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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 3, Sois-Suj.djvu/242

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distants a la base ; les tarses antérieurs souvent dilatés, du moins chez les mâles, les tarses postérieurs cylindriques. Ce genre, malgré les démembrements qu’il a subis, renferme encore plus de cent espèces, réparties sur tous les points du globe. Leurs couleurs varient beaucoup, de même que leur aspect général. Parmi les staphylins, les uns sont lisses et très-brillants par le poli de leurs diverses parties ; les autres sont couverts de poils plus ou moins abondants ; il en est même qui sont absolument velus, comme des abeilles bourdons, avec lesquelles on serait tenté de les confondre à première vue. Ce genre paraît avoir été bien connu des anciens, et Aristote donne des détails assez exacts sur l’une de ses espèces principales.

Les staphylins se reconnaissent parfaitement à leur aspect et surtout à la brièveté de leurs élytres. Sous ce rapport, ils ressemblent assez aux forficules ou perce-oreilles. Leurs ailes membraneuses sont repliées plusieurs fois sur elles-mêmes, de manière a pouvoir se cacher entièrement sous ces élytres ; mais elles ne se replient pas en éventail, comme celles des forficules. Elles sont assez solides et épaisses, et les staphylins s’en servent assez souvent ; néanmoins leur vol est lourd, bien qu’il leur permette de se transporter rapidement à l’eridroit où ils trouveront un aliment à leur choix, ce qui porte à croire qu’ils sont doués d’un odorat très-subtil.

Ces insectes se trouvent le plus souvent sur la terre, où Us se retirent dans les crevasses, sous les pierres, les mousses, les écorces, qu’ils semblent choisir de préférence dans les lieux humides. Leurs jambes antérieures, élargies, solides, dentelées ou crénelées sur le bord externe, leur permettent de pénétrer facilement dans le sol. Ils se nourrissent de matières animales mortes ou vivantes. Quelques-uns se trouvent sous les charognes et les cadavres des petits animaux, sans doute pour y attaquer les larves des diptères, notamment celles des mouches de la viande. Leurs longues mandibules, croisées dans l’état de repos, agissent alors comme des ciseaux pour entamer et couper en travers le corps de ces larves, dont ils sucentavidement la sanie. Ces insectes sont donc doublement utiles, en ce qu’ils font disparaître les matières animales putréfiées et qu’ifs détruisent beaucoup de petits animaux nuisibles aux cultures.

« Les staphylins, dit C. Duméril, courent avec vitesse, et dans le danger ils montrent, pour la plupart, de la hardiesse et du courage. Il est vrai qu’ils sont munis de deux sortes d’armes offensives : de mandibules fortes et acérées, avec lesquelles ils blessent profondément leurs victimes ; ensuite leur abdomen, qu’ils ont la faculté de recourber en dessus et de tenir relevé pour le porter à droite ou à gauche, comme font les scorpions, est armé de deux tubercules sortant des bords du cloaque et qui laissent suinter une vapeur acide, acre, dont l’odeur vivo, souvent agréable, a quelque rapport avec celle des éthers. » Parmi les nombreuses espèces de ce genre, nous citerons particulièrement les suivantes. Le staphylin odorant ou lisse est un des plus grands ; Il est long de 0™,03, d’un noir mat ut sans taches, avec la tête plus large que le corselet et les ailes membraneuses fauves ou rousses. On le trouve fréquemment aux environs de Paris, surtout au bord des chemins ; il court rapidement et répand une odeur agréable. La larve présente, dans sa manière de vivre, quelques particularités intéressantes. < Cette larve, dit M. H. Lucas, est essentiellement carnassière ; elle est souvent errante pour chercher sa proie et ne se réfugie jamais que sous les pierres. Elle est très-courageuse, car, lorsqu’on la prend, loin de chercher à fuir, elle s’arrête, redresse sa tête et l’extrémité de son abdomen, ouvre ses larges mandibules et cherche ainsi h pincer celui qui veut s’en emparer. Ces larves se dévorent quelquefois entre elles ; l’une attaque l’autre, la provoque et la saisit, non pas à telle ou telle partie du corps, mais toujours à la jonction de la tête avec le premier anneau, de manière que la victime ne puisse taire usage de ses défenses ; alors elle la perce de ses mandibules acérées, la suce ensuite, puis la dévore.

On rencontre ces larves très-communément depuis le mois de novembre jusqu’à ia lin de mai, époque à laquelle elles subissent leur transformation. Peu de temps avant cette époque, elles deviennent entièrement stationnuires, creusent sous une pierre un trou oblique et placent la tête du côté de l’ouverture. Peu de jours après, elles se changent en nymphes, pour rester dans cet état quinze à seize jours. Au bout de ce temps, l’insecte est parfait ; mais, en sortant de son enveloppe, il est jaunâtre et ne devient entièrement noir qu’au bout de viDgt-quatre heures. »

Le staphylin dilaté est long de 0">,025, d’un noir mat, quelquefois un peu brunâtre sur lu tête et le prothorax, avec les élytres finement ponctués, ainsi que l’abdomen, qui est couvert d’un long duvet. Cet insecte se trouve, mais rarement, aux environs de Paris ; il vit sous les écorces des chênes, ne sort que la nuit et dévore les chenilles procèssionnaires, ainsi que les larves des frelons, dans le nid desquels il s’introduit. Il répand une odeur de musc très-forte et presque infecte. Le stnphylù ; valu ou bourdon est à peu

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près de la taille du précédent, d’un noir bleuâtre en dessus, avec des poils longs et épais d’un jaune doré, noir bronzé en dessous ; les élytres sont d’un gris cendré, noirs a la base et les pattes de cette dernière couleur. C’est un des plus communs dans nos environs ; il se jette avec avidité sur les charognes. Nous citerons encore : le staphylin à grandes mâchoires, commun dans les voiries ; le staphylin à ailes rousses, qui se trouve dans les prairies, sous les bousçs de vache desséchées ; le staphylin éclatant, qui vit sous les pierres, dans les lieux humides ; le staphylin bronzé, long de om,01 environ, etc.

STAPHYLINIDE adj. (sta-fi-li-ni-de). Entom. Syn. de staphtjlinien,

STAFHYLINIEN, 1ENNE adj. (sta-fi-li-niain, i-è-ne — rud. staphylin). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte au staphylin.

— s. m. pi. Tribu d’insectes coléoptères, de la famille des brachélytres, ayant pour type le genre staphylin.

STAPHYLIN1FORME adj. (sta- fi - li - nifor-me

— de staphylin, et de forme). Entom. Dont la forme rappelle celle du staphylin.

STAFHYLODENDRON s. m. (sta-ti-lo-daindron

— du gr. stuphulê, grappe ; dendron, arbre). Bot. Syn. de stapkylikr.

STAPHYLOMATEUX, EUSE adj, (sta-filo-ma-teu, eu-ze— rad. staphylôme). Pathol. Qui a rapport au staphylôme.

STAPHYLÔME s. m. (sta-fl-lô-me — gr. stapliuloma ; de staphulé, grain de raisin). Chir. Tumeur qui se forme sur le globe de l’œil, et qui a 1 apparence d’un grain de raisin : StaphylOmk de la cornée, de la sclérotique, de t’iris. il Staphylôme rameux, Tumeur qui semble formée de plusieurs grains agglomérés. Il Staphylôme de la cornée, Convexité très-sailla ;-te que présente la cornée distendue par l’humeur aqueuse, sans perte de sa transparence. Il Staphylôme de l’iris, Amincissement de la cornée avec adhérence à.

l’iris ; saisie de l’iris à travers une perforation de la cornée, il Staphytome de la sclérotique ou du corps ciliaire, Bosselures bleuâtres qui se forment à la surface de la sclérotique, autour de la circonférence de la cornée.

— Encycl. On décrit, sous ce nom, toutes les tumeurs de l’œil qui se forment sur la cornée ou sur la sclérotique, par suite de l’affaiblissement de ces membranes. Ce sont de

véritables hernies d’un ou de plusieurs éléments, du globe oculaire. Demours comparait les phénomènes qui se passent dans le cas de staphylôme à ceux qu’on observe lorsqu’après avoir raclé une vessie de bœuf, de manière à enlever un lambeau de la tunique externe, on l’insuffle fortement ; on voit paraître à l’instant, sur le point aminci, une tumeur qui ressemble à une petite vessie superposée à une grande.

Le staphylôme transparent de la cornée se développe presque toujours lentement ; quelquefois pourtant il apparaît tout à coup à la suite d’efforts ou de cris. Lorsqu’il est formé, il peut rester stationnaire pendant plusieurs années ou faire des progrès. Les troubles dont il s’accompagne le plus souvent sont la myopie ou la diplopie. Mais si la tumeur augmente au point de déborder les paupières, elle ne tarde pas à s’enflammer au contact de l’air, à s’ulcérer et à devenir opaque ; la vision se trouve alors perdue. C’est cette circonstance gui rend le pronostic fâcheux.

Jusqu’à ce jour, il a été impossible de faire disparaître le staphylôme transparent sans amener la cécité. Toute opération se trouve, par là même, inutile, et le parti le plus sage consiste à se contenter de l’usage des doubles verres concaves qui serviront k cacher la difformité et à aider la vision.

Le staphylôme opaque de la cornée comprend dans son épaisseur une portion de l’iris ; sa cause la plus fréquente est l’inflammation, surtout celle qui est de nature morbilleuse, varioleuse, scrofuleuse ou blennorrhagique. Sa couleur est très-variable. U affecte, en général, Un développement plus rapide que le staphylôme transparent. Il a tendance à s’ulcérer, à suppurer, à entraîner la perte totale de l’œil et quelquefois sa dégénérescence sarcomateuse. Aussi convient-il de l’opérer de bonne heure, c’est-à-dire de l’ouvrir avec le caustique, le séton, l’aiguille ou le kératotome.

Les staphylômes de la sclérotique sont des tumeurs molles, circonscrites, de couleur bleuâtre, placées sous la conjonctive. Elles sont presque toujours le résultat d’une sclérotite chronique ou d’une lésion traumatique du globe oculaire. Leur volume varie depuis celui d’un grain de blé jusqu’à celui d’un grain de raisin. Il y en a quelquefois plusieurs autour de la cornée. S’ils deviennent gênants à l’excès, s’ils s’accroissent au point de dépasser les paupières, il faut les enlever avec l’instrument tranchant ou les caustiques avant qu’ils s’ulcèrent d’eux-mêmes ou qu’ils subissent une dégénérescence maligne à laquelle il serait plus tard difficile de remédier.

STAPHYLO-PHARYNGIEN, IENNE adj. (sta-li-lo-fa-rain-ji-ain, i-è-ne — du gr. staphulé, luette, et de pharyngien). Anat. Qui appartient à la luette et au pharynx.

— s. m. Muscle staphylo-pharyngien.

STAPHYLOPLASTIB s. f. (sta-fi-lo-pla-stl

— du gr. staphulé, luette ; plassô, jo forme).

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Chir. Restauration du voile du palais aux dépens des tissus voisins.

— Enoycl. Dans cette opération, indiquée dans les cas de division considérable du voile du palais, on a employé la méthode ancienne, à laquelle peuvent se rapporter les procédés de Roux, de Dieffenbach et de Bonflls, le dernier tiré de la méthode indienne.

Procédé de Roux. Après avoir placé les trois ligatures et avivé les bords de la division à l’ordinaire, seulement jusqu’au bord adhérent du voile du palais, l’opérateur pratique avec le bistouri boutonné, parallèlement au bord postérieur de l’os palatin et immédiatement au-dessous de ce bord, une section transversale de chaque côté du voile du palais, comprenant toute l’épaisseur da cet organe et s étendant en dehors un peu au delà de la ligne verticale sur laquelle sont placées les trois ligatures. On parvient par ce moyen, sans exercer avec les fils une eonstriction trop forte, à mettre en contact immédiat dans toute leur étendue les deux moitiés de la division.

Procédé de Dieffenbach. Il consiste à pratiquer de chaque côté de la division et à où,009 en dehors une incision longitudinale qui permet aux bords de la plaie un allongement très-marqué et qui se ferme également d’elle-même. On reconnaît ici les incisions ■conseillées par Celse pour d’autres parties.

Procédé de Bonfits. Dérivé de la méthode indienne, il consiste à tailler sur la voûte palatine un lambeau d’étendue suffisante, qu’on dissèque d’avant en arrière, qu’on, renverse et qu’on tord sur son pédicule pour l’adapter, au moyen do la suture, à la perte de substance du voile du palais.

STAPHYLOPTÉRIDE s. f. (sta-ft-lo-ptéri-de

— du gr. staphulé, grappe ; pteris, fougère). Bot. Genre de fougères fossiles, dont l’espèce type se trouve dans les terrains tertiaires des environs de Narbonne.

STAPHYLORRHAPHIE s. f. (stâ-fi-lo-ra-fî

— du gr. staphulé, luette ; rhaphein, coudre). Chir. Suture du voile du palais divisé accidentellement ou congénitalement.

— Encycl. Cette opération est toute moderne ; elle a pour but de remédier à la division congénitale ou accidentelle du voile du palais, en pratiquant une reprise des bords de la solution de continuité, reprise qui devient, quand l’opération réussit, une greffe de ces deux bords l’un contre l’autre. On avive ces bords, on les rapproche au moyen de fils, on les maintient en contact, et l’inflammation adhésive qui Suit en détermine la réunion. La staphytorrâaphie fut d’abord essayée sans succès en Prusse, puis pratiquée pour ia première fois chez nous en 1819 par le chirurgien. Roux, qui obtint une réussite complète. Cette conquête de la chirurgie moderne présente de l’intérêt et mérite une étude quelque peu détaillée.

La solution de continuité du voile du palais peut exister depuis la naissance ; elle est alors dite congénitale. Dans ce cas, elle offre plusieurs degrés : si la luette seule est divisée, c’est la lésion lu moins grave ; d’autres fois, il y a en même temps division du voile du palais dans tout ou partie de son étendue ; enfin, dans les cas les plus graves, la diiformité s’étend non-seulement au voile du palais, mais encore à la voûte palatine. Les incommodités produites par co vice de conformation sont proportionnées à son étendue. Les enfants tettetit difficilement ou même ne tettent pas du tout ; il faut les nourrir au biberon ou à l’aide d’une petite cuiller. Plus tard, la déglutition des aliments solides et liquides est fort difficile ; l’exercice de la parole est altéré, la voix présente un timbre nasillard fort désagréable, et la prononciation se fait avec une grande difficulté.

Les divisions accidentelles du voile du palais sont de deux espèces : les unes ont été le résultat de l’action d’un instrument tranchant sans perte de substance ; les autres sont consécutives à une ulcération syphilitique ou autre, à la gangrène et sont alors accompagnées d’une perte de substance plus ou moins considérable.

Pendant bien longtemps, les chirurgiens n’ont pas songé à remédier, par une opération, à ces solutions de continuité du voile du palais. Les premiers essais paraissent avoir été faits par Le Morinier, qui rafraîchit d’abord avec un instrument tranchant les deux bords de la fente et les réunit ensuite avec plusieurs points de suture. On trouve aussi daDS Jourdain une observation de réuuion avec des lames de plomb ; c’était pour combattre la déchirure qu’avait faite un morceau de roseau. Plus tard, en 1817, le professeur Grneffe, de Berlin, pratiqua sa première opération de staphylorrhaphie et il en publia les détails dans le Journal de Hufeland ; il y avait eu insuccès.

Ces faits étaient restés ignorés et avaient à peine frappé l’attention des chirurgiens, lorsque, en 1819, le professeur Roux obtint sur un jeune médecin, le docteur Stephenson, un succès éclatant. D’autres observations vinrent bientôt s’ajouter à celle-ci ; Rous y joignit la description du procédé qu’il avait employé, détailla avec Soin toutes les circonstances délicates de l’opération. Si donc le célèbre chirurgien de Paris n’a réellement pas fait le premier la inphylorrhaphie, il est juste de

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reconnaître qu’il a le premier bien posé les régies de cette opération et qu’enfin à lui appartient l’honneur de l’avoir introduite définitivement dans la médecine opératoire.

La staphylorrhaphie se pratique dans le fond de la bouche, où la manœuvre est difficile, sur des tissus très-sensibles et doués d’une grande mobilité. Elle exige de la part du malade beaucoiio de patience et de courage ; aussi ne doit-on pas la pratiquer avant l’âge de quatorze ou quinze ans ; il serait imprudent de la tenter sur des sujets plus jeunes, dont la raison n’est pas assez développée pour qu’ils puissent sentir les inconvénients du mal et le désir de s’en débarrasser. Il faut, après l’opération, que le voile du palais reste aussi immobile que possible ; il serait donc imprudent d’opérer quand le malade a un rhume, une angine ou un gonflement des amygdales qui détermine des irritations fréquentes dans la gorge. Pour conserver l’immobilité du voile du palais, il faut suspendre la déglutition, même celle des liquides, pendant quelques jours. L’état général doit être dans de bonnes conditions de forces et de santé ; autrement, il faudrait l’améliorer par une bonne nourriture, l’exercice et tous les soins hygiéniques sagement combinés. Avant de procéder à l’opération, il est bon de faire au malade toutes les recommandations sur les soins qu’il devra prendre pour faciliter le succès, et de le prévenir da la gène à laquelle il sera soumis pendant quelques jours. Il faut aussi habituer le voile du palais au contact de corps étrangers, tels que sondes et autres instruments. On renouvellera ce contact plusieurs fois dans la journée, et si on doit, après l’opération, injecter par une sonde des liquides dans l’estomac, il sera prudent eaeore d’habituer à l’avance le malade au passage de cet instrument.

Voici le manuel opératoire. L’opération se compose de trois temps : 1° aviver ; 2» passer les fils ; 30 les nouer. Les instruments dont on se sert habituellement consistent en une pince à pansement ou à dents de souris, un porte-aiguille, des aiguilles courbes et plates, un bistouri droit pointu, des ciseaux à branches très-longues et dont les lames, assez courtes, sont coudées à angle obtus sur l’un des côtés, près de l’articulation, et du cordonnet plat ou des fils cirés réunis de manière à former un ruban de on^OOl de largeur. Le procédé qui va être décrit est celui du professeur Auguste Bérard, qui avait modifié et simplifié celui de Roux.

Le malade est assis sur une chaise en face du jour et du chirurgien, la bouche naturellement ouverte ou écartée à l’aide d’un coin de liège, selon qu’on peut ou non se fier à sa docilité, et un aide placé derrière soutient la tête. Le chirurgien commence l’avivement ; il saisit la luette avec la pince à pansement ordinaire ou la pince a dents de souris de Graefe et l’attire un peu en bas ; puis il enlève avec le bistouri une petite portion de l’un des bords libres de la fissure. Roux faisait l’avivement de bas eu haut ; mais Auguste Bérard avait constaté qu’il était plus commode de le faire en sens inverse, c’est-à-dire du bord adhérent vers le bord libre, le voile du palais se trouvant alors fixé pendant, presque tout le temps que l’on incise. On commence donc par plonger la pointe du bistouri vers la partie supérieure ; l’instrument est conduit en bas, et, pour terminer, le chirurgien revient couper ce qui adhère encore à la voûte palatine ; dès que l’avivement est fait d’un côté, on permet au malade de se gargariser, on le laisse reposer quelques instants ; ensuite on avive de l’autre côté et de la même manière ; les deux lambeaux enlevés doivent avoir chacun environ o^OO ? d’épaisseur ; on laisse encore reposer le malade et on s’occupe de placer les fils au nombre do deux ou de trois, suivant l’étendue de la solution de continuité. L’instrument auquel on donne en général la préférence pour ce temps de l’opération est celui de Depierris ; l’aiguille dont il est muni traverse bien le voile du palais d’avant eu arrière et, va chercher le fil en arrière pour le ramener ensuite en avant. Les fils doivent être placés à om,005 environ du bord de la fissure ; il doit y avoir entro chaque fil un écarteraent de om,008 à 001,010 et il vaut mieux commencer d’abord par le fil inférieur. Le fil une fois placé, on noue ses extrémités ensemble pour le retrouver plus tard ; on fait de môme pour le deuxième, que l’on confie k un aide, et enfin pour le troisième, qui est le plus élevé. Dans toutes ces manœuvres, qui sont pénibles et gênautes pour le malade, il n’est pas nécessaire de se presser ; il faut le laisser se reposer souvent et le faire gargariser, afin d’enlever le sang, les mucosités et la salive, qui gêneraient le reste de l’opération. Enfin oa noue les fils en commençant par le fil supérieur, parce que là l’écartement est moins considérable. Pour ce temps de l’opération, ou agit comme le professeur Rou., c’est-à-dire que l’on fait d’abord un premier nœud, que l’on serre convenablement en portant les doigts indicateurs jusque sur le voile du palais ; un aide saisit alors avec une pince ce premier nœud, qu’il lâche au moment où le chirurgien est sur le point de serrer le second.

Quant aux soins consécutifs, le malade est placé dans son lit ; on lui recommande le repos le plus absolu ; il ne doit point parler, rire ni cracher ; on lui défend de boire et on se contente de rafraîchir la bouebe au moyeu