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'onds dans le voisinage des rivières. Sa taille

list plus petite que celle des espèces précédentes, il ne faut pas confondre, comme on le fait trop souvent, le cobaye avec le cabiai.

COBB (Samuel), poëte anglais, mort à Londres en 1713. Mis à la tête de l’école de gramnaire de l’hôpital du Christ, il publia divers ouvrages remarquables par le savoir autant

jue par le goût. Nous citerons : A collection

'jf poems on several occasions (Londres, 1700, n-8°) ; des Remarques sur Virgile ; une traduction des Museipula, et une ode fort estimée, tke Female reign, publiée dans la collection de Dodsley,

COBB (Jacques), auteur dramatique anglais, né en 1756, mort en 1818. Il devint secrétaire en chef de la compagnie des Indes. Doué d’un esprit original et facile, il employa les loisirs que lui laissaient ses lucratives fonctions a composer des productions théâtrales. On a de lui des comédies, telles que le Contrat ou la femme capitaine, qui eut un assez grand succès en 1779 ; les Lectures anglaises (1787), pièce satirique ; le Docteur et l’apothicaire (1788), farce qui est restée au répertoire. Il composa également des libretti d opérascomiques : le Siège de Belgrade ; les Pirates ; les Chero/cis, dont la musique est de Storace ; l’Humoriste ; l’Amour en Orient, etc. Enfin, il a donné plusieurs pièces, imitées du français.

COBB (Howell), homme politique américain, né à Cherry-Hill (Géorgie) en 1815. Il embrassa, en 1836, la profession d’avocat et devint, — dès l’année suivante, solicitor général dans la Géorgie. Nommé membre du congrès des États-Unis en 1838, il se rangea dans le parti démocratique, et conquit rapidement, par son éloquence et par sa précoce aptitude aux affaires, une position considérable dans son parti. Lorsque M. Buchanan devint président des États-Unis, il appela M. Cobb au ministère des finances. Après l’élection d’Abraham Lincoln, qui amena la | rupture violente de l’Union, M. Cobb, homme du Sud et partisan de l’esclavage, fut un des plus chauds adhérents de la sécession, et devint, en 1861, président de l’assemblée des États séparatistes, réunie à Montgoraery.

COBBAS, tribu aymara, appartenant à la famille péruvienne ou quichua. Elle parle l’idiome aymara.

COBBETT (William), célèbre publieiste anglais, né à Farnham (Surrey) en 1762, mort en 1835. D’abord soldat, il servit pendant huit années, visita la France en 1792, passa aux États-Unis, et fit paraître à Philadelphie un journal intitulé : Peter Porcupine (Pierre Porcépic), où il attaquait avec une virulence extrême les idées libérales. Malmené par les démocrates américains, en butte à des poursuites judiciaires, il revint à Londres et y fonda, en 1803, le Weekly Register, feuille dévouée aux tories. Peu de temps après, par une volte-face dont la cause est restée obscure, Cobbett abandonna la politique de Pitt, son patron, pour passer dans le camp des radicaux. Son remarquable talent d’écrivain et sa hardiesse le mirent bientôt à la tête de ce parti. Il harcelait les ministres, attaquait avec vigueur le clergé officiel et l’aristocratie, se faisait l’apôtre des réformes politiques et sociales les plus avancées, défendait hautement les principes de la Révolution française, dont il avait fait litière autrefois. Non content de baisser le prix du Weekly Hegister, il créa, spécialement pour les classes populaires, un journal à 4 sous, le Twopenny Tract, qui atteignit le chiffre de 100,000 souscripteurs (1816). Mais quelle que fût sa profonde habileté à manœuvrer au milieu du labyrinthe des lois anglaises sur la presse, il eut à subir plusieurs condamnations, en 1304 d’abord, puis en 1810, époque à laquelle il fit deux ans de prison. Cette fois, son amende (25,000 fr.) fut couverte par une souscription nationale. En 1817,1e gouvernement, pour briser la plume du redoutable publieiste, fit passer au parlement le fameux bill dit des Six actes, qui autorisait à l’arrêter. Cobbett alla se mettre en sûreté aux États-Unis, revint en 1819, recommença la lutte, subit un huitième procès de presse en 1831, puis devint membre île la Chambre des communes en 1832 ; mais il fut loin de justifier comme orateur toutes les espérances qu’il avait fait naître comme journaliste. Outre ses travaux politiques, on a de lui, entre autres écrits : le Maître d’anglais (1816, in-8°), grammaire fort remarquable, revue par Du Roure ; le Jardinier américain (1819),1 un des meilleurs ouvrages d’économie rurale que possède l’Angleterre ; Histoire de la lié forme protestante en Angleterre et en’Irlande (1826, in-8°), critique acerbe de la religion anglicane, accueillie chaleureusement par les ultramontains, bien qu’elle soit conçue au point de vue démocratique, et traduite en français.

COBBING s. m. (ko-bingh). Bâton de justice dont on se sert en Angleterre pour châtier les marins ; châtiment infligé avec ce bâton.

COBDEN (Richard), célèbre économiste anglais, l’immortel promoteur de la doctrine du libre échange, né à Dunford, comté de Sussex, le 3 juin 1804, mort le 2 avril 1865. Fils d’un petit propriétaire, qui mourut ruiné en laissant neuf enfants, il fut d’abord gardeur de troupeaux auprès du domaine de Godwood, résidence du duc de Richemond, dont il devait devenir plus tard l’ardent adversaire politique. Un de ses

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oncles, le trouvant intelligent, bien qu’il sût à peine écrire et compter, le plaça dans une fabrique d’indienne qu’il possédait à Londres et qui croula bientôt. Resté encore une fois sans resspurces, mais non découragé, Cobden se rendit à Manchester, où, grâce à l’expérience déjà acquise à Londres, grâce aux capitaux d’un bailleur de fonds, il monta une importante fabrique de toiles fines de coton qui le fit riche en peu d’années. Une coutume dominante à cette époque chez les fabricants de cotonnades était de n’imprimer leurs étoffes que d’après un nombre restreint de modèles, qu’ils imposaient ensuite au goût public, en inondant de ces produits, fabriqués en grandes quantités, les marchés et les magasins des petits commerçants. Cobden montra alors toutes les ressources de son esprit inventif et entreprenant. Laissant de côté les voies routinières de ses devanciers, et guidé par l’expérience profonde qu’il avait de tous les détails du commerce des cotons, il choisit un certain nombre de dessins, les plus propres à plaire, fit fabriquer sur ces dessins de grandes quantités d’étoffes, et s’occupa de leur vente avec la plus grande énergie. Les pièces qui ne purent pas trouver de débit sur les marchés anglais furent expédiées sans retard à l’étranger, et bientôt la raison sociale Richard Cobden et Ce tint le premier rang dans la métropole de l’industrie cotonnière anglaise. Mais ce succès, loin de restreindre l’activité de Cobden dans le cercle étroit de la carrière industrielle, contribua, au contraire, à le pousser dans l’arène politique. Les études

au’il avait faites, les épreuves par lesquelles avait passé, l’avaient de plus en plus convaincu des vices sans nombre qui existaient dans la politique commerciale anglaise. En insistant sur ces détails, nous n’avons d’autre but que de rappeler que Cobden commença à se faire connaître comme chef d’une maison industrielle à l’époque même où l’Angleterre était ébranlée jusque dans ses fondements par l’agitation que causait le bill de réforme, et que, peu après (1832), la crainte d’une révolution prochaine fit de ce bill une loi formelle. Des événements d’une telle importance ne pouvaient être sans influence sur le caractère du futur réformateur ; ils durent tourner toutes ses pensées vers l’étude de l’économie politique, et l’on peut dire, sans être taxé de présomption, que le bill de réforme était le premier pas fait dans la voie de la grande agitation qu’il devait, quatorze ans plus tard, conduire au but. Le soin des affaires l’empêcha, à cette époque, de prendre une part active aux luttes de l’arène politique, ou, du moins, s’il y songea un instant, la réflexion lui suggéra d’attendre le moment où de nouvelles études et une plus grande somme d’expérience lui permettraient d’y entrer armé de toutes pièces. Pendant les années suivantes, nous le trouvons occupé, dans l’intérêt de son commerce, tt de grands voyages ; c’est ainsi que, en 1834, il parcourut la Grèce, l’Egypte et la Turquie, et, l’année suivante, les Ltats-Unis de l’Amérique du Nord. Ces excursions furent, ainsi que nous le verrons bientôt, d’une grande importance pour sa carrière future. Elles firent naître en lui, ou, pour lii moins, y fortifièrent et y développèrent les opinions et les principes auxquels il demeura fidèle jusqu’à la fin, et qu’il défendit avec autant de hardiesse que de persévérance. Dès son retour d’Amérique, il commença à les mettre au jour dans plusieurs lettres adressées au Manchester Times, puis dans une brochure intitulée : Angleterre, Irlande et Amérique, par un fabricant de Manchester. Cette brochure était dédiée au colonel Thomson, économiste de l’école d’Adam Smith, auteur du Catéchisme contre la loi sur les céréales, et, ainsi que l’appelle Cobden dans sa dédicace, « le défenseur éclairé des principes delà paix et de la liberté commerciale. ■ Paix ? liberté du commerce, réduction dans les frais administratifs, cessation de l’ancienne politique d’intervention, tels sont les principes que, dans ce premier ouvrage, Cobden expose et défend avec clarté et vigueur, comme les seuls d’accord avec les véritables intérêts de l’Angleterre ; tels sont ceux auxquels il doit demeurer fidèle jusqu’au terme de sa carrière politique. D’après lui, c’est au peu de compte qu’on en a tenu dans le passé qu’il faut attribuer l’énorme dette publique de l’Angleterre, les frais excessifs d’administration et la situation anormale de ia population agricole, industrielle et commerciale. En ce qui touche la politique d’intervention, il combat avant tout l’idée généralement admise que l’existence de la Turquie est indispensable pour le maintien de l’équilibre des puissances européennes ; quant à ce qui est de l’introduction de réformes dans l’emploi d, es fonds de l’Angleterre, et dans les besoins moraux et matériels des masses populaires, il cite l’exemple des États-Unis. « 11 est digne de remarque, dit-il dans un endroit de sa brochure, qu’il ne se soit encore formé chez nous aucune société dans le but de vulgariser la connaissance des vrais principes sur lesquels repose la prospérité du commerce. Tandis qu’il existe dans le royaume autant de sociétés agricoles que de comtés, tandis que. chaque ville possède un institut mécanique, — botanique ou même phrénologique, et que chacune de ces associations a un journal qui lui sert d’organe, nous n’avons pas une seule société d’industriels et de commerçants qui s’occupe d’éclairer l’opinion publique sur une question si peu comprise et si

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calomniée que l’est celle de la liberté du commerce. Nous avons la Société de Bank, la Socité de Linné, la Société d’Hunter ; pourquoi n’aurions-nous pas, dans toutes nos villes industrielles et commerciales, des sociétés de

Smith, qui s’occuperaient de répandre parmi les masses la connaissance des salutaires vérités desquelles dépend la richesse des nations. Ces sociétés se mettraient en rapport avec des associations analogues, qui probablement ne tarderaient pas a se former à l’étranger (puisque l’étranger suit toujours notre exemple dans les questions industrielles et commerciales), contribueraient immensément h la diffusion des doctrines les plus saines et les plus libérales en fait de questions sociales, apporteraient de nombreuses modifications a la politique si réservée des gouvernements étrangers, et auraient la plus salutaire influence sur les relations mutuelles des peuples européens. À l’intérieur, les résultats ne seraient pas moins avantageux. On pourrait établir des prix pour les meilleurs traités sur la question des céréales, et l’on chargerait des hommes éloquents d’éclairer les agriculteurs dans des conférences publiques, et de les mettre d’accord sur une question aussi sérieuse et aussi importante. » Nous avons, dans les lignes qui précèdent, tout le programme de la future anti-carn-laio-league, en même temps qu’un aperçu général des théories de ce t fabricant de Manchester, » qui, par la seule force de sa volonté et par son seul travail personnel, s’était fait publieiste et homme politique. Ce sont ces mêmes idées que l’on retrouve, mais encore plus développées, dans sa brochure sur la Russie, — qui parut l’année suivante (1836), et où il tournait en ridiculesla russophobie d’Urquhart. ■ Sans doute, y dir sait-il, la tyrannie de la Russie est déplorable, son influence en Europe prépondérante, et l’accroissement de sa puissance menaçant pour un État vermoulu comme la Turquie ; mais ce ne sont point là des motifs suffisants pour une intervention anglaise. La vraie politique de l’Angleterre est plutôt de renoncer à sa politique ardente et querelleuse du passé, de vivre en paix avec tous les autres États, et d’assurer cette paix par le développement de ses relations industrielles et commerciales.» Ainsi qu’on le sait, Cobden persista jusqu’à la tin dans ses opinions sur la Russie et sur la question d’Orient, et eut à soutenir à ce sujet les attaques les plus vives de la part d’une foule d’adversaires. Urquhart le déclara aussitôt soudoyé parle czar ; les protectionnistes l’accusèrent de trahir sa patrie pour la Russie, parce que cette dernière possédait le port d’Odessa, dont les exportations en céréales porteraient un coup fatal à l’agriculture anglaise ; plus tard enfin, il perdit, pour un certain temps, beaucoup de sa popularité en se montrant opposé à la guerre de Crimée ; mais, dès son entrée dans la voie qu’il s’était tracée, iLavait prévu les luttes qu’il aurait à soutenir et les obstacles qu’il aurait à vaincre, et ni les imputations haineuses ni les calomnies ne l’empêchèrent de continuera marcher vers son but. Déjà il avait commencé à mettre en pratique ses théories relatives à la diffusion des connaissances parmi le peuple, en foiir dant à Manchester (décembre 1835), sous le nom d'Athenœum, un établissement destiné à, l’amélioration intellectuelle et morale des classes ouvrières. C’est dans la séance d’ouverture de cette Société.que Richard Cobden parla pour la première fois en public. Ses moyens oratoires étaient dès cette époque, comme ils le furent presque toujours depuis, paralysés au début par t’émotion. Il s’exprimait péniblement d’abord ; mais, grâce à de fortes convictions et à une connaissance approfondie du sujet qu’il traitait, il arrivait à l’éloquence du cœur, et finissait ses harangues au milieu des applaudissements. Il avoua qu’il avait prononcé son premier discours sans voir, sans entendre, et qu’il ne s’était rendu compte de ce qu’il avait dit que par 1% lecture des journaux. À cette époque, Manchester subissait encore le régime féodal imposé, lors de la con ?quête, au petit village auquel cette ville floris^ santé devait son origine. Un membre de l’aristocratie britannique, demeurant à 100 milles de Jà, contrôlait, sous le nom de lord of the rnfmar, la municipalité, imposait des taxes, percevait des droits de toute nature. Cobden s’attaqua au lord of the manor, et obtint une charte royale qui mit fin à. ce privilège d’un autre temps. La ville de Manchester reconnaissante le nomma alderman dans la nouvelle municipalité, président de la chambre de commerce, et voulut même solliciter pour lui te titre de baronnet, qu’il n’eût point accepté. Mais il accepta avec joie, avec orgueil même, les fonctions d’alderman, car, de même que tous les vrais réformateurs, il était fermement convaincu de l’importance des libertés municipales, et ne partageait pas l’idée, généralement reçue dans toutes les villes d Angler terre, que la représentation urbaine fut indigne de l’ambition des membres de l’aristocratie. Pour lui, la ville était l’image de l’État ? et il regardait les discussions du conseil municipal comme une excellente école pour les débats du parlement. Devenu l’homme le plus important de l’aristocratie industrielle du Lancashire, l’ancien berger eut alors l’intuition de sa grande destinée. Sans négliger ses affaires, if se donna, par des études incessantes, l’instruction première qui avait manqué à sa jeunesse ; puis il voyagea, autant pour soutenir les intérêts de sa maison de. commerça que

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pour étudier sur les lieux les besoins et les richesses de toutes les nations. Cependant, quoiqu’il jouit déjà d’une grande popularité, il échoua, en 1837, lorsqu’il présenta sa candidature pour le Parlement aux électeurs de Stockport. Il fut peu affecté par cet échec, que devait réparer quatre ans plus tard son triomphe dans le même collège électoral, et employa dans l’intérêt de son commerce le temps qu’il aurait voulu consacrer à la défense des intérêts de ses compatriotes. Il parcourut la même année la France, la Belgique et la Suisse, et, l’année suivante, fit un voyage en Allemagne.

Un jour qu’il descendait le Rhin, de Strasbourg à Cologne, les ruines des châteaux des burgraves, anciens dominateurs de ces contrées, le frappèrent d’étonnement. Il se rappela qu’une société de bourgeois et de marchands, la ligue hanséatique, avait vaincu et chassé de leurs nids de vautours les maîtres de ces domaines, qu’elle avait jeté bas leurs créneaux. Il eut alors, c’est lui qui l’a raconté depuis, la première, idée de cette grande guerre de la ligue (v. anti-corn-law-league) qui devnit porter un coup si violent à l’aristocratie britannique, commencer la ruine du colbei> tisme et le triomphe définitif des doctrines du libre échange.

En 1838J de retour d’Allemagne, Cobden se mit à la tête d’une petite association de manufacturiers, qui, las de voir leurs ouvriers affamés par la hausse factice des blés, voulaient la réforme de la loi sur les céréales. La chambre de commerce de Manchester délibérant sur une pétition qui devait demander cette modification au Parlement, il réclama l’abolition complète et immédiate de la loi. Après deux jours d’une lutte opiniâtre, cette opinion prévalut, et l’existence d’une pétition sur une matière aussi grave causa une grande rumeur dans toutes les villes manufacturières. Deux cents délégués vinrent à Manchester, adhérèrent aux doctrines émises par Cobden, et, sur sa demande, réclamèrent non^seulement l’abolition des droits sur le blé, mais celle de tous les autres droits protecteurs. La îétition fut repoussée par le Parlement, Le endemain, à Londres même, dans une assemblée des délégués de l’industrie anglaise, la ligue contre la loi des céréales se constitua, et une guerre pacifique, mais sans trêve, fut déclarée à l’aristocratie. Pendant deux ans, Cobden parcourut l’Angleterre, organisant la société, recueillant des adhérents, parlant dans les meetings, ralliant à la cause qui était devenue la sienne le clergé dissident, à défaut du clergé officiel ; veillant à Manchester à la construction de ce fameux Fre-Trade-Hall, sorte de temple des agitateurs pouvant contenir dix mille personnes.

Vers 184 L, le bourg de Stockport l’envoya au Parlement. C’est alors qu’il se recueillit. Soit pour des raisons purement politiques, soit par crainte de détruire son ascendant par un insuccès oratoire, il parla peu pe-ndant la première session, s’assura l’oreille de la Chambre et se prépara lentement à une lutte décisive sur le terrain parlementaire, si nouveau pourjui.

C’est ainsi que, dans nos chambres législatives, on a vu souvent échouer à la tribune nos plus profonds penseurs, et briller des avocats bavards sans idée et sans valeur. Pendant les années 1842 et 1843, ia détresse des populations fut horrible, et le Parlement se vit enfin saisi de la question des céréales. Cobden attaqua directement sir Robert Peel, chef du cabinet, et déclara qu’il le rendait personnellement responsable de la misère du peuple. Peel se leva, et, faisant allusion à In mort de Drummond, son secrétaire, poignardé quelques jours auparavant par une main inconnue, accusa le chef de la ligue de prêcher l’assassinat. Cobden se leva pour parler ; les cris de : meurtrier t assassin/ lui fermèrent ia bouche. Mais les districts manufacturiers apprirent bientôt que le député de Stockport avait été en plein Parlement victime d’un attentat moral. Des députations vinrent le haranguer comme on fait pour un roi dont les jours ont été mis en danger. Les ouvriers, Je peuple avait reconnu en Cobden son véritable défenseur, et ce jour-là dut être pour le célèbre libre-échangiste le plus beau de sa vie.

La guerre continua avec une nouvelle énergie, mais cette fois à Londres même, ou les meetings devinrent périodiques dans la salle de Drury-Lane, Le chef de la ligue visita les principales villes d’Angleterre, prenant un immense ascendaut sur la foule par sa parole souple, variée, par ses accès d’humour appuyés d’une logique inflexible, À partir de 1843, ses efforts turent plus particulièrement dirigés vers l’emploi des moyens politiques. Il s’efforça, après une étude approfondie des lois électorales, d’augmenter le nombre des électeurs appartenant à la classe bourgeoise et de modifier ainsi la majorité dans la Chambre des communes ; cette tactique habilement mise en œuvre commença à ettrayer l’aristocratie. Un nouveau parti non politique, et qui comprenait des hommes comme Brîght, Gibson, Villiers, Cobden, s’était placé entre les whigs et les tories ; la ligue, en deux ans, avait dépensé 8,500,000 francs recueillis par souscription ; je déficit des récoltes de 1845, la disette des pommes de terre, en rendant plus misérable que jamais la situation des populations industrielles, annonçaient que la lutte, plus intense, allait mettre l’État lui-même en péril : pacifique ou violente, une solution était proche. •