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SENN

Les ravages qu’elle causa furent tels, que Sennachérib battit en retraite avec ce qui lui restait de troupes, et les chefs des Juifs annoncèrent au peuple que les Assyriens venaient d’être en partie exterminés par un ange envoyé par Dieu. Le roi d’Assyrie retourna à Ninive, qu’il avait restaurée et considérablement embellie. Il y fut assassiné peu après par ses deux fils. M. Layard a découvert, en 1851, le Koyoundjek, palais bâti par Sennachérib.

SENNE ou SEINE s. f. (sè-ne). Pêche. Grand filet employé dans la pèche fluviale.

— Encycl. V. SEINE.

SENNE, rivière de Belgique, province de Hainaut. Elle prend sa source au S.-E. de Soignies, passe à Bruxelles et se jette dans la Dyle, près de Malines, après un cours de 100 kilom.

SENNEBIÈRE s. f. {sè-ne-biè-re — de Senebier, savant genevois). Bot. Syn.d’ocOTEA, genre de laurinées.

SENNECEY-LE-GRAND, bourg de France (Saône-et-Loire), eh.-l. de cant., arrond. et à 17 kilom, S. de Chalon-sur-Saône, près de la Saône ; pop. aggl., 1,783 hab. — pop. tôt., 2,709 hab. Magnaneries, huileries, commerce de bétail. Ruines d’un ancien château ; nombreuses antiquités gallo-romaines, au hameau de Sens.

SENNEFELDER. V. Senekelder.

SENNEFELDÈRE s. m. (sènn-ne-fèl-dè-re

— de Sennefelder, savant allemand). Bot. Genre d’arbres, de la famille des euphorbiacées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent au Brésil.

SENNEH, ville de Perse, dans le Kourdistan, à ICO kilom. N. de Kirmanchah ; 15,000 hab. Résidence d’un gouverneur. Commerce de tissus de laine, armes et bestiaux.

SENNEN, village d’Angleterre, comté de Cornouailles, district rie Penwith, situé sur l’Océan, à l’extrémité d’un promontoire désigné sous le nom de Land’s End (fin de la terre) ; Sennen répond, en effet, à notre Finistère ; 959hab. Station de garde-côtes ; pêche. Sennen possède une église forte ancienne ; son porche est composé d’une ogive tellement basse, qu’on n’y peut pénétrer que comme dans une sorte de cave. Mais la grande curiosité de l’endroit est le Land’s End, connu des Romains et désigné par eux sous le nom de Bolerium. « Il se compose, dit M. Alphonse Esquiros, de rochers de granit en forme de colonnes ou de piliers, et présente tout d’abord une physionomie singulièrement imposante. Battu éternellement par les vagues, il se dresse avec une majesté sauvage au-dessus des solitudes de l’Atlantique... On y pénètre à travers des remparts successifs de rochers se dressant les uns derrière les autres, sur un terrain qui s’abaisse et se relève alternativement. De la dernière plate-forme qui couronne cette forteresse, bâtie par la nature pour supporter tout le poids de l’Océan, le regard s étend sur un espace illimité. On n’a devant soi que le ciel, l’eau, tes nuages. Nul spectacle au monde n’est plus fait pour donner une idée de la grandeur et de l’infini que cette mer immense se déployant à perte de vue autour de cette masse de rochers, empilés les uns sur les autres dans un désordre sublime. Par les temps calmes, cette scène est pleine de majesté. Par les temps d’orage, elle est terrible. Toute une multitude de vagues se précipite et se brise en écumant contre la base inébranlable du promontoire. » Les formes étranges affectées par la plupart des rochers qui entourent le Land’s End leur ont valu les surnoms de Chevalier armé (Armed Kniyht), de Tète du docteur Johnson (Doctor Johnson llead), de Flèche (Spire) et d’Irlandaise (Irish lady) ; le plus bizarre de ces rochers reproduit d’une manière aussi grotesque que gigantesque les traits d’un vieux maître d’école, d’où le nom de Tête du docteur Syntaxe. À deux milles environ du Land’s Eud, un pic.de granit se dresse j, daûs la mer, dominé par un phare bâti ou pour mieux dire vissé sur le roc. Ce phare, en granit également et construit par Smith, date de 1797. Il mesure à peu près 15 mètres de hauteur et s’élève environ de 20 mètres au-dessus des flots, en y comprenant sa base. Suivant une tradition, le Land’s End aurait été relié autrefois aux îles Scilly par une langue de terre appelée Lionnesse, qui aurait été balayée par une inondation soudaine. Toujours est-il que la nier qui s’étend entre l’Angleterre et les îles Scilly porte encore aujourd’hui le nom de Lethowsow ou de Lioness. Les rochers qui s’élèvent maintenant dans cette mer ont même été considérés par quelques savants comme les derniers débris d’une contrée disparue. Parmi ces rochers, il en est un, situé à 8 milles du rivage, et nommé le Wolf (loup), sur lequel on a construit un phare.

SEKNER v. n. ou intr. Pêche. V. seiner.

SENNERT (Daniel), célèbre médecin allemand, né à Breslau en 1572, mort à "Wittemberg en 1637. En 1593, il fut envoyé à Wittemberg pour faire des études philosophiques auxquelles il consacra quatre années. Au bout de ce temps, il commença l’étude de la médecine et fréquenta successivement les universités de Wittemberg, de Leipzig, d’Iéna, de Francfort-sur-le-Mein et de Berlin. En

SÉNO

1601, il revint se faire recevoir docteur à "Wittemberg. Il songeait à retourner dans sa ville natale, lorsque Jean Jessen, professeur à Wittemberg, se démit en sa faveur de la place de professeur de médecine. Sennert prit possession en 1602 de cette chaire, qu’il occupa pendant trente-cinq ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. « Le plus célèbre de tous les conciliateurs du xvne siècle, dit Sprengel, est Daniel Sennert, homme qui unissait à une érudition immense et à une connaissance parfaite des anciens une grande crédulité, un goût peu épuré et un jugement très-faible, i Sennert tenta, pour la pcemière fois, d’unir les principes de Galien avec ceux de Paracelse, dans ses Institutions, qui furent publiées en 1611 ; mais, par la suite, il développa plus amplement ses idées dans un ouvrage traitant des rapports et des différences qui existent entre les deux systèmes. Parmi ses ouvrages, dont la plupart ont eu une grande vogue et de nombreuses éditions, nous citerons : Inslituiiones medicse et de origine animarum in brûlis (Wittemberg, 1611, in-4») ; Epitome scientix naturalis (Wittemberg, 1618, in-8») ; De febribus libri quatuor (Wittemberg, 1719, in-8o) ; De consensu et dissensu galenicorum et peripateticorum cum chemicis (Wittemberg, 1719, in-8o) : De scorbuto tractalus (Wittemberg, 1624) ; Practicx médians libri VI (Wittemberg, 1628-1635, in-4o) ; De occullis medicamentorum facultatibus (Wittemberg, 1630, in-4<>) ; Bissertalio de medicina unioersali et auro potabili(Wittemberg, 1630, in-4") ; Hypomnemata physica (Francfort, 1635, in-8»). Toutes les œuvres de Sennert ont été publiées sous ce titre : Opéra omnia (Venise, 1645, in-fol,).

SENNERT (André), orientaliste allemand, fils du précédent, né à Wittemberg en 1606, mort dans la même ville en 1689. Dès l’âge de dix ans, il s’adonna à l’étude des langues sémitiques, et, son éducation terminée, il visita les principales universités allemandes. En 1638, il accepta la chaire d’hébreu qui lui fut offerte dans sa ville natale et conserva ces fonctions jusqu’à sa mort. Ses principaux ouvrages sont : Chaldaismus et syriasmus (Wittemberg, 165]-1666, in-4o) ; Arabismns (1658) ; Jlabbinismus (1666) ; De cabbala, 1655, in-4o) ; Compendiumlexiciarabici(l6ôl, in-4o) ; Compendium lexicihebrsei(1663, in-4<>) ;IIypoiyposis harmonicalinguarumerientatium(l6Éô, in-4o) ; Exercitationes philologics (1675-1681, 3 vol. in-4o) ; Schediasma de liuguis orienta, libus (1681, in-4o).

SENNETERRE (Madeleine de), veuve de Guy de Miremont, surnommée par ses contemporains l’Héroïne du xiècie, à cause de la bravoure qu’elle déploya dans la défense du château de Miremont en 1573 et en 1575, contre le lieutenant du roi, Gilles de Montai. Jeune et belle, vertueuse et romanesque, douée d’un courage au-dessus de son sexe, elle faisait une guerre écharnée aux guisards, à la tête d’une troupe de gentilshommes épris de sa beauté et jaloux de se distinguer devant elle par des faits d’armes. Montai, lieutenant des guisards, venait d’échouer au siège du château de Miremont. Irrité de cet insuccès, il leva un corps de troupes considérable et s’avança contre le château, précédé d’une compagnie qui avait pour but d’attirer hors des murs la valeureuse châtelaine. Ce plan réussit. Madeleine fondit sur la compagnie, la dispersa et se mit à sa poursuite, tandis que Montai, trouvant la place dépourvue de défenseurs, s’installait dans le château ; mais il n’y lit pas un long séjour. Madeleine, ayant obtenu le secours de quatre compagnies d’arquebusiers, revint en toute hâte sur Miremont et livra à Montai un sanglant combat dont l’issue fut pour elle une victoire. Elle blessa de sa main le rusé capitaine, qui mourut quatre jours après. On raconte qu’à la nouvelle de ce beau fait d’armes le Béarnais s’écria : « "Ventre-saint-gris I si je n’étais roi, je voudrais être Madeleine de Senneterre 1 »

SENNETTE S. f. Pêche. V. SEINETTK. SENNEUR, EUSE adj. Pêche. V. seineur. SÉNO, préfixe qu’on rencontre dans quelques noms d’histoire naturelle, et qui paraît représenter le grec sténos, étroit. Il est difficile de se rendre compte d’une semblable dérivation, et l’on serait tenté de croire que les naturalistes qui l’ont imaginé ont pris un st (ç-) grec pour un s («).

SÉNOEASE s. m. (sé-no-ba-ze — du préf. séno, et de basé). Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des asiliques.

SÉNODONIE s. f. (sé-no-do-nî — du préf. séno, et du gr. odous, dent). Entom. Genre d’inseotes coléoptères pentamères de la famille des serricornes, tribu des élatérides, dont l’espèce type habite Java.

SÉNOGASTRE s. m. (sé-no-ga-stre — du préf. séno, et du gr. gosier, ventre). Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des brachystomes, tribu des syrphies, dont l’unique espèce est exotique.

SÉNOMÉTOPE s. m. (sé-110-mé-to-pedu préf. séno, et du gr. mêtopon, front). Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des athéricères, tribu des muscides, formé aux dépens des tachines, et comprenant une quarantaine d’espèces.

SÉNONAIS, aise s. et adj. (sé-no-nè, è-2e).

SENO

Géogr. Habitant de Sens ; qui appartient à cette ville où à ses habitants : Les Sénonais. La population sénonaise.

SENONAIS (le), petit pays de l’ancienne France, dans la ci-devant province de Champagne, entre l’Ile-de-France, l’Orléanais, le Nivernais et la Bourgogne. La capitale était Sens ; les autres villes principales : Joigny, Montereau, Tonnerre, Chablis et Nogent-sur-Seine. Ce pays est actuellement partagé entre les départements de l’Yonne et de 1 Aube.

SENONCHES, bourg de France (Eure-et-Loir), ch.-l. de cant., arrond. et à 34 kilom. S.- O. de Dreux, près de la source de la Biaise et de la forêt de Senonches ; pop. aggl., 1,217 hab. — pop. tôt., 1,946 hab. Fabrication de chaux, tuileries, briqueteries-, usine métallurgique. Commerce de bois de charpente

et de "chauffage. Restes d’un vieux château.

SENONES, petite ville de France (Vosges), ch.-l. de cant., arrond. et à 25 kilom. N. de Saint-Dié, sur ta rivière de Rabodeau ; pop. aggl, 2,380 hab.— pop.tôt.,2,757 hab. Filatures de coton, moulins à grains, scieries, teinturerie. Commerce de planches de sapin. Senones est une ville agréable, située sur les deux rives du Rabodeau, dans un magnifique amphithéâtre de verdure. Des montagnes boisées bordent son horizon (le toutes parts. Elle doit son origine à une abbaye fondée en 662 par saint Gondebert, évoque de Sens, lequel, en souvenir du siège épiscopal qu’il avait abandonné pour cette retraite, lui donna le nom de Senones, racine de celui de Sens. L’abbaye de Senones, que Charlemagne concéda plus tard aux évêques de Metz, était une des plus riches et des plus considérables de la province, et ses abbés, qui avaient le droit aux jours de grandes fêtes de porteries insignes de la dignité épiscopale, en exerçaient les droits temporels et spirituels dans toute l’étendue du domaine abbatial. L’abbaye de Senones doit surtout la notoriété dont elle jouit aux travaux d’érudition dont elle fut longtemps le centre et en quelque sorte le foyer. Parmi les hommes qui l’illustrèrent en ce genre, nous nous bornerons à citer dom Calmet. En 1754, Voltaire, voulant témoigner toute son estime au savant bénédictin, vint à Senones et fit à l’abbaye un séjour d’un mois. Il y vécut comme ses hôtes et de leur vie commune, et c’est là qu’il jeta les premiers fondements de son célèbre Essai sur les mœurs, profitant pour élever ce monument anticatholique des nombreux matériaux historiques que la patience et le travail de dom Calmet et de ses compagnons étaient parvenus à rassembler. Ce fait peut être rais au nombre des meilleures malices de Voltaire.

Senones devint en 1751 la capitale de la principauté de Salm, dont les titulaires y construisirent un château. Ce château est aujourd’hui affecté, ainsi que les débris des anciens bâtiments conventuels, à l’une des plus importantes filatures des Vosges. La maison abbatiale, le monastère et l’église de Senones furent reconstruits au xvmc siècle, à la suite d’un incendie qui les avait à peu près ruinés. De l’église il ne subsiste qu’une tour renfermant un bel escalier. Les restes des princes de Salin et ceux de dom Calmet, qui y étaient jadis déposés, ont été transférés dans l’église paroissiale. Cette église paroissiale est fort ancienne, car sa fondation est attribuée à suint Gondebert. La partie de la nef originaire encore debout présente tous les caractères de l’époque de transition ; ses colonnes s’amincissent et s’élancent vers les voûtes, et la lourdeur romane commence à faire place à la légèreté ogivale. Un chœur d’architecture grecque fut ajouté au siècle dernier ; il a été depuis détruit en partie ; le nouveau chœur est formé du cloître attenant à l’église. De ce bouleversement résulte un ensemble incohérent et bizarre.

SE NON E VERO, E BENE TROVATO, Proverbe italien qui signifie : St cela n’est pas vrai, c’est du moins bien trouvé.

« 5e non e vero, e bene trovato, dit la marquise avec un malicieux sourire ; vous vous tirez fort bien d’un mauvais pas. Et pour mettre du baume sur votre blessure, je vais rendre hommage à votre esprit. ■>

Charles de Bernard.

« M. Granter de Cassagnac continue sa campagne contre l’abolition de l’esclavage. L’ennemi acharné de Racine aurait même, dit-on, l’intention de donner sur cette question brûlante des consultations publiques, sans doute pour faire concurrence à Vriès, ce fameux docteur noir qui prétendait avoir trouvé le secret de guérir le cancer. Se non e Vriès, e bene trovato. »

A. Legendre.

SÉNONIEN, IENNE adj. (sé-no-ni-ain, i-è-ne). Qui a rapport aux Sénonais.

— Géol. Terrain sénonien, Banc de craie qui occupe une grande partie du Sénonais et d’autres régions de la Champagne.

SENONNES (Alexandre de La Mottb-Bakacé, vicomte de), littérateur français, ’né en-Bretagne en 1781, mort en 1840. Devenu orphelin de bonne heure, il s’occupa d’abord de peinture et fournit ensuite des articles à la Gazette de France. En 1S16, il fut nommé secrétaire général des musées royaux et plus

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tard conseiller d’État. La révolution de 1830 lui ayant fait perdre tous ses emplois, il sa retira en Bretagne, où il mourut dix ans après. On lui doit : Lettres de Jacopo Ortis, trad. de l’italien (1814, 2 vol. in-12) ; Choix de vues pittoresques d’Italie, de Suisse, de France et d’Espagne (1821, in-fol.) ; Promenade au pays des Grisons ou Choix des vues les plus remarquables de ce canton, dessinées d’après nature édithographiées par Pingret (Paris, 1827-1829). Il a aussi donné une belle édition des Œuvres dramatiques de Destouches.

SÉNOPROSOPE s. m. (sé-no-pro-zo-pedo préf. séno, et du gr. proso’pon, visage). Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des asiliques,

SÊNOPTÉRINE s. f. (sé-no-pté-ri-ne — du préf. séno, et du gr. pteron, aile). Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des athéricères, tribu des muscides, formé aux dépens des dacus ou daques, et dont l’espèce type habite l’Amérique du Sud.

SENS s. m. (san — latin sensus, mot qui, selon Eichhoft, représente exactement le sanscrit çansâ, opinion, et l’allemand «h ; i, anglais sensé ; toutes formes venues, d’après lui, de la racine sanscrite fa* ou çans, approuver, vouloir, qui serait devenue en latin censeo et sentio et en allemand sinnen. Scheler croit que sinnen, ancien haut allemand sinnan, méditer, penser, est identique avec l’ancien haut allemand sinnan, partir, aller vers, lequel vient sans doute de la racine sanscrite sidh, sindh, aller, d’où pourrait aussi venir le latin sentire. L’ancienne langue avait aussi pour sens une forme sen, provençal sen, ce», italien senno, d’où le vieux, français séné, provençal sénat, espagnol senado, sensé, et le composé forsené, forcené, hors de sens. Diez et quelques autres donnent une autre origine à cette forme sen et la rapportent au germanique : ancien haut allemand sin, nouveau haut allemand «nu, qui appartient, du reste, à la même famille que le latin sensus, ainsi que nous venons de le voir. Scheler avait d’abord pensé que la dualité sens et sen était fondée sur ce que, ayant interprété le s final du mot sens comme la flexion habituelle du nominatif, on en aurait déduit, pour les cas obliques, une forme sen ; mais la comparaison de l’italien senno l’a ramené à l’opinion de Diez. Il existait aussi dans la langue d’oil un autre substantif sen avec la valeur de sentier, chemin. Scheler le rapporte au vieux haut allemand sinnan, partir, aller vers, qui, selon lui, est identique avec sinnan, méditer, penser. Il est bon de citer cette vieille forme sen, chemin, parce que le mot sens actuel dans les locutions : inarcher dans tel sens, mettre du mauvais sens, à contre-sens, nous laisse encore apercevoir les relations qui existent entre les notions raison et sens. Le mot sens actuel rend à la fois la valeur du vieux fiançais sen, intelligence, et sen, chemin, direction). Chacune des facultés que possède l’animal d’éprouver des impressions par l’intermédiaire de ses organes : Le sens de la vue, de l’ouïe, du goût, du toucher. Les cinq sens. Le chien a le sens de l’odorat très-fin. (Acad.) L’imagination est la mémoire des sens. (Turgot.) Nos sens sont les premières facultés que nous remarquons. (Coudill.) Nos sens ne laissent pas de nous être des occasions d’erreur. (Malebr.) Platon appelait la vue et l’ouïe tes sens de l’âme. (H. de St-P.) Les sens sont des espèces d’instruments dont il faut apprendre à se servir. (Buff.) De l’action continuelle des corps extérieurs sur les sens de l’homme résulte la partie la plus remarquable de son existence. (Cabanis.) C’est par tous les SEN&que l’éducation s’infiltre chez les enfants. (M^o Monmarson.) Nos sens nous trompent tout en nous recelant le monde extérieur. (Petit-Senn.) Toute impression gui flatte nos sens est un plaisir. (Latena.) Le sens de l’odorat est celui qui a le plus d’affinité avec les facultés voluptueuses. (Beauchêne.) La vie sauvage développe certains sens qui s’émoussent da)is la vie civilisée. (A. Maury.) Tout entre dans l’esprit par la porte des sens.

Deulle.

Il PI. Faculté d’éprouver le plaisir ; passion physique, concupiscence, sensualité : L’ivresse des sens. Mortifier ses siîns, Ajjoiser l’ardeur de ses sens. Le bonheur n’est point le transport passager des sens ; c’est un état constant et permanent de l’âme. (Boss.) L’iuresse est le plaisir des sens porté jusqu’à une sorte de détire gui suspend l’empire de la raison. (Latena.) llapides et fugitifs, les plaisirs des sens ne laissent après eux que du vide. (Laroiniguière.) L’amour est un mouvement des sens qui a son principe dans le rut. (Proudh.)

Combattez-vous vos sens ? domptez-vous vos faiblesses î

Boileau.

Un auteur vertueux, dans ses vers innocents, Ne corrompt point les cœurs en chatouillant lessens

Boileau.

Par l’ardeur de ses sens le jeune homme emporté Dévore le prisent avec rapidité.

Deluxe.

C’est un plaisir perfide

Que d’euivrer son âme avec le via des sens.

A. DE Ml’SSET,

Calme des sens, paisible indifférence. Léger sommeil d’un cœur tranquillisé,