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poser au pape Grégoire V pour le siège archiépiscopal de Ravenne (997J. Son autorité personnelle se fit si bien accepter en Italie parmi les princes féodaux comme dans l’Église, que le pape prit l’habitude de le consulter dans toutes les affaires importantes, et qu’en 999, lors de sa mort, Gerbert fut élu à sa place.

Cependant l’intervention active de l’empereur Othon III, qui proclamait Gerbert le plus grand philosophe de son temps, ne fut pas étrangère k cette élection.

Gerbert fut intronisé le 2 avril 999, sous le nom de Sylvestre II. Les affaires de l’Église, aux prises avec l’empire, étaient fort embrouillées. Le nouveau pape se hâta de conclure avec l’empereur une sorte de concordat, puis il confirma la possession du siège de Reims à Artiould, qui n’était plus son compétiteur. La guerre était partout, en Allemagne, en France, en Italie, à Rome même ; l’habileté et l’énergie de Sylvestre II s’imposèrent en quelques années à toutes les ambitions, et, quand il mourut (1003), il était également craint et respecté par l’Église et par la féodalité.

Des rumeurs comme il pouvait s’en répandre au xie siècle circulèrent longtemps* en Europe à l’occasion de.sa mort. On se disait à l’oreille que, pour devenirpape, il avait vendu son âme au diable et que, le jour de sa mort, te diable l’avait emporté.

Il a laissé un grand nombre d’écrits, parmi lesquels un précieux recueil de Lettres sur diverses matières, politiques, littéraires tt ecclésiastiques. Ce sont ces lettres qui peuvent le mieux le faire juger. On y voit à chaque ligne un homme actif, habile, d’une énergie à toute épreuve, avec des passions violentes, une souplesse d’esprit incroyable ; il savait joindre l’adresse du renard à l’avidité du loup. L’édition princeps des Lettres de Gerbert est de Paris (1621, 1 vol. in-4«), avec d’autres lettres de Jean de Salisbury et d’Etienne de Tournai. Elles ont été rééditées dans le recueil de dom Bouquet.

Gerbert est l’auieur de quelques vers assez dépourvus de mérite, puis de séquences ou proses perdues, d’un Traité de la rhétorique, également perdu. Un seul de ses écrits philosophiques est arrivé jusqu’à nous ; il a pour titre : De rationali et ratione uti, publié dans le tome Ier du Thésaurus novissimus de Bernard Pez.

Ses ouvrages théologiques sont : Synodus Hcclesix gaUicaux habita Durocortori Remorum, dans le recueil des Centuriateurs de Maydebourg (t. X ; Francfort, 1600,1 vol. in-12) ; Oiatio Gerberti in concilia Mosomensi (Mouzon), dans le tome IX du recueil des Actes des conciles de Labbe ; c’est un chefd’œuvre d’habileté oratoire, surtout si on se reporte à l’époque ou ce discours fut prononcé ; De iuformatione epiteoporum ou De dignitate saccrdotali, ou encore De vita et ordinatione episcoporum, dans le tome II des Analecta de Mabillon : cet opuscule a été longtemps attribué à saint Ambroise ; oe corpore et sanguine Christi, dans le Corpus anecdotorum de Bernard Pez.

Parmi les travaux mathématiques de Gerbert, on cite : le Liber subtilissimus de arith- meiïca, encore inédit, qui existerait k Ratisbonne, dans la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Emmerand ; l’Aùacus ou Traité de l’abaque, aussi manuscrit, à Ratisbonne. Il existe aux manuscrits de la Bibliothèque nationale (7189, A) un ouvrage de Gerbert appelé ; Raliones numerorum ubaci, qui n’en paraît pas différer. Il a été publié dans les œuvres de Bède, comme lui appartenant, et de nouveau par M. Chasles, qui le restitue à Gerbert sous ce titre : Explication des traités de l’abacus et particulièrement du traité de Gerbert.

La bibliothèque de Leyde possède, dit-on, un opuscule manuscrit attribué à Gerbert et donné par Scaliger, intitulé : Libellus multiplicaliouum ; un autre opuscule, appelé De numerorum divisione, paraissant, sous un titre différent, être le même que le Aatianes numerorum abaei ; le Rhythmimaehia, également attribué à Gerbert.

Ces divers travaux de Gerbert ont une assez grande importance pour l’histoire des sciences en Occident, mais sont loin de justifier la haute opinion de ses contemporains, si du moins on les compare aux œuvres du même temps des Arabes de Séville et de Cordoue. « Ou y reconnaît piutôt, dit M.. Chasles, une imitation et un commentaire des ouvrages.de Boece qu’un reflet du savoir et des méthodes arabes, dont ne trouve les premiers germes en France qu’au xne siècle. ■

Gerbert se montre assez instruit des règles de calcul des nombres entiers et fractionnaires ; mais il est à remarquer que, contrairement à l’opinion généralement répandue, les chiffres arabes n’y sont jamais employés. Le système de numération qu’enseigne Gerbert n’est plus, il est vrai, le système latin, mais ce n’est pas encore notre système actuel, quoiqu’il s’en rapproche un peu. Malheureusement, il serait aujourd’hui très-difficile de le définir exactement, les copistes qui nous ont transmis les écrits’ de Gerbert ayant adopté successivement les signes et les caractères plus modernes à mesure que l’usage s’en était répandu.

SYLVESTRE 111, antipape, né à Rome, élu en 1044. Benoît IX ayant été chassé par les Romains, ceux-ci portèrent au trône pontifical Jean, évêque de Sabine, sous le nom

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de Sylvestre III. Benoît rentra par la force des armes et chassa Sylvestre ; mais entendant gronder autour de lui la colère de ses sujets, il céda la tiare à Jean Gratien, qui prit le nom de Grégoire VI. Rome et le monde chrétien se trouvèrent ainsi partagés entre trois pontifes. Pour mettre fin à ce scandale, le concile de Sutri, présidé par l’empereur Henri III, déposa les trois compétiteurs et nomma un quatrième pap.e, Clément II.

SYLVESTRE GOZZOLINl (saint), fondateur des sylvestrins en Italie, né à Osimo en 1177, mort le 26 novembre 1267. Il étudia le droit canon et la théologie à Bologne et à Padoue et fut nommé chanoine d’Osimo. A l’âge de quarante ans, il se retira dans un lieu désert. Il eut bientôt quelques compagnons et bâtit, en 1231, le monastère de Monte-Pano. Il adopta la règle de saint Benoît pour lui et pour son monastère. Le pape Innocent IV approuva en 1248 le nouvel institut. L’ordre des sylvestrins prit un rapide développement, et à la mort de son fondateur il comptait déjà vingt-cinq maisons. Fabrint, quatrième général de cet ordre, a écrit une vie de saint Sylvestre, qu’on trouve dans le Brève chron, délia congreg. dei monachi Sylvestrini.

SyKeatre (monsikïïr), roman de G. Sand. V. Monsieur Sylvestre.

SYLVESTRIN s. m, (sil-vè-strain). Hist. relig. Religieux d’un ordre fondé au xme siècle par saint Sylvestre Goxzolini.

SYLVIA s. f. (sil-vi-a). Astron. Planète télescopique découverte en 1860.

SYLVIA (Zunetta-Rose BKNOZZI, connue au théâtre sous le nom de), actrice française, née à Toulouse en 1697, de parents italiens, morte à Paris en 1759. Elle suivit son père, qui retournait dans sa patrie, et s’essaya, très-jeune encore, sur diverses scènes secondaires. Sylvia vint à Paris avec la troupe italienne qui y fut appelée par le duc d’Orléans, régent de France, et débuta sur le théâtre du Palais-Royal en 1716, dans l’Inganno foriunato. La jeune actrice ne tarda pas à éclipser ses rivales. En 1720, Sylvia épousa, par amour^son camarade Joseph Baletti, dit Mario. Marivaux, qui débutait à cette époque dans la carrière d’auteur dramatique, comprit vite le parti qu’il pouvait tirer du talent de Sylvia et écrivit pour elle : la Surprise de l’amour, le Jeu de l’amour et du hasard, les Fausses confidences, les Sincères, etc. Le 15 mars 1725, elle remplie, avec une supériorité qui étonna même ses plus ardents admirateurs, le rôle d’Andromaque. « Sylvia joua pendant quarante-deux ans les rôles d’amoureuse avec la même vivacité, la même finesse et la même illusion, » dit un biographe. Elle excellait surtout dans les pièces de Marivaux, qui eut parfois le bon goût et la modestie de mettre à profit les conseils de son interprète. Rien n’égalait, dit-on, le charme et l’organe de Sylvia, dont les manières distinguées faisaient envie à plus d’une grande dame.

SYLVIADÉ, ÉE adj. (sil-vi-a-dé — rad. sylvie). Ornith. Qui ressemble ou qui se rapporte à la Sylvie.

— s. f. pi. Famille de passereaux, ayant pour type le genre sylvie.

SYLVIAXIS S. m. (sil-vi-a-ksiss — du lat. lylvia, sylvie ; axis, axe). Ornith. Syn. de lsjptonyx ou scytalofë, genre de passereaux, formé aux dépens des sylvies, et dont l’espèce type habite les terres australes de l’Amérique.

SYLVICOLE adj. (sil-vi-ko-le — du lat. sylva, forêt ; colo, je cultive, j’habite). Qui a rapport à la sylviculture : Industrie sylvi-

COLE.

— Hist. nat. Qui habite les forêts ; Insectes

SYLVICOLES. Oiseaux SYLVICOLES.

— s. m. pi. Ornith. Syn. de sylvains.

— Entoin. Famille d’insectes coléoptères hétéiomères, ayant pour type principal le genre hélops : On n’a encore que des données imparfaites sur la vie des sylvicoles. (F. Pouchet.)

— s. f. Ornith. Genre de passereaux, delà famille des sylviadées, appelé aussi figuier, et comprenant plus de vingt espèces, qui presque toutes habitent l’Amérique : Les sylvicolbS, par leurs habitudes, ont de grands rapports avec les mésanges. (Z. Gerbe.)

— Encycl. Ornith. Les oiseaux du genre sylvicote sont caractérisés par un bec à peine de la longueur de la tête, de forme conique allongée, aussi haut que large, un peu recourbé à son extrémité supérieure, à pointe légèrement échancrée ; les narines sont longitudinales, basales ; les ailes obtuses ; la queue médiocre, ample et légèrement échancrée ; tarses grêles, un peu plus longs que le doigt médian ; les deux doigts latéraux courts, le pouce très-long. Les sylvieoles avaient d’abord été rangées par Linné dans le genre matacitla. BuSon, e premier, reconnut qu’elles devaient former un genre particulier, distinct de celui des fauvettes, dont elles s’éloignent par les mœurs, et de celui des mésanges, dont elles diffèrent par l’organisation. On peut cependant rapporter à Swainson l’honneur d’avoir créé le genre sylvieole, car, jusqu’à lui, il avait été mal déterminé, mal caractérisé et, par cela même, sujet a discussion et à variations dans la série ornithologique.

Les sylvieoles, par leurs habitudes, oui de

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si grands rapports avec les mésanges, qu’il conviendrait de les réunir avec ces dernières si leurs narines découvertes ne les en éloignaient pas. Ce sont des oiseaux vifs, légers, confiants, qui paraissent ordinairement en troupes nombreuses dans l’État de New-York et la Pensylvanie aux mois d’avril et de mai. Mais ils y restent peu de temps ; ils se hâtent de rentrer dans le Nord, pour s’occuper delà nouvelle génération, quils ramènent avec eux l’année suivante. Ils parcourent généralement la même route avec rapidité, soit dans l’aller, soit dans le retour. Cependant ils mettent plus de lenteur dans leur course automnale lorsqu’ils se trouvent à la Louisiane, où on les appelle grassets, ainsi que plusieurs autres figuiers, parce qu’ils sont très-gras à cette époque. Quelques espèces sont répandues dans tout le continent américain. On les trouve à la Guyane, k Saint-Domingue et dans toute l’Amérique septentrionale, jusqu’à la baie d’Hudson.

Ces oiseaux nichent dans divers climats, sous la ligne, sous les tropiques, en Pensylvanie, au Canada et même à la terre de Labrador. Les individus qui habitent le Nord le quittent k l’automne et reviennent au printemps. Le ramage de ces oiseaux ne manque pas d’agrément, mais leur chanson est courte et peu variée. Toujours en mouvement, on les reconnaît à leur pétulance et à leur agilité. Ils volent sans cesse de branche en branche, d’arbre en arbre, et se balancent quelquefois à leur cime. Ils voltigent rarement de ouissonen buisson, à moins que ces buissons ne soient d’une certaine hauteur. C’est, cependant dans les buissons très-feuillés qu’ils construisent leur nid. Ils le placent à un moyenne hauteur et le composent d’herbe sèche et de filaments de petites racines. Leur ponte est de quatre à cinq œufs. Dans les parties les plus boréales, ils ne pondent qu’une fois l’an.

Ils font deux pontes en Pensylvanie et probablement un nombre plus considérable dans le Sud. Us habitent volontiers les lieux découverts et les terres cultivées ; ils se nourrissent d’insectes et de fruits mûrs et tendres, tels que les bananes, les goyaves et les figues. Cependant, à tout prendre, ils mangent plus d’insectes que de fruits, surtout quand ces derniers sont un peu durs, auquel cas ils ne peuvent pas les entamer.

On connaît environ une soixantaine d’espèces de sylvieoles, dont quarante seulement sont bien déterminées. Nous allons citer parmi ces dernières les plus connues et les plus intéressantes :

Sylvieole à tête rousse, Sylvicola ruficapilla. D’après Buffon, cet oiseau aurait été envoyé, pour la première fois, de la Martitinique, à M. Aubry, curé de Saint-Louis. Il a la tête rousse, la partie supérieure du cou et tout le dessus du corps d’un vert olive, la gorge et la poitrine d’un jaune varié de taches rousses ; le bec est brun et les pieds sont gris. Cet oiseau voltige incessamment et il ne se repose que lorsqu’il mange ; son chant est faible, mais très-mélodieux.

2« Sylvieole couronnée. C’est un oiseau de passage en Pensylvanie, où il arrive au printemps pour n’y séjourner que quelques jours et passer de là plus au Nord. Ce figuier a sur le sommet de la, tête une tache ronde, d’une belle couleur d’or ; les côtés de la tête, les ailes et la queue sont noirs ; la partie supérieure du cou et le dos sont bleu ardoise ; tout le dessous du corps est blanchâtre ; le bec et les pieds sont noirâtres.

Sylvieole des sapins. Cet oiseau a la tête, la gorge et tout le dessous du corps d’un très-beau jaune, une petite bande noire de chaque côté de la tête ; les ailes et la queue sont gris de fer noirâtre ; le bec est noir et les pieds sont bruns. La femelle est entièrement brune. Ce figuier passe l’hiver dans la Caroline, où Catesby dit qu’on le voit sur des arbres sans feuilles, cherchant des insectes ; on en voit aussi pendant l’été dans les provinces plus septentrionales. M. Bartram a écrit que ces oiseaux arrivent au mois d’avril en Pensylvanie, et qu’ils y demeurent tout l’été. Cependant il convient n’avoir jamais vu leur nid. Ils se nourrissent d’insectes, qu’ils trouvent sur les feuilles et les bourgeons des arbres.

Sylvieole tachetée. Cet oiseau se voit au Canada pendant l’été ; mais il n’y fait qu’un court séjour, n’y niche pas et habite ordinairement les terres de la Guyane. Son ramage est agréable et assez semblable à celui de la linotte. Il a la tête et tout le dessous du corps d’un beau jaune, avec des taches rouges sur la partie inférieure du cou, sur la poitrine et sur les flancs. La queue est brune, bordée de jaune. Le bac et les pieds sont noirs. Nous citerons en terminant quelques espèces, mais comme simple énumération : la sylvieole blackburnian ; la sylvieole maritime de l’Amérique du Nord ; la sylvieole ù cou jaune ; la sylvieole châtaigne et la sylvicote tigrine.

SYLVICOLINÉ, ÉE adj. (sil-vi-ko-li-nérad. sylvieole). Ornith. Qui ressemble ou qui se rapporte à la sylvieole.

— s. f. pi. Tribu de passereaux, de la famille des turdidées, ayant pour type le genre sylvieole.

SYLVICULTEUR s. m. (sii-vi-kul-teurdu lat. sylva, forêt, et de cultor, cultivateur). Celui qui cultive les forêts ou les arbres forestiers.

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SYLVICULTURE s. f. (sil-vi-cul-tu-redu lat. sylva, forêt, et de culture). Art d’aménager et d’exploiter les forêts.

— Encycl. V. FORÊT.

SYLVIDÉ, ÉE adj. (sil-vi-dé). Ornith. Syn. de SYLVIADÉ.

SYLVIE s. f. (sil-vî —du lat. sylva, forêt). Ornith. Syn.de bec-fin, groupe de passereaux qui comprend les fauvettes et les pouillots : Le genre, ou mieux ta famille des sylvies, n’a pas de limites franchement déterminées. (Z. Gerbe.)

— Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des athéricères, comprenant cinq ou six espèces, qui habitent la France : Les sylvies vivent sous l’ombrage des bois. (E. Desmarest.) il Espèce de libellule appelée aussi LIBELLULE cancellée.

— Bot, Nom vulgaire de l’anémone des bois : Il y a une jolie espèce de Sylvie à fleur jaune. (V. de Boinare.) Il Syn. d’ESCOBÉDiB, genre de personnées.

— Encycl. Ornith. Les sylvies ont pour caractères génériques : un bec de la longueur de la tête, mince, comprimé dans la moitié antérieure, à arête formant un angle mousse et dessinant une ligne légèrement concave entre les deux narines ; narines oblongues, à opercules ; ailes assez allongées ; queue allongée, ample et carrée ; tarses assez forts ; pouce robuste, muni d’un ongle assez fort. La langue est effilée et fourchue par le bout.

Ce genre se trouve aujourd’hui restreint à six espèces, originaires d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Toutes sont remarquables par leur chant. Mais c’est la fauvette à tête noire qui l’emporte, sous ce rapport, sur toutes les autres. En général, leur voix est facile, pure et légère, et le chant s’exprime par une suite de modulations peu étendues, mais agréables, flexibles et nuancées. C’est d’ailleurs assez faire son éloge que de dire que la sylvie rivalise avec le rossignol.

La femelle chante aussi, mais avec moins de vigueur que la mâle. Leur cri d’appel est une sorte de claquement, la syllabe tack, répétée plusieurs fois avec vivacité. Une frayeur subite, un danger imminent, font pousser à ces oiseaux, dit Bechstein, un cri rauque et désagréable.

Le mâle a pour sa femelle les plus tendres soins ; il lui apporte des vers, des mouches, des fourmis, et couve alternativement avec elle. Lorsque les insectes manquent, les sylvies se nourrissent des baies de quelques arbustes, comme da la lauréole et du lierre. En automne, elles mangent des cormes et vont souvent boire aux fontaines, où on peut les prendre facilement ; elles sont alors très-grasses et d’un goût délicat.

La fauvette à tête noire, dit Buffon, s’apprivoise facilement ; elle marque pour son maître une affection toute particulière, battant des ailes et poussant de petits cris de satisfaction à son approche. Le traducteur de Bechstein rapporte le fait suivant : Un jeune mâle, qu’il avait placé dans une serre chaude en hiver, recevait de sa main, chaque fois qu’il entrait, un ver de farine. Il y était tellement accoutumé, qu’aussitôt l’arrivée de son maître cet oiseau se plaçait auprès du vase où l’on disposait ces vers. Si cette première indication ne suffisait pas, l’oiseau passait rapidement sous le nez de celui qui l’oubliait, frappant de l’aile et du bec, jusqu’à ce que ses désirs fussent satisfaits.

Une sylvia hortensis a offert un exemple remarquable de l’intelligence de ces oiseaux. Celui-ci avait fait deux fois son nid dans un buisson de lierre accolé au mur d’un jardin, et deux fois le vent l’avait renversé. Pour empêcher un nouvel accident, il alla chercher un ruban de laine et l’attacha de telle manière à deux branches du buisson, que le vent n’eut plus de prise sur cet édifice consolidé.

Nous décrirons les deux espèces suivantes :

îo Sylvia atricapilla, fauvette à tête noire. Le mâle a le dessus de la tête d’un noir profond, et le reste gris cendré ou brun olivâtre, avec le bec et les pieds gris de plomb. La femelle a presque le même plumage, à l’exception de la tête, qui est rousse. Cet oiseau, qui habite l’Asie et l’Afrique, est très-commun en France ; il niche dans les buissons, les arbustes, à peu de distance du sol, compose son nid d’herbes sèches, de quelques feuilles et de quelques crins à l’intérieur. La femelle pond de quatre à six œufs d’un rouge assez vif, avec des points bruns.

Sylvia hortensis, fauvette des jardins. D’un gris rembruni en dessus, avec le devant du cou blanchâtre, le ventre d’un blanc pur, bec et pieds bleu de plomb, cette Sylvie habite presque toute l’Europe tempérée et surtout a France. Elle niche dans les buissons, les touffes d’herbe, généralement à 1 ou 2 mètres du sol. Le nid est construit en forme de coupe, avec des herbes sèches et quelques crins à l’intérieur. La femelle pond de quatre à six œufs, d’un blanc grisâtre, glacé de fauve, avec quelques points foncés.

— Bot. La sylvie, appelée aussi anémone des bois, bassinet blanc, etc., est une plaute vivace, à feuilles radicales découpées et rampant sur le sol, à tige haute de om,15 à om,25, garnie, vers les deux tiers de sa hau &