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Outre les liaisons des pyrrhoniens, Ænésidème avait composé un livre des Hypothèses pyrrhoniennes, un livre Contre la science, un livre Sur la zététique.

En même temps, le sceptique Zeuxis écrivait sur les doubles raisons un livre qui nous est absolument inconnu.

Après Ænésidème, le pyrrhonisme se propagea rapidement dans les régions élevées de l’empire romain. Il y fut représenté par une série non interrompue de fortes intelligences, Zeuxis de Tarse, Antiochus de Laodicée, Ménodote, Hérodote de Tarse, enfin Sextus, qui, contemporain de Septime-Sévère, réunit en une volumineuse compilation les monuments maintenant perdus de la pensée pyrrhonienne, La plupart de ces derniers sceptiques étaient des médecins. En la doctrine qu’ils professaient résidait toute la philosophie de la dernière antiquité. Ne pouvant se fondre dans l’immense creuset d’Alexandrie, le bronze de Pyrrhon fut rejeté par les chimistes du syncrétisme et n’entra pour rien dans la composition multiple de la philosophie nouvelle.

Depuis lors, à la doctrine pyrrhonienne se sont ralliés plusieurs Pères de l’Église et, dans les temps modernes, Montaigne, Pascal et d’autres dont la liste serait longue s’il fallait la faire entière et si les intéressés ne se défendaient souvent de se laisser qualifier par le nom qui leur revient à titre légitime.

PYRRHONISER v. n. ou intr. (pir-ro-ni-zé — du nom de Pyrrhon). Être sceptique, douter de tout.

PYRRHONISME s. m. (pir-ro-ni-sme — du nom de Pyrrhon), Doctrine de Pyrrhon, scepticisme : Le pyrrhonisme parfait est le délire de la raison. (Vauven.) Le pyrrhonismeproprement dit n’est qu’un instant de léthargie, de torpeur et de néant. (P. Leroux.)

— Encycl. V. certitude, pyrrhonienne (école) et scepticisme.

PYRRHONOTE adj. (pir-ro-no-te — du gr. purrhos, roux ; nôtos, dos). Zool. Dont le dos est roux.

PYRRHOPAPPE s. m. (pir-ro-pa-pe — du gr. purrhos, roux poppos, aigrette). Bot. Syn. ^e chondrillk, genre de chicorucées.

PYRROPHE adj. (pir-ro-fe — du gr. purrhos, roux ; phaios, brun), Ornith. Dont le plumage est roux et brun.

PYRROPHRE adj. (pir-ro-fre — du gr. purrhos, roux ; ophrus, sourcil). Zool. Qui a les sourcils roux.

PYRRHOPROCTE adj. (pir-ro-pro-ktedu gr. purrhos, roux ; prâktos, anus). Zool. Dont le croupion est roux.

PYRRHOPTÈRE adj. (pir-ro-ptè-re — du gr. purrhos, roux ; pteron, aile). Zool. Dont les ailes sont rousses.

PYRRHOPYGE adj. (pir-ro-pi-je — du gr. purrhos, roux ; pugé, fesses), Zool. Dont le derrière est roux.

PYRRHORHINE adj. (pir-ro-ri-ne — du gr. purrhos, roux ; rhin, nez). Zool. Dont le nez est roux.

PYRRHOSE S. m. (pir-ro-ze — du gr. purrhos, roux). Bot. Genre d’arbres, de la famille des myristicées, comprenant des espèces qui croissent dans l’Asie tropicale.

PYRRHOSIDÉRITE s. m. (pir-ro-si-dé-ri-te — du gr. purrhos, roux ; sidéros, fer). Miner. Fer rougeâtre, espèce de fer oligiste micacé*

PYRRHOSIE S. f. (pir-ro-zî — du gr. purrhos, roux). Bot Syn. de niphobole, genre de fougères.

PYRRHOSTOME adj. (pir-ro-sto-me — du gr. purrhos, roux ; stoma, bouche). Zool. Dont la bouche ou l’ouverture est rousse.

PYRRHOTRICHIE s. f. (pir-ro-tri-kl — du gr. purrhos, roux ; thrix, cheveu). Bot. Syn. d’ériosème.

PYRRHULAUDA s. m. (pir-ru-lô-da — du lat. pyrrhula, bouvreuil ; alauda, alouette). Ornith. Syn. de mégalotis, genre de la famille des fringillidées, formé aux dépens des gros-becs.

PYRRHULE s. f, (pir-ru-le — du gr. purrhos, roux). Ornith. Nom scientifique du genre bouvreuil.

PYRRHULINÉ, ÉE adj. (pir-ru-li-né — rad. pyrrhule). Ornith. Qui ressemble ou qui se rapporte au bouvreuil.

— s. f. pl. Tribu de la famille des fringillidées, ayant pour type le genre bouvreuil.

PYRRHUS ou NÉOPTOLÈME, fils d’Achille et de Déidamie. Il vint très-jeune devant Troie, dans la dixième année du siège, ramena Philoctète de Lemnos, institua la danse pyrrhique en mémoire de son triomphe sur Eurypyle, entra le premier dans le cheval de bois et, quand Ilion fut prise, égorgea Priam au pied des autels, Polyxène sur la tombe d’Achille et précipita Astyanax du haut d’une tour. Il eut en partage ia veuve d’Hector, Andromaque, dont il fit son esclave, épousa Hermione, alla fonder un royaume en Épire et périt à Delphes assassiné de la main d’Greste, qui aimait Hermione.

— Iconogr. Une peinture d’un magnifique vase antique, du musée des Studj, représente Pyrrhus, armé de pied en cap, menaçant de mort le vieux roi Priam qui est assis sur l’autel de Jupiter et qui tient sur ses genoux le cadavre de Politès, le dernier de ses enfants. La plupart des monuments antiques où figure le fils d’Achille nous le montrent ainsi terrible et accomplissant quelque œuvre sanglante. Les artistes modernes lui ont généralement conservé ce caractère implacable. Un tableau de Pietro Benvenuti, qui est au palais Corsini, à Florence, et qui a été gravé au trait par Réveil, représente Pyrrhus tuant Priam : l’artiste s’est conformé scrupuleusement au récit que Virgile a placé dans la bouche d’Enée. Un sculpteur italien contemporain, M. Fedi, a exécuté, il y a quelques années, pour la décoration de la Loggia ri Orcagna, à Florence, un groupe colossal en marbre, Pyrrhus vengeant la mort de son père, pour lequel il s’est inspiré aussi de l’Énéide : le fils d’Achille vient d’immoler Politès, qui est abattu à ses pieds ; d’un bras il enlève Polyxène, qui fuit d’inutiles efforts pour s’arracher à cette étreinte, et de l’autre il menace avec son épée Hécube furieuse, exaspérée, qui réclame sa fille h grands cris. La force, la jeunesse, la beauté, le désespoir incarnés dans ces quatre figures ont été rendus avec sentiment par l’artiste. Au musée du Louvre est un tableau dans lequel Fr.-X. Fabre a représenté Pyrrhus et Ulysse enlevant à Philoctète les flèches d’Hercule.

Pierre Guérin a représenté Pyrrhus prenant sous sa protection l’enfant d’Andromaque, qu’Oreste vient réclamer au nom des Grecs ; le fils d’Achille est assis et couvre de son sceptre et de sa main celui qu’il veut sauver ; la veuve d’Hector, agenouillée et en pleurs, conserve dans sa douleur une grâce et une beauté souveraines ; Hermione, jalouse du pouvoir de sa rivale, s’éloigne avec colère. Cette peinture, qui a été exposée au Salon de 1810, fut très-admirée à cette époque, t lamais tableau ne fut plus sagement composé, dit Guizot dans le compte rendu qu’il fit de cette exposition : l’action est une et tout s’y rapporte ; au milieu de l’élan d’Andromaque, du geste rapide et très-développé de Pyrrhus, de la fureur d’Hermione qui s’éloigne, un grand calme règne dans toute la composition, parce que tout y est en harmonie et uien ordonné : simplicité, intérêt, tranquillité, tout s’y trouve ; mais n’est-ce pas dans l’étude de l’antique que l’artiste a appris l’art de réunir et de concilier ces mérites divers ? Ne reconnaît-on pas dans cette admirable figure d’Andromaque, dans l’art avec lequel Tes draperies sont ajustées et ne dérobent aucune des formes de son corps, l’homme plein du souvenir des draperies de la Leucothoé ou de la Cirés ? Cette belle disposition des bras et des jambes de Pyrrhus ne rappelle-t-elle pas ces poses si naturelles, et cependant si choisies, dont il nous reste plusieurs modèles ? On a trouvé que la figure d’Oreste était trop semblable à celles qu’on voit dans quelques basreliefs grecs ; ces figures, ces poses si nobles, si correctement dessinées, ne sont-elles pas susceptibles, surtout celles d’Oreste et de Pyrrhus, de passer une à une dans le domaine de la sculpture ? N’en ferait-on pas de belles statues ? > C’est justement pour s’être trop préoccupé et trop rapproché des modèles que lui offrait la sculpture antique, que Guérin n’a pas fait suffisamment œuvre de peintre : son tableau a la rigidité et la froideur d’un bas-relief. Ce n’en est pas moins un morceau estimable. Il a été acheté pour le Louvre, en 1882, au prix de 10, 000 francs. Richomme l’a gravé. Le musée de Bruxelles a un tableau de Gérard de Lairesse représentant la Mort de Pyrrhus ; le héros embrasse l’autel d’Apollon, dans le temple de Delphes, comme pour implorer l’aide de co dieu contre ses meurtriers ; l’un *de ceux-ci le saisit d’une main et de l’autre le frappe d’un glaive ; un autre dirige contre lui le ter de sa lance. Derrière l’autel, on aperçoit la tête d’un personnage qui semble se cacher : c’est Oreste, sans doute, qui a voulu être témoin de sa vengeance.

PYRRHUS, roi d’Épire, né vers 316 av. J.-C, mort en 272. Une généalogie fabuleuse le faisait descendre de Pyrrhus ou Néoptolème, fils d’Achille ; des traditions plus ou moins fondées, comme toutes celles de la Grèce à cette époque, prétendaient, en effet, que Néoptolème, revenu de la guerre de Troie, n’avait pas régné en Thessalie, mais en Épire, où il était venu s’établir. • C’est la cause, dit Plutarque, pour laquelle Achille est honoré et révéré en Épire comme un dieu, y étant appelé Aspetos, le Grand, l’Immense, en langage du pays. > Le père de Pyrrhus, Eacide, ne régna toutefois que sur une partie de l’Épire, Ta région habitée par les Molosses. Une autre famille, prétendant également remonter à Achille, occupait le reste de la contrée. Une lutte s’engagea entre ces deux familles, et le père de Pyrrhus, chassé de son royaume par ses sujets mutinés, fut mis à mort, et un grand nombre de ses amis périrent avec lui. Pyrrhus était encore au berceau. Il fut sauve par des serviteurs qui, à travers beaucoup de dangers, le portèrent en Illyrie. —Plutarque rapporte que « l’enfant Pyrrhus, présenté au roi Glaucias, se traîna de lui-même à quatre pieds, prit le bout de la robe du (roi avec ses mains et lit tant, qu’il se leva sur les pieds contre les genoux du roi, ce qui l’émut à rire du commencement et puis après à pitié, pour ce qu’il sembloit un suppliant qui se tût venu jeter entre ses bras en franchise ; les autres disent que ce ne fut pas à Glaucias qu’il s’adressa, mais à l’autel des dieux domestiques, au long duquel il s’éleva et l’embrassa de ses deux bras. Ce que Glaucias estimant être fait par expresse ordonnance divine consigna sur l’heure même l’enfant entre les mains de sa femme et lui commanda de le faire nourrir avec les siens.

Suivant Plutarque encore, dès que Pyrrhus eut atteint l’âge de douze ans, Glaucias le ramena avec une armée en Épire et l’y rétablit. Pyrrhus perdit bientôt de nouveau son petit patrimoine, qui fut repris par celui qui avait déjà dépossédé son père, son cousin Néoptolème ; il s’attacha alors à la fortune d Antigone et de son fils Démétrius Poliorcète, à qui était échue l’Asie Mineure dans le partage de la succession d’Alexandre. Il combattit près d’eux à la célèbre bataille d’Ipsus et y donna de grandes preuves de son courage (301 av. J.-C.).

« Quant à sa suffisance en l’art militaire, dit Plutarque, on en peut tirer preuve des livres qu’il en a écrits, et, outre ce, on dit que le roi Antigone, interrogé qui lui sembloit le plus grand capitaine, répondit : « Pyrrhus, pourvu qu’il vieillisse… » Ceux qui le virent dans les combats étoient d’avis qu’ils avoient aperçu en lui le courage, la vitesse et le mouvement d’Alexandre le Grand et qu’ils avoient vu comme une ombre et une représentation de la véhémence et de la force dont il combattoit, là où les autres rois ne le contrefaisoient sinon en habits de pourpre, en nombre de gardes autour de leurs personnes, en une façon de ployer un peu le cou et de parler hautement, et Pyrrhus seul le représentoit en exploits d’armes et en actes de prouesse.

Après la bataille d’Ipsus, perdue par Démétrius et qui coûta la vie à Antigone, Pyrrhus fut emmené comme otage en Égypte après le traité conclu entre les vainqueurs. Là, ses brillantes qualités fixèrent l’attention de la reine Bérénice, femme de Ptolémée, et il obtint d’elle la main d’Antigone, sa fille. Cette alliance lui procura les secours dont il avait besoin, en argent et en troupes, pour rentrer en Épire. Néoptolème consentit à partager le pouvoir avec lui, ce qui était imprudent en face d’un homme comme Pyrrhus ; peu de temps après, il mourait empoisonné (295 av. J.-C.). C’est alors que, maître de toute l’Épire, Pyrrhus conçut les vastes projets qui l’ont fait regarder à juste titre par les historiens comme un des plus fous parmi les grands capitaines de tous les temps. Lui qui pouvait à peine équiper 8, 000 ou 10, 000 hommes, il rêva d’asservir la Grèce, l’Italie, la Sicile et de constituer un vaste royaume d’Occident en joignant à une partie de la succession. d’Alexandre l’empire que les Romains, futurs maîtres du monde, commençaient à ébaucher. L’entreprise ne lui sembla pas impossible, dans l’état de désorganisation où se trouvait le monde entier après les grandes luttes des généraux d’Alexandre. Antigone et Perdiccas, maîtres un instant l’un et l’autre de l’Asie Mineure, avaient aussi fait ce rêve d’une monarchie universelle et n’avaient échoué que par la coalition de leurs rivaux. Après l’avortemant de cette grande tentative, l’immense empire démembré n’avait plus ni centre ni cohésion ; la Macédoine avait absorbé la Grèce, mais elle digérait difficilement sa conquête. Philippe IY venait de mourir (294) ; ses deux frères se disputaient sa succession. Pyrrhus s’allia au plus jeune, Alexandre, et l’aida à dépouiller l’aîné, Antipater ; puis il’appela Démétrius Poliorcète, qui fit assassiner Alexandre. Les deux complices se partagèrent les dépouilles de leurs victimes et restèrent maîtres chacun de "la moitié de la Macédoine. Il ne restait plus à Pyrrhus qu’à se débarrasser de son allié, devenu son rival ; il y travailla pendant deux ans en débauchant ses troupes. Cette armée macédonienne, qui avait conquis la Grèce et l’Orient, n’était en réalité qu’un assemblage de mercenaires de toutes les nations, Illyriens, Macédoniens, Cretois, Grecs et barbares, prêts à se donner sans scrupule à qui leur faisait les plus grandes promesses. Pyrrhus leur plaisait par son audace, son courage personnel, l’absence de tout scrupule et son esprit d’aventure qui offrait à une armée de pillards une perspective de conquêtes illimitées. Les soldats chassèrent Démétrius et proclamèrent Pyrrhus roi de Macédoine (287) ; aussitôt tout le pays se souleva et appela Lysimaque, qui, sans combat, reprit la Macédoine à Pyrrhus et le contraignit de se retirer en Épire.

Tombé du haut de ses espérances, l’ambitieux conquérant n’abandonna pas ses projets ; il avait gardé autour de lui le noyau le plus solide de son armée de mercenaires et l’entretenait à grands frais, guettant une occasion. Il lui vint à l’idée de descendre en Italie, dans la Grande-Grèce, toute favorable aux Grecs et redoutant Rome, qui commençait à étendre sa puissance ; assuré de ces alliés, il ne doutait pas de venir facilement à bout des Romains, et, une fois maître de l’Italie, qui l’empêcherait de marcher à la conquête du-monde avec une armée formidable ? C’est le plan si plaisamment raconté par Plutarque dans la conversation qu’il lui prête avec son conseiller Cinéas :

« Dieu nous fasse la grâce, dit Pyrrhus, que nous puissions atteindre à cette victoire et venir à bout de cette entreprise (la cou PYRR

quête de l’Italie), parce que ce nous sera une entrée pour parvenir à de bien plus grand les choses. Car qui se tiendrait de passer puis après en Afrique et à Carthage, qui seront conséquemment en si belle prise, vit que Agathoclès, s’ètant enfui secrètement de Syracuse et ayant traversé la mer avec bien peu de vaisseaux, fut bien près de la prendre ; et quand nous aurons conquis ce gagné tout cela, il est bien certain qu’il n’y aura plus un des ennemis qui nous harcèlent et nous fâchent maintenant qui ose lever la tête contre nous, — Non certes, répondit Cinéas, car il est tout manifeste qu’avec si grosse puissance nous pourrons facilement recouvrer le royaume de la Macédoine et commander sans contradiction à, toute la Grèce, »

Si téméraires que fussent ces desseins, Pyrrhus se vit un moment à la veille de les réaliser. Appelé par les Tarentins, qui le suppliaient de les secourir contre Rome, il y transporta aussitôt sa petite armée, leva des troupes dans la Grande-Grèce, transforma Tarente, la ville des plaisirs, en un véritable camp et fit de ses voluptueux habitants des soldats (480), puis, marchant contre l’armée romaine, il gagna sur elle la bataille d’Héraclée (279), grâce surtout à ses éléphants de combat, que les Romains, dans leur ignorance profonde, appelaient des bœufs de Lucanie, et qui portèrent la terreur dans leurs rangs. Rome se crut perdue et enjoignit à Fabricius. le vaincu d’Héraclée, de négocier la « paix ; Pyrrhus essaya, mais vainement, d’acheter le négociateur en lui offrant de partager la proie (y. Fabricius). Une seconde bataille, celle d’Asculum, lui fut encore favorable ; mais son armée avait éprouvé des pertes considérables, et, tout victorieux qu’il était, Pyrrhus comprit qu’il lui suffisait d’une autre bataille pour n’avoir plus autour de lui qu’une poignée d’hommes. Il se fit appeler en Sicile par les cités grecques, durement opprimées par les Carthaginois, et chassa ceux-ci de toute 111e ; mais il sut si mal gérer sa conquête, que les cités se soulevèrent et le contraignirent de se rembarquer avec ses troupes. Les Carthaginois s’étaient réfugiés sur leur flotte ; ils lui barrèrent le chemin au retour, détruisirent la moitié de ses vaisseaux, et Pyrrhus revint à Tarente avec une armée presque détruite. La mer lui étant fermée, il résolut de regagner l’Épire en longeant les côtes de l’Adriatique ; les Romains le poursuivirent, l’atteignirent près de Bénévent et le mirent en pleine déroute (376).

Revenu dans ses États, il résolut de tenter encore le sort des armes. Les débris de son ar•mée formaient un corpsde 8, 000 à io, 000 hora•mes qu’il ne pouvait se résoudre à licencier et qu’il était hors d’état de pouvoir entretenir s’il ne leur donnait quelque contrée à piller. Il les jeta sur la Macédoine, où régnait paisiblement Antigone Gonatas, fils de Démétrius Poliorcète ; une grande bataille allait s’engager, lorsque les mercenaires d’Antigone abandonnèrent leurs positions et se joignirent, avec de grands cris d’enthousiasme, à ceux de Pyrrhus. Antigone s’enfuit et Pyrrhus fut, pour la seconde fois, proclamé roi de Macédoine (274). Poursuivant aussitôt ses avantages, il s’avança vers te sud de la Grèce et se porta sur le Péloponèse, pillant toutes les villes sursoit passage. Sparte se défendit vaillamment, et, n’ayant pasle temps de l’assiéger, Pyrrhus alla surprendre Argos, dont quelques traîtres lui ouvrirent une porte ; c’est là qu’il finit d’une manière tragique. Ses éléphants, qui avaient fait souvent sa force dans les combats, cette fois causèrent sa mort. Il s’était introduit pendant la nuit dans la ville et y avait fait entrer quelques-uns de ces animaux ; mais il avait fallu, la porte éttfht trop basse, les débarrasser de leurs tours pour les leur remettre ensuite. Il s’aperçut qu’il ne pourrait eu faire usage dans les rues, trop étroites, et envoya à son fils Ptolémée l’ordre d’abattre un par de muraille pour les faire, sortir. Cet ordre fut mal transmis ; Ptolémée fit irruption dans la ville avec ses soldats et il en résulta un encombrement à la faveur duquel les Argiens purent repreudre l’offensive. S’apercevant qu’il commençait à avoir le dessous et ne pouvant plus commander ses troupes dans le tumulte, Pyrrhus se jeta au milieu des rangs ennemis et s’engagea dans la mêlée. Il allait frapper un Argien qui venait de le blesser, quand une tuile, lancée d’un toit, le renversa et lui fit perdre connaissance. On prétend que la femme qui l’avait lancée était la mère de l’Argien. Les habitants d’Argos ont aussi débité que c’était Cérès, déguisée sous l’image de cette vieille femme. Pyrrhus revenait déjà à lui, quand un soldat d’Antigone, l’ayant reconnu, lui coupa la tête.

— Iconogr. Outre le tableau de Poussin, Pyrrhus sauné, auquel nous consacrons ciaprès un article spécial, le célèbre roi d’Epire a inspiré plusieurs eauvres d’art. Benjamin West a peint Glaucias. prenant Pyrrhus enfant sous sa protection (gravé par John Hall). Le même sujet a été gravé par J.-Ch. Le Vasseur, d’après Colin de Vermont. Fr. Bartolozzi a gravé la Naissance de Pyrrhus, d’après Augustin Carrache. Ant. Lafrery a publié à Home, en 1567, une estampe de Cornelis Cort représentant une bataille entre les Romains et des guerriers voûtés