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commence par une voyelle. En général, le gothique préfère à la fin des mots la sifflante dure ; ainsi le s sanscritdu comparatif iyâns {iyas dans les cas faibles) est représenté par un s dur dans les adverbes gothiques, comme mais, plus, tandis que dans la déclinaison il est représenté par la sifflante douce, par exemple dans maisa, plus grund, génitif rnaisius (prononcez maiza, maizius). La longueur du mot parait avoir influé aussi sur la préférence donnée à la sifflante dure ou à la sifflante molle. Dans les formes plus étendues, on choisit le son le plus faible. Ainsi s’explique le changement de la sifflante dure en la sifflante molle devant les particules enclitiques et et uh, dans les formes comme thiseï, de qui, thamei, lesquels, viteisuh, veux-tu (prononcez thizei, tkanzei, vileizuh), par opposition à this, de lui, sanscrit tasya, thatts, eux, vileis, tu veux. Le vieux haut allemand, qui n’a pas la sifflante molle, la remplace par r.

Le haut allemand a cependant un z, qui prend la place de l’aspiration du t, c’est-à-dire que l’aspiration est changée en un son sifflant. Il y a deux sortes de z, qui ne peuvent rimer ensemble en moyen haut allemand ; dans l’un, c’est le son t qui l’emporte ; dans l’autre, c’est le son s. Ce dernier z est écrit par Isidore zf, et son redoublement zjf, au lieu qu’il rend le redoublement du piemier par tz. En haut allemand moderne, le second n’a conservé que !e ton sifflant, mais l’écriture le distingue encore généralement d’un s proprement dit..Sous le rapport étymologique, les deux sortes de *, eu vieux et en moyen haut allemand, ne font qu’un et répondent au t gothique.

En slave, le z se prononce ts comme le z allemand, mais il est, sous le rapport étymologique, une altération de k, et il remplace cette dernière lettre dans certaines circonstances, sous l’influence rétroactive de t et —de ê. Exemple : Pezi, cuis, pezete, cuisez, de la racine pek, sanscrit pac, venant de pak.

Le lithuanien a une lettre dz qui tient dans la prononciation la place du y palatal sanscrit, prononcez dj. Au commencement des mots, cette lettre est très-rare dans les termes véritablement lithuaniens ; au milieu, elle provient d’un d.

Le slave et le lithuanien ont deux sifflantes molles, qui tiennent dans la prononciation la place des sifflantes molles du zend. Sous le rapport étymologique, ces sons proviennent presque toujours de l’altération d’anciennes gutturales molles, et ils se rencontrent quelquefois avec les- palatales sanscrites et zendes, parce que celles-ci sont également d’origine gutturale. La seconde sifflante molle du slave est d’origine plus récente que la première et postérieure à la séparation des langues slaves d’avec les langues celtes.

Chez les anciens Grecs, le dzêta était une lettre double que l’on transcrit exactement par dz ; c’est la lettre qui Se rapproche le plus par la prononciation de la semi-voyelle sanscrite y, qui se disait k peu près comme le j allemand ou le y anglais dans year et qui est assez souvent représentée en latin par j. « Je crois pouvoir affirmer, dit Bopp, que ce z tient partout la place d’un y sanscrit primitif, comme on le voit clairement en comparant, par exemple, la racine grecque zug au sanscrit yug, unir, et un latin jung. Dans les verbes grecs en azô, je reconnais la classe sanscrite des verbes en ayâmi, exemple dam-azà, en sanscrit dam-ayumi, je dompte, et en gothique tim-ja, j’apprivoise. Dans les verbes en , comme phrazô, schizû, izà, ozâ, hrizô, Orizô, klazâ, krazô, je regarde le z avec la voyelle qui le suit comme le représentant de la syllabe ya, qui est la caractéristique de la quatrième classe de la conjugaison en sanscrit... J’explique également le z des substantifs schiza, phuza par l’y du suffixe sanscrit ya, féminin yâ.

Chez les Grecs modernes, le dzêta a pris le nom de zita et se prononce exactement comme notre z.

Selon quelques auteurs, c’est seulement à l’époque d’Auguste que l’usage de la lettre z aurait été introduit à Rome. Martianus Cupella nous a transmis une singulière explication de i’éloignement que l’on avait pour son emploi, quand il dit en traitant des lettres de l’alphabet : Z vero ideirco Appitts Claudius detestatur, quod dentés mortui, dum exprimitur, imitalur. D’après ce texte, la position que pi end la bouche pour prononcer z représentait, aux yeux d’Appius Claudius, celle que Cicéron nomme la grimace des dents d’un cadavre. Cela n’empêche pas Quintilien d’appeler cette articulation motlissimum et suaoissimum sonum. Le s, en latin, se prononçait, d’après Victorin, ds comme on grec, et selon Priscien ss. Les Romains, en effet, mirent quelquefois les deux s à la nlace du dzêta. Ils substituèrent d’autres fois la d au z, comme dans le nom de Mezenitus, écrit ilcdentius. Le z latin parait avoir eu souvent la valeur duj ; ainsi dans les mots zinziberi, ziziphum pour jinjibevi, jijiplium, et les formes françaises gingembre, jujube prouvent certainement l’affinité des deux sons.

L’arabe et l’arménien ont chacun un caractère nommé za, qui se transcrit exactement par notre z, de même que le zuïn des Hébreux. Le z anglais a la même valeur, de

même que le z portugais, et si celui des Espagnols a une valeur différente, ce n’en est pas moins un son simple, celui du thêta grec et du th anglais. Quant au z italien, il se prononce tantôt ts et tantôt dz. Les Allemands, comme nous l’avons vu plus haut, donnent à leur z la première de ces deux prononciations. L’alphabet employé par les Russes a pour huitième caractère le zemlia, qui répond exactement au zita des Grecs modernes. Quant au tsoni, vingt-troisième caractère de leur alphabet, il correspond au tsa des Arabes et au tso des Arméniens. Les Polonais emploient le groupe sz pour représenter le son simple ch, et le groupe es pour le son composé tch.

Dans la dérivation du latin aux langues romanes, le z s’est très-souvent transformé en j ou g doux : benzuinum, benjoin ; zinziberi, gingembre ; ziziphum, jujube ; zelosus, jaloux. Le z français représente généralement lez, les ou le c doux du latin : Zèle, de zelum ; chez, de casa ; nez, de nasus ; rez, de rasus, dans rez-de-chaussée ; assez, de ad salis ; lez, de latus, dans Plessy-lez-Tours, Passy-lez-Paris ; lézard, de iacerta ; onze, de undecini ; douze, de duodecim, etc.

L’emploi du z était beaucoup plus fréquent dans l’ancien français que dans le moderne. C’est probablement par une réminiscence de sa valeur de double consonne chez les Latins que nos pères mettaient le plus souvent un * à la fin des mots où le d et le t se supprimaient devant la consonne sifflante, de même qu’ils employaient le x final par suite de la suppression de c ou de g. Ils écrivaient au subjectif singulier et au complétif pluriel piez, granz, deuz, serpenz, qui, sans la suppression du d ou du f, auraient été pieds, grands, dents, serpents. Au xu° siècle, on écrivait au complétif singulier amet ou aimet (araatus), donnet (donatus), citet (civitatem), bontet (bonitatem), et au complétif pluriel amez ou aimez, donnez, citez, boutez, qui, sans la suppression du f, eussent été amets ou aimets, donnets, citets, bontets. Cet usage se conserva dans la langue plusieurs siècles après que les participes et les substantifs de cette sorte eurent perdu leur t final. C’est par suite de cette habitude traditionnelle que l’on a continué d’écrire par un z la pluriel/de ces mots jusque vers le < milieu du siècle dernier. Une semblable raison fait que l’on a écrit et que l’on écrit encore aujourd’hui par un z les secondes personnes plurielles des verbes : Vous chantez, vous vendez, vous tenez sont pour vous chaniets, vous vendels, vous tenets, du latin caïUatis, vendais, tenetis. L’homélie sur Jouas, contenue dans le fragment de Valenciennes, porte preiels (priez) et présente d’autres formes assez rapprochées de cellesci, telles que seietst. Le t qui termine ce dernier mot doit être imputé à une inadvertance de l’écrivain : Preiets li que de ceBt péiiculo nos libéral.

On trouve vous avetz (avez) dans le Nouveau rtcueil de contes de Jubinal. Dans la deuxième personne du pluriel du passé défini, le (a persisté ; aussi cette forme a-t-elle un s final et non pas un z : Vous chantâtes, vous tintes, vous vendîtes, de cantavistis, tenuistis, vendidistis.

Comme l’e était sonore devant le s final (citez, aimez, vous chantez), on employa volontiers cette consonne sans qu’il y eut une raison étymologique, mais seulement afin d’indiquer le son grave ou aigu de la voyelle. Subjectif singulier : Succez, progrez, procez, pressez, divisez, de successus, progressus, processus, pressus, divisus, tandis qu’on préféra le s final lorsque l’e de la désinence était muet : Tu presses, tu divises, hommes, roses, bonnes, etc.

Tels sont les principaux cas dans lesquels on sa servit d’abord le plus souvent du z uu lieu du s final, à la place duquel on employait souvent la lettfe x. Mais une fois qu’il fut reconnu que ces trois consonnes avaient le même son à la fin des mots, ce fuit devint un principe dont on usa largement. Aussi les copistes du moyen âge ne se sont-ils pas fait faute d’employer ces trois lettres les unes pour les autres, et l’on ne peut pas plus établir de règle rixe et générale sur ce point que sur tant d’autres concernant notre ancienne orthographe. Celle-ci était k. peu près abandonnée à la fantaisie du scribe, qui ne reconnaissait guère d’autres lois que ses habitudes particulières. Cependant, dans hazard, baylizer et autres mots semblables, où l’on a depuis supprimé cette lettre, elle ne faisait que représenter exactement la prononciation, qui s’y trouvait d’accord avec l’étymologie.

Les Latins ont emprunté la forme du Z au dzêta, qui est la sixième lettre de l’alphabet des Grecs. Selon quelques anciens, le dzêta n’aurait pas appartenu à l’alphabet grec primitif ; ce serait une des lettres inventées par Palaraède, à l’époque de la guerre de Troie. Bochart le range cependant parmi les lettres cadméennes, et son opinion semble confirmée par l’analogie de forme qu’offre le dzêta grec avec le zaïn, qui est la septième lettre de l’alphabet des Hébreux et des Phéniciens. Le nom du zuïn signifie en hébreu armure, et il est possible que sa forme première ait été empruntée à celle de quelque partie du vêtement de guerre des anciens Orientaux. Quoi qu’il en soit, les traits de l’hiéroglyphe

ZAAT

qui a donné naissance k la lettre dont il s’agit ne pouvaient déjà que difficilement se reconnaître dans le caractère phénicien que copièrent les Grecs. Ceux-ci tracèrent d abord dans la direction verticale le trait qui, dans cette lettre, réunit les deux lignes horizontales, et ce n’est que plus tard qu’ils lui donnèrent la direction oblique qu’il a conservée dans le Z des Latins. En raison de son caractère de lettre double, quelques auteurs prétendent que le dzêta correspond au tsadê, qui est la dix-huitième lettre de l’alphabet des Hébreux et qui a le son ts. Dans les hiéroglyphes égyptiens, le son s est aussi représenté par un couvercle de carquois, un trépan de marbrier ou instrument analogue, s’il faut en croire les affirmations des égyptologues.

ZA s. m. (za). Gramm. Dix-septième lettre de l’alphabet neski, correspondant au dzêta des Grecs, il Signe numéral de 900.

— Anc. mus. Nom que l’on donnait autrefois au si bémol.

ZAANDAM, nom hollandais de la ville de Saardam.

ZAANDIK, bourg du royaume de Hollande, province de la Hollande septentrionale, arrond. d’Amsterdam, à 5 kilom. N. de Saardam ; 2,100 hab. Nombreuses papeteries.

ZAATCHA ou ZAD’CHA, oasis d’Algérie, dans la province de Constantine, à 30 kilom. S.-O. de Biskara. Elle renferme un bourg fortifié du même nom, qui fut inutilement assiégé par le bey de Tunis en 1833 et par un lieutenant d’Abd-el-Kader en 1844. Révolté contre les Français en 1849, il fut repris par le général Herbillon, sous les ordres duquel combattait le colonel (aujourd’hui maréchal) Canrobert.

Zaatcha (siège et prise de). Zaatcha est une ville fortifiée, qui se trouve dans le Zab-Daari ou Zab du Nord, province ds Constantine. Cette petite ville est devenue célèbre par suite du siège fameux qu’elle soutint en 1849 contre les Français commandés par le général Herbillon. Un chef indigène, nommé Bou-Zian, chérif de Zaatcha, se fiant à l’inaccessibilité de sa retraite, avait soulevé les populations qui s’étendent sur les rives de l’oued Sidi-Salah. Une bande de ces révoltés, attaquée par un jeune officier plein d’avenir, M. de Saint-Germain, fut complètement défaite ; mais le commandant fut tué pendant le combat, d’une balle qu’il reçut à bout portant dans la tête.

Bou-Zian, apprenant la défaite de ses coreligionnaires, loin de marcher à leur secours, se renferme dans la ville, se prépare à la défense, appelle aux armes tous les habitants des environs et menace de faire soulever la partie méridionale de la province de Constantine.

Le général Herbillon, apprenant ces nouvelles, comprit qu’il n y avait pas une minute à perdre et qu’il fallait frapper un coup décisif en s’emparant de Zaatcha, si l’on voulait arrêter les progrès de l’insurrection.

Il vint donc mettre le siège devant la ville, qui est située au milieu d’une oasis.

« L’oasis de Zaatcha elle-même, dit ce général, présente l’aspect d’une haute futaie de palmiers, s’élevant comme par enchantement d’un sable aride. Elle est au pied de deux sources et peut contenir 70,000 palmiers.

« Le sol est coupé de canaux d’irrigation, de murs de jardins d’autant plus élevés qu’on a plus abaissé le niveau du terrain pour améliorer l’irrigation ; quelques rues étroites et la base des murs sont restées au niveau du sol naturel. Des figuiers, des abricotiers peu élevés s’ajoutent à des plantes rampantes pour arrêter la marche. C’est un dédale inextricable. Chaque jardin à enlever à l’ennemi nécessite une affaire.

Zaatcha ressemblait à une petite place construite au moyen âge. Des tours carrées s’élevaient de distance en distance et étaient reliées entre elles, sans intervalle, par des maisons toutes crénelées. Un chemin de ronde, abrité des coups du dehors par un mur, bordait le fossé.

Les défenseurs pouvaient d’ailleurs circuler facilement à la partie supérieure par des terrasses ; à l’intérieur, par des communications ouvertes exprès de maison en maison. »

Telle est la description que le général a laissée de la ville qu’il allait assiéger, ayant à sa suite une troupe peu nombreuse, composée seulement de 4,000 hommes de toutes armes.

Le 4 octobre, les Français arrivèrent devant la ville et n’eurent pas beaucoup de peine à enlever les premiers jardins et le faubourg appelé Zaouia (mosquée). Mais une fusillade meurtrière arrêta ce premier élan, et, ne pouvant songer à prendre Zaatcha par un coup de main, on se prépara à en former le siège.

Le général ordonna la construction des ouvrages d’attaque ; cette construction nous coûta un grand nombre de soldats et 16 officiers. Ces chiffres sont extraordinaires dans une guerre contre les Arabes- ils montrent quelle fut la vigueur de la résistance. Parmi les officiers blessés, nous citerons le colonel du génie Petit, qui eut l’épaule fracassée au moment où, pour montrer la position de l’ennemi à un sous-lieutenant, il était forcé de se mettre un instant à découvert.

Un capitaine d’artillerie, M. Besse, reçut une balle au front pendant qu’il rectifiait le tir d’une pièce.

Comme on ne pouvait s’approcher de la ville qu’en s’emparant des jardins et que la prise de chaque jardin était une affaire dangereuse, chaque jour il fallut faire de nouveaux sacrifices. L’ennemi, admirablement posté, ménageant son feu et ne tirant qu’à coup sûr, avait encore sur nous l’avantage du nombre.

Aussi ne semblait-il guère effrayé de notre attaque et faisait-il des sorties continuelles pour détruire nos ouvrages, décimer nos sapeurs du génie, enlever nos gabions.

La nuit, quand la lune ne brillait pas, les défenseurs de la place allumaient de grands feux, au moyen desquels ils éclairaient tout à coup nos travaux et fusillaient nos travailleurs surpris.

Cependant on finit, à force de persévérance, par faire deux brèches et par combler le fossé devant la brèche de gauche.

Le général donne, le 20 octobre, le signal de l’assaut. Nos soldats se précipitent avec leur courage ordinaire, mais leur audace est malheureuse cette fois ; repoussés par un ennemi supérieur, nous perdons inutilement nos meilleurs soldats.

Les trous que nos boulets ont faits dans les murs de la place servent de meurtrières et vomissent la mort sur nos troupes.

Il faut se résoudre à prolonger un siège qui devient de plus en plus pénible, tandis que les oasis se soulèvent en masse à l’annonce de notre insuccès et que de tous côtés, dans la subdivision de Batna, éclatent les symptômes d’insurrection.

Du Tell et du désert, du Nord et du Midi, le vent de la guerre a soufflé ; des milliers d’Arabes accourent au secours de la ville assiégée.

Le général, obligé de dissiper les rassemblements de nomades, subit un échec et est obligé de se retrancher dans son camp. Mais bientôt rejoint par les colonels de Barral et Canrobert, il reprend l’offensive, poursuit l’ennemi, le surprend à l’oasis d’Ourlel et lui inflige une rude leçon. Cependant, les brèches avaient été agrandies ; une nouvelle avait même été ouverte et le fossé comblé sur tous les points du passage.

Le 26 novembre, un nouvel assaut fut tenté et réussi. Laissons le général nous raconter dans son rapport la dernière journée de ce nouveau siège de Saragosse.

« Le signal est donné. La charge sonne. Les trois colonnes, précédées de leurs chefs, s’élancent avec enthousiasme ; à droite, le colonel Canrobert reçoit le feu qui part des terrasses ; 4 officiers et 15 soldats de bonne volonté l’accompagnent en tête de la colonne ; un capitaine qui assistait à l’affaire nous a dit qu’il était accompugné de 22 zouaves ; il n’en revint que 2 officiers et 2 soldats, encore étaient-ils blessés ou touchés. Rien n’arrête les zouaves, et bientôt le drapeau français flotte sur une des terrasses les plus élevées.

Au centre, le colonel de Barral rencontre de tels obstacles, qu’il est obligé d’appuyer à droite, et bientôt il s’élance dans une des rues et traverse la place.

« À gauche, le lieutenant-colonel de Lourmel franchit rapidement les premiers décombres, et, malgré la vivacité du feu, il se trouve à 4 mètres au-dessus du niveau d’une autre rue ; il s’y précipite et, peu après, donne la main aux autres colonnes.

À huit heures et demie, la plupart des terrasses et des rues sont occupées, mais pas un défenseur n’a fui. Le feu de l’ennemi se soutient ; il part des décombres et des étages supérieurs. Il faut entamer le siège de chaque maison ; de la terrasse on ne descend au premier étage qu’après un combat ; on essuie à bout portant le feu d’un ennemi décidé franchement à sacrifier sa vie.

Du premier étage pour descendre au rez-de-chaussée, on ne trouve qu’un seul trou étroit placé au milieu de la maison. Il éclaire à peine le rez-de-chaussée. C’est dans ce réduit obscur que sont réunis tous ceux qui ont été chassés des étages supérieurs. La pièce est grande. Celui qui s’y aventure reçoit immédiatement une balle et ne sait à qui répondre ; la porte intérieure est murée, et l’on ne voit d’autres ouvertures que des créneaux d’où partent de nouveaux coups de feu. C’est un autre siège plus meurtrier que l’assaut. Si l’on fait un trou à la pioche, les travailleurs, les assaillants sont immédiatement criblés de balles. La mine devient le seul moyen de réduire ces fanatiques, qui tirent encore de dessous les décombres où ils sout entassés. »

Bou-Zian, qui s’est réfugié dans une des plus solides maisons de la ville, fut attaqué par le 2e bataillon de zouaves, qui ne put le réduire. Il fallut employer le canon et la mine, et le chef nomade, écrasé dans un suprême assaut, mit, avant de mourir avec tous les siens, plus de 50 zouaves hors de combat.

Quatre heures plus tard, les dernières maisons n’étaient pas encore prises. Les Arabes se défendaient en désespérés, car ils savaient que nos soldats, exaspérés par l’é-