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Z s. m. (ze dans le nouveau système d’épellation, zè-de dans l’ancien). Vingt-cinquième et dernière lettre de l’alphabet français et de celui de quelques langues néo-latines et germaniques, correspondant au ζ (dzêta) des Grecs, au zaïn des Hébreux :

Le z usé par l’s est réduit à zéro.

De Phs.

Le z bizarre, au corps ratatiné, Deux fois dans le zigzag se montre dessiné.

Barthélémy.

— Z final est nul dans les secondes personnes des verbes et donne alors à l’e muet qui précède le son de l’e fermé : Aimez, vous venez, vous chantiez, se prononcent aimé, vous vené, vous chantié ; mais il se lie au mot suivant quand il commence par une voyelle : Venez ici, lisez vené-zici.

— Z final se prononce dans les mots étrangers et les noms propres, et l’e muet qui précède se prononce alors comme un è ouvert : Sues, Alvares, prononcez Suès, Alvarèz.

— Comme abréviation, dans les manuscrits grecs, z est le sigle de zêtei (cherche), pour désigner les leçons douteuses. || ZZ, dans l’ancienne médecine, était l’abréviation de zinziber, gingembre.

En algèbre, z représente une inconnue, quand deux autres inconnues sont représentées par x et y.

— Z, sur les monnaies de France, indiquait celles qui avaient été frappées à Grenoble.

— Comme signe d’ordre, z désigne le vingt-cinquième objet, ou le vingt-troisième dans l’ancien alphabet, où i et j ne formaient qu’une lettre, aussi bien que u et v.

Comme lettre numérale, s (ζ) désigne en grec le nombre 7. || Z valait au moyen âge 2,000 et Z 2,000,000.

— Z était, chez les Latins, une lettre de mauvais augure.

Fam. Etre fait comme un z, Etre tout contrefait, tout courbé en divers sens.

Encycl. Selon Chevallet, pour former le son représenté par l’aspirée dentale faible z, le bout de la langue s’appuie contre les incisives supérieures avec moins de forcé que pour l’aspirée dentale forte z ; sa partie moyenne s’élève un peu moins ; le passage laissé libre entre elle et le palais est ainsi moins étroit ; l’air, chassé des poumons avec moins d’abondance et d’énergie, s’échappe avec moins de vitesse’et produit un sifflement plus faible. M. Max Müller dit plus simplement que le son du z est une modification de l’aspiration, modification que l’on obtient par la barrière que l’on forme en amenant la langue vers les dents ; cette barrière change l’esprit rude en s, l’esprit doux en z ; le premier de ces sons est complètement sourd, le second est susceptible de recevoir une intonation. Ainsi nous avons risque, singe, d’une part, de l’autre risée, hasard, ancienne orthographe hazard. Si l’on forme une autre barrière en ramenant la langue en arrière et en lui donnant une forme plus ou moins concave, plus ou moins retroussée, de telle sorte que l’on puisse aisément voir sa face inférieure s’opposer à la face postérieure des dents d’en haut, au point où elles confinent au palais, en comprimant l’air et en le forçant à sortir à travers cette espèce d’auge, on obtient, à la place de l’esprit rude, la lettre eh, telle qu’elle s’entend dans chat, et à la place de l’esprit doux le j du français jamais ; le premier de ces sons est muet, le second admet une intonation. Ceci nous montre la parenté des lettres s et j. Au fond, ces deux lettres ne représentent pas moins des signes graphiques distincts qu’un même son primitif. Nous en trouverons’plus loin la preuve en étudiant le rôle étymologique de la lettre z. Ce fait explique la tendance de presque tous les enfants et des habitants de certaines localités à zézayer, c’est-à-dire à substituer, par zétacisme, le z au j, comme dans z’ai soliment zoué, pour j’ai joliment joué. Cette prononciation fut même celle que l’on affecta dans les salons de Paris à l’époque des incroyables et des merveilleuses, où il était du meilleur ton de prononcer : Ze ne mens samais, ze vous zure que z’ai dézeuné. Telle fut un moment aussi, à ce qu’il paraît, la prononciation adoptée par les jolies femmes de Rome, qui disaient en minaudant : Fizere ozcula pour figere oscula, appliquer des baisers.

Le zend à deux sifflantes douces : l’une se prononce comme le z français et répond le plus souvent, sous le rapport étymologique, à un h sanscrit ; mais quelquefois aussi elle tient la place du g guttural et du g palatal sanscrit ; l’autre, qui se prononce comme le j français, est sortie de la semi-voyelle sanscrite y, absolument comme le j français, dans beaucoup de mots, est sorti de la semi-voyelle latine j. Elle remplace aussi le g palatal sanscrit, et quelquefois la dentale sanscrite s après un. i ou un n, quand elle se trouve, comme lettre finale d’un préfixe, devant une consonne sonore. Devant les suffixes commençant par un t ou par un m, le zend change les dentales en s doux, prononcé s après le son a ; devant le d, qui ne comporte pas une sifflante dure, on met par euphonie la sifflante douce z après le son a, et la sifflante douce j après les autres voyelle.

Outre la sifflante dure, le gothique a encore une sifflante molle, qui manque à d’autres idiomes germaniques ; Ulphilas la représente par la lettre grecque Z. Mais, de ce qu’il se sert de cette même lettre pour les noms propres qui en grec ont un ζ, Bopp ne conclut pas, comme Grimm, que la sifflante gothique en question se prononçait ds comme l’ancien ζ grec. Il conjecture que le ζ grec avait déjà au ive siècle la prononciation du ζ grec moderne, c’est-à-dire d’un s mou ; c’est pour cela qu’Ulphilas a pu trouver cette lettre propre à rendre le s mouillé de sa langue. Sous le rapport étymologique, cette sifflante douce, qui ne paraît jamais au commencement des mots, excepté dans les noms propres étrangers, est, selon Bopp. une transformation du s dur ; au milieu des mots, elle ne paraît jamais qu’entre deux voyelles, ou entre une voyelle ou une liquide et une semi-voyelle, une liquide ou une moyenne, notamment devant j, v, l, u, g, d. On trouve rarement cette sifflante douce à la fin d’un mot ; si elle est employée dans cette position, c’est presque toujours parce que le mot suivant