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vaincus, et les temples élevés à Rome ou dans les provinces s’efforcèrent de ressemsembler à ceux d’Athènes et de Corinthe. Les dispositions générales extérieures et intérieures furent les mêmes ; ta seule différence à noter, c’est que les Romains voulurent faire plus grand et exagérèrent les dimensions des édifices ; ils durent pour cela changer le nombre et les dispositions des colonnes placées sur les faces latérales du monument. Il existe encore beaucoup de ruines de temples romains, tant à Rome que dans les grandes villes des anciennes provinces romaines. Nous avons parlé des principaux. V. Romb (monuments antiques) ; P^estum (temple de Neptune) ; Bai.bek. (temple du Soleil) ; Janus (temple de) ; Vesta (tempje de), etc.
Temple du Goût {le). Cet ouvrage, qui parut en 1731, a fait à Voltaire plus d’ennemis que ceux de ses livres où il a combattu les préjugés les plus puissants et les plus funestes. Dans quelques pages vives et pétillantes, l’auteur montre les mauvais écrivains de son temps, qui s’en vont frapper à la porte du temple du goût, où ils sont vivement repoussés par la Critique. Ce cadre convenait admirablement à l’esprit mordant et facile de Voltaire. Dans la partie la plus retirée du temple, dans le sanctuaire, le dieu a placé Fénelon, Bossuet, La Fontaine, Corneille, Racine, Boileau et Molière. Mais ici encore la Critique accompagne Voltaire. « L’aimable auteur du Télémaque retranche des répétitions et de» détails inutiles. L’éloquent Bossuet raye quelques familiarités échappées à son v«ste génie. Corneille jette au feu Pulckérie, Agésilas et Suréna. La Fontaine raccourcit.ses Contes. Racine observe les portraits de Bajazet, de Britannicus et d’IIippolyte :
Ils ont tous le même mérite : Tendres, galants, doux et discrets ; Et l’Amour, qui marche a leur suite, Les croit des courtisans français.
On cria beaucoup contre Voltaire, qui osait juger les grands écrivains du siècle passé. Cependant, un autre siècle s’est écoulé depuis, et il n’y a peut-être pas un seul des jugements du Temple du Goût qui ne soit dovenu l’opinion générale des hommes éclairés.
Temple de In Renommée (LE), par ChaU cer. V. RiiNOMMiiii (le Temple de la).
Temple do In Renommée (lk), par Pope.
V. KiiNOMJiÉE (le Temple de la).
Temple de Guide (le), par Montesquieu. V. Gnidk.
Tempio de la Poli (le), opéra-ballet en six entrées, paroles de QuinauK, musique de Lulli ; représenté à Fontainebleau, devant le roi, le 12 septembre 1685, et ensuite à Paris, par l’Académie royale de musique, au mois d’octobre de la même année. Voici ta distribution des rôles Jors de la représentation donnée a la cour ; on y trouvera des noms de grands seigneurs et de grandes dames accolés à ceux de danseurs et de ballerines de l’Opéra. On s’amusait beaucoup alors. C’est ce que le poëte appelle, par la bouche d’Ainyntas et de Ménalqus : Charmant repos d une vie innocente.
Première entrée. Nymphes : M’ie la princesse de Conti et Mlle de Fienne.
Bergères ; Mlles Lafontaine et Desmâtins.
Bergers : M. le comte de Brione, les sieurs Pécourt, Lestanget Favier,
Deuxième entrée : Nymphes : Mmo la princesse de Conti, Ml’o de Pienne,
Mlle Roland, les demoiselles Lafontaine et
Bréard.
Bretons ; M. le comte do-Brione, le3 sieurs
Pécourt, Lestang, Favier et Dumirail.
Cinquième entrée. Sauvages américains :
M. le marquis de Moy, le sieur Beauchamp,
les sieurs Pécourt, Dumirail, Joubert
Magny, Favre, le petit Lallemand et le petit
Magny.
Sixième entrée. Africaines : Mmo la duchesse
de Bourbon, Mme la princesse de
Conti, M’1» de Blois et MU" d’Armagnac.
Africains :M. le comte de Brione, les sieurs
Pécourt, Lestang et Favier.
La majeure partie de cette œuvre lyrique
est un dithyrambe en l’honneur de Louis XIV,
et la répétition de ces louanges hyperboliques
est fastidieuse ; mais il y a des interxiv.
TEMP
mèdes charmants, notamment la scène suivante,
admirablement traitée par Lulli.
SYLVIE.
Qu’étesvous devenu, doux calme de mes sens ?
Mille troubles secrets, sans cesse renaissants,
S’agitent dans ce lieu paisible,
Trop heureux un cœur insensible,
À qui l’amour est inconnu I
Doux calme de mes sens, qu’etes-vous devenu ?
DAPHNIS.
Je te suiveai toujours, trop aimable Sylvie ;
pouvoir ;
Tes beaux yeux sur mon cœur n’ont que trop de
Quand il m’en coûterait le repos de ma vie,
Je ne puis trop payer le plaisir de te voir.
SYLVtË.
Dans ces lieux fortunés tout doit être tranquille ;
Que ne m’y laisses-tu rêver î
Je cherche en vain la paix, mon soin est inutile ;
Tu m’empêches de la trouver.
DAPHN1S.
Tu veux me fuir, belle inhumaine !
Puis-je sans toi goûter les doux plaisirs
Qu’une charmante paix ramène ?
Crains-tu d’entendre les soupirs
D’un tendre amour dont tu causes la peine 1
Bergère insensible, as-tu peur
Que mon mal ne touche ton cœur ?
STI.V1E.
Tu me dis qu’un amour extrême
Est un tourment fatal ;
Pourquoi veux-tu que j’aime ?
Pourquoi me veux-tu tant de mal 7
daphhis.
L’amour de lui-même est aimable ;
C’est toi, bergère impitoyable, [ment ;
C’est toi qui dans mon cœur en veux faire un tour-Tu
peux, d’un mot favorable,
En faire un plaisir charmant.
Ne te rendras-tu point à ma persévérance ?
Tu ne me réponds pas ! que me dit ton silence î
Pourquoi frémir en m’écoutant ?
Et qui peut de ta voix l’interdire l’usage î v
SYLVIE.
Si je parlais davantage,
Je ne t’en dirais pas tant.
DAPHNIS.
Ciel ! le cœur de Sylvie avec le mien s’engage !
O ciell fut-il jamais un berger plus content ?
SYLVIE.
Ne m’offre point ton cœur, si tu ne me promets
Qu’il portera toujours une chaîne si belle.
Il vaudrait mieux n’aimer jamais
Que de ne pas aimer d’une amour éternelle.
DAPHNIS.
’ La frileuse hirondelle
Cherchera les frimas et craindra le retour
De la saison nouvelle,
Plutôt que je sois infidèle
Et que j’éteigne mon amour.
SYLVIE.
L’astre qui nous donne le jour
Perdra sa lumière immortelle
Plutôt que je sois infidèle
Et que j’éteigne mon amour.
ensemble :.
Heureux les tendres cœurs
Où l’amour est d’intelligence
Avec la paix et l’innocence !
Heureux les tendres cœurs
Où l’amour et la paix untsseDt leurs douceurs !
En dehors des airs do danse, dont quelques-uns
sont charmants, nous citerons encore le
chant d’Amaryllis :
O bienheureuse paix I
Rendez mon cœur tranquille,
et le chœur î Chantons tous la valeur triomphante.
Temple de la Gloire (lb), opéra-ballet en
trois actes, avec un prologue, paroles de
Voltaire, musique de Rameau, composé pour
l’arrivée du dauphin ; représenté à Versailles
le samedi 27 novembre 1745, et à l’Académie
royale de musique le mardi 7 décembre suivant.
Cette pièce prouve que Voltaire n’avait
pas tous les talents ; car on ne petit
rien imaginer de moins lyrique que cette
rapsodie, dont Apollon, Belus, Lydie, l’Envie,
la Fureur, Bacchus, Erigone, Trajan,
Plautine font les frais. On demandait à l’abbé
de Voisenon s’il avait vu le Temple de la
gloire ? » J’y ai été, répondit l’abbé ; elle n’y
était pas ; je me suis fait inscrire. » On lit dans
la pièce :
Ne condamnez point mes exploits ;
Quand on veut se rendre le maître
On est malgré soi, quelquefois,
Plus cruel qu’on ne voudrait être.
On parodia ainsi ces vers :
Quand du Quinault moderne on usurpe les droits.
Et qu’on veut se rendre le maître,
On est malgré soi, quelquefois,
Plus mauvais qu’on ne voudrait être.
Voltaire reconnaît lui-même son infériorité
dans le genre lyrique ou, peut-être, si on sait
bien lire, l’infériorité de ce genre par rapport
à son génie. ■ J’ai fuit, dit-il, une grande
sottise de composer un opéra ; mais l’envie
de travailler pour un homme co’mine Rameau
m’avait emporté. Je ne songeais qu’à son
génie, et je ne m’apercevais pas que le mien,
si tant est que j’en aie un, n’est point fait
TEMP
du tout pour le genre lyrique. Aussi, je lui
mandais, il y a quelque temps, que j’aurais
plutôt fait un poème épique que je n’aurais
rempli des canevas. Ce n’est pas assurément
que je méprise ce genre d’ouvrage, il n’y en
a aucun de méprisable ; mais c’est un talent
qui, je crois, me manque entièrement. ■ Jélyotte
chanta le rôle d’Apollon. Cet opéraballet
fut repris l’année suivante, en 1746,
sans aucun succès.
Temple de l’éternité (LE) (Tempio u !ei !’
eternita (il)], opéra italien allégorique, livret
de Métastase, représenté & Vienne en 1778.
L’auteur de la partition ne nous est pas
connu, et il est possible que plusieurs compositeurs
y aient concouru. En voici les airs
principaux. : Per costume, o mio bel Nume ;
Tu vedrai fra quelle sponde ; Non mérita
rigor ; le chœur : Mai sul Gange al sol noscente ; Nasce in un giorno solo ; Tutto cangia,
é l di, che viene ; Chi nel cammin d’onore ; Tu
vedrai, che viriù non paventa ; le chœur :
Quai astro, quai lume ; Léon di stragi altero ;
A régnar dal cielo elelto ; Cke belV amar, se
un volto ; Dali’ arte arnica ; Non sien dépregi
loro ; Tal credo, che in cielo ; le chœur : Dir,
che né lumi tuoi ; Mille cose in un momeitto ;
Non l’arrossir nel volto ; Oh conte spesso il
mondo ; le duetto : Quando la serpe annosa,
et un chœur final de circonstance : Nasca
Elisa, e una schiera immortale.
Temple de Pari*. Cet antique édifice, dont
il ne reste plus de traces aujourd’hui, s’élevait
à Paris, dans la rue du même nom.
D’anciens et dramatiques souvenirs s’y rattachent,
sans parler de la captivité de
Louis XVI et de sa famille. Le Temple, ou,
pour parler plus exactement, la Tour du
Temple, bâtie en me par frère Hubert,
trésorier des templiers, se composait d’un
édifice carré, formé d’épaisses murailles ;
les quatre angles étaient flanqués de tourelles.
En outre, à l’un des côtés s’attachait
une petite construction additionnelle, munie
elle-même de deux, tourelles plus petites.
On sait la fortune rapide de l’ordre des templiers,
leur chute éclatante, due surtout à
l’envie qu’excitaient leurs immenses richesses.
Le Temple, ainsi que son nom l’indique,
servit d’abord de demeure au grand maître
de l’ordre. Son établissement définitif dut
avoir lieu peu d’années après le chapitre
tenu à Paris, sous la présidence du-pape
Eugène III ; le roi y assistait. C’était l époque
de la splendeur de l’ordre. Au xnia siècle,
le terrain qu’occupaient les templiers,
connu dés lors sous le nom d’enclos du Temple,
était si considérable, accru chaque jour
d’acquisitions nouvelles et embelli de bâtiments
magnifiques, qu’on en nommait communément
l’ensemble villa nuova l’empli,
Ville neuve du Temple, titre sous lequel il
est désigné dans plusieurs chartes contemporaines.
En 1306, Philippe le Bel y fit
sa résidence ; déjà, avant lui, saint Louis
et Philippe le Hardi avaient déposé. leur
trésor dans le palais des templiers, alors
tout en faveur. Le Temple avait acquis
peu à peu une telle somptuosité, l’ordonnance
en était si parfaite que, dès 1254,
quand Édouard III, roi d’Angleterre, était
venu à Paris, il avait préféré l’accepter
pour séjour que d’aller s’installer au palais
que Louis IX lui offrait. Lors de la suppression
de l’ordre des templiers, en 1312, les
biens en furent donnés aux hospitaliers de
Saint-Jean de Jérusalem. Le grand maître,
Léonard de Tibertis, entra en possession
aussitôt et l’ordre nouveau s’y maintint jusqu’à
l’époque de sa destruction. Le Temple,
tout en conservant sou nom, devint la maison
provinciale du grand prieuré de France.
Nous ne parlerons pas ici de la Tour proprement
dite ; la maison provinciale n’en formait
que les dépendances environnantes. Elle
occupait un terrain vaste, fermé de murailles
crénelées, fortifiées de tours de défense.
Dans l’enceinte de l’enclos se trouvaient
plusieurs autres corps de bâtiments ; le plus
important était le palais du grand prieur.
Construit en 1667 par Jacques de Souvré,
alors investi de cette distinction suprême,
sur les plans et dessins de de Lisle, réparé
et modifié en 1720 par le chevalier d’Orléans,
le grand prieur d’alors, ce palais se composait
d’une façade d’ordre dorique, à colonnes
isolées, surmontées d’un attique avec fronton.
Par cette façade, donnant rue du Temple,
on entrait dans une vaste cour, d’abord
entourée d’un péristyle à colonnes couplées,
puis plantée de tilleuls, quand le péristyle
fut tombé en ruine. Le prince de Conti, vers
1770, ujouta encore à ce palais divers bâtiments.
Quant à la tour du Temple, que nous
avons décrite sommairement plus haut, et à
laquelle nous revenons, elle renfermait quatre
étages ; chaque étage était composé d’une
grande pièce et de trois autres plus petites,
chacune de ces petites pièces pratiquée dans
une des tourelles, sauf dans la dernière, à
l’intérieur de laquelle serpentait l’escalier.
Tout l’édifice était en pierre de taille. Le
11 août 1792, Louis XVI y fut enfermé avec
la famille royale. La Tour du Temple servit
encore depuis de prison d’État. L’édifice
fut démoli en 1811.
Quant à l’ensemble désigné sous ce nom
collectif : le Temple ; quant à la villa nuoua,
plusieurs grands dignitaires de l’ordre dus
hospitaliers (ordre de Malte) y eurent longteiiins
leurs demeures. D’autres seigneurs s’y
TEMP
158 ?
étaient logés également. Lorsque Fhilippe
de Vendôme fut nommé grand prieur, l’abbé
de Chaulieu, le galant poète de cour, alla y
dresser sa tente. De lk les fameux, dîners du
Temple, auxquels assistaient régulièrement
tous les beaux esprits d’alors : La Fare, Chapelle,
Jean-Baptiste Rousseau, Voltaire lui-même,
encore bien jeune,
En dehors de la noblesse, le Temple, c’est-à-dire
l’enclos, véritable ville dans la ville,
était habité par des artisans jaloux de jouir
de la franchise du lieu et, il faut bien le dire
aussi, de débiteurs poursuivis, lesquels devenaient
inviolables et narguaient la prise
de corps dans cet endroit privilégié. En 1789,
cette population très-mêlée s’élevait à près
de 4,000 habitants. L’église du Temple était
dédiée à la Vierge, sous le titre de Salnte-Marie-du-Temple.
Elle était ornée de remarquables
vitraux, qui, heureusement, ont pu
être recueillis par l’administration. Les chevaliers
de Malte y étaient inhumés, sauf autorisation
spéciale accordée à la famille du
défunt. Terminons par un dernier souvenir,
le plus glorieux, à coup sûr : en 1770, Jean-Jacques
Rousseau, revenant de Suisse,
trouva un asile au Temple, chez le prince de
Conti, alors grand prieur, qui n’hésita pas à
couvrir le philosophe persécuté de sa protection
toute-puissante.
La Tour du Temple, convertie en prison,
eut, après Louis XVI et sa famille, d autres
partisans de la royauté ou personnages il-lustres ;
citons : sir William Sidney Smith,
amiral anglais, fait prisonnier le 20 avril
1796, et qui réussit à s’évader le 10 mai 1798 ;
Toussaint Louverture, le célèbre chef noir
de Saint-Domingue, qui y entra le 7 août
1800 et n’en sortit que pour aller traîner ses
derniers jours au tort de Joux ; le général
Pichegru fut enfermé au Temple le 4 septembre
1797. Condamné à la déportation, et
rentré, comme on sait, en France (v. Pichegru), il fut de nouveau arrêté à Paris et
réintégré dans son ancienne prison. Pichegru
s’étrangla au Temple, avec sa cravate. Vers
la même époque, un capitaine de marine anglais,
Wright, fait prisonnier et enfermé au
Temple comme a3’ant débarqué des Vendéens
sur les côtes, se coupa la gorge avec un rasoir,
sans attendre son jugement. Nommons
enfin les frères Polignac, Moreau, Lajollais,
Georges Cadoudal, le marquis de Rivière
(v. ces noms), qui furent également enfermés
au Temple sous le premier Empire.
— Marché du Temple. Il est impossible de
ne pas joindre à l’historique du vieux Temple,
qui n’est plus qu’un souvenir aujourd’hui,
celui de ce marché célèbre, capharnaûm unique
peut-être au monde et qui a fait songer
aux bazars orientaux. Le marché du Temple,
lui aussi, est presque un souvenir. Refait en
1864, il s’est transformé, aéré, assaini ; mais
il a perdu son caractère pittoresquement original.
Nous ne gémirons pas sur cette transformation ;
nous nous contenterons d’esquisser
à grands traits l’ancienne physionomie du
vieux marché et nous comparerons. En 1790,
on sait que la nation séquestra la propriété
du Tewpte (v. l’article précédent), appartenant
à l’ordre de Malte ou Saint-Jean de Jérusalem.
Ce fut sur la majeure partie de son
emplacement que, de 1809 à 1811, l’architecte
Molinois construisit le marché, dit alors Halle
au vieux linge. Quant à la rotonde proprement
dite, elle fut bâtie sous le bailli de Crussol,
bien auparavant, d’après les dessins de
Pérard et de Montreuil. Le vieux marché, le
vieux Temple, se composait donc : de la rotonde
centrale, vaste contruction circulaire,
et de quatre carrés l’entourant ; ces quatre
cariés portaient les noms souvent pittoresques
jusqu’à l’excessif du Palais-Royal, du
Pavillon de Flore, du Pou-Volant et de la
Forêt-Noire. Quant à l’origine, à l’étymologie
de ces noms, il faut renoncer à les découvrir.
Ces diverses constructions, rotonde
et carrés, étaient en bois ; elles renfermaient
environ deux mille places, et le prix de location
de chacune de ces places était dans lu
principe de 2 fr. 35 par semaine. Le Carreau
du Temple, qui a survécu à la destruction
du vieux marché, se tenait dans l’espace compris
entre ce marché et la rotonde. C’est la
Bourse du Temple, le centre d’affaires.
On voit maintenant l’ensemble ; chacun des
carrés avait sa spécialité de vente. Le Palais-Royal
était le temple du luxe ; c’est là
que les élégantes venaient à bon marché se
fournir de rubans, de chapeaux à plumes, en
velours, en soie, de bijoux en faux, de robes de
sutin à peine mises, prétendaient les revendeuses.
Au Pavillon de Flore, c’était plus
modeste et plus utile aussi : matelas, layettes,
draps, rideaux, literie, l’ouvrier et 1 ouvrière
trouvaient là de quoi s’installer au plus
juste prix dans leurs meubles. Le Pou-Volant
était le rendez-vous de la ferraille ; là on
pouvait retrouver tout ce que l’industrie a
jeté à la borne : des morceaux de cuivre oxydés’,
des vieux clous, des bougeoirs usés et démantibulés,
et parfois aussi des agrafes, des
anneaux, des serrures d’un travail rare, tout
cela gisant pêle-mêle et attendant le fureteur
qui parfois rencontrait là quelque précieux
vestige d’un art oublié et l’emportait pour
quelques sous, laissant le brocanteur enchanté
d’avoir fait une bonne affaire. Enfin, c’est à lu
Forêt-Noire que vous pouviez trouver à la
minute, connue on dit vulgairement, chaussure
à votre pied : bottes de toutes formes, à
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