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flexions ; ï» les calmes que l’on observe sur l’équateur au voisinage du point de rencontre des alizés, et les brises variables du N.et du S. remplaçant subitement les calmes équatoriaux ; 3" la transformation, dans les golfes d’Oman et de Bengale, de l’alizé du N.-E. en mousson du S.-O. ; 40 un courant ascendant sur l’équateur au point de rencontre des alizés amenant une dépression barométrique bien connue ; 5* un courant descendant vers les Açores et un autre entre la côte sud de l’Afrique et Sainte-Hélène, tous deux correspondant à des maxima de pression barométrique réellement signalés ; 6» des courants descendants aux deux pôles. On a même observé la reproduction Adèle de quelques accidents locaux, comme le vent soufflant d’O. au sommet du pic de Ténériffe pendant que l’alizé du S.-E. règne sur l’Océan a peu de distance, et les courants ascendants de l’E. et de l’O. sur l’Amérique centrale. Ces derniers courants, se combinant avec le courant supérieur de retour de l’alizé N.-E., permettraient, selon l’auteur, d’expliquer comment les cendres du volcan Coseguina, situé sur le bord du lac Nicaragua, furent transportées sur la Jamaïque en sens inverse de 1 alizé du N.-E., qui soufflait à ce moment (25 février 1835).

Ces résultats sont intéressants ; mais l’appareil est encore à l’état d’ébauche, et beaucoup de phénomènes importants, entre autres les vents variables des régions tempérées, le vent du S.-O., qui, aux environs de 50’ de lat. N., se dirige vers le pôle nord, ainsi que le vent symétrique du N.-O. dans ^hémisphère sud, ne sont pas reproduits par l’anémogène. L’auteur attribue ces lacunes à deux imperfections qui sont en effet fort graves : la petitesse de l’appareil, qui ne permet pas de figurer exactement le relief du sol ; et surtout l’épaisseur relativement énorme de l’atmosphère figurée, par rapport au globe. Il conviendrait d’ajouter que la densité de l’air, dans cette atmosphère simulée, n’est pas décroissante comme dans la réalité quand on s’élève perpendiculairement au sol, et qu’en outre on ne tient pas compte de t’influence des radiations solaires, qui jouent évidemment un rôle fort important dans les mouvements de l’atmosphère.

    • ANÉMOGRAPHE s. m, — Météorol.

Appareil enregistreur d’un ou de plusieurs caractères du vent ; direction, vitesse, durée, etc.

— Encycl. Il n’existe pas encore d’appareil complètement satisfaisant pour enregistrer directement la vitesse du vent ; ceux que l’on construit mesurent : soit la variation de la pression exercée par le vent sur une plaque verticale mobile autour d’un axe horizontal ; dans ce cas, sous l’impulsion du vent, la plaque s’écarte de la verticale et l’écartement croît avec la pression, et, par conséquent, avec ta vitesse du vent ; soit la vitesse de rotation imprimée à un moulinet ; soit enfin une dépression manométrique produite par le courant d’air.

Il existe de bons enregistreurs continus de la direction du vent. Le plus simple et l’un des meilleurs est celui que M. Renou a installé a l’observatoire météorologique du parc de Saint-Maur, près de Paris. Une girouette, soutenue par un flotteur sur un bassin plein d’eau, tourne librement ; son axe porte un cylindre sur lequel est enroulée une feuille de papier, et une pointe traçante «’appuyant sur ce cylindre se meut d’un mouvement uniforme parallèlement à l’axe ; en sorte que, si la girouette est immobile, la pointe trace une génératrice du cylindre. Si la girouette se meut, la pointe traçante décrit une courbe dont chaque point indique l’heure par sa distance verticale au point de départ, et l’angle de la direction du vent avec une direction initiale choisie, le N. par exemple, par sa distance horizontale a la génératrice. La figure I, ci-dessous, est une réduction

Fig. I.

d’un tracé fourni par l’appareil. Supposons la feuille de papier fendue le long de la génératrice opposée à la génératrice initiale et déployée sur le plan : le point M de

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la courbe montre que, à quatre heures, la direction du vent faisait un angle de 90» avec le N., c’est-à-dire que le vent était d’O. ; la courbe indique en outre que, vers quatre heures et demie, le vent a sauté brusquement d’O. À E. ; qu’il a ensuite conservé une direction à peu près constante pendant plusieurs heures. Pour que les indications soient bonnes, il faut que la girouette soit très mobile et, de plus, qu’elle soit montée de telle sorte qu’elle ne soit pas entraînée par l’impulsion du vent au delà de sa position d’équilibre, mais s’y arrête immédiatement sans oscillation. Dans la pratique, le papier est divisé par des lignes horizontales en 1.440 parties correspondant aux 1.440 minutes de la journée et par des lignes verticales en 880*.

En hiver, on peut remplacer l’eau du bassin par un liquide qui ne gèle pas, tel qu’un mélange d’eau et d’atcool, une dissolution saline ou de l’huile.

Quand la girouette doit être placée sur un sommet peu accessible, l’enregistrement peut être fait électriquement par une sorte de télégraphie. La girouette fonctionne alors comme la main de l’employé transmetteur. Dans le système de Bréguet, elle fait tourner un index sur un cadran. Les signaux transmis sont inscrits sur une bande de papier qui se déroule d’un mouvement uniforme, comme dans l’appareil précédent.

Anémomètre multiplicateur et enregistreur de Bourdon. Un anémomètre très intéressant, qui peut enregistrer ses indications, a été construit par Bourdon. La mesure de la vitesse du vent y est fondée sur le principe des trompes, c’est-à-dire sur l’aspiration produite par les courants gazeux ou liquides. L’appareil se compose essentiellement d’une grande girouette tubulaire (fig. 2), constituée

Pig. 2.

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Fig. 3.

par un tube convergent-divergent de Venturi, c’est-à-dire formé de deux troncs de cône inégaux réunis par leur petite base, et dont le plus long porte des ailettes longitudinales, de sorte que l’axe du tube s’oriente dans la direction du vent.

Voilà pour la direction. Passons à l’intensité. Dans le tube de la girouette, un autre tube de même forme, beaucoup plus petit, est disposé concentriquement, de telle sorte que son orifice postérieur coïncide avec l’étranglement du premier. La vitesse étant maximum à cet étranglement, il en résulte une plus forte aspiration dans le tube intérieur, où la vitesse du courant se trouve ainsi considérablement augmentée ; de là le nom ^’anémomètre multiplicateur donné à l’appareil. À la gorge du tube intérieur est adapté un tuyau d’aspiration en relation avec un manomètre différentiel à eau. Le vide, qui augmente avec la vitesse du courant, se mesure donc par l’ascension d’une colonne d’eau qui est vingt fois plus grande avec la disposition adoptée que si le tube d’aspiration était adaptéà la gorge du tube extérieur. On peut, dans le cas ou la vitesse à mesurer est très faible, adapter le tube d’aspiration à la gorge d’un troisième tube disposé à l’intérieur du second, comme celui-ci l’est à l’intérieur du premier.

Voyons maintenant comment l’appareil peut être rendu enregistreur. Pour la direction, l’enregistrement se fait sur un disque horizontal centré sur l’axe de la girouette (fig. 3). Cet axe, qui tourne avec la girouette, est muni à sa partie inférieure d’une barre perpendiculaire en forme de T renversé portant un crayon dont la pointe s’appuie sur le disque. Si la pièce en T renversé était invariablement fixée à l’axe, le crayon tracerait des arcs de cercle superposés, et l’on ne pourrait distinguer que les extrémités de l’arc tracé, c’est-à-dire les deux directions les plus écartées pendant la période d’inscription ; mais cette pièce est à crémaillère et mue dans le sens horizontal, par un mouvement d’horlogerie, de telle sorte

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que le crayon se rapproche peu à peu du cen’re d’un mouvementuniforme. La figure I montre un tracé ainsi obtenu. L’inconvénient

Fig. *•

de ce mode d’inscription, c’est que le tracé est de moins en moins net et la sensibilité de plus en plus faible à mesure que le crayon s’approche du centre, puisque à des écarts angulaires égaux correspondent des arcs de plus en plus petits. Il est bon de ne pas utiliser la partie centrale du disque.

L’enregistreur d’intensité (fig-. 3) consiste en un fléau de balance aux deux bras duquel sont suspendus deux vases contenant de l’eau et communiquant par leur fond à l’aide d’un tube flexible. Le col de l’un d’aux est adapté au tube d’aspiration. Suivant la vitesse du courant, et par conséquent l’aspiration, l’eau monte plus ou moins dans ce vase, et le fléau s’infléchit plus ou moins de son côté. Pour limiter les oscillations, le fléau est muni d’un contrepoids et, pour les inscrire, d’une aiguille portant un crayon qui s’appuie sur un disque vertical. Le disque tourne d’un mouvement uniforme autour de son centre et présente successivement au crayon ses différentes parties où sont écrites les heures. La figure 5 représente un tracé

Fig. 5.

de vitesse obtenu à l’aide de l’appareil ; les grandes balafres indiquent les coups de vent, les brusques changements d’intensité. Cet appareil peut rendre des services, non seulement en météorologie, mais encore dans les mines et les établissements industriels pour le réglage de la ventilation.

  • ANÉMOSCOPE s. m. Météor. — Encycl,

Anémoscope électrique. M. A. Lucchesi, directeur de l’observatoire de Sainte-Agathe, à Feltre (Italie), a imaginé un appareil pour transmettre électriquement d’un point quelconque à cet observatoire les huit principales directions du vent.

Les directions du vent sont signalées à l’ob»ervatoire à l’aide d’un galvanomètre sensible par huit courants d’intensité différente émanant d’une même pile. Ces variations dans l’intensité du courant sont obtenues en. intercalant dans le circuit de ligne des résistances artificielles et progressives. L’anémoscope établit mécaniquement huit contacts successifs disposés régulièrement sur un cadran dont le centre est traversé par l’axe de rotation de la girouette. Le premier contact correspond à l’indication N. et forme un circuit composé de la ligne, de la pile, de la terre et des appareils. Le contact suivant, qui correspond à l’indication N.-E., forme un circuit composé des résistances précédentes et d’une résistance additionnelle de 25 ohms ; le troisième, qui correspond à l’indication E., a en plus une résistance de 30 ohms ; et ainsi de suite pour les contacts suivants, à chacun desquels s’ajoutent des résistances respectives de 35, 40, 50, 65 et 90 ohms. Le galvanomètre qui reçoit les indications porte un cadran divisé en neuf divisions. La neuvième permet de contrôler la force électromotrice et l’état des piles. Pour cela, on enlève du circuit tes résistances et on ferme la pile sur elle-même à travers le galvanomètre. Le cadran du galvanomètre est mobile, afin qu’on puisse le déplacer et rectifier ainsi les erreurs qui pourraient se produire dans les indications des vents lorsque la force électromotrice de la pile est devenue trop faible. Cet appareil, bien que présentJint certains inconvé ANES

nients, est fort simple et peut rendre des Services lorsque la distance n’est pas supérieure à 2 ou 3 kilom. et qu’il est impossible d’établir une transmission mécanique.

ANEXGE, lac de l’Afrique occidentale, dans le bassin de l’Ogôoué et le pays des Bukalais, sur la rive gauche de l’Ogôoué, au commencement du delta, à 140 kilom. de son embouchure, et à 160 kilom. environ au S.-E. du cap Lopez.

ANENGUK.lac d’Afrique, sur la rive gauche de la partie inférieure du fleuve Ogôoué (Congo français), à 50 kilom. environ à l’E. de son embouchure. L’Anengué forme pendant la saison des pluies une magnifique nappe d’eau, et pendant la saison sèche un marais pestilentiel d’où émergent des lies de boue noire sur lesquelles se vautrent d’innombrables crocodiles dont quelques-uns n’ont pas moins de 7 mètres de longueur.

ANERGATES s. m. (a-ner-ga-tess — du gr. a privatif ; ergatês, ouvrier). Zool. Genre de fourmis de la famille des Myrmicides, ainsi nommé parce qu’il n’y existe pas d’ouvrières : Le genre curieux ankrgates, qui offre te seul exemple connu d’une fourmi sans ouvrières et à mâle aptère, ne comprend qu’une seule espèce, encore peu répandue dans les col' leclions. (Ern. André.)

— Encycl. Le genre Anergates fut établi par Forel sur une forme singulière de petite fourmi vivant dans les nids d’une autre espèce de fourmi (tetramorium casspitum), L'anergates atraiulus Schenck est d’un brun noirâtre mat, le mâle d’un gris jaunâtre clair ; ce dernier atteint 3 millimètres de long, la femelle en ayant un peu plus de 2. Rouget a remarqué que les insectes parfaits paraissent en mai, et l’accouplement doit avoir lieu en juin ou juillet.

■ Il règne encore, dit M. Ernest André, une grande incertitude sur la manière dont l’A. atraiulus peut Se procurer ses auxiliaires. Toutes les recherches de Von Hagens et de Forel à ce sujet sont restées sans résultat, et aucun de ces deux observateurs, qui seuls ont étudié l’anergates jusqu’à ce jour, n’a réussi à rencontrer des nymphes de tetramorium ccespitum dans ses nids. L’espèce principale, réduite la plupart du temps à une femelle féconde et à un certain nombre de larves et de nymphes, disparaît, pour ainsi dire, au milieu de ses nombreux auxiliaires, et on ne s’explique pas comment les tetramorium ont pu être amenés à soigner et à élever leurs hôtes, à l’exclusion des larves et des individus sexués de leur propre espèce.

« J’ai déjà dit que l’anergates n’avait pas de neutres et que les mâles étaient aptères, et peu actifs, par suite de la singulière conformation de leur abdomen recourbé en dessous ; j’ajouterai que les femelles fécondes, ordinairement uniques dans un nid, ont l’abdomen extraordinairement dilaté, atteignant la grosseur d’un pois, avec les lames des segments comme perdues au milieu de la membrane incroyablement distendue qui les relie à l’état normal. Ces femelles sont donc incapables de se mouvoir et ce sont leurs auxiliaires qui les transportent à l’occasion d’un lieu à un autre. Les deux sexes ne savent pas non plus manger seuls et sont dans une dépendance absolue de leurs alliés qui les nourrissent. »

ANESTHÉCINÉSIE s. f. (a-nè-sté-si-né-zt — du gr. a priv. ; aistltesis, sensibilité ; kinesis, mouvement). Méd. État d’un organe privé de sensibilité et de mouvement.

  • ANESTHÉS1E S. f. — Encycl. Physiol. et

Théiap. Vanesthësie peut être générale ou locale, symptomatique d’une maladie de la moelle, du cerveau ou du sang, de l’hystérie, de l’épilepsie, etc., ou provoquée pour la pratique d’une opération : c’est à l’étude de cette dernière seulement que nous allons nous arrêter.

Historique. L’idée de supprimer la douleur dans les opérations s’est présentée de tout temps au médecin ; le point essentiel a été de trouver le moyen véritablement efficace. Les anciens, du temps de Dioscoride, se servaient d’un extrait de racine de mandragore. Au moyen âge, Guy de Chauliuc et ses élèves parlent d’une confection soporifique destinée à endormir les malades. Liégeard, de Caen, a recommandé la compression circulaire des membres au-dessus du point d’élection ; Loysel, de Cherbourg, le magnétisme animal.

Mais il faut arriver à la fin de l’année 1846 pour entrer dans la voie des anesthésiques usuels. À cette époque, un médecin américain distingué, le docteur Jackson, se servit le premier des vapeurs d’éther en inhalations. Ses expériences eurent un tel retentissement en Europe que les praticiens les plus célèbres essayèrent à l’envi ce merveilleux agent. Liston en Angleterre, Malgaigne, Velpeau et Jobert en France légitimèrent par leurs succès l’introduction définitive de ce produit dans la pratique chirurgicale. Mais ce triomphe de l’éther ne fut pas de longue durée, puisque, une année plus tard, le chloroforme devait le remplacer comme plus actif et plus maniable que lui. C’est à Simpson d’Édimbourg que nous devons la découverte des propriétés anesthésiques du chloroforme. Depuis, divers agents du même ordre ont été proposés : le protoxyde d’azote par Wells