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le feuillantisme perdait du terrain et que la Révolution allait reprendre et accélérer sa marche rectiligne.

Par suite du décret du 12 septembre, qui supprimait le commandant général de la garde nationale, La Fayette dut donner sa démission. Bailly, découragé, isolé, l’imita et, le 14 novembre, Pétion fut élu maire de Paris. Bientôt Manuel sera élu procureur de la Commune et le scrutin lui donnera Danton pour substitut.

La municipalité, lors du renouvellement partiel, s’augmenta d’éléments révolutionnaires plus accentués.

L’Assemblée législative avait de grands travaux organiques à accomplir ; mais, presque constamment débordée par les questions d’actualité, par les périls du jour, forcée de faire tête à la fois aux ennemis de l’intérieur et à l’étranger, absorbée par cette lutte, par les mesures à prendre contre les factieux, les émigrés et les prêtres, par les préparatifs de la guerre, elle fut en quelque sorte un grand comité de défense plutôt qu’un corps législatif.

Le 20 octobre, Brissot, puis Vergniaud et Isnard, après avoir dénoncé les complots des émigrés, firent voter un ensemble de dispositions répressives : ordre aux princes de rentrer, sous peine d’être déchus ; ordre aux émigrés de cesser leurs rassemblements factieux et leurs armements, sous peine, à partir du 1er janvier suivant, de saisie de leurs revenus, traitements et pensions (que le roi leur payait encore).

Ces mesures, d’une efficacité douteuse, ne furent cependant pas sanctionnées par Louis XVI : première application du veto.

Les princes et les émigrés répondirent par d’insolentes menaces. L’Assemblée commença dès lors par remplacer les officiers émigrés. Puis elle s’occupa des prêtres réfractares, qui fanatisaient l’Ouest, préparaient la guerre civile, persécutaient partout le clergé constitutionnel et suscitaient des troubles en beaucoup de contrées.

À la suite de longues discussions, on décréta (29 novembre) l’obligation du serment civique, sous peine de privation de traitement ou de pension ; les insermentés qui susciteraient des troubles pourraient être punis de deux années d’emprisonnement ; enfin, les églises entretenues par l’État ne pourraient servir qu’au culte constitutionnel.

Ce décret devait demeurer impuissant à arrêter le débordement du fanatisme. Cependant Louis XVI le frappa de son veto (19 décembre), comme s’il voulait encourager par son exemple la rébellion cléricale.

Le 29 novembre également, le roi fut invité par un message à prendre les mesures nécessaires pour obtenir de l’empire et des princes allemands la dissolution des rassemblements armés d’émigrés sur leur territoire. Louis XVI vint en personne déclarer à l’Assemblée que, si, le 15 janvier, l’électeur de Trêves n’avait pas dissipé le rassemblement de Coblentz, il ne verrait plus en lui qu’un ennemi de la France. Tout cela était un jeu concerté ; car, pendant ce temps, Marie-Antoinette écrivait aux souverains de Russie, d’Espagne, de Suède, etc., faisait écrire au roi de Prusse par Louis XVI, s’irritait des lenteurs des cours, demandait un congrès armé, etc.

Au commencement de ce mois de novembre, des commissaires étaient allés opérer enfin la réunion d’Avignon et du Comtat à la France, que la Constituante n’avait décrétée qu’à la fin de sa session. On sait qu’Avignon et le Comtat appartenaient au saint-siége, en vertu d’anciennes donations féodales qui n’avaient jamais été ni légitimes ni respectables et qui avaient toujours été contestées. Le contre-coup de la Révolution se fit sentir en ces contrées, qui se trouvèrent divisées en partis français et papiste et devinrent le théâtre de luttes implacables et sanglantes. Les incertitudes et les hésitations de l’Assemblée, qui ne pouvait se décider à prononcer la réunion de cette terre française à la mère patrie, prolongèrent jusqu’à l’époque où nous sommes cet état violent, cette longue crise marquée par des guerres civiles, des épisodes tragiques et des fureurs mutuelles.

La question de la guerre se présenta bientôt comme une nécessité fatale ; on sentait qu’elle était inévitable et que même elle était en quelque sorte commencée, en ce sens que la coalition contre la France, qui se nouait ouvertement, était déjà un commencement d’hostilités. Les girondins voulaient qu’on prît hardiment l’initiative, avant que les préparatifs de l’ennemi fussent achevés. Robespierre et d’autres hommes politiques redoutaient ces grandes aventures de combat ; ils craignaient, et pour la France et pour la Révolution, qu’on ne devançât l’heure et qu’on ne fût précipité dans les catastrophes par les trahisons du pouvoir exécutif.

Cette grande controverse de la guerre passionna toute la France, et l’opinion des hommes politiques de la 'Révolution se trouva finalement partagée entre la guerre défensive et la guerre immédiate et hardiment offensive, prêchée surtout par les girondins.

La cour aurait accepté un simulacre de guerre, mais dirigée contre les petits princes allemands, pendant qu’elle liait la grande partie de l’invasion avec l’empereur. La désorganisation calculée où elle laissait l’armée était pour elle une odieuse garantie que la France de la Révolution serait livrée nue et désarmée aux coups de l’étranger quand la coalition serait en mesure d’entrer en ligne. Elle n’avait rien à craindre en ces conditions, ayant la conduite de la guerre, étant en rapports secrets et journaliers avec l’ennemi et pouvant toujours lui livrer le secret de nos moyens d’attaque et de défense (comme le fit la reine un peu plus tard).

Les girondins, dans leur ardeur, ne redoutaient pas les trahisons ; ils pensaient que, plus elles seraient éclatantes et ouvertes, plus elles précipiteraient la crise, l’explosion populaire et amèneraient rapidement la république.

Narbonne, un écervelé que Mme de Staël avait poussé au ministère de la guerre, présenta, le 11 janvier 1792, un tableau ridiculement exagéré de nos forces, qui fut accueilli avec une crédulité avide par les partisans de la guerre.

Le 2 janvier, l’Assemblée avait voté la mise en accusation des deux frères du roi, du prince de Condé, de Calonne, etc. Le 25, sans s’arrêter aux assurances pacifiques et menteuses de l’empereur et de l’électeur de Trêves, elle votait une résolution pour inviter Léopold à déclarer catégoriquement s’il entendait vivre en bonne intelligence avec nous et renoncer à tout traité et convention contre la souveraineté et l’indépendance du peuple français, le prévenant que son silence serait regardé comme une déclaration de guerre. Louis XVI, il est vrai, déclara cette invitation inconstitutionnelle, la direction des opérations diplomatiques lui appartenant.

La situation n’en était pas moins tout à la guerre, et les ennemis en présence, rois, aristocrates, prêtres et révolutionnaires, se hâtaient de préparer leurs moyens de défense. Le 7 février, Léopold signa avec la Prusse un traité d’alliance et prépara des troupes.

Louis XVI se fortifiait de son côté et augmentait démesurément sa garde constitutionnelle.

Les patriotes et l’Assemblée voyaient très-clairement l’orage qui se formait et qui pouvait emporter les institutions nouvelles et la France elle-même. Pendant que la presse populaire et les clubs éclairaient le peuple sur les complots sans cesse renaissants de la faction, l’Assemblée votait des mesures importantes, discutait des projets sur l’organisation de l’armée, amnistiait les déserteurs qui rentreraient en France dans le courant de l’année, plaçait les biens des émigrés sous la main de la nation, etc.

De son côté, le peuple des non-actifs, écarté des rangs de la garde nationale, s’armait pour la patrie et la Révolution, reprenait l’arme populaire et improvisée de 1789, la pique, arme peu sérieuse en réalité, mais facile à fabriquer et qui était une défense commode contre les spadassins de l’aristocratie. C’est à la même époque aussi que se développa la grande vogue du bonnet rouge (v. ce mot) et que les patriotes commencèrent à se parer de l’épithète de sans-culotte, que l’insolence aristocratique leur avait donnée par mépris.

Léopold, malgré sa réserve, s’était décidé à répondre aux sommations de l’Assemblée par de vagues promesses de s’employer pour dissiper les rassemblements d’émigrés, mais sous la condition que la volonté du roi serait respectée, que le peuple français s’affranchirait de la pernicieuse influence des jacobins, etc. Cette pièce ridicule, qui contenait des menaces non dissimulées, cette insolente prétention d’intervenir dans nos affaires intérieures, n’excitèrent que l’indignation et le mépris.

Fendant ce temps, Louis XVI et Marie-Antoinette multipliaient leurs appels aux puissances étrangères, leurs correspondances et leurs agents. Il résulte de tous les documents aujourd’hui connus que la France était menacée à bref délai d’une guerre implacable, de la perte de plusieurs provinces et du rétablissement des institutions de l’ancien régime.

Les girondins et tous les partisans de la guerre, qui sentaient bien ce danger, n’avaient donc pas tort de vouloir mettre la nation entière debout et agir rapidement avant que les ennemis fussent prêts et d’accord entre eux.

Sur ces entrefaites, Léopold mourut et fut remplacé par son fils, François II, esprit borné, inféodé au jésuitisme et plus porté encore à la haine des institutions de la liberté. Il entra avec plus de passion et d’activité dans la coalition. À ce moment, Narbonne tomba du ministère ; un autre ministre, Delessart, fut décrété d’accusation par l’Assemblée, et fort justement, pour le retard qu’il avait mis à communiquer à l’Assemblée la note de l’Autriche, pour son silence à l’égard des manœuvres contre la France, pour sa servilité envers l’étranger, etc., enfin pour avoir été en partie cause des épouvantables événements d’Avignon en ne promulguant qu’au bout de deux mois le décret de réunion du Comtat à la France.

Ce coup de vigueur troubla la cour et la faction. Plusieurs ministres se retirèrent. Pour gagner du temps, on se résigna à choisir un ministère dans la majorité parlementaire, avec l’idée bien arrêtée de le rendre impossible.

Dumouriez remplaça Delessart aux affaires étrangères. Quelques jours plus tard, le ministère fut définitivement reconstitué avec les girondins Roland, Clavière, puis Servan et quelques hommes secondaires. C’est ce qu’on a nommé le ministère patriote. La Gironde était au pouvoir.

Le plan militaire de Dumouriez était l’attaque soudaine des Pays-Bas autrichiens. Mais ce plan était à peine communiqué en conseil secret, qu’il était aussitôt livré à l’ennemi par Marie-Antoinette. (26 mars, Correspondance, recueil d’Arneth.)

Dumouriez, qui avait été poussé par les girondins, ne trompa pas leurs espérances, du moins sur la question de la guerre. Il parla et agit vigoureusement, somma l’Autriche de diminuer le nombre de ses troupes en Belgique et enfin, au reçu d’une nouvelle note de François II exprimant les mêmes prétentions relativement à l’Alsace et au-Comtat et à l’immixtion dans nos affaires intérieures, il saisit résolument l’Assemblée de la question.

Le 20 avril, il lut un rapport énergique concluant à ce que la France se considérât comme en état de guerre avec l’Autriche. Le roi, qui l’avait accompagné, déclara qu’il avait adopté les conclusions de son conseil et proposa formellement la guerre. Nulle comédie plus immorale, car, en ce moment même, il combinait avec les puissances étrangères les moyens d’écraser la France, s’imaginant qu’il rétablirait son pouvoir sur les ruines et l’abaissement de la nation.

Dans la séance du soir, après une discussion mémorable, l’Assemblée vota le décret qui déclarait la guerre à l’Autriche, en spécifiant que la France ne s’armait que pour défendre sa liberté et qu’elle répudiait la brutalité des conquêtes. « Votons la guerre aux rois et la paix aux nations, » avait dit Merlin de Thionville. Et cette noble parole devint la devise de la Révolution armée.

Le début de la guerre ne fut pas heureux. Le 25 et le 29 avril, les lieutenants de Rochambeau, Dillon et Biron, virent leurs troupes se débander devant Tournai et Mons et durent se replier sur Lille et Valenciennes. On cria à la trahison, et Dillon fut massacré par ses propres soldats pendant la déroute. En apprenant ces échecs, La Fayette, qui avait ordre d’envahir, de son côté, la Belgique par Namur, jugea prudent de demeurer immobile à Givet.

Cette triste nouvelle produisit une véritable explosion ; le dénûment des armées, le défaut d’entente entre les généraux, qui, sans combiner leurs plans, avaient tenté imprudemment des attaques partielles, l’inactivité de La Fayette, etc., parurent comme autant d’indices de trahison.

La Gironde, qui avait conseillé la guerre, fut atteinte par ce malheureux début et attaquée de toutes parts. Les luttes devinrent plus vives entre les hommes de ce parti et ceux qui allaient former la Montagne ; déplorables dissensions, une des grandes misères de ces temps héroïques, et qui ne présageaient que trop les débats meurtriers qui bientôt allaient déchirer la République.

Le désastre de Flandre entraîna la retraite du ministre de la guerre, de Grave, instrument docile de Dumouriez. La Gironde eut encore la puissance de placer à ce poste important (8 mai) un homme qui lui était dévoué, Servan, maréchal de camp, homme capable, d’ailleurs, qui avait attiré l’attention sur lui par quelques écrits militaires.

Toutefois, la Gironde était politiquement entamée par l’insuccès des premières opérations militaires. Par un mouvement instinctif, elle se rejeta dans la Révolution et dénonça le fameux comité autrichien (v. comité), puis fit décréter la déportation des prêtres réfractaires qui poussaient à la guerre civile, le licenciement de la garde constitutionnelle du roi, grossie outre mesure d’estafiers et de coupe-jarrets, enfin la formation d’un camp de 20,000 volontaires sous les murs de Paris (6 juin, v. camp sous Paris), mesure de défense contre la monarchie aussi bien que contre l’invasion.

Le roi refusa sa sanction à ces divers décrets ; ce refus, ainsi que le renvoi des ministres patriotes, fut une des causes de l’envahissement des Tuileries au 20 juin. D’ailleurs, à cette époque, l’expérience était faite ; on sentait bien que la royauté était le grand obstacle, la pierre d’achoppement, une menace permanente contre la liberté, et même contre la sécurité nationale, et qu’elle ne pourrait jamais s’accommoder aux besoins, aux réformes, aux institutions d’une société qui prenait pour bases la justice et le droit.

Le roi précipita lui-même le dénoûment de la crise en congédiant Roland, Clavière et Servan (12-13 juin). L’Assemblée décréta que ces ministres emportaient les regrets de la nation. C’était la lutte ouverte et bientôt le peuple allait trancher le problème constitutionnel par son intervention souveraine.

Dumouriez s’était prêté sans scrupule au renvoi de ses collègues, au sacrifice de ceux qui l’avaient poussé lui-même au pouvoir. Le spirituel intrigant, sentant d’ailleurs qu’il ne pourrait se maintenir en face de l’Assemblée qu’à la condition d’obtenir la sanction royale des décrets, en avait sollicité et obtenu la promesse formelle de Louis XVI, qui le joua avec sa duplicité habituelle et finalement refusa de tenir sa parole.

Dumouriez, compromis et n’ayant plus aucun point d’appui, dut déposer sa démission quelques jours après le renvoi de ses collègues, mais toutefois en se ménageant un commandement à l’armée du Nord. Malgré son esprit d’intrigue et son ambition, il n’avait pu se résigner plus longtemps au rôle que la cour prétendait lui imposer.

Comme nous venons de l’indiquer, le refus obstiné du roi de sanctionner le décret sur le camp et celui contre les prêtres rebelles, le renvoi des ministres, les manœuvres de la contre-révolution, la connivence visible de la cour avec l’étranger, d’autres causes encore que nous avons sommairement indiquées, telles que la crainte bien justifiée d’un coup d’État, déterminèrent enfin l’explosion prévue.

L’émotion publique se traduisit, se formula dans l’idée populaire de donner un avertissement au chef de la contre-révolution, au roi, avant de frapper le coup décisif contre la royauté.

Les ministères avaient été confiés à des feuillants assez obscurs. Quoique dédaignés de la cour, les meneurs de ce parti, se sentant dépassés, étaient depuis longtemps disposés à s’associer à la contre-révolution, dans l’espoir chimérique de la tempérer et surtout de l’exploiter à leur profit. La Fayette, aigri par la perte de sa popularité, marchait alors avec eux. Poussé par cette coterie, il commit l’incroyable légèreté d’écrire, du camp de Maubeuge, une lettre adressée à l’Assemblée et dans laquelle il donnait insolemment des conseils sur la politique à suivre, accusait, comme l’empereur d’Autriche, les jacobins de tous les maux, donnait son armée en exemple au peuple de Paris, etc.

Cette impertinente missive d’un général aux représentants de la nation, lue dans la séance du 18 juin, excita une indignation générale et d’autant plus qu’on sut que La Fayette avait écrit à Louis XVI une lettre dans laquelle il lui promettait son appui contre les « factieux. »

Le 19, le roi notifia à l’Assemblée son veto officiel contre les deux décrets.

Le lendemain éclata le grand mouvement populaire dont nous avons donné le récit à l’article JUIN 1792 (journée du 20). On sait que le peuple envahit les Tuileries et défila dans l’Assemblée, réclamant à grands cris le rappel des ministres, la sanction des décrets et la répression des conspirateurs. Une grande partie de la garde nationale s’était associée au mouvement.

Cette formidable visite du peuple de Paris au roi était comme un dernier et solennel avertissement. Mais la monarchie n’en tint aucun compte ; et mieux encore, n’ayant plus conscience de sa faiblesse, elle voulut réagir, résister, s’attaquer à Paris, la tête de la Révolution, commencer des informations judiciaires, parler un langage menaçant dans une proclamation royale qui parut le 22 ; enfin, on affecta de prendre des mesures de défense, de transformer le château en une véritable forteresse, de passer des revues, etc.

L’intervention des feuillants, des amis de La Fayette, était visible en toutes ces manœuvres, et lui-même arriva le 28 au soir à Paris, probablement pour se mettre à la tête d’un mouvement dont les bataillons royalistes de la garde nationale auraient été le point d’appui. Il donnait ainsi l’exemple (dont Bonaparte se souviendra) d’un général qui, en présence de l’ennemi, quitte son armée sans ordre. Il se présenta à la barre de l’Assemblée pour exprimer l’indignation de son armée contre l’attentat du 20 juin, pour réclamer la punition des factieux, la destruction des jacobins, etc.

Cette démarche causa une grande indignation, mais resta impunie. Malgré ses coupables avances à la cour, La Fayette ne fut accueilli qu’avec froideur. C’était ainsi d’ailleurs que la faction en agissait invariablement avec tous ceux qui trahissaient la cause de la liberté pour jouer le rôle ingrat de sauveurs de la monarchie ; elle craignait d’être dominée, entraînée à certaines concessions et ne voulait prendre son point d’appui que sur l’étranger.

Le triste général voulait néanmoins tenter quelque coup de main factieux ; mais, ne pouvant rassembler aucune force, il quitta Paris le 30.

Les nouvelles militaires n’étaient pas de nature à calmer la fermentation produite par ces tentatives insensées. Luckner, après quelques succès légers, avait abandonné, sans être attaqué, Ypres, Menin et Courtray pour battre en retraite, sur un ordre secret de la cour. D’un autre côté, une formidable armée prussienne se mettait en mouvement, ayant pour auxiliaires des légions d’émigrés ; l’Angleterre armait, les princes allemands entraient dans la coalition. À l’intérieur, les complots se multipliaient et la situation n’était pas moins menaçante. De tous côtés des périls et des trahisons.

L’Assemblée, après bien des hésitations, finit par adopter la mesure décisive d’un appel à la nation. Dans les premiers jours de juillet, après un discours admirable et véhément de Vergniaud, elle rendit un décret qui déclarait la patrie en danger. Cette grande déclaration, qui était comme le caveant consules… de la Révolution, mit la nation en-