Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 3, Rech-Rhu.djvu/145

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REMBARRURES s. f. pi. (ran-ba-ru-re). Constr. Plâtres qui servent à maintenir les faîtages dans leurs longueurs.

REMBÂTER v. a. ou tr. (ran-bâ-té — du préf. >', de en, et de bâter). Mettre de nouveau le bât à : Rembâter, un âne.

— Fig. Faire retomber dans une sotte habitude : J’avais renoncé au tripot, vous wi’avez hkmdÂté, vous m’avez renquinaudé, (Volt.)

REMBELLIR v. a. ou tr. (ran-bê-lir — du préf. r, et de embellir). Embellir de nouveau ; rendre encore plus beau ; Le voyage l’a rem-

J3EI.LIE.

REMBERCOURT-AUX-POTS, village et commune de France (Meuse), cant. de Vaubecourt, arrond. et à 18 kilom. de Bar-le-Duc ; 790 hab. On y remarque «ne belle église du xve siècle, classée parmi les monuments historiques. Elle se compose de trois nefs avec chapelles latérales, d’un double transsept et d’un chœur terminé par une abside a trois pans. Les trois nefs sont précédées de trois porches profonds. La partie inférieure du porche central, ornée de niches et de pinacles sculptés, date de la construction de l’église. La partie supérieure et les deux porches latéraux, qui servent de base à des clochers, malheureusement détruits en partie, sont un des plus jolis spécimens de l’architecture de la Renaissance. Entre le rez-de-chaussée et le premier-étage règne une très-belle frise de bustes en haut relief. À l’intérieur, le chœur contient de belles stalles en bois sculpté, du temps de Henri IV.

REMBIEL1NSK1 (Raymond), économiste polonais, né en 1775, mort en 1841. Il entra un service en 1794 et parvint rapidement au grade de colonel. Après la création du grandduché de Varsovie en 1809, il devint successivement préfet des départements de Lomza et de Plock, intendant de l’armée polonaise, président de la commission du gouvernement de Mazovie.et enfin, en 18», maréchalde la diète de Pologne. On a de lui, entre autres ouvrages : Considérations sur les fondements de l’impôt (1811) ; Quelques considérations générales sur l’économie politique et sur les finances qui en sont ta base principale (1815) ; L’Homme d’État (1816) ; Discours à la séance des Chambres réunies, le 13 octobre 1820 (1820), etc.

REMBLAI S. m.’(ran-blè.—V. REMBLAYER).

« Masse*de matière rapportée, pour élever un

terrain ou combler un creux : On a employé

bien du remblai pour faire cette digue. (Acad.)

— Action de remblayer ; résultat de cette action : Quand on a pratiqué une tranchée, il faut exécuter le remblai aussi vite que possible, pour éviter les éboulemenls. (Matth. de Domuusle.)

— Constr. Action d’entasser les terres contre un mur que l’on construit, jusqu’à ce qu’il ait atteint le niveau du sol.

— Fortif. Syn. de parapet.

— Mine. Exploitation par remblais, Mode d’exploitation de bas en haut, qui consiste à s’élever progressivement par des remblais établis sur le sol de la mine.

— Encycl. P. et chauss. Les remblais s’exécutent par couches successives que l’on pilonne ; dans les grands travaux de terrassement, tels que ceux qui sont nécessités par l’établissement des chemins de fer, des routes et des canaux, on Comprime les remblais en faisant rouler les brouettes, les camions ou tombereaux qui amènent la nouvelle terre Sur celle qui est déjà en place, en ayant soin de régaler au fur et à mesure, de manière à dresser la surface. Quand les remblais sont faits derrière des maçonneries ou pour remplir une tranchée, on les régale et 011 les pilonne par couches successives de 0*n, ?0 à Om,25 d’épaisseur ; le moyen le plus sûr et le plus expéditif pour en opérer le tassement est de faire arriver de l’eau sur les terres rapportées ; ce système est celui qu’on emploie à Paris pour comprima (- les remblais des tranchées faites pour la p*.*e des tuyaux de conduite d’eau ou de gaz. Sur les chemins de fer, les remblais se font en masse sur toute la hauteur à la fois ; c’est-à-dire qu’une petite portion de remblai, voisine delà tranchée, étant achevée sur toute la hauteur, on lit continue en déposant des terres à l’extrémité jusqu’à la crête. Ce n’est qu’en procédant de cette manière que l’on peut employer le chemin de fer au transport des terres ; la pose de la voie se fait alors sur le remblai au fur et à mesure de son avancement, et les wagons de terrassement viennent se décharger à l’extrémité de la voie, qui est aussi celle du remblai. On peut remarquer que, de tous les moyens de transport, celui qui convient le mieux pour exécuter ce travail est le tombereau ; car les remblais exécutés avec ce véhicule sont plus divisés et sujets à de moins-grands tassements que ceux qu’on fait avec des wagons. Toutefois, il ne faut pas oublier que l’emploi des tombereaux devient souvent impossible dans certains terrains après de grandes pluies, tandis que le service des ■wagons ne souffre aucune interruption. Les remblais exécutés derrière des maçonneries ou sur une voûte doivent être faits avec précaution, être montés des deux côtés en même temps et étendus uniformément sur ces voûtes pour éviter les déformations et les poussées considérables qu’ils pourraient

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engendrer. Les remblais sur des terrains compressibles demandent des précautions analogues, pour ne pas écraser le sol ni le rompre en chargeant tout d’un coup certains points d’une masse excessive ; un des moyens tes plus simples pour prévenir l’affaissement est d’élargir la base du remblai, de manière à diminuer la pression sur l’unité de surface autant que la compressibilité du sol l’exige. Il est des circonstances où l’on est obligé de dessécher le terrain pour le rendre incompressible et d’employer des moyens artificiels pour obtenir une stabilité suffisante.

— Mine. La méthode d’exploitation par remblais attaque la couche de bas en haut. Elle varie beaucoup dans ses procédés ; mais elle consiste, en principe, à attaquer la couche par des galeries que I on remblaye immédiatement, soit avec les débris du triage, soit avec des matériaux apportés du dehors. On s’élève ensuite sur un étage ainsi remblayé pour en exploiter un supérieur, et l’on continue de la mêm&Jiianière, d’étage en étage, jusqu’à ce qu’on atteigne la limite du champ d’exploitation. Pour attaquer chaque tranche, on suit ordinairement la marche des galeries et piliers ou celle des ouvrages en travers ; mais, afin d’éviter les éboulemenls, on ne donne aux étages qu’une hauteur égaléà la taille d’un homme et l’on remblaye avec le plus grand soin, en ne laissant que les vides rigoureusement nécessaires au service.

REMBLAVER v. a. ou tr. (ran-bla-vé — du préf. r, et de emblaver). Agric. Ensemencer de nouveau, quand le premier ensemencement n’a pas réussi : Remblaver une terre.

REMBLAVURE s. f. (ran-bla-vu-re — rad. remblaver). Agric. Action de remblaver ; résultat décette action/il Terre remblavée.

REMBLAYAGE s. m. (ran-blè-ia-je — rad. remblayer). Action de remblayer ; résultat de cette action.

REMBLAYER v. a. ou tr. (ran-blè-ié — du préf, r, et de emblayer, qui dit le contraire de déblayer. Dans son sens étj^mologique, ce mot signifie ensemencer ; mais son corrélatif déblayer ayant pris l’acception d’enlever de3 terres, emblayer a pris la signification contraire. Se conjugue comme déblayer).Hausser ou combler avec des matériaux rapportés et simplement entassés : Remblayer une route.

REMBOÎTEMENT s. m. (ran-boî-te-manrad. remboîter). Action de remboîter ; résultat de cette action : Le remboîtemënt d’un os démis.

REMBOÎTER v. a. ou tr. (ran-bol-té — du préf. r, et de emboîter). Emboîter de nouveau : Remboîter un os. Remboîter des pièces de menuiserie. (Acud.)

REMBOUGER v. a. ou tr. (ran-bou-jé— du préf. r, de en, et de bouge. Prend un e après te y devant les voyelles a, o : Il rembougea ; nous rembougeons). Teolm. Maintenir plein par une addition de liquide : Remboucer un tonneau.

REMBOURRAGE s. m. (ran-bou-ra-jerad, rembourrer). Techn. Action de rembourrer ; résultat de cette action. Il Matière avec laquelle on rembourre. Il Apprêt donné aux laines teintes de diverses couleurs qu’on a mêlées ensemble pour fabriquer des draps mélangés.

REMBOURRÉ, ÉE (ran-bou-ré) part, passé du v. Rembourrer. Rempli de matière mollement élastique : Chaises rembourrées. Les bourgeons qui contiennent des fleurs ont des gaines rembourrées de duvet, comme ceux du pommier. (B. de St-P.)

— Fam. Reçu durement, maltraité de paroles : Elle a été un peu rembourrée.

Rembourré avec des noyaux de pêche, Extrêmement dur, mal rembourré : un fauteuil rembourré de noyaux de pêche.

Hembourré comme un bût de mulet. Vêtu à l’excès.

REMBOURREMENT s. m. (ran-bou-re-man •—rad. rembourrer). Action de rembourrer ; résultat de cette action : Le rkmbouRREMent d’un matelas, d’un fauteuil.

REMBOURRER v. a. ou tr. (ran-bou-rédu prêt’, r, de en, et de bourre). Garnir d’une matière mollement élastique : Rembourrer des sièges, un matelas, un bût. Rembourrer avec de la bourre, du crin, de la laine.

— Fam. Reprendre énergiquement, maltraiter de paroles : Je me charge de le rembourrer.

— Pop. Rembourrer son pourpoint, Manger.

— Techn. Rembourrer des laines teintes. Les apprêter.

Se rembourrer v. pr. Être rembourré : Les sièges qui se rembourrent avec du crin sont plus frais que. ceux qu’on rembourre avec de ta laine.

— Pop. Manger : Il n’a pas dit un mot durant tout le repas, mais il s’est bien rembourré.

REMBOURROIR s. m. (ran-bou-roir— rad. rembourrer). Techn. Outil qui sert à rembourrer.

REMBOURRURE s. f. (ran-bou-ru-re-rad. rembourrer). Techn. Matière servant à rembourrer.

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— Grosse toile dont on entoure la matière dont on rembourre les sièges,

REMBOURSABIL1TÉ s. f. (ran-bour-sa-bili-tô — rad. remboursable). Caractère de ce qui est remboursable : La remboursabilitb des billets de banque explique seule la faveur dont ils jouissent.

REMBOURSABLE adj. (ran-bour-sa-blerad. rembourser). Qui peut ou doit être remboursé : Dette remboursable. Emprunt remboursable.

REMBOURSÉ, ÉE (ran-bour-sé) part, passé du v. Rembourser. Dont le montant est acquitté : Billet remboursé. Capital remboursé.

— Dont la créance a été remboursée : J’ai été rembourse de mes avances,

— Fig. Dédommagé, payé : Il n’y a gue les gens qui prélent au ridicule qui soient certains d’être remboursés. (Petit-Senn.)’

REMBOURSEMENT s. i«. (ran-bour-semau — rad. rembourser). Action de rembourser ; payement d’une somme due : Faire, opérer un remboursement. Exiger le remboursement d’une créance.

— Argent destiné à être remboursé : Voire remboursement est prêt, nous réglerons quand il vous plaira.

— Fin. Remboursement forcé, Remboursement imposé par l’État à ses créanciers, dans les cas où ce remboursement a été rendu facultatif par les conditions d’émission de l’emprunt.

REMBOURSER v. a. ou tr, (ran-bour-sédu préf, r, et de embourser). Payer pour s’acquitter, pour dédommager quelqu’un, pour le faire rentrer dans ses débours : Rembourser un billet. Il refuse de me rembourser ce que j’ai dépensé pour lui. Si vous faites des pertes, on vous les remboursera.

— Désintéresser par le payement de ce qui est dû : Je veux qu’il me rembourse de mes. frais. Il A REMBOURSÉ tous ses créanciers.

— Acquitter en principal ; désintéresser par le payement du principal : Rembourser une rente. L’Etal s’est réservé le droit de rembourser ses créanciers.

— Fig. Acquitter ce qu’on doit à : Demain/ C’est un fripon qui joue son indigence contre ta richesse ; qui reçoit ion argent comptant et te rembourse en souhaits, en espérances, en promesses, monnaie des sots. (Cotton.)

—. Fam. Recevoir : Rembourser de mauvais compliments, des injure*, un coup d’épée. J’aime mieux rembourser une brusquerie qui me profite, que de garder une erreur qui me nuirait. (Dider.) Il Ce sens, fort usité au dernier siècle, a été abandonné avec raison ; embourser serait seul acceptable en ce cas.

Se rembourser v. pr. Être remboursé : L’argent s’emprunte plus aisément qu’il ne SE

REMBOURSE.

— Se payer, s’attribuer une somme pour acquit dune créance : Reçu de M. le baron Danglars la somme de cinq millions dont il sa remboursera sur la viaison Thomson et French de Rome. (Alex. Dum.)

— Réciproq. Se payer mutuellement. REMBRANDT (Rembrandt HekmaNSZOON

van RyK, connu sous le nom de), illustre peintre de l’école hollandaise, né à Leyde en 1608, mort à Amsterdam en 1669. La biographie do Rembrandt, telle que l’ont écrite les anciens auteurs, est une compilation d’erreurs, de fables et de calomnies. On ne savait rien d’exact sur ce grand homme, ni sur la date, et lo lieu de sa naissance, ni sur son nom et sa famille, ni sur sa femme et ses enfants, ni sur les accidents de sa vie, ni sur la date de sa mort. Il était censé s’appeler Paul, être né en 1606, à quelque distance de Leyde, avoir épousé une paysanne de Ransdorpf et être mort en 1674. C est tout ; si ce n’est encore qu’il était avare et crapuleux, qu’il vivait au milieu de monceaux d’or, déjeunant d’un morceau de fromage et soupaiit d’un hareng sec ; qu’il disait, en montrant un amas de guenilles dans un coin de son atelier : Voilà, mes antiques I que ses élèves, pourrie bafouer de sa lèsinerie, ne manquaient jamais de peindre par terré des pièces de monnaie que lévieil avare voulait à toute force ramasser et mettre dans son escarcelle ; qu’il mourut ainsi dans la plus extrême misère apparente, laissant à son fils Titus d’immenses richesses, etc. Ces fables et bien d’autres encore ont été mises en circulation par Houbrakerr, un compatriote de Rembrandt que l’on pouvait croire bien informé. Les derniers biographes du maître, Scheltema, Discours sur Rembrandt (Bruxelles, 1853), et Ch. Blanc, l’Œuvre de Rembrandt décrit et commenté (1859, 2 vol. in-8u), les ont complètement ruinées ; grâce à leurs travaux et aux documents authentiques sur lesquels ils s’appuient, on est aujourd’hui en possession de la véritable physionomie du maître ; comme, d’autre part, Rembrandt a signa et daté la plus grande partie de ses tableaux et de ses eaux-fortes, on peut suivre presque par année la succession de ses travaux.

Rembrandt naquit dans un moulin à drèche, situé dans le Weddesteeg, à Leyde, dont son père, Hennan Gerritszoon van Ryn, possédait la moitié ; c’est ce qui a fait probablement dire à Houbraken qu’il était le fils d’un meunier. Il était le sixième de sept enfants, et à la mort de sa mère, en 1640, il reçut pour

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sa part d’héritage, en argent seulement, 3,565 florins. Ses parents le destinaient à "l’étude de la jurisprudence et lui firent prendre ses grades à l’université de Leyde, mais sa vocation artistique fut plus forte. Il entra d’abord dans l’atelier d un peintre de cette villo, Isaaksoon van Schauenburg, puis sa rendit à Amsterdam pour suivre les leçons de Pieter Lastman et de Jacob Pinas ; ses premières œuvres reflètent, en effet, en la perfectionnant, la manière de Lastman, surtout dans le portrait. On ne possède aucun tableau de Rembrandt antérieur à l’année 1631 ; ceftendant, comme ceux de cette époque révèent un maître, il faut bien supposer qu’il avait déjà peint un certain nombre de tableaux avant de venir, en 1630, s’établir à Amsterdam. On, connaît, grâce à la déebuverte récente de documents intéressants, toui ses domiciles dans cette ville. Il habita d’abord une maison de la Jodenbreestraet (rue des Juifs) ; en 1634, il résidait dans le Breestraet ; en 1638, sur le Biunen Arnstel ; en 1640, il acheta l’ancienne maison qu’il avait occupée rue des Juifs ; il fut obligé de la vendre en 1656 et, au moment de sa mort, il demeurait sur lo Roosgracht. De 1628 datent ses premières eaux-fortes, que les amateurs éclairés se disputèrent et avec, le produit desauelles il commença à édifier sa fortune. Deux e ses tableaux portent la date de 1631 ; ce sont un Portrait déjeune homme, appartenant à la reine d’Angleterre et qui a figuré, en 1837, à l’Exposition de Manchester, et le Siméon au temple du musée de La Haye. Ce tableau fit partie des collections du Louvre sous le premier Empire. En 1632, Rembrandt peignit cette fameuse Leçon d’anatomie du docteur Tulp (musée de La Haye), qui suffirait à le placer au premier "rang des maîtres (v. Leçon d’anatomie). Ces œuvres de la première manière de Rembrandt sont d’une couleur chaude et claire, d’une touche fondue : on n’y rencontre pas encore ce parti pris violent, ce contraste de masses d’ombres avec un jet de lumière, qui caractérisent presque toutes ses autres œuvres. Les deux portraits ou études du musée du Louvre que l’on désigne sous le nom de Philosophes, le Bûcheron et sa famille du château de Wilhelmshohe, le Portrait du constructeur de navires et de sa femme (Londres, Buckinghain Palace), le Portrait du caltigraphe Copenol (musée de l’Ermitage), le Portrait de vieille dame de la collection Eastlake, à Londres, appartiennent encore à cette première manière ; ils sont peints en pleine lumière, d’une couleur transparente et chaude ; les physionomies ont cette réalité, cette expression vivante que Rembrandt, un des maîtres du genre, a su donner à tous ses portraits, parmi lesquels ceux qu’il a faits de lui-même, à presque toutes les époques de sa vie, tiennent le premier rang. Deux de ses portraits du Louvre, ceux où il s’est représenté de trois quarts, tète nue, avec des cheveux courts et crépus, de petites moustaches et une mouche, sont datés de 1633 et 1634. Dans les années suivantes, il peignit : le Duc de Gueldre menaçant son père (muséo de Berlin), scène féodale d’une grande vigueur ; l’Ange Raphaël quittant Tobie (musée du Louvre) ; les Ouvriers de ta vigne se plaignant à l’intendant (musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg) ; la Christ au tombeau et la Descente de croix, du musée de Munich ; cette dernière œuvre est un des rares tableaux dont il a fait la gravure ; la Résurrection (galerie du prince d’Orange) ; la Femme adultère (musée de La Haye) ; le Christ apparaissant d Madeleine (Londres, Buckingham Palace) ; le Portrait de jeune femme, du musée du Louvre, une merveille de coloris ; la Jeune femme à sa fenêtre, du Buckingham Palace ; le Ménage du menuisier, du Louvre ; la Visitation, de la galerie Grosvenor, à Londres, et enfin le fameux tableau improprement désigné sous lo titre de la Ronde de nuit, du musée d’Amsterdam. Toutes ces œuvres, dont les principales ont un article spécial dans le Grand Dictionnaire, portent les dates de 1637 à 1642. C’est par elles, bien plus que dans les tableaux de sa première manière, que Rembrandt apparaît comme le chef naturel de la réaction contre l’école italienne, réaction entreprise au nom de la nature contre la pompe classique de la composition, la pureté traditionnelle de la ligne, la noblesse théâtrale des attitudes, la froide sobriété de la couleur. Il se sépare bien plus nettement que Rubens des grands maîtres de l’Italie et dédaigne même à ce point la couleur historique, qu’il affuble un proconsul romain du costume d’un bourgmestre hollandais ou qu’il réduit une Sainte Famille, car tel est le sujet du tableau du Louvre, à n’être que le Ménage d’un menuisier. Sans préjuger aucune question d’art, on est cependant obligé de reconnaître que, ’ quelle que soit la forme qu’il lui a plu de choisir, Rembrandt fut exquis dans cette forme. Dans les reproches qu’on lui a adressés, on a oublié de remarquer qu’il a précisément dédaigné les qualités qu’on l’accuse de ne pas avoir. On a demandé compte à sa fantaisie d’artiste d’avoir choisi telle route plutôt que telle autre, de manquer d’élégance et de goût, parce qu’il n’a pas voulu s’enfermer dans les types du Vatican en dehors desquels certaines écoles ne voient que des hérésies artistiques, comme si le beau n’avait qu’une forme, comme si l’art moderne pouvait être asservi aux règles immuables de l’art sacerdotal des Égyptiens. Personne ne