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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 1, Ca-Cap.djvu/44

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gnêsium, etc. La principe immédiat diffère cependant de la substance minérale par un caractère très-important au pointde vue qui nous occupe : les éléments qui le composent se dissocient plus aisément et constituent des combinaisons plus instables. Ainsi, non-seulement la chaleur peut détruire les combinaisons orfaniques, mais l’influence seule de la mort les étruit au sein du cadavre. Tant que la vie résidait dans le corps, le principe immédiat vivait avec lui ; ou, s’il se détruisait, c’était pour se renouveler sans cesse. Mais la mort est arrivée, l’influence de la vie ne contre-balance plus l’action des forces physiques ; le principe immédiat rentre sous la dépendancé de ces forces et se détruit.

À l’aide de ces principes, nous pouvons donc prévoir l’avenir du cadavre. L eau, qui forme la presque totalité de la matière pondérable du corps, va s’évaporer ; la substance minérale restante, qui ne forme plus qu’une minime fraction de la substance du cadavre, va demeurer au lieu même où ce cadavre a été déposé ; enfin, le principe immédiat, qui forme la presque totalité du corps privé d’eau, va se dissocier, et ses éléments vont entrer dans de nouvelles combinaisons. C’est la série de ces modifications physiques et chimiques qui constitue ce que nous avons appelé la vie du cadavre. C’est, en effet, une vie toute chimique, i) est vrai, mais pleine d’activité ; c’est une série de combinaisons et de décompositions, de synthèses et d’analyses, de formations et de destructions comparables, à certains égards, aux. phénomènes physico-chimiques de la vie visante. Mais la différence essentielle est que la vie de l’être vivant tend a la conservation et au développement du corps, tandis que la vie du cadavre tend à sa destruction et à son anéantissement.

Aussitôt après la mort, le sang se décompose ; la partie liquide s’infiltre dans les tissus, la tibrine solidifiée se dépose dans le cœur et les vaisseaux. Puis l’eau s’évapore, entraînant av.ee elle quelques produits volatils : d’abord, ces produits trahissent leur présence Ear une odeur de viande fraîche ; mais, au ont de peu de temps, cette odeur devient fade, aigre, désagréable. À ces signes ou reconnaît la décomposition cadavérique. Elle commence après un temps variable suivant l’hygrométricité du milieu ambiant, la température du lieu, l’état du cadavre, la nature de la maladie qui a occasionné la mort ; mais, à moins que le cadavre ne soit soustrait a la libre action des milieux normaux, la décomposition est inévitable. Elle se prolonge ainsi pendant un temps plus ou moins long, et, du reste, extrêmement variable ; elle a pour résultat la disparition "complète des parties molles du cadavre dont il ne reste que le squelette. Le squelette lui-même, quoique résistant plus longtemps aux causes de destruction, finit par disparaître, et l’être vivant ne laisse plus sur la terre aucune trace de son passage.

Cependant, nous savons bien que rien ne se crée, que rien ne se perd dans la nature ; si ce cadavre a disparu, cela ne peut venir que de ce que ses éléments dissociés sont entrés dans de nouvelles combinaisons. Malheureusement, les produits intermédiaires de la décomposition cadavérique nous sont encore peu connus. « Soit répugnance, dit M. Malaguti, soit toute autre difficulté, aucun chimiste, jusqu’à présent, n’a eu le courage de suivre pas à pas les progrès de la putréfaction et d’en étudier les produits successifs. » Ce que l’on sait, c’est que les produits odorants et infects, dont le dégagement accompagne la décomposition cadavérique, sont, vraisemblablement, des composés sulfurés, phosphores et ammoniacaux. Les substances protéiques de l’organisme contiennent en effet de l’azote,

?uelquefois du phosphore, quelquefois du soure ;

elles peuvent donc donner lieu à la production de matières gazeuses, telles que l’ammoniaque, le carbonate d’ammoniaque, la

sulfhydrate d’ammoniaque, l’hydrogène sulfuré et les hydrogènes phosphores. Est-ce à l’inflammation spontanée de 1 hydrogène phosphore qu’est due l’existence de ces feux fol-Jets qu oà aperçoit quelquefois le soir, à peu de distance du terrain des cimetières et des voiries d’animaux morts ? On le présume ; mais les preuves directes n’en ont pas été fournies. Ce que l’on sait encore, c’03t que l’oxygène de 1 air intervient toujours dans les phénomènes de la décomposition cadavérique ; le résultat de cette intervention est la production de corps brûlés : l’eau et l’acide carbonique. Quelquefois on observe la formation de i’acîde azotique. Il est probable que, si le cadavre se décompose en présence des matières basiques, l’ammoniaque mêlée à l’oxygène peut se décomposer et donner naissance à cet acide.

Un produit intermédiaire de transformation, non moins important que les précédents, est le gras de cadavre. Ce corps n’est pas autre chose qu’une combinaison d ammoniaque avec les acides gras de la graisse, c’est-à-dire un véritable savon soluble. Sa disparition dans le sol, sous l’influence des pluies et des eaux d’infiltration, est ainsi tout expliquée.

Les résidus de la décomposition cadavérique ne sont pas beaucoup mieux connus que les produits intermédiaires. Cependant, après que les produits gazeux ont été disséminés dans l’atmosphère, on sait qu’il ne reste plus du cadavre que quelques sels fixes, du char CADA

bon, une huile lourde et des sels ammoniacaux ; le tout forme un résidu terreux que les eaux des pluies et les infiltrations disséminent peu à peu, de telle sorte que le squelette reste seul, privé de toutes ses parties molles.

Ce squelette lui-même n’est pas immuable. La matière animale des os enfouis s’use et disparaît peu à peu, subissant probablement des transformations plus lentes, mais analogues à celles des autres principes immédiats organiques ; la matière minérale demeurée intacte constitue un résidu terreux qui se dissémine, lui aussi, avec le temps. Quelquefois, le hasard fait naître des conditions particulières au milieu desquelles s’opère un mode nouveau de transformation : la fossilisation du squelette. Dans ce cas, la matière minérale et la matière animale de l’os sont lentement éliminées, et remplacées, molécule à molécule,

Ïiar une matière minérale fossilisante ;’ mais a pétrification complète demande un temps très-long. On peut quelquefois évaluer, fort approximativement d ailleurs, l’âge d’enfouissement d’un os ; il suffit de doser la matière animale qu’il contient encore. Cette quantité ’ est inversement proportionnelle au temps depuis lequel l’os a été enfoui.

Nous venons d’exposer les faits ; il nous reste à faire connaître les théories imaginées pour expliquer ces transformations multiples et leur succession.

Les anciens professaient que le cadavre devenait la proie des vers. Dans cette hypothèse, ou le voit, il ne reste plus de place aux phénomènes chimiques. Pour les anciens, la vie naissait de la mort et de la corruption ; les modernes n’acceptent cette hypothèse que par un certain côté. « Un cadavre en putréfaction, dit M. Malaguti, ne se compose souvent que d’insectes qui ont vécu a ses dépens ; sa matière s’est donc animée surplace ; elle a subi une véritable métamorphose, et la mort n’a été pour elle qu’un court passage. • Mais l’assertion des anciens doit-elle être regardée comme l’expression véritable et complète des faits ? Il est incontestable que si une portion quelconque de matière organisée est exposée a l’air libre, des mouches, sans doute attirées par l’odeur qu’elle dégage, viendront y déposer leurs œufs ; de ces œufs sortiront des larves connues sous le nom d’asticots, et qui vivent de cette viande corrompue. Il est incontestable aussi que des cadavres ont été retirés de terre tout couverts de larves de divers insectes qui s’en repaissaient ; mais de 1^ à voir dans ce phénomène tout accidentel la cause générale de la destruction des corp» morts au sein de la terre, il y a loin. La présence des larves, quand elles existent sur la cadavre, est une cause puissante de destruction de la matière, surtout une cause de dissémination rapide ; car des larves devenues mouches s’élancent dans l’atmosphère et répandent au loin la matière dont elles se sont repues. Mais l’intervention de la larve n’est ni indispensable ni suffisante pour expliquer la destruction cadavérique. Si, en effet, une portion de matière organisée est placée à l’abri de l’atteinte des insectes ailés, emprisonnéa dans un tissu métallique comme, par exemple, les parois d’un garde-manger, les larves ne s’y développeront pas, et cependant la matière organisée changera d’odeur : elle se faisandera d’abord, elle se corrompra ensuite. Sans doute, dans la terre des cimetières ou des voiries d’animaux morts, les cadavres ne sont pas ordinairement placés hors de l’atteinte des insectes, mais cependant leur présence n’y est jamais qu’un phénomène accidentel et non une cause puissante de désorganisation cadavérique.

Les modernes se sont rattachés plus expressément à la théorie de la putréfaction. Pour les chimistes de l’école de Liebig, la décomposition cadavérique n’est qu’un mode de fermentation : la fermentation putride ou putréfaction. Il est certain que si l’on soustrait le cadavre aux conditions essentielles à la fermentation, la putréfaction ne s’établit pas. Ces conditions sont : la présence de l’oxygène ou de l’air, une certaine humidité, une température de quelques degrés au - dessus de zéro, enfin, la présence d’une matière ferrnentescible et d’un ferment. Las expériences ont établi : 1° que si un cadavre est conservé à l’abri de l’air et de l’oxygène, dans le gaz azote, par exemple, il s’y conserve sans décomposition ; 2° que la dessiccation d’un cadavre, ou simplement que l’intervention d’un corps avide d’humidité tel que l’alcool ou le sel, empêchent également la putréfaction ; 3" qu’un certain abaissement de température entrave aussi la décomposition cadavérique ; 4» enfin, que toutes les substances qui ont pour effet de s’opposer, par leur présence, à la fermentation sont également propres a empêcher la dissolution du cadavre. Il semble donc résulter <de ces expériences que la fermentation est bien réellement le mode de destruction de la matière organisée, et cette hypothèse est confirmée par l’observation des phénomènes qui accompagnent cette destruction. Nous voyons, en effet, comme produits ultimes de la décomposition, l’eau et l’acide carbonique. Ne sont-ce pas là les produits que peuvent engendrer des composés hydrocarbonés fermentant en présence de l’air ? Ne reconnaissons-nous pas les mêmes produits ultimes dans la fermentation alcoolique ? Quant aux ferments et aux matières fermentescibles, les produits immédiats azotés albuminoïdes, si nombreux dans

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l’économie, ne nous présentent-ils pas la composition chimique ordinaire des ferments et « es matières fermentescibles ? Et, en effet, tout prouve que ces substances jouent ce double rôle, à la manière des ferments sur les matières fermentescibles.

La théorie qui attribue la destruction du cadavre à l’établissement d’une fermentation de nature spéciale n’a pas été sérieusement attaquée. Quelques chimistes, cependant, ne veulent voir dans cette fermentation qu’un cas particulier du mode de destruction des matières végétales accumulées, c’est-à-dire une combustion lente. Ils se fondent sur la présence de l’eau, de l’acide carbonique et de l’ammoniaque, produits brûlés, et sur le dégagement de chaleur qui accompagne la décomposition cadavérique.

M. Pasteur, dont les beaux travaux ont ému dans ces derniers temps nos Académies, n’a pu manquer d’aborder le sujet de la décomposition cadavérique. Cet illustre savant a, comme on le sait, proposé des explications toutes nouvelles de nos fermentations. Pour lui, le ferment n’est toujours qu’un être vivant, microphyte ou microzoaire ; la substance fermentescible n’est que la substance alimentaire de l’être microscopique ; enfin, les produits de la fermentation ne sont que les sécrétions excrémentielles de cet être. Laissons à M. Pasteur le soin d’expliquer lui-même comment sa théorie s’applique à la destruction du cadavre d’animaux morts, observés dans les conditions ordinaires de l’inhumation. « Si les êtres microscopiques, ditM. Pasteur, disparaissaient de notre globe, la surface de la terre serait encombrée de matières organiques inertes et de cadavres de tout genre. Ce sont eux principalement qui donnent à l’oxygène ses propriétés comburantes. Sans eux, la vie deviendrait impossible, parce que l’œuvre de la mort serait incomplète. Après la mort, la vie reparaît sous une autre forme et avec des propriétés nouvelles. Les germes, partout répandus, des êtres microscopiques, commencent leur évolution, et, à leur aide, l’oxygène se fixe en masses énormes sur les substances organiques que ces êtres ont envahies, et en opèrent peu à peu la combustion complète. >

Ehremberg a décrit six espèces de vibrions auxquels il a donné les noms suivants : vibrio lineola, vibrio tremuleus, vibrio subtilis, vibrio rugula, vibrio prolifer eivibrio baciHus, ..*Ces six espèces de vibrions sont six espèces de ferments animaux, e* Je sont les ferments de la putréfaction. Tous ces vibrions peuvent vivre sans gaz oxygène libre, et ils périssent au contact de ce gaz, si rien ne les préserve de son action directe. » Voyons maintenant ces êtres microscopiques occupés à leur œuvre de destruction. «... Nous nous trouvons ainsi, après de longs détours, ramenés à l’homme et aux décompositions que le cadavre subit après la mort. Le canal intestinal de l’homme, comme celui de, tous les animaux supérieurs, est toujours, durant la vie, rempli non-seule-Eaent de germes de vibrions, mais encore de vibrions adultes déjà développés. Leewenhoeck les avait déjà aperçus chez l’homme. Ils demeurent inoffensifs tant que le mouvement de la vie fait obstacle à leur développement ; mais, la mort arrivée, leur rôle commence. Privés d’air, baignés de liquides nourrissants, ils détruisent, en allant du dedans au dehors, toute la substance qui les entoure. Pendant ce temps, ’ les petits infusoires, dont l’air a attaché les germes dans les anfractuosités de l’épiderme, se développent également et commencent leur travail en allant du dehors au dedans. Comme des mineurs ennemis auise cherchent sous les remparts d’une place e guerre, les légions -remuantes des infusoires finissent par se rencontrer : tes vibrions expirent aussitôt qu’ils arrivent près de leurs adversaires et au contact de l’atmosphère ; les infusoires eux-mêmes meurent quand ils ont dévoré tous les vibrions. L’ceuvre de la destruction est alors achevée, et tout retombe dans l’immobilité inorganique. ■

Cependant, malgré l’importance que M. Pasteur attache à l’intervention de ces êtres infiniment petits, il ne nie pas l’existence d’une action chimique réciproque entre les éléments constitutifs des matières animales. Si l’on prend une masse de chair musculaire et qu’on s’oppose à l’altération qu’elle peut subir à sa surface extérieure parla présence des infusoires, il ne s’ensuivra pas que cette viande conservera ses qualités des premières heures. Malgré l’absence des vibrions à l’intérieur de cette masse, un travail s’y opère ; ce sont des actions de présence, la réaction des solides et des liquides les uns sur les autres. Il y aura formation de matières nouvelles qui ajouteront à la saveur de la viande leur propre saveur ; en un mot, la viande se faisande si elle est en petite quantité, elle se gangrène si elle est en masse plus considérable.

Les opinions de M. Pasteur ne sont peut-être pas encore admises sans contestation dans la science ; mais elles constituent un véritable progrès, en apportant à l’étude des fermentations une multitude d’expériences et d’observations précieuses.

— Méd. Le cadavre présente un autre intérêt au médecin. La connaissance des lésions occasionnées dans nos organes par les agents morbides ne peut nous être révélée que par l’autopsie cadavérique ; c’est-à-dire par l’ouverture du corps après la mort, et la constatation directe de ces lésions. L’autopsie oada CADA

vérique est le fondement de l’anatomie pathologique, de la science qui nous enseigne à connaître les maladies Par la nature des altérations organiques qu elles provoquent au sein de l’économie vivante. Une telle étude ne pouvait précéder celle da l’anatomie normale, car elle ne résulte que de la comparaison qui s’établit entre l’organe sain et l’organe malade ; cependant les fondateurs de l’anatomie normale ont été aussi les fondateurs de l’anatomie pathologique : nous voulons désigner Montaguana, Benedetti, Benevieni et Vésale. Depuis quelques années, au sein de l’école de Paris^particulièrement, et sous la puissante inspiration de Dupuytren, les recherches d’anatomie pathologiquéont pris une importance de premier ordre et donné à la médecine un degré de vigueur dont elle était restée fort éloignée jusqu’ace moment. Dans la plupart de nos hôpitaux, les cadavres des malades qui succombent à des maladies organiques sont autopsiés en présence des élèves ; c’est-à-dire que les cavités splanchuiques étant ouvertes, on meta découvert les organes qu’elles renferment, et on cherche à y reconnaître les dispositions anormales ou vicieuses, les altérations de structura congénitales ou acquises, et les délabrements de diverse nature dont ils peuvent être le siège (V. an&tomie pathologique et autopsie). C est là ce qui constitue le mode d’investigation que les médecins désignent sous le nom de recherche des lésions morbides post marient ; soit que cette recherche ait pour objet de préciser ou de confirmer un diagnostic établi pendant la vie, soit même qu’elle ait pour but do faire connaître des lésions restées inconnues.

— Méd. lég. Histor. L’examen des cadavres, dans le but de s’assurer s’il v a eu homicide ou quelles sont les causes qui ont pu amener la mort, remonte à la plus haute antiquité. Moïse y fait allusion dans ses livres. Les auteurs latins, Tacite, Suétone, etc., nous apprennent que l’examen extérieur des cadavres servait à ces constatations ; mais le peuple s’instituait ordinairement juge compétent en cette matière. Le cadavre de César assassiné fut cependant soumis à l’examen du médecin Antistius, qui constata que l’une des vingt-trois blessures était, à l’exclusion de toutesles autres, seule mortelle. Gaiien nous donne, dans ses livres, quelques préceptes de médecine légale relatifs à cette matière ; mais c’est à Justinien que nous devons l’institution de la réquisition légale des médecins. Le moyen âge méconnaît ces sages prescriptions et y supplée par les pratiques de la plus absurde superstition. Les individus soupçonnés d’attentats homicides sont soumis aux épreuves par l’eau ou le feu ; l’écoulement de sang d’un ca~ davre ou cruentation (phénomène qui se produit quelquefois) est regardé comme une dénonciation avérée du meurtrier. Il faut aller jusqu’à Charles-Quint pour trouver une règlementation de cette matière conforme à la justice et à la raison. L’article 149 de la Constitution Caroline ordonne l’examen juridique du cadavre de tout homme supposé mort assassiné. Les. rois de France et les parlements ont également, à diverses époques, formulé quelques dispositions sur cette matière ; mais ces réglementations sont aujourd’hui abrogées et remplacées par les dispositions énoncées dans les articles 77 et 81 du Code civil, 43 et 44 du Code d’instruction criminelle, lesquelles déterminent les précautions à prendre avant l’inhumationdes personnesqui paraissent avoir succombé de mort violente, ainsi que les réquisitions des médecins et officiers de santé pour l’examen juridique des cadavres.

Les questions de médecine légale qui se rapportent au sujet que nous traitons peuvent être ramenées à quatre cas principaux : la levéa du cadavre ; 2» l’examen du cadavre avec présomption d’homicide ; 30 l’examen du cadavre dans le but d’établir si les lésions qu’il présente sont d’origine antérieure» ou postérieure à la mort ; 40 l’examen du eadavre dans le but da préciser à quelle époque remonte la mort.

10 levée du cadavre. Cette première opération, dont l’exécution est ordinairement abandonnée aux mains de personnes étrangères à l’art de guérir et à la magistrature, est cependant, sinon la plus délicate, du moins la plus importante. Dès le moment qu’un cadavre abandonné est rencontré sur la voie publique, ou dès le moment qu’il est découvert dans l’intérieur d’une habitation, le premier soin, disons mieux, le premier devoir qu’ait à accomplir l’auteur de cette découverte est de s’assurer si tout espoir de le ramener à la vis est entièrement perdu, et de lui prodiguer, s’il y a lieu, tous les secours que réclame son état. Il est triste d’être obligé de constater que le progrès de la civilisation n’a pas encore déraciné ce misérable préjugé : qu’en présence d’un pendu, par exemple, il n’est point permis de toucher à la corde avant l’arrivée du magistrat mandé sur les lieux. Nous ne saurions trop dire et répéter que cette prescription n’existe nulle part dans la loi, et que la première chose à faire, en pareil cas, est de couper la corde et de tenter de ramener le malheureux à la vie. Nous renvoyons, pour tout ce qui concerne les soins à donner aux blessés et aux asphyxiés, aux articles que nous avons consacrés à ces matières. V. asphyxie, blessé.

Si cela est nécessaire, le cadavre est ensuite» transféré dans un lieu plus propre à faciliter les recherches dont il pourra être l’objet ; mais,