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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 15, part. 3, Vamb-Vi.djvu/84

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VENC

par quelques archéologues comme un ancien temple de Vénus ; c’est une ancienne chapelle chrétienne du xe siècle. L’église paroissiale, du style romano-ogival, est ornée de belles rosaces.

VENASQOE, ville forte d’Espagne, province de Huesca, à 102 kilom. N. de Barbastro, sur l’Essera, près de la frontière française ; 5,000 hab. Eaux minérales et thermales. Mines d’argent, de cuivre et de plomb.

VÉNATION s. f. (ve-na-si-on — lat. vena- iio. V. venaison). Chasse, il Vieux mot.

— Antiq. rom. Combat d’animaux entro eux ou d’animaux contre des hommes, dans le cirque.

VEJÎCE, le Vineium des Romains, ville de France (Alpes-Maritimes), cb.-l. de canton, arrond, et a 22 kil^m. N.-E. de Grasse, sur un rocher qui domine la vallée de la Lubiane ; pop. aggl., 2,443 hab. — pop. tôt., 2,828 hab. Chapellerie, clouterie, savonnerie, parfumerie, tannerie, papeterie, moulins. Commerce d’huile d’olive et de fruits secs, Vence se divise en deux quartiers distincts : la vieille ville, encore entourée de son enceinte elliptique, flanquée de tours et percée de portes, avec créneaux et chemin de ronde ; ce quartier se compose d’un fouillis de maisons percé de rues étroites, mais pittoresques et d’une grande propreté ; la nouvelle ville, construite en dehors des remparts, est bien bâtie et bien aérée. Indépendamment de ses remparts du moyen âge, qu’elle a conservés jusqu’à nous, Vence possède plusieurs monuments historiques d’une réelle importance. Nous citerons d’abord un grand nombre d’inscriptions romaines, deux colonnes dp granit, enfin et surtout l’ancienne cathédrale, aujourd’hui classée au nombre des monuments historiques. L’édifice, reconstruit vraisemblablementaprès l’invasion des Sarrasins, sur les fondations d’un temple de Mars et de Cybèle, se compose de cinq nefs sans transsepts. Le sanctuaire contient les caveaux des anciens évoques’ entre autres ceux de Du Vair, de G-odeau et de Surian. Au pied du sanctuaire se trouvent les tombeaux des Villeneuve-Vence. On remarque dans la basilique le sarcophage de saint Véran, le baptistère, qui est de la plus haute antiquité, et plusieurs magnifiques rétables. Le chœur renferme cinquante et une stalles. Les orgues remontent à la fin du xve siècle. On remarque aux environs de Vence : la terrasse de Saint-Martin, où l’on rencontre les ruines d’une ancienne commanderie de templiers ; plusieurs grottes, cavernes et rochers pittoresques, et notamment la gorge ou clus de la Cagne et Je rocher de Suint-Jeannet. Vence occupe l’emplacement de l’antique Vineium, capitale des Nerusii sous la domination romaine. Auguste lui accorda le titre de cité. Plus tard, les Lombards, puis les Sarrasins la ravagèrent. Au moyen âge, Vence était le siège d’un évêché- important, dont la fondation datait de 374 ; cet évèché , fut plus tard réuni k celui de Fréjus. Eu 1592, une tentative du connétable de Lesdiguières pour s’emparer de la place échoua complètement ; mais ses murailles furentim-puissantes à la défendre contre les impériaux, qui s’en emparèrent pendant la guerre de Succession (1704) et y semèrent la dévastation. Vence fut cependant épargnée en 1746.

VENCE (Henri-François de), hébraïsant français, un des meilleurs commentateurs de la Bible, né dans le Barrois vers 1676, mort en 1749. Il lit d’excellentes études, prit ses degrés en Sorbonne, devint précepteur des princes de Lorraine, obtint la prévôté de l’église primatiale déNaney et surveilla l’édition de la Bible du Père de Carrières (imprimée à Nancy de 17S8 à 1743). Il y ajouta six volumes d’Analyses et de Dissertations sur tes Hures de l’Ancien Testament et deux volumes d’Analyses ou explications des Psaumes. Don Calmel, dont il a souvent combattu les opinions, lui reconnaît une vaste érudition et une critique sage et lumineuse. Cette édition, connue sous le nom de Bible de Vence, a été réimprimée à Avignon (1767-1773, 17 vol. iu-40).

VENCESLAS 1er (saint), duc de Bohême, né en 907, mort en 936. Il succéda en 920 à son père, Vratislas. À sa majorité (925), il rétablit le christianisme, exila sa mère, qui s’était mise à la tête de la réaction païenne, « t soutint une guerre contre l’empereur Henri Ier, an sujet du tribut que ce prince avait imposé aux ducs de Bohème. Plus tard’, Venceslas secourut ce prince dans sa guerre contre les Saxons, les Hongrois et les peuples slaves. Il en reçut en 935 le titre de roi, avec la permission de mettre un aigle dans ses armes. Il périt l’année suivante, assassiné par son frère Boleslas, que sa mère Drahoinire avait armé contre lui.

VENCESLAS II, duc de Bohème, mort en 1194. fin 1191, il succéda à ses oncles Frédéric et Conrad, après avoir passé dix-huit ans dans l’exil, puis fut chassé trois mois après son couronnement par son compétiteur Przéniislas et implora l’assistance de l’empereur Henri VI. Mais au moment de rentrer en Bohême avec l’appui de ce monarque, il fut arrêté par le margrave de Lusace et jeté en prison, où il termina ses jours.

VENCESLAS III comme duc ou l" comme roi de Bohème, né en 1205, mort en 1253.

VENC

Sou père, Przémislas, l’associa à son pouvoir. À peine monté sur le trône (1230), il ravagea le duché d’Autriche, s/empara de la Moravie, écrasa les prélats de la Saxe ligués contre lui et réprima une révolte de son fils Ottocar. La Moravie avant été- envahie par les Tartares, il triompha des barbares, sans cependant oser poursuivre sa victoire ; puis il eut encore à lutter contre Frédéric d’Autriche, dont la mort, le débarrassa. Venceslas écrasa ses sujets d’impôts et commit de nombreuses exactions qui servirent de prétexte aux mécontents pour fomenter la rébellion de son fils.

VENCESLAS IV ou II, le Vieux, roi de

Bohême et de Hongrie, né en 1270, mort en 1305. Il monta sur le trône à l’âge de huit ans, après la mort de son père Ottocar, qui avait été vaincu et tué à la bataille de Laa, gagnée par l’empereur Rodolphe de Habsbourg (1272). Celui-ci marcha immédiatement contre la Bohême, mais il fut arrêté par Othon, marquis de Brandebourg, qui sauva ainsi le jeune prince, s’empara de la régence et gouverna de la manière la plus despotique. Il fit même emprisonner Venceslas dans la citadelle de Prague, l’emmena à sa cornet l’y retint jusqu’à l’époque de sa majorité (128S). Elu roi de Pologne (1300) par le parti opposé à Vladislas, Venceslas accepta l’année suivante la couronne de Hongrie, que lui offraient les nobles, mais la fit passer sur la tète de son fils, qui gouverna de manière a exciter des révoltes difficilement réprimées par son père. Venceslas est le héros de la tragédie de Venceslas, de Rotcou.

VENCESLAS V OU III, le Jeune, roi de

Bohème et de Hongrie, fils du précédent, né vers 12S9, mort en 1306. Il avait douze à treize ans quand son père lui céda la couronne de Hungrie, que lui offraient les seigneurs. Attaqué par un compétiteur puissant, Charobert, fils de Charles-Martel et dé Clémence de Habsbourg, il vit son parti diminuer de jour en jour, par suite de son incapacité, de sa jeunesse et de son ardeur pour les plaisirs. Bientôt même des soulèvements éclatèrent, et il fut contraint de se réfugier dans la citadelle de Bude, où son père vint le délivrer. La mort de celui-ci (1305) l’ayant appelé au trône de Bohême, il se désista, à prix d’or, de ses droits sur la Hongrie en faveur d’Othon IV de Bavière, puis il jeta ses vues sur la Pologne et mourut assassiné à Olrautz (1306), au moment où il se préparait a conquérir ce royaume. La maison de Habsbourg fut soupçonnée de ce crime.

VENCESLAS VI, l’Ivrogne, le Fainéant,

empereur d’Allemagne et roi de Bohême, né en 1359, mort en 1417. Fils et successeur de Charles IV (1378), il apporta d’abord aux affaires publiques beaucoup d’attention et de capacité, diminua les impôts, débarrassa le commerce d’une partie de ses.entraves et lit espérer un instant de voir renaître les beau* jours du règne de Henri VII. Mais bientôt il lit évanouir toutes les illusions de ses partisans par mille actes de faiblesse, de versatilité, de cruauté et de débauche. Lors de la dispute du saint-siége, il vint conférer à Reims avec les princes du Saint-Empire et les princes français pour l’exclusion de l’antipape Boniface. • Les mœurs bassement crapuleuses de Venceslas, dit M. Henri Martin, choquèrent fort la cour de France, qui mettait au moins de l’élégance dans le libertinage. L’empereur était ivre dès le matin, quand on allait le chercher pour les conférences. Abandonné aux passions les plus honteuses, il laissa l’Allemagne en proie aux dévastations de hordes de brigands et de Seigneurs, qui se rendaient indépendants dans leurs terres ; il ne lit rien pour s’opposer aux ravages des Polonais et laissa son empire ou proie à tous les maux de l’anarchie. La Paix publique, qu’il publia en 1389, n’eut aucun effet, tant son autorité était méprisée. En même temps, il se livrait k des actes de la plus révoltante cruauté, envoyait à la mort le confesseur de la reine, parce qu’il refusait de lui révéler le secret de la confession, et encourageait le massacre de milliers d’Israélites (1390). Tour à tour spoliateur des biens de son clergé et persécuteur des hérétiques, accusé par les orthodoxes d’avoir laissé couver et éclore l’hérésie hussite, par les réformateurs d’avoir abandonné Jean Hus aux fureurs du concile et persécuté ses disciples, il ne trouva de sympathie ni d’appui nulle parc. Son frère Sigismond aida les mécontents à lui faire un mauvais parti, et un beau matin, en 1393, l’empereur Venceslas lue mis aux arrêts dans la maison de ville de Prague. Il s’en échappa dans un bateau et fut recueilli par une femme du peuple, qu’il épousa, dit-on. Cependant Sigismond, levant le masque, fondait sur la Bohême. Les Bohémiens relevèrent leur fantôme de roi pour tenir l’usurpateur en respect et le repousser. Veueelas ne revint pas à de meilleurs sentiments et se mit en besogne de vendre son royaume pour continuer sa vie crapuleuse.il commença par la Lombardie, qui était un fief de l’empire et qu’il donna à Jean Galéas Viscouti pour 150,000 écus d’or. Il avait déjà perdu les villes, forts et châteaux de la Bavière, que Rupert, l’électeur palatin, lui avait enlevés ; si bien que, traduit au ban de l’empire, déclaré relaps, haï des siens, méprisé de tous, déposé le lendemain de son nouveau

VEND

mariage avec Sophie de Bavière, il se trouva en 1400 réduit à la Bohême. En 1401, il fut pris par les grands et enfermé dans la tour Noire du palais de Prague. Transféré dans diverses forteresses, il alla passer un an en captivité à Vienne, d’où il s’échappa encore. La Bohême l’accueillit encore, parce que Sigismond désolait le pays avec une armée de Hongrois.

Lorsque Jean Ziska leva l’étendard de la révolte, Venceslas parut faire cause commune avec les hussites ; mais, en apprenant leurs premiers exploits, il entra en fureur et maltraita ses gens. Pendant qu’il écoutait les offres d’accommodement de ses conseillers, lesquels étaient, comme tous les digni. taires du royaume, divisés d’opinion sur la doctrine, son grand échanson s’avisa de dire « qu’il avait bien prévu tout cela. » Cette parole irrita tellement le roi, qu’il le prit par les cheveux, le jeta par terre et allait le poignarder lorsque ses gens réussirent à le désarmer. Il tomba dans leurs bras, frappé de congestion cérébrale. Dix-huit jours après, il mourut « en jetant de grands cris et rugissant comrne un lion. >

Tous les historiens du temps représentent cet empereur comme un Sardanapale, un Thersité et un Copronyme. On prétend qu’un de ses cuisiniers lui ayant refusé à manger, sans doute par ordre du médecin, il le lit embrocher et rôtir. On ajoute encore qu’il aimait passionnément son chien, parce qu’il mordait tout le monde ; qu’il avait toujours un bourreau à ses côtés et qu’il l’appelait son compère, ayant tenu son enfant sur les fonts de baptême. Il fit jeter dans la rivière un docteur en théologie, pour avoir dit qu’il n’y a de vrai roi que celui qui règne bien.

Venceslas mourut sans enfants. Inhumé dans la basilique de la cour royale, où était la sépulture du roi de Bohème, il fut déterré, peu de temps après et jeté dans la Moldaw par les Tuborites, puis repêché et reconnu par un marchand de poisson qui lui avait été attaché comme fournisseur. Le cadavre du roi fut caché dans la maison du pêcljeur et revendu pur la suite à sa f ; imile pour 20 ducats d’or. La mort de Venceslas l’Ivrogne fut suivie d’un long interrègne, durant lequel Jean Ziska fut de fait l’unique souverain de la Bohême.

VENCESLAS BUDOWEZ, controversiste allemand. V. Buuowkz.

Venceslai, tragi-comédie de Rotrou (1647). Le sujet est tire d’un drame espagnol de Francisco de Rojas, No hay padre sieiida re. La pièce de Rotrou contient de beaux vers, des tirades entières métne imitées ou plutôt traduites de l’espagnol. Le fond en est vraiment tragique, quoique les ressorts en soient très-défectueux. Dans Rojas, le prince Roger ne paraît pas avoir l’intention d’épouser Cassandre ; mais amoureux d’elle et jaloux du duc, qu’il croit son rival, il se montre fort peu délicat sur les moyens de lui enlever sa maîtresse ; une première tentative échoue, mais une deuxième fois il pénètre chez Cassandre et tue son frère, sans le reconnaître, dans les bras de sa maîtresse. Rotrou a un peu changé l’intrigue. L’infant Alexandre, frère puîné de Ladislas, est amoureux de Cassandre, fille adoptive de Venceslas ; la crainte qu’il a que cet amour n’offense son père le détermine à employer un stratagème assez extraordinaire ; il engage le duc de Courlande Frédéric, ministre et favori du roi, à faire croira qu’il est l’amant de Cassandre. Ladislas, éperdument épris de cette princesse et détestant déjà le duc, lui ferme deux fois la bouche au moment où il va apprendre de lui toute la vérité. Il surprend ensuite Cassandre avec son amant, et, pensant que ce ne pouvait être que le duc de Courlande, il tue son frère à la place de son rival supposé. Ladislas est arrêté sur la demande de Cassandre et condamné à mort par son père. C’est alors que le duc demande à Venceslas une grâce depuis longtemps promise ; c’est celle du prince. Venceslas, a la nouvelle que le peuple se soulève en faveur de son fils, lui cède le trône : Le peuple m’enseigne

Voulant que vous viviez, qu’il est las que je règne. La justice est aux rois la reine des vertus, Et me vouloir injuste est ne me vouloir plus.., . Soyez roi, Ladislas, et moi je serai père.

Dans la pièce espagnole, Ladislas ne reparle plus de son amour, et Cassandre se retire dans ses terres. Rotrou, trompé par le désir d’imiter le dénoûment du Cid, a représenté son Ladislas comme essayant d’obtenir la femme qui le hait. Ce dénoûment ne vaut rien. Marniontel a fait quelques corrections à l’œuvre de Rotrou pour qu’elle pût être reprise au xvuie siècle ; il a ’modifié la dernière scène : Cassandre se poignarde pour échapper à Ladislas.

VENCUs. m. (vènn-ku). Bot. V, ven-ku.

VENDABLE adj. (van-da-ble — rad. vendre). Qui peut être vendu : Ce terrain n’est pas vendable. Une terre substituée n’est pas vendable. (Acad.)


VENDANGE s. f. (van-dan-je — lat. vindemia, mot qui se rattache probablement à la racine sanscrite vid, vind, obtenir, acquérir. Le mot latin désignerait ainsi proprement le produit, la récolte). Agric. Récolte du raisin destiné à la confection du vin : Faire la vendange.

Messire Jean, c’était certain ami
Qui prêchait peu, sinon sur la vendange.
               La Fontaine.

|| Raisin récolté : Porter la vendange au pressoir. Fouler la vendange.

.... On va répandre la vendange
Dans le sein odorant des énormes cuviers.
                A. Barbier.

La tragédie, informe et grossière en naissant.
N’était qu’un simple chœur, où chacun, en dansant
Et du dieu des raisins entonnant les louanges,
S’efforçait d’attirer de fertiles vendanges.
                     Boileau.

|| Temps de la récolte du raisin : Il ne rentrera qu’après les vendanges. Ne s’emploie guère qu’au pluriel.

— Fig. Gain considérable et le plus souvent illicite : Il faisait la vendange dans cette maison de jeu.

Être pâle comme une écuelle de vendange, Avoir le teint excessivement coloré. || Adieu, paniers, vendanges sont faites, Proprement Les paniers sont inutiles, car il n’y aura pas de raisin cette année, et, au figuré, C’est une affaire perdue sans ressource.

— Encycl. L’opération de la vendange est le couronnement des travaux du vigneron ; il serait donc superflu d’insister sur son importance. Avant tout, il faut choisir le moment convenable, qui est ordinairement l’époque de la complète maturité du raisin. Nous disons ordinairement, car il arrive assez souvent que les circonstances ou les coutumes locales forcent à devancer ou à retarder cette opération. Certains vins se fabriquent avec des raisins qui ne sont pas encore parfaitement mûrs, tandis que d’autres exigent que les grains aient déjà subi un commencement de décomposition. D’un autre côté, l’automne est souvent une saison pluvieuse, et dans bien des pays les froids arrivent de bonne heure, tandis que l’été n’a pas été assez chaud pour mûrir le raisin. Enfin, les vignobles sont fréquemment composés de divers cépages mûrissant à des époques très-différentes. La fixation du commencement et de la fin de la vendange est donc une question très-délicate, mais dont la masse des cultivateurs ne se préoccupe guère dans les localités nombreuses où règne encore l’usage du ban de vendange.

Dans tous les cas, comme dans les opérations de la vendange ou dans celles qui la suivent, le moindre retard peut occasionner des pertes considérables, un propriétaire prévoyant doit s’y prendre à l’avance afin de n’être pas surpris. Dans le courant de l’été, il fait ses dispositions et ses préparatifs, se pourvoit des futailles nouvelles nécessaires et fait réparer les anciennes, visite le pressoir, les cuves, les bannes et en général tout le matériel ; puis, quand le moment approche, il s’occupe d’arrêter un nombre suffisant de vendangeurs ou de vendangeuses, de charretiers, d’attelages et de véhicules, pour pouvoir rentrer sa récolte dans le moindre temps possible.

On reconnaît que le raisin est mûr ou bon à vendanger, quand son pédoncule prend une teinte brun rougeâtre, que la peau des grains s’attendrit, que le liquide qu’ils contiennent devient sucré, puis visqueux. Mais souvent on devance cette époque ; on préfère perdre un peu sur la qualité du vin, que de s’exposer à une perte bien plus grande, en quantité comme en qualité, par suite des pluies abondantes ou des gelées hâtives. Si le vignoble est composé de différents cépages, il peut arriver que certains raisins sont trop mûrs et commencent à pourrir, tandis que d’autres sont encore verts. Alors, on peut choisir entre trois partis : ou bien adopter un terme moyen approximatif, mais plutôt en avant qu’en arrière ; ou bien faire la vendange au moment de la maturité du cépage qui prédomine par le nombre ou la qualité ; ou bien, enfin, la pratiquer en plusieurs fois, à mesure que chacun des cépages arrive à sa maturité.

La première méthode est celle qu’on emploie dans les pays où l’on vise plutôt à la quantité qu’à la qualité ; on obtient ainsi un vin âpre, peu généreux et d’une couleur peu flatteuse, comme on peut l’observer notamment aux environs de Paris. La dernière est bien préférable, et le léger surcroît de dépense qu’elle occasionne est largement compensé par la valeur supérieure du vin ; c’est celle qu’on pratique dans plusieurs parties de la Bourgogne et de la Champagne, ainsi qu’à Malaga et dans d’autres localités. Le meilleur moyen de remédier aux inconvénients que présente le mélange des cépages, serait de supprimer peu à peu les plus hâtifs et les plus tardifs, de manière à arriver à n’en avoir qu’un petit nombre mûrissant à la même époque. Dans les palus des environs de Bordeaux, on plante les variétés hâtives dans les sols humides et les variétés tardives dans les terrains secs ; alors on peut vendanger le tout ensemble. Dans d’autres localités du Midi, on vendange le plus tard possible, et souvent on ne termine qu’en novembre ; mais alors on a à craindre le ravage des grives et autres oiseaux.

Autant que possible, il faut choisir pour la vendange un beau temps et un soleil brillant. On ne doit pas la faire par un temps froid,