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provoquer quelqu’un devant le duc, et pour ce fuit Federico est banni de la cour ; le duc croit d’ailleurs que Federico est le traître en question, et se trouve heureux de cette occasion de l’exiler. Un troisième gentilhomme, Ciotaldo, celui qui précisément est d’intelligence avec le duc de Saxe (l’ennemi imaginaire du duc de Bomgogne), se trouve aussi être en rivalité d’amour avec Federico auprès de dona Flor. Cet exil lui laisse le champ libre ; il corrompt une servante et forme le dessein de pénétrer le soir même, de vive forée, dans la chambre de la belle abandonnée. Or, une des amies de dona Flor, donaFlerida.ne pouvant attirer chez elle le neveu du duc, Enrique, dont elle est amoureuse, lui a fait donner un rendez-vous dans la maison. Cette nouvelle intrigue consterne dona Flor, encore en pleurs depuis le départ de son amant ; mais qu’y faire ? Le gentilhomme est déjà dan ; ; l’escalier. À peine quelques mots d’explication ont-ils été échangés entre Enrique et Flerida, que le père de dona Flor, Manfredo, rentre. C’est lui qui a été cause de l’altercation entre le neveu du duc et Federico ; il est en proie au chagrin, et entrerait avec peine dans la confidence d’intrigues amoureuses. On cache Enrique comme on peut, et, vu l’heure avancée, Flerida se voit contrainte de mettre tin à sa visite. Le vieux Manfredo rentre chez lui, après avoir fermé toutes les portes, lîestent les fenêtres, heureusement, et la soubrette a déjà attaché l’échelle de cordo au balcon. Allons, beau sire, il faut déloger lestement. Enrique ne peut partir sans faire une déclaration a dona Flor ; il n’aime pas Flerida, et ne serait pas venu s’il n’avait cru être appelé par la fille de la maison. Pendant qu’il cherche des madrigaux, Ciotaldo survient, le manteau sur les yeux : il a profité de l’échelle. Du moment qu’un autre entre, Enrique n’a plus besoin de sortir ; on tire les épées, Ciotaldo le frappe en pleine poitrine, et, reconnaissant qu’il a tué le neveu du duc, s’échappe par la fenêtre. Manfredo, réveillé par le bruit, accourt, une lumière et une épée k la main»La lampe renversée, les fenêtres ouvertes, un cadavre par terre et sa fille à demimorte qui s’est saisie d’un poignard, voila le tableau qu’il a sous les yeux. Tout ce que dona Flor trouve à dire, c’est que, Enrico ayant pénétré de force chez elle, par la fenêtre, elle l’a tué pour sauver son honneur. Etrange aventure ! Comment faire transporter le cadavre ? L’occasion se présente à la seconde journée.

Federico et son valet sont à quelques lieues de la ville, dans un bois ; le valet a vu un homme descendre par une échelle de la fenêtre de dona Flor, et raconte l’affaire en disant tout le mal possible dos femmes. C’était Ciotaldo, après son joli coup de la nuit précédente ; mais Federico croit voir dans cet inconnu un rival heureux, et se désespère. Le hasard amène ce jour-là le due et Ciotaldo dans le même bois ; Ciotaldo, voyant son maître endormi, tira son poignard et va le tuer, lorsque son bras est arrêté par Federico. Le duc s’éveille, voit deux hommes qui luttent, un poignard à la main, au-dessus de lui, et, malgré le récit que lui fait Federico, le croit coupable de l’attentat, et prend Ciotaldo pour son sauveur. Federico est banni des États du duc, sous peine do mort. Mais que lui importe la vie, si dona Flor est infidèle ? 11 revient, la nuit, avec son domestique, sous un déguisement de portefaix, pénétre chez sa maîtresse, et veut avoir une explication au sujet du cavalier qui est descendu si lestement des fenêtres, à minuit. Il est difficile à dona Flor de nier l’aventure ; elle ne peut qu’affirmer son innocence. La scène est toit belle. Federico sort, à moitié convaincu, lorsque Manfredo, qui a mis la cadavre dans une malle, épiant la tombée de la nuit, aperçoit les deux portefaix et les charge d’emporter le fardeau. Un monologue du père leur a appris qu’il y a un mort dans le coffre, et ils ne savent que penser d’une pareille affaire, car doua Flor n’a rien raconté à son amant des événements de la nuit. Ils se chargent de la malle ; niais ils n’ont pas fait deux pas que voici venir des gens armés, escortés de torches ; Manfredo reconnaît les gens du duc, prend peur, et rentre chez lui ; les deux porteurs sont arrêtés par Ciotaldo et le duc lui-même. « Où allez-vous ? — Nous n’en savons rien ; le maître était là tout à l’heure.—Que portez-vous ?—Vous le voyez. » À l’hésitation des deux pauvres diables, Ciotaldo ilaire quelque vol, et fait ouvrir la malle. Le duc y voit le cadavre de son neveu ; Federico est reconnu, accusé du meurtre, déclaré coupable et condamné à mort. C’est Manfredo qui est chargé de l’exécution do la sentence ; il doit empoisonner son futur gendre. Mais à peine le croit-il mort, que le duc, frappé do ses dernières paroles, s’imagine avoir été trop loin ; toute la conduite de Ciotaldo indique en effet que c’est lui l’auteur do tous ces crimes, et qu’il a eu intérêt à faire prononcer la mort de Federico. Le due le lui reproche avec indignation et l’appelle traître ; Ciotaldo, voyant qu’il est perdu, essaye de poignarder son maître ; il est désarmé, et, frappé mortellement, iljivoue qu’il est l’auteur de la mort d’Enrique, le cavalier inconnu qui pénétra chez dona Flor. Heureusement, le bon Manfredo, à tout hasard, n’avait donné à Federico qu’un narcotique. Le condamné sort juste à point du tombeau pour recevoir les embrassements du duc et la main de dona Flor. La pièce a reçu son titre, un Châtiment en

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trois vengeances, à® ce que lu mort Je Ciotaldo ■venge à la fois le duc trahi, le père outragé et Enrique assassiné. Elle n’a jamais été traduite en français, et figure dans le texte original au troisième volume du Calderon de la bibliothèque Rivadeneyra.

Châtiment d’Héiiodore (le), sujet représenté par différents peintres. V. Héliodork.

CHÀTIN (Adolphe), médecin français, né à Tullins (Isère), fut reçu docteur à Paris en 1844. Il a été’ nommé depuis lors pharmacien h l’hôpital Beaujon et à l’Hôtel-Dieu, professeur de botanique à l’École supérieure do pharmacie et membre de l’Académie de médecine (1853). Ses principaux ouvrages sont : la Symétrie générale des organes des végétaux (1848) ; VExistence de l’iode dans les plantes d’eau douce, dans l’eau, dans l’air, etc. (1851) ; Anaiomie comparée des végétaux (1860), etc.

CHATIBON s. m. (cha-ti-ron — de l’allem. schattirung, ombre). Techn. Matière que l’on emploie en céramique pour dessiner des traits d’ombre au-dessous de couleurs transparentes. Cette substance, qui n’est autre chose que le pourpre de Cassius mal préparé, est employée, fréquemment en Allemagne, mais n’est pas en usage en France.

CHAT1ZEL DE LA NÉRONN1ÈKE (Pierre-Joseph), théologien français, né à Laval en 1733, mort en 1817. Il fut député aux états généraux de 1789, et remplit diverses fonctions ecclésiastiques. On a de lui : Traité du pouvoir des cvêques sur les empêchements du mariage (Paris, 17S0).

CHATOIEMENT ou CHATOYEMENT S. m.

(cha-toi-man — rad, chatoyer), Reflet, éclat chatoyant, effet d’une surface chatoyante : Le chatoiement du ■plumage des oiseaux,

— Miner. Propriété que possèdent quelques minéraux, tels que le quart ? ûeil-de-chat et le feldspath pierre-de-lune, de renvoyer à l’œil des reflets mobiles, blanchâtres ou d’une autre teinte particulière, qui semblent flotter dans leur intérieur à mesure qu’on les change

| de position : Le chatoiement est dû à des ré~

j flexions intérieures qui se font sur des systèmes

da lamelles ou fibres, et rentre dans celui que

l’on désiyne sous le nom d’astérie, (Delafosse.)

CHATON s. m. (cha-ton — dimin. de chat). Petit chat : Un petit chaton. Le cardinal de Richelieu ajouta encore une pistole pour les chatons. (L. Feugère.)

— Techn. Partie d’une bague dans laquelle la pierre est enchâssée : Une pierre tombée de son chaton. Annibal avait constamment du poison caché sous le chaton de sa bague. (Roilin.) Il Pierre ainsi enchâssée : Le chatqn est un très-beau rubis.

— Par anal. Objet en forme de chaton et remplissant un rôle analogue à celui des chatons : Le chaton d’une noisette. Le gland est à demi enchâssé dans un chaton qui le préserve de toute meurtrissure. (B. de St-P.)

— Bot. Mode d’inflorescence voisin de l’épi, dont il diffère surtout en ce que le chaton est formé de fleurs unisexuées ; son nom lut vient d’une certaine analogie avec la queue d’un chat : En hiver, les chevreuils vivent de ronces, de genêt, de bruyère^ de chatons de coudrier, de marsaule. (Buff.) On ne peut tirer du chaton le caractère exclusif d’une famille. (Lemaire.)

— Anat. Lame osseuse contournée sur elle-même, qui embrasse la base de l’apophyse styloïde du temporal. (I Sorte de rainure dans laquelle se trouve engagé le cristallin.

— Chir. Cavité de la matrice où le placenta se trouve retenu, après l’expulsion du fœtus.

— Enoyel. Bot. Le chaton est un mode d’inflorescence constitué par des fleurs unisexuées sessiiles sur un axe commun. Il ne diffère de l’épi qu’en ce que celui-ci a des Heurs hermaphrodites et un axe persistant après la chute des fleurs, tandis que le chaton se détache ordinairement tout d’une pièce, après que la fécondation est opérée. Le chaton peut être dressé ou pendant. Les auteurs anciens avaient établi, sous le nom à’amenlacécs (du latin amentum, chaton), une classe d’arbres caractérisée par ce mode d’inflorescence, et renfermant les chênes, les noisetiers, les pins, etc. Plus tard, Laurent de Jussieu, en créant la famille des amentacées proprement dites, en a séparé les conifères ou arbres résineux.

CHATONIE s. f. (cha-to-nl — rad. chat). Niche, tour malin. (Ona dit aussi chatterie.

CHATONNAY, bourg et commune de France (Isère), arrond. et a 2G kilom. E. de Vienne ; pop. aggl. 793 hab. — pop, tôt. 2,168 hab. Récolte de céréales, colza et châtaignes. Fabriques de pointes de Paris ; métiers à tisser la soie.

CHATONNÉ, ÉE (cha-to-né) part, passé du v. Chatonner. Encastré dans un chaton : Diamant CHATONNÉ.

— Blas. Se dit de la châsse ou garniture d’une pierre précieuse, quand elle est d’un émail particulier : Duret de Chevry : D’azur, à trois diamants d’argent taillés en losanges, cuatonnes d’or ; au souci du même, feuille de sinople, en cœur.

CHATONNEMENT s. m. (cha-to-ne-man — rad. chatonner). Techn. Action d’encastrer dans un chaton : Le chatonnement d’un rubis, d’une pierre.

— Chir. Accident par lequel le placenta est

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comprimé et retenu dans la matrice, après l’expulsion du fœtus.

CHATONNER v. a. ou tr. (cha-to-né —rad. chaton). Encastrer dans un chaton : Chatonner la pierre d’une bague.

— v. n. ou intr. (cha-to-né— rad. chaton). Faire des petits chats : Cette chatte a chatonné, vient de chatonner. Il y a encore ma mie Piaillon, ajouta Bois-Robert ; c’est sa chatte.Je lui donne vingt livres de pension, répondit l’éminentissima.Mais, monseigneur, elle a chatonné. (L. Feugère.)

CHATOU, bourg et commune da France (Seine-et-Oise), canton et à 6 kilom. E. de Saint-Germain-en-Laye, arrond, et à 14 kilom. N. de Versailles, à. 13 kilom. N.-O. de Paris ; pop. aggl. 2,096 hab. — pop. tôt. 2,662 hab. Récolte de grains et légumes ; fabrique de bonneterie pour l’Orient. Chatou, agréablement situé près de la rive droite de la Seine, est un village très-ancien, où les rois de France avaient un palais au vie siècle ; il est environné de nombreuses et belles villas, et remarquable par un château dans les dépendances duquel est une longue terrasse qui borde la rivière, et d’où l’on jouit de points de vue délicieux sur les sites riants des environs. Dans le parc du château, on voit une grotte charmante, construite sur les dessins de Soufflot, et une belle pièce d’eau.

CHATOUILLANT (eha-tou-llan ; II mil.) part, prés, du v. Chatouiller : C’est en chatouillant nos défauts que les femmes régnent sur nous.

Un auteur vertueux, dans ses vers innocents, Ne corrompt point le cœur en chatouillant les sens.

Boii.eau. CHATOUILLANT, ANTE adj. (cha-tou-llan, an-te ; Il mil. — rad. chatouiller). Qui chatouille, qui plaît, qui flatte l’amour-propre : Il y a plaisir à travailler pour des personnes qui sachent, par de chatouillantes approbations, vous régaler de votre travail. (Mol.)

CHATOUILLE s. f. (cha-tou-lle ; Il nul.). Action de chatouiller : Faire la chatouille à quelqu’un. Craindre la chatouille. Il Ne sa dit que dans quelques provinces.

— Ichthyol. Nom vulgaire de l’ammoeète, petit poisson que l’on emploie comme appât pour la pêche de quelques autres poissons.

— Moll. Nom vulgaire du poulpe commun. CHATOUILLÉ, ÉE (cha-tou-llé ; Il mil.)

part, passé du v. Chatouiller. Que l’on chatouille : Aimer à être chatouillé.

— Fig. Flatté, agréablement impressionné : Être chatouillé par des compliments.

CHATOUILLEMENT S. m. (cha-tou-lleman ; Il mil. — rad. chatouiller). Action do chatouiller : Être sensible au moindre chatouiUlement. Il paraît, par l’exemple du chatouillement, que le mouvement du plaisir poussé un peu trop loin devient douleur, et que le mouvement de la douleur un peu modéré devient plaisir. (Fonten.) Le chatouillement s’opère en titillant las nerfs d’une partie par des attouchements doux. (Sédillot.j Pendant les guerres religieuses des Céoeuues, un des supplices les plus usités était le chatouillement sous la plante des pieds. (Focillon.)

— Par ext. Sensation douce et agréable : Le sentiment de l’harmonie est produit par un chatouillement de l’oreille. Ce chatouillement des sens qu’on trouve, par exemple, en goûtant de bons fruits, d’agréables liqueurs et d’autres aliments exquis, c’est ce qui s’appelle plaisir ou volupté. (Boss.)

— Fig. Impression flatteuse, sentiment d’amour-propre satisfait : Quel agréable chatouillement cause l’approbation du monde dans les esprits vains lorsqu’ils s’entendent nommer parmi les docteurs célèbres ! (Benserade.) Un ministre des affaires étrangères doit ressentir plus vivement qu’un autre les chatouillements de la susceptibilité nationale.

— Enoyel. Méd. Le mot chatouillement est employé en médecine pour désigner une sensation particulière accusée par les malades, ou une légère titillation exercée dans certains cas par le médecin sur la surface de la peau ou des membranes muqueuses. Les personnes atteintes d’angine légère, principalement d’angine granulée, ressentent k la gorge un chatouillement désagréable. Avant de tousser ou d’éternuer, on éprouve encore la même sensation. D’autre part, quand le médecin soupçonne l’existence d’une paralysie, il chatouille légèrement la peau, pour reconnaître s’il y a anesthésie cutanée. Pour faire sortir tes sujets du sommeil chloroformique, on chatouille aussi l’intérieur des fosses nasales, le fond de la gorge, avec l’extrémité d’une pince à pansements.

CHATOUILLER v. a. ou tr. (cha-tou-llé ; Il mil. — du iat. catulire, être en chaleur en parlant des chiennes, ou calillare, être friand, ou du wallon cati, chatouiller). Produire, ’ par des attouchements légers et répétés sur la peau, un sentiment particulier de plaisir, mêlé d’une certaine anxiété, souvent accompagné d’un rire pénible et convulsif : Chatouiller quelqu’un pour le faire rire. Chatouiller les pieds de quelqu’un.

— Par ext. Produire sur un sens quelconque une impression douce et agréable : Ce vin chatouille le. palais. Cette musique chatouille agréablement l’oreille. Jamais odeur de pâté ue chatouilla l’odorat plus délicate-

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ment que celle qui se répandit de tous celés à l’ouverture d’une tortue de 500 livres. (Labal.)

— Fig. Flatter agréablement : II est des passions délicates que l’on réveille, non-seulement quand on les chatouille, mats encore quand on les pique et quand on les choque. (Boss.) Le hasard et l’occasion nous chatouillent et nous séduisent. (Ph. Chasles.)

La louange chatouille et gagne les esprits.

La Postaine. Ce nom de roi ces rois et de chef de la Grèce Chatouillait do mon cœur l’orgueilleuse faiblesse.

Ricisjî.

— Par plaisant. Frapper rudement : Chatouilles avec sa canne les épaules de quelqu’un.

— Absol. : Il n’y a rien assurément qui chatouille plus que les applaudissements que vous dites. (Mol.)

— Manège. Chatouiller un cheval de l’éperon, Le piquer légèrement avec l’éperon.

— Auc. monn. Chatouiller le remède, Approcher des dernières limites du remède ou tolérance de titre et de poids, sans les excéder. Cette expression n est plus usitée.

Se chatouiller v. pron. Exercer sur soi le chatouillement : Généralement on peut se chatouiller soi-jné’ine sans éprouver la $m$ation particulière que produit le chatouillement.

— Chatouiller à soi : Sis chatouiller la plante des pieds.

— Réciproq. Exercer l’un sur l’autre le chatouillement : Les enfants s’amusent souvent

à SE CHATOUILLER.

— Fig. Se procurer du plaisir : La vanité n’ouvre un livre que pour se chatouiller en le critiquant. (Boiste.)

— Loc. prov. Se chatouiller pour se (aire rire, Rire d’une manière forcée, s’efforcer de paraître gai : Vous voyez que ce qui s’appelle se chatouiller pour se faire rire, c’est justement ce que nous faisons. (M"’e de Sév.)

CHATOUILLEUX, EUSE adj. (cha-tou-lleu, eu-ze ; Il mil, — rad. chatouiller). Sensible au chatouillement : Un homme, chatouilleux. Une femme chatouilleuse. En général, les femmes, comme plus passionnées, sont plus chatouilleuses. (Sédillot.)

— Fig. Susceptible, irritable, faeile n piquer : La censure consulaire, qui devint bientôt impériale, se montrait fort chatouilleuse à l’endroit des rois. (Chaleaub.) De tous les sentiments de la femme, celui de la vanité est le plus chatouilleux et le plus vivace. (Serrurier.) Le plus ordinairement, dans le monde, ce sont les yens qui ont le moins d’honneur qui sont le plus chatouilleux sur te point d’honneur. (Boitard.)

Nous sommes chatouilleux sur l’honneur, dans le Maine. Anisiuf.ux. De sa vanité ckatouillcuse La prompte irrUabilitû D’une exigence pointilleuse Fatigue la sociéW. Delillï.

— Particulièrem. Qui chatouille, qui produit certaines impressions agréables :

J’en eusse été peut-être moins épris. Si de tes vers la c/m<o-ui« euse amorce N’eût secondé sa puissance et sa force.

L. Racine. B Délicat, embarrassant, capable d’éveiller des.susceptibilités : Cette question est bien chatouilleuse. L’affaire est des plus chatouilleuses. Ce factum était accompagné du notes un peu chatouilleuses. (Volt.)

Souriant d’un souris badin

À ces paroles chatouilleuses

Qui font baisser un œil malin

A mesdames les précieuses. Voltaire.

— Manège. Cheval chatouilleux, Cheval sensible, ombrageux. Il Cheval chatouilleux à l’éperon, Celui qui, au lieu d’obéir à l’éperon, hennit et rue.

CHATOYANT (cha-to-ian ou cha-toi-ïan) part. près, du v. Chatoyer ; Des reflets chatoyant dans l’ombre.

CHATOYANT ; ANTE adj. v. (cha-to-ian ou eha-toi-iau, ian-te). Qui chatoie, qui a des reflets lumineux ou diversement colorés : Etoffe, couleur chatoyante. Les pierres appelées o : ils-de-chat sont toutes chatoyantes. (Buff.) Voyez le réseau chatoyant dont la nature tapisse l’ail du ciron. (BoufHers.) Les mouches étaient toutes distinguées les unes des autres ; il y en avait de dorées, d’argentées, de tigrées, de rembrunies, de chatoyantes. (B. de St-P.)

. La lune à. l’orient lève sa léte blonde ;

Ses rayons chatoyants se reflètent sur l’onde. Mlle ce Pougnv.

— Fig. Qui se présente sous des aspects nombreux et fréquemment variés : La mobirlitè de la femme en fait un être chatoyant, que l’on ne peut ni bien apprécier ni bien définir. (E. Jouy.) Il Qui a un certain éclat varié, en parlant du style : Il a des paroles obscures et chatoyantes qui font rêver. (B. d’Aurevilly.) C’est l’occasion d’arrondir des périodes sonores et de lanew des métaphores chatoyantes. (G. Sand.)

— s. f. Miner. Nom vulgaire d’une variété d’agate rubannée translucide, qui possède la propriété du chatoiement, c’est-à-dire qui renvoie à l’œil des reflets mobiles paraissant flotter dans son intérieur.