Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 4, Con-Contrayerva.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CONP

vertement ; mais ne serbit-ce pas le cas de dire : À qui la faute ?

Un chapelier venait purifier

Sa conscience aux pieds d’un bamabite.

Ça, mon ami, votre êtnt ? — Chapelier.

— Bon ! et quelle est la coulpe favorite ?

— Voir la donzelle est mon cas familier.

— Souvent ? — Assez. — Et quel est l’ordinaire ? Hein ? tous les mois ?—Ah ! c’est trop peu, mon p< ; re.

— Tous les huit jours ? — Je suis plus coutuu^er.

— De deux jours l’un ? — Plus encor ; j’ai beau faire, À tous-momenta les plus fermes propos...

— Ciuoi ’. tous les jours ?— Je suis un misérable...

— Soir et mutin ? — Justement ! — Comment, diable 1 Et dans quel temps faites-vous des chapeaux ? •


Confession d’Augsbourg. V, AUGSBOURG (Confession d’).


Confessions (LES), de saint Augustin. Ces mémoires sont le tableau admirable de la vie d’un libertin et d’un idolâtre, qui devint spontanément l’un des exemples et l’une des lumières de l’Église naissante.

Dons ces Confessions, le grand docteur se peint franchement, aveu des traits vifs et naturels. Il y raconte son enfance, sa jeunesse et sa conversion, la crise mémorable de* sa vie. Il y découvre ses vices et ses vertus ; il met à nu les plus secrets replis de son cœur. —Comme c’est à Dieu qu’il parle, il entremêle sa narration de prières, d instructions et de réflexions. Son dessein, en écrivant ce livre, a été de louer la justice et la miséricorde de Dieu, et d’élever son cœur et son esprit jusqu’à la hauteur de la sphère divine. Point de remplissages, d’obscurités, d’idées bizarres ou creuses ; partout de nobles élévations, des pensées s.ublimes sur la grandeur, la sagesse, la bonté et la providence de Dieu ; des réflexions profondes sur le néant, la faiblesse et la corruption de l’homme ; des conseils propres à corriger ses misères et son ignorance ; des instructions conçues pour son avancement dans la vie spirituelle. Mais ces qualités solides sont mêlées de quelques défauts : des pensées trop métaphysiques ; une éloquence affectée, ou qui paraît telle ; trop d’esprit et de feu, et pas assez de douceur et de simplicité, telles sont les taches, qui nous montrent dans l’auteur ua écrivain de la décadence latine, en même temps qu’elles accusent la fougue de son tempérament.

Les Confessions de saint Augustin sont divisées en treize livres, dont les dix premiers traitent de ses actions, et les trois derniers contiennent des réflexions sur le commencement de la Genèse. Cet ouvrage intéresse l’historien autant que le croyant sincère, ou le moraliste philosophe.

Dans le premier livre, consacré à son enfance, U dépeint ses mauvaises inclinations, son goût pour les fables et les fictions poéti1 ques, son aversion pour l’étude de la langue grecque.

Dans le deuxième, il décrit les premiers dérèglements de sa jeunesse, qui remontent à l’époque de son retour chez son père, à l’âge de seize ans.

Le troisième livre nous montre saint Augustin achevant ses études à Cartilage, se livrant aux emportements d’une passion, et à son ardeur pour les spectacles. L’auteur rappelle-avec attendrissement les pieuses leçons et les larmes ds sa mère, qui aspirait à le convertir. Séduit par les rêveries des manichéens, qui promettaient de lui faire connaître la vérité, il professa durant neuf ans des erreurs qu’il réfute aujourd’hui.

Le quatrième livre nous fait part de la profonde douleur dont l’accabla la mort d’un ami intime, alors qu’il était professeur de rhétorique à Tagaste. Après avoir discouru sur la vraie et la faussé amitié, il fait mention du Traité de la bienséance et de la beauté, qu’il avait écrit à l’âge de vingt-six aiis, et de la facilité qu’il avait eue à entendre les catégories d’Aristote. Il insiste sur l’inutilité des sciences dont le monde moderne proclame la. nécessité.

Le cinquième livre expose sa rupture progressive avec la secte des manichéens. ; ses voyages successifs à Cartilage, à Rome et à Milan, où. il est maître de rhétorique. Les prédications de saint Ambruise le décident à se faire catéchumène.

Dans le sixième livre, saint Augustin continue à décrire les’progrès de sa conversion, avancée par les prières de sa mère Monique. Il y fait une peinture pathétique des agitations où le plongeaient la connaissance de ses misères et le dessein qu’il avait de changer de vie.

Dans le septième livre, il représente sa situation morale, à l’âge de trente et un ans ; Son ignoraneo sur la nature de Dieu et sur l’origine du mal ; son mépris soudain pour l’astrologie judiciaire ; son éloignement graduel des faux préjugés, et son avènement à la connaissance de Dieu, sinon à celle de Jé. sus-Christ. Il déclare qu’il avait trouvé la divinité du Verbe dans les livres des platoniciens, mais qu’il n’y avait point trouvé son incarnation ; puis il compare, comme lecture édifiante, les livres de ces philosophes avec ceux de l’Écriture sainte.

Il aborde enfin, dans le huitième livre, Je plus beau moment de sa vie : sa trentedeuxième année, qui fut celle de sa conversion.

CONP "

Ebranlé par les récits de Simplicien et de Poticien, l’esprit indécis, inquiet, il s’était retiré dans un jardin, où il entendit une voix du ciel qui lui commanda d’ouvrir les Epilres de saint Paul, Il en eut lu à peine quelques lignes, qu’il se trouva entièrement converti et délivré des troubles qui l’avaient agité jusqu’alors.

Le neuvième livre nous apprend que le nouveau converti prit la résolution dé quitter sa profession. Retiré à la campagne, il reçut à Pâques le baptême avec Alype, son ami, et Adéodat, son fils naturel, qu’il pleura longtemps après l’avoir perdu. Il raconte divers événements de médiocre importance pour la postérité, mais marquai.ts pour lui, entre autres la mort de sa mère à Ostie.

Dans le dixième livre, saint Augustin fait son examen de conscience, dans le temps même où il écrivait. Il rend témoignage de son amour pour Dieu. Il explique les raisons qui obligent, l’homme à l’aimer, 11 examine toutes les facultés de son âme qui servent à la compréhension de ses attributs, et il s’arrête particulièrement à la mémoire, dont il fait une description merveilleuse. Il disserte ensuite sur les trois principales passions de l’homme : l’amour des plaisirs, de la science et de la gloire.

Les trois derniers livres traitent de matières étrangères ou sujet : l’histoire personnelle et inorale de saint Augustin. Pour attester son goût et peut-être son aptitude à l’étude et à l’interprétation des livres sacrés, il entreprend d’expliquer le commencement de la Genèse, disserte sur la mattere première, les sens différents qu’ildmet le texte de l’Écriture, le mystère de la Trinité, qu’il découvre dans les premières paroles delà Genèse. Il trouve enfin, dans la création du monde, le système et l’économie de tout ce que Dieu, a fait pour l’établissement de son Église et la sanctification des hommes, unique fin qu’il s’est proposée dans toutes ses œuvres. Saint Augustin met, dans ses Rétractations, les livres des Confessions avant les livres contre Faustus, écrits vers l’an 400, ce qui fait croire que les Confessions sont à peu près du même temps.

M. Villemain s’est étudié à signaler les contradictions morales entre les Confessions de saint Augustin et celles de J.-J. Rousseau : « Le livre vraiment unique, dit-il, c’étaient les Confessions de saint Augustin, ce cri d’humilité et cet hymne à Dieu tout ensemble, ce souvenir d’un pécheur et cette prière d’un converti. Le récit est moins anecdotique, moins varié que celui de Rousseau. Ce n’est pas que le saint manque de franchise ; mais sa langue est trop pure pour tout raconter. Quelques expressions sensibles et vives lui suffisent à rappeler les égarements de sa jeunesse et- les séduisantes images dont il fut trop charmé... Les Confessions de l’évêque d’Hippone ne sont "pus écrites avec l’élégance expressive et l’art passionné de Rousseau. Saint Augustin a perdu l’accent du pur et beau langage. En sentant avec énergie, il a souvent une diction barbare ou subtile, comme un Romain d’Afrique au ve siècle. Mais quelle élévation morale, quelle effusion de charité ! Rousseau, moins humilié de ses fautes qu’il ne s’attendrit sur ses malheurs, a mis, à force de talent, le pathétique dans l’égoïsnie même. Augustin est plein de tendresse pour les autres, autant que de sévérité pour liii. Rien de haineux dans sa tristesse ni d’orgueilleux dans son repentir. Il n’étale pas de ces tableaux où l’âme, en recherchant curieusement ses vices, satisfait encore sa vanité, le plus intime de tous. Il ne raconte pas complaisamment ce qu’il se reproche, et son imagination ne reste pas complice de ce qui fait ie sujet de ses remords. Par là, cette confession d’une ardente jeunesse et d’une vie longtemps égarée est un livre édifiant... Il y a là-quelque chose d’une grâce ineffable. Le saint n’a pas tué l’homme... » On trouvera’plus loin, à propos dej Confessions de J.-J. Rousseau, un parallèle plus étendu entre saint Augustin et le philosophe de Genève. ■> ■

Pour donner une idée exacte du style de saint Augustin, il suffit de citer cet admirable portrait de Dieu :

«Vous êtes infiniment grand, dit-il, infiniment bon, infiniment miséricordieux, infiniment juste ; votre beauté est incomparable, votre force irrésistible, votre puissance sans bornes. Toujours en action, toujours en repos, vous soutenez, vous remplissez, vous conservez l’univers ; vous aimez sans passion, vous êtes jaloux sans trouble ; vous changez vos opérations, et jamais vos desseins... Mais que vous dis-je ici, ô mon Dieul et que peut-on dire en parlant de vousl »

Parmi les principales traductions des Confessions de saint Augustin, on cite celles de Dubois, d’Arnauld d’Andilly, de l’abbé de Genoude et de M. Moreau.


Confession de l’amant (la) (Confessio amantis], poëme en huit livres, de Gower, composé en 1393, publié en M83, puis en 1532, 1554, et enfin réimprimé avec gravures en 1857. Ce singulier ouvrage, d’une longueur démesurée, roule sur la morale et la métaphysique de l’amour. Il n’est pas sans rapport avec nos anciens fabliaux, et l’on pourrait le rapprocher surtout du Roman de la rose. Malgré son titre latin (Confessio amantis), il est écrit en anglais. C’est le cas de faire remarquer, avec le dernier éditeur de

CONP

Gcwer, qu’au commencement du xive siècle

on parlait en Angleterre trois langues rivales : la cour, la noblesse, le parlement et même les tribunaux employaient le français ; le clergé se servait généralement du latin, et les actes publics étaient dressés dans l’une ou l’autre de ces langues, tandis que les descendants de la race anglo-saxonne faisaient usage d’un dialecte de dérivation saxonne, mais modifié par le temps, et mêlé à t’occasion de mots d’origine romane. Ces trois idiomes, au milieu et avec l’aide desquels l’anglais se forma rapidement, subsistèrent côte à côtejusqu’à la fin du siècle. En 1362, le parlement s’ouvrit par un discours en anglais ; les tribunaux imitèrent cet exemple, et Gower, dont les premiers ouvrages avaient été écrits en français et en latin, employa sa langue maternelle dans la Confession de l’amant.

Ce poëme fut composé sur la, demande de Richard IL Gower répondit à l’invitation par une production d’environ trente mille vers. Le plan est original et ingénieux. C’est un long dialogue entre un amant et un confesseur. Par une licence un peu hardie, il arrive que ce confesseur est un prêtre de Vénus, déguisé, qui s’appelle Genius. En conséquence de cette fiction, tous les péchés dont le pénitent s’accuse sont estimés d’après le plaisir que chacun d’eux doit causer aux dames ; ceci conduit le poeie à une analyse approfondie des sentiments de l’amoureux pénitent, et, dans les entr’actes de sa confession sentimentale, it glisse un cours de scolastique. Cette confession se prolonge tellement que les années s’envolent, et, près de l’absolution, le pénitent perd patience, et déclare qu’il est tellement vieux que sa belle maîtresse lui est à peu près indifférente. Toute négociation se trouve alors rompue, et le po8me finit.

Voilà, § ans contredit, une conception des plus bizarres. Ce qui ne l’est pas moins, c’est la façon burlesque dont l’auteur habille l’histoire et la science. On trouve de tout dans son livre : une exposition de la science hermétique et de la philosophie d’Aristote, un traité de politique, d’innombrables légendes de tous les pays et de toutes les époques ; bref, tout le fatras de l’érudition pédante.sque du temps. Gower, que Warton appelle un des plus savants hommes de son siècle, suppose que le latin fut inventé par la vieille prophètesse Carmens ; que les grammairiens Aristarchus, Donatus et Didymus réglèrent la syntaxe, la prononciation et la prosodie ; qu’il fut orné (les fleurs de l’éloquence et de la rhétorique par Cicérôn, puis enrichi de traductions d’après l’arabe, le chaldéen et le.grec, et qu’enfin, après beaucoup de travaux d’écrivains célèbres, il atteignit la perfection dans Ovide, poète dès amants. Plus loin, il découvre que le sage Ulysse apprit la rhétorique de Cicérôn, la magie de Zoroastre, l’astronomie de Ptolémée, et la philosophie de Platon. Tout cela çst délayé dans un style diffus, émaillé de citations avec renvois aux textes, etc.

Il va sans dire que les épisodes sont nombreux ; mais plusieurs sont amusants.’De ce nombre est le fameux conte the Wife of Batk (S’Epouse de Bath), reproduit par Chaucer, ami et admirateur de Gower, imité plus tard par Dryden, et enfin transformé par Voltaire en un conte charmant : Ce qui plait aux dames, Le fond de la nouvelle de Voltaire et de Dryden appartient incontestablement à Gower. Le styléde ce dernier est diffus et obscur dans cet épisode, qui n’a pas moins de cinq cents vers. Ce n’est point, ici, comme chez les deux imitateurs, pour avoir fait violence à une jeune paysanne que le chevalier est condamné, sous peine de mort, à dire ce qui plaît le plus aux dames, mais bien pour avoir pris d’assaut une forteresse féodale et tué le fils du seigneur. On s’étonne que Dryden et Voltaire aient tous deux- manqué’un très-joli trait de l’épisode de Gower : lorsque le chevalier, instruit par la vieille, déclare au tribunal féminin que le plaisir principal des femmes est de dominer, la dame présidente s’écrie, avec toute l’éloquence d’une conviction profonde : «O trahison ! Malheur à toi 1 Ainsi tu viens audacieusement de publier la plus grande privauté que toutes les femmes désirent le plus. Je voudrais que tu fusses consumé sur l’heure ! » On- trouve aussi dans le livre de Gower l’histoire d’Apollinus, prince de Tyr, d’où Shakspeare a tiré son histoire de Périclès, si toutefois Shakspeare est bien l’auteur de ce drame. Gower a beaucoup puisé lui-même, pour sa Confession de l’amant, dans le Panthéon ou Chronique universelle de Viterbe.


Confession de Sancy, ouvrage satirique en prose, par Agrippa d’Aubigné, publié en Hollande après la mort de l’auteur, en 1G93. Le fougueux huguenot écrivit cette virulente satire sous le coup de l’émotion qu’il ressentit lors de l’abjuration de Henri IV, préparée et accomplie par Du Perron, qui reçut en récompense le chapeau de cardinal. Aux yeux de d’Aubigné, Sancy est un effronté bateleur’ ; il est le type du converti sans pudeur et sans foi, qui change de religion comme de gîte, pour sa plus grande commodité. L’histoire considère simplement Sancy comme un politique et-un courtisan dévoué, peu scrupuleux, surtout en matière de religion, par.cela seul qu’il est indifférent, se souciant de la messe autant que du prêche, et fréquentant au besoin l’une et l’autre.’ D’Aubigné raille, insulte, soufflette ses adversaires. Les personnalités,

CONP

901

les défis injurieux abondent dans son pamphlet. Le cœur gros de colère et de mépris- d’Aubigné profite de l’occasion pour satisfaire à la fois ses haines privées et les rancunes de son parti. Il frappe indistinctement, et parfois en aveugle, sur les renégats comme Sancy, Sponde, Palma-Cayet ; sur les politiques conciliants, comme Hurault, Morlas, Rotan, Sully ; sur les anciens favoris de Henri III, comme d’O et d’Epernon ; sur Beliegarde, l’agent et le compagnon des bonnes fortunes royales. Bien qu’elle porte souvent les traces de l’improvisation, la Confession de Sancy n’est pas sortie d’un seul jet ; elle s’est accrue successivement. C’est un journal où d’Aubigné inscrit les médisances, les chroniques scandaleuses et les bons mots qu’il a recueillis ou faits lui-même. « Certaines allusions, dit le commentateur Le Duchat, nous reportent aux années antérieures à la mort de Gabrielle (1599) ; d’autres, au contraire, comme i’histoire du martyr Garnet, nous conduisent jusqu’en 1606. Le récit des conversions miraculeuses opérées par Mathurine, la confidente de Du Perron et de Marie de Médicis, est d’une époque également assez avancée. » Dans sa confu.se diversité, ce livre, précieux pour l’historien, ’ nous offre une image exacte de cette société où se heurtent les discussions politiques et religieuses, les commérages et les galanteries. Lès hommes d’armes se font théologiens, les évêques diplomates, les courtisans prédicateurs ; les dames elles-mêmes se chargent d’achever l’œuvre déla grâce, témoin le dialogue d’un docteur et d’une fille galante, qui se vante d’avoir converti Vignolet, par des procédés, il est vrai, peu canoniques. À la violence des personnalités se mêlent les grandes questions de morale et de religion, d’honneur en ce monde et de salut dans l’autre, les controverses sur la grâce, le culte des saints, la confession auriculaire, la transsubstantiation, auxquelles d’Aubigné rattache, avec une verve et un esprit incroyables, toute l’histoire contemporaine. Sancy, éclairé par Du Perron et instruit par l’exemple du prophète Daniel à tourner toujours ses hommages vers le soleil levant, trouve dans le monde qui l’entoure et dans les faits qui s’accomplissent au Louvre des preuves invincibles en faveur des dogmes catholiques. Qui oserait croire, par exemple, à la nécessité de la grâce de Dieu, quand celle du roi est si puissante ? Qui douterait du mérite des œuvres, « quand, c’est par de belles et bonnes œuvres que tant de gens ont gagné place au paradis de la France ?... Voyons, que sont devenus ceux qui se sont amusés à garder la foi au roi et à l’Etat ? ... Lu. foi n’est rien sans les œuvres... h lu mode... Qui ne reconnaîtrait le mystère de la transsubstantiation en voyant que, sous le nom du roi, s’opèrent tous les jours de si étranges métamorphoses ? La sueur d’un misérable laboureur se change en la graisso d’un riche partisan ou trésorier ; la moelle des doigts d’un vigneron de Gascogne, qui réjouit le cœur d’un chacun, remplit le ventre d’un parasite ; les pleurs de la veuve ruinée en Bretagne font avoir du fard à la femme de Santory ; le sang d’un soldat, perdu à chasser Epernon de Provence, se change en hypocras ; pour l’hôte de la Rose de Biois, on le voit aujourd’hui Lranssubstantié en M. de Bussy-Uuilbert ; les impôts de la France ont transsubstantié les champs des laboureurs en pâturages, les vignes en friches, les laboureurs en mendiants, les soldats en voleurs avec peu de miracle, les vilains en gentilshommes, les valets en maîtres, et les maîtres en valets, »

Il faut s’arrêter sur ce morceau admirable de vigueur et de causticité. Le droit de médisance a des bornes, que d’Aubigué a trop Souvent franchies ; une fois lancé, la plume ou l’épée au poing, il ne se connaît plus ; il tranche et abat tout autour de lui. La Confession de Sancy a été très-diversement et, parfois, très-sévèrement jugée. M. l’oirson, l’apologiste de Henri IV, l’appelle une perpétuelle diffamation ; le mot est dur et injuste. Sans doute, d’Aubigné passe les bornes de la modération, mais il est toujours honnête ; il est parfois inexact, mais du moins il ne ment pas sciemment. D ailleurs, à côté des violences, des injustices de l’esprit de parti, n’y a-t-il pas, ià aussi, un sentiment généreux, une loyale indignation contre ces hypocrites et ces déserteurs toujours prêts à crier : « Vivent ceux que Dieu seconde I » et cette haine vigoureuse contre le vice dont parle le misanthrope Alceste ? Le plus bel éloge littéraire que l’on puisse faire de cette vigoureuse satire, c’est de dire que plusieurs de ses chapitres paraissent avoir servi de modèle aux Provinciales.


Confessions (LES), de J.-J. Rousseau, ouvrage en douze livres, dont les six premiers furent écrits en 1766’et 1767, pendant le séjour de l’auteur à Wootton (Angleterre). Les six derniers furent écrits en Dauphiné et à Trye, pendant les années 176’S à 1770. Rousseau s’arrête, dans la description des événements de sa.vie, à l’année 1766, au moment de son départ pour l’Angleterre. Comme la plupart des personnes dont il parle vivaient encore au moment de sa mort, son intention était que ses Mémoires ne parussent qu’en 1800 ; mais les dépositaires du manuscrit n’en tinrent pas compte. Néanmoins, ils n’osèrent d’abord publier qu’une partie des Confessions, c’est-à-dire les six premiers livres, intitulés :