Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 3, Rech-Rhu.djvu/139

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nous appliquons au nombre, au temps et à l’espace, ce quelque chose est la matière. L’argument tiré du consentement universel et unanime des peuples ne prouve rien ; car l’humanité se transforme et se développe constamment, et, par suite de cette évolution, telle idée qui lui est aujourd’hui familière ne pouvait être comprise d’elle il y a deux mille ans, de même qu’une idée qu un homme trouve facile à comprendre est inaccessible au faible cerveau d’un enfant.

L’hypothèse théiste écartée, nous passons à l’hypothèse du libre arbitre. Celle-ci, selon M. Naquet, n’ « pas plus de fondement que celle-là. La volonté est la résultante de toutes les forces qui agissent sur nous. Elle est fatale, comme toute résultante. Le libre arbitre serait la négation des lois universelles, de l’harmonie universelle. Le libre arbitre est en contradiction avec la loi du progrès. Le libre arbitre suppose absolue et réelle la contingence, qui n est jamais que relative à notre ignorance. Le fatalisme de la science ne doit pas d’ailleurs être confondu avec le fatalisme ancien ; il s’agit de la subordination de la volonté aux motifs, non d’une puissance extérieure, d’un fatum qui nous meut et nous dirige. Le fatalisme moderne ne conduit pas, comme le fatalisme ancien, à l’inaction ; car on ne conçoit ni l’action de l’humanité en dehors de celle des individus, ni l’action de l’individu en dehors du concours des motifs qui la déterminent. M. Naquet cite ces paroles de M. Littré qui établissent admirablement, à ses yeux, fa différence entre le fatalisme ancien et le fatalisme bu déterminisme moderne : • Le fatalisme est déterminant par te dehors, soit que dans l’opinion déiste on le rattache à la toute-puissance divine, soit que dans l’opinion athée on le fasse dépendre de l’arrangement moléculaire… La subordination aux motifs est contraignante dans le dedans ; le type en est dans l’educacation individuelle et sociale, qui diminue le ■poids des motifs inférieurs et augmente ceui des motifs supérieurs. » H serait facile de montrer que cette différence est absolument vaine et illusoire ; que les causes extérieures du fatalisme ancien sont supposées agir sur l’homme par les mobiles intérieurs qu’elles font naître dans son esprit, et que les mobiles intérieurs du déterminisme moderne sont fonctions de l’ensemble des causes extérieures.

L’hypothèse de l’âme ne soutient pas mieux l’examen, selon notre auteur, que celles de Dieu et du libre arbitre. L’argument tiré de l’identité du moi ne prouve rien ; car cette identité, qui n’est pas absolue, s’explique suffisamment par la constance du type orgauicochimique que forme l’encéphale, et par ce fait que les propriétés d’un organe se conservent les mêmes nonobstant le changement molécufaire qui « e cesse de s’y produire. L’argument tiré de l’impossibilité de concevoir la pensée comme une propriété de la matière ne prouve rien ; d’abord parce que l’inconcevabilité, n’ayant de rapports qu avec notre esprit, est sans autorité objective ; ensuite, parce qu’il y a là un préjugé qui vient de l’idée de l’inertie de la matière et qui tombe naturellement avec cette idée. L’argument tiré du sentiment de la justice appelant une autre vie au delà de la tombe pour récompenser la vertu et punir le vice ne prouve rien ; car avec le libre arbitre s’évanouissent et la responsabilité morale, et la distinction du mérite et du démérite, et l’idée de rémunération et de peines ultravitales.

Après avoir détruit tes trois hypothèses sur lesquelles reposent la religion dite naturelle et toutes les religions positives, M. Naquet nous fait connaître les bases qu’il donne à la morale, qui doivent, selon lui, être demandées uniquement à l’expérience-et à la science. Il définit la justice, le droit, le devoir. La justice, dit-il, est l’équation, la balance des libertés. Le droit est le pouvoir d’agir reconnu par la législation. Le devoir est, pour tout être normalement constitué au point de vue moral, la nécessité, l’obligation d’être conséquent, d’être en harmonie avec soimême. La moralité vient des fonctions de sociabilité, des instincts altruistes. La morale a son principe et sa sanction dans l’utilité personnelle ; concrètement, dans l’utilité générale. La morale varie d’une époque à une autre. une action mauvaise aujourd’hui peut avoir été bonne jadis.

Discuter les thèses de M. Naquet nous conduirait trop loin. Nous remarquons que souvent il croit avoir prouvé lorsqu’il s’est borné à affirmer. C’est ainsi qu’il repousse le libre arbitre en l’accusant d’être la négation de la nécessité universelle, de l’harmonie universelle, du progrès nécessaire, et ne se donne nullement la peine d’établir cette nécessité universelle, cette harmonie universelle et ce progrès nécessaire.

L’ouvrage de M. Naquet, bien qu’il fût écrit avec une grande modération de forme et avec le calme d’un philosophe, fut poursuivi et attira sur son auteur une condamnation à quatre mois d’emprisonnement et 500 francs d’amende, pronoueée par les tribunaux de l’Empire.

Religions (la science des), par M. Emile Burnouf (18T2, in-so). L’élude comparative des religions, les vues d’ensemble et les rapprochements que suggère cette étude constituent un immense travail, fécond en résul RELI

tats de toutes sortes ; M. Emile Burnouf a pu l’entreprendre, grâce aux ressources de son érudition ; mais, par suite de sa prédilection pour la philosophie et les religions de l’Inde, par suite aussi des profondes connaissances qu’il a de la littérature sanscrite, il s’est volontairement placé à un point de vue étroit

en assignant à toutes les religions une origine commune dans la doctrine des brahmanes. Cette hypothèse, qu’il s’est efforcé de justifier, mais qui est fausse, l’a forcé de rejeter hors de son cadre, comme n’ayant aucune valeur pour sa thèse, les religions dont il lui était impossible de montrer la filiation avec celles de l’Inde, c’est-à-dire non-seulement les religions des peuples de l’Afrique et de l’Amérique, niais même celles de l’Égypte, des Hébreux et, en général, de toutes les races sémitiques ; il ne parvient même à rattacher le christianisme au brahmanisme qu’à l’aide de déductions subtiles et de suppositions hasardées. Cependant, cette longue et consciencieuse étude n’est pas restée sans fruit ; l’enseignement qui en ressort, c’est que toutes les religions, sans se valoir absolument, ont beaucoup de points de ressemblance ; qu’elles ont les mêmes causes et atteignent les mêmes résultats, et que leurs diversités infinies, très-sensibles à l’observateur superficiel, se fondent facilement si l’on ne tient compte que des principes fondamentaux. En d’autres termes, l’observateur attentif se trouve rapidement engagé à les considérer toutes, non comme autant de faits particuliers, mais comme, les manifestations diverses d’un même fait ; il n’a plus affaire à une infinité de religions, mais a une religion unique, diversement modifiée, suivant

I état de culture intellectuelle et morale des peuples. Ainsi, la science moderne aboutit exactement au résultat dont les Romains avaient l’intuition lorsqu’ils déclaraient que tous les peuples adoraient le même dieu sous des noms différents, ce qui les faisait chercher l’assimilation de leurs divinités propres avec celles des Grecs et des Egyptiens. Ainsi, l’utopie d’une religion universelle basée sur ce que toutes ces religions ont de commun, en dégageant ce fonds commun des pratiques particulières à chaque culte, ne serait pas complètement irréalisable, quoique jusqu’ici tous les efforts tentés dans ce sensaientéchoué. C’est à cette’ idée qu’obéissaient Manès et, plus tard, Akbar le Grand lorsqu’ils tentèrent de fondre en une seule toutes les religions de l’Asie. En tout cas, et quand même la religion universelle ne devruit jamais régner, ce qui est bien probable, il résultera toujours de l’identité théorique des religions, une fois que cette identité sera reconnue et admise par tous, un acheminement vers la tolérance absolue et réciproque de tous les cultes les uns envers lus autres ; ce sera déjà un grand progrès pour la plupart des peuples modernes.

Après avoir démontré les origines des religions et mis à jour leur point de départ uniformément rudimentaire, qui est la reconnaissance d’un être supérieur et la croyance qu’on peut se le rendre favorable par des prières ou des sacrifices, M. E. Burnouf a cherché à établir les lois de développement, de prospérité et de décadence de chacune d’elles.

II n’a pas déployé moins de sagacité dans cette partie de sa tâche. Il montre bien que les religions naissent et grandissent tant que l’idée qu’elles représentent répond aux besoins de leur temps ; mais que, comme toutes les institutions humaines qui acquièrent quelque fixité, elles ne progressent pas en raison du mouvement qui se fait autour et en dehors d’elles ; qu’après avoir été un élément de progrès, elles ne sont bientôt plus en harmonie avec la culture intellectuelle qu’et les avaient elles-mêmes suscitée, et qu’alors elles tombent dans le discrédit et dépérissent. « Ces lois, remarque M. Emile Burnouf, ne s’écartent en rien des lois générales du monde • elles n’en sont que l’application à un ordre spécial de phénomènes. Il n’y a ni à les louer ni à les blâmer ; elles sont ce qu’elles sont et l’humanité leur obéit d’instinct, sans le vouloir et sans pouvoir s’y soustraire. Quand un homme ou quand un peuple se sépare d’une orthodoxie, il accomplit sa loi ; s’il y restait attaché lorsque sa raison lui dit qu’il, se trompe, il mentirait à lui-même et aux autres. C’est pour cela que les persécutions sont aussi stériles que criminelles et que les martyrs ont toujours eu raison de leurs bourreaux. ■

Religion romaine (la), par M, Gaston Boissier (1S74, 2 vol. in-8o). C’est de la religion des Romains, d’Auguste aux Antonins, qu’il est question dans cette longue et consciencieuse étude. Le champ était vaste et prêtait à toutes sortes de digressions historiques, d’aperçus politiques, de tableaux de mœurs ; l’auteur s’y est trouvé à l’aise et il a su faire de l’érudition sans pédantisme.

M. Boissier s’est appliqué à montrer combien la religion différait chez les Romains de Ce qu’elle est chez les peuples modernes, et c’est surtout en cela que l’étude de ce rameau du polythéisme antique offre de l’intérêt. Cette religion, absolument réduitéau culte, dénuée de dogmes, dégagée même des éléments mythiques et du merveilleux que les Grecs avaient fait épanouir autour d’elle, exercée par de simples citoyens, comme une magistrature ordinaire, ne répond en aucune

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façon aux idées que se font de la religion les sociétés actuelles et aux besoins que le sentiment religieux est réputé satisfaire., Dans ce culte tout extérieur, mêlé à la vie civile et politique de tout un peuple, il ne peut être question ni de mysticisme, ni d’élan des intelligences vers l’infini, ni de discussions subtiles sur des mystères impénétrables ; les dieux sont des abstractions ; le prêtre n’a rien à enseigner, puisqu’il n’y a pas de dogme ; les prescriptions ne sont que d’ordre public et d’ordre moral ; elles n atteignent pas la conscience et constituent seulement une sorte de loi supérieure à la loi civile. « Les dieux romains, dit M. Nefftaer, étaient, si l’on peut dire, les magistrats surnaturels de la republique. À ce titre, ils réclamaient un culte, et ce culte était assidu et minutieux. Il ne déprimait, n’élevait ni ne tourmentait lésâmes ; mais il les maintenait en enlaçant, comme dit M, Boissier, la vie entière dans une série de pratiques rigoureuses ; il était une règle, il constituait une discipline religieuse.qui s’ajoutait à la discipline des lois et des "mœurs et la complétait. Certains faits que la loi n’atteignait pas, par exemple certains abus de la puissance conjugale et paternelle, étaient dévolus à la malédiction des dieux, et, durant les premiers siècles de la république, la religieuse horreur de ce châtiment purement moral fut un frein suffisant. >

Le sort d’une religion ainsi basée suit naturellement celui du peuple pour lequel elle est faite, et son histoire se lie à celle de ce peuple sans pouvoir s’en détacher. Les vicissitudes du christianisme sont indépendantes des nations qui l’ont adopté ; on pourrait en écrire l’histoire, au point de vue du déve—’ loppement des croyances, des dogmes, des hérésies, des sectes, en ne tenant qu’un compte fort modéré du théâtre même de ces développements. Il ne peut en être ainsi pour le polythéisme romain. On le voit s’agrandir et se transformer au contact des annexions successives opérées par la conquête du monde ; son panthéon augmente d’habitants dès qu’un nouveau peuple est subjugué. Alors, la religion forte et grave des premiers siècles de la république est submergée par les cultes obscènes et sanglants venus de l’Asie et qui ont conquis droit de cité à Rome. L’ancien culte tombe dans le discrédit, au profit des superstitions nouvelles qui surexcitent une curiosité maladive, par leurs pratiques mystérieuses et leurs orgies ; en même temps, la philosophie grecque pénètre dans les écoles et conduit au scepticisme les intelligences éclairées. Ce moment critique du culte romain et la restauration, par les empereurs, des vieilles cérémonies tombées en désuétude ont fourni à M. Boissier le sujet de belles études de mœurs ; sur la foi des inscriptions tumulaires qu’il a relevées en grand nombre dans les recueils spéciaux, il prétend nous donner du monde romain à cette époque une idée supérieure à celle que l’on se fait d’ordinaire à l’aide de Pétrone, de Tacite et de Juvénal ; mais peut-être cette confiance dans la sincérité des épitaphes est-elle sujette à caution. Quoi qu’il en soit, il a fort bien traité cette partie intéressante de sa tâche et, sans qu’il appuie plus qu’il n’était dans son sujet sur les origines du christianisme, il montre bien avec quelle facilité un culte nouveau, en partie mystérieux, en partie austère, a pu prendre naissance et se développer au milieu d’une décomposition, morale, civile et religieuse, telle que le monde en a rarement offert d’exemple.

Religion chrétienne {INSTITUTION DE LA),

ouvrage de Calvin. V. institution.

Religions <Io l’antiquité (LES), par M. Guigniaut. V. Symbolique et mythologie des peuples de l’antiquité, par Creuzer.

Religion chrétienne (EXAMEN CRITIQUE CES

doctrines de la), par Patrice Larroque. V.

EXAMEN CRITIQUE.

Religion chrétienne (MÉDITATIONS SUR L’ESsence de la), ouvrage de M. Guizot. V. méditations.

RELIGIONNAIRE s. m. (re-li-ji-o-nè-rerad. religion). Personne qui professe, en Fiance, la religion réformée:Le mot religionnaire n’est ni latin ni français, ni plaisant ni sérieux ; il a’été inventé dans un coin du Périgord; il faut le renvoyer d’où il est venu.

RELIGIONNER v. a. ou tr. (re-li-ji-o-né

— rad. religion). Soumettre aux lois d’une religion : Religionner un peuple. Tout ce qui compose le culte des dieux, cultus, de colère, cultiver, parer, honorer, religionner. (Proudh.) f] Inus.

RELIGIOSITÉ s. f. (re-li-ji-o-zi-té — rad. religieux). Sentiment, instinct religieux : L’idolâtrie est une religiosité qui se trompe d’image. (Mme 0. Bachi.) Un épais brouillard de religiosité pèse aujourd’hui sur toutes les têtes réformistes. (Proudh.)

RELIMAGE s. m. (re-li-ma-je — rad » refîner). Teuhn. Action de relimer ; résultat de cette action.

RELIMER v. a. ou tr. (re-li-mé — du préf. re, et de limer). Techn. Limer de nouveau,

— Fig. Retoucher, polir avec soin : Limer et relimër sou style.

RELIQUAIRE s. m. (re-li-kè-re — rad. relique). Boite, coffret ou l’on enchâsse desre RELI

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liques : Porter un reliquaire sur soi. (Acad.) Des objets vénérables sont enfermés dans d*è~ tincelants reliquaires gothiques et byzantins, (V. Hugo.)

— Fig. Ce qui contient l’objet d’une sorte de culte : M. de Chateaubriand a tout divinisé ; son livre est te reliquaire de la crédulité humaine. (Lamart.)

— Encycl. Les reliquaires ont été très-nombreux au moyen âge. On en concevra la multiplicité en songeant combien il était fa » cile de subdiviser le corps d’un saint ea une foule de menues reliques. Aussi, non-seulement les églises, les abbayes, les princes, les seigneurs, mais même les bourgeois se partageaient des fragments de côte, de doigt, etc., des saints et les gardaient pieusement dans des reliquaires en cuivre, en ivoire, en bois rares, en cristal, en étoffes précieuses, en argent ou en or. Le nombre des re/iquaires fut d’autant plus grand qu’on attachait un prix extrême a la possession des reliques, car elles étaient considérées comme de véritables talismans. On ne se faisait aucun scrupule de les dérober et on tâchait de s’en procurer par tous les moyens. La fabrication des reliquaires fut très-aetive jusqu’au xvie siècle. Les uns étaient destinés à être conservés dans les trésors, les chapelles, les oratoires ; les autres, de petite dimension, étaient portatifs. On pouvait les avoir sur soi. Ces derniers sont devenus les plus rares. Avant le xil° siècle, néanmoins, les reliquaires furent moins nombreux que dans les trois siècles suivants, les églises et les abbayes qui étaient dépositaires des corps d » saints n’ayant pas encore pris l’habitude d’en distribuer des parcelles. Les croisades activèrent beaucoup la passion des reliques et le commerce des reliquaires. Les pèlerins armés et conquérants qui revenaient de Judée rapportaienttousdes reliques."Venise et Byzanco

en profitaient pour écouler les produits de leur orfèvrerie et de leur tabletterie. Ainsi, les émaux byzantins, la sculpture sur ivoire et le travail des métaux précieux vinrent ranimer en Occident l’art et l’industrie, mais en leur imposant pendant longtemps des formes orientales. Les reliquaires fabriqués en Occident, surtout au xtra et au xmo siècle, prirent la forme des objets qu’ils contenaient Ceux qui ■ renfermaient des crânes furent des bustes de métal ; ceux qui enveloppaient un os du bras’étaient des bras vêtus étendant la main pour bénir, etc. Au contraire, les reliquaires d’Orient étaient des coffrets ou des boites, fabriqués d’avance et « n nombre, n’ayant point

fiar leurs inscriptions, leurs ornements ou eurs figures, de rapport direct avec la relique qu’on v plaçait. Les morceaux de la vraie croix, ayant toujours eu la plus haute importance parmi les diverses reliques, furent toujours déposés dans des reliquaires d’une richesse proportionnée à la vénération des fidèles. Sainte Hélène, mère de Constantin, passa pour avoir fait venir la vraie croix à Constantinople. La plupart des princes chrétiens, dans leurs rapports avec Byzanca par la suite, en obtinrent des fragments. Il y a eu un de ces fragments a la SaintcChapelle, à côté d’un autre reliquaire eu or, en forme de couronne royale et qui contenait la couronne d’épines acquise par saint Louis. Comme exemples des formes curieuses qu’affectaient les reliquaires, nous citerons celui de Oongtiea qui ressemblait à une tour ou lanterne ; les chefs ou bustes de métal de Suint-Denis, de Saint-Gennain-des-Prés et de la Sainte-Chapelle ; ce dernier en or, enrichi de pierres précieuses ; les reliquaires façonnés en croix, en candélabres, en ostensoirs, en boules, en médaillons, en couronnes. Pendant le xm", le xive et le xve siècle, le luxe et la beauté artistique des reliquaires devinrent presque prodigieux. Ils représentèrent des sortes de petites églises tout ornées de figures et décorées d’ornements, enrichies de pierreries, de camées et de pierres gravées antiques. Des vases antiques eu jaspe, en cristal ou en agate furent souvent aussi montés en or et en argent pour servir de reliquaires. Quant aux reliquaires essentiellement portatifs, il y en avait de deux sortes:ceux que les princes • et seigneurs emportaient en voyage parmi leurs bagages, et ceux que l’on mettait sur ses vêtements. Ces derniers sont des diptyques ou des triptyques, de petites châsses à bandoulière, des médaillons, des sachets. Le musée de Cluny possède un très-beau reliquaire de la fin du xive siècle. C’est un cylindre en cristal de roche, enchâssé dans un cadre en cuivre doré à crêtes et que portent sur leurs épaulés quatres prêtres reposant sur une feuille de cuivre soutenue par quatre pieds.

RELIQUAT a. m. (re-li-ka— îat. reliquatum; de retiquare, être reliquataire, formé de relinquere, laisser). Ce qui reste dû après la clôture et l’arrêté d’un compte : Le reliquat d’un compte de tutelle. Poursuivre le payement de divers reliquats de compte, (Acad.)

— Fam. Reste : Les reliquats d’un festin, d’un repas. JVous avons très-bien diné des RE-LIQUATS du repas des noces. (Acud.) il Suite d’une maladie mal guérie : Il a un mauvais reliquat. (Acad.) Il Vieux dans ces deux sens.

RELIQUATAIRE s. (re-li-ka-tè-re — rad, reliquat). Personne qui, après son compte