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Mais lo duc de Bourgogne, ennemi de Tignonville, suscita contre lui les écoliers du la nation de Normandie. Ceux-ci excitèrent les passions de leurs camarades et réclamèrent contre la violation de leurs privilèges. On ferma les écoles, et comme le roi semblait approuver la conduite du prévôt, Y Université déclara que, puisqu’on violait ses franchises, la Fille du roi, persécutée dans son honneur, s’en irait comme une brebis errante chercher asile ailleurs. Aussitôt Charles VI ordonna que le prévôt allât en personne détacher les cadavres du gibet, les baisât k la bouche et payât les frais du convoi. Il fut ensuite destitué de sa charge.

« Au nombre des plus précieux, avantages de VUniversité, dit Dubarle, se trouvait l’exemption des impôts, et on osait rarement y porter atteinte en raison de son grand pouvoir. Elle avait soin, sous chaque monarque, d’en demander le maintien et la conservation et de renouveler sa demande dans

toutes les occasions où elle pouvait craindre pour ses droits. Ces privilèges cependant, nous le disons avec plaisir, ne lui faisaient pas oublier qu’elle était française et qu’elle s’appelait la Fille aînée du roi ; elle savait, dans des circonstances pénibles, faire à la patrie le sacrifice de son intérêt personnel ; et lorsqu’en 1418 les succès rapides des Anfjais, qui venaient de conquérir la Normanie, eurent exigé le prélèvement d’un impôt extraordinaire, l'Université voulut payer sa dette à" la France et offrit de contribuer comme tous les autres citoyens. Ces offres furent acceptées ; mais le roi voulut qu’on en exemptât les maîtres et les docteurs. •

Cependant, à la fin du règne néfaste de Charles VI, les privilèges de l’Université ne furent pas respectés. L'Université se jeta alors dans les bras des Anglais et prêta serment de fidélité au duc de Bedford, régent et tuteurduinotiarqueanglais Henri VI. Le jeune prince confirma ses privilèges en 1431. Le 30 janvier 1430 avait commencé le procès de Jeanne Darc. L’Université de Paris y prit une part regrettable. On la consulta plus d’une fois pendant la durée du procès, et le jour du supplice de Jeanne Darc, < l’Université de Paris, dit Pasquier, voulant aussi jouer son rosle, list une procession générale à Saint-Martin-des-Champs, où un frère dominicain fist une déclamation contre ceste pauvre fille pour monstrerque tout ce qu’elle avait faict c’estoient œuvres du diable, non de Dieu. »

Mais bientôt VUniversité revint à des sentiments plus patriotiques. Lorsque, en 1J37, Charles VII rentra à Paris, il l’ut harangué par l’Université aux portes de Notre-Dame. Ce prince, par une ordonnance du 27 mars 1440, donna à ('Université pour juge dans toutes ses contestations le parlement. Cette ordonnance irrita vivement Y Université, qui perdait la précieuse prérogative de n’être jugée que par le roi et se trouvait soumise à un autre corps dont elle marchait auparavant l’égale ; « car la cour de parlement est sœur de VUniversité et non pas sa maîtresse, r

Ce fut aussi Charles VU qui fit rédiger de nouveaux statuts pour ('Université. Ce règlement s’étendait aux quatre Facultés. Dans la Faculté de théologie, le temps d’études fut réduit de sept à cinq ans ; dans la Faculté de droit, on diminua les droits excessifs prélevés pour l’obtention des grades. Les maîtres de la Faculté des arts durent désormais s’occuper des pensions qui exigeaient des élèves un trop haut prix.’ Enfin, innovation importante, lus médecins purent se marier sans perdre le droit de régence.

« Il s’était à peine écoulé une année depuis la promulgation du statut, dit Dubarle, lorsque la compagnie en fit une triste expérience. Le prévôt de Paris taisait fréquemment emprisonner des écoliers, sans égard pour leur qualité, et le Ohâtelet en renfermait plus de quarante quand le recteur, sur l’ordre de 1 Université, se présenta chez le prévôt pour les réclamer. Ils lui furent rendus. Satisfait d’avoir réussi, il revenait avec un cortège nombreux dans la rue Saint-Antoine, lorsqu’il fut rencontré par un commissaire accompagné de huit archers. Une rixe s’élève ; les hommes d’armes s’élancent sur les jeunes gens, et, dans la mêlée, roi bachelier en droit est tué, vingt écoliers blessés ; le recteur lui-même courut risque de la vie et put à peine s’échapper, car dans le tumulte les bourgeois avaient pris les armes et les chaînes avaient été tendues dans les rues (11 mai 1453). L’Université éplorée s’assembla le lendemain pour assister au convoi du malheureux qui avait

Ïièri ; elle ordonna une cessation générale de eçons et de sermons, et en même temps une dèputation fut envoyée au parlement pour demander non-seulement le châtiment des coupables, mais encore la mise en cause du prévôt de Paris. On exigea d’abord qu’elle reprit ses exercices ; elle tint ferme, et, le 21 juin, le parlement, sur l’ordre du roi, condamna les archers à faire amende honorable à l’Université, nus, en chemise, une torche ardente k la main, et celui qui avait voulu tuer le recteur eut le poing coupé ; niais le prévôt fut renvoyé de la plainte. L’Université, peu satisfaite, déclina alors la juridiction du parlement, prononça la privation de tous les droits académiques contre ceux qui porteraient devant cette cour une cause qui intéressât l’Université ou un de ses corps, et continua de suspandie tous ses exercices et

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d’empêcher toute prédication ; elle fut même tellement inflexible dans sa résolution que l’évêque de Paris lui ayant demandé, selon l’usage, un prédicateur pour rendre grâces à Dieu de la conquête de la Guyenne, que le roi venait de terminer heureusement, elle le refusa. Cet état d’hostilité contre le parlement et contre levêque de l’a..s, qui n avait pas voulu jeter un interdit sur toute la ville, subsista longtemps, et ce ne fut que dans le mois de février de l’année suivante que l’Université consentit à rouvrir ses cours et à permettre les sermons, excepté toutefois dans les paroisses de Saint-Paul, de Saint-Gervais et de Saint-Jean-en-Grève, sur le territoire desquelles l’attentat avait été commis. »

Louis XI, à son avènement, confirma les privilèges de Y Université. Ce fut lui qui, en 1479, ordonna que VUniversité célébrerait la fête de saint Charlemagne, pour lequel il avait une vénération spéciale, par une cessation générale de tous les travaux. En 1462, le pape Pie II ayant accordé aux religieux le droit de se conférer entre eux les grades académiques, l'Université vit là une violation de ses privilèges. Elle s’adressa au roi, qui lui donna gain de cause. Pourtant Louis XI laissa enfreindre cette défense en permettant la fondation de l’université de Bourges. L’Université de Paris réclama vainement ; alors, piquée d’émulation, elle entreprit d’améliorer les études. Peu de temps après, la Faculté des arts abolit une fête bien chère aux écoliers, la fête du Roi des fous.

Malgré ces réformes, les études n’en allaient pas mieux. Tous les grands professeurs n’étaient plus. Les écoliers, pauvres pour la plupart, ayant peine à se nourrir, forcés parfois de mendier leur pain, parfois même de le voler, ne pouvaient se procurer de manuscrits. Certains manuscrits se payaient leur pesant d’or. On attachait à la plupart d’entre eux une importance extrême.

Sous le rè#ie de Charles VIII, l’Université fut obligée de nouveau d’introduire des améliorations dans la discipline. L’esprit des élèves était toujours turbulent. Cette turbulence éclatait surtout dans les fêtes scolastiques. En 1488, on interdit les danses, les chansons et les déguisements. Au début de la Renaissance, des professeurs vinrent d’Italie enseigner à Paris les préceptes de la poétique et de la rhétorique, et on les accueillit avec enthousiasme. En 1530, François Ier institua

les.lecteurs royaux pour la propagation de l’étude des langues grecque, latine et hébraïque ; ces lecteurs, qui faisaient partie de l’Université, étaient destinés à répandre le goût des belles-lettres, en expliquant les langues anciennes dans des leçons publiques et gratuites. L’Université, qui faisait payer ses leçons, vit d’abord avec peine l’institution des lecteurs royaux. Mais bientôt, frappée du résultat avantageux de leurs leçons, elle les accueillit avec faveur. On compte parmi ces lecteurs Valable, Guillaume Budé et Jean Lascaris. À partir de François Ier, l’Université, tout en maintenant ses privilèges, cessa d’être, à proprement parier, un corps politique, pour se réduire au rôle plus modeste de corps enseignant. D’ailleurs, il lui fallut défendre son existence même contre ses ennemis les plus acharnés, les jésuites. À cette époque, il fut question d’une réforme de YUniversité. Aux états généraux de 1560, le tiers état demanda dans toutes les universités de France la fondation d’une chaire de morale et de politique. Dans un discours adressé au roi Charles IX (1562), Ramus indiqua les points sur lesquels la réforme devait porter ; c’étaient la diminution des frais d’étude et la méthode d’enseignement. Les frais d’étude étaient considérables ; ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, le doctorat en théologie coûtait 102 livres. Ramus proposait une réduction de ces frais et demandait que les honoraires des professeurs fussent prélevés « sur tant de rentes et tant de revenus que possèdent tes moines, chanoines, abbés, évêques. » Quant à la méthode d’enseignement, Ramus s’éleva contre les disputes scolastiques ; il demanda l’introduction de leçons publiques et périodiques et l’inauguration d’une chaire de droit civil.

Cependant les jésuites s’implantaient en France malgré l’Université. L’ordre dé Loyola voulant s’emparer des esprits par l’éducation, les jésuites demandèrent à être agrégés kl'Université, nà s’y refusa ; ils furent déboutés de leurdemandeparle parlement (1557). Toutefois, ils demeurèrent libres d’ouvrir des établissements d’éducation en concurrence avec

les collèges universitaires. Guillaume Djiprat leur avait légué 40,000 livres pour construire deux collèges, l’un à Paris, l’autre en Auvergne. Le parlement reconnut leur institut le 14 janvier 1562 et ordonna que leur collège portât le nom de collège de Clermont. Le 29 février 1564, le recteur de l’Université, Julien de Saint-Germain, qui était favorable aux jésuites, sans assembler la compagnie, sans même consulter les chefs des diverses Facultés et des nations, leur expédia des lettres de scolarité, L’Université protesta, usa de tous les moyens, porta la question devant le

fiarlement, qui la laissa indécise, et depuis ors la guerre est restée, ouverte entre les : jésuites et l’Université.

Sous Henri III, l’Université déclina. On essaya de réformer la discipline, on prescrivit l’usage exclusif de la langue latine dans les collèges, on défendit aux principaux d’à UNIV

voir aucune femme k leur service, on interdit l’entrée des collèges aux maîtres d’escrime, etc. Pendant la Ligue, l’Université, d’abord hésitante, y adhéra enfin. L’ordonnance de Blois (1579) sanctionna quelquesunes des demandes présentées par les Facultés ; mais on défendit à Paris l’enseignement du droit civil.

Henri IV vainqueur, VUniversité se rendit auprès de lui et lui demanda grâce pour les excès que quelques-uns de ses membres avaient pu commettre. Le roi se montra très-favorable à ce corps, qui profita de sa faveur pour porter un coup aux jésuites ; elle les accusa d’être ennemis de la maison régnante, partisans des Espagnols, et la cause fut portée devant le parlement par Antoine Arnault, qui plaida pour l’Université. L’attentat dirigé par Jean Cliâtel, élève des jésuites, sur la personne du roi hâta l’effet de son véhément discours ; lesjésuites furent bannis de France. Henri IV fit reviser les statuts de l’Université. Le nouveau statut défendit de recevoir comme pensionnaires dans les collèges les élèves non catholiques, proscrivit toute autre langue que le latin, bannit des collèges l’escrime, la danse, les comédies.

Le 2 septembre 1603 furent signées à Rouen des lettres patentes du roi qui ordonnaient le rétablissement des jésuites en France, t à charge par eux de n’entreprendre ni faire aucune chose, tant au spirituel qu’au temporel, au préjudice des évêques, chapitres, curés et universités du royaume, ni des autres religieux, mais de se conformer au droit commun. ■ C’était introduire de nouveau l’ennemi dans la place. En vain Y Université, pendant la fin du règne de Henri IV, pendant le début de celui de Louis XIII, essaya-t-elle de lutter ; lesjésuites étaient installés définitivement. À partir du ministère de Richelieu, l’Université cessa complètement de compter comme corps politique. Lorsque s’ouvrirent les états généraux de 1614, l’Université, malgré ses privilèges, ne fut pas admise à y siéger. Sous Louis XIV, la lutte recommença plus vive que jamais entre l’Université et les jésuites. La Faculté de théologie répondit pur ces dures paroles à l’Apologie des jésuites .• « Toute l’Église vous considère comme des usurpateurs de la puissance de ses pasteurs ; toutes vos actions sont des attentats contre la sainteté de leur caractère. Vous les méprisez en chaire, vous les diffamez dans vos livres, vous les attaquez en général, vous les noircissez en particulier ; on peut compter toutes les années de votre société par des rébellions continuelles contre les successeurs des apôtres ; vous vous soulevez contre eux avec conspiration, avec arrogance. ■ On sait que cette querelle se termina par l’apparition des Provinciales. Cependant Isa jésuites, lorsque l’un d’eux devint confesseur du roi, reprirent crédit et faveur et donnèrent à leur collège le nom de Louis-le-Grand.

Sous Louis XIV, un édit régla l’enseignement du droit dans l'Université et ordonna de professer le droit romain concurremment avec le droit français. Depuis lors, l’Université n’a plus d’histoire ; la fille aînée des rois de France ne devait pas survivre à la chute de la monarchie. Un décret de la Convention en date du 20 mars 1794 supprima l’Université de Paris, ainsi que les universités provinciales qui existaient encore et dont nous allons parler.

— II. Universités provinciales en Franck. Les universités provinciales fondées k diverses époques étaient établies à Toulouse, Montpellier, Orléans, Cahois, Angers, Orange,

Perpignan, Aix, Poitiers, Caen, Valence, Nantes, Dole (puis Besançon), Bourges, Bordeaux, Angoulêiiie, Reims, Douai, lJont-à-Mousson, Rennes, Pau, Strasbourg, Nancy.

Ainsi, en comprenant Paris, il y avait vingt-quatre universités en France et même vingt-cinq, si l’on ajoute Avignon, qui appartenait au pape. Il est nécessaire d’indiquer rapidement l’époque où elles furent établies. La plus ancienne université de France, après celle de Paris, était l’université àe Toulouse. Elle avait été fondée par le pape Grégoire IX en 1233. Elle avait les mêmes privilèges que l’Université de Paris ; les professeurs de I’imj- versité étaient enterrés avec l’anneau d’or, l’épée et les éperons. La troisième université était celle de Montpellier ; elle fut établie en 1289 par ie pape Nicolas IV. Elle avait primitivement trois Facultés : la médecine, le

droit et les arts ou les lettres ; dans la suite, elle fut réduite à deux, ie droit et la médecine. L’université d’Orléans fut fondée en 1312 par l’hilippe le Bel ; elle était consacrée exclusivement a l’étude du droit. Le pape Jean XXU, établit une université a Cahors, sa ville natale. Angers eut aussi une université, dont on place l’origine k 1364 ; celle d’Orange datait du même temps. La fondation de l’université de Perpignan était de beaucoup antérieure k la réunion du Roussillon k la France ; on la place en 1340. Le pape Alexandre V établit une université k Aix en 1409 ; celle de Poitiers fut fondeur par Charles VII en 1431. Les Anglais organisèrent k Caen une uniuersité qui fut confirmée par Charles VII lorsqu’il eut reconquis la Normandie (1450). Le dauphin

Louis fonda, en 1442, l’université de Valence. L’université de Nantes datait de 1460 ; celle de Dôle, transférée plus tard à Besançon, de 1464 ; celle de Bourges de 1465 ; celle I

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de Bordeaux de 1473. Une université fut établie k Rennes en 1548. Le bailli de Vermandois en était le conservateur en 1550, et l’official de l’archevêque de Reims conservateur des privilèges apostoliques de cette université a la même époque (de Thi.u, liv-. VI). Douai, dans le temps où elle était soumise comme toute la Flandre au roi d’Espagne, fut dotée d’une université par Philippe II en 1572. Le cardinal de Lorraine et le duc Charles III fondèrent à Pont-à-Mousson une université qui fut confirmée par une bulle du pape Grégoire XIII en 1572. Il faut ajouter à ces anciennes universités Rennes, où l’on transféra la Faculté de droit.d’abord établie k Nantes ; Strasbourg, dont l’université antérieure k la réunion à la France fut confirmée après cet événement (1681) ; Pau, dont l’université, qui n’avait que la Faculté de droit, ne datait que de 1723 ; Nancy, dont l’université fut confirmée après la réunion à la France en 1789. On n’a pas parlé d’Avignon, parce que cette ville dépendait du saint-siége et ne fut réunie k la France qu’après la suppression des universités provinciales. Ces universités, fondées à des époques différentes et souvent même lorsque les provinces étaient indépendantes, présentaient de grandes diversités dans leur constitution et leur enseignement. Les rois s’efforcèrent par plusieurs mesures de les rattacher à l’autoute centrale. L’ordonnance de Blois (1579) déclara qu’à l’avenir les universités sf raient soumises à des inspections dirigées par l’autorité royale et qui devaient porter sur la nature de l’enseignement, la discipline des collèges, l’élection et les devoirs des recteurs, la collation des grades universitaires, le temps d’études nécessaire pour les obtenir, etc. Terminons par quelques particularités sur une des plus importantes d’entre ces universités. Dès 1 origine, l’université de Montpellier fut célèbre par sa Faculté de médecine. Rabelais fut élève de cette Faculté. Après avoir quitte le cloître, celui qui devait écrire Gargantua et Pantagruel vin là Montpellier. Il avait depuis longtemps déjà étudie ia médecine. Le jour de son arrivée, on soutenait une thèse. Rabelais y assista ; pendant l’interrogatoire du candidat, maître François faisait de si étranges grimaces que bientôt le doyen lui adressa la parole. Rabelais se mit à discuter la thèse avec tant de succès qu’il fut déclaré sur-le-châmp bachelier, bien qu’il n’eût aucune inscription. Rabelais devint rapidement un des oracles de ia Faculté ; il plaisait par sou esprit non moins que par sa icience ; aussi, lorsqu’il fallut envoyer un ambassadeur protester auprès du chancelier Du Prat contre la violation des privilèges de l’université de Montpellier, ce fut Rabelais qu’on choisit. Il vint à Paris, après avoir prépare une habile harangue ; mais le chancelier ne voulut Eas le recevoir. En désespoir de cause, Raelais imagina cette farce. Il se costume en Arménien et vient se placer devant l’hôtel du chancelier, criant, gesticulant ; la foule s’amasse autour de lui ; la curiosité du chancelier est éveillée et il envoie un domestique savoir quel est ce singulier personnage. Le domestique interroge le faux Arménien ; celui-ci lui répond en latin ; un autre domestique revient k la charge ; même question ; réponse en grec ; un troisième renouvelle la même tentative ; cette fois, réponse en hébreu. À la fin, le chancelier, intrigue, fait introduire Rabelais. Celui-ci débite sa harangue et l’on maintient ses privilèges à i’universiié de Montpellier.

Jusqu’au milieu du xviiib siècle, on conserva k Montpellier la robe de Rabelais. Chaque récipiendaire la portait le jour de son examen ; mais comme c’était la coutume aussi que chaque candidat en emportât un morceau, il fallut bientôt renouveler ia robe ; on la fit semblable k l’ancienne, et ce fut toujours la robe de Rabelais.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, les universités de province furent supprimées par le décret de la Convention du 20 mars 1794.

— III. Université de Francs. Sous le nom d’Université impériale de France, Napoléon 1er institua, par la loi du 10 mai 1806, une grande corporation laïque dont tous les membres étaient nommés par le gouvernement et qui était exclusivement chargée de l’enseignement a tous les degrés dans toute l’étendue du territoire. L’enseignement était divisé en trois branches : l’enseignement supérieur, donné par les Facultés ; l’enseignement secondaire, donné par les lycées et les collèges, et l’enseignement primaire, donné par les écoles primaires. Aucun établissement d’instruction ne pouvait être forme hors de Y Université et sans l’autorisation de son chef. Four ouvrir une école et enseigner publiquement, il fallait être membre de Y Université et gradué par elle. Toutefois, on exempta de cette règle les grands séminaires, qui donnaient l’enseignement théologique, et quelques corporations religieuses, qui furent admises k donner l’enseignement primaire concurremment avec les instituteurs nommes par l’État. Cette grande institution fut placée sous l’autorité d’un chef appelé grand maître, assisté dans ses travaux par un conseil da VUniversité, composé de dix membres à vie et de vingt membres renouvelés chaque année et pris parmi les membres de l’Université. Des inspecteurs généraux étaient chargés da visiter les académies • pour reconnaî-