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SUIV

Lorsque deux factions divisent un empire, Chacun suit au hasard la meilleure ou la pire.

Corneille.

— Embrassser, donner son adhésion à, prendre parti pour : Suivre une doctrine, une opinion. C’est croire quelque chose que de croire qu’une doctrine que l’on suivait est fausse. (Joutïroy.) il Embrasser les opinions de : Suivre Aristote, Platon, Départes. Il Imiter, prendre les mœurs, les habitudes de, le genre de :

Moi je ne sais qu’un tort à nos conteurs récents, C’est qu’ils ont trop suivi Lsl Fontaine à la trace. Fr. de Neufchâteau.

Rousseau suiuil Malherbe, et Lebrun, sans scrupule, A suivi Malherbe et Rousseau.

Fr. de Neufciiateau.

— Pratiquer, se conformer à : Suivrb la mode, l’usage, les coutumes d’un pays. Suivre les avis, les conseils, l’exempte de quelqu’un. Suivre les ordres que l’on a reçus. Suivre le plan qu’on s’est tracé. Suivre une méthode. Suivre in loi. Suivre la régie. Suivre sa religion. Nous n’avons pas assez de fnree pour suivre toute raison. (La Rochef.) Chacun doit suivre courageusement sa destinée ; il est inutile de s’affliger. (Fén.) Les chevaliers euxmêmes, s’ils sortaient aujourd’hui de leurs tombeaux, suivraient la lumière de notre siècle. (Chateaub.) Les livres suivent les mœurs, et les mœurs ne suivent pas les livres. (Th. Gant.) H est des gens qui consultent toujours et ne suivent jamais l’avis qu’on leur donne. (La Rochef.-Doud.) Celui qui aime ses flatteurs suit, sans le vouloir, le divin précepte : Aimez vos ennemis. (Petit-Senn.)

Malgré mes intérêts j’ai suivi mon devoir.

Voltaire.

Un sage suit la mode et tout bas il s’en moque.

Destouches.

De la simple candeur il faut suivre la loi.

DÉSAUOIERS.

Il Exercer, entrer dans : Suivre une profession. Suivre la profession d’avocat. Suivre le -métier des armes. Suivre in carrière des lettres. Suivre le barreau.

Je suivis à quinze ans le métier de la guorre.

REGNARD.

— Venir après, dans le temps, le lieu, la situation, le rang : L’été suit le printemps, (Acad.) L’âge mûr suit la vieillesse. (Acad.) La nuit suit le jour. (Acad.) Sous Louis XI, ta confiscation suivait toujours le supplice. (Bignon.) Un jour de bonheur étend ses rayons sur dix jours de malheur qui te suivent. (A. Karr.) L’aube qui suit une bataille se lève toujours sur des cadavres nus. (V. Hugo.)

— Résulter, être la conséquence de : L’envie suit la prospérité. (Acad.) L’embarras suit les grandeurs. (Acad.) La satiété suit la jouissance. (Acad.) Il est dans l’ordre qu’une peine inévitable suive une faute volontaire. (J. Joubert.)

La crainte suit le crime, et c’est son châtiment.

Voltaire.

— Abaol. Marcher après quelqu’un : On suit, on écoute ; en un tour de main on est au fait. (Beaumarch.)

Suivre les pas de quelqu’un, S’attacher à lui, aller partout où il va :

Ne suivez point mes pas.

— Vous vous moquez du moi ; je ne vous quitte pas.

Molière.

Suivre le torrent, Se laisser entraîner par l’exemple général.

Suivre sa pointe, Continuer son entreprise, ne pas se désister :

Quel diable d’étourdi qui suit toujours sa pointe !

Molière.

— Administr. Suivre, S’écrit sur l’enveloppe d’une lettre pour indiquer que, si le destinataire est parti, la lettre doit lui être portée à son nouveau domicile.

— Manège. Suivre la piste, Raser les murs du manège. Il Suivre le poing de la bride, Obéir à l’aide de la bride.

— "Véner. Suivre la menée, Prendre la voie du cerf, quand il fuit. Il S’attacher aux voies d’une bête, en parlant du limier.

— v. n. ou intr. Aller a la suite : C’était à vous de suivre, au vieillard de monter.

La Fontaine.

— Venir après : Commmes a mérité d’être le bréviaire des hommes d’État qui ont suivi. (Ste-Beuve.) L’hiver est un long et pénible enfantement du printemps qui doit suivre. (A. Karr.)

— Résulter : L’une de ces propositions ne suit pas toujours de l’autre, ne suit pas nécessairement de l’autre. (Acad.) De l’éternité du temps suit nécessairement l’éternité du monde. (J. Simon.)

— Jeux. La main suit, Chacun bat les cartes et les distribue à son tour.

— Typogr, Faire suivre ou simplement Suivre, Ne point faire d’alinéa, continuer la ligne commencée.

— Unipersonnellem. Résulter : Il suit de ce que vous dites que je n’avais pas tort. (Acad.) Il ne suit pas de là que vous ayez raison. (Acad.)

Se suivre v, pr. Être suivi : On dit que ces grands rochers blancs peuvent se suivre du regard à plusieurs centaines de pieds, sous la

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transparence de l’azur dont ils sont baignés. (Th. Gaut..)

— Être placé l’un après l’autre : Pages, numéros qui se suivent bien, qui ne se suivent pas.

— Être bien lié, bien mis à sa place : Parlies d’un discours qui se suivent bien, qui ne se suivent pas.

Un poème excellent, où tout marche et se suit, N’est pas de ces travaux qu’un caprice produit.

Boileau.

— Parcourir l’un après l’autre et en même temps le même chemin : Se suivre les uns les autres.

— Se succéder : Les battements du cœur d’un moineau se suivent sipromptement qu’à peine peut-on les compter. (Bulf.) Les générations se suivent et s’améliorent. (Proudh.)

— Prov. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, Les événements de la vie sont divers.

— Syn. Suivre, accompagner, caeorler. V. ACCOMPAGNER.

— Suivre, n’ensuivre, résulter. V. S’KNSUI VRK.

SUJAT s. m. (su-ja). Bot. Nom vulgaire du sureau, dans le Poitou. >

SUJET, ETTE adj. (su-jè, è-te — latin suDjecîus, qui signifie proprement mis dessous, soumis, exposé à, de sub, sous, et dejacere, jeter. De là sujet, substantif, personne placée sous i’autorité d’un gouvernement. Comparez l’allemand untherthan. Quant au substantif sujet, comme terme de logique at de grammaire, d’où sont déduites différentes autres acceptions, et entre autres celle de personne en général, il exprime la substance formant la base de la proposition). Qui est dépendant, soumis, assujetti à obéir : Être sujet aux ordres de quelqu’un. Nous sommes tous sujets aux lois et aux coutumes des pays où nous vivons. (Acad.) Je ne veux pas être sujet à ces conditions-là. (Acad.) Les Capets régnaient lorsque les autres souverains de l’Europe étaient encore sujets. (Chateaub.)

Rome n’est point sujette où mon fils est sans vie.

Corneille.

C’est une fille simple, à. mes désirs sujette.

REOUAUIi.

— Exposé par sa nature ou sa situation : Tous les hommes sont sujets à ta mort, (Acad.) La nature humaine est sujette à beaucoup d’infinnités. (Acad.) l’ont homme, en qualité d’homme, est sujet à tous (es malheurs de l’humanité. (J. de Maistre.) Sous quelque aspect que l’on considère l’homme, il faut voir en lui un être SUJET à la douleur. (F. Bautiat.)

— Mis dans l’obligation de se soumettre : Être sujet à l’impôt foncier, au logement des gens de guerre. Être sujet à un devoir, à une rente, à une redevance, à une servitude. Les villes furent sujettes comme les campagnes à une taille arbitraire. (Mably.)

— Soumis à des obligations gênantes, à un travail assidu : Domestiques fort sujets. Il Vieux en ce sens. Il Gêné dans sa liberté : Fils tenu fort sujet par son père, il Emploi également vieilli. l| Femme fort sujette auprès de son mari, Femme que son mari oblige à se tenir constamment auprès de lui. il Emploi vieilli.

— Qui est porté, enclin, habitué : Être sujet à boire, à s’enivrer. Être sujet à une faute. Certains esprits sont d’autant plus sujets à faillir, et moins capables de iti vérité, qu’ils sont plus pénétrants et plus vifs. (Desc.) Les femmes qui ont beaucoup d’esprit sont sujettes à être fort arrêtées à leurs sens. (Nicole.) Nous sommes sujets à nous entêter de ce que nous souhaitons. (Bouhours.) En tout, les hommes sont sujets à prendre le difficile pour le beau. (Turgot.) C’est l’apanage de la créature d’être sujette au changement. (Boss.) Les hommes sensuels ne sont pas sujets aux passions. (Vuuven.) Ceux qui croient que l’argent fait tout sont sujets à tout faire pour de l’argent, (Boiste.) // serait à souhaiter que les gens en place ne fussent pas plus sujets à oublier leurs obligations que leurs prérogatives. (Suniul-Dubay.) On est Sujet à prendre pour fermeté une certaine raideur de caractère qui lui est tout à fait opposée. (Mabire.) Il Qui est exposé : Être sujet à se tromper. Être sujet à de grandes maladies, à la goutte, à la yravelle, à la migraine. Être Sujet à tomber du haut mal. Il était sujet à une infirmité qui, de temps en temps, le mettait à deux doigts de la mort. (Fonten.) Les animaux, vivunt d’une manière plus conforme à la nature, doivent être sujets à muins de maux que nous. (J.-J. Rouss.) L’assiette de l’esprit de l’homme est sujette au changement. (La Rochef.) Les places que ta postérité donne sont sujettes, comme les autres, aux caprices de la fortune. (Montesq.) La douceur des femmes est, comme le lait, sujette à s’aigrir. (Le chev. de Propiac.) L’esprit est une finesse de raison qui s’évapore et qui est d’autant plus SUJETTE à s’évanouir qu’elle est plus délicate et plus épurée. (Fléch.) Les bonnes maximes sont sujettes à devenir triviales. (Vuuven.) Moins on délaye sa morale, moins elle est sujette aux fuusses interprétations. (De Ségur.) Il n’y a rien de plus sujet à l’illusion que de juger les mœurs homme par les opinions générales dont il es’, imbu. (Rigault.) Les mers qui ne commun’qwnt -uec

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l’Océan que par une petite ouverture ne sont

guère sujettes à l action des marées. (A.

Maury.)

Une vie éminente est sujette aux orages.

V. Hugo.

— Qui est de nature à produire beaucoup de désagréments, de difficultés : Démarche sujette à bien des inconvénients. Entreprise sujette à bien des difficultés.

— Qui peut donner lieu à : Passage sujet à plusieurs interprétations.

Être sujet à l’heure, au coup de marteau, au coup de cloche, au coup de sonnette, Être obligé de se trouver en un lieu, de se rendre au travail à une heure fixe ; d’accourir aux ordres d’un maître lorsqu’il sonne pour appeler.

Il est sujet à caution. Il ne faut pas trop se fier à lui.

— Féod. Pays sujet, Nom donné, jusqu’en 1803, à certaines parties de la Suisse qui ne jouissaient pas de tous les droits accordés aux autres contrées de ce pays.

— Manège. Tenir un cheval sujet, Le soutenir quand il se traverse.

— Substantiv. Personne qui est soumise aux ordres d’un souverain : Sujets d’un prince. Quelque éclairé que soit un sujet, sa condition est toujours rabaissée par la dépendance. (Pasc.) La volonté de Dieu est que quiconque est né sujet obéisse sans discernement. (Louis XIV.) Tous vos sujets, quels qu’ils soient, vous doivent leur personne, leurs biens, leur sang sans avoir droit de rien prétendre. (Louvois.) Louis XIV a banni trois millions de sujets. (B. Const.) Mon maître le duc a des sentiments trop élevés pour pouvoir accepter des conseils de la part de ses sujets. (Montmartin.) Vous trouverez chez les chrétiens des sujets respectueux qui vous seront soumis sans bassesse. (Chateaub.) Le bonheur est la seule chaîne qui puisse attacher les sujets à leur gouvernement. (De Guibert.) Une république n’a point de sujets, mais des citoyens. (Thiers.)

Aussitôt qu’un sujet s’est rendu trop puissant, Encor qu’il est sans crime, il n’est pas innocent.

Corneille.

— Objet auquel on se soumet, dont on subit l’ascendant : Tous les SUJETS de la beauté ne connaissent pas leur souverain. (Vauven.) La nouveauté compte encore plus de sujets que la beauté. (Bougeart.)

— Fam’. Il est bon prince, il ne foule guère ses Sujets, Il est simple et débonnaire avec ses subordonnés.

, — s. m. Cause, motif, raison déterminante : Querelltir quelqu’un sans sujet, pour un sujet fort léger. Donner sujet de plainte à quelqu’un. Avoir sujet de se plaindre. Avoir des sujets d’affliction. Le sujet d’une querelle, d’une rupture. Recevoir des reprochas au sujet de sa conduite. Il n’y a pus sujet de se réjouir. On ne devrait point être jaloux quand on n’a pas sujet de l’être. (La Rochef.) Les enfants ont des joies immodérées at des afflictions amères sur de très-petits sujets. (La Bruy.) Tout est motif de contentement pour les uns et sujet de chagrin pour les autres. (Mass.)

Quel sujet important conduit ici vos pas ?

Racine.

Que de sots compliments de consolation Qui sont sujets d’affliction !

La Fontaine.

— Objet : Combien de fois, se regardant comme le sujet de la vengeance divine, s’écria-t-il ■ Tournes sur moi, Seigneur, voire colère ! (Fléch.) Il n’est ni présent, ni attentif à ce qui fait le sujet de la conversation. (La Bruy.)

— Matière qui fait l’objet d’une œuvre, d’un discours, d’une science, d’un art : Sujet d’un livre, sujet d’une conversation, d’un entretien, d’june dispute. Sujet d’une comédie. Sujet d’un tableau. Méditer son sujet. Prendre le sujet d’une pièce dans un ouvrage. Travailler sur un sujet. Epuiser un sujet. Sortir de son sujet. Dominer son sujet. Il ne faut prendre que la fleur de chaque sujet et ne toucher qu’à ce qu’on peut embellir. (Fén.) Il est des sujets sur lesquels il faut être sublime ou se taire. (Grimm.) Pour bien écrire, il faut posséder pleinement son SUJET. (Buff.) Les pièces dont les sujets sont grecs ne perdent rien à la sévérité de nos règles dramatiques. (Mme de Staël.) Les sujets historiques exercent te talent d’une tout autre manière que les sujets d’invention. (Mme Je Staël.) Après avoir entamé un premier sujet, il était conduit par les parenthèses à en traiter de tout opposés. (Balz.) Je ne prétends que côtoyer mon sujet, soulever des problèmes et effleurer des solutions. (Proudh.) Celui qui écrit tous les jours dans les journaux est en danger parfois de souffrir de la disette d’idées ou de sujets. (Ste-Beuve.) Le sujet principal et presque l’unique duroman ait xvnc siècle, c’est l’amour. (H. Rigault.)

N’offrez point un sujet d’Incidents trop chargé.

Boileal’.

Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant ou sublime, Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime.

BoileaU.

Peste soit des auteurs ! ils sont tous nés exprès Quelque temps avant moi pour traiter mes sujets.

Al. Duval.

— Personne ou chose sur laquelle on fait

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certaines études, certaines expériences, certaines opérations : Un sujet parfait est une bien rare fortune pour un peintre ; le titre de modèle est presque toujours usurpe. Les médecins ne sont pas exposés à manquer de sujets d’analomie ; la mort est un pourvoyeur actif. Le Muséum de Paris possède, dans tous les genres, de magnifiques sujets. Un sujet magnifique, selon les termes consacrés, est un phénix précieux que les maîtres de l’art poursuivent avec passion sans le rencontrer toujours. (L. Figuier.)

— Personne, eu égard à sa capacité, à ses talents, à ses mœurs : Sujet incapable de remplir un emploi. Sujet précieux pour une administration. Bon sujut. Mauvais sujet. Pauvre sujet, Sujet médiocre. Cette jeune fille deviendra un sujet distingué. L’éducation domestique fait plus souvent des hypocrites que de bons sujets. (Clément XIV.) Tout choriste ou tout figurant se croit méconnu et pense à part lui qu’il vaut bien le premier SU-JET. (Th. Gaut.) Dans le monde, comme au théâtre, on applaudit les débutants par jalousie contre lespremiers sujets.(A. d’Houdetot.) À l’égard des vertus, rarement on les voit, Toutes en un sujet éminemment placées,

Se tenir par la main sans être dispersées.

La Fontaine.

Mauvais sujet, Personne méchante ou vicieuse : Être l’objet des attaques d’un mauvais sujet. Il Personne folâtre, maligne : Avez-vous fini, grand mauvais sujet ?

Au sujet de Sur le sujet de, Sur, relativement à : Il m’a entretenu longuement au sujet de votre affaire. Sur t.e sujet de son départ, je n’ai rien à dire.

— Philos. Être qui sent ou qui agit : La pensée qui contemple est le sujet de la réflexion ; la pensée contemplée en est l’objet. (Cousin.) Toute sensation suppose, dans le sujet sentant, le foyer, le sens et l’organe. (L’abbé Bautain.) Tout mouvement suppose un sujet. (Renan.)

— togiq. Terme d’une proposition dont on affirme ou l’on nie quelque chose.

— Gramm. Sujet simple, Sujet de la proposition représenté par un seul mot. Il Sujet composé, Sujet représenté par plusieurs mots, il Sujet grammatical, Mot qui joue le rôle principal, le rôle de sujet proprement dit, dans un sujet complexe. Il Sujet complexe, Sujet exprimé par un mot qui a pour complément d’autres mots et quelquefois une proposition, il Sujet incomplexe, Sujet où il n’y a pas de complément de cette nature. Il Sujet logique, Ensemble de mots qui joue le rôle de sujet.

— Mus. Air sur lequel on fait des parties. I) Phrase qui commence une fugue, et qui lui

sert de motif ou de thème : Il y a dans la fugue plusieurs reprises du sujet et de la réponse. (Acad.) Il S’est dit pour chant, mélodie : Si l’auteur a d’abord composé la basse, c’est le sujet ; le dessus et les autres instruments deviennent accompagnement.

— Arboric. Arbre ou arbrisseau qui est destiné k recevoir ou qui a reçu une greffe : Cette pépinière ne fournit que des sujets faibles et languissants. (Acad.)

— Syn. Sujet, article, chapitre, etc. V. ARTICLE.

— Sujet, objet. V. OBJET.

— Encycl. Philos. Dans la philosophie allemande, et même chez les spiritualités qui admettent la réalité des êtres manifestés par les sens, le sujet par excellence est le moi se connaissant et connaissant avec une certitude absolue les impressions qu’il ressent par une cause quelconque, dont l’existence est toujours moins certaine que la sienne propre. Ce que nous connaissons du monde, c’est nous qui le connaissons ; c’est le moi qui est le connaissant ou le sujet un et toujours le même des diverses connaissances. D’où le mot sujet a signifié proprement l’être conscient, le moi ; et l’on en a formé les mots subjectif, subjectivement, etc. La science du subjectif est la science du moi faite par lui-même, alors qu’il se connaît d’une expérience purement interne, et qu’il tire de son intériorité même le plus haut degré de certitude auquel l’homme puisse atteindre. Nous ne discuterons pas ici cette thèse, plus ou moins contestable, parce que nous l’avons suffisamment traitée au mot objectif.

— Gramm. Dans une proposition, te sujet est le premier des deux êtres que l’esprit considère, pour juger s’il y a entre eux convenance ou disconvenunce, ou bien encore c’est l’être aveu lequel l’esprit met en rapport un attribut pour juger s’il lui convient ou non. Par rapport au verbe, si celui-ci est affirmatif, le sujet est l’être auquel on attribue l’action, l’existence ou la manière d’être exprimée par ce verbe ; si le verbe est négatif, le sujet est l’être auquel on nie qu’il soit possible d’attribuer l’action, l’existence ou la manière d’être dont il s’agit. Si je dis : Paul joue, Paul est le sujet de jouer, parce que c’est à lui que j’attribue 1 action de jouer ; si je dis : Paul ne crie pas, Paul est encore le sujet de crier, parce que c’est à f aul que je nie qu’on puisse attribuer en ce moment l’action de crier. On dit souvent que les verbes à l’infinitif n’ont pas de sujet ; mais on devrait se borner à dire que, sauf de très-rares exceptions, leur sujet ne s’exprime pas