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estre couverte de bois et de foiests stériles ; la terre ne produisoit nuls bons fruicts, et n’y avoit encore instruments quelconques pour labourer la terre, ny aucune" invention de bon esprit ; la faim ne nous laschoit jamais... ’ Tel est le (ableau du règne de Saturne peint par Plutarque, tableau d’autant plus curieux, qu’il contient l’explication des figures de ces Titans à la famille desquels appartenait Cronos et qui représentent la nature à l’état informe ou plutôt à l’état de formation incomplète. Il n’a pas manqué depuis Plutarque de bons esprits pour rejeter au nombre des fables absurdes cette d’un âge d’or primitif.

Les sciences naturelles et l’étude de l’histoire démontrent, en effet, que l’homme n’a pu s’élever au point où on le voit aujourd’hui qu’à force de travail et d’intelligence. L’hypothèse d’un âge d’or est donc absurde. L’âge d’or, s’il doit exister, sera dans l’avenir et ne saurait avoir existé dans le passé.

Cronos et Rhéa sont placés par quelques mythogmphes au nombre des douze grands dieux de 1 Olympe hellénique ; mais la plupart les en excluent pour mettre à leur place Hestia et Hephœstes. La prédominance absolue donnée à Zeus sur tous les dieux entraînait l’exclusion de Cronos, auquel il succède et dont le nom reparaît toujours à côté du sien : KfoviSiK, fils de Cronos. Jupiter a en effet revêtu tous les caractères de la puissance de Saturne et avant tout celui de dieu de la justice, malgré les réclamations théologiques contre le nouveau chef des immortels, vioç ■m-jii pmcipuv, contre le représentant de l’usurpation et de la tyrannie, dont le Promethèe encàainé d’Eschyle contient l’expression éloquente. Zeus conserve, en outre, dans la légende populaire, des caractèies naturalistes qui rapprochent sa figure de celle de Cronos ; c’est ainsi qu’il était invoqué comme le père des jours, des années et des saisons, comme présidant aux climats, aux intempéries de l’atmosphère ; comme dieu des ouragans et des

météores. D’un autre côté, la vieille mythologie de Cronos tendait, de plus en plus, à rentrer dans l’oubli. Fréret remarque qu’à l’époque hellénique il restait à peine quelques vestiges du culte de Cronos.

Il n’y avait qu’en Elide qu’on lui offrit encore des sacrifices. À Olympe se trouvait une colline qui portait son nom et sur laquelle les prêtres, nommés busiles (paiiiui), allaient lui offrir un sacrifice tous les ans, le jour de l’équinoxe, circonstance qui rappelle l’ulée d’un dieu solaire. Un mois de l’ancien calendrier lui était aussi consacré, le mois crouios, dont le nom lit place à celui d’hécatombéon quand le culte de ce dieu tuinba en désuétude.

Le dieu Salurnus, associé à Ops, jouissait en Ilalied’uneantiquepopularité. Une grande partie de la péninsule s’appelait dans les premiers temps Saturnia, et Den,) s d’Halicarnasse nous apprend que Saturne avait donné son nom à beaucoup de lieux et de villes.

Saturne, dieu masculin de la terre, préside aux semences, et son nom vient de satum, avec cette signification. Une inscription trouvée sur un vase antique nous donne son nom Sous la forme Satturnus. « Cette forme, dit M. Preller (les Dieux de l’ancienne Borne), est très-probablement la forme primitive, telle qu’elle s’écrivait avant la contraction. Saturne est le fondateur, le dieu de l’agriculture italienne dans son acception la plus étendue. La faucille, son attribut ordinaire, est une preuve de ce caractère universel. Toutes les inventions agronomiques remontent à lui, même celle du tumier. De là vient qu’au Lutiuni Saturne ou son fils Picus jouissent, sous le nom àéSterculus ou de Stercutus (diminutif de itérais, fumier), d’une considéra lion toute particulière. Enfin, il est considéré comme le représentant historique de l’agriculture et de ses bienfaits. Il a exerce une royauté légendaire jusqu’au jour où il s’est confondu avec le Cronos grec, émigré en Italie.

Il existe, à l’égard de cette assimilation, une légende très-répandue parmi les auteurs grecs et romains, qui rapporte l’expulsion de Saturne par son fils Jupiter, sa fuite, ses voyages, son arrivée au Lutiuin, qui lui servit de refuge et reçut de là sou nom historique (latere, se cacher). Ou racontait à Route que, venu par eau jusqu’au Jaiiieule, Saturne avait trouve auprès du roi Janus un accueil favorable et fixe son séjour sur l’autre rive du Tibre, au pied du mont qui devait être le Capitule. C’était en effet au pied de cette colfine, le Clivus Capitolinus, que se trouvait le temple de Saturne, vieil édifice dont on attribuait la cunstructiun tantôt à Janus, tantôt à Hercule. On parlait également d’une antique population saturnienne qui aurait habité la campagne et la ville ; aussi disait-on de ceux qui, fidèles à l’ancienne coutume, vivaient de la culture des champs, qu’ils restaient seuls de la race du roi Saturne. Le vieux vers italique, grossier, mais national, des poètes antérieurs à lùimus, le vers des oracles primitifs, s’appelait lu vers saturnien. Partout et toujours Saturne apporte avec lui une idée de culture et d’heureuse récolte ; son nom se rattache à tous les vieux souvenirs de prospérité et d’abondance que le peuple romain a conserves, comme tous les autres peuples, souvenirs auxquels tiennent surtout ceux qui souffrent et qui travaillent. Esclaves, valets et opprimés de toute sorte se rappelaient avec plaisir le

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bon temps du roi Saturne, temps d’abondance, d’égalité, de liberté commune. Saturne disparut, comme tous les rois bienfaiteurs des époques primitives, mais son culte lui survécut, intimement lié au culte de Janus, et les monnaies de ce dernier roi portaient sur une de le%rs faces le vaisseau qui avait amené Saturne eu Italie. Pour le culte de ce dieu, v. Saturne (temple de).

Le mythe de Saturne, qui n’est autre chose que le temps absorbant tout dans son sein, se prête aux grandes et fortes images et s’applique surtout aux bouleversements politiques dont sont victimes ceux-là mêmes qui les ont occasionnés. C’est ainsi que, dans-un beau mouveinentd’éloquence, le girondin Vergniuud a comparé la Révolution à Saturne gui dévorait tous ses enfants :

  • On a vu se développer cet étrange système

de liberté, d’uprés lequel on vous dit : « Vous êtes libres, mais pensez comme nous, ou nous vous dénonçons aux vengeances du peuple ; vous êtes libres, mais courbez la n tète devant l’idole que nous encensons, ou nous vous dénonçons aux vengeances du peuple ! i

Alors, citoyens, il a été permis de craindre que la Révolution, comme Saturne, ne dévorât successivement ses enfants. «

■ Je m’inscris, monsieur l’antipapiste, contre cette doctrine digne d’être censurée et qui met en révolution les Grecs naguère si tranquilles sous le gouvernement paternel des Turcs.

— Oui, paternel à la manière de Saturne. »

(Tablettes romaines).

« Le gouvernement représentatif ou parlementaire est certainement une belle conquête ; mais cette conquête est-elle bien conquise ou plutôt bien assise, et n’y a-t-il pus quelque chose d’effrayant à voir l’enfant né de Juillet, à peine sorti du berceau, plus insatiable que Saturne, dévorer en onze ans cinq parlements, dix-neuf ministères et une cinquantaine de ministres ? »

De Loménib.

« La philosophie allemande se meurt ; elle est morte après avoir, comme Saturne et la Révolution française, décoré ses enfants. Que sont devenus tant de systèmes qui se promettaient l’éternité, tant de solutions définitives du problème de l’univers ? »

Ed. QuiNiiT.

« Sophie !... Ah ! malheur et misère ! Le songe a fui rapidement,

Mon aine retombe a. la terre,

Tout n’est qu’erreur, isolement ! Maintenant morne et taciturne-, Loin de mes raves étouffants,

Je suis triste comme Saturne Qui vient d’immoler ses enfanta. •

Mirabeau.

— Iconogr. Les anciens représentaient Saturne sous les traits d’un vieillard, au front chauve, à la longue barbe blanche, courbé sous le poids des années et ayant la tête couverte d’une draperie. C’est ainsi qu’il est figuré sur un autel antique du musée du Capiiole, où Rhéa lui présente un caillou eminaillotté à la place de Jupiter. Le musée Pio-Clémentin possède une tète colossale de ce dieu, en marbre antique ; elle est couverte, au sommet, d’une draperie ou d’un voile relevé ; suivant quelques antiquaires, cet attribut, qui se rencontre sur d’autres monuments, s’expliquerait par cette circonstance que les Romains, en sacrifiant à cette divinité, se couvraient le haut de la tète seulement d’un pan de leur toge, tandis qu’en sacrifiant aux autres dieux ils se voilaient complètement. Le Louvre possède une figurine de bronze antique représentant Saturne barbu, debout, vêtu d’un grand manteau dont une extrémité lui voile la tête, tandis que l’autre est rejetée sur l’épaule gauche et enveloppe la partie inférieure du corps ; les pieds sont chaussés de sandales ; les deux bras manquent. Sur les monuments de l’antiquiié, Saturne tient ordinairement une faux recourbée eu forme de

serpe (faix). Macrobe nous apprend que ce dieu bienfaisant avait enseigné aux hommes à cultiver les.arbres fruitiers, et que la faux lui avait été donnée pour attribut lorsque lanus avait établi son culte en Italie. Quelque

— fois cette faux est armée de dents. Ajoutons que, d’ailleurs, les représentations antiques de Saturne sont rares.

Les artistes modernes ont pris le plus souvent Saturne pour la personnification du temps ; à ce titre, ils lui ont donné des ailes, et pour attributs, outre la faux, emblème de la destruction, un sablier dont l’écoulement indique celui des instants, et quelquefois un serpent se mordant la queue de manière à former un cercle, afin de marquer la perpétuelle révolution des mois et des minces (v. tkmps). Saturne a été souvent figuré parmi les représentations qui ont été fuites des planètes (v. ce mot) ; il est accompagné du signe du Sagittaire dans une mosaïque qui a été exécutée à Rome, d’après un dessin de Raphaël, et dont il y a une copie peinte à l’huile au musée de Madrid. Nous le retrou SATU

vons au musée de Cluny (n° 1003), dans une suite de grandes pièces d’émail représentant les Vertus théoloyales et les Planètes, exécutées en 1559, par Pierre Courtoys, pour la décoration extérieure du château de Madrid (bâti au bois de Boulogne par François Ier et achevé sous Henri II). Dans les représentations mythologiques des saisons, Saturne désigne ordinairement l’hiver ; il figure à ce titre dans la décoration d’une fontaine de Versailles, exécutée en inétal par Girardon, d’après les dessins de Ch. Le Brun ; il est entouré de petits enfants qui portent ses attributs accoutumés, et, d’une espèce de sac qu’il tient, il tire une pierre qu’il semble devoir dévorer. Jacques Blanchard avait peint, dans la galerie de l’hôtel de Bullion à Paris, Saturne dévorant ses enfants et Rhéa saunant Jupiter. Une estampe de Giulio Bonasone représente Saturne assis sur les nuages et dévorant un morceau de statue ; dans une gravure attribuée à Jordaens, le dieu, assis de même sur les nues, dévore réellement un de ses enfants. Cette dernière composition a de l’analogie avec un tableau de Rubens qui est au musée de Madrid et qui représente le vieux Saturne, appuyé sur un bâton, tenant un de ses enfants la tête en bas et lui arrachant avec les dents un lambeau de la poitrine. D’autres figures de Saturne ont été gravées par Cherubino Albei ti (d’après Polidoro Caldnraj, Franceseo Giovanni, Blootelingh, Michel Ostendorfer (1533), Giulio Campagnola, etc. Une eau-forte de Oiuseppe Diainantiui représente Saturne, Vénus et à A mour. Bernard Lépicié a gravé, d’après le Parmesan, Saturne amoureux de P/tilyre. Enfin, dans le jardin des Tuileries, est un groupe en marbre de Thomas Kegnauldin, Saturne enlevant Cybèle, qui décorait autrefois l’Orangerie du château de Versailles.

Saturne (templb de). Le temple de Saturne était situé au bas du mont Capitolin, sur le Forum, du côte de la ruche Tarpéienne, au débouché du Clivus Capitolinus. On croit que Tullu^ Hostilius ayant triomphé deux l’ois des Albius et une fois des Snbius consacra, par suite d’un vœu, un temple à Saturne, et que c’est alors pour la première fois que furent instituées à Rome les saturnales. Cependant Vairon, dans son sixième livre, qui truite des édifices sucrés, dit que ce fut le roi L. Tarquin qui passa un marché pour la construction du temple de Saturne dans le Forum et que le dictateur T. Lnrgius le consacra pendant les saturnales. Genius raconte aussi que le sénat décréta un temple à Saturne et que ■ ce fut le tribun militaire L. Fuiius qui fut chargé de l’exécution de ce monument. Quoi qu’il en soit, le temple de Saturne ne l’ut dédié que ver> l’an 255 de Rome, après la bataille du lac Regille. On pourrait voir dans cet hommage à l’antique dieu des Latins vaincus 1 intention de les attacher à leurs vainqueurs. Cependant, longtemps avant cette dédicace, Valarius Publicola, consul en l’an 245 ou 246, passe pour y avoir le premier fait établir le trésor public. Les Romanis, du Macrobe, voulurent que le temple de Saturne fût dépositaire du trésor public, parce qu’on raconte que tout le temps que Saturne habita l’Italie aucun vol ne fut commis dans ces contrées, ou bien parce que sous lui il n’existait pas encore de propriété privée, à II n’était permis, dit le poète, ni de marquer les champs, ni de les diviser par limites ; ou prenait au milieu du terrain. Voila pourquoi on déposa le trésor du peuple chez celui sous lequel tout avait été commun à tous. Il y avait sur le fuite du temple de Saturne des tritons en bronze, la trompette à la bouche, parce que depuis son époque l’histoire devint claire et connue parlante, tandis qu’elle était auparavant muette, obscure et mal connue, ce qui était figure par la queue des tritons plongée et cachée dans l’eau. » Il y avait un autel devant le temple de Saturne ; Macrobe nous apprend qu’on y sacrifiait la tête découverte selon le rit grec, parce que l’on pense que ce fut ainsi pratique dans le principe par les Pélasges. L’importance du temple de Saturne par rapport à la législation était grande, car un seuatus-consulte n’avait force de loi que lorsqu’il y avait été régulièrement dépose ; cette formalité essentielle était pour les Romains ce qu’est pour nous l’insertion au Bulletin des lois. À Rome, où le caractère religieux se montrait partout, la plupart des magistratures avaient un temple qui leur était spécialement affecté ; ainsi les censeurs conservaient leurs registres duns le temple des Nymphes, et les édiles étaient attachés au temple de Cérès. Les questeurs étaient attaches au temple de Saturne, parce que là se trouvait le trésor public (erarium) et qu’ils étaient chargés de plusieurs soins qui concernaient ce trésor, par exemple de fournir à la dépense des envoyés étrangers que la république défrayait dans le gi aecostase. La principale fonction des questeurs était donc de veiller au trésor de l’État et aux séuatus-consultes déposés dans le temple de Saturne. La questure était la moins élevée des magistratures ; cependant ou paraît avoir voulu la relever par quelques prérogatives. Ainsi c’était entre les mains des questeurs. que la plupart des magistrats prêtaient serinent devant le temple de Saturne, dieu de la bonne foi antique de l’âge d’or. Enfin les serviteurs publics attaches aux questeurs devaient se présenter devant le temple de Sa SATU

turne la jour où ces magistrats entraient en charge ; ce jour n’était pas le même pour eux que pour les consuls. Le trésor public resta fort longtemps déposé dans le temple de Saturne. I ! y était encore du temps de Plutarque ; il n’y a donc aucune raison de supposer, comme a fait Becker, qu’il fut transporte dans le tubularium, c’est-à-dire dans les«rehives. Même après l’érection du tabul <rium, on voit dans la Vie d’Auguste de Suétone des sénntusconsultes portés à l’sernrium ; peut-être considérait-on le premier comme une dépendance du second, ce que leur proximité peut expliquer. On put y transporter les tables des édiles, qu’on dit avoir passé du temple de (Jures au Capitole, .car le tabularium était sur le Capitole ; mais le trésor resta toujours dans le temple de Saturne. C’est là que César, à son retour des Gaules, le trouva et le vola. Le temple de Saturne était à la fois consacré à Saturne et à Ops (v. Ops et saturnales), la déesse de la richesse. On voit dans Cicèrou que quelquefois, loi^qu’il s’agissait du trésor, on l’appelaitsimplemeiit le temple d’Ops. Duns la partie la plus secrète du teinplu était le trésor plus saint, sanctius xrarium, où l’on mettait à part le produit de l’impôt appelé le vingtième et dont on ne devait se servir que dans les plus grandes nécessités-, ce fut celui que le consul Lentulus ouvrit avant de quitter Rome ; niais il en restait un autre plus considérable que personne n’avait encore jamais ouvert et dont César fit briser la porte, malgré la résistance de Métellus. Le temple de Saturne fut réédifié au temps d’Auguste par Munatius Plnncus, l’un des consuls de l’an 711 de la fondation de Rome. Devant la façade se trouvait la statue de Sylvain dont parle Pline. Il ne reste plus aujourd’hui aucun vestige du temple do Saturne, ni de l’area et de l’autel de Saturne qui étaient situés tout près du tabularium du peuple, à l’entrée du Vieus Jugarius. Un fragment d’un ■ plan de marbre sur lequel on lit Cp reste n’in| scription, vrni, prouve que i’area de S i-I turne Hinit à l’une des extrémités de la basilique Julia.

SATURN1 A, village du royaume d’Italie, province de lirossetto, mandement et a 11 kilom. N. de Manciano, sur i’Alb<-gna. Buinsd’eaux thermales (30» Réaumur) sulfureuses et minérales. Restes de murs cyclopéens.

SATURNIEs. f. (su-lur-nl — de Saturne, —nom myihol.). Enioni. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, de la tribu des attacides, réuni par plusieurs auteurs au genre utucus : La saturnik du poirier est te plus grand de tous tes lépidoptères d’Europe. |Ii. Lucas.)

— Encycl. Les saturnies, désignées aussi par quelques auteurs sous le nom d’attacus, sont caractérisées par un corps très gros, trapu et raccourci ; des antennes courtes, peotinées dans les deux sexes, mais à dents beaucoup plus longues chez les u.âles ; les palpes courtes, très-velues ; la trompe vudimeutaire ou nulle ; le corselet arrondi et laineux ; les ailes très-lurges, portant au ceutro une tache ocellée et souvent diaphane, étendues presque latéralement, les supérieures laissant à découvert les inférieures. Les chenilles sont mussives, très-grosses, cylindriques, glabres, munies de tubercules surmontés d’un petit bouquet de poils divergents. Les chrysalides sont renfermées dans un cocon ovoïde ou [liriforme, allonge, d’une substance grossière, très-forte et comme gaufrée.

Ce genre comprend un assez grand nombre d’espèces, indigènes ou exotiques, remarquables surtout par leur grande taille et leur abondance. Parmi les espèces étrangères, quelques-unes ont été et sont encore l’objet plus ou moins heureux n’uceliinaiations. La plus intéressante des espèces i..-’. • gènes est la saturnie du poirier, vulgairement nommée grand paon de nuit. Ce lépidoptère, le plus grand de tous ceux qui sont propres à l’Europe, atteint jusqu’à om, U d’envergure ; sou corps est brun, avec tout le devant du corselet blanc roussâtre et les anneaux de l’abdo.nen gris cendre ; les ailes, arrondies, d un gris brunâtre, nébuleux, avec l’extrémité noirâtre, terminée par une bordure d’un gris clair, ont, vers le milieu, dans un cercle noir, un œil nuir, à prunelle en croissant, presque transparente, et à à is d’un fauve obscur, avec un demi eeivle blanc, entouré d’un demi-cercle d’un rouge pourpre ; la face inférieure des ailes a une teinte générale plus claire. Cet insecte est répandu dans toute l’Europe centrale ; en France, il ne dépasse pas, vers le nord, le i&o degré ; les individus qu’on trouve dans le midi sont plus grands et d’un coloris plus vif. Ce papillon a le vol très-lourd et ne sort que la nuit.

La chenille de cette espèce, dans son premier âge, est d’un brun foncéf avec les tubercules roussàtres, devenant jaunes, roses, filas, en même temps que la teinte générale s’éclaircit à chaque mue successive. Arrivée au terme de sou développement, cette chenille est longue de près 0^,1, large à proportion, d’un beau vert pomme, à tubercules bleus, surmontés de poils noirs, avec des pattes écailleuses, d’un rouge ferrugineux. Elle vit sur des arbres d’essences tiès-diverses, tels que l’amandier, faune, le frêne, l’orme, le poirier, le pommier, le prunier, etc. Vers le mois d’août, su teinte passe au jaune sale, signe d’une métamorphose prochaine ; elle quitte alors l’arbre qui l’a nourrie et