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à 6 kilom., c’est-à-dire presque sous les murs de Salamanque.

La ville doit ie surnom de Petite Rome, que lui ont conservé les Espagnols, aux nombreux monuments qu’elle contient, et celui de Mère des vertus, des sciences et des arts h son ancienne université.


Salamanque (BATAILLE DE). V. ARAPILES (bataille des).


SALAMANQUE (province de), division administrative de l’Espagne, bornée au N. par la province de Zamora, dont elle est en partie séparée par le Termes, à l’E, par celles de Valladolid et d’Avila, au S. par celle de Caceres et à l’O. par le Portugal ; elle mesure 172 kilom. du S. -O. au N.-E., et 78 kilom. de largeur moyenne ; 182,202 hab. Sur la limite S.-O. de la province s’étend la sierra de Gâta, et au S.-E. la sierra de Gredos, qui s’y réunit à la sierra d’Avila, d’où descend le Tormès, lo principal cours d’eau de la contrée. Dans les autres parties de la province, le sol est généralement plat et peu fertile ; les principales productions agricoles consistent en grains, garance, fruits, huile et vins. Sur les montagnes, on trouve de belles forêts de châtaigniers et de chênes et de bons pâturages. Élève de bestiaux et de porcs ; mines d’or, de cuivre, de plomb, de cristal de roclie ; sources minérales. Industrie manufacturière peu développée ; commerce assez actif avec le Portugal.


SALAMAS, ville de Perse, dans l’Aderbaïdjan, à l’embouchure de la petite rivière de même nom dans le lac d’Ourmiah, à l’O. de Tébrir ; 6,000 hab. Récolte et commerce de céréales et de bons vins.


SALAMBÔ ou SALAMMBÔ, déesse, la Vénus des Babyloniens. D’après quelques écrivains, le nom de Salambô n est ni babylonien ni syrien. Il viendrait du grec salos, agitation, parce que cette déesse amoureuse avait l’esprit sans cesse agité, qu’elle courait de tous côtés et qu’elle ne cessait d’appeler Adonis. C’est la quatrième Vénus dont parle Oicéion ; elle était adorée à Tyr et en Syrie. Sa fête était célébrée avec de grandes marques de deuil.


SALAMI (Abdal-Malech), fils d’Habid, polygraphe arabe, mort à Cordoue en 239 de l’hégire (903 de J.-C). Il a, dit-on, composé mille cinquante livres sur différentes matières, parmi lesquels sept sur la morale, quinze sur la généalogie et l’histoire des eoraïsehites, soixante sur lu médecine, quatre-vingtdix sur l’art- militaire et l’équitution, etc. La plupart de ces ouvrages son£ aujourd’hui perdus. (V. Bibliotn. arabe d’Ibn-AIkhathib dans Casirist., II, p. 107.)


SALAMI (Aboul-Hassan-Mahomet), fils d’Obéidallah, poëte arabe, né à Bagdad en 303 do l’hégire (316 de J.-C), mort en 393 (1004). Entre autres poèmes, il a composé la Clef des espérances (Maftach almamut), poème dédié au sultan Adaddaulat, k la cour duquel Sulami passa la plus grande partie de sa vie.


SALAMINE, en grec Salamis, aujourd’hui Colouri, île do la Grèce, située dans le golfe d’Egine, près de la côte occidentale de l’Atttque, dont elle n’est séparée que par un canal de 1,800 mètres de largeur. Autrefois fertile, aujourd’hui rocailleuse et stérile, l’île de Salamine affecte la forme d’une espèce de demilune extrêmement découpée. Sa plus grande largeur est de 15,200 mètres et sa superficie d’environ 6 kilom. carrés.

Histoire. Les forêts de pins qui couvraient à l’origine l’île de Salamine lui liront donner tout d’abord le nom de Pitliyouasa, qu’elle échangea dans la suite contre celui de Sciras, puis de Syrcheia, en l’honneur de ses premiers chefs, et enfin de Salamine, qui n’est autre que le nom de la mère de Cychreus. Colonisée définitivement par les /Eacides d’Egine, Télawon et son fils Ajax (le même qui amena douze vaisseaux au siège de Troie) l’Ile ne tarda pas à exciter les ambitions de ses voisins, et Philœos (l’an G20 environ av. J.-C.) dut en abdiquer la souveraineté en faveur des Athéniens. Ceux-ci, à peine investis de cette souveraineté, se la virent contester par les Doriens de M égare, et il ne fallut rien moins que l’habileie et la profonde sagesse de Solon pour maintenir la possession de Salamine à la capitale de l’Altique. En 318. les Macédoniens s’en emparent, mais quatre ans plus taid la restituent, et Salamine, devenue un dème attique, demeure dès lors paisiblement sous l’obéissance athénienne. La première capitule de l’Ile, qui portait également le nom de Salamine et qui fut longtemps la résidence des.diacides d’Egine et de leurs héritiers, était située sur la côte sud de l’île, en regard d’Egine ; son emplacement n’est plus marqué aujourd’hui que par des ruines et des débris helléniques. Quant à la nouvelle, ou plutôt à la seconde capitale, ou Salamine attique, fondée par les Athéniens un peu avant la période des guerres de Macédoine, elle occupait la côte orientale et regardait le Pirée, distante d’un mille à peine du village actuel d’Ambelaki ; tout indique même que la Salamine attique s’étendait jusqu’à l’emplacement aujourd’hui occupé par ce village ; des fouilles récentes ont en effet mis k jour à Ambelaki des murailles helleuiques en parfait état de conservation, et il est aisé d’y reconnaître également un

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ancien quai, qui servait peut-être c’e principal point de débarquement sur le port de l’ancienne cité. C’est dans le canal itroit qui sépare l’Ile de Salamine de l’Attique que les Grecs remportèrent, l’an 480 av. J.-C, sur la flotte de Xerxès, roi des Perses, la m imorable bataille navale qui sauva l’indépen lance du territoire (v. ci-après bataille de SaLAMiNk). Dès lors Salamine partagea toujours la fortune d’Athènes. Lors de la conquête romaine, Sylia érigea Salamine en lie libre ; elle conserva cette forme d’État jusqu’au règne de Vespasien. Il ne paraît pas qu’aile ait joué depuis lors jusqu’à la chute de l’empire romain un rôle bien important dans l’histoire. Les Turcs s’en emparèrent en 1456. Aujourd’hui Salamine fait partie du nome c’Attique et Béotie. La plus grande partie de sa population se trouve agglomérée dans lo village de Colouri, qui a donné son nom moderne à l’Ile entière. Sur la côte qui se trouve vis-àvis du rivage de Mégare, à l’extrémi :é N.-O. de l’Ile, sur le cap Sciradium et sur.’emplacement d’un ancien temple de Minerve, on voit le couvent de la Panagia Phaneromeni, dont l’église est ornée d’une remarquable fresque byzantine représentant le Jugement dernier et comprenant une multitude de figures, saints, anges, damnés, etc.


SALAMINE, ancienne capitale de l’île de Chypre. Fondée, si l’on en croit H tradition, par Teucer, fils de Télamon, elle était située sur la côte orientale de l’île. En 550 avant J.-C, elle tomba aux mains du conquérant égyptien Amasis et passa, vingt-cinq ans plus tard, sous l’obéissance du roi des Perses Cambyse. Néanmoins, sous cette dernière domination, Salamine conserva ses lois, son administration et ses rois nationaux, a la charge seulement de ten.r sans cesse son armée et sa flotte à la disposition du grand roi. Les noms de quelquss-uns de ces monarques vassaux sont venus jusqu’à nous : nous citerons Evelthon, puis Gorges qui refusa de prendre part à l’insirrection ionienne. Oniophilos, son frère, se mit alors à la tête du parti national et renversa en effet Gorgos, dont il usurpa la place ; mais les Perses accoururent avec des forces considérables ; Oniophilos fut tué dans une bataille qui entraîna la ruine de son pirti et Gorgos fut rétabli sur le trône par les vainqueurs. En 449, ia paix de Citiuin rendit à Salamine son indépendance absolue. Plus tard, Evagoras, de la race de Teucer, îyant tenté l’occupation de l’île entière à son profit, dut payer à Artaxerce II un tribut considérable. Alexandre eut plus tard Salt.mine sous son obéissance, mais toléra, comme avaient fait ses prédécesseurs, les petites souverainetés qui s’en partageaient alors le gouvernement. Après lu mort du conquérant, Ptolémée, roi d’Égypte, se rendit maîtie de l’île entière, en confisqua k son profit toutes les royautés et installa à Salamine un lieutenant chargé de l’administrer au nom et poulie compte du nouveau souverain. Ce lieutenant fut remplacé lors de la conquête ronaine par un préfet (priefeclus), qui administra au nom de la république. À cette époque, les Phéniciens, puis les Juifs vinrent en g-and nombre s’établir à Salamine. Sous Trijan, Hérode, ayant obtenu la concession dî la ferme des salines, entraîna à sa suite à Salamine une nouvelle colonie de ses coreligionnaires ; peu de temps après ces dern ers, sous la commandement de Barchochebas, levèrent l’étendard de la révolte et firent de la population grecque et indigène un massacre épouvantable, saccageant et brûlant les habitations. Un tremblement de terre survenu peu de temps après acheva la ruine de Salamine. Constantin essaya de la relever sous le nom de Constantia, et la nouvelle cité avait déjà pris une certaine extension lorsque, sous le règne d’Héraclius, les Arabes débarqaèrent sur la côte et y promenèrent à leur liur l’incendie et le carnage. La ville ne s est plus relevée de ce désastre, que ia rivalité de la ville de Fainagouste (v. ce mot) rmdit bientôt irréparable. Le village actuel de Haï - Sergui paraît occuper 1 emplacement de l’ancienne Salamine. « Les ruines actuelles, dit M. Joanne dans son excellent résumé historique, sont situées entre la mer et lu chapelle grecque de Sainte-Catlerine. On y reconnaît, un mur d’enceinte entourant une colline semée de débris, et sur

la gauche, en venant du large, un port fermé

par deux jetées en ruine. Au pied de celle lu sud, il y a quatre brasses et demie a’euu. Au | sud de la ville est un marais traversé par les débris d’une chaussée, et un ruisseau qui est l’ancien Pedioeus. Un aqueduc venant de l’est aboutit à l’enceinte. »


Salamine (bataille de), gagnée par Thémistocle sur Xerxès l’au 480 av. J.-C Xerxès, fils de Darius, poursuivit contre la Grèce les projets de vengeance de sou père. Après avoir rassemblé une armée et une flotte nombreuses, il marcha contre la Grèce, semant la terreur sur son passage, fut arrêté un instant par Léonidas aux Thermopyles, puis arriva devant Athènes, qu’il réduisit en cendre : ;, après avoir massacré le peu d’habitants qui s’y trouvaient. Le reste, d’après le conseil de Thémistocle, s’était réfugié dans les îles vo.siues ou sur les vaisseaux, conformément i la réponse de l’oracle de Delphes, en vertu ds laquelle ils devaient chercher leur salut dans des murs de bois.

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À la nouvelle de cette effroyable invasion, la division se mit dans la flotte grecque, qui occupait alors le détroit de Salamine. Le conseil de guerre qui se tint dans cette circonstance fut des plus orageux, chaque chef soutenant son opinion avec opiniâtreté. Thémistocle, commandant de la flotte athénienne, prétendait que c’était une folie d’abandonner une position aussi bien choisie que celle de Salamine, étroite, resserrée, où l’ennemi ne pourrait trouver de place pour l’immense développement de sa flotte. Eurybiade, chef de la flotte lacédémonienne, était d’un avis contraire, et, dans la chaleur de la discussion, il s’oublia jusqu’à lever sur Thémistocle son scytale ou bâton de commandement, à Frappe, lui répondit froidement l’Athénien, mais écoute. » Cette modération de Thémistocle, qui est celle de l’homme supérieur convaincu qu’il a raison, émut Eurybiade, qui finit par se ranger à son avis, et ce fut le salut de la Grèce,

Cependant toutes les résistances n’étaient pas vaincues, et Thémistocle avait été averti que plusieurs des alliés grecs songeaient à éviter un engagement qui promettait d’être terrible. L’illustre Athénien paraà cette éventualité en faisant secrètement donner avis à Xerxès que la flotte grecque se préparait à se diviser et que, s’il perdait cette occasion de l’accabler d’un seul coup, il allait donner k ses ennemis la facilité d’éterniser la guerre. Le roi de Perse fut assez vain pour concevoir cette crainte, et il fit cerner Salamine par la multitude de ses vaisseaux. Dès lors la bataille devenait inévitable ; le but de Thémistocle était atteint.

Xerxès, pour encourager les siens, voulut être témoin de la lutte, du haut d’une éminenre voisine où il fit placer son trône. Il eût certes mieux fait de leur donner l’exemple du courage et de se tenir au milieu d’eux pour animer leurs efforts. La flotte des Perses était d’une supériorité numérique écrasante ; mais cette supériorité était annihilée, comme nous l’avons dit, par l’impossibilité de se mouvoir dans un si étroit espace ; elle avait en plus contre elle l’expérience, le talent des différents chefs grecs et le génie de Thémistocle. Celui-ci, en habile capitaine à la prévoyance duquel rien n’échappe, attendit, pour engager l’action, qu’un vent tout à fait contraire aux Perses et qui soufflait tous les jours régulièrement k la même heure commençât à se faire sentir. Alors il donna le signal de l’attaque. Les Perses, sachant que les regards de leur roi pesaient sur eux, s avancèrent avec toute l’impétuosité dont pouvaient être animés leurs lourds vaisseaux ; mais cette première ardeur se ralentit bientôt aux chocs terribles de la mêlée. La multitude do leurs vaisseaux, leur construction massive, le vent qui leur était contraire et dont ils ne savaient pas corriger le désavantage, tout concourut à jeter le désordre parmi eux dans ce lieu si étroit où ils ne pouvaient exécuter aucun mouvement ; tandis que, du côté des Grecs, toutes les évolutions s exécutaient avec mesure et régularité, inspirées par l’unité savante du commandement. Les ioniens, qui ne combattaient que malgré eux contre la Grèce, leur mère patrie, furent les premiers à prendre la fuite, et ils ne tardèrent pas à être suivis par le reste de la flotte. Ce fut une femme, la reine Artémise, qui, dans cette circonstance, donna l’exemple du courage aux Perses, dans les rangs desquels elle combattait. Elle se signala pur des actes de hardiesse si extraordinaires, que Xerxès, témoin de sa valeur, ne put s’empêcher de s’écrier : « Dans cette bataille, les hommes ont paru des femmes, et les femmes ont montré un courage d’homme. » Les Athéniens, irrités de ce qu’une femme avait osé venir les braver jusque chez eux, avaient promis dix mille drachmes à celui qui pourrait la prendre en vie. Artémise, ardemment poursuivie par des ennemis qu’animait le patriotisme et qu’alléchait l’espoir de lu récompense, leur échappa par un stratagème qui prouve bien les ressources inépuisables de l’habileté féminine. Se voyant sur le point d’être atteinte par un vaisseau athénien, elle arbora le pavillon grec, et, pour dissiper tous les soupçons, elle aborda un vaisseau des Perses et Je coula à fond. Ce qui mit le comble à son triomphe, c’est qu’elle sut admirablement concilier les soins de sa sûreté avec ses désirs de vengeance : ce vaisseau était précisément monté par un prince contre lequel elle nourrissait une haine mortelle. Grâce à sa ruse, elle échappa à la captivité.

Telle fut l’issue de la bataille de Salamine, une des plus célèbres, et ajuste titre, de l’antiquité. Elle mit le comble à la gloire des Athéniens, et surtout à celle de Thémistocle, qui en fut le héros.


Salamine (la), célèbre élégie de Solon, composée vers laxnvc olympiade, l’an 604 avant notre ère ; elle se ressent de la jeunesse ardente de 1 auteur. Les anciens, depuis Démostliène, ont raconté sans trop varier entre eux les circonstances qui présidèrent k sa composition. On connaît le récit de Plutarque dans la Vie de Solon. Les Athéniens disputaient depuis longtemps aux Mégariens la possession de Salamine, et la future puissance d’Athènes se trouvait alors tellement dans son enfance, qu’ils n’avaient pu arracher cette île à leurs voisins doriens, quelque insignifiant que fût leur empire. Les Athéniens

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avaient fait des pertes telles dans ces tentatives, qu’ils interdirent, sous peine de mort, de proposer dans leur assemblée publique la conquête de Salamine. Solon s’indigna d’une telle honte. Il voyait, d’ailleurs, que les jeunés gens, pour la plupart, ne demandaient qu’un prétexte pour recommencer la guerre, 1 mais qu’ils n’osaient s’avancer, retenus par ’ la crainte de la loi. Il imagina donc de con’ trefaire le fou et fît répandre dans la ville par les gens mêmes de sa maison qu’il avait perdu l’esprit. Cependant il avait composé en secret une élégie et l’avait apprise par cœur. Un jour, il sortit brusquement de chez lui et courut à la place publique. Le peuple l’y suivit, et là Solon, monté sur la pierre des proclamations, chanta son élégie qui commence ainsi : « Je viens moi-même comme héraut de la riante Salamine prononcer de’ vant le peuple un poème au lieu d’un discours, i 11 est clair que le poète feignait d’être un héraut de retour de Salamine, où il aurait été envoyé, et que, grâce à cette ruse, il eut l’occasion de peindre avec plus de force et de vivacité qu’il n’eût été possible en d’autres conditions la domination des Mégariens odieux aux Athéniens et les reproches tacites que sans doute bien des Salaminiens devaient faire aux Athéniens. « Ce poëme, dit Plutarque, contient cent vers d’une grande beauté. > Solon décrivait comme intolérable la honte qui serait le partage des Athéniens s’ils ne réussissaient pas à reconquérir l’île. « J’aimerais mieux être un barbare, et non plus un Athénien I Que ne puis-je avoir changé de patrie I Car à tout instant cette parole retentira parmi les hommes : « Celui que vous voyez, c’est un homme de l’Attique, un de ceux qui ont lâchement abandonné Salamine I • Et lorsque le poijte conclut par ces paroles : « Allons à Salamine, allons combattre pour cette île aimable et repoussons loin de nous un funeste déshonneur, « la jeunesse athénienne, saisie d’un transport d euthoubiasir.e, répéta tout d’une voix : • Allons à Salamine I » L’ancien décret fut rapporté ; une nouvelle expédition fut sur-le-champ résolue, et bientôt les Mégariens étaient chassés de l’Ile. Ainsi Solon, en comptant sur la puissance de la poésie, avait atteint son but.


SALAMINIEN, IENNE s. et adj. (sa-la-mini-ain, i-è-ne). Géogr. anc. Habitant de Salamine ; qui appartient à Salamine ou à ses habitants : Les Salamimens. La population SALAMINIENNE.

— s. f. Antiq. gr. Nom de l’une des galères sacrées des Athéniens, qui servait k ramener les généraux destitues et à porter tous les ans les offrandes à Délos.


SALAMIS s. f, (sa-la-miss). Acal. Genre d’acalèphes inédusaires, dont l’espèce type vit dans te voisinage des îles Moluques.


SALAMMBÔ, déesse babylonienne. V. Salambô.


Salammbô, roman, par M. Gustave Flaubert (Paris, 1863, in-8°). Après Madame Bovary, si M. Flaubert eut été un esprit vulgaire, il n’eût pas manqué d’exploiter la même veine et d’obtenir d’un public qui lui était tout acquis les plus faciles succès. Il a. voulu montrer sa force, son originalité, et l’on peut dire que son second ouvrage était inattendu : le peintre des mœurs bourgeoises se métamorphosttiten érudit, en antiquaire et, après un recueillement de quelques années, il nous apportait une résurrection de Carthage, telle à peu près qu’il est aujourd’hui possible de la reconstruire, en l’absence de presque tout document. Beaucoup de lecteurs et certains critiques ne lui ont pas encore pardonné cette audace.

Et cependant, que de talent, que d’inventions heureuses, que de brillantes qualités d’observation et de description ont été dépensés par l’auteur dans ce livre, qui a été une déception pour tant do gensl Ce quo Th. Gautier avait fait pour l’Égypte du temps de Moïse, dans le Roman de ta momie, pour la vieille civilisation assyrienne dans le Itoi Candaule, G. Flaubert essayait de le faire pour une civilisation moins ancienne, mais de laquelle les Romains, par une atroce jalousie, n’ont presque rien laissé subsister. 11 n’a pu baser ses restitutions que sur quelques lignes échappées aux historiens, sur quelques pierres éparses.

Le sujet du roman est cette guerre des mercenaires, qui suivit la première guerre punique et dans laquelle il fut commis de part et d’autre tant de cruautés, que Polybe 1 appelle la guerre inexpiable. L’historien grec dit peu de chose de plus, et ce peu même n’a pas servi à M, Flaubert, qui l’a dédaigné. Les mercenaires sont licenciés après un énorme festin, donné dans les jardins d’Huînilcar et décrit par l’auteur avec une profusion de détails, une richesse de décors fort remarquables, Mécontents de la république, ils se révoltent, sous le commandement du Libyen Mathô, une espèce de géant, de Goliath stupide et superbe, du Grec Spendius, esprit tin, délié, mais poltron, et du Numide Nurr’llavas. Après avoir failli s’emparer de Carthage par surprise, ils eu sont réduits à l’assiéger. Le siège et ses péripéties, le retour d’Hamilcar, détesté des nobles, mais qu’on rappelle de Sicile, vu l’extrême danger, sont le sujet des deux tiers du livre ; l’amour de Mathô et de Narr’Havas pour Salammbô,