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pouvoir, sacrifie ses convictions ; l’homme d’action qui se forme à la vie politique par la vie des camps. Le premier est l’avocat Jean-Bernard Poggei, député au parlement piémontais, qui, pour faire son chemin, a toujours pensé que le plus sage était de ménager, comme on dit vulgairement, la chèvre et le chou, de se tenir prêt à tout événement, et de faire le libéral avec les libéraux et le rétrograde avec les austro-cléricaux. C’est un type dont nos dernières révolutions nous ont donné en France plus d’un exemple.

Le second personnage de cette galerie, plus triste que le premier, ne manque pas non plus de vérité. Le chevalier Grechi de Savornio est un ancien socialiste devenu préfet, grâce à une honteuse palinodie. Encore un de ces hommes qui pullulent en France de nos jours.

Le dernier personnage est Mario Tiburzio, un Romain digne des temps de Camille, dont le magnifique caractère console des deux types précédents. Fils d’un carbonaro, conspirateur dès sa jeunesse, Tiburzio a échappé à la mort par l’exil, et, lorsque Charles-Albert arbore le drapeau tricolore, en 1848, il accourt, plein d’intelligence, de savoir et d’expérience, s’engager comme simple soldat dans un bataillon ne bersaglieri. Il est toujours le premier au feu et devient officier ; à la paix, il se retire, et n’entre au parlement qu’en 18E6, après le congrès de Paris, où la politique franchement italienne du Piémont fut si hardiment professée par M. de Cavour. C’est dans ce dernier récit, où tous les personnages du livre sont en scène, que l’on voit une curieuse figure de l’aristocratie absolutiste du Piémont, lo marquis de Baldissero, excellent type. Son fils aîné, le marchesino, est aussi fort réussi. C’est le jeune noble vain, ignare, orgueilleux et insignifiant. Los deux cadets, jeunes officiers pleins de préjugés nobiliaires, ne se soucient en aucune façon de l’Italie, et, s’ils font intrépidement leur devoir devant l’ennemi, c’est par amour pour la guerre et par dévouement pour le roi. L’un est tué à Goito, l’autre à Novare. Il y a encore un comte de San-Luca, jeune fat accompli.

En un mot, dans ce volume, M. Bersezio a dit la vérité, sinon à tous, du moins à quelques-uns, avec une finesse d’observation et une sincérité dignes d’éloges. Il a rendu un service réel à tout le monde ; à son pays, en lui mettant devant les yeux un miroir qui grossit un peu ses défauts ; aux étrangers, en leur donnant une idée des qualités et des vices que la vie politique a développés en Piémont.

Caractères et récita du lempl, publiés en

1858, par M. Paul de Molènes. Ce livre renferme huit nouvelles : les Souffrances d’un houzard, la Comédienne, les Soirées du Bordj, une Légende mondaine, Cornélia 2’ulipani, C’était "vrai et la Garde mobile. À l’exception du dernier morceau, qui se rattache à l’histoire publique de notre pays, tous les autres sont de pure invention. Les caractères sont vrais, les faits par lesquels l’auteur a essayé de les développer sont complètement fictifs, et l’on peut en croire M. de Molènes, lorsqu’il affirme que ces fragments ont été composés loin de la France, au milieu de cette vie militaire dont il avait fait la sienne. Le principal mérite du livre, c’est sa complète sincérité. L’amour, telle est la passion que l’auteur analyse et étudie sous plusieurs faces. Dans les Souffrances d’un houzard et la Légende mondaine, nous voyons un de ces cœurs pleins de loyauté et de naïveté, qui croient l’amour chose sérieuse et se tuent pour ne point survivre à leur illusion. La Comédienne et Cornélia Tulipani nous montrent que l’homme marqué du sceau fatal des amours indignes, même lorsqu’il guérit, conserve au cœur une sorte de venin qui empoisonne tous ses plaisirs. C’était vrai, touchante histoire, dans laquelle une femme meurt de se voir abandonnée par celui qu’elle aime, semble avoir été écrit par esprit d’impartialité, pour accorder une revanche aux femmes, qui, dans les autres récits, étaient loin de jouer le plus beau rôle. Les Soirées du Jlcrdj sont des entretiens philosophiques sur Dieu, la religion, l’honneur et la vie militaire, où se révèlent les sentiments les plus élevés. Dans la Garde mobile, l’auteur, un des anciens officiers de ce corps, écrit son apologie en réponse aux attaques injustes dont ceux qu’elle a contribué à sauver ont récompensé ses services aux journées de juin 1848.

« Un écrivain ne doit pas être son œuvre tout entière, mais il ne doit pas non plus être absent de son œuvre. «Cette phrase de M. Paul de Mo’.ènes le caractérise si bien, que nous pouvons dire qu’il est, lui, tout entier dans ces deux lignes. L’idée est fine, juste, mais exprimée d’une façon un peu obscure ; c’est là le défaut de son style : élégant, choisi, spirituel, il manque parfois de naturel et de clarté. Sans que l’auteur vienne s’imposer en tiers au milieu des personnages qu’il fait parler, on s’aperçoit qu’il est toujours là, et c’est ce qui fait le charme principal du livre. M. de Molènes est un de ces esprits nobles, généreux, légèrement aventureux, pleins de chaleur et d’illusions, éprouvés par la souffrance, sans s’être guéris pour cela de leurs instincts cbevateresques. C’est bien le type, rare de nos

jours, de ces hommes de guerre, dont rien n’égale la naïveté dans les choses de la vie, si ce n’est le courage et la loyauté. On sent qu’il eût été incapable, comme Wolfgang, le héros de sa première nouvelle, de ne pas vouloir survivre à la perte de ses illusions. On

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croirait que c’est pour lui qu’a, été écrit le mot : le style, c’est l’homme ; car, en lisant les Caractères et récits du temps, on est toujours tenté de se retourner, comme si l’auteur se trouvait près de nous, pour lui serrer cordialement la main.

Caractère anglais (le), ouvrage philosophique, par Ralph Waldo Emerson. Un fait

que les penseurs sont unanimes à proclamer, c’est l’existence d’un certain être métaphysique qui s’appelle caractère national. Chaque nation possède une âme générale, qui se dégage des individus composant cette nation, qui circule invisible, intangible, et qui cependant dénote sa présence par des actes matériels. Est-ce une abstraction ou une réalité ? L’un et l’autre à la fois, serait-on tenté de dire. Le caractère d’une nation est une chose qui tient le milieu entre une conception de l’esprit et une réalité physique, qui est impersonnelle et qui agit cependant par les individus, qui n’existerait pas sans la nation et qui en est cependant indépendante. S’il est difficile de déterminer l’essence de cette âme nationale, demi-abstraction, demi-réalité, il est bien plus difficile encore de décrire ses traits et de les déterminer rigoureusement, sans s’exposer à recevoir un démenti formel de quelque fait inattendu ou ignoré. Les exceptions sont même quelquefois tellement nombreuses, qu’elles dépassent ta règle générale. « Parlez tant que vous voudrez de peuples et de siècles auxquels le don de la poésie a été refusé, disait naguère un des plus subtils analystes de ce temps-ci, et un jour il plaira à la nature de faire naître Pindare en Béotie, et André Chénier au xviue siècle. » Déclarez que l’esprit anglais est pratique avant tout, prosaïque par conséquent et amoureux de l’utile ; on vous répondra qu’il serait presque aussi vrai de dire que l’esprit anglais est essentiellement poétique, car les plus grands hommes de l’Angleterre ne sont peut-être pas James Watt et Arkwright. Le peuple anglais est doué d’une grande force de volonté, c’est là un fait généralement«(BConnu ; mais un observateur qui n’est pas préoccupé de se conformer aux opinions reçues remarque bien vite que la force d’imagination est pour le moins aussi grande, chez ce peuple, que l’énergie de la volonté. Les Anglais ont le goût pratique de l’agriculture, et ils poussent ce goût jusqu’à ses dernières limites ; mais ils ont aussi un naïf et sauvage amour de la nature, qui ne se trouve a ce degré chez aucune autre nation. Ils sont très-durs, très-froids, et cependant ils Ont une timidité d’enfant, une tendresse de femme, qui se révèlent parfois de la manière la plus charmante et la plus inattendue. Ils sont grands voyageurs, cosmopolites d’habitude, et en même temps essentiellement sédentaires, faits pour la vie domestique ; leur corps est partout, si nous pouvons parler ainsi, leur âme reste toujours anglaise. Ils ont des préjugés cruels, un pharisaïsme inique, et pourtant aucun peuple ne possède un tel amour de la justice, et dans aucun pays il ne se commet moins d’iniquités. Ce sont de véritables hommes libres, d’une indépendance farouche, et néanmoins ils sont plus soumis, plus obéissants que s’ils avaient été élevés toute leur vie sous un absolutisme paternel ou selon le code des jésuites du Paraguay. Leur égoïsme est devenu proverbial, ils sont avides, rapaces, absorbants, mais ils sont capables aussi des affections les plus passionnées et de dévouement à outrance. Leur gouvernement, leurs lois, leurs mœurs sont enveloppés de formes surannées, et offrent encoreàl’universcomme un musée.vivant du moyen âge ; ils n’en sont pas moins le peuple moderne par excellence. L’embarras est donc grand, quand on essaye de ramener a l’unité tant de phénomènes opposés ; on risque de se laisser égarer par les détails, d’observer trop minutieusement, et de se laisser séduire par trop de faits passagers et sans importance fondamentale.

Lesagace et subtil Emerson n’a pas échappé lui-même à ces dangers. Son livre sur le Caractère anglais abonde en pensées fines et en détails presque tous vrais, qu’il est allé chercher jusque dans les profondeurs de l’âme anglaise, mais qui ne sont que des détails. La question principale : Pourquoi l’Angleterre est-elle ce qu’elle est et en vertu de quelle qualité spéciale ? Que représente-t-elle dans le monde ? question qui pouvait seule ramener à l’unité tous ces détails ingénieux, se sent partout, mais n’est formulée nulle part. Le livre d’Emerson a une logique secrète qui suppose que le lecteur est d’accord d’avance avec lui sur les points fondamentaux, et que la controverse ne peut rouler que sur des détails. Il semble s’adresser spécialement à un public d’Anglo-Saxons, qui n’ont pas besoin qu’on leur apprenne le rôle qu’ils jouent dans le monde, et qui connaissent par l’instinct du sang les qualités propres à leur race ; aussi est-il plus capable de faire rêver que d’instruire réellement. Nous n’essayerons point d’analyser, dans ses innombrables détails, cette œuvre ingénieuse et complexe, et qui jouit, de l’autre côté du détroit, d’une si grande réputation ; nous nous contenterons simplement

d’en donner les conclusions principales, qui, jointes a ce que nous avons dit du livre, achèveront de le faire connaître. L’Angleterre représente la civilisation barbare. Le génie saxon, partout ailleurs contrarié, impuissant à s’exprimer sous une forme précise, mal pondéré et trop obéissant à ses instincts pour

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avoir appris à les gouverner, a trouvé en Angleterre son expression pratique, et a montré ce dont il est capable, non plus dans la vie spéculative, mais dans la vie politique et active. Traditions, institutions, langue, habitudes, caractère, vertus et vices, tout est là. profondément germanique. Il est entré de l’alliage latin dans cette civilisation, nous le savons ; mais dans une proportion minime, à peu près comme le cuivre dans nos monnaies et pour le même but ; il n’a servi qu’à donner à ce génie plus de sonorité et de solidité ; il a été la soudure qui a servi à attacher ensemble toutes les pièces de cette civilisation. Un peu de discipline était nécessaire pour que cette indépendance excessive ne devînt pas de l’anarchie ; un peu de culture romaine était nécessaire pour que cet esprit sauvage eût honte de lui-même et ne persistât pas dans son ignorant orgueil ; la civilisation romaine a fourni cette parcelle de discipline et de culture, et, sous 1 influence de cet imperceptible levain, la pâte barbare a fermenté avec une vigueur extrême. Les Anglais n’en sont pas moins restés ce qu’étaient leurs pères, et ils n’ont fait que développer en mieux leurs qualités et leurs instincts. Leurs pères étaient anarchiques, ils sont libres et indépendants ; leurs pères étaient marins et pirates, ils sont marins et commerçants ; leurs pères étaient fermiers, pêcheurs, chasseurs, ils le sont encore eux - mêmes ; leurs pères voyaient le monde animé par une légion de travailleurs invisibles nommés trolls ou nains, ils ont réalisé ce rêve de leurs pères et fait de l’Angleterre un royaume dé trolls humains. Ces barbares Scandinaves, si féroces et si sanguinaires, avaient, sous cette dureté extérieure, un cœur accessible aux sentiments les plus chastes et les plus délicats : ils avaient l’amour du foyer, le respect de la famille ; les Anglais modernes ont conservé ces sentiments, et y ont ajouté tout ce que la civilisation peut y ajouter de délicatesse. Le rude Nelson, frappé à mortàTrafalgar, trouve des accents de douceur familière, qui ne semblent pas devoir appartenir à cet implacable héros ; il se retourne vers lord Collmgwood : ■ Embrassemoi, Hardy, « dit-il avec la douceur d’un écolier. « Puis, comme un enfant qui va au lit, dit Emerson, il s’endort du sommeil éternel. » Dans les grands traits, comme dans les nuances les plus délicates, ils restent essentiellement germaniques. Tel est le vrai caractère de la nation anglaise, l’unité qui réunit en un faisceau toutes ses contradictions. Ce caractère méritait bien d’être décrit par un penseur de la valeur d’Emerson. Grattez la surface de l’homme, a-t-on dit, et sous l’épiderme du civilisé vous trouverez le sauvage ; on pourrait dire également : Grattez l’Anglais, et sous la couche de civilisation dont il est recouvert vous trouverez Je Saxon. L’ouvrage d’Emerson a été traduit en français et en allemand. Il parut en Amérique en 1856, et y obtint successivement plusieurs éditions ; il est moins

connu en France, peut-être parce que nous sommes moins intéressés à le connaître. Il reste néanmoins étonnant qu’il n’ait pas éveillé à un plus haut point le désir de le contredire.

Caractère» de l’amour (LES), ballet héroïque en trois actes, avec un prologue, paroles de divers auteurs, musique de Colin de Blamont, exécuté au concert de la reine, le 12 et le 17 décembre 1736, et à l’Académie royale de musique, le 15.avril 1738. Cet ouvrage eut du succès et fut repris plusieurs fois jusqu’en 1749. h’Amour constant, l’Amour jaloux, l’Amour volage sont les titres des entrées de cette œuvre médiocre. On y ajouta encore les Amours du printemps, le 1er janvier 1739.

Caractère* de la folle (LES), opéra-ballet en trois actes, avec un prologue, paroles de Duclos, musique de Bury, représenté par l’Académie royale de musique, le 20 août 1743, Cet ouvrage valut au compositeur le titre de maître de la musique du roi. Il était le neveu de Colin de Blamont et son élève. Il est à remarquer, que depuis le Dardanus de Rameau, représenté en 1739, jusqu’aux Fêtes de Polymène, du même maître (1745), on ne vit paraître aucun ouvrage de quelque valeur. »

CARACTÉRIEL, ELLE adj. (ka-ra-ktéri-èl, è-le — rad. caractère)- Néol. Relatif au caractère : Le bouilli est la bête d’aversion des femmes et des enfants, dont je veux soutenir dans ce chapitre les intérêts sexuels, sensuels et caractériels. Courier.) La soif des richesses est la dominante caractérielle de toutes les corporations religieuses, sans exception. (Toussenel.)

CARACTÉRISANT (ka-ra-kté-ri-zan) part, prés, du v. Caractériser : On définit en caractérisant.

CARACTÉRISANT, ANTE adj. (ka-ra-ktéri-zan

— de caractériser j. Qui caractérise : C’est un fait célèbre et bien caractérisant.. (St-Sim.) Il Peu usité.

CARACTÉRISÉ, ÉE (ka-ra-kté-ri-zé) part. pass. du v. Caractériser. Déterminé avec précision : Un rhume bien caractérisé. Un vice, un délit parfaitement caractérisés. L’arabe ne constitue nulle part des dialectes locaux régulièrement caractérisés. (Renan.) On chercherait en vain, en dehors du sud-ouest de l’Asie, quelque trace bien caractérisée du séjour antéhistorique des Sémites. (Renan.) Une zone étroite succède à celle-ci : elle est caractérisée par le chêne vert. (Martins.)

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— Dont le caractère est nettement indiqué : Lé comédie demande avant tout des personnages caractérisés.

— Marqué de caractères magiques : Plaques, anneaux caractérisés, il Vieux en ce sens.

CARACTÉRISER v. a. ou tr. (ka-ra-ktéri-zé). Déterminer avec précision ; indiquer ou constituer le caractère propre de : Les mœurs, plus que les lois, font et caractérisent une nation. (La Font.) La délicatesse dans le choix des mots caractérise les personnes de bon ton et de bonne compagnie. (Chesterfield.) Rien ne caractérise un mau~ vais règne comme la flatterie portée à l’excès. (Vauven.) C’est l’intention qui caractérise toutes les actions de la vie. (M’ue de Puisieux :) Jean-Jacques m’a fait observer, au bas des feuilles de tous les fruits à noyau, deux petits tubercules qui les caractérisent. (B. de St-P.) Racine, avec une douceur et une élégance qui caractérisent les petites passions, exprime l’amour, ses craintes, ses emportements. (Condill.) On ne dislingue les sensations qu’en leur attachant des signes qui les représentent et les caractérisent. (Cabanis.) Ce qui caractérise les partis, c’est d’avoir, sciemment ou à leur insu, des intérêts plus ou moins distincts de l’intérêt général. (J.Droz.) Bonaparte avait emprunté à t’Italie ce qui la caractérisait : la fougue doublée de ruse. (Villemain.) Ce qui caractérise le poète, c’est d’avoir un idéal. (Ste-Beuve.) Ce qui caractérise le despotisme, c’est le privilège. (E. de Gir.)

Se caractériser v. pr. Montrer son caractère, ses propriétés distinctives : La maladie se caractérise. Chaque siècle se caractérîse. (Michelet.)

Dans tout oo qu’on écrit, on se caractérise.

Mme Deshovliéres.

CARACTÉRISME s. m. (ka-ra-kté-ri-smerad. caractériser). Ressemblance de certaines plantes avec différentes parties du corps humain. Il Vieux et inusité.

CARACTÉRISTIQUE adj. (ka-ra-kté-risti-ke

— rad. caractériser). Qui caractérise : Signe caractéristique. Fossiles caractéristiques d’un terrain géologique. L’évidence est le signe caractéristique de la vérité. (Boiste.) La femme possède toutes les qualités caractéristiques de l’humanité. (Vacherot.) Plusieurs des propriétés caractéristiques de l’arabe se trouvent d’une façon rudimentaire dans les autres langues sémitiques. (Renan.) Toute souveraineté personnelle est caractéristique d’esclavage. (Colins.) La constance dans la charité est, chez la femme, le signe caractéristique de la vertu. (St-Mare Gir.) Le fait essentiel et caractéristique de la société civile en France, c’est l’unité des lois et l’égalité des droits. (Guizot.) Le lait caractéristique des institutions romaines était de former des hommes aptes à toutes les fonctions. (Napol. III.) La tendance à l’idéalisme est singulièrement caractéristique du génie français. (E. Scherer.)

— Gramm. Lettre caractéristique, Lettre qui se retrouve toujours dans des cas semblables qu’elle sert à déterminer : S est la lktthb caractéristique dupluriel, et, dans les verbes, de la seconde personne du singulier.

— Géom. Triangle caractéristique, Triangle infiniment petit que forment la différentielle de l’abscisse, celle de l’ordonnée, et l’élément correspondant de la courbe. Il On dit plus souvent triangle différentiel.

— s. f. Objet qui caractérise, trait distinctif : Une des caractéristiques des siècles de corruption est que la vertu et les talents isolés ne conduisent à rien. (Dider.) L’e muet, caractéristique ordinaire du féminin, rend longue la voyelle qui précède. (Ragon.) La guerre est la caractéristique du passé, et la paix la caractéristique de l’avenir. (Ch. Lemonnier.) La caractéristique essentielle de la vieille société est le paupérisme. (Colins.) La boisson, caractéristique obligée d’Hoffmann, est représentée par une coupe ciselée, en verre de Bohême. (Champfleury.) L’esprit de cupidité et de rapine est la vraie caractéristique de l’époque actuelle. (Proudh.) Faut-il ajouter à larace la caractéristique du culte et de la langue ? (Proudh.)

— Mathém. Signe ou caractère adopté avec un sens qui est toujours le même, comme abréviation constante du même mot : D est la caractéristique des différentielles, A celle des différences finies, n Partie entière d’un logarithme : Dans les logarithmes vulgaires, un nombre a autant de chiffres plus un qu’il y a d’unités à la caractéristique de son logarithme. Il Caractéristique positive, Caractéristique d’un nombre plus grand que l’unité ou positif. Il Caractéristique négative, Caractéristique d’un nombre plus petit que l’unité ou négatif, et qui doit être soustrait au lieu d’être ajouté, ce qu’indique le signe — (moins), qui surmonte la caractéristique.

— Géom, Nom donné par Monge à la courbe qui résulte de l’intersection de deux surfaces enveloppées consécutives, dans la génération des surfaces enveloppantes.

— Philos. Caractéristique universelle, Langue philosophique universelle projetée par Leibnitz, et dans laquelle les caractères auraient été choisis de façon à traduire les idées, au lieu d’Ôfre arbitraires comme dans les langues alphabétiques.