés les révoltés.

REBECQUE (Benjamin Constant dk). V. Constant de Rebecque.

REBECQUE (Anne-Marie-Louise de), dame d’Estourricile, romancière française, sœur do Benjamin Constant. V. Estoornei.lk.

REBECQU1 (François-Trophyme), conventionnel girondin, né à Marseille vers 1760, mort par suicide en 1794. Il fut mêlé aux premiers mouvements de la Provence en 1789’, emprisonné et sur le point d’être traduit devant la cour prévôtale ; mais, sur une motion de Mirabeau (8 décembre 1789), la procédure de cette affaire fut renvoyée devant ta sénéchaussée de Marseille. Finalement, l’influence du parti patriote le rendit k la liberté. Elu membre de l’administration départemental ! des Bouches-du-B-hône eu 1790, il fut choisi, au commencement de 179Ï, comme l’un des dix commissaires départementaux envoyés à Avignon pour organiser les districts et apaiser Tes troubles. À Arles et dans le Comtat, il soutint le parti révolutionnaire, suscita naturellement contre lui les haines de l’autre parti et, poursuivi d’accusations, fut mandé à la barre de l’Assemblée législative. Il y