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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 5, part. 1, Contre-Coup.djvu/162

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tragédies, le Décemvir et Darius à Babylone, De retour dans sa famille, il écrivit quelques essais d’histoire littéraire, prit part aux travaux de l’Académie de Brescia, et publia, de 1782 à 1790, les ouvrages suivants : De la législation relative à l’agriculture {Delta législation relativamente ail’ agricoltura) ; Principes de philosophie agricole appliquée au district d’Ôrsi-Nuovi {Principii ai filosofiadgraria applicata, etc.) ; Idées sur la végétation (Idée sopra la vegelazioue) ; Dix lettres à Olsténie sur les Dialogues de Lucien ; un petit truite des Plaisirs de l’esprit {Dei piaceri dello spirito, ossia Analisi dei principii del gusto et délia morale). En 1797, il accepta les Jonctions de juge criminel, puis devint membre du tribunal de cassation de la république Cisalpine. En 1800, lors de l’établissement de la République italienne, Corniani devint président de ia nouvelle Académie scientifique et littéraire de Brescia, membre de l’Institut italien, jugede révision et enfin conseillerdoyen à la cour d’appel de Brescia (180"). Avant de rentrer dans sa patrie, il avait travaillé à la rédaction du nouveau code civil du royaume d’Italie. Dès l’année 1804, Corniani, malgré ses occupations, avait fait paraître le premier volume de ses Siècles de la littérature italienne (Isecoli délia littératura italiana), qui contenait la première époque de l’histoire littéraire d’Italie. Il publia successivement les autres volumes ; le neuvième et dernier, renfermant la neuvième époque, parut eu 1S13. Cette histoire littéraire, qui s’étend de l’an 1000 à 1750, reçut du public l’accueil le plus favorable ; elle est encore aujourd’hui l’un des ouvrages les plus estimés sur cotte matière, et le Grand Dictionaaire lui a fait plus d’un emprunt. Cet ouvrage, qui n’a jamais été traduit en français, a été continué brillamment ■ par Ugoni jusqu’en 1820, médiocrement par Ticcozzi jusqu’en 1832, et plus médiocrement encore par divers écrivains jusqu’en 1856. Corniani ne survécut que quelques mois à la publication de son dernier volume.

CORNIC-DUCHENE (Charles), fameux corsaire français, né à Morlaix en 1731, mort dans cette même ville en 1809. Il appartenait à une famille d’armateurs et de marins, et était cousin du contre-amiral Cornic-Duinoulia. Dès l’âge de huit ans, nous le voyons s’embarquer comme mousse à bord ’des bâtiments de son père, et y donner des preuves d’une intrépidité précoce. En 1751, il entra dans la marine royale en qualité de pilote surnuméraire, et obtint avec peine, cinq ans plus tard, le commandement d’une corvette, mais sans grade, car il n’était pas gentilhomme. On était alors aux plus mauvais jours de la marine française. Peu de temps avant la déplorable catastrophe que l’histoire a flétrie du nom de déroute de Conflans, Cornie-Duchêne soutenait, en vue d’Ouessant, le

21 juin 1758, sur la Félicité, frégate do 30 canons et 210 hommes d’équipage, une lutte victorieuse contre 3 navires, dont un vaisseau de 64 canons, et rentrait au Havre après avoir traversé l’escadre de l’amiral Rodney. Ces succès et ceux qu’il remporta ensuite sur le Protée, bâtiment de 64 canons, armé en course, excitèrent la jalousie du grand corps, et il fallut que notre officier bleu prouvât, en blessant sept officiers rouges en duel, qu’il était aussi habile tireur qu intrépide corsaire. En 1761, lors du siège de Belle-Ile par les Anglais, Cornic-Duchêne s’offrit à incendier l’escadre de l’amiral Keppel avec 24 brûlots, et à sauver ainsi Belle-Île. On n’accepta pas cette proposition et Belle-Ile fut prise, malgré l’énergique résistance de son gouverneur, M. de Sainte-Croix. Au moment où la paix de Paris fut signée, Cornic-Duchêne ne songeait à rien moins qu’à proposer au roi d’opérer une descente en Angleterre. De 1763 à 1778, la paix le réduisit à une inactivité forcée, mais il ne cessa pas pour cela de se rendre utile à son pays. Lors d’un débordement de la Garonne, il passa trois jours et trois nuits à sauver, avec une frêle barque, les habitants de l’Ile Saint-Georges, qui, sans lui, auraient infailliblement péri. Il poussa le dévouement jusqu’à nourrir pendant quelques

jours plusieurs centaines de pauvres gens qu’il avait sauvés. Lorsque la guerre de l’indépendance américaine éclata, Cornic-Duchêne, qui n’était encore que lieutenant de vaisseau, demanda un avancement bien dû à ses longs et loyaux services ; rebuté par les niinisLres, qui craignaient de mécontenter les officiers nobles en élevant ce vaillant marin à un grade supérieur, il donna sa démission. La Révolution lui rendit enfin justice ; malheureusement, son âge et ses infirmités ne lui

permettaient plus de prendre un service ac—tif, il ne put qu’offrir au gouvernement les conseils de sa longue expérience.

CORNICEN s. m. (kor-ni-senn — mot lat. formé de cornu, corne). Antiq. rom. Joueur de cor dans les légions romaines. Il On disait aussi CORNICINA.

CORNICHE s. f. (kor-nî-’che — du gr. kordnés, recourbé). Archit. Partie composée de moulures en saillie l’une au-dessus de l’autre, et servant de couronnement à l’entablement d’un édifice. Corniche dorique, ionique. La coRNicnri est le couronnement de l’ordre entier. (Rolliii.) Michel-Ange a couronné le palais Farnèse d’un très-beau modèle de cokniche. (Bachelet.)

— Par final. Saillie imitant uno corniche

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d’édifice, et servant de couronnement à un ouvrage quelconque : La corniche d’une armoire, d’un plafond, il Saillie naturelle imitant une corniche d’édifice : Le bruit sourd et périodique de la lame contre le cap ébranlait à chaque coup la corniche étroite où nous marchions suspendus sur les précipices. (Laumrt.)

— Mar. Pièce de bois sculptée^ue l’on applique en dehors de la lisse de hourdi.

— Bot. Nom vulgaire donné au fruit de ia mâcre, qui présente des sortes de cornes.

— Encycl. La corniche, comme l’étymologie du mot l’indique, est le-couronnement d’une construction. Dans l’architecture antique, elle est la troisième partie de l’entablement, celle qui en forme la terminaison. Ses caractères varient suivant les ordres.

Dans l’ordre dorique, elle se compose de trois membres : les mutules, le larmier et la cymaise. Les mutules sont des espèces de tables inclinées qui font saillie au-dessus des triglyphes et des métopes de la frise et qui, suivant l’explication de Vitruve, représenteraient les forces ou maitresses pièces de la charpente des combles. Ainsi qu’on l’a fait remarquer, cette image ne serait juste que pour les mutules qui figurent sur les faces latérales, puisque le toit, dans’ les temples grecs, n’a que deux pentes ; elle serait inexacte à l’égard des mutules des façades principales qui n’ont point de toit. Sur la face inférieure de ces mutules sont taillés, quelquefois en creux, mais le plus souvent en relief, trois rangs de six gouttes rondes, correspondant il celles qui sont placées sous chaque triglyphe. Au-dessus de la rangée des mutules qui forment le plafond de la corniche, se trouve le larmier, dont la surface verticale est tenue lisse pour laisser couler l’eau. Cette surface est débordée à sa partie supérieure par la cymaise, moulure qui présente ordinairement une partie concave et une partie convexe : lorsque la partie concave est en bas et la partie convexe en haut, la moulure prend le nom de doucine ; dans la disposition inverse, elle se nomme talon. Lorsqu’elle est simplement concave, on l’appelle caret. Lu corniche dorique, telle que nous venons de la décrire, est celle que l’on voit dans la plupart des monuments grecs de la belle époque, notamment au Parthéuon. Les architectes romains, et, à leur exemple, les architectes de la Renaissance, ont apporté de nombreuses modifications dans les dispositions de ce membre d’architecture.

Ce qui caractérise la corniche ionique, c’est la présence des dentioules sous le larmier. Au-dessus de la rangée des denticules, règne une série de moulures rehaussées de rais de cœur, d’oves et de perles. Puis vient le larmier avec sa cymaise particulière, et on trouve enfin la doucine, qui termine la corniche, et qui peut présenter divers ornements, tels que des mufles de lion servant de goûttières. La saillie de la corniche ionique, ainsi que sa hauteur, est généralement égale au diamètre de la colonne. Dausl’ionique romain, les corniches offrent plusieurs variétés. Elles sont presque toujours accompagnées de denticules et quelquefois d’oves et de modillons.

La corniche corinthienne est caractérisée par les modillons, espèces de consoles renversées, placées entre la frise et le larmier, et qui remplissent la même fonction que les mutules dans le dorique. Toutefois, il existe des corniches corinthiennes qui, au lieu de modillons, présentent des denticules, comme on le voit au monument choragique de Lysicrate ; d’autres offrent à la fois des denticules et des modillons, disposition qui a été blâmée par Vitruve, et que l’on trouve cependant dans quelques-uns des plus beaux édifices antiques, notamment au temple de Pola, en Istrie, aux temples de Nerva, de Jupiter Stator, de Jupiter Tonnant, à Rome, au temple de Castor etPollux, de Naples, à la Maison-Carrée, de Nîmes. La corniche de ce dernier édifice oll’re une singularité qui se trouve aussi a l’arc de triomphe d’Orange : les modillons, placés à contre-sens, montrent leur panse aux spectateurs au lieu de s’appuyer contre le mur. Nous signalons au mot corinthien d’autres variétés de corniches employées dans les édifices de cet ordre.

En général, dit Quatremère, l’idée de corniche emportant celle de couronnement, et la forme de ce membre d’architecture comportant les signes représentatifs du comble, on peut donner comme principe de convenance de ne point employer de corniche là où l’on ne saurait présumer que le bâtimentsoit terminé. Dans l’intérieur du grand temple dePtestum, l’entablement qui sépare les deux ordres de colonnes n’a. point de corniche. Ce principe, toutefois, n’apas été respecté par tes Romains ■et par leurs imitateurs de la Renaissance. «Dans l’architecture romaine, dit M. Violletle-Duc, la corniche appartient à l’entablement, qui lui-même appartient à l’ordre ; de sorte que si les Romains superposent plusieurs ordres dans la hauteur d’un monument, ils ont autant de corniches que d’ordres. Ainsi, un édifice composé de plusieurs ordres superposés n’est qu’un échafaudage d’édificesi placés les uns sur les autres. Bien mieux, si le Romain place un ordre à l’intérieur d’une salle, il lui laisse sa corniche, c’est-à-dire son couronnement destin ! à recevoir le comble. Cela peut produire un grand effet, mais ne saurait satisfaire la raison. D’ailleurs, dans

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les ordres romains, qui sont dérivés des ordres grecs, la corniche, par la forme de ses moulures, sa saillie et les appendices dont elle est accompagnée, indique clairement la présence d’un chéneau, c est-à-dhe la based’un comble et le canal longitudinal recevant les eaux de pluie coulant sur la surface de ce comble. Or, à quoi bon un chéneau à mi-hauteur d’un mur et surtout à l’intérieur d’une salle voûtée ou lambrissée ? Donc, pourquoi une corniche ? ■

Le savant architecte que nous venons de citer ajoute : à La corniche est un des membres de l’architecture du moven âge qui indiquent le mieux combien les principes de cette architecture diffèrent de ceux admis chez les Romains. En examinant les édifices les plus anciens de l’ère romane, nous voyons que les architectes ont une tendance prononcée à les élever d’une seule ordonnance de la base au faîte ; à peine s’ils marquent les étages par une faible retraite ou un bandeau. Bientôt ils en viennent à allonger indéfiniment les colonnes engagées, sans tenir aucun compte des proportions des ordres romains, et à leur faire toujours porter la corniche supérieure, la véritable corniche, si élevée qu’elle soit au-dessus du sol. Abandonnant l’architrave et la frise de l’entabîement romain, la colonne porte directement la corniche, le membre utile, saillant, destiné à protéger les murs contre les eaux pluviales. Cela dérange les dispositions et proportions des ordres romains ; mais cela, par compensation, satisfait laraison.» Le plus souvent les corniches romanes sont composées d’une simple tablette saillante, recevant les tuiles de la couverture et reposant sur les chapiteaux des colonnes engagées et sur des corbeaux ou modillons profondément engagés dans la maçonnerie. Ces tablettes sont tantôt lisses, tautôt moulurées, tantôt décorées de billettes, de dents de scie, d’étoiles ou d’autres ornements ; quelquefois, comme dans les chapelles absidales de Notre-Dame-du-Port, à Clermont, elles ont leur surface inférieure, entre les corbeaux, ornée d’une sorte de petite rosace creuse. Les corbeaux affectent les formes les plus variées, et sont décorés fréquemment de têtes d’hommes ou d’animaux. Avant le xme siècle, c’est dans les provinces du centre et en Bourgogne que l’on trouve les corniches les mieux combinées et ayant le plus grand caractère. Les corniches bourguignonnes indiquent, comme tous les membres de l’architecture de cette province, un art du trait très-avancé, et surtout une observation très-fine des effets produits par les lumières et les ombres : les corbeaux de ces corniches sontévidéslatéralement, enquart de cercle, et ornés plus souvent d*oreillettes en manière de crochets ou d’un simple biseau. Dans les provinces du nord, généralement pauvres en

matériaux de grandes dimensions, les corniches romanes sont maigres, peu saillantes et peu variées en composition. En Normandie, par exemple, elles ne consistent d’ordinaire qu’en une simple tablette de 10 à 15 centimètres d’épaisseur, ornée de billettes et soutenue par des tètes grimaçantes qui reposent elles-mêmes sur un filet orné (Abbaye-aux-Dames, à Caen). En Champagne, sur les bords de l’Oise et de l’Aisne, où les matériaux sont plus abondants, les corniches prennent plus d’importance. Très-souvent la corniche romane s’appuie sur une série de petites arcades juxtaposées, qui prennent naissance deux à deux sur une console commune, ornée de têtes d’animaux, de feuilles ou de faux chapiteaux. Ce genre d’arcature indique même quelquefois, à Civray, dans le Poitou, par exemple, les principales divisions horizontales de la façade des églises. Dans la Lombardie, dans le midi et à l’est de la France, cette arcature a très-peu de relief et suit la ligne des toits et le rampant des combles.

À l’époque de transition, la corniche à corbeaux tut abandonnée et remplacée généralement par une corniche composée de tores et de cavets agencés dans d’assez bonnes proportions. Quelquefois des rosaces ou des crochets décorent ces moulures et font fonctions de corbeaux, mais ils ne soutiennent pas la tablette, qui, devenue plus épaisse, est indépendante.

Les architectes de la période ogivale rompirent complètement avec les traditions du passé. Ils voulurent que la corniche portât un chéneau, afin de diriger les eaux par certains canaux placés pour les recevoir, et pour que sa disposition permît aux couvreurs de travailler plus facilement aux réparations des toitures. Les corniches, supérieures du chœur de la cathédrale de Paris, refaites au commencement du xinc siècle, possèdent déjà des larmiers très-saillants sur lesquels s’appuie un chéneau conduisant les eaux dans des gargouilles espacées. La corniche couronnant la galerie qui contourne et réunit les tours du même édifice est composée de trois assises ;. une assise décorée de crochets et de feuilles et deux assises de larmiers ; l’assise supérieure, qui porte une balustrade, est percée de trous, de distance en distance, pour laisser écouler les eaux tombant sur les terrasses. La corniche supérieure des deux tours se compose de deux assises de crochets uyantehacune 75centimètres de hauteur, d’un larmier surmonté de deux assises en talus et d’une balustrade. À partir du milieu du xnr= siècle, les larmiers des corniches gothiques prennent des profils moins anguleux et moins rigides. La magnifique corniche du chœur de la cathédrale de

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Troyes a pour larmier un boudin avec uns arête saillante ; au-dessous du boudin est un double rang de crochets. Vers la même époque, dans quelques provinces, en Normandie, par exemple, les traditions romanes persistent à côté des formes nouvelles : c’est ainsi que, dans la CornicAe de la nef de la cathédrale de Rouen, on retrouve la petite arcature romane associée aux crochets du xnie siècle, et surmontée d’un larmier arrondi. Les corntc/les, pendant le cours du xivc siècle, se composent presque toujours de deux assises ; elles diffèrent de celles de l’époque précédente, en ce que les profils des larmiers sent plus maigres et les ornements, feuilles ou crochets, plus grêles et d’une exécution plus sèche. Une corniche de cette période, qui mérite d’être citée, autant pour l’originalité de sa composition que pour la beauté de l’exécution, est celle du chœur de l’église de Saint-Naaaire, à Carcussonne ; elle se compose

d’un rang de têtes humaines supportant une assise formant larmier, et décorée de larges feuillages, et elle reçoit un chéneau et une balustrade. Au xvc siècle, les corniches deviennent plus saillantes et comprennent souvent un assez grand nombre d’assises superposées en encorbellement, ornées de cordons île feuillages qui courent devant des gorges profondes, séparées entre elles par de fines moulures.

« Au commencement de la Renaissance, dit M. Viol !et-le-Duc, on aperçoit déjà, dans l’architecture surtout, un retour vers les formes de la corniche romaine : le larmier gothique est supprimé. Cependant, ce n’est guère que vers le milieu du xvr= siècle que reparaît l’entablement romain. La tour carrée du château de Blois, l’hôtel de ville d’Orléans, le château de Chambord, offrent des cornicAes composées d’une arcature soutenue par des corbeaux, qui rappelle les mâchicoulis de couronnement des châteaux forts du xive siècle.


CORNICHE (route de la), belle et magnifique route allant de Nice à Gênes, ainsi nommée parce que le chemin auquel elle a succédé (ancienne voie romaine), tracé sur la crête des rochers qui dominaient la mer, était très-étroit et souvent périlleux. La route actuelle, commencée par le gouvernement français et achevée par le gouvernement piémontais, est une des voies les plus agréables par lesquelles on puisse se rendre en Italie. Elle côtoie sans cesse le bord de la mer qui, en cet endroit, est appelée Rivière du ponant. Tantôt elle s’enfonce dans des bois d’oliviers ; tantôt au contraire elle s’élève sur la cime des monts, d’où alors elle commande un horizon immense ; d’autres fois elle traverse les villages semés en grand nombre sur la côte, ou bien se fraye un passage à travers des montagnes de marbre. Mais partout elle est pittoresque, variée en aspects, offrant d’un côté le spectacle de la mer, de l’autre celui d’une végétation tropicale. Aussi ce quai de la Méditerranée est une promenade plutôt qu’une route, et les voyageurs qui la parcourent ne sont pas pressés d’en atteindre le bout. La Corniche a, sur les passages à travers les Alpes, l’avantage d’être libre en toute saison ; à certains jours seulement les torrents descendus des montagnes, à la suite des grandes pluies, en suspendent momentanément la circulation. Tout le long on voit s’échelonner les petites villes de Monaco, Menton, Onéglia, Albenga, Finale et Savone, toutes dans la plus heureuse situation sur le bord de la mer. Le chemin de fer qui doit relier Gênes à Nice est en voie de construction ; les travaux d’art sont en partie terminés, et le jour n’est pas éloigné où l’on pourra aller de Paris à Naples sans descendre de wagon.


CORNICHON s. m. (kor-ni-chon — dimin. de corne, allus. À la forme du fruit). Bot. Nom donné à une variété de concombre et surtout à ses fruits, que l’on confit au vinaigre lorsqu’ils sont encore peu développés : La manière la plus simple de faire les cornichons est, je crois, la préférable. (Bosc.)

Elle est forte en calcul, tient sa cuisse serrée,
Et fait des cornichons dont on parle en soirée.
                 Rolland et du Boys.

— Petite corne : Les cornichons d’un chevreau, d’un jeune bœuf. || Peu usité.

— Pop. Mari trompé, cornard : Sa femme le fait cornichon. || Sot, niais, imbécile : Tu ne seras jamais qu’un cornichon. || Le féminin cornichonne s’emploie quelquefois dans ce dernier sens : Jour de Dieu ! Constantin, fallait-il être cornichonne ! (Gavarni.)

— Argot. Veau.

— Jeux. Nom que l’on donne, dans quelques provinces, à la boule qui, lancée la première, sert de but aux autres, et que l’on nomme ailleurs cochonnet. || Cornichon va devant, Espèce de jeu qui consiste à ramasser en courant divers objets : Parmi tant d’admirables actions de Scipion l’aïeul, il n’est rien qui lui donne plus de grâce que de le voir, nonchalamment et puérilement baguenaudant, amasser et choisir des coquilles, et jouer à cornichon va devant, le long de la marine, avec Lélius, son ami intime. (Montaigne.)

— Véner. Syn. d’ANDOUILLER.

— Vitic. Variété de raisin dont le grain, long et recourbé, affecte la forme du petit concombre appelé cornichon.

— Zooph. Nom vulgaire des holothuries, à cause de leur forme.