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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 3, Sois-Suj.djvu/309

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une permission spéciale an matre de Strasbourg1, et l’on ne peut monter qu’accompagné de deux-ouvriers couvreurs qui vous nouent autour du corps une corde dont ils attachent le bout de distance en distance, à mesure que vous montez, aux barres de fer qui relient Jes meneaux... Du reste, personne, excepté les couvreurs qui ont à restaurer le clocher, ne monte jusqu’à la lanterne. Là, il n’y a plus d’escalier, mais de simples barres de fer disposées en échelons. » On peut juger d’après celte description éloquente du coup d’œil féerique dont on doit jouir parvenu au sommet de cette flèche admirable : Strasbourg et ses toits chargés de lucarnes, ses pignons dentelés, l’IU, le Rhin, la campagne semée de villages, de forêts et de montagnes, tout ce panorama se déroule et se perd dans un horizon infini. Après la flèche, tout autre détail d’architecture extérieure de la cathédrale paraîtrait petit ; il est juste néanmoins de citer encore les deux portes à plein cintre formant le portail méridional orné de basreliefs et de remarquables statues de la Religion chrétienne et de la Religion juive, que la tradition attribue à Sabine de Steinbach, fille d’Erwin. En avant du portail s’élèvent les statues de ce dernier et de Sabine ; elles sont dues, la première à M. Kirstein, la seconde à M. Grass. Quant k l’ancien portail du nord, il est masqué par une façade construite en 1494 par Jacques de Landshut. L’édifice est construit en grès vosgien rouge brun, dont la teinte lui donne encore un caractère plus spécial d’originalité ; mais c’est surtout de la plate-forme qui s’étend entre les deux tours qu’on peut apprécier le développement de l’immense monument. Au côté sud de cette plate-forme, bordée d’une élégante balustrade en pierre, on a établi une maisonnette où se tiennent les gardiens chargés de sonner les heures et de donner l’alarme en cas d’incendie. Un grand nombre de noms sont gravés à la main, soit sur les pans extérieurs, soit sur les murs intérieurs du vestibule où commence l’escalier de la flèche. Parmi les principaux, nous citerons ceuxdeGœthe, Herder, Lavater, CEhlensehlager, Voltaire, puis ceux plus modernes du duc d’Angoulême, de la duchesse de Wurtemberg, de Ziegler, de M. de Montalembert et de M. de Persigny. Sur le côté gauche extérieur de la tourelle on lit, à demi effacée, la signature d’un inconnu que l’on fait remonter à l’année 1370. Si l’intérieur de la cathédrale de Strasbourg répondait à la magnificence de l’extérieur, et surtout a celle de la grande façade et de sa tour, l’édifice serait sans rival au monde. Mais, comparé à celui des cathédrales de Chartres et d’Amiens, cet intérieur présente de l’infériorité. Le choeur trop simple manque de développement ; les voûtes n’ont ni la grâce ni la hardiesse de celles des basiliques que nous venons de nommer. Mais il faut admirer le vestibule immense qui se- présente dès l’entrée de l’église et dont les voûtes Sont d’une élévation prodigieuse ; la symétrie des colonnes de la nef, leurs élégants chapiteaux formant une corbeille de feuillages, de fleurs variées, sculptées avec une grande délicatesse ; enfin les remarquables vitraux du xivo siècle, récemment restaurés, de Jean de Kircheim, de Jean Markgraf, de Jacques Vischer, des frères Link ; la chaire, chefd’œuvre du sculpteur flammerer (1486), et les orgues d’André Silbermann (1714). L’arrière-chœur de l’église se termine en hémicycle, et le haut présente une voûte en plein cintre, jadis couverte de peintures. On remarque dans l’aile méridionale : le pilier des Anges ; ce pilier, dit l’auteur de la France monumentale, est flanqué de quatre colonnes engagées ; entre ces colonnes s’élèvent trois étages de statues de grandeur naturelle. Au bas sont les quatre évangélistes ; au-dessus on remarque quatre anges embouchant la trompette ; enfin, en haut est la figure du Christ, qu’accompagnent trois anges tenant les instruments de la passion. Ces statues offrent de grandes ressemblances de style avec celles du portail, qui sont de l’époque d’Erwin. On a cru reconnaître dans une figure fixant les yeux sur le pilier des Anges, et située près de l’angle de l’arrière choeur, un portrait de l’immortel architecte Erwin de Steinbach. En résumé, l’intérieur de la cathédrale de Strasbourg est imposant par ses dimensions, autant que singulier par les disparates qui se remarquent dans son architecture. Quelques parties, notamment les

fenêtres, sont d’un travail exquis ; jamais l’art gothique n’a poussé plus loin les délicatesses du ciseau ; d’autres, au contraire, sont très-négligées ; le chœur ne répond ni aux dimensions ni au style du reste de l’édifice ; mais sa nef principale n’en est pas moins une des plus belles et des plus vastes dont il soit fait mention dans l’histoire de l’art. Parmi les chapelles les plus remarquables de édifice, il faut citer : la chapelle Saint-André, qui renferme les sépultures de plusieurs évêques ; la chapelle Saint-Jean-Baptiste, contenant le beau monument gothique élevé à Conrad de Lichtenberg, mort en 1229, et k l’entrée un baptistère en pierre, chef-d’œuvre de Josse Dotzinger, mort en 1449 ; la chapelle de la Croix, dédiée à sainte Catherine et contenant aussi un tombeau orné de figures sculptées. Plusieurs tableaux ornent la cathédrale ; parmi les principaux, nous citerons : VAdoration des bergers, par Guérin ; l’Ensevelissement di Jésus-Christ, par Klein, et YAscen-

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tien, par Heira. À l’entrée de la crypte, on voit un très-ancien groupe, représentant Jésus-Christ pris par les soldats, sur la montagne des Oliviers. La crypte, restaurée, s’étend sous toute la longueur du chœur ; on" y descend par un double escalier. ■ Elle est, dit M. Schmidt dans sa Notice sur la cathédrale de Strasbourg, d’un style plus ancien que les constructions exécutées par Erwin de Steinbach ; peut-être est-elle un reste de l’édifice élevé par l’évêque Verner au commencement du xio siècle ; la forme des piliers, les chapiteaux cubiques, les arcs exclusivement en plein cintre nous ramènent k

cette époque. Cette crypte, qui s’est conservée à travers toutes les vicissitudes qu’a dû subir la cathédrale dans le cours des siècles, forme une nef avec deux absides et un chœur arrondi. Le long des murs de la nef se trouvent des bancs en pierre. À quatre piliers du fond on voit encore des gonds, qui prouvent que cette partie pouvait être- fermée par une double porte. ■ Il nous reste à décrire un des plus curieux ouvrages d’horlogerie connus au monde : nous voulons parler de l’horloge astronomique, construite de 1838 à 1842 par M. Schwilgué. Cette horloge, qui a coûté a son auteur quatre années de travail, en a remplacé une autre à peu près analogue, érigée au xvifl siècle (1570) sur les plans de Conrad Dasyjjodius, professeur de mathématiques. Celle-ci avait elle-même succédé à une horloge primitive, très-curieuse, construite en 1352 et adossée à la muraille qui fait face à l’horloge actuelle ; l’horloge astronomique de M. Schwilgué renferme un

comput ecclésiastique avec toutes ses indications, un calendrier perpétuel avec les fêtes mobiles, un planétaire d’après le système de Copernic, présentant les révolutions moyennes tropiques de chacune dés planètes visibles à l’œil nu, les phases de la lune, les éclipses, le temps apparent et le temps sidéral ; une sphère céleste avec la précession des équinoxes, les équations solaires et lunaires pour la réduction des mouvements moyens du soleil et de la lune, etc., etc. Un ingénieux mécanisme fait, en outre, mouvoir à chaque heure de ta journée et principalement à midi, sur ledevantdu petit édifice qui renferme l’horloge, une série de statuettes. « A la première galerie, dit M. Joanne, un ange sonne les quarts d’heure, au moyen d’une cloche qu’il tient k la main ; à côté, on voit un génie retourner un sablier après chaque heure. Plus haut, un enfant, un adolescent, un homme d’un âge mûr et un vieillard, représentant les différentes époques de la vie, tournent autour d’une figure un Temps, qui frappe également l’heure. Au-dessous de la première galerie se présente chaque jour une figure symbolique de ce jour ; enfin, à la galerie la plus élevée et à l’heure de midi seulement, les douze apôtres viennent tourner autour du Christ. Une petite tourelle, placée à gauche du corps principal du mécanisme et renfermant les poids, est surmontée d’un coq qui signale l’heure par un jeu mobile de la tête. • Dans l’ancienne horloge, quatre petites cloches sonnaient le quart, la demie et les trois quarts de l’heure. Au premier quart paraissait un petit enfant, qui frappait la première cloche avec une pomme, puis allait se placer près de la quatrième ; alors arrivait un adolescent qui lançait un dard sur deux cloches et allait prendre la place de l’enfant. Au quatrième quart (et ià est surtout la différence des deux horloges, l’ancienne et l’actuelle) paraissait un vieillard qui frappait quatre cloches avec un bâton crochu aussitôt la Mort s’élançait pour sonner l’heure ; elle planait au-dessus des quatre âges, afin de pouvoir se saisir de ceux qui se présenteraient ; mais arrivait le Sauveur du monde, qui protégeait les plus jeunes, et la Mort ne pouvait emporter que le vieillard. On sent dans cette composition un peu sombre, heureusement modifiée par M. Schwilgué, le génie mystique et. profondément religieux du moyen âge. Cette horloge n’a nullement souffert penuant le bombardement de 1870.

En terminant la description de la cathédrale de Strasbourg, nous rappellerons que, suivant quelques historiens, l’association de la franc-maçonnerie date de la construction de cette église ; ce qui semblerait le prouver, c’est qu’en effet la suprématie de la grande logp de Strasbourg est reconnue encore aujourd’hui dans toute l’Allemagne, Un fait

plus positif, c’est que les architectes qui fondèrent ou qui continuèrent l’édifice furent pendant longtemps à la tête de la corporation des tailleurs de pierre de toute 1 Allemagne.

Église ou temple de Saint-Thomas. Après la cathédrale, 1 église de Saint-Thomas est l’édifice religieux de Strasbourg qui offre le plus d’intérêt à l’archéologue. Elle s’élève, dit-on, sur l’emplacement d un palais des rois francs depuis longtemps disparu. Suivant l’historien Grandidier, sa fondation remonterait à la fin du vue siècle. D’abord construite en bois, elle fut rebâtie en 830 par l’évêque Adaloch. Incendiée en 1007, elle partagea le sort de la cathédrale et fut réduite en cendres avec le tiers de la ville, et en 1024 l’évêque Verhenhaire en commença la reconstruction. Un nouveau sinistre l’ayant frappée en U44, elle fut rebâtie pour la quatrième fois en 1196, ainsi que sa tour occidentale ; enfin, en 1273, suivant Spacklin, cet

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édifice fut démoli et entièrement reconstruit en pierre, à l’exception de la tour occidentale, de style byzantin. La tour orientale appartient au style gothique et affecte la forme octogonale. Le chœur fut commencé en 1278, et le vaisseau à cinq nefs fut construit de 1313 k 1330. Ce fut, dit l’auteur des Antiquités de l’Alsace, l’architecte Erlin qui termina cette nef, dirigea les travaux de l’intérieur de l’église et t donna le plan de ces admirables piliers qui, semblables à une forêt de palmiers à la tige s velte et gracieuse, étendent de tous côtés leurs branches entrelacées dans tous les sens, s’élancent dans les airs avec une hardiesse et une élégance rares, et telle en est leur légèreté extrême, que, si l’œil suit leurs contours depuis les bases jusqu’aux chapiteaux, ils semblent presque s’affaisser et plier sous le poids des voûtes. • La forme de l’édifice affecte, suivant la coutume de la plupart des églises du moyen âge, celle d’une croix lombarde, 11 est couronné par une galerie et se termine par une haute toiture en tuiles vernies. Les reconstructions partielles qu’il a subies à différentes époques lui ont fait perdre son caractère primitif et original, en sorte que l’archéologue peut y étudier toutes les phases que l’architecture chrétienne a parcourues pendant une période de plusieurs siècles. Le temple de Saint-Thomas est affecté au culte protestant depuis 1549. À l’intérieur, on admire les piliers élancés qui supportent les voûtes et que nous avons décrits plus haut, les orgues d’André Silbermann et des lustres de cuivre d’un très-grand style. Saint-Thomas possède plusieurs mausolées ; le plus fameux est celui du maréchal de Saxe, chefd’œuvre de Pigalle. « Devant une pyramide en marbre gris, dit l’écrivain qui nous fournit ces détails, est placé un sarcophage. Le maréchal est debout ; il descend d’un pas ferme les marches qui conduisent au cercueil ; k sa droite sont renversés, sur leurs drapeaux brisés, l’aigle d’Autriche, le lion belge, le léopard anglais ; à sa gauche, devant les drapeaux de la France, le génie de la guerre en pleurs tient son flambeau renversé ; plus bas que le génie et devant le maréchal, la France éplorée s’efforce de retenir d’une main son héros et de l’autre essaye de repousser la Mort, qui montre au maréchal le cercueil ouvert ; de l’autre côté du sarcophage, Hercule, la tête appuyée sur une main, est plongé daDS la douleur, » La composition ne manqua pas de grandeur, mais on lui reproche de n être pas exempte du maniérisme et de l’affectation théâtrale, si fréquents dans l’art du xvnte siècle. Le meilleur morceau de l’Ouvrage est la statue du héros de Fontenoy, qui peut passer pour irréprochable. Une inscription rappelle que ce tombeau a été élevé en 1777 maréchal de Saxe, par ordre de Louis XV. Après ce mausolée, il faut encore citer celui de l’évêque Adaloch, placé au chœur, dans une niche pratiquée dans le mur du côté gauche ; il est en grès du pays, orné de sculptures curieuses, et sa forme est celle d’une caisse surmontée d’un couvercle angulaire. Saint-Thomas possède encore de belles verrières, un curieux bas-relief représentant saint Florent prêchant aux bétes sauvages (ixe siècle), et un autre bas-relief- représentant saint Thomas touchant la plaie du Christ ; d’après la noblesse du style et la beauté des tètes, on peut juger que ce dernier basrelief appartient k la belle époque du gothique.

Saini-Pierre-le-Vieux. L’origine de cette église, la plus ancienne de Strasbourg, remonte au ivo siècle ; mais elle n’offre plus guère qu’un intérêt de souvenir, remaniée et restaurée à différentes époques, et ayant perdu à ces restaurations et remaniements son ancien caractère. Il faut signaler toute-fois la tour ; du clocher et la flèche élégante du xve siècle qui surmonte le chœur. Suivant une disposition singulière en usage dans plusieurs églises d’Alsace, la nef de" Saint-Pierre-le-Vieux, séparée du chœur par un

mur, est affectée au culte protestant, et le chœur appartient au culte catholique. Cette dernière partie possède quelques peintures anciennes, dans le style allemand, représentant la ’passion de Jésus-Christ. Entre l’église et la place s’étendent encore les bâtiments de l’ancien cloître, assez bien conservés en partie. On y remarque plusieurs pierres tombales.

Église Saint-Pierre-le-Jeune. Elle a remplacé au xiii» siècle un ancien oratoire dédié à saint Colomban, qui, agrandi et érigé en église collégiale en 1031, fut dédié k saint Pierre, en 1053, par le pape Léon IX. Comme le précédent, cet édifice ne se recommande guère que par ses souvenirs ; il est affecté comme lui au culte protestant et au culte catholique.

Église Saint-Étienne. Cette église, classée au nombre des monuments historiques, est un édiiiee de style byzantin des plus intéressants. Fondé en 717 par le duc Adalbert, père de sainte Odile, il offre dan3 ses constructions extérieures des détails exquis et forme aujourd’hui la chapelle du Séminaire.

Église Saint-Guillaume. Elle fut fondée en 1306 ; le chœur contient deux monuments funéraires, assez mutilés, mais encore curieux ; ce sont les tombeaux du comte Ulric, landgrave de la basse Alsace, et de son

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frère Philippe, morts, le premier en 1344, je second en 1332. Citons encore, au fond du chœur, un bas-relief en bois représentant le duc Guillaume d’Aquitaine, fondateur de l’ordre des guillelmites ; dans la nef, une inscription en l’honneur du célèbre Wimpheling, et de remarquables vitraux.

Églises et temples divers. Strasbourg possède encore plusieurs églises et temples : les plus importantes des églises, après celles que nous venons de décrire, sont : l’église Saint-Louis ; elle possède un tableau de Guérin, Saint Louis ; la Conversion de Bathilde par saint Florent, bas-relief du sculpteur Friederich, et un baptistère assez remarquable, du même, représentant le baptême de Clovis ; Saint-Jean ; Sainte-Madeleine, où l’on peut encore admirer quelques beaux vitraux ; Sainte-Aurélie, édifice du xvine siècle, qui a remplacé une chapelle fondée au xe siècle ; Saint-Nicolas, où repose le savant Isaac Haffner, mort en 1831. Parmi ces églises, Sainte-Aurélie et Saint-Nicolas sont exclusivement consacrées au culte protestant ; il en est de même de Saint-Guillaume. Les réformés de la confession helvétique ont à Strasbourg un temple particulier, et lesisraélites une synagogue. Ces édifices, au point de vue architectural, ne méritent qu’une simple mention. Pendant le bombardement de 1870, tous ces monuments ont plus ou moins souffert ; d’autres ont été complètement détruits ; telles sont les églises de la citadelle et de l’hôpital civil.

Monuments civils. Hôtel de la préfecture. Cet édifice, dû au préteur royal de Kinglin.quifut misen jugement pour ses malversations scandaleuses, fut élevé au xvmo siècle et complètement détruit pendant le bombardement de 1870. Reconstruit depuis, il & été terminé à la fin de 1371.

Bétel de mile. Bien que construit vers la même époque que le précédent, ce monument se rattache plutôt, par la sévérité de ses lignes, au xvn« qu’au xvme siècle. Il a été considérablement agrandi en 1840, époque où

on l’a décoré d’un large perron sur (a promenade de Broglie. Le musée de peinture et de sculpture est installé dans les salles du rezde-chaussée.

Château impérial. Cet édifice, qui servait autrefois de palais épiscopal, fut bâti par le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, si connu par le scandale du collier de la reine. Sa façade, qui domine la rivière de 1*111, présente une colonnade imposante.

Palais de justice. Ce, monument, élevé au xvme siècle et qui servait autrefois de résidence au commandant militaire de l’Alsace, a été détruit, avec toutes ses archives, pendant le bombardement de 1870. Reconstruit depuis lors, il est actuellement un des plus beaux édifices de la ville.

Hôtel du commerce. Au moyen âge, ie sénat strasbourgeois, représentant la haute autorité municipale de la ville, siégea d’abord au palais épiscopal, qu’il abandonna pour un local spécial et indépendant en 1321. Enfin, en 1585, l’architecte Daniel Specklé construisit l’édifice actuellement connu sous le nom d’Hôtel du commerce. Endommagé à l’époque de la Rérvolution, cet édifice est occupé par le tribunal et la chambre de commerce et par un cercle commercial et littéraire. C’est une construction dans le style de la Renaissance, k deux étages avec un rez-de-chaussée percé des deux côtés de la porte d’entrée de quatre grandes baies en plein cintre. Les fenêtres des deux étages sont larges et divisées en trois ouvertures par des meneaux délicatement découpés ; un couronnement d’un style gracieux les surmonte. Les décorations des fenêtres, pratiquées sur trois rangées dans la haute toiture du bâtiment, sont aussi d’un remarquable travail.

Le Frauenhaus. On désigne ainsi une maison de le Renaissance, construite en 1581 et voisine de ta cathédrale. Elle possède un escalier d’une légèreté pleine d’élégance. Cet édifice s’appelle aussi en français la Maison de l’œuvre de Notre-Dame, parce qu’il est le siège de l’administration d’une riche et ancienne dotation, ou œuvre spécialement affectée à l’entretien et aux réparations de la cathédrale. Entre autres objets curieux qui font du Frauenhaus un véritable musée, 1 édifice conserve plusieurs plans anciens, sur parchemin, de la façade et des tours, les pièces du mécanisme de l’ancienne horloge ; une grande quantité de fragments provenant des modifications et mutilations subies par la cathédrale pendant les deux derniers siècles ; enfin une collection démoulages en plâtre des principales sculptures qui contribuent k son ornement.

Êivers, Il faut encore citer, parmi les monuments civils de Strasbourg ; le lycée, ancien collège des Jésuites, construit en 1756 sur l’emplacement de l’hôtellerie historique où Gutenberg fit ses premiers essais ; l’hôtel du Haras, rebâti en 1763 ; l’ancien hôtel des Deux-Ponts ; Jes hôpitaux civil et militaire, etc. Strasbourg abonde en curieuses constructions privées, aux style3 les plus divers, les unes à toiture gigantesque en pignon dentelé, les autres à poutres sculptées, d’autres k tourelles, etc. ; nous citerons la maison de la Maîtrise, couverte de personnages