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gements. Quand tout se transforme autour do nous, quand les luttes changent d’objet ou de caractère, quand les intérêts des partis se déplacent, quand les principes de l’ordre et de la liberté s’entendent ou se combattent tour à tour, on peut dire :

L’homme absurde est celui qui ne change jamais.

Le chef de la manifestation des bonnets à poil a largement usé de la latitude que semble accorder cet adage aux hommes politiques, et, quoi qu’en dise cet alexandrin, nous n’hésitons pas a qualifier sévèrement la conduite politique, dernière manière, de l’auteur des Souvenirs.

Souvenir* et Indiscrétions, par Sainte-Beuve, édités par M. Jules Troubat (1872, in-12). Le secrétaire da Sainte-Beuve s’est donné la tâche de publier les dernières études du maître restées manuscrites ; il a pensé avec raison que le public devait s intéresser aux divers souvenirs, aux petites notes personnelles, a quelques lettres familières de l’éminent critique. Ce sont ces souvenirs, ces notes qui composent le volume.

Plusieurs anecdotes piquantes et racontées avec charme sont éparses ça et la. On lit avec plaisir l’histoire des premiers débuts de Sainte-Beuve au Globe. Le jeune homme suivait les cours de l’École de médecine quand on l’informa, en 1824, que le journal se fondait. « J’allai voir M.Dubois, dit-il, qui m’y appliqua aussitôt et m’y essaya à quantité de petits articles. Ils sont signés S.-B., et il est facile à tout biographe d’y suivre mes tâtonnements et mes commencements. À un certain jour, M. Dubois me dit : ’ Maintenant, vous savez écrire, et vous

■ pouvez aller seul. » Sainte-Beuve entreprit alors une série d’articles littéraires qui furent aussitôt remarqués. Il se mêla au groupe romantique et alla chez Victor Hugo. Un soir qu’il avait été chez ce dernier, vers 1827, et qu’il y avait récité des vers, il remarqua pour la première fois un jeune homme de dix-huit ans qui parlait peu. Le lendemain matin, le jeune homme arrive chez le critique ; n’était Alfred de Musset, o II me dit en entrant, raconte Sainte-Beuve : « Vous avez

■ hier récité des vers ; en bien, j’en fais et je viens vous les lire. » Il m’en récita de charmants, un peu dans le goût d’André Chénier. Je m’empressai de faire part à Hugo de cette heureuse recrue poétique. On lui demanda désormais des vers à lui-même, et c’est alors que nous lui vîmes faire ces charmantes pièces de YAndalouse et du Départ pour la chasse. »

Outre ces anecdotes et des confidences personnelles, on trouve dans le volume publié par M. Troubat divers renseignements curieux sur la famille de Sainie-Beuve, sur sa fortune, sur les amis du critique et l’intérieur de son ménage. Saint-Beuve possédait à sa mort 6,000 francs de rente, plus une maison. II avait hérité de près de 4,000 francs de sa mère, ainsi que de sa maison. Il a donc ajouté à ses revenus 2,000 francs de rente. C’est bien peu si l’on songe à cette vie laborieuse qu’il mena constamment ; il n’avait de plus ni le goût du luxe ni celui de la dépense ; il se contentait de son modeste intérieur, dans sa maison de la rue Montparnasse, au milieu d’une société toujours la même, composée de quelques amis, de sa gouvernante, de ses livres et de ses trois chattes. Car il avait trois chattes affectionnées, dont les noms méritent de passer à la postérité. Klïes s’appelaient la Jolie, la Vieille et la Maigriotte. Elles étaient soignées sur les genoux de la gouvernante, ministre des finances de la maison. Malheureusement leur fin fut triste ; elles disparurent l’une après l’autre pendant le terrible siège de 1870. Peu d’amis tutoyaient Sainte-Beuve. M. Troubat n’en a entendu que trois : M. Londierre, camarade d’enfance, avec lequel le critique se querellait beaucoup sur les matières de philosophie et d’antiquité grecque et latine ; Nestor Roqueplan, le comédien C’h. Potier et aussi un quatrième, Th. Gautier. Mais c’était entre eux deux, du neveu Théo à l’oncle Beuve, une réminiscence du passé, une sorte de parenté et de lien littéraire, d’artiste à artiste, d* poète à poète, un signe de francmaçonnerie romantique.

En somme, le titre d’Indiscrétions mis en tête du volume trompe un peu le lecteur qui, à propos d’un écrivain mêlé discrètement à tant de monde, hôte assidu de plusieurs salons h la mode sous le second Empire, avait certainement le droit de s’attendre à des révélations plus piquantes.

Souvenir* d’une Cosaque, par Robert Frantz (1874, in-12). Ce livre, quia fait quelque bruit à son apparition, a dû sa vogue moitié à sou style pittoresque et coloré, moitié a ses indiscrétions qui frisent le scandale. Sous le pseudonyme de Robert Frantz, la critique parisienne a reconnu une grande dame, dont elle s’est gardée toutefois de dire le nom, et qui est en même temps l’auteur et l’héroïne au livre. Quant au héros, il est aisé de reconnaître Listz dans ce virtuose célèbre, aimé des femmes, que son admirable talent jette dans tous les désordres de la passion. Le portrait que la grande dame russe en trace n’est pas flatté, et le virtuose apparaît à la fin comme un prodige d’égoïsmej mais ce portrait est vivant.

La grande dame russe ou cosaque, dont

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Robert Frantz est censé transcrire les souvenirs, n’a pas de nom dans ce roman ; c’est elle qui parle, derrière le masque. Les premières pages sont consacrées à sa jeunesse et à son éducation ; une jeunesse turbulente et une éducation bizarre. Élevée dans le fond de l’Ukraine, elle ne sait que monter à cheval, chasser au loup et lire des romans ; elle crève beaucoup de chevaux, dévore toute une bibliothèque et se marié, à quinze ans au premier venu, pour être plus libre. Le lendemain de son mariage, elle divorce en abandonnant à son mari d’une nuit la moitié de sa fortune et se met à courir le inonde. Lasse des plaisirs, elle se réfugie dans la musique. C’est alors qu’à force d’entendre parler du génie d’un grand virtuose qui a quitté le monde et pris la robe de prêtre, elle est possédée du désir intense de le connaître. Il habite Rome ; elle lui écrit et demande à devenir son élève ; le grand artiste se laisse toucher ; elle prend aussitôt la poste et arrive à Rome. C’est là la partie la plus intéressante du roman, ou de la confession, comme on voudra. L’héroïne décrit ainsi le personnage de l’artiste ; « C’était un homme de haute taille, de grand port et de grandes manières ; laid, avec une abondance de beaux cheveux presque blancs qu’il portait longs et rejetés eu arrière ; des yeux très-profonds, pensifs, durs à l’occasion, et un sourire, un Sourire qui était la clarté d’un rayon de soleil 1 » Ce sourire et le génie musical du pianiste achèvent de dompter la b«île Russe, déjà plus qu’à demi vaincue avant d’être arrivée à Rome ; elle joue d’abord la hauteur et l’orgueil, puis s’humilia jusqu’à s’offrir. Le prêtre résiste bien un peu, par coquetterie, mais il finit par s’adoucir, tout en laissant voir qu’il ne fait pour elle que ce qu’il a fuit pour bien d’autres, car toutes les femmes l’adorent. Elle veut le garder pour elle et lui fait des scènes de jalousie ; il s’en amuse et la prie d’être l’amie de ses rivales, comme d’une chose toute naturelle. I ! ne voie, en effet, dans ses triomphes qu’autant de satisfactions pour sa vanité. « Ces femmes sont bonnes 1 lui dit-il dans un moment d’épanchement. Une chose frappante et que tu n’as pas l’air de voir, tous ceux qui me connaissent sympathisent entre eux. On s’aime en moi. « Mais la belle Russe, cette sauvage de l’Ukraine, met trop de violence dans la passion pour souffrir le partage ; elle se révolte, quitte l’ingrat et va en Amérique tâcher de refaire sa fortune. Elle achève de se ruiner, et le souvenir de ses amours à Rome la poursuit sans relâche. Elle revient près du grand virtuose, munie d’un poison foudroyant et bien décidée à le tuer d’abord, puis à se tuer après. • Monsieur, je viens pour vous tuer, » lui écrit-elle dans un billet laconique. L’artiste, qui connaît si bien les femmes, lui répond qu’il est prêt à la recevoir. L’entrevue suprême a lieu ; mais, au moment de verser à l’infidèle le poison foudroyant, l’héroïne, magnétisée par son regard et, par son sourire, faiblit ; elle s’empoisonne toute seule, et n’en meurt pas, puisque c’est elle qui raconte l’aventure. 11 y a, en effet, un contre-poison. Avant de le prendre, elle fait jurer à l’artiste, « sur un os de saint François, » de revenir U elle ; l’autre jure. Mais, le contre-poison avalé, il lui déclare nettement qu’il n’a que faire de son amour. « Je n’ai plus rien, je suis ruinée, répliqua la malheureuse ; je vous ai sacriiié ma famille, ma réputation, ma fortune. — Il vous reste, répond le virtuose, le talent que je vous ai donné. Allez le faire valoir. • — « Ces paroles monstrueuses entrant dans mon cœur, continue la narratrice, venaient d’y détruire le mal qui le dévorait. Mon amour était mort. » Ce sont les derniers mots du livre, à Une telle confession est hardie, dit M. Amédée Achard ; quelques-uns pourront dire impudente. Mais elle a été faite par cette Cosaque en une langue chaude, colorée, saisissante, qui n’est pas l’un des moindres éfonnements de son livre étrange, i

Souvenirs e* correspondance lire* des papiers de Mm° Récamter. V. RÉCAMIKR.

Souvenirs, de Mme Vigée-Lebrun (1835, 3 vol. in-8°). V. Lebrun.

Souvenirs de Maie de Covlu. (1770). V.

Cavlus (Souvenirs de Mme ue).

Souvenirs et anecdotes du eomie de Ségur. V. SÉGUR.

Souvenirs d’une favorite, roman d’Alex.

Dumas, faisantsuite a la San-Felice. Y. SanFelice.

Souvenirs de Lafleur (LES), opéra-comique en un acte, paroles de Carmouche et de Coure/, musique de Halévy ; représenté â l’Opéra-Comique le 4 mars 1833. Le livret reproduit une pièce du Gymnase intitulée : la Vieillesse de Frontin. Lafleur, valet de comédie, n’est plus jeune ; il a vieilli en même temps que son maître, et tous deux charment leurs loisirs en racontant leurs antiques prouesses. Le neveu du maître de Lafleur a une maitresse, et des dettes ; pour le dérober aux suites de ses folies, son oncle le confine dans son château, et prépose Lafleur à la garde du prisonnier. Le geôlier trompe les ennuis de sa captivité en lui contant ses anciens tours. Il fournit au jeune homme, sans en avoir l’air, les moyens de faire payer ses dettes par son oncle et d’épouser celle qu’il aime. Ce fut le célèbre chanteur Martin qui chanta le rôle de Latleur avec un organe d’une

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fraîcheur et d’ur. charme merveilleux pour son âge ; il obtint un grand succès dans son grand air, très-bien conçu par le compositeur et approprié au genre de talent du chanteur ; acteur excellent, il fut très-applaudi dans la scène où Lafleur déclare a son maître que son imagination n’est pas refroidie et qu’il saura tirer son neveu d’embarras. Martin avait alors soixante-sept ans. Il n’y a pas d’exemple d’une carrière aussi longue au théâtre. Thévenaid, qui chanta pendant quarante ans les opéras de Lulli et de Rameau, prit sa retraite a l’âge de soixante-deux ans. Halévy a composé pour cet opéra-comique une musique, charmante, instrumentée avec élégance et discrétion pour ne pas couvrir la voix du doyen des chanteurs français.

Souvenirs (lës), tableau de Célestin Nanteuil (Exposition de 1855). Un homme, plutôt vieilli que vieux, iist assis, dans un intérieur misérable, sur un fauteuil délabré, et fourgonne quelques rentes de braise sous les cendres ; il rêve,

Car que faire en un gîte, a moins que l’oit ne songe,

non pas à l’avenir, à cet âge on ne regarde guère devant soi, mais au passé, et l’essaim des souvenirs seco je ses ailes dans la brume vaporeuse. La vie écoulée Se reconstruit en tableaux fantastiques : l’école buissonnière, les premières amojrs, l’orgie au cabaret, le duel, les scènes d’î la vie militaire ; tout ce drame si usé, si rebattu, qu’il ne vaut pas la peine d’être conté, et que pourtant chacun trouve neuf. « La Jolie romance en deux cents couplets I dit M. E. About ; il n’y manque que des paroles. » Cette ingénieuse composition, que la pensée philosophique n’empêche pas d’être peinte très-largement et d un très-fin sentiment de couleur, a été popularisée par la délicieuse lithogrî.phie qu’en a faite M. Nanteuil lui-même, un de ces artistes privilégiés qui ont dépensé la monnaie d’un riche talent dans la lithographie et l’illustration, sans pourtant s’appauvrir par cette prodigalité.

SOUVENT adv. (sou-van — latin subinde, mot qui signifie immédiatement après, successivement, coup sur coup, et qui est formé du préfixe sub, en composition avec la préposition inde, de là. Dez fait remarquer, à propos de l’italiensoven’.e, l’irrégularité du changement de d en r, e ; il est disposé à y voir quelque souvenir de !i mots repente, fréquente, tmmalinente. Pour le / final du mot français,-il n’est pas plus étrange que dans le vieux français ent, venu.ui aussi du latin inde). Fréquemment, un grand nombre de fois en peu de temps : Aller souvent au spectacle. Cela arrive souvent, assez souvent, trèt- souvent, trop souvent. C’est un reproche que je vous ai fait souve.it. La magistrature n est souvent qu’un titre d’oisiveté. (Fléch.) On fait souvent vanité ces passions même les plus criminelles. (LaRochef.) La bonté est une qualité que les grands ne connaissent guère et ne pratiquent pas souvent. (Mme de Motte ville.) En voulant mieux fai’e, on fait souvent plus mal. (Mm| ! de Sév.) Les gens qui ont beaucoup d’esprit tombent souvent dans le dédain de tout. (Montesq.) On est souvent trompé par la confiance ; muis on se trompe soi-même par la méfiance. (Prince de Ligne.) Fn politique, Un démenti vaut très - souvent un aveu. (Mme Roland.) La faiblesse prend souvent des résolutions plus violentes que l’emportement. (Mme deGenlis) La folie n’est souvent qu’un égoïsme impétueux. (Mme de Staël.) Les peux pleurent plus souvent que la bouche ne sourit. (Chateaub.) L<ts yeux entendent souvent mieux que les oreilles. (La Rochef.-Doud.) Il y a toujours entre les extrêmes un milieu que l’on néglige souvent aux dépens de la vérité.(Gévuzez.) Lavotontécombat souvent le désir, comme souvent aussi elle y cède. (V. Cousin.) L’économie consiste souvent o dépenser beaucoup. (Mieh. Chev.) Manger peu et souvent, c’est bien plus profitable que de manger rarement et beiueovp à la fois. (Raspail.) Souvent il ne reste rien des services qu’on a reçus ; il resté toujours quelque chose de ceux qu’on a rendus. (J. Droz.) Combattre des objections, ce n’est souvent détruire que des fantômes. (J. Joutert.) Pour apprendre, l’enfant doit bien souvent croire avant de savoir. (Vacherot.) On a souvent besoin d’un ;>lus petit que soi.

La Fontaine.

Souvent notre amour-propre éteint notre bon sens.

Voltaule.

L’excès des attentats en est souvent le terme.

Lahakpe.

Un ami vrai souvent peut guérir bien des maux.

Desfokobs.

Le plus souvent, Four l’ordinaire, .dans les cas les plus fréqusnts ; L’amour commence le plus souvent par les yeux. (J. Simon.)

— Fop. Plus souvent, Jamais, pas du tout : Plus souvent que je ’-ui confierai mon argent J

— Syn. Souvent, fréquemment. V. FRÉQUEMMENT.

SODVENTÉ, ÉE adj. (sou-van-tô — de sous, et de vent). Mar. t.e dit d’un bâtiment, d’une embarcation qui se trouve sous le vent, qui passe sous le vent.

SOUVENTEFOIS ou SOUVENTES FOIS

adv. (sou-van-te-foi — de souvent, et de fois). Souvent, plusieurs fois, il Mot vieilli.

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SOUVERAIN, AINE adj. (sou-ve-rain, ène

— d’un type latin superanus, qui est provenu de la préposition super, sur, au-dessus, comme le type antianus, en français ancien, de la préposition anle, avant). Suprême, qui atteint le plus haut degré : L’Être souverain. Le souverain bien. La souveraine félicité. La souveraine habileté consiste à bien connaître le prix des choses. (La Rochef.) C’est une folie de chercher ici-bas le souverain bien. (St-Kvrein,) C’est la parfaite alliance de l’art et de la nature qui fait la souveraine perfection. (Boileau.) La vertu, comme la santé, n’est pas le souvkrain bien, (Chamfort.) Le sens commun, jadis juge souverain et infaillible, trébuche à chaque pas. (Proudh.) Ce sont les idées qui sont les vraies et souveraines faiseuses de langues. (V, Hugo.) Ce n’est que dans une bonne conscience qu’existe le souverain bien. (Giratid.)

Le fabricateur souverain

Nous créa besaciers tous de même manière.

La Fontaikb.

— Qui s’exerce sans contrôle, sans restriction ; qui exerce une puissance suprême, sans contrôle, sans restriction : Puissance souveraine. Autorité souveraine. Prince souverain. Princesse souverains. Souverain sei-

I gneur. Souverain maître. Le peuple souvs| bain. // n’y a rien de plus odieux à la souveraine puissance que de vouloir la forcer. (Boss.) Un pouvoir souverain ne saurait trop soigneusement se garder d’aliéner sa liberté. (E. de Gir.)

On ne partage point la grandeur souveraine.

Racine.

Le roi n’éclata point ; les cris sont indécents À la majesté souveraine.

La Fontaine.

Remède souverain, Remède d’une efficacité infaillible : Cet élixir est un remède souverain contre les maux d’estomac, contre les coliques.

Cour souveraine, Tribunal qui juge en dernier ressort, il Jugement souuerain, Jugement rendu par une cour souveraine.

— Substantiv. Personne ou être moral qui possède, qui exerce le pouvoir suprême : Le peuple est l’unique souverain légitime. Ce n’est pas le souverain, c’est ta loi qui doit régner sur les peuples. (Mass.) Un souverain est encore plus redoutable par ses qualités personnelles que par sa puissance. (Barlbél.) Carlsbad est le rendez-vous ordinaire des souverains ; ils devraient bien s’y guérir de la couronne, pour eux et pour nous. (Chateaub.) Les souverains ne veulent jamais convenir des fautes qu’ils ont commises. (Aime Campan.) La tyrannie des souverains est la principale source des maux qui attaquent l espèce humaine. (Azaïs.) Le souverain qui tenterait de rétablir le despotisme serait la première victime de celle tentative. (Jlme de. Blessington.) La dime est la quote-part à laquelle le souverain céleste consent à limiter son droit de suzeraineté. (Proudh".4) Lorsqu’un souverain est maître absolu, il se proclame le seul législateur. (Franck.)

Je puis, quand je voudrai, parler en souveraine.

Racine.

Hélas ! les souverains, si fiers du diadème. Sont les esclaves nè"s de leur grandeur suprême.

Ducis.

— Kig. Ce qui possède une puissance, une influence comparable à celle des monarques : L’or est le souverain des souverains. (Rivaroi.)

— Poétiq. Souuerain du monde, Dieu. Il Souverain des dieux, Souverain des hommes et des dieux, Jupiter, il Souverain des ondes, Neptune. Il Souverain des enfers, du sombre royaume, des sombres bords, de l’empire des morts, Pluton.

— Ane. coût. Chef, président : Le souverain du Trésor. Le souverain du parlement.

— s. ni. Métrol. Monnaie d’or d’Angleterre, d’Autriche, de Milan, valant : en Angleterre, 35 fr. 20 ; en Autriche, 17 fr. 58 ; dans l’ancien duché de Milan, 35 fr. 16.

........, . L’or est en Souverains,

Bons quadruples pesant sept gros trente-six grains, Ou bons doublons au moro

V. Hoao,

— Syn- Souverain, suprême. Souverain éveille l’idée d’une puissance à laquelle rien ne résiste, d’une valeur intrinsèque qui ne peut être augmentée ni surpassée. Suprême exprime une idée d’élévation, de prééminence. Le rang suprême et le pouvoir souverain caractérisent également 1 état des princes de la teri-e, mais sous deux points de vue dont ia différence saute aux yeux. Un remède souverain est celui auquel la maladie ne peut pas résister, quelque violent que soit le ma ! ; une éloquence souveraine est celle qui porte la persuasion dans tous les cœurs d’une manière irrésistible. Enfin suprême signifie quelquefois dernier, comme lorsqu’on dit l’instant suprême en parlant de la mort.

— Souverain, monarque, potentat, etc. V. MONARQUE.

SOUVERAIN (Matthieu), ministre protestant, originaire du bas Languedoc, mort à Londres dans la première partie du xvmo siècle. Il desservit pendant quelque temps l’église de Monchamps, dans le Poitou, et se retira en Hollande, après la révocation de l’édit de Nantes (1685) ; mais comme il avait été