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journal, d’une immense coalition des tradeunions, qui dirigera l’action politique aussi bien que l’action industrielle de chacun de ses nombres, et qui créera un corps électoral d’un million d’hommes au rhoins, non sans péril pour la liberté des personnes et de l’ordre public. » C’est sous ce double point de vue poli tique et social que la réforme électorale tut examinée à la Chambre des communes. Longtemps on discuta ; les radicaux comme M. Stuart Mill, les libéraux comme M. Bright, les wighs comme MM. Gladstone et Russell, se mesurèrent longuement avec MM. Derby, Stanley, Disraeli, Disraeli surtout, jouteur infatigable, dont l’art suprême consiste à accorder ce qu’il voit être le vœu de la Chambre, en sorte qu’il n’éprouve guère d’éch’ecs. Cependant, l’idée ’ du bill nouveau, analogue à celle du bill présenté par le cabinet tombé, se dégageait péniblement de ces discussions sans fin. M. Gladstone le fit remarquer, non sans malignité : « Au bout de deux, mois, dit-il a, une séance de la fin de mars, nous en sommes encore au point de départ. J’ai vu en Grèce une danse antique dans laquelle les femmes, a, chaque mesure, font trois pas en avant, et, immédiatement, en font deux en arrière. Nous sommes ’ moins heureux dans la contredanse politiquo que nous a fait faire le cabinet ; car chaque fuis que nous avons avancé de trois pas, c’est do trois pas aussi que nous avons immédiatement reculé. » Peu à. peu cependant le jour se fit, et l’on vit que, une fois décidé à présenter son bill de réforme, le cabinet Derby ne reculait pas devant les concessions libérales. Dans le courant de juin, il fut décidé que les petits loyers auraient le droit électoral. M. Bright, reconnaissant que le cabinet tory se montrait plus libéral que le cabinet wigh, le félicita ironiquement de s’être emparé do ses idées les plus radicales ; M.Gladstone, distancé pur M. Disraeli, déguisa mal son humeur. En voyant la Chambre réconciliée avec l’extension du droit de suffrage, M. Stuart Mill pensa que le moment était venu pour en réclamer le bénéfice en faveur des femmes, idée généreuse, qui n’eut d’autre résultat que d’exciter de mauvaises plaisanteries. Soit frayeur des meetings de la ligue de réforme, soit désir de distancer M. Gladstone, soit velléité libérale, M. Disraeli, lord Stanley et leurs collègues acceptaient sans rechigner des amendements assez avancés ; ils les prévenaient même, de quelque côté de la Chambre qu’ils fussent formulés ; chacun y collaborait ; en sorte que wighs et tories pouvaient comparer ce bill tant de fois modifié au couteau dont Janot avait fait changer alternativement la lame et le manche, sans qu’il

cessât d’être le couteau de Janot. De même aussi, M. Disraeli parlait, non sans quelque droit, du bill de réforme comme de son bill, et disait fièrement à ses adversaires : « Vous n’auriez jamais pu aller aussi loin. » MM. Gladstone et Russell n’avaient rien k répondre. Ils avaient proposé le chiffre de 14 livres sterl. comme suffisant pour donner le-droit électoral à un simple locataire (lodger). M. Disraeli et la Chambre des communes avaient réduit ce droit fe. 10 livres. C’était là la principale et la meilleure innovation du nouveau bill. Aussi, déplut-elle à la Chambre des lords. Après le vote du bill par la Chambre des communes, celle des lords osa substituer, à la seconde lecture du bill, le chiffre de 15 livres à celui de 10 livres. Les sociétés réformistes s’agitèrent ; les radicaux commencèrent à gronder, les libéraux firent chorus, et les conservateurs eux-mêmes ne trouvaient pas que cette modification valût la peinéde risquer un conllt entre les deux chambres, ni même de retarder d’une semaine la fin de la session. « Souvenez-vous que nous sommes au 1er août, ■ dit lord Derby k la Chambre haute. Et la Chambre haute, intimidée par les manifestations extérieures, songeant, d’ailleurs que la chasse s’ouvrait le 15, se déjugea à la troisième lecture du. bill, et le chiffre de 10 livres sterling fut rétabli dans la loi. Les lords n’introduisirent dans cette loi que deux clauses nouvelles : la première, qui autorisait un électeur absent à envoyer son bulletin légalisé et à voter par. procuration écrite ; la seconde, qui garantissait un représentant sur trois à la minorité de tout collège assez nombreux pour avoir trois représentants k nommer. La loi ainsi amendée est revenue k la Chambre des communes, qui n’a pas admis le premier amendement, mais qui a accepté celui qui attribue le troisième représentant à la minorité des collèges auxquels leur population donne trois représentants. Ces collèges sont au nombre de douze dans la nouvelle répartition des sièges ; mais le nombre peut s’augmenter avec la population des villes qui n’ont encore que deux représentants. La ratification de cette clause, quoique combattue par M. Bright et par M. Gladstone, fut votée par une majorité de 273 voix contre 204.

En définitive, la nouvelle loi électorale de la Grande-Bretagne est un assez notable progrès sur celle de 1832 ; la réduction du cens est un acheminement vers le suffrage universel. Lors Ravensworth, qui a énergiquement protesté contre son adoption, a eu quelque raison de prétendre que l’aristocratie passait sous les fourches eaudines de ces unions ouvrières (trade-unions) qui lui inspirent tant de terreur. Enfin, l’Angleterre compte un million d’électeurs de plus. Les conséquences immédiates de la nouvelle loi sont encore très-obscures. « Nous faisons un saut dans les té COMM

nèbres » (leape in the darké), a dit lord Derby. "C’est le saut du Niagara, » a dit Carlyle. Quant aux conséquences définitives, elles n ont rien qui doive effrayer les amis du peuple, les hommes qui ont foi en lui. Plus le peuple se mêlera de ses affaires, mieux ira la chose ]*iblique ; n’est-ce pas toujours, en somme, lui qui doit avoir, et qui effectivement a le dernier mot ?


COMMUNEL, ELLE adj. (ko-mu-nèl, è-lerad. commun). Possédé en commun. II Vieux mot.

COMMUNÉMENT adv. (ko-mu-né-manrad. commun). Généralement, ordinairement, le plus souvent : L’avarice est communément la passion des gens faibles. (Alibert.) Un bon caractère signifie communément un caractère doux et ouvert. (Théry.) L’orge plate se sème communément à la fin de mars. (Math, de Doinb.) Il De la manière commune, vulgaire, selon le cours ordinaire des choses : Communément parlant, semblables entreprises produisent semblables événements. (J.-L. deBalz.)

— Antonymes. Exceptionnellement, extraordinairemeut.

COMMUNERO s. m. (komm-mou-né-romot espagn.). Membre d’un parti qui s’était formé, au Paraguay, contre les missionnaires qui avaient monopolisé le commerce des esclaves. Il Membre du parti démocratique en Espagne.

COMMUNIANT (ko-mu-ni-an) part. prés, du v. Communier : En communiant avec bien, nos pères communiaient avec les hommes. (P. Leroux.)

COMMUNIANT, ANTE s. {ko-mu-ni-an,

an-te — rad. communier). Personne qui communie : L’âge des tendres communiants et celui de la naissante année confondent leur jeu.nesse, leurs harmonies et leurs innocences. (Chateaub.) |] Personne en âge de communier : Celte paroisse compte plus de six mille communiants, sur lesquels cent cinquante communient à Pâques.,

Premier communiant, première communiante, Personne qui fait sa première communion : Le curé de la commune la remarqua pour son petit savoir, parmi les premières communiantes qui se présentèrent à la sainte table. (F. Soulié.)

COMMUNIBUS LOCIS loc. adv. (komm-muni-buss-lo-siss— mots lut. qui signif. dans les endroits communs). Physiq. En moyenne : La température à midi a été de -f- 12°, communibus locis. Il Cette locution n’est plus en usage.

COMMUNICABILITÉ s. f. (ko-mu-ni-ka-bili-té

— rad. communicable). Qualité de ce qui est coinmunicablo, faculté de se communiquer : Il y aura toujours dans le génie français quelque chose de plus puissant que la puissance, de plus lumineux que son éclat.■ c’est la. chaleur, c’est la communicabilitk pénétrante, c’est l’attrait qu’il ressent et qu’il inspire en Europe. (Lamart.)

— Abusiv. Communication : L’homme névit pas seulement d’air, il vit encore de toute espèce de rapports, de toute espèce de communicabilitk avec ses semblables. (Lamart.)

COMMUNICABLE adj. (ko-mu-ni-ka-blerad. communiquer). Qui peut être communiqué : Un droit communicable. Cet acte n’est pas communicable. Il est de la nature du bien d’être communicablk. (Acad.)

— Qui peut être mis en communication, avec qui on peut communiquer : Les tentes du roi n’étaient communicables que par des chaussées de fascines. (St-Sim.)

— Fig. Qui s’épanche, qui se communique : Un état plus calme vous rend communicable à ceux du dehors. (J.-L. de Balz.)

— Jurispr., Qui doit être communiqué au ministère public, pour être examiné par lui.

— Antonyme. Incommunicable.

COMMUNICANT, ANTE adj. (ko-mu-nikan, an-te — lat. communicans ; de communicare, communiquer). Qui communique : Vases communicants.

— Anat. Artères communicantes, ou, substantiv., communicantes, Nom donné à deux artères du crâne qui en mettent deux autres en communication. Il Communicante antérieure, Artère très-courte, qui met en communication les artères cérébrales antérieures. Il Communicante postérieure ou de Willis, Artère qui met en communication la carotide interne et la cérébrale postérieure.

— s. m. Hist. relig. Membre d’une secte d’anabaptistes du xviu siècle, qui prêchaient la communauté des femmes et des enfants.

COMMUNICATEUR, TRICE adj. (ko^muui-ka-teur, tri-ce — rad. communiquer). Qui sert à mettre en communication : Le fil communicateur.

— Substantiv. Ce qui rend communicatif : Le lit est le grand communicatkur qui concilie les dînes en toute communication gravé et importante. (Michelot.) il Néol.

— s. m. Mécan. Appareil servant à transmettre le mouvement.

— Encycl. Mécan, Les communicateurs du mouvement sont les organes qui, interposés entre les récepteurs et les opérateurs, établissent la communication, la transformation du mouvement initial. Leur étude forme la partie la plus importante de la cinématique.

Le mouvement des machines peut être con COMM "

tinu ou discontinu alternatif ; il se fait en ligne droite ou suivant un cercle, c’est-à-dire qu’il est rectiligne ou circulaire. Les deux premières espèces de mouvements combinées deux à deux ou avec elles-mêmes donnent lieu aux trois séries de transformations suivantes : 1° mouvements continus en mouvements continus ; 2° mouvements continus en mouvements alternatifs ; 3° mouvements alternatifs eu mouvements alternatifs. Chacune de ces trois séries renferme un certain nombre de transformations qui proviennent de la combinaison des deux dernières espèces deux à deux ou avec elles-mêmes ; ce sont : 1° dans la première série : mouvement circulaire continu en circulaire continu et en rectiligne continu, mouvement rectiligne continu en rectilignecontinu ; 2° dans la deuxième série : mouvement circulaire continu en circulaire alternatif et en rectiligne alternatif ; mouvement rectiligne continu en circulaire alternatif et en rectiligne alternatif ; 30 dans la troisième série : mouvement circulaire alternatif en circulaire alternatif et en rectiligne alternatif ; mouvement rectiligne alternatif en rectiligne alternatif.

Les principales transformations se font, suivant les communicateurs, les récepteurs et les opérateurs employés : par contact avec roulement ou glissement ; à l’aide d’intermédiaires rigides ou flexibles ; au moyen des rouleaux, des roues dentées, des crémaillères, de la vis et de son éorou, des bielles, des excentriques, des balanciers, des cordes, des

courroies, etc., etc.

— Physiq. Nom donné à l’une des parties du télégraphe électrique, qui so compose d’un cercle de laiton tournant librement autour d’un pilier de même métal.

« COMMUNICATIF, IVE adj. (ko-mu-ni-katiff, i-ve — rad. communiquer). Qui se communique, qui se gagne, qui se transmet naturellement : Le rire est communicatiF. L’expression habituelle de sa figure était une gaieté sereine et communicativi ;. (Lamart.) Il Expansif, qui aime k se communiquer : Vous savez que je suis communicative, et que je n’aime point à jouir d’un plaisir toute seule. (Minc de Sév.) Nous avons ici un vieillard, retiré de la cour, qui est le plus savant homme d’à royaume et le plus communicatip. (Volt.) Le sourdmuet, avant le système mécanique qu’on lui enseigne dans les écoles, est mille fois plus communicatif qu’après son éducation. (Renan.)

COMMUNICATION s. f. (ko-mu-ni-ka-si-on

— lat. communicatio ; de communicare, communiquer). Action de communiquer, de transmettre de l’un à l’autre : La communication d’un mouvement. La liberté du commerce assure entre les États la communication des ressources dont ils disposent. Si le mélange des hommes est remarquable, la communication des langues ne l’est pas moins. (J. de Maistre.) Il Echange, action de faire participer : La communication des idées. Faites-moi entrer en communication de vos lumières. Aucun plaisir n’a saveur pour moi sans communication ; il ne me vient pas seulement une gaillarde pensée en l’âme qu’il ne ne me fâche de l’avoir produite seul, et n’ayant à qui l’offrir. (Montaigne.) La libre ’communication des pensées étant un droit du citoyen, elle ne doit être restreinte qu’autant qu’elle nuit aux droits d’autrui..(Sieyès.) La religion établit entre les grands et les petits une communication de bienfaits et de services. (La Luzerne.)

— Faculté ou action de se transporter ou de transporter quelque chose entre deux lieux, deux points différents ; d’établir des relations entre deux objets ou deux endroits éloignés : Voies de communication. Communication par terre, par eau, par les voitures, par la poste, par le télégraphe. Ouvrir des communications entre deux Etals, entre deux pièces d’un logement. Etablir un tube de communication. L’histoire du commerce est celle de la communication des peuples. (Montesq.) À l’extrémité de la mer Rouge est cette fameuse langue de terre qu’on appelle l’isthme de Suez, qui fait une barrière aux eaux de la mer Rouge et empêche la communication des mers. (Buff.) On a conservé la carte sur laquelle le czar Pierre traça la communication de la mer Caspienne et de la mer Noire qu’il avait projetée. (Volt.) Les voies de communication rapprochent des produits et le consommateur. (Mich. Chev.) Il Rapports ; moyens qui les rendent possibles ou les facilitent : Se mettre en communication avec le ministre. Avoir communication avec le diable. Entrer en communication avec l’accusé. La communication plus libre des rois avec leurs sujets fait qu’on perd moins de leurs bons exemples. (Fléch.) La communication des cœurs imprime à la tristesse je ne sais quoi de doux et de touchant. (J.-J. Rouss.) C’est par les organes que l’homme est en communication avec te monde extérieur. (Mesnard.) Heureux l’homme assez fort pour intercepter toute communication entre ses sens et sapensée. (Boi.ste.) La vie de l’homme est attachée à une communication incessante avec ses semblables et avec l’univers. (P. Leroux.) C’est la bonté qui met en communication les biens et les maux. (Lacordaire.) Si jamais Dieu se met en communication immédiate avec l’homme, il devra se faire homme. (Proudh.)

— Action de se communiquer, épanchement : L’esprit du christianisme, c’est un esprit de fraternité et de communication. (Boss.) Nous avons une facilité de caractère et d’esprit, un

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don de communication qui fait que tes peuples étrangers viennent à nous sans trop d’efforts, car nous faisons gracieusement la moitié du chemin. (St-Marc Gir :)

— Avis, renseignement, confidence : Recevoir, donner une communication. J’ai une communication à vous faire.

— Action de remettre ou de montrer quslque chose k quelqu’un, pour lui en" donner connaissance : Donner, recevoir des pièces en communication. Prenez communication de cette lettre.

— Art milit. Communications, Moyens que l’on se, ménage pour conserver des rapports entre plusieurs armées ou plusieurs corps d’armée destinés à opérer ensemble : Couper les communications de l’ennemi. Etablir ses communications avec les autres corps. il Ligne de communication, Ensemble des moyens échelonnés pour établir les relations entre divers points stratégiques : Rompre la ligne de communication de l’ennemi.

— Fortif. Communications, Terme générique par lequel on désigne les travaux que 1 on exécute pour mettre en rapport les divers ouvrages d’une position fortifiée : Les principales communications d’un front de fortification sont les rampes, les escaliers, les poternes, les caponnières, les demi-caponnières et tes sorties de chemin couvert.

— Procéd. Communication d’instance, Communication faite par le rapporteur sur la demande d’une partie, n Communication de piè-. ces, Acte par lequel on soumet à certaines personnes, sur leur demande, des pièces qu’elles ont intérêt à connaître.

— Rhétor. Figure par laquelle l’orateur feint de consulter son adversaire ou les juges, pour les mettre en demeure de répondre k une question embarrassante ou dont la réponse doit être favorable à la thèse qu’il soutient. En voici des exemples : Qne devait faire l’accusé, ie vous le demande ? Dois-je pousser plus loin cette argumentation ? Ne vous trouvezvous pas suffisamment éclairés ? !| Figure qui consiste dans l’emploi d’un ternie dont le sens général se trouve restreint k un objet particulier ; c’est ainsi que souvent l’avocat s’associe k l’accusé et le désigne seul en se nommant avec lui :

De vol, de brigandage on nous déclare auteurs, On nous traîne, on nous livre à nos accusateurs.

Kacine..

— Encycl. Econom. soc. Voies do communication. La puissance politique d’un peuple, sa civilisation, son bien-être social, le degré de liberté civile et politique dont il est susceptible se rattachent par des liens très-étroits à l’état de ses voies de communication. Dans nos temps modernes", les nations les plus libres et les plus civilisées, -c’est-à-dire la France, l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne et les États-Unis, sont aussi celles qui possèdent les meilleures voies de communication. L’insuccès des anciennes colonies espagnoles k établir patmi elles la liberté et k développer leur civilisation, après avoir conquis leur indépendance, aurait pour principale cause, suivant la plupart des publicistes en renom qui ont visité ces pays, l’incurie profonde des nouveaux gouvernements à l’égard

’ des voies de communication. Cette incurie y est telle, qu’il n’est pas rare de voir, dans de riches contrées si bien pourvues cependant da chevaux et de breufs, le transport des matières les plus lourdes s’effectuer à dos d’hommes. On y rencontre des Indiens apportant sur leurs épaules, du haut des montagnes, le bois destiné à alimenter les foyers des villes. Dans certaines parties de l’Amérique du Sud, les voyages mêmes se font k dos d’hommes. On y monte sur un homme, comme en Europe on monte sur un cheval.

Dans les temps anciens comme dans les temps modernes, l’établissement d’une bonne viabilité a été l’une des préoccupations principales des grands civilisateurs. À ce propos, en rappelant k Son auditoire du Collège de France la fable de Cadmus qui, après avoir tué le dragon, sema ses dents en terre et en vit sortir des hommes, M. Michel Chevalier, sans avoir cependant aucune prétention à deviner le sens des mystères de l’antiquité, déclarait qu’en- présence des résultats si étonnants et si prodigieux des voies de communication dans le nouveau monde, il était disposé à croire que, dans cette expression symbolique : semer tes dents du dragon, il s’agissait de bonnes routes construites par Cadmus dans la contrée sauvage dont il avait entrepris la colonisation. De bonnes voies de communication sont d’admirables instruments de domination politique ; Rome le comprit à merveille : partout où se portaient ses armes victorieuses, elle se hâtait d’établir d’admirables chaussées, ces voies romaines dont le nom est synonyme de route solidement construite. Ces voies étaient, en effet, si bien établies, qu’on en trouve encore des vestiges sur mille points de l’Europe. C’est par ce trait caractéristique dosa politique que le peuple roi s’est surtout distingué des nations qui l’avaient précédé, et de bon nombre de celles qui l’ont suivi, nations qui surent conquérir, mais qui n’eurent pas comme lui l’intelligence des moyens matériels à l’aide desquels les conquêtes se maintiennent et s’affermissent. L’Angleterro aussi, partout où elle colonise ou établit sa domination, se préoccupe avant tout d’établir de bonnes voies’de communication. Cette tac-