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s’émoussent tous les traits de l’envie et de la fureur. (Alïbert.)

D’Aumale est du parti le bouclier terrible ; Il a jusqu’aujourd’hui le titre d’invincible,

VOLTAIRE.

Si ses armes sont la satire.

Mon bouclier, c’est Le mépris.

Desmahis.

Couvert du bouclier de ta philosophie, Le temps n’emporte rien de ta félicité.

Lamartine.

Si les démons nous menacent,

Les anges sont nos boucliers.

V. Huoo.

Levée de boucliers, Manifestation menaçante qui consistait à élever le bouclier en l’air, et par laquelle les soldats romains témoignaient leur mécontentement contfe leur général, et leur résolution de lui désobéir, n Par ext. Révolte ; attaque à main armée : Il y eut cette même année une nouvelle levée de boucliers en Pologne. Quand on veut faire une levée de bouchers, il faut réussir. (Grimm.) Peu de temps après le 18 brumaire, vous savez qu’il y eut une levée de boucliers en Bretagne et dans la Vendée. (Balz.)

Faire un bouclier de son corps à quelqu’un, Se jeter devant lui pour le préserver des coups qu’on lui porte, le défendre au péril de sa vie : À Arcole, l’aide de camp Muiron fit à Bonaparte un bouclier de son corps.

—Archit. Bouclier sculpté, particulièrement usité dans les trophées et pour l’ornement des frises, il Bouclier naval, Ovale couché entre deux enroulements.

— Techn. Appareil mobile de bois ou de fer, qui sert à soutenir les terrains ébouleux dans le percement des tunnels et, en général, de tous les ouvrages souterrains : Pour vaincre ces difficultés, M. Brunel employa un bouclier composé de douze châssis en fonte, simplement posés les uns à côté des autres. (Burat.)

— Antiq. rom. Sorte de large soupape circulaire ménagée dans les étuves, pour eu faire sortir à volonté l’excédant de vapeur.

— Astron. Bouclier d’Orion, ou Bouclier, Nom donné à trois étoiles de deuxième grandeur de la constellation d’Orion, et qui sont plus connues sous le nom vulgaire des Trois Rois.

— Ichthyol. Nom vulgaire de plusieurs espèces de poissons, appartenant au genre centrisque, cycloptère, spare et lépadogastre.

— Crust. Plaque dure qui couvre la tête, le thorax et le pré-abdomen, chez les binocles.

— Entom. Pièce du corselet des insectes, qui en constitue la partie supérieure et se joint en dessous au sternum, n Partie antérieure des trilobites. n Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des clavicornes, dont les élytres ont la figure d’un bouclier, et qui comprennent une quarantaine d’espèces, dont les deux tiers habitent l’Europe. Ils vivent, eD général, ainsi que leurs larves, de cadavres en putréfaction ou d’excréments. Quelques espèces seulement se

nourrissent de proie vivante.

— Moll. Epaississement que l’on trouve sur le dos des limaces, et qui est considéré comme un rudiment de manteau, u Nom vulgaire de la patelle tortue.

— Echin. Genre d’échinodermes, voisin des oursins.

— Infus. Têt solide, rond ou ovale, placé sur le dos de certains infusoires.

— Epitbètes. Lourd, pesant, solide, épais, fort, impénétrable, vaste, immense, énorme, gigantesque, large, long, rond, ovale, léger, poli, luisant, brillant, éclatant, étincelant, échancré, entamé, percé, rompu, brisé.-Puissant, redouté, redoutable, terrible, intrépide, invincible.

— Encycl. Le bouclier était une arme défensive, propre à couvrir le corps et à le garantir des flèches, des traits et des coups de l’ennemi. Sa forme varia chez les différents peuples qui en firent usage, et on en attribue l’origine aux Égyptiens. Il est certain que les

Seuples hébreux s’en servaient déjà au temps e Moïse. À l’attaque de la ville d’Haï, Moïse donna le signal à ses troupes au moyen de son bouclier. Les gardes du roi Salomon avaient des boucliers d’or pur ; ses successeurs, plus modestes, remplacèrent l’or par l’airain. Celui des Égyptiens était un vrai parapet portatif ; il avait la hauteur d’un homme, qu’il pouvait couvrir entièrement. Ceux des Assyriens et des Perses, fabriqués en osier, étaient garnis de peaux d’animaux, et ceux des Ethiopiens, de peaux de grues. Les Thraces s’armaient de boucliers beaucoup plus petits, ordinairement en cuir de bœuf. Les boucliers des Grecs étaient très-variés de formes et de dimensions ; il y avait : l« le scutum (écu) ; ce bouclier était long et quelquefois si grand qu’il couvrait un homme presque en entier ; tels étaient les boucliers des Égyptiens et des Lacédémoniens ; il était fait de Dois tels que le saule, le tilleul, le bouleau et autres arbres aquatiques ; 2» le clypeus, que l’on confond parfois a tort avec le scutum, bien qu’il y ait cette différence entre eux que le scutum était long et carré, et que le clypeus, rond et plus court, était d’airain ; 3° le parma, bouclier rond, plus léger que le clypeus, et ayant, selon Polybe, 3 pieds de diamètre ; 4° le parmula, qui servait aux soldats armés à la légère et a la cavalerie ; 5° le pelta, bouclier léger en forme de demilune.

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Les bouchers des Romains ressemblaient à ceux des Grecs. Sous le règne de Numa, un bouclier appelé ancile tombe du ciel : les aruspices affirment qu’à la possession de ce présent divin est attaché l’empire du monde (Denys d’Halic.arnasse), Vite Numa complète la douzaine, en en faisant fabriquer onze autres ressemblant au premier à s’y méprendre, quoiqu’il vint du ciel ; il les dépose dans le temple de Mars au Capitule, et commet à leur garde douze prêtres appelés saliens.

En Grèce, comme à Rome, le bouclier fut d’abord assez haut pour que le soldat pût se trouver couvert lorsqu’il se baissait ; il était garni à l’intérieur de deux anses ; le soldat passait le bras dans la plus grande et saisissait l’autre comme une poignée, dont il se servait pour donner au bouclier tous les mouvements nécessaires au soin de sa défense. Cependant, lors de la guerre de Troie, on ne le portait pas encore fixé au bras, il était tout simplement attaché au cou par une courroie et pendait sur la poitrine, lorsqu’on était au combat ; dans le dos, lorsquon était en marche. Ce furent les Cariens qui enseignèrent aux Grecs à le porter passé au bras au moyen de courroies qui se serraient à volonté. Les boucliers étaient ornés de trépieds, de serpents, de scorpions, de sujets mythologiques, et entourés de bordures élégantes. Une chose singulière, qu’on remarque sur des vases antiques, c’est qu’au bouclier pendait parfois, probablement pour amortir le coup qu’on aurait pu recevoir aux jambes, une pièce de drap assez longue ; cette précaution paraît au moins inutile, lorsqu’on songe que les boucliers qui servaient à l’infanterie et aux combattants placés sur des chariots étaient assez grands pour parer tous les coups, puisqu’ils avaient environ 3 m. de diamètre.

On vit en Grèce des boucliers ayant la forme d’une feuille de lierre, d’witres affectaient celle d’une lyre. Les Lacédémoniens portaient des boucliers de cuivre sur lesquels étaitgravée la lettre initiale du pays dont ils étaient oritinaires. L’infanterie pesante des oplites avait e très-grands boucliers, soit ronds, soit oblongs (aspis). Formés en ligne, les soldats grecs présentaient à l’ennemi une espèce de muraille crénelée, formée de boucliers séparés entre eux par l’espace strictement nécessaire pour que les guerriers pussent frapper ceux qu’ils attaquaient. On formait la tortue quand on marchait sur un retranchement. C’était une manœuvre qui consistait à croiser les boucliers les uns sur les autres au-dessus des têtes, et à former ainsi une espèce de toit mobile, s’avançant avec ceux qu’il protégeait. Les soldats romains exécutaient, comme les Grecs, cette manœuvre de la tortue (testudo). Pour applaudir et manifester leur contentement, ils frappaient leurs boucliers avec leurs genoux ou avec leurs armes. Sous Iphicrate, les boucliers devinrent plus petits, plus faciles à manier ; les plus petits de tous étaient ceux des Achéens (aspidion). Les Macédoniens en avaient de ronds, en cuivre, légèrement convexes et ayant deux pieds environ de diamètre.

Les héros grecs avaient chacun un bouclier qui se distinguait par des signes particuliers. Ces boucliers sont devenus célèbres. Hésiode parle du bouclier d’Hercule. Homère (Iliade, chant XVIII) a immortalisé celui d’Achille, forgé par Vulcain lui-même, et formé de lames d’airain, d’étain, d’argent et d’or. Le bouclier d’Ulysse portait un dauphin ; celui d’Agamemnon était orné d’une Gorgone aux yeux flamboyants ; celui d’Hector représentait un lion. Le bouclier d’Ajax était fait de sept peaux de bœuf, et celui de Nestor fabriqué en or pur. Virgile décrit longuement (Enéide, 1. VIII, 608-731) l’arme défensive de Son héros, du pieux Enée :

..... Clypei non enarrabiîe texlum.

Nous donnerons plus loin quelques détails sur ces boucliers célèbres.

Les Grecs professaient une grande vénération-pour leurs armes en général et pour leurs boucliers en particulier ; c’était un grand déshonneur pour un Grec que de perdre son bouclier au combat ; aussi les mères des Spartiates recommandaient-elles à leurs enfants de revenir avec ou sur leur bouclier (cum hoc, aut in hoc).

Les anciens peuples de l’Europe firent également usage du bouclier : les Germains en avaient de très-grands, en claies d’osier, ou en planches minces de diverses couleurs. Les modulations qu’ils tiraient de ces armes, en les frappant plus ou moins fort en cadence, étaient leur seule musique guerrière. Chez eux, abandonner son bouclier était le plus grand crime : scutum reliquisse, prœcipuum flagitium (Tacite, De moribus Germanorum). Les boucliers des Gaulois, aussi en osier, étaient plus petits que ceux des Germains.

Les Francs portaient des parmes (parma), suspendus au côté gauche, ils étaient ovales ; des pavois, grands boucliers rectangulaires, couverts de cuir et de lames de fer, et arrondis vers leurs grands côtés en forme de cylindre. Le bouclier des rois francs, qu’ils portaient toujours, en rendant la justice suivant la loi salique, et dans toutes les cérémonies publiques, était presque toujours orné du fer de Tandon, javelot à trois lames, très en honneur chez ce peuple. Les rois francs étaient, à leur avènement, promenés trois fois, debout sur le pavois, autour du camp où étaient réunis les guerriers. Les plus grands pavois étaient les

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panniers ou pannes. Les archers, qui avaient besoin de leurs deux mains pour combattre, étaient, à cause de cela, accompagnés de pavesches ou pavesiens, soldats chargés de porter leurs boucliers. On se servait encore chez les Francs de cabas et de mantelets, énormes boucliers couvrant plusieurs hommes, et que leur poids obligea plus tard à monter sur des roulettes. Au temps de la chevalerie, la cavalerie et l’infanterie font un grand usage des boucliers : cette, pelte ou targe, armes en bois, en corne, en cuir dur, rondes, ovales, carrées ; en losange, échancrées parfois, -parfois aussi irrégulièrement contournées ; rondelle ou rondacne, bouclier ayant la forme d’une calotte sphérique, soit en fer poli, soit en airain, soit en acier, paré de bordures de velours et de franges. La rondelle ou rondache était généralement divisée en trois parties : au pourtour, -la frise ; au milieu, l’ombilic, et entre la frise et l’ombilic, le champ. Cette dernière partie était la plus ornée. L’ombilic était parfois surmonté d’une pointe en acier ; la rondelle prenait alors le nom de thaulache. U y avait aussi la rondelle à poing, beaucoup plus légère et beaucoup plus maniable. Tous les boucliers se portaient au moyen d’une poignée en bois ou en fer, à laquelle était quelquefois fixé un gantelet pour la main gauche. Certains boucliers étaient munis à l’intérieur d’une épée dans son fourreau, ou d’une lanterne de nuit, dont la lumière s’échappait par un trou correspondant percé dans le bouclier. Quand les seigneurs se revêtirent d’armures complètes, se bardèrent de fer, le bouclier eut des dimensions moindres : il devint Vécu (scutum) porté par un homme d’armes, l’écuyer. Chaque chevalier, combattant en champ clos, se faisait reconnaître par des signes distinctifs, gravés sur son écu, signes, marques qui se perpétuèrent dans les familles et devinrent plus tard leurs armes, leur écusson. Cette mode était loin d’être nouvelle ; chez les Grecs et chez les Perses, l’nsage était d’inscrire sur le bouclier le nom du guerrier et sa patrie. Dion rapporte que le nom de Cléopâtre ornait le bouclier de ses soldats. Les soldats de saint Louis, pendant le combat, portaient l’écu suspendu au cou par une courroie qu’on nommait guigue, et, au repos, ils le mettaient à la ceinture ; en mer, on le plaçait sur le bord des navires pour former avec la partie supérieure une sorte de fortification, îl était souvent convexe à l’intérieur et garni à l’extérieur d’une pointe ou umbo, qui pouvait au besoin servir de défense et que nous retrouvons au chanfrein et au poitrail des chevaux. Vers la fin du xine siècle, le petit écu avait succédé à l’écu long ; son usage subsista jusque vers la fin du xve, avec quelques modifications toutefois, entre autres celle qui consistait h. pratiquer une échancrure à la partie supérieure pour laisser passer la lance. À partir du x VIe siècle, l’ancienne targe franque reparaît, puis le pavois que l’on trouve exclusivement réservé aux archers. Quant aux

chevaliers, on les voit porter l’écu rond, ou légèrement ovale, qu’on désigne sous les noms de roelle, rouelle et de rondache. « Il y avait, dit l’auteur des Armures depuis Homère jusqu’à nos jours, la rondelle a poing, qui était tellement petite, qu’elle ne servait que polir garantir la main des coups de dague ou de rapière. On l’employait surtout dans les combats singuliers. »

Au moyen âge, l’infanterie, qui était composée de gens pauvres et de basse condition, porta presque toujours des boucliers en bois, sans ornement et de petite dimension. Certains corps seulement, les pavescheurs par exemple, firent usage du grand bouclier, soit pour approcher des places, soit pour les miner à couvert. Il y eut encore un accessoire fort étrange dans l’emploi du bouclier, dont l’usage fut san3 doute suggéré par l’emploi dans la cavalerie du bouclier vissé à l’épaule ; nous voulons parler des ailettes, qui consistaient en deux plaques carrées de métal, que l’on portait fixées sur les deux épaules et dont les exemples sont assez rares. Cet ornement dura peu ; nous ne le rencontrons guère en France que pendant une soixantaine d’années.

Presque toutes les nations de l’Europe ont eu leurs boucliers : les Italiens, le scudo, le clypeo, la targa et la roiella ; les Espagnols, le broguel, l’adarga, la tarja, l’escudo, la rodella ; les Allemands, le schild ou runaschild ; les Anglais, le buckler ou shield.

Les peuples de l’Inde s’arment de boucliers en roseaux nattés et en cuir bouilli ; les Mahrattes fabriquent des boucliers en peau de rhinocéros. Les Chinois ont un bouclier découpé en queue d’hirondelle. Toutes les peuplades nègres d’Afrique se battent avec un bouclier rond, d’un cuir solide et épais. On a retrouvé chez les Mexicains des boucliers de bois ou faits avec des écailles de tortue, enrichis d’ornements d’or ou de cuir. Les sauvages de la Nouvelle-Zélande se servaient de boucliers en écorce d’arbre.

Le bouclier a été abandonné en Europe, lors de l’invention des armes à feu. Cependant ou -voit Sully aller reconnaître le château de Montmélian (1600) avec une grande rondache qui le protégeait contre les feux de l’ennemi. A la bataille de Preston-Pans, en 1745, les montagnards du prince Édouard jettent loin d’eux leur fusil, se couvrent aveb leurs petits boucliers, et se précipitent sur les Anglais, qu’ils enfoncent le sabre à la main. Les Génétains d’Espagne sont les dernières troupes qui aient porté l’écu. Le milieu du xvn<s siècle vit disparaître définitivement l’armure et le

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bouclier de métal, devenus tout à fait mutiles comme défense contre les projectiles modernes. On appelait boucliers votifs, chez les anciens, ceux que l’on consacrait aux dieux ■ après quelque victoire, et les murs des templesen étaient chargés ; ce fut ainsi qu’après la défaite de Philippe de Macédoine, son vainqueur fit déposer dans le Capitole dix boucliers d’argent et un d’or massif.

Il y eut aussi dans les temps antiques les boucliers symboliques, dont parle Eschyle : le bouclier de Tydeus est un carillon d’airain ; des grelots sonnent l’épouvante. Il y a, sur ce bouclier, pour outrecuidante devise, un ciel ciselé, tout constellé des feux du soir, et au centre, resplendissante, lalune en son plein, la reine des astres, l’œil de la nuit. Le bouclier de Capaneus portait aussi une « outrecuidante» devise : c’était un homme nu, un pyrophore avec une torche enflammée dans la main, qui criait ces’ mots en lettres d’or : « J’incendierai la ville. » Le bouclier de Néitide porte une devise qui n’a rien de vulgaire : un oplite, aux degrés d’une échelle, monte contre le rempart ennemi ; il crie, lui aussi, ces mots gravés : « En personne, Ares ne me culbuterait pas des murailles. » Quant à Hippomédon, il a « un bouclier d’envergure & me donner le frisson, il faut bien l’avouer. Il n’est point d’un ciseleur ordinaire, ce bouclier, un vrai chef-d’œuvre. Typhon y marche, le feu à la bouche et la noire fumée, sœur chatoyante du feu. Des entrelacements de serpents courent en relief tout autour du métal massif, font bordure au ventre, à la partie creuse de l’armure. Hyperbios a sur le sien Zeus, le père, debout, le trait flamboyant en main ; et Parthénopée l’Arcadien portait le fléau de Thèbes, le sphinx, sur son bouclier d’airain, vaste sphère a couvrir.son corps, i

Parmi les boucliers qu’on peut appeler historiques, en raison de leur célébrité, il faut mettre en première ligne le bouclier d’Achille, décrit avec tant de complaisance par le vieil Homère. «Sur le milieu, dit-il, Vulcain figura la terre, le ciel, la mer, le soleil infatigable, la lune en son plein, et tous les astres dont les cieux sont couronnés : les Pléiades, les Hyades, le géant Orion, l’Ourse qu’on nomme aussi le Chariot et qui tourne toujours aux mêmes lieux, en regardant Orion, la seule des constellations qui ne se baigne pas dans l’Océan. »

Puis le reste de la surface, ainsi que la bordure du bouclier fameux, est couvert par la représentation des sujets les plus divers, empruntés à la guerre, à l’agriculture. C’est tout un potune que la description de ce bouclier, chef-d’œuvre de la ciselure, colorié par l’émail en fusion, et qui semble avoir été fabriqué pour fournir au cnantre.de l’Iliade ses pages les plus splendides.

Le bouclier d’Hercule fait en quelque sorte le pendant de celui du fils de Thétis ; ce fut aussi Vulcain qui le forgea, et la vie du héros est toute retracée sur ce bouclier superbe, au centre duquel étincelle un dragon monstrueux dont les yeux jettent des flammes, dont la gueule s’entr’ouvre béante pour laisser voir une redoutable rangée de dents éblouissantes et menaçantes. Douze serpents s’enlacent sur le métal ciselé ; les flots bleus de l’Océan lui servent de ceinture, et les Lapithes et les Centaures s’y livrent un combat acharné, tandis qu’à leurs côtés de jeunes époux, le front couronné des fleurs de l’hyménée, se regardent amoureusement, et qu’ailleurs le sombre tableau des Parques inspire la terreur et l’effroi. Le bouclier d’Enée termine cette trilogie fameuse. Quelle diversité de scènes, que de sujets curieux représentés sur le métal brillant 1

IHic res Italas Romanorumçue triumpkos, Eaud vatumignarus venturique inscius œvi, Fecerat Ignipotena ; illic genus omne futurœ Stirpis ab Ascanio, pugnatague in ordine bella. Fecerat et viridi felam Mavortis in antro

Proculmisse lupam ;

(Enéide, 1. VIII, v. 626 et suiv.) Le Nil et l’Euphrate y roulent leurs ondes argentées, les Gaulois et les Saliens, Porsenna et Manlius, Caton et Catilina, la louve de Mars et la postérité d’Ascagne, tels sont les principaux tableaux que le vers harmonieux de Virgile s’est plu à retracer à la louange d’Auguste.

À ces trois boucliers, que nous connaissons • par les magnifiques descriptions de trois poëtes illustres, nous pouvons joindre le bouclier de Scipion, qui, péché dans le Rhône en 1656, orne aujourd’hui le cabinet des antiques de la Bibliothèque impériale. Les savants à qui fut soumise cette curieuse trouvaille crurent y reconnaître un bouclier votif, qui aurait été fabriqué à Rome l’an 210 av. J.-C. et que Scipion aurait perdu dans le Rhône lorsqu’il revenait d’Espagne en Italie. Scipion y serait représenté au moment où il rend à Allucius sa fiancée, dont il avait respecté l’honneur, et le prince cettibérien lui en aurait fait hommage par reconnaissance. Mais d’autres savants doutent que ce disque d’argent, pesant 48 marcs, soit un bouclier ; ils pensent que c’était un simple plateau, où un artiste du ne siècle do notre ère avait ciselé l’histoire de Briséis, rendue à Achille par Agamemnon.

Bouclier d’Hercule (le), petit poème attribué à Hésiode. C’est le récit du combat d’Hercule contre Cycnus, précédé d’un préambule sur la naissance du héros, et coupé pa»-