Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 15, part. 2, Tous-Vama.djvu/287

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tre, dit le décret du 17 mars 1808, l’état des études et de la discipline dans les Facultés, les lycées et les collèges ; pour s’assurer de l’exactitude et des talents des professeurs, des régents et des maîtres d’étude ; pour examiner les élèves ; enfin pour surveiller l’administration et la comptabilité. • Le territoire était divisé en un certain nombre de circonscriptions appelées académies. Il existait primitivement autant d’académies que de cours d’appel ; chacune d’elles comprenait un certain nombre de Facultés et était dirigée par un recteur, assisté d’inspecteurs d’académie et d’un conseil de dix membres, nommé conseil académique. Ce dernier était vraiment un conseil de discipline, qui instruisait, les affaires et en déférait le jugement au conseil de Y Université, garantie puissante pour la sécurité et la dignité du corps enseignant.

Par l’ordonnance du 17 février 1815, cette organisation fut profondément modifiée. « Il nous a paru, dit Louis XV111 dans le préambule de cette ordonnance, que le régime d’une autorité unique et absolue était incompatible avec nos intentions paternelles et apec l’esprit libéral de notre gouvernement ; que cette autorité, essentiellement occupée de la direction de l’ensemble, était en quelque sorte condamnée a, ignorer ou à négliger ces détails et cette surveillance journalière qui ne peuvent être confiés qu’à des autorités locales mieux informées des besoins et plus directement intéressées à la prospérité des

établissements placés sous leurs yeux. » Ne retrouve-t-on pas dans ces paroles le même machiavélisme que dans lu préambule de la loi qui, en 1818, supprimait l’Institut, œuvre de la Convention, pour le remplacer par les vieilles Académies royales ? La conclusion de ce préambule était la suppression de la charge de grand maître. C’était de la décentralisation, diront certains politiques ; d’accord, mais au profit des congrégations religieuses. La Restauration, qui supprima l’École normale, avait peur du libéralisme de YUniversité. D’après cette ordonnance, l’administration de l’instruction publique était confiée à un conseil composé de onze conseillers et d’un président. Les vingt-sept académies étaient remplacées par dix-sept universités composées chacune : 1° d’un conseil présidé par le recteur ; 2° de Facultés ; 3° de collèges royaux ; 4° de collèges communaux.

Cette organisation ne dura qu’un instant ; les Cent-Jours la remplacèrent tout en acceptant quelques - unes des modifications qu elle avait introduites. En effet, pour la juridiction et pour l’administration, au grand maître fut adjointe une commission de l’instruction publique qui compta dans ses rangs Royer-Collard, Silvestre de Sacy, Cuvier, Poisson. Grâce à la prudence et k l’énergie de ces hommes, Y Université fut préservée, à la seconde Restauration, d’une ruine imminente. Louis XVIII avait accepté comme un fait accompli l’ordonnance des Cent-Jours ; mais, en 1820, • voulant établir sur des bases plus fixes la direction et l’administration du corps enseignant, et préparer ainsi son organisation définitive, ■ le roi ordonna que celte commission redeviendrait le conseil royal de l’instruction publique. En 1821, le président de ce conseil obtint une grande prérogative, celle de nommer lui-même aux emplois ; c’était un acheminement au rétablissement de la charge de grand maître ; aussi, en 1822, cette charge fut rétablie, avec toutes tes attributions fixées par le décret de 1808. Le ministère des cultes reçut, en 1824, l’administration de l’instruction publique. Enfin, en 1828, fut créé le ministère spécial de l’instruction publique. Le premier ministre fut M. de Vatimesnil.

« Dans la situation des esprits et des choses, dit M. Th, Jourdain, quand le pays s’applaudissait de l’essor de l’enseignement public, et qu’un vœu unanime ne tendait qu’à rendre cet essor plus rapide et plus général, il n’eût pas été d’une sage politique de rabaisser le grand service de l’éducation nationale au rang d’une simple direction confondue avec les autres services du ministère de l’intérieur. Le titre même de grand maître, conservé au chef de l'Université, n’aurait pas suffi pour lui donner l’indépendance, l’ascendant et le prestige que sa mission agrandie devait désormais comporter. Soit qu’elle fût séparée des affaires ecclésiastiques, soit qu’elle y fût réunie, l’instruction publique réclamait dans les affaires du gouvernement une représentation propre, qu’elle possède encore et qu’elle ne perdra pas. »

La monarchie de Juillet n apporta pas de modification à l’organisation générale de l’instruction publique. M. de Salvandy venait

de présenter un projet de loi qui changeait la composition du conseil de l'Université, lorsque éclata la révolution de Février. Dès lors les réformes se multiplièrent. En août 18-18, M. de Vaulabelle ramena à vingt le nombre des circonscriptious académiques. Les chefs-lieux de ces circonscriptions nouvelles étaient Aix, Angers, Besançon, Bordeaux, Bourges, Caen, Cahors, Douai, Dijon, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nancy, Paris, Poitiers, Renues, Reims, Strasbourg, Toulouse et Alger. Bientôt, dès l’entrée de M. de Falloux au ministère, deux commissions où se trouvaient MM. Cousin, Dupanloup, Thiers, Dubois, de Montalembert et Laurentie, élaborèrent le projet de loi qui fut voté la

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15 mars 1850, sous le ministère Parieu, Cette loi fameuse enleva à VUniversité le monopole qu’elle avait exercé jusque-là dans l’enseignement secondaire. C’était au nom de la liberté que ses auteurs avaient fait voter cette loi, prônée par les hommes de la réaction et qui avait pour objet réel, non point de débarrasser cet enseignement de ses entraves, mais bien de le livrer en grande partie au clergé..

■ Cette loi, dit M. Th. Jourdain, dans sa conception première, était surtout destinée à étendre à l’instruction secondaire le principe de liberté appliqué depuis longtemps à l’instruction primaire ; mais ses auteurs furent conduits peu à peu à renouveler de fond en comble la constitution de YUniversité. À la place de l’ancien conseil, on en établit un nouveau, dans lequel siégeaient en grande partie des archevêques et des évêques, des ministres des cultes non catholiques, des magistrats, des conseillers d’État, enfin des membres de l’Institut. Les adversaires de l'Université lui avaient souvent reproché d’être une corporation animée d’un esprit étroit et exclusif. Bien qu’un pareil grief fût très-contestable, le législateur jugea opportun de l’écarter, en faisant intervenir toutes les forces vives de la société dans la surveillance, et même dans la haute direction de l’enseignement. Il était d’ailleurs nécessaire que les écoles privées eussent elles-mêmes leur part de représentation, comme garantie de la liberté qui leur était accordée. Les représentants officiels des écoles publiques appelés à faire partie du ’nouveau conseil se trouvèrent au nombre de huit seulement... L’administration académique, déjà si fortement ébranlée, eut sa part, et une très-large part dans ta réforme du régime universitaire. Le nombre des académies fut élevé à quatrevingt-six, de sorte que leur circonscription offrit désormais l’étendue d’un département. En plaçant à la tête de chacune de ces académies départementales un.recteur et un conseil académique, la loi avait composé ce conseil local à 1 image du conseil supérieur de l’instruction publique. Elle avait appelé à y siéger des ecclésiastiques, des magistrats, des conseillers généraux. ■

Dans la loi de 1850, tous les membres des conseils universitaires étaient choisis à l’é-^ lection. Le décret du 9 mars 1852 rendit au pouvoir le droit de nommer directement.les membres de ces conseils. Le même décret attribuait au gouvernement le droit tyrannique de prononcer directement, sans appel et sans recours, la réprimande, la censure, la mutation d’emploi, la suspension et la révocation. L’Université avait perdu toute indépendance et toute dignité. On se rappelle encore toutes les persécutions, toutes les taquineries mesquines et ridicules du ministère Fortoul. Une disposition fatale à l’indépendance du corps enseignant, surtout dans l’instruction primaire, fut la loi du 14 juin 1854, qui opéra un partage dans la direction de l’instruction publique entre les recteurs et les préfets. Désormais l’instituteur, soustrait k l’autorité du recteur et tout entier sous la main du préfet, ne sera pas moins un agent électoral que le maître d école du peuple. La loi du il juillet 1863, à l’avènement du ministère Duruy, rendit à Y Université quelquesunes des garanties qu’elle avait perdues. Le. professeur inculpé ne put plus être jugé que par le conseil académique, avec appel devant le conseil supérieur de l’instruction publique ; il échappa ainsi à l’abitraire du pouvoir : il put présenter lui-même ses moyens de défense, ou par écrit ou de vive voix.

À la fin de l’Empire, il ne restait plus à l’Université qu’un seul monopole, celui do renseignement supérieur. Depuis longtemps le parti clérical, désireux de mettre la main sur cet enseignement, de même qu’il avait accaparé eu grande partie k son prorit l’enseignement secondaire, attaquait avec une

ardeur passionnée et de pieuses fureurs VUversité, passée à l’état de bouc émissaire. Au commencement de 1870, sous le ministère Ollivier, une grande commission fut instituée, sous la présidence de M. Guizot, pour étudier la question de la liberté de renseignement supérieur. Pendant que les libéraux songeaient k établir une liberté vraie, fondée sur le principe de la liberté individuelle d’enseignement, les cléricaux invoquaient les mots d’émancipation et de liberté pour entrer dans la place, supplanter Y Université e, t ruinera leur profit l’enseignement laïque. Le projet de loi laborieusement élaboré par la commission d’enseignement supérieur et publié en juin 1870 ne satisfit personne, et les terribles événements qui suivirent vinrent ajourner la solution de cette question par voie législative. Sous le ministère Jules Simon, l’Assemblée nationale vota, le 19 mars 1873, une loi qui moditia la composition du conseil supérieur de l’instruction publique et dont nous avons parlé ailleurs (v. instruction, t. IX, p. 731). Un décret du 25 mars suivant institua près du ministère de l’instruction publique un comité consultatif de l’eifteignement public, comprenant douze inspeemurs généraux, le vice-recteur de l’académie de Paris, le directeur de l’Ecolé normale supérieure, des professeurs de facultés, etc. À cette époque, le cuinle JHubert présenta k l’Assemblée un projet de loi relatif à la liberté de l’enseignement supérieur, envisagé au point de vue clérical.

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M. Laboulaye fit sur ce projet de loi, au nom de la commission chargée de l’examiner (septembre 1873), un rapport dans lequel il établit que la liberté de l’enseignement supérieur est dans son essence même un droit individuel. Cette vérité élémentaire n’était nullement dans le goût des cléricaux, pour qui la liberté n’est qu’un mot. Proscrire la liberté des cours individuels, c’est-à-dire l’enseignement la’ique, enlever à Y Univrrsité le monopole de l’enseignement supérieur, ce n’était point encore assez à leurs yeux ; il leur fallait confisquer à leur profit le droit, dont l’État seul avait été jusqu’alors en possession, de conférer les grades qui ouvrent l’accès à la plupart des fonctions de l’État. Ce parti, qui bat constamment en brèche les bases mêmes de la société moderne, les principes de liberté et de justice sur lesquels elle fut reconstituée en 1789, s’empressa de profiter de l’occasion unique qui s’offrait k lui pour arriver à son but. Grâce à la majorité essentiellement réactionnaire qui dominait dans l’Assemblée nationale élue le 8 février 1871, il put faire voter, le 12 juillet 1875, la « loi relative à la liberté de renseignement supérieur, » dans laquelle le mot de liberté n’entrait en réalité que pour la forme, et qui confère aux universités libres le droit de conférer les grades. L’Université de France se trouvait en quelque sorte décapitée. Mais jusqu’ici les universités libres qui se sont fondées n’ont pas eu le temps de conférer des grades, et ce droit exorbitant ne sera, selon toute vraisemblance, jamais exercé, car un des premiers actes du ministère constitué après les élections républicaines du 20 février et du 5 mars 1876 a été de présenter un projet de loi demandant l’abrogation de cette disposition.

Ce n’est point ici le lieu de parler des trois branches de l’instruction publique, — l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur, qui sont dans les attributions de Y Université. Nous en avons parlé dans les articles ÉCOLE, enseignement, COLLÈGE. LYCÉE, FACULTÉ, INSPEC-TEUR, instruction, etc. Nous nous bornerons à indiquer sommairement l’organisation actuelle de Y Université. À sa tête se trouve le ministre de l’instruction publique, assisté d’un conseil supérieur, d’un comité consultatif, d’un conseil supérieur de l’enseignement secondaire spécial. Vingt inspecteurs généraux, huit pour l’enseignement supérieur, huit pour l’enseignement secondaire et quatre pour l’enseignement primaire, ont pour mission de visiter les Facultés, les lycées, les collèges et les écoles. Le territoire est divisé en seize académies, comprenant un certain nombre do Facultés, chargées de conférer les grades universitaires, et qui sont administrées par autant de recteurs, assistés d’inspecteurs d’académie et d’inspecteurs des

écoles primaires. Près de chaque recteur siège nu conseil académique, dont l’attribution spéciale est de veiller au maintien des bonnes méthodes et de la discipline dans les établissements d’éducation du ressort.

Dans ces dernières années, les ministres de l’instruction publique ont créé dans les Facultés de Paris et de la province un assez grand nombre de chaires nouvelles ; la ville Nancy a été dotée de Facultés de droit et de médecine ( !871), Lyon d’une Faculté de droit (1875), Bordeaux, Lyon et Lille de Facultés de médecine (1874).

En ce qui concerne les universités catholiques, deux seulement jusqu’ici ont été fondées en France, l’une à Paris, inaugurée en janvier 1876, l’autre à Angers, inaugurée le 15 novembre 1875. En outre, une Faculté de droit catholique a été établie k Lille en novembre 1875 et une autre à Lyon à la même époque. Malgré tous les efforts du clergé, ces universités, à l’état embryonnaire, sont loin d’avoir obtenu le succès sur lequel on comptait. Leurs cours ne sont suivis que par un nombre infinie de jeunes néophytes, et tout porte à croire que, lorsque le droit de collation des grades sera enlevé aux universités catholiques, ces universités, sur lesquelles le parti ultramontain comptait pour pétrir la jeunesse française k son image, ne feront que végéter au milieu de l’indifférence générale.

— IV. Universités éthangèkes. Nous allons terminer cet article eu faisant connaître l’état des principales universités étrangères.

Universités en Allemagne. L’Allemagne, qui semble aujourd’hui marcher en tète de toutes les nations de l’Europe par la supériorité de ses universités et de ses établissements académiques, par le talent de ses professeurs, par le zèle et le nombre de ses étudiants, n’a possédé des universités qu’après la France et l’Italie. C’est Bologne, c est Paris qui, jusqu’au xve siècle, ont rayonné presque exclusivement sur l’Europe. Venceslas, fils de Jean de Bohême qui mourut à la bataille de Poitiers, fut élevé à la cour du roi Charles V et suivit les cours de l’Université de Paris. Devenu empereur, il institua en 1348, sur le type de Y Université de Paris, un établissement à Prague. L’école fut dès l’abord des plus florissantes et des milliers d’étudiants y accoururent. Ou les divisa, à l’instar de Paris, en quatre nations ; l’empereur ayant eu la maladresse, en 1409, de vouloir favoriser par des privilèges exorbitants les étudiants indigènes, les trois quarts des jeunes.

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gens avec leurs professeurs abandonnèrent l’université de Prague ; plus de deux mille se dirigèrent sur Leipzig et y fondèrent une des plus illustres universités de l’Allemagne ; d’autres se rabattirent sur Vienne, Heidelberg et Erfurt. On en vit s’établir successivement k Vienne (1365), Cologne (1385). Heidelberg (13Stf), Erfurt (1392), L-ipzig (1409), Rostock (1419), Trêves (1454), Greifswalde (1456J, Fribourg (1456), Ofen (1463), Ingolstàdt (1472), Mayence (1477) et Tubingue (1477). Au xvie siècle, le mouvement in- • telleetuel reçut par Luther une nouvelle impulsion en Allemagne. Dans ce siècle, des universités furent fondées k Wittemberg (1502), Francfnrt-sur-l’Oder (1506}, Marbourg (1527), Kœnigsberg (1544), Diliingen 055<)t léna (1558), Helnisttedt (1575), Altdorf (1576),-Wurtzbourg (1582). Les souverains se firent de ces écoles un rempart contre les exigences du saint-siége et, dès 1495, Maximilien Ier, à la diète de Worms, prit, de concert avec les princes électeurs, la résolution de fonder ou de développer des univers !lés dans leurs pays. À partir de ce moment aussi, l’empereur accordait par rescrit l’existence et les privilèges k une université, Sans que la bulle du pape eût approuvé cette fondation. Le xvue siècle fut funeste au développement des écoles. La guerre de Trente ans ravageait l’Allemagne dans toutes ses parties ; aussi ne peut-on citer que la création des universités de Paderborn (1623), Munster (1631), Duisbourg (1655), Kiel (1665), Inspruck (1672), Halle (1694). Cette dernière université devait inaugurer l’usage de la langue allemande dans l’enseignement. Le xvtii0 siècle vit s’élever les uniuersités de Breslau (1702), de Fulda (1734), de Gœttingue (1734), de Pesth (1777), d’Olmiltz (1779) et de Leinberg (1784). Les guerres de l’Empire détruisirent la plus grande partie de ces établissements, illustres autrefois. Napoléon redoutait ces foyers de libre examen et d’enthousiasme patriotique. En 1813, une héroïque exaltation, entretenue par les inspirations poétiques de Kœrner, d’Arndt, etc., poussa les étudiants allemands sur les champs de bataille. Il s’agissait de délivrer la pairie de l’asservissement d’un despote. Les gouvernements profitèrent do ces dispositions d’esprit et firent reluire aux yeux des combattants des promesses de liberté etd’indépendance ; mais, dèsque les Souverains se virent débarrassés de Napoléon, ils firent de la réaction k outrance. On dénonça les universités comme des1 foyers de désordre. Stourdza et Kotzebue tracèrent le tableau le plus sombre des dangers que courait la société en présence de cette jeunesse ardente, protégée par la liberté universitaire. Le meurtre de Kotzebue par Charles Sand fournit un nouveau prétexte à ces accusations. Les souverains de l’Allemagne, réunis en congrès à Carlsbad, prirent, en 1819, les dispositions les plus rigoureuses contre les universités. On décida que chaque école Serait surveillée par un délégué du gouvernement, et une commission fut nommée pour rechercher les causes des troubles qui avaient signalé les années 1816 et 1817. En 1817, le 18 octobre, jour fixé pour célébrer l’anniversaire de la bataille de Leipzig, les étudiants de toute l’Allemagne avaient envoyé ries délégués à Wurtzbourg. On y émit la proposition de constituer les universités allemandes en une vaste société (die àurschenschafl) ayant pour but de maintenir la fraternité et la pureté des mœurs académiques. Les gouvernements y virent apparaître des idées républicaines et des tendances vers l’unité de l’Allemagne, qu’ils avaient alors tout intérêtà combattre. Les principaux fauteurs furent arrêtés. Plus les princes se voyaient pressés par l’opinion et sommés d’accomplir les promesses de liberté qu’ils avaient publiquement données, plus ils criaient k l’anarchie et se retranchaient derrière leur légitimité. Un moment le calme fut rétabli ; mais lorsque la révolution de Juillet éclata, les gouvernements s’aperçurent bientôt qu’ils trouvaient devant eux deux sortes d’adversaires : d’abord les conspirateurs romantiques, derniers représentants du Tuyendbund, et qui rêvaient la république germanique, puis les défenseurs des idées constitutionnelles, dont l’opposition raisonnée avait un caractère plus sérieusement menaçant contre l’absolutisme. On essaya d’impliquer cette élite de la nation dans les poursuites dirigées contre les complices de la fête deHambachetde l’attentat de Francfort. À la suite des événements de 1848, les universités allemandes ne prirent aucune part uu mouvement politique ; seule, l’université de Vienne-, qui constamment s’était tenue en dehors des perturbations sociales, se jeta à corps perdu dans le tourbillon. En somme, l’Allemagne est loin maintenant du temps où Charles Sand allait poignarder Kotzebue et marchait k l’échafaud, une rose à la main, pieusement convaincu d’avoir fait une belle action. Presque partout, on remarque la décadence des coutumes qui faisaient des étudiants une liasse à part. Les excentricités de costume, les singularités et la licence de la vie universitaire disparaissent. Les duels même, pour la propagation desquels il existait autrefois des sociétés spéciales, deviennent de plus en plus rares. On forme, au contraire, des sociétés pour les empêcher. La chaire du professeur pourtant passe toujours, dans l’opinion publique, pour une sorte de sanctuaire. Les établissements universitaires sont pour