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la cœur des rois. « Que le paysan, y était-il dit, jouisse toujours de la paix ; que ses bœufs et ses instruments aratoires na puissent jamais être saisis par le créancier, » Les terres de Béarn étaient franches de tout impôt ; les sujets payaient, il est vrai, aux souverains un don volontaire qui pouvait à juste titre être considéré comme un impôt ; mais ils en avaient eux-mêmes le chiffre. Le droit souverain de faire la guerre était limité quant au nombre d’hommes et à h* durée du service ; bien plus, dans quelques vallées, le prince était obligé de venir en personne exposer dans l’assemblée des notables les motifs de la guerre, 11 existe encore aujourd’hui des assemblées de ce genre, mais transformées en syndicats pour la gestion de divers intérêts purement agricoles. Après Richelieu, qui enleva au Béarn son autonomie, vint la Révolution, qui lui enleva seslois pour le faire entrer dans la grande unité française. Le pays avait peu à faire pour se mettre d’accord avec les idées nouvelles. Ici, l’égalité* n’était pas un vain mot ; presque toutes les fortunes étaient égales, presque tous les habitants étaient propriétaires, ce qui a lieu aujourd’hui encore. Les plus riches tiennent k honneur d’habiter sur leurs terres ; ils les font exploiter eux-mêmes ou par des métayers. On ne connaît le fermage que pour des parcelles ne formant pas un corps de domaine. Le métayer est ici véritablement l’associé du propriétaire, avec lequel il partage les pertes comme les profits. Ce mode d’exploitation, que l’on considère souvent comme désavantageux, est, dans ce département, parfaitement en rapport avec les mœurs des habitants. Aussi serait-il très-difficile de le remplacer par le fermage. Un grave dommage atteint l’agriculture par suite de l’émigration

?ui, particulièrement dans les pays basques,

ait des progrès de plus en plus sensibles chez les métayers et les petits cultivateurs. La plus grande partie des émigrants se dirigent sur les colonies françaises et l’Amérique ; c’est à peine si un dixième reste en France. Pour remédier à ce mal qui menace d’absorber la meilleure part des ouvriers agricoles, il faudrait que les propriétaires prissent l’initiative de ces grands travaux qui partout ailleurs tendent a élever les salaires. Car, il faut bien le dire, l’agriculture des Basses-Pyrénées est loin, malgré son état de prospérité relative, d’être à la hauteur des progrès accomplis sur d’autres contrées de la France. Sans être positivement hostiles au progrès, les ugriculteurs font la part trop large à la routine. Contents de ce qu’ils ont acquis, ils semblent avoir renoncé a faire de nouvelles conquêtes.

PYRÉNÉES (départkmbnt des IïàOTES.),

division administrative de la région S.-O. de la France, tirant son nom de sa situation au pied de la partie la plus élevée de la chaîne pyrénaïque. Ce département, formé de l’ancien comté de Bigorre, du pays des Quatre-Vallées et d’une partie du Nebouzan, confine, au S., à la frontière d’Espagne ; à l’O., au département des Basses-Pyrénées ; au N, à celui du Gers, et, à l’E., a celui de la Haute-Garonne. Sa plus grande longueur est de

100 kitom., et sa largeur moyenne de 60. Superficie, 452,944 hectaros, dont 99,885 en terres labourables, 47,499 en prairies naturelles, 15,419 e*n vignes, 8,158 en autres cultures arborescentes, 109,908 en pâturages, landes, bruyères et pâtis, 112,019 en bois, forêts, étangs, chemins, cours d’eau, etc. Au point de vue administratif, le département

« est divisé en trois arrondissements : Tarbes, chef-lieu ; Argelèset Bagnères-de-Bigorre. 11 comprend 26 cantons, 480 communes et 235,156hab. Il forme lediocèsedeTarbes, suffragant d’Auch ; la 4e subdivision de la 13e division militaire ; il ressortit à la cour d’a[ipel de Pau, à l’académie de Toulouse, à la 22° conservation des forêts.

Le département des Hautes-Pyrénées est entrecoupé de plaines, de vallées, de collines et de hautes montagnes, dont les cimes sont, sur certains points, couvertes de neiges éternelles. Il peut se diviser en trois régions bien distinctes : celle des montagnes, celle des collines et des coteaux et celle de la plaine. La région montagneuse commence aux frontières d’Espagne et se termine par deux coteaux, qui bornent, à, l’E. et à l’O., la belle plaine de Tai bes. à Cette partie, dit Giraud de Saint-Fargeau, présente un grand nombre de vallées on ne peut plus pittoresques ; il est difficile de rien voir de plus beau que leur aspect à l’époque où la végétation est dans toute sa force ; les principales sont les vallées de Lourdes, d’Argelès, de Pierreh’tte, de Luz, de Gavarnie, de Cauteretz, de Campan, de la Neste, d’Arreau, d’Aure, etc. » Les sommets les plus élevés que présentent les Pyrénées dans ce département sont : la Maladetta (3,404 met.) ; le mont Perdu (3,351 met.) ; Vignemate (3,298 met.) ; le cylindre de Mar "béor (3,332 met.) ; le pic du Midi de Bigorre (2,923 met.) ; la brèche Roland (2,943 met.) ; le pic d’Aiguillon (2,611 met.) ; le pic d’Arbizon (2,885 met.) ; l’Ayré (2,469 met.) ; le pic de Clarabide (2,873 met.). La seconde région du département, celle des collines, des coteaux et des monticules, commence au point où débouchent les vallées et présente encore des montagnes qui s’étendent plus ou moins loiu. Cette partie offre aussi des vallées, mais peu profondes, moins encaissées et s’élargis PYRE

sant de distance en distance pour former des vallons spacieux dont l’aspect est très-agréable et très-varié. La troisième région, celle de la plaine, s’incline sensiblement du S. au N. ; sa surface, la vaste plaine de l’arrondissement de Bagnères-de-Bigorre, ne présente que de très-légers mouvements de terrain ; elle peut être comparée à un parc immense de 100 kilom. carrés, qui aurait pour limites de sa forme en ovale allongé deux chaînons, l’un à l’E., l’autre à l’O., détachés des hautes montagnes, boisés dans toute leur longueur et offrant mille aspects divers. Ces trois régions du département sont arrosées par plusieurs rivières et de nombreux torrents ; les plus importants de ces cours d’eau sont : le Gers, la Save, la Baïse-Devant, la Baïsolle, la Baise-Derrière, le Boues, le Larros, l’Adour, le gave de Pau, la Neste, l’Estreux, le gave de Cauterets, le gave d’Azun, la Garonne, la Gimone, etc. On y trouve de nombreux lacs d’une petite étendue ; tels sont : le lac de Lourdes, celui d’Arrens, ceux d’Estaigne, de Gaube, d’Escoubous ; le lac Noir, le lac d’Omar. Le département est traversé par deux.canaux d’irrigation : le canal d’Alaric et le canal de la Guespe ; un troisième canal est projeté : c’est un canal de dérivation du gave de Pau. Les sources minérales célèbres sont celles de Bagnères-de-Bigorre, Baréges, Cauterets, Saint-Sauveur, Labassère, Capvero, Gazost, La Burthe, Cadéac, Sainte-Marie, Beaucens, Bagnet, "Viscos, etc.

Malgré sa position géographique, qui le place entre le 42e et le 4*e degré de latitude et le îer et le 3« degré de longitude ouest, n l’extrémité sud-ouest de la France, ce département doit au voisinage des Pyrénées une température plus froide que celle du Languedoc et de la Provence. Cependant le thermomètre descend rarement au-dessous do

zéro, sauf dans la montagne. La neige est rare dans les plaines. Le pays est exposé il beaucoup d’orages depuis le mois de mars jusqu’en septembre. Ces orages, toujours redoutables et souvent accompagnés de grêle, viennent de l’ouest. Les vents d’ouest sont aussi les plus fréquents. Les pluies les plus abondantes tombent à la fin du printemps et du commencement de l’automne. En somme, le climat est sain ; le printemps tempéré, mais pluvieux ; l’été orageux et sec ; l’automne beau ; l’hiver doux, mais nébuleux. La nature géologique du sol varie suivant les hauteurs auxquelles on se place. Les montagnes sont granitiques et calcaires. On y trouve de la tourbe, aux environs d’Argelès, de la’ chaux, du plâtre ; les belles carrières de marbre de Campan, de Beyrède, de Sarrancolin, etc. ; de nombreuses ardoisières, des mines de manganèse, de zinc, de plomb argentifère, de cobalt arsenical ; des carrières de pierre de chaux grasse et hydraulique, de gypse et d’argile d’excellente qualité. À l’est’du département se trouvent des coteaux dont le sol argilo-calcaire repose sur un sous-sol marneux. Du côté de l’ouest, d’autres coteaux présentent des bancs immenses de cailloux roulés au milieu d’une argile ferrugineuse remarquable par sa ténacité. Ce sol, que la nature semblait avoir condamné à la stérilité, a été transformé par l’industrie de ses habitants, à tel point qu’il produit maintenant des vins excellents, dont quelques-uns ont une grande valeur. La plaine et les vallées sont formées d’alluvions très-riches en humus, reposant sur un sous-sol caillouteux et perméable. C’est la partie la plus riche du département. On y trouve des prairies immenses, telles que nulle autre partie de la France ne pourrait en offrir de semblables. Parmi les cours d’eau qui sillonnent le département, aucun n’est navigable. L’Adour, qui y prend sa source et le traverse dans toute sa longueur, arrose et fertilise une plaine magnifique où prospèrent toutes les cultures. Nous signalerons encore la Neste, qui arrose le pays des Quatre-V allées. Toutes les rivières pourraient, dans cette région accidentée, être utilisées nu profit de l’agriculture et de l’industrie. On a fait quelque chose dans ce sens, il faut le reconnaître ; mais combien ne ieste-t-il pas* encore a. faire I Ainsi voilà trente ans que des ingénieurs travaillent pour amener les eaux" de la Neste sur la lande aride de Lannemezan. En beaucoup d’endroits, lès eaux sont habilement utilisées par les cultivateurs eux-mêmes pour l’irrigation des terres ; mais, faute d’un règlement, ces mêmes eaux, au lieu d’amener la richesse, n’ont causé que des dissensions intestines et des procès. Il est vraiment curieux que, dans un pays aussi minutieusement réglementé que la France, ce

soient précisément dans les questions ou un règlement serait nécessaire qu’il n’en existe pas. Ah ! si cette affaire d’eaux, au lieu d’intéresser simplement la fortune publique, avait eu la moindre couleur politique, comme un règlement quelconque serait vite intervenu 1 Il est.vrai que les intéressés eux-mêmes refusent toute réglementation. Ils ont tort, cela va sans dire, car une loi même mauvaise vaut mieux que l’anarchie. Mais s’ils craignent la tutelle administrative, à qui la faute, sinon à cette réputation tracassiëre que la bureaucratie a su si bien s’acquérir et qui n’est que trop bien méritée ? En somme, il est regrettable que là où il y a un peu de bien à faire l’administration reste inactive, lorsqu’elle sait si bien passer outre quand son intervention ne peut être que nuisible.

Le département produit toutes sortes de

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céréales, mais on quantité insuffisante pour la consommation locale. Le froment se cultive un peu partout, excepté dans les montagnes, mais son rendement ne dépasse pas 20 hectolitres par hectare. Les vins rouges de Madirau sont très-estimés, mais seulement comme vins communs. Dans le canton de Trie, on récolte aussi de bons vins blancs, produits par le plant dit la folle blanche. Ces vins blancs sont très-agréables, bien que fortement alcooliques. Avec la plupart de ces vins blancs on fabrique des eaux-de-vie qui s’exportent. Les prairies naturelles constituent la véritable richesse du pays. Leur amélioration est la question capitale. Il y a lu des ressources incalculables, qui demeurent improductives ou qui ne sont qu’imparfaitement exploitées. L’espèce bovine compte dans les Hautes-Pyrénées environ 85,000 t’êtes ; l’espèce ovine, 373,000 ; l’espèce chevaline, 15,000 à 16,000 ; l’espèce porcine, 45,000 ; l’espèce caprine, 8,000. L’espèce bovine comprend la race laitière de Lourdes, qui passe pour la meilleure du S.-O. de la France, et une bonne race pour le travail, celle de Barétous. L’espèce ovine appartient tout entière à la race commune, qui ne produit qu’une laine grossière. Les troupeaux de la montagne sont obligés de faire d’immenses parcours-pour recueillir une maigre pitance. Ceux de la plaine sont un peu mieux nourris, sans l’être suffisamment. Après la moisson, ces derniers sou t soumis au parcage sur les chaumes. L’espèce chevaline, justement renommée, est de race arabe ou anglo-arabe. On remarque un important dépôt d’étulons à Tarbes. Citons encore une belle variété de chiens de berger remarquables par leur taille et par leur force extraordinaire. Mentionnons en outre l’éducation de la volaille, principalement des oies, dont les cuisses conservées dans de la graisse forment un des articles d’exportation du département. Les rivières sont très-poissonneuses. On y trouve notamment des truites saumonées, qui remontent jusqu’aux lacs les plus élevés dans les montagnes. Le nombre des propriétaires fonciers est de plus de 77,000 ; le nombre des parcelles d’environ 075,000. La propriété est très-divisée, surtout dans les environs de Bagnères et d’Argelès. Dans l’arrondissement de Tarbes, les fermes sont un peu plus étendues. La durée ordinaire des baux est de neuf ans. Le prix des terres est, en général, très-élevé. Dans l’arrondissement de Tarbes, il varie de 4,000 à

6,000 francs l’hectare. L’aisance est assez générale. Le prix moyen de la journée est

de 1 fr. 25 pour les hommes, et, pour les femmes, de o fr. 75. Un valet de ferme loué a l’année gagne de 150 à 200 fr. ; une servante iOO fr. Un certain nombre de journaliers se louent pour deux mois d’été au prix de 2 à 3 hectolitres de froment, y compris la nourriture. L’agriculture est encore fort arriérée. L’ignorance des paysans est profonde, et rien jusqu’ici n’a pu les faire sortir de leurs habitudes routinières. Aussi les instruments perfectionnés sont-ils à peu près complètement inconnus. La charrue elle-même n’est pas employée. L’araire sans versoir, avec un coutre et marchant seul est en usage presque partout. En fait d’institutions agricoles, on ne trouve que les deux comices de Tarbes et de Bagnères, qui sont dans une situation des moins prospères. Le seul engrais employé est le fumier de ferme, dans la préparation duquel on n’apporte aucun soin. Cependant les habitations sont bien bâties et assez propres. L’industrie n’est pas très-développée ; cependant Bagnères est renommée pour sa fabrication de tricots, crêpes Ans et légers, voiles et écharpes aux couleurs variées. Les montagnards fabriquent en hiver des cuillers et des fourchettes de bois, des cercles, des pelles de bois blanc, des manches d’instruments aratoires, etc. On trouve aussi dans le département quelques papeteries, des tanneries, des verreries, des scieries mécaniques, des usines à fer ; ajoutons enfin l’exploitation des ardoisières, des carrières de marbre et des mines de manganèse. Le commerce, manquant de débouches, n’y est pas très-actif ; les transactions ont lieu principalement sur les denrées de toute espèce, les bestiaux, la volaille, le vin et les eaux-de-vie.

PYRÉNÉES - OME1STALE9 (DÉPARTEMENT des), division administrative de la région S. de la France, tirant son nom de la chaîne orientale des Pyrénées. Ce département, formé de l’ancien comté de Roussillon, de lu Cerdagne française, de la vallée de Carol et d’une petite partie du Languedoc, est borné au S. par l’Espagne, à l’O. par les Pyrénées et le département de l’Ariége, au N. par le département de l’Aude et à l’E. par la Méditerranée. Sa longueur, de l’E. À l’O., est de 130 kilom. et sa largeur, du N. au S., de 60. Sa côte maritime a une étendue d’environ 55 kilom. Superficie, 412,211 hectares, dont 95,183 en terres labourables,46,895 en vignes, 8,539 en autres cultures arborescentes, 8,933 en prairies naturelles, 174,279 en pâturages, landes, bruyères et pâtis, et 77,382 en bois, forêts, étangs, chemins, cours d’eau, terres incultes, etc. Au point de vue administratif, le département est divisé en 3 arrondissements : Perpignan, chef-lieu ; Céret et Prades. Il comprend 17 cantons, 231 communes et 191,85s habitants. Il forme le diocèse de Perpignan, suffragant d’Albi ; la l’e subdivision de la n» division militaire ; il ressortit à la

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cour d’appel de Montpellier, à l’Académie de Montpellier, à la 23e conservation des forêts. Le département des Pyrénées-Orientales est situé presque tout entier sur le revers oriental des Pyrénées. Son sol est très-accidenté et montagneux j au S. se trouve la chaîne des Albères, très-escarpée du côté de la France, et au N. la chaîne des Corbières. Les sommets les plus élevés sont ; le pic de Carlitte(2,840 met.), le Canigou (2,785 met.), le pic de Lanoux (2,661 met.), le pic de Peydrous(2,831 met.), le Puy-Prigue(2,810 met.). La hauteur moyenne des Corbières est do 900 mètres et celle des Albères de 600. On ne rencontre dans les Pyrénées-Orientales qu’une seule plaine, celle du Têt. Cette plaino ou, pour mieux dire, cette immense vallée commence dans les gorges pyrénéennes par un ravin profondément creusé ; elle s’élargit ensuite de plus en plus jusque sur les bords de la mer. Sa fécondité est prodigieuse ; elle est bornée de chaque côté par deux contreforts détachés du grand massif pyrénéen, dont l’un, les Corbières, va rejoindra le département de l’Aude, et dont 1 autre, les Aspres ou Albères, sépare la France de l’Espagne. Le granit forme la base du sol pyrénéen et des premiers contre-forts qui s en détachent. À mesure que l’on descend, on trouve des terrains de transition et enfin, dans la

S laine, des alluvions modernes. Sur les bords e la mer, on rencontre des alluvions d’une nature particulière qui portent le nom de salauques. Ces terrains, dus à l’action simultanée des atterrissements marins et des inondations de cours d’eau, sont imprégnés d’une grande quantité de sel. On compte six vallées principales, arrosées par la Têt, l’Agly, le Tech, la Sègre, le Réart et l’Aude. Chacun de ces cours d’eau est utilisé pour l’irrigation de la manière la plus heureuse. Aussi le territoire de ces vallées est-il d’une fertilité remarquable. La méthode d’irrigation la plus employée est celle de l’immersion. Une longue habitude a donné en ce genre aux habitants du pays une rectitude de coup d’œil qui ferait honneur aux plus habiles géomètres. Le département possède plusieurs lacs, dont le

plus étendu est celui de Lanoux, dit lac Noir, situé à une altitude de 2,154 mètres et qui a 3 kilomètres de longueur sur 500 mètres de largeur ; des marais, .dont les principaux, ceux de Salses et de Satnt-Cyprien, ont été desséchés ; de nombreux étangs, situés sur le littoral. On y trouve aussi un grand nombre de sources minérales, dont les plus renommées sont celles d’Amélie-les-Bains, do Moltig, de la Preste, puis celles du Vernet, des graus d’Olette, des Escnldras, etc. Les principaux canaux sont ceux de Perpignan, de la Têt, du Tech, de Millas, de l’Agly. Les montagnes sont granitiques et calcaires. Parmi les richesses minérales du département se trouvent des mines de cuivre, dont l’une, celle de Thuès-Sahorre, est exploitée ; des mines de plomb argentifère, d’alun ; des mines de fer situées dans les gorges du Tech et de lu Têt et dont uno vingtaine sont exploitées ; des mines de houille dans le bassin de Ségure ; des carrières de granit, de schiste ardoisé, de marbres primitifs ; des pierres calcaires, des salines, etc. Le climat est très-varié selon l’altitude. La plaine jouit de la température de la Provence. L’olivier, l’orunger, le grenadier y croissent en pleine terre. Lo lléau de cette région est la sécheresse, qui y sévit assez souvent pendant six à sept mois de l’année et même plus. L’année 1864 a été, entre autres, signalée par une sécheresse qui dura quinze mois et ne fut interrompue que par quelques ondées fort légères. D’autres lois, après une longue sécheresse, de violents orages éclatent tout à coup et de véritables trombes d’eau viennent raviner les champs cultivés, À Perpignan, la température moyenne est de 14°,79, et tes plus fortes chaleurs ne dépassent pas 38". Le mois d’août est le plus chaud. Dans celui de décembre, qui est le plus froid, la température moyenne est de 7»,44 au-dessus de zéro. À mesure qu’on s’élève sur les montagnes, on a successivement les températures du centre et du. nord de l’Europe. Les vents dominunts sont le sud-sud-est ou la marinade, qui est très-humide ; le nord-nord-ouest ou la tramontane, qui est sec et violent, et le nord, appelé gargal.

Le département des Pyrénées-Orientales est surtout agricole. Dans les montagnes, la nature du sol, exclusivement granitique, et le peu d’épaisseur de la couche de terre végétale ne permettent que la culture du seigle, de l’orge, de l’avoine et des pommes de terre. Les parties les plus élevées sont utilisées pour le pâturage des bêtes à laine, qui y passent toute la belle saison et viennent passer les mois d’hiver dans les basses terres. Au delà s’étendent des forêts d’arbres résineux qui sont elles-mêmes dominées par les sommets dénudés des Pyrénées. Les forêts les plus importantes sont celles de Bouchevella, de la Pena, de Barrés, de Saint-Marsal, de la Sournia. La principale culture est sans con* tredit celle de la vigne. Les vins qu’elle four» nit sont secs, moelleux ou liquoreux. Tous les vins rouges sont foncés en couleur et très-alcooliques ; aussi sont-ils recherchés pour les coupages. La production annuelle en est évaluée à environ 570,000 hectolitres, et celle des vins blancs a 22,000. Les tfins les plus estimés sont ceux de Banyuls, de Rivesaltes, de Torremilla, d’Oms, de Milas, de Ro-