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haute importance pour le chirurgien, qui peut être appelé à lier l’artère sous-clavière. Les tcalènes agissent différemment suivant qu’ils prennent leur point d’appui sur la colonne vertébrale ou sur les côtes ; dans le premier cas, ils relèvent la première et un peu lase : conde côte ; dans le second, ils inclinent le cou du côté où ils se contractent.

SCALENGHE, bourg du royaume d’Italie, province de Turin, district de Pignerol, mandement de Vigone ; 4,263 hab.

SCALÉNOÈDRE adj. (ska-lé-no-è-dre— de scalène, et du gr. edra, face). Miner. Se dit des cristaux dont les faces sont des triangles scalènes.

SCALETTA-ZANGLEA, bourg du royaume d’Itulie, dans la Sicile, province et district de Messine, mandement d’Ali, près du petit cap de son nom, sur le phare de Messine ; 1,122 hab. Jadis titre de principauté.

SC ALI DIE s. f. (slta-li-dt — du gr. skalis, sarcloir ; idea, forme). Entom. Genre d’w- sectes coléoptères tétramères, de la famille des cueujipes, tribu des parandriniens, dont l’espèce type rit dans l’Amérique du Sud. . SCALIE s. f. (ska-11 — du gr. skalis, sarcloir). Bot. Syn. de podolépis, genre de composées.

SCALIGER (Jules-César), célèbre philologue et médecin italien, né à Padoue en 1484, mort à Agen en 1558. Il était fils d’un peintre en miniature nommé -Benedetto Bordoni et prétendait descendre de la famille des princes de I, a Scala. Cette origine, violemment attaquée par Scioppius et d’autres, est justifiée dans le mémoire de J.-J. Scaliger : De splendore et vetustale gentis Scaliye/-i, et a été officiellement reconnue par l’université de

Leyde. Mais c’est un pur roman. J.-C. Scaliger poria le nom de Bordoni longtemps avant d’avoir l’idée de prendre celui de Délia Scala, latinisé en Scaliyer, et on a conjecturé que son père avait tout simplement à Venise un atelier à l’enseigne de l’Echelle (scalti). Humilié de cette obscure origine, Scaliger se donna pour aïeul Benedetto délia Scala, descendant des princes de Milan, qui commandait en Hongrie les trouves de Matthias Corvin. Du bonhomme de peintre qui avait été son père, il fit un valeureux homme de guerre, tué à la bataille de Kavenne, et il se donna lui-même comme ayant été, dans sa jeunesse, un capitaine d’aventure. Comme on ignore les-quarante premières années de sa vie, il est possible qu’il ait été, comme il le dit, soldat de Maximilien et de François Ier. Il raconte aussi qu’il voulut entrer dans les ordres « afin de devenir pape, -» et qu’il se fit recevoir dans un couvent de franciscains ; mais que les austérités de la discipline le dégoûtèrent.

Quoi qu’il en soit, il mena jusqu’en 1515 ou 1520 la vie la plus aventureuse. Vers 1515, plongé dans une profonde misère, il étudiait la théologie et la philosophie à Bologne ; il avait trente ans et voulait réparer ce que son instruction avait de tout à fait insuffisant. À Turin, il se lia intimement avec un médecin de l’armée française et se mit à étudier la médecine. À cette époque, on en était encore réduit aux préceptes des auteurs grecs qui avaient écrit sur la matière. Il n’hésita point à apprendre le grec et travailla avec acharnement. En 1525, Antoine de La Rovère, évêque d’Agen, le prit comme médecin et l’emmena dans sa rés’mence épiscopale. A l’âge de quarante ans, il devint amoureux d’Audiette de Roques, qu’il épousa trois ans plus tard, après avoir été reçu docteur par l’université de Padoue. Ce fut aussi l’époque où il publia ses premiers ouvrages, ses invectives contre Érasme à propos de Cicéron, et qu’il commença sa remarquable série de commentaires sur l’histoire naturelle telle que l’avaient comprise les anciens, At-istote et Théophraste. Infatigable au travail, quoique déjà parvenu à un âge avancé, il apprit plusieurs langues, et la variété comme la solidité de ses connaissances font encore l’admiration des savants. D’une taille au-dessus de la moyenne, fortement bâti et très-adroit, il unissait a ces qualités physiques une intelligence d’élite. Sa vanité était devenue

proverbiale. On lui reprochait aussi l’âpreté et la violence de.sa polémique. De ses anciennes habitudes de soldat, il conserva toujours une humeur batailleuse ; mais, au fond, il était bon, franc et loyal. Sa mémoire prodigieuse le servait admirablement ; tout en pratiquant les sciences médicales et naturel- ; es, en écrivant quelques centaines de vers pour se délasser, il aspirait & la renommée de savant universel et justifia jusqu’à un Certain point cette ambition. Cependant son siècle a peut-être exagéré son mérite. Aujourd’hui, on l’apprécie surtout pour la clarté do son style latin et pour ses travaux sur la grammaire. Il rendit aussi un service important à la botanique en montrant la nécessité d’abandonner la classification des plantes par leurs propriétés et d’adopter un système fondé sur leurs formes et leurs caractères distiuctifs.

Parmi ses nombreux ouvrages, il faut surtout citer : Exotericarum exercitationum liber (Paris, 1557, in-4»), traité de philosophie dirigé contre Jérôme Cardan ; Heroes, recueil d’épigrammes concernant les grands hommes de l’antiquité (Lyon, 1539, in-4o) ; De comicïs dimensionibus (Lyon, 1539, in-8o).

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On vante beaucoup et l’on reproduit encore ses commentaires critiques et ses annotations des ouvrages d’Aristote : Deplantis et historia animali’un (Paris, 1556, in-4») ; ses commentaires de Théophraste : De causis plantarum et historia planlarum (Genève, 1566, in-fol.), et ses Commentarii in Hippocratis librum De insomniis (1538, in-8o). De causis lingvx latins (Lyon, 1540) est le premier ouvrage de grammaire qui soit écrit à un point de vue philosophique ; on peut en rapprocher la Disputatiodeanalogia linguxlatins (1591) ; ces deux ouvrages, jugés d’une façon fort diverse par les savants, ont conservé une véritable valeur et ont préparé la tâche de de Scioppius et de Sanctius. Poetices tibri VII (1561) est le plus savant travail qu’on eût encore vu dans ce genre et qui contient une foule de remarques grammaticales et philologiques qui supposent une étude approfondie des auteurs anciens. Les ennemis de Scaliger l’accusèrent d’avoir commis un plagiat et d’avoir puisé ce livre dans les papiers de Rhodiginus ; le fait est invraisemblable ; la critique de son propre fils sur cet ouvrage est plus juste ; il fait observer que son père avait préféré à tort certains postes plus récents aux plus anciens, et même à Homère. Mais c’est dans l’esprit des premiers humanistes qu’il faut chercher l’explication de ce jugement ; en général, ils n’étaient pas capables de comprendre le génie naïf des anciens temps de la Grèce. Ses écrits dans la polémique soulevée par le Ciceronianus d’Erasme sont intitulés : Orationes dus adversus DesideriumErasmum eioquentw romanes vindices (1531-1536). On a encore de lui des traductions latines d’auteurs grecs, des dissertations, des poésies latines assez médiocres ; enfin des Lettres, fort intéressantes pour l’histoire littéraire de l’époque.

SCALIGER (Joseph-Juste), célèbre philologue et humaniste, fils du précédent, né à Agen en 1540, mort à Leyde en 1609. II était le dixième fils de Jules-César Scaliger, qui en eut quinze. À douze ans, il suivait les cours de l’école de Bordeaux, d’où il fut chassé par la peste. Dès l’enfance, on remarqua chez lui des aptitudes extraordinaires et une Intelligence hors ligne. À la mort de son père, il vint à Paris pour apprendre le grec sous la direction de Turnèbe ; mais, au lieu d’être élève, ce jeune homme de dix-ïieuf ans devint le maître de son professeur et lut avec lui dans l’ordre chronologique tous les auteurs grecs, à commencer par Homère ; c’était en même temps parcourir toute l’histoire littéraire de la Grèce, de la façon la plus originale. Les impressions se gravaient immédiatement dans son esprit et se classaient dans leur ordre naturel. Puis il étudia toutes les langues anciennes et modernes, les idiomes de l’Orient comme ceux de l’Occident. En même temps, il se mettait au courant des sciences exactes. Pris en affection par M. de La Rochepozay, il devint précepteur de ses enfants (1563) et accompagna dans ses voyages en France, en Allemagne et en Italie celui de ses fils qui fut plus tard évêque d’Agen. Joseph Scaliger habita longtemps le château de son généreux protecteur, près de Tours, vivant fort simplement, tout entier à ses recherches érudites. Sa situation devint cependant pénible lorsqu’il embrassa la religion réformée. Beaucoup de ses anciens amis l’abandonnèrent. En 1593, les états de Hollande

l’appelérent à la chaire occupée jusqu’alors par Juste-Lipse à l’université de Leyde. Ils sollicitèrent même l’intervention de Henri IV auprès de Scaliger. Le roi hésita d’abord. D’une part, il aurait voulu retenir en France un savant aussi illustre ; d’un autre côté, la crainte de mécontenter les catholiques lui imposait une certaine réserve. Il aurait voulu que Scaliger fît quelque démarche pour obtenir une position en France. Mais ce dernier resta muet, et le roi lui envoya enfin le sauf-couduit dont il avait besoin pour passer en Hollande. Là, il ne changea rien à ses habitudes ; il vécut paisiblement dans le silence de son musée (c’est ainsi que les savants d’alors appelaient leur cabinet de travail), préparant ses cours ou ses grands ouvrages. Ses leçons n’eurent pas seulement du succès ; elles produisirent les fruits les plus heureux et placèrent pour longtemps la Hollande à la tête des études philologiques.

On rendit à sa mémoire un éclatant hommage. Personne plus que lui, à son époque, n’a fait avancer plus loin la’science, ne l’a élevée plus haut. Pourtant sa gloire, peut-être exagérée par ses contemporains qui l’appelaient un abîme d’érudition, l’océan des sciences, le dernier effort de ta nature, n’est point assez appréciée en France, et les étrangers rendent mieux justice à son génie ; en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, on n’a jamais cessé de le considérer comme le plus grand des philologues, comme un de ces esprits universels qui font époque et ouvrent à la science des horizons nouveaux. Comme il était arrivé pour Casaubon et Saumaise, l’intolérance religieuse le força de s’exiler de sa patrie.

D’un caractère vif et emporté, esprit essentiellement critique, il s’est exprimé quelquefois d’une manière très-mordante contre les adversaires de la science et du libre examen. Sa critique rationaliste de la Bible et des f ères de l’Église lui valut la haine acharnée des jésuites, et sa verte manière d’avoir rai SCAL

son lui fit autant d’ennemis qu’il rencontra de contradicteurs.

Le vrai jugement sur ce savant a été porté par Niebuhr : « Scaliger, dit-il, est arrivé aux sommets de la science philologique universelle et vivante ; on ne la point surpassé depuis. Dans toute espèce de science, il est à une telle hauteur, qu’en toute matière il peut comprendre, apprécier et utiliser les faits d’après son propre jugement. À côté de lui Saumaise n’est qu’un erudit ; et pourquoi donc la France ne revendique-t-elle pas son nom comme égal à celui de notre Leibniz 7 » Au lieu de l’apprécier, on répète toujours les mêmes phrases sur sa vanité, sur ses prétentions nobiliaires, son emportement, etc. Mais ce qu’on laisse dans l’ombre, c’est le caractère foncièrement honnête, le cœur tout affectueux qui percent à chaque ligne dans sa correspondance. Cet homme, qu’on nous représente comme jaloux de ses émules, eut toujours avec Casaubon les relations les plus amicales, à peins refroidies un seul instant par les discussions scientifiques. Il suffit de lire la lettre par laquelle il l’invite à lui faire une visite à Leyde pour voir de quels sentiments d’affection et d’estime il était animé vis-à-vis de cet ami. « Tu verras, lui dit-il, si tu peux venir en plein hiver. Nous le chasserons d’ailleurs en faisant un bon feu, qui ne manquera jamais dans ta chambre, que j’ornerai exprès pour toi ; pourtant ce sera toi qui en seras le principal ornement. • Scaliger resta toujours très-simple dans ses mœurs, et il disait qu’il avait toujours eu la pauvreté pour compagrie. Il ne se maria point.

L’importance de ses travaux est considérable -, non-seulement il exerça avec succès la crique des textes, mais il fut le créateur de la numismatique et de l’épigraphie, établit sur des bases plus solides la chronologie et ouvrit ainsi aux études classiques et à l’histoire un domaine plus vaste et des voies plus nouvelles. Il suffit, pour s’en assurer, de parcourir rapidement la longue série de ses ouvrages en s’arrêtant sur les plus importants. Jeune encore, il s’essayait dans la poésie et le draine ; on cite entre autres une tragédie, Œdipe, qu’il brûla plus tard comme indigne de l’impression. Dans ses traductions d’auteurs grecs en latin, notamment dans celles de Lycophron et des Hymnes orphiques (1566, iu-40), on est frappé du talent avec lequel il a su reproduire le style archaïque et Je ton mystique de l’original ; on n’admire pas moins l’Ajax de Sophocle et les Epigrammes d’Agathias. Il a aussi traduit du latin en grec quelques poètes, Maniai entre autres. On accorde cependant encore plus de valeur à ses éditions et aux notes qu’il a fournies sur les auteurs anciens. Les Conjectanea in M. Terentium Vurronem (Paris, 1565), travail de sa vingtième année ; ses notes sur Verrius Flaccus et Pompeius Festus (Fesius, de verborum significaiioue, Paris, 157C, in-8») ont trouvé beaucoup de contradicteurs, mais on y remarque déjà les qualités du grand philologue. Dans ses ouvrages sur les anciens poètes, il montre un esprit plus net, une méthode plus assurée. On y trouve beaucoup de choses bonnes à noter, par exemple, dans ses Emendaliones in Theocritum, liionem et Moschum ; dans ses Conjeclanea in Nonni Dionysiuca et dans Astrampsychi Oneirocrilicon (Paris, 15S9). Le ■ Stromaieus prooerbiorvm (Paris, 1593) est un choix de proverbes grecs traduits en vers latins, dédié à Claude Dupuis. Parmi les prosateurs grecs, il a édité Hippocrute, De capitis vutueribus (1578) et les passages les plus difficiles de Galten, jf-oci difficittimi Galieni explicali (Leyde, 1623). Ses Nutx in Novum Testumentum ont été reproduites dans l’édition de Théodore de Bèze. Entre les poëtes latins, il a donné : Catulle, Tibulle et Properce (Paris, 1577) ; M. Manilii, Astronomicon, avec des prolégomènes ; le texte est corrigé en beaucoup d’endroits avec une grande perspicacité ; Notte in Senecs trageeaias. Le premier, Scaliger s’est donné la peine de recueillir les anciens commentateurs de Perse, que Pierre Pithou reproduisit dans son édition (Paris, 1584). Sur le texte d’Ausone, on a de lui Lectionum Ausoniarum libri duo (Leyde, 1574 et Heidelberg, 15S8). Citons enfin dans cette série ses notes sur Tertullien : De pallia, et son édition de Jules César (Leyde).

Ses travaux sur l’épigraphie et la chronologie sont encore plus remarquables que ses ouvrages de critique sur l’untiquité. Il publia d’abord quelques dissertations sur des points particuliers.- De xquinoctiorum anticipations ; Cyclometrica elementa ; Mesolabium, etc. ; ces essais sont surpassés par son Opus de emendatione temporum (Paris, 1583, in-fol. ; Leyde 1598), dans lequel la science chronologique est pour la première fois établie sur des bases solides par la détermination exacte de l’ère julienne. Toutes les manières de compter le temps dans l’antiquité (olympiades, ère varronienne, ère capitofine), puis dans le moyen âge, y sont calculées avec soin ; aussi trouve-t-on cet ouvrage cité dans un grand nombre d’auteurs qui ont écrit depuis sur l’histoire. Il fut violemment attaqué par le Père Petau et par

David Parœus, dont le premier, plus fort mathématicien que Scaliger, n’eût cependant pu

donner une nouvelle impulsion à la science, sans l’aide de son devancier, à qui ap SCAL

partenait l’idée première de la méthode a suivre. Il faut rattacher a ce travail l’opui-Cule intitulé : OXuiiitiàSwv àva-[fa ?ii[ ou Série des olympiades (rééditée à Berlin en 1852) quo quelques critiques ont pris pour un livre d’origine antique, et le Thésaurus temporum, complectens Eusebii Pamphili chronicon, etc., et auctores omnes derelicta ab Eusebio continuantes (Leyde, 1606). Avec son coup d’œil si juste, Scaliger avait deviné que nous ne possédions de la fameuse Chronique d’Eusèbe qu’un extrait fuit par un Grec qui n’avait conservé que les faits les plus importants, et qu’en outre cet extrait lui-même présentait plusieurs lacunes dans le seul manuscrit qu’on en possédât. Il se mit alors à réunir dans les divers auteurs les données nécessaires pour combler les vides, et réussit au delà de toute attente, comme l’a prouvé, deux cents ans plus tard, la publication de la version arménienne de cette même Chronique. Il a également montré la voie en numismatique par VExpositio numismatis aryentei Constantini Aluyni (Leyde, 1C04), et par lo traité De re nummaria liber posthuvius éditus a Snellio (Leyde, 1616). Mais H mérite surtout l’admiration pour avoir su découvrir en Gruter le travailleur capable de réunir eu un seul corps le recueil de» inscriptions latines (Thésaurus inscriptionum lalinnrum, Heidelberg, 1602) ; il livra à cet érudit les nombreux textes dont il avait pris copie dans ses voyages et rédigea lui-même les vingt-quatre tables alphabétiques qui seules donnent à ce volumineux ouvrage une valeur pratique, qui en facilitent l’usage et permettent de tirer parti pour l’histoire des matériaux si précieux contenus dans ces inscriptions (Leyde, 1593, in-fol.). Scaliger ne s’enferma jamais étroitement dans une spécialité. Une des sciences dans lesquelles il était le plus versé et dont la connaissance lui facilitait en échange l’intelligence des institutions et des auteurs romains, c’est la jurisprudence romaine. Il critiqua sous un nom supposé un livre fort en vogue d« l’Italien Robert Titus : Yvonis Villiomuri Areinorici in tocos controverses Uuberti l’iti animaduersiunum liber (Paris, 1586). Ceite critique fut suivie d’une discussion assez vive, et le volume fut successivement augmenté de diverses répliques.

Après la mort de Scaliger, on trouva dans ses papiers un autre écrit contenant des observations juridiques et critiques sur Hamenopoulos et qui a été publie dans le Thésaurus de Meermann (t. VIII). C’est, du reste, surtout dans ses œuvres^ posthumes, dans mille petits opuscule* (Jusepht Scaliyeriopuscula varia uuiehac non édita, Paris, 1610 et Francfort, 1612) qu’on admire la variété incroyable des cuiinaissances de cet homme, la facilité merveilleuse avec laquelle il élucide les questions les plus obscures et les plus difficiles, allant droit au but, saisissant les côtés par où l’on peut arriver à une solution et trancher le nœud. On lui a reproché quelquefois d’être trop hardi, et, eu effet, il accordait, dans certains cas, une place trop grande à la conjecture ; mais bien rarement il s’est trompé lorsqu’il s’agissait de mettre le doigt sur 1 erreur et sur les passages falsifies. Il reconnaît lui-même, dans nue de ses lettres, qu’il savait encore mieux découvrir la maladie (des textes) que la guérir.

Quant à ses lettres, elles sont un vrai trésor. Le Père Petau lui-même, qui n’était pas prévenu en faveur de Scaliger, les appelait des • épi très divines. ■ C’est l’un des monuments les plus précieux pour l’histoire littéraire du xvie siècle. Le nombre de leurs éditions prouve d’ailleurs l’immense intérêt qu’elles présentent. On en a deux recueils distincts : l’un comprenant les lettres françaises, dont la plupart lui sont adressées par ses amis ou les savants avec lesquels il correspondait (Epistres françaises des personnages illustres et doctes à M. Joseph-Juste de La Scala, Harderwyck, 1624), où i on trouvera, entre autres, les lettres de Henri IV que nous avons mentionnées plus haut, ainsi que celles des États de Hollande ; le second, consacré aux lettres latines, est presque tout entier de lui (Jos. Scatigeri epistolx omnes, Leyde, 1627 ; Francfort, 1028). Ou admire, en la" lisant, la simplicité et l’éle^ance de l’expression ; on est étonné du rôle important que jouait à cette époque ce savant favorisant partout les bonnes études, recevant de toutes parts des demandes de conseils et des encouragements. Lui-même avait d’ailleurs le

sentiment de sa valeur. Il nous dit : • Ma destinée est d’être né non pour moi, mais pour tous. » On a cru le déprécier en assurant qu’ « il avait trop d’esprit et de savoir pour faire un bon commentateur ; » mais il eût été le premier à signer ce jugemi-nt. C’est son influence, qui était immense, qu’on n’a pas su apprécier ; et Bernharily avait raison de dire que peu d’hommes n’tiutunt de mérite avaient été aussi méconnus. Dans ces dernières années seulement, il a trouvé un biographe digne de lui dans M. Beruays : J.-J. Scaliger, sa vie et ses œuvres (Berlin, 1855, in-8o ; en allemand). M. Ch. Nisard, dans son Triumvirat littéraire (1852, in-12) où Scaliger est présenté à son désavantage, s’est beaucoup trop inspiré des Scaligerana, qui sont loin d’avoir une grande valeur.

Seallgerana, recueils d’anecdotes concernant Joseph Scaliger. Il y en a deux, que l’on distingue dans l’histoire littéraire et, premier