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bleaux représentant des chntes d’eau, des vues des Alpes, des forêts de sapins, etc. Il peignait ses tableaux au cabaret, où ses habitudes de débauche le faisaient séjourner constamment.

STRAFFORD (Thomas Wentworth, comte de), homme d’État, né à Londres en 1593, d’une famille alliée au sang royal, décapité dans la même ville en 1641. Membre du parlement de 1621, il défendit contre Buckingham la cause des libertés nationales, fut emprisonné, puis exilé en 1625, pour avoir donné l’exemple du refus de payement d’une taxe illégale, et reparut au parlement de 1628, ou il fit adopter la fameuse Pétition des droits. Dès ce moment, son opposition parut fléchir et il s’attira des accusations d’apostasie. Après l’assassinat de Buckingham, il se rapprocha sensiblement de la cour, défendit l’Église anglicane contre les puritains, fut appelé à la pairie par Charles Ier, puis au conseil privé, à la présidence de la cour du Nord, tribunal d’exception créé par Henri VIII, et enfin nommé gouverneur de l’Irlande, déchirée par les guerres féodales et les résistances d’une indestructible nationalité. « Ambitieux et passionné, il avait été patriote par haine de Buckingham plutôt que par une conviction vertueuse et profonde... Entré au service de la couronne, il prit son pouvoir à cœur comme il avait fait naguère des libertés du pays. » (Guissot.) Dévoué désormais à. la cause royale, il gouverna despotiquement l’Irlande (1632-1639) et rétablit le calme dans ce pays. Le roi le nomma comte de Strafford, lord-lieutenant d’Irlande et en reçut des services signalés pendant tout le temps où il gouverna arbitrairement sans parlement. Mais lorsque l’explosion du mécontentement public l’eut obligé de réunir le Long Parlement, il ne fut plus en son pouvoir de soustraire Strafford aux animosités qu’il s’était attirées par les mesures violentes et arbitraires qu’il avait exécutées ou conseillées. Accusé de trahison devant les Communes par Pym et les puritains, il accourut à Londres dans l’espoir de conjurer l’orage ; mais, abandonné par lu Chambre des lords, il fut rais à la Tour et vit immédiatement commencer son procès. On masqua de quelques formalités judiciaires l’inflexible résolution de l’immoler aux ressentiments que l’absolutisme du gouvernement royal avait inspirés, et il fut condamné à la peine de mort. Lâchement abandonné par le roi, qui signa son arrêt, il subit sa peine avec la plus admirable fermeté. Sa mémoire fut réhabilitée sous Charles II. On a de lui un recueil fort intéressant intitulé : Stra/ford’s letters and despatches (Londres, 1739, 2 vol. in-S°).

Strafford marchant au supplice, tableau de

P. Delaroche. Ce tableau représente le ministre de Chartes 1er agenouillé devant le cachot de l’archevêque de Camorbéry qui lui donne sa bénédiction. « Près de sortir de la Tour de Londres pour marcher au supplice, dit une chronique, Strafford s’arrêta au-dessous du cachot où était enfermé Laud, l’archevêque dont les consolations spirituelles lui avaient été refusées, et, s’agenouillant, il lui cria : « Milord, votre bénédic»tion et vos prières ! » Le vieillard étendit les mains à travers les barreaux de sa prison et appela sur son ami les bénédictions du Seigneur. > Le tableau de Delaroche est pour ainsi dire la reproduction sur la toile de cette scène historique. Il fut peint en 1835 et parut au Salon de 1837. La foule l’admira sans réserve, ainsi que celui qui lui faisait pendant, Charlesgardé à vue par les soldats de Cromwell. Mais la critique, tout en rendant justice au talent depuis longtemps incontesté de Delaroche, fut unanime, et avec raison, pour reprocher au peintre d’avoir écarté l’attention du personnage principal qui est Strafford, pour l’attirer sur des bras qui passent au travers des barreaux d’une prison, sans pouvoir voir la figure de celui auquel ils appartiennent. Ces mains semblent vouloir produire un effet qui dépasse les bornes de la peinture. Toutefois, on admira le beau et grand caractère de la figure de Strafford agenouillé, l’habile et heureuse facture de ses mains, de ses vêtements, de la plume ondoyante qui orne son chapeau, la pose heureuse et le beau coloris des soldats qui le suivent et le précèdent. Strafford, le ministre qui se dévoue et que son maître livre au peuple sans profit pour lui-même, paraît certain de la justice de sa cause. Ce tableau, dont la hauteur est de 2"*,6b et la largeur de 3m, i4 et dont les figures sont de grandeur naturelle, appartient au duc de Sutherland.

STRAGULE s. f. (stra-gu-le — rad. stragulum). Bot. Glumelle des graminées.

STRAGULUM s. m. (stra-gu-lomm). Antiq" rom. Sorte de couverture que les Romains étendaient sur leurs lits.

— Encycl. Le stragulum s’étendait sur le lit du Uiclinium ou sur le lit de la chambre à coucher. On trouve assez fréquemment, ce mot chez les auteurs. Ainsi Tibulle (Elégies, I, 1), exprimant la douleur qu’il éprouverait à être séparé de sa Délie, s’écrie : Quitl Tijrio recubare toro sine omore secundo

Prodext, cum fîetu nox vigilanda venit ! Ifam negue ium pluma, née stragula picta soporem, jVec sonitus placitlss ducere possit aqum.

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« Que sert d’être couché mollement sur la pourpre s’il faut veiller dans les pleurs, privé de l’objet de ses amours 1 Alors le duvet, le3. couvertures brillantes, le murmure des eaux, rien ne rappelle le sommeil. • On remplaçait quelquefois le mot stragulum par l’expression stragula veslis, étoffe étendue. Horace dit de l’avare (Satires, II, m) : à Allons, qu’il se couche sur de la paille, a l’âge de soixante-dix-neuf ans, quand il a des couvertures qui, pâture des mites et des vers, pourrissent dans une armoire :

... Aget ti et stramentis ineubet, unde* octoginta annas natus, eut stragula vestis, Blattarum ac tinearum epuls, putrescat in arca. On trouve aussi, mais rarement, le nom de stragulum donné à la couverture transformée en housse de cheval. Les Epigrammes de Martial (XIV, lxxxvi) en offrent un exemple : « Allons, chasseur, prends la housse d’un cheval de voyage légèrement harnaché : Stragula tuccincti venator sume veredi.

STRALEN (Henri van), homme d’État néerlandais, né à Enkhuysen vers le milieu du xviue siècle. Il fut, en 17S1, député aux états de sa province et occupa divers emplois jusqu’à la révolution opérée par les Français en 1795. Il rentra alors dans la vie privée ; mais, ayant pris part aux événements de 1799, il fut obligé de s’expatrier. En 1802, il fut appelé au gouvernement de la province de Hollande, puis il fut nommé conseiller dans l’administration des possessions d’Asie (1804) et, l’année suivante, secrétaire d’État du ministère de l’intérieur. Il conserva ce poste jusqu’à l’avènement de Louis-Napoléon Bonaparte au trône de Hollande, et fut ensuite nommé membre du Corps législatif. Il siégea dans cette assemblée jusqu à l’annexion de la Hollande à l’Empire. Après les événements de 1813, il fut pendant dix-huit mois ministre de l’intérieur du nouveau roi de Hollande ; ensuite il fut nommé membre de la première Chambre des états du royaume des PaysBas.

STRALENBERG(Phi !ippe-Jean), lieutenantcolonel au service de la Suède, né dans la Poméranie suédoise en 1676, mort à Karlshamn en 1747. Il servit dans l’armée suédoise sous Charles XII, assista à la bataille de Pultava (1709), fut fait prisonnier par les Russes et envoyé en Sibérie, où il passa treize ans. Il dressa une carte de ce dernier pay^s, obtint la permission de revenir en Suède et refusa les offres du czar, qui voulait l’engager à son service. Arrivé à Stockholm, Stralenberg oblint, en 1724, une compagnie et lô titre de lieutenant-colonel. En 1730, il se rendit à Lubeck et y lit imprimer sa Description historique et géographique des parties septentrionales et orientales de l’Europe et de l’Asie (in-4°, en allemand). En 1740, il fut nommé commandant de la citadelle de Karlshamn.

STRALLIS, poète dramatique grec qui vivait dans le ive siècle avant notre ère. Suidas et Athénée nous ont conservé les titres de quelques - unes de ses pièces. Parmi ses tragédies, ils ont cité les Phéniciennes, Pkiloctèle, Chrysis, Atalante, Médée ; une seule de ses comédies est mentionnée, celle des Psychistes. Les rares fragments qui nous restent de cet auteur ont été réunis par Heincke dans ses Fragmenta comieorum grxcorum.

STR ALSUND, ville maritime et place forte de la Prusse, dans la province de Poméranie, ch.-l. de la régence de son nom, sur la rive occidentale du détroit de Gellen, qui sépare l’Ile de Rugen du continent, à 240 kilom. N, -0. de Berlin, à 130 kilom. N.-O. de Stettin, par54° 19’ de latit. N., 11° 12’ de longit. E. ; 28,000 hab. Tribunal de lra instance ; gymnase ; consistoire évatigélique ; école de navigation et de commerce. Consuls de Danemark, Suède., Angleterre, France et Portugal. Bibliothèque publique ; cabinet de médailles ; hôtel des monnaies ; arsenal ; chantiers de construction. Raffineries de sucre ; fabrication d’amidon, savon, tabac, cuirs, miroirs, cartes à jouer. Commerce actif ; exportations de grains ; importation, de fers, denrées coloniales, chanvre, charbon, sel, drèche. En 1862, le mouvement du port de Stralsund a été, entrée et sortie réunies, de 621 navires, jaugeant ensemble 73,700 tonneaux. Le port de Stralsund n’est guère fréquenté que par des navires du Nord, principalement du Danemark, et les relations commerciales de cette ville ne dépassent pas, à l’occident, les Iles Britanniques et les ports néerlandais et belges. Ce port peut contenir 300 navires,

Stralsund est bâtie sur une île baignée par la mer et par des étangs ; on ne peut y entrer que d’un seul côté, au sud, par trois ponts qui la réunissent aux faubourgs Knieper, Triebsee et Franken. Les rues sont étroites, mais régulières, et les maisons, en grande partie anciennes, présentent toutes le caractère des constructions allemandes du moyen âge.

Histoire. La fondation de Stralsund ne remonte pas au delà de 1209 ; elle est due au prince Jaromir de Rugen. La ville n’était à vrai dire, à son début, qu’une sorte de bourg ; reconstruite par Witzluff, fils de Jaromir, elle fut, en 1241, ravagée par les Lubeckois, jaloux de sa prospérité naissante. Stralsund parvint cependant à se ré.^ver de ce désastre et entra dans la ligue des villes hanaéatiques.

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Son histoire est dès lors intimement liée à celle de cette ligue. Stralsund, en guerre presque permanente avec les Danois, les Suédois, les Hollandais, sans parler des petites puissances, ses voisines, se maintint toujours à un rang important, qu’elle dut surtout à sa situation topographique et à l’activité industrielle et commerciale de ses habitants. Au cours de la guerre de Trente ans, Wallenstein fit serment de la détruire sans même y laisser pierre sur pierre. Mais ce fut en vain qu’il mit le siège devant la place. Stralsund résista héroïquement, et le grand capitaine dut battre en retraite. On trouvera plus loin l’histoire de ce siège et de ceux que Stralsund a eu depuis à subir. La ville figura, au traité de Westphalie, au nombre de celles qui furent attribuées à la Suède-, mais, dès 1678, le grand électeur s’en emparait et, en 1*715, elle passait sous la domination de Frédéric Ier. Cinq ans plus tard, la Suède en reprenait possession. Stralsund tomba aux mains des Français en 1807. Deux années plus tard, la ville fut le théâtre d’un des plus sanglants épisodes de la guerre de l’indépendance allemande. Le partisan Schill avait organisé un soulèvement général contre les Français. Sa tentative échoua ; mais, plutôt que de se rendre, le jeune patriote se fit tuer les armes à la main. Aujourd’hui, une pierre indique la place où il tomba frappé de mort, dans le quartier de la Fœhrstrasse, et un tombeau luia été élevé dans le cimetière de Knieper. Les traitésde 1815 replacèrent Stralsund sous la domination prussienne. Depuis les événements de 1870-1871, le gouvernement a résolu de modifier les ouvrages de défense qui protègent Stralsund. On ne conservera que les ouvrages qui donnent sur la mer, ainsi que ceux qui se trouvent dans l’Ile de Rugen ; tout le reste disparaîtra sous la sape. Le port de Stralsund étant peu profond, on se défendra des chaloupes canonnières au moyen de torpilles, etc.

Monuments. Les principaux sont : l’hôtel de ville, édifice du xive siècle, mais repris en sous-œuvre au xvmc. ■ Les trois étages supérieurs, dit un visiteur contemporain, sont une simple muraille percée d’ouvertures alternativement rondes et ogivales, et couronnée de sept clochetons séparés par sept pignons. • Une partie des appartements intérieurs est aménagée en bibliothèque et en musée ; on conserve dans ce dernier la pierre sur laquelle Charles XII fut trouvé endormi par une sentinelle à son retour de Bender. Les archives de Stralsund y sont également conservées. L’église Saint-Nicolas, édifice contemporain de l’hôtel de ville, est surmontée de deux grosses tours carrées, dont l’une se termine par une flèche. Le principal ornement de l’intérieur consiste dans un tableau de maître-autel à volets, œuvre des frères Holbein de Berlin. Citons encore l’église de Marie (xve siècle), décorée de vitraux modernes, et l’église Saint-Jacques, de la même époque, surmontée d’un clocher massif ; mentionnons enfin le gymnase, l’arsenal, le Johannishof, ancien couvent transformé en hôpital.

C’est dans la petite lie de Dœnholm que Wallenstein avait établi, en 1628, son quartier général, et c’est de là qu’il dirigea ses attaques les plus furieuses contre la ville. Stralsund célèbre chaque année par une fête nationale l’anniversaire de sa délivrance.

StruUuud (sièges de). La guerre de Trente ans venait de commencer, et les projets de l’empereur et du fameux Wallenstein, son généralissime, se développant de jour en jour

sur une échelle plus étendue, il devint bientôt évident que Ferdinand visait à la conquête de la Baltique et ne s’arrêterait qu’après avoir fixé cette mer et l’Adriatique pour bornes extrêmes à son empire. Mais Wallenstein manquait de marine pour accomplir ces vastes projets. Sommées de mettre leurs navires à la disposition de l’envahisseur, les villes hanséatiques de la Baltique refusèrent ; ce refus servit de prétexte à Wallenstein pour s’emparer du Meeklembourg et de la Poméranie. Investi de la souveraineté de la première de ces deux provinces en garantie des avances par lui faites à l’empereur, créé duc de Friedland et amiral de la Baltique, le généralissime résolut de frapper un dernier

coup qui lui permit d’envahir les lies danoises, puis d’aller préparer en Suède la contrerévolution au profit de Sigismond Wasa. La ville hanséatique fortifiée de Stralsund était la cleT de l’entreprise ; Wallenstein parut sous ses murs et somma la garnison de rendre la place. Les Danois, jusque-là vaincus et repoussés du continent dans leurs îles, firent un dernier et suprême effort et parvinrent, avec le seul secours de leur flotte, à détruire la marine improvisée par Wallenstein avec l’aide du roi de Pologne. Ce premier insuccès ne découragea pas le terrible feld-maréchal, qui s’écria, dit-on, transporté de fureur : « Je prendrai Stralsund, fût-elle attachée nu ciel par des chaînes de fer ! » En effet, la ville, à bout de forces et de ressources, allait peut-être se voir forcée de capituler, quand une flotte suédoise parut dans la Baltique. Wallenstein dut alors lever le siège (novembre 1628), furieux d’avoir rencoûtré un obstacle infranchissable. Stralsund, à elle seule, avait eu la gloire d’arrêter le flot de l’invasion autrichienne, que, l’arrivée prochaine de Gustave-Adolphe devait bientôt refouler vers le midi.

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1678. Aux termes du trait.". A« Vossem, petit village voisin de Louvain (6 juin. C73), et en échange de l’évacuation de la Westphalie par la France, plus 800,000 livres, le grand électeur Frédéric-Guillaume s’était engagé à renoncer à l’alliance de la Hollande et à n’assister en rien les ennemis du roi. Mais, par une clause perfide, il s’était réservé, en cas d’agression, le droit de porter secours à l’empereur s’il y était contraint par celui-ci. Ce cas se présenta dès l’année suivante, et le grand électeur s’empressa d’aller renforcer de 16,000 hommes environ les forces impériales. Le cabinet de Versailles, non content de la victoire de Mulhausen, et pour punir le grand électeur, lança alors sur la Poméranie et la Marche les Suédois, commandés par le général deWrangel. Frédéric-Guillaume oat les Suédois à Fehrbellen(i8 juin 1675), les refoule en désordre hors des provinces envahies ; »puis, rempli de défiance à l’égard de l’Autriche, essaye de participer à la paix de Nimègue. Mais Louis XIV refuse d’entendre à rien avant que le grand électeur ait fait aux Suédois restitution totale de ses conquêtes. Frédéric-Guillaume, acculé dans cette situation extrême, reprend l’offensive et, au lieu d’abandonner sa conquête, répond aux exigences de Louis XIV par l’occupation de Greifswalde et par le siège de Stralsund. Après un bombardement terrible, cette place, qui a résisté à Wallenstein, est réduite à se rendre au grand électeur, et sa prise décide du sort de toute la Poméranie. Les menaces de la France et l’approche d’une armée obligèrent enfin Frédéric-Guillaume à entrer en composition, et le traité de Saint-Germain (29 juin 1679) mit provisoirement fin à la guerre.

1715. Le traité d’Utrecht venait de reconnaître Frédéric-Guillaume Ier roi de

Prusse ; À la suite de la capitulation du général suédois Steinbock à Tosnningue, les Russes et les Saxons menaçant la Poméranie suédoise, l’administrateur du Holstein, Gottorp, et le comte de Welling, gouverneur de cette province, signèrent, au mois de juin 1713, un traité de séquestration avec le roi de Prusse, qui occupa aussitôt Stettin et Wismar pour les empêcher de tomber aux mains des ennemis. Sur ces entrefaites, Charles XII débarqua de Turquie et refusa de ratifier ce traité et notamment d’acquitter l’avance d’indemnité de guerre payée aux Russes et aux Saxons. Frédéric-Guillaume se tourne alors du côté de ces derniers et du Danemark et, prenant l’offensive, envoie Léopold de Dessau, son général, contre Stralsund, qui se rend après une résistance opiniâtre des Suédois. On sait que le traité de Stockholm, qui intervint à la suite de ce succès, maintint au roi de Prusse toute la conquête de la Poméranie Citérieure moyennant une indemnité de 2 millions de thalers payée à la Suède (21 janvier 1720).

1806-1807. Au mois de novembre 1806, et taudis que Napoléon, s’enfonçant au cœur même de l’Allemagne, accomplissait cette campagne éclatante et rapide que devaient couronner les batailles d’Éylau et de Friedland, les Anglais préméditèrent un débarquement en Poméranie suédoise, sur les derrières de l’armée française. La place inondée de Stralsund, gardée en ce moment par les Suédois au nombre de 12,000 à 15,000 et commandés par le général Essen, semblait offrir un asile inviolable. Napoléon, instruit des menées anglaises, menées qui d’ailleurs n’eurent pas de suite, ne s’en inquiéta guère, et on le voit écrire à son frère Louis, qui le harcelait de ses appréhensions : « Les Anflais ont bien autre chose à faire que de déarquer en France, en Hollande, en Poméranie. Ils aiment mieux piller les colonies de toutes les nations que d essayer des descentes dont ils ne retirent d’autre avantage que celui d’être honteusement jetés à la mer. » Tout au plus crut-il à une pointe de la part de la garnison suédoise. En conséquence, il confia au maréchal Mortier le soin de contenir la Prusse et de garder le littoral de l’Allemagne, et une des divisions du corps du maréchal fut spécialement chargée d’aller former le blocus de Stralsund. Au mois de janvier 1807, la nécessité de la garde de la basse Vistule obligea Napoléon à rappeler Mortier, Celui-ci revint aussitôt après avoir placé à Stralsund, dans de bonnes lignes de circonvallation, les troupes indispensables au blocus, c’est-à-dire deux régiments, le 4e léger et le 58° de ligne, sous les ordres du général Grandjean. Ces deux régiments, composés en partie de Hessois, de Hollandais, etc., s’élevaient à un total de 6,000 hommes, dont moitié Français seulement. Le roi de Suède, dont on peut voir ailleurs combien le caractère était incertain, maladroit, plein d’imprudences et de violences stériles, crut alors le moment venu de tenter en Allemagne une descente victorieuse, de recommencer en quelque sorte l’œuvre de Gustave-Adolphe contre le nouvel envahisseur, d’intervenir, en un mot, comme un médiateur armé et tout-puissant. Le général Essen, enfermé dans Stralsund et instruit, d’une part, du départ du maréchal Mortier, d’autre part, des projets du roi de Suède, se résolut à seconder des circonstances qu’il jugeait heureuses et, dès les premiers jours d avril 1807, fit une. vigoureuse sortie à la tête des 12,000 ou 15,000 hommes de garnison. La division Grandjean, malgré des efforts héroïques, dut,