Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 3, Sois-Suj.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1122

STRA

ï

pour la cause de l’Espagne et du catholicisme. Duryer (Paris, l65î) a donné une traduction française de cette histoire.

STRADAN (Jean) ou STRADANO, ou encore STBADANUS, peintre flamand, né à Bruges en 1536, mort au commencement duxvna siècle. Il étudia dans sa ville natale, et, pour compléter son instruction, voyagea en Italie. Il revint ensuite dans sa patrie et fut nommé membre de l’Académie de peinture de Bruges. Parmi ses productions, on cite les fresques dont il orna les palais du roi de Toscane et, entre autres, le Christ entre les deux larrons, le Christ sur la croix auquel un des bourreaux présente l’éponge, dans l’église de l’Annonciation, à Bruges, et une suite de compositions tirées des Actes des apôtres, imitées de Hemskerke. Stradan vivait encore en.1604.

STRADELLA (Alexandre), compositeur italien, né à Naples en 1644, mort assassiné à Gênes en 1683. La Un tragique de ce maître a rendu son nom populaire ; mais, sauf le récit circonstancié de 1 aventure qui lui coûta la vie et la date de deux ou trois de ses œuvres, on n’a que peu de renseignements sur sa vie. On ne sait ni quels furent ses maîtres ni dans uel genre il débuta. Les recueils manuscritsune partie de ses œuvres se trouvent à la bibliothèque ducale de Modène, au Conservatoire de Naples et a la bibliothèque de Saint-Marc de Venise. La Bibliothèque nationale, celle du Conservatoire et le musée Britannique de Londres en possèdent également quelques morceaux. On conjecture qu’il passa une partie de sa vie à Modène et à Ferrare et qu’il composa, pour les amusements de la cour, les opéras conservés à la bibliothèque de Modène : Corispero ; Orazio Code $ul ponte ; Trespolo tutore, opéra-bouffe, et Biante, drame lyrique, dont une partie est écrite eu prose. Il excellait également dans la musique religieuse et fut appelé à Venise vers 1676, non pour y faire représenter un opéra, comme le dit Bourdelot dans le récit qu’on lira ci-après, mai» pour la composition de quelque oratorio ; son nom, en effet, ne figure pas dans le catalogue que l’on possède de tous les opéras représentés à Venise au xvne siècle, et la bibliothèque de Saint-Marc ne possède de lui qu’un recueil de vingt et une cantates, dont six furent exécutées et imprimées à Paris. Quoi qu’il en soit, il fut forcé de quitter précipitamment Venise, et voici comment le médecin Bourdelot, son contemporain, rapporte l’aventure qui a rendu

Stradella si célèbre : «Un nommé Stradel, fameux musicien qui était à Venise gagé par la république, pour composer la musique des opéras, qui y sont considérables pendant le carnaval, ne charmait pas moins par sa voix que par sa composition. Un noble Vénitien, nommé Pignaver, avait une maîtresse qui chantait assez proprement ; il voulut que ce musicien lui donnât la perfection du chant et allât lui montrer chez elle, ce qui est assez contraire aux mœurs des Vénitiens dont la jalousie est à l’excès ; après quelques mois de leçons, l’écolière et le maître se trouvèrent avoir tant de sympathie l’un pour l’autre, qu’ils résolurent de s’en aller ensemble à Rome, quand ils en trouveraient l’occasion, qui n’arriva o, ue trop tôt pour leur malheur ; ils s’embarquèrent une belle nuit pour Rome. Cette évasion mit au désespoir le noble Vénitien, qui résolut, à quelque prix que ce fût, de s’en venger par la mort de l’un et de l’autre ; il envoya aussitôt chercher deux des plus célèbres assassins qui fussent alors dans Venise, avec lesquels il convint d’une somme de 300 pistoles pour aller assassiner Stradel et sa maîtresse, promit encore de les rembourser des frais du voyage et les leur donna d’avance, avec un mémoire instructif pour l’exécution du meurtre. Ils prirent le chemin de Naples, où, étant arrivés, ils apprirent.que Stradel était à Rome avec sa maitresse, ’ qui passait pour sa femme ; ils en donnèrent avis au noble Vénitien et lui mandèrent qu’ils ne manqueraient pas leur coup, s’ils le trouvaient encore à Rome, et le prièrent de leur envoyer des lettres de recommandation pour l’ambassadeur de Venise à Rome, afin d être sûrs d’un asile. Étant arrivés, ils prirent langue et surent que le lendemain Stradel devait donner un opéra spirituel dans Saint-Jeande-Latran, à cinq heures du soir, que les Italiens appellent oratorio, où les assassins ne manquèrent pas de se rendre, dans l’espérance de faire leur coup, quand Stradel s’en retournerait le soir chez lui avec sa maîtresse ; mais l’approbation que tout le peuple fit du concert de ce grand musicien, jointe à l’impression que la beauté de sa musique fit dans le cœur de ces assassins, changea comme par miracle leur fureur en pitié ; de sorte que, frappés d’un même esprit, ils résolurent de lui sauver la vie... Ils l’attendirent en sortant de l’église, et lui firent duns la rue un compliment sur son oratorio, et lui avouèrent le dessein qu’ils avaient eu de le poignarder avec sa maitresse ; mais que, touchés des charmes de sa musique, ils avaient changé de résolution et lui conseillèrent de partir dès le lendemain pour trouver un lieu de sûreté, et qu’ils allaient mander au seigneur vénitien qu’il était parti de Rome la veille qu’ils étaient arrivés, afin de n’être pas soupçonnés de négligence. Stradel ne se le fit pas dire deux fois, il partit pour Turin avec sa maîtresse. Madame Royale était alors régente... Mais

STRA

Stradel n’en fut pas quitte ; car son rival songea aux moyens d’exécuter sa vengeance & Turin, et, pour en être plus sûr, il y engagea le père de sa maîtresse, lequel partit de Venise avec deux autres assassins pour aller poignarder Stradel et sa fille, ayant des lettres de recommandation de l’abbé d’Estrade, ambassadeur de France à Venise, adressées au marquis de Villars, ambassadeur de France à Turin. L’abbé d’Estrade lui demandait sa protection pour trois négociants qui devaient faire quelque séjour à Turin, qui étaient ces assassins, lesquels faisaient régulièrement leur cour a l’ambassadeur, en attendant l’occasion de pouvoir exécuter leur dessein avec sûreté ; mais Madame Royale ayant appris le sujet de l’évasion de Stradel, fit mettre sa mattresse au couvent et se servit du musicien pour sa musique, lequel, s’allant promener un jour, à six heures du soir, sur les remparts de la ville de Turin, y fut attaqué par ces trois assassins qui lui donnèrent chacun un coup de stylet dans la poitrine et se sauvèrent chez l’ambassadeur de France, comme un asile certain pour eux. L’action, vue de bien des gens qui se promenaient sur les remparts, causa d’abord un si grand bruit que les portes de la ville furent fermées aussitôt ; la nouvelle en étant venue à Madame Royale, elle ordonna la perquisition des assassins ; on sut qu’ils étaient chez l’ambassadeur de France, auquel elle envoya les demander ; mais il s’excusa de les rendre sans ordre de la cour, attendu les privilèges des hôtels des ambassadeurs pour les asiles. Cette affaire fit grand bruit

fiar toute l’Italie. M. de Villars voulut savoir a cause de l’assassinat par ces meurtriers, qui lui déclarèrent le fait. Il en écrivit à l’abbé d’Estrade, qui lui manda qu’il avait été surpris par l’un des plus puissants nobles de Venise ; mais comme Stradel ne mourut pas de ses blessures, M. de Villars fit évader les assassins... Mais comme les Vénitiens sont irréconciliables pour une trahison amoureuse,

Stradel n’échappa pas à la vengeance de son ennemi, qui laissa toujours des espions à Turin, pour suivre sa marche ; de sorte qu’un an après sa guérison il voulut par curiosité aller voir Gênes avec sa maîtresse, qu’il appelait Ortensia, que Madame Royale lui avait fait épouser dans sa convalescence ; mais dès le lendemain de leur arrivée, ils furent assassinés dans-leur chambre, et les assassins se sauvèrent sur une barque qui les attendait dans le port de Gênes, de sorte qu’il n’en fut plus parlé depuis. Ainsi périt le plus excellent musicien de toute 1 Italie, environ l’an 1670. »

Ce récit parait véridique ; Bourdelot s’est cependant trompé sur la date de la mort de Stradella, on en a les preuves incontestables. En 1676, Stradella était à Rome et y donnait un oratorio : Oratorio di S. Gioo. Baltista, a 5 voci (1676, in-4") ; c’est sans doute l’année où se passa l’aventure de Rome, et rien n’empêche de voir dans cet oratorio le morceau musical qui émut les assassins au point de les faire renoncer à tuer l’artiste ; un autre opéra de Stradella, imprimé à Gênes en 1678, la Forza del amar paterno, témoigne du séjour du compositeur à Gènes, deux ans après son aventure à Rome, et corrobore en ce point le récit de Bourdelot ; mais Stradella ne put cette fois encore être assassiné, car on a de lui une dernière production, l’oratorio de Suzanne, dédié par lui au duc de Modène et daté du 16 avril 1681. Il faut donc reculer au moins à 1682 ou 1683 la mort tragique du compositeur. Le fait de son assassinat à Gênes n’en est pa3 moins certain ; M. Richard, conservateur à la Bibliothèque nationale, en a retrouvé la relation dans la correspondance diplomatique de l’ambassadeur de France à Turin.

Stradella, pièce lyrique, musique de M. de Fiotow, représenté d’abord sur Je théâtre du Palais-Royal en février 1837. Achard a chanté le rôle du célèbre musicien. Alessandro Stradella devint un opéra et fut représenté pour la première fois au théâtre Royalde Munich le 29 septembre 1845. Cet ouvrage a été jugé bien inférieur à Martha, du même compositeur. On y remarque cependant quelques morceaux dignes d’intérêt dans le troisième acte. M. de Floto-w a introduit dans sa partition une cavatine de Bellini pour la scène dans laquelle Stradella désarme" ses assassins par la beauté de sa voix.

Stradella, opéra en cinq actes, paroles de MM. Emile Deschamps et Emilien Paeini, musique de Niedermever ; représenté à l’Académie royale de musique le 3 mars 1837. Cet ouvrage n’a pas obtenu le succès qu’il méritait. Le sujet était intéressant. La biographie du compositeur chanteur Stradella en a fourni les romanesques épisodes, sauf la catastrophe finale, c’est-à-dire le meurtre des époux, qu’on a changée en cérémonie nuptiale. Quant à la partition, elle renferme des morceaux d’un grand mérite, notamment la sérénade du premier acte chantée par Nourrit, le trio du second acte chanté par MUe Fiilcon, Nourrit et Dérivis, et surtout l’air de M110 Falcon : Aht quel songe affreux ! grâce au ciel il s’achève, qui est un des beaux airs du répertoire dramatique français.

STRADIÛT s. m. (stra-di-o — ital. stradiotto ; du gr. slraiioiês, soldat. D’autres font venir ce mot du françuis estrade, et prétendent que la vieille forme estradiot en est dérivée. Toutefois, la présence de le initial

STRA

n’est pas une preuve absolue ; cette addition était habituelle devant s initial, comme on le voit par le mot esprit venu de spiritus, etc.). Hist. Nom que l’on donnait aux cavaliers albanais qui servaient en France et dans divers pays a partir du xve siècle. Il On a dit aussi

STRADIOTB et ESTRADIOT.

— Encycl. Les stradiois ou estradiots formaient une troupe à cheval dont il est parlé dans le plus ancien livre imprimé en français concernant l’art de la guerre, la Nef des batailles, de Robert de Barsat, seigneur d’Entraigues, conseiller et sénéchal du pavs

d’Agénois. » En chacune bataille (c’est-adire en chaque corps d’armée), qu’il y ait, dit-il, un nombre de coulevrîniers et d arbalétriers ; item de chevau-légiers à cheval, comme janetères (genetaires, cavaliers montés sur des genêts d’Espagne) et estradiots. i C’étaient des troupes de cavalerie étrangère, principalement composées d’Albanais qui, ayant passé en Italie avec des chefs de leur nation, se mirent à la solde de Charles VIII lors de son expédition de Naples. On les employait comme éclaireurs, à battre l’estrade. Ils étaient fort utiles daDS une action, parce qu’étant plus légèrement armés que la gendarmerie, ils pouvaient la harceler et|se porter facilement sur ses flancs et ses derrières. Ils combattaient quelquefois * à pied avec des za’gaies, ou longs bâtons ferrés par les deux bouts, qui devenaient entre leurs mains une arme fort meurtrière. À part cette arme, les gants et brassards de maille, l’épée large au côté et la masse à l’arçon, ils étaient armé3 comme les chevau-légers.

Ils existait encore des stradiots sous Henri III.

STRADIOTE s. m. (stra-di-o-te). S’est dit quelquefois pour stradiot : Les stkadiotes, très-bons soldats grecs de Venise, chevau-légers armés de cimeterres orientaux, devaient pénétrer dans les files de la lourde gendarmerie française et, de côté, faucher, poignarder les chevaux. (Michelet.)

STRADIVARIUS s. m. (stra-di-va-ri-uss)-Violon fabriqué par Stradivarius :

Les virtuoses font, sous leurs doigts secs et frêles, Des stradivarius grincer les chanterelles.

Th. Gautier.

STRADIVARIUS (Antoine Stradivari, plus connu sous son nom latinisé de), célèbre luthier italien, né à Crémone enl 1644, mort dans la même ville le 17 décembre 1737. Il fut le dernier élève des Amati, les célèbres luthiers de Crémone, et dépassa ses maîtres ; tous les instruments sortis de ses mains ont une perfection de forme, une justesse et une sonorité extraordinaires, qu’on n’a jamais pu égaler. Ses premières œuvres furent mises dans le commerça sous le nom de Nicolas Amati, à Ce ne fut, dit Fétis, qu’en 1670 qu’il commença à signer ses instruments de son propre nom. Dans les vingt années suivantes, il produisit peu. On serait tenté de croire que l’artiste était alors plus occupé d’essais et de méditations-sur son art que (le travaux au point de vue du commerce. 1C90 est une époque de transition dans le travail de Stradivarius. C’est alors qu’il commença à donner plus d’ampleur à son modèle, à perfectionner les voûtes et qu’il détermina les épaisseurs d’une manière plus rigoureuse. Son vernis ust plus coloré ; en un mot, ses produits ont pris un autre aspect ; cependant on y retrouve encore des traditions de l’école d’Amati. Les luthiers de l’époque actuelle les désignent sous le nom de stradivarius amatisès. En 1700, l’artiste est parvenu à sa cinquante-sixième année. Son talent est alors dans toute sa force, et depuis cette époque jusqu’en 1725, les instruments qui sortent de ses mains sont autant d’œuvres parfaites. Son modèle atoute l’ampleur désirable ; il en dessine les contours avec un goût, une pureté qui, depuis un siècle et demi, excitent l’admiration des connaisseurs. Le bois, choisi avec le discernement le plus fin, réunit à la richesse des nuances toutes les conditions de sonorité. Pour le fond, comme pour les éclisses, il change alors les dispositions, le place sur maille et non plus sur couche. Les voûtes de ses instruments, sans être trop élevées, s’abaissont en courbes adoucies et régulières qui leur laissent toute la flexibilité nécessaire. Les ouïes, coupées de main de maître, deviennent des modèles pour ses successeurs. La volute, qui a pris un caractère plus sévère, est sculptée avec une grande perfection. Les beaux tons chauds du vernis de Stradivarius datent de cette époque ; lu pâte en est fine et d’une grande souplesse. À l’intérieur de l’instrument, le travail de l’artiste n’offre pas moins de perfection... Les épaisseurs sont fixées d’une manière rationnelle et se font remarquer par une précision qui n’a pu être atteinte que par de longues études. Le fond, la table et toutes les parties qui composent l’instrument sont dans un rapport partait d’harmonie. Ce furent sans doute aussi des essais réitérés qui le conduisirent à faire les tasseaux et les éclisses de ses violons en bois de saule, dont la légèreté surpasse celle de tous les autres bois... La barre seule de ces instruments admirables est trop faible, par suite de l’élévation progressive du diapason depuis le commencement du xvnr» siècle, laquelle a eu pour résultat une augmentation considérable de tension et une pression beaucoup plus grande exercée sur la

STRA

table. De là est venue la nécessité de rebarrer tous les anciens violons et violoncelles. À la même époque, Stradivarius s’est quelqupfois écarté de son type définitif pour satisfaire des fantaisies d’artistes ou d’amateurs. C’est ainsi qu’il a fait des violons d’un patron plus allongé ; leur aspect a moins de grâce, mais les mêmes soins ont présidé à leur confection ; tout y est proportionné à cette modification de la forme pour maintenir l’équilibre dans les vibrations... En 1730, et même un peu avant, le cachet du maître disparaît presque complètement. Un œil exercé reconnaît que les instruments ont été faits par des mains moins habiles. Lui-même en désigne plusieurs comme ayant été faits simplement sous sa direction : Sub disciplina S Iradivarii. Dans d’autres, on reconnaît la main de Charles Bergonzi et des fils de Stradivarius, Omobono et Francesco. Après la mort de cet homme célèbre, beaucoup d’instruments non terminés existaient dans son atelier ; ils furent achevés par ses fils. La plupart portent son nom dans l’étiquette imprimée ; de là résultent l’incertitude et la confusion a l’égard des derniers temps. Stradivarius n’a fait qu’un petit nombre d’altos ; tous sont de grand format. Leur qualité de son, pénétrante, noble, sympathique, est de la plus grande beauté. Les violoncelles sortis de ses mains sont plus nombreux ; on y remarque la même progression ascendante que dans les violons pour la perfection du travail et le fini précieux. Ces instruments sont de deux dimensions : l’une, grande, à laquelle on donnait autrefois le nom de basse ; l’autre, plus petite, qui est le violoncelle proprement dit. À la première de ces catégories appartient la basse de M. Servais... La sonorité de ce bel instrument a une puissance extraordinaire, réunie au moelleux argentin. Le violoncelle de M. Franchomme est de l’autre

patron ; il appartint autrefois à Duport ; c’est un instrument du plus grand prix. On préfère aujourd’hui ce patron, dont les dimensions sont commodes pour l’exécution des difficultés. Les violoncelles de Stradivarius ont une immense -supériorité sur tous les instruments du même genre ; leur voix puissante a une ampleur, une distinction de timbre et un brillant que rien n’égale. Ces précieuses qualités résultent, d’une part, du choix des bois, de l’autre, de la force des épaisseurs qui sont traitées d’une manière large, et enfin du rapport exact de toutes les parties de l’instrument, lesquelles sont équilibrées pour que les vibrations soient libres, énergiques et prolongées-, ce qui assure la supériorité de ces instruments est, comme duns les violons, l’application constante des lois de l’acoutisque, À l’époque où Stradivarius travaillait, les violes de toute espèce étaient encore en usage dans les orchestres ; lui-même en fabriqua beaucoup de diverses formes et dimensions, à six et sept cordes, ainsi que des quintons à dos plat, avec des éclisses élevées et des tables voûtées ; enfin, des guitares, des luths et des mandores. Un de ces derniers instruments est la propriété de M. Vuilliaume, luthier de Paris... Stradivarius fut du petit nombre de ces hommes qui, se posant pour but la perfection, ne s’écartent pas de la route qui peut les y conduire, que les déceptions ne découragent pas et qui, pleins de foi dans la valeur de cet objet, comme dans leurs facultés pour le réaliser, recommencent incessamment ce qu’ils ont bien fait pour arriver à faire mieux. Pour Stradivarius, la lutherie fut le monde tout entier ; il y concentra toute sa personnalité. Il était de haute stature et maigre. Habituellement coiffé d’un bonnet de laine blanche, en hiver, et de coton en été, il portait sur ses vêtements un tablier de peau blanche lorsqu’il travaillait, et comme il travaillait toujours, son costunre ne variait guère. Il avait acquis plus que de l’aisance par le travail et l’économie, car les habitants de Crémone avaient pour habitude de dire : « Riche conmre Stradivarius. > Le prix qu’il avait fixé pour ses violons était de 4 louis d’or. Dans ces conditions et à l’époque où il vécut, il dut, en effet, acquérir quelque richesse. Il termina un violon à l’âge de quatrevingt-douze ans. »

Les stradivarius sont très-recherchés et souvent poussés dans les ventes à des prix exorbitants ; quelques violons ont été payés 3,000 et 5,000 fruncs. Les violoncelles, dont on ne connaît qu’une douzaine, sont d’un prix encore plus élevé ; l’un d’eux a été acheté 10,000 francs, et Duport refusa 20,000 francs de celui qu’il possédait.

Stradivarius a été inhumé avec ses fils, Oinobono Stradivari (mort en 1742) et Francesco Stradivari (mort en 1743), dans la chapelle du Rosaire, paroisse de Saint-Matthieu, ou se lit encore son épitaphe. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’il existe dans une autre église de Crémone, l’église de Saint-Dominique, un second tombeau de Stradivarius et de ses fils, avec une date antérieure et portant cotte inscription : Sepulcro di Antonio Stradivari e di suoi eredi. An. 1729. On conjecture qu’il avait fait préparer à l’avance, en 1729, ce tombeau dans lequel, par la suite, ni lui ni ses fils ne furent inhumés.

STRAETEN (Van der), peintre hollandais, né vers 1680, mort à Londres vers 1720. Il se rendit à Londres, où il peignit avec une facilité merveilleuse une grande quantité de ta-