Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 6, part. 1, D-Deli.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

34

DAMA

vigoureuse, pendant laquelle il pilla Tanièregarde des Sarrasins et enleva toutes leurs temmes. Parmi ses prisonnières se trouvait la femme d’un dos principaux chefs musulmans, dont les charmes éblouirent le commandant. Celui-ci voulut aussitôt la traiter en vainqueur ; mais elle le repoussa avec une fierté méprisante, puis appela à son secours toutes ses compagnes d’infortune. Elles arrachèrent alors les pieux des tentes, se rangèrent dos à dos, et refusèrent de continuer leur route vers Damas. Il fallut se résoudre à combattre des femmes ainsi armées. Dans cet intervalle, les Sarrasins revinrent à la charge et taillèrent les Romains en pièces. Ils se présentèrent ensuite de nouveau devant Damas, qu’ils emportèrent d’assaut, poursuivirent les habitants, qui avaient pris la fuite à leur entrée dans la ville, et les’ rejoignirent sur le territoire de Tripoli, où ils les massacrèrent jusqu’au dernier. Après avoir servi de résidence aux premiers Abassides, de Tan 060 à Tan 753, la ville do Damas fut administrée par des gouverneurs. Mais l’époque la plus féconde en désastres pour Damas est Celle des croisades ; elle fut alors le théâtre des luttes les plus acharnées. (V. ci-dessous.) Délivrée des croisés, cotte ville eut à compter, en l-JOl, avec les Mongols, qui, sous les ordres de Timour, s’en emparèrent et la livrèrent aux flammes. Presque tous les habitants furent passés au fil de Tépée. En 1510, le sultan Sélim Icr ; ayant enlevé Damas aux Mameluks d’Égypte, l’incorpora à l’empire d’Osman, et depuis lors cette ville est restée le chef-lieu d’un gouvernement turc.

DAMAS (EYALET DE), une des quatre grandes divisions de la Syrie moderne, entre Teyalet d’Alep au N., celui de Beyrouth à TO., l’Arabie au S. et le désert de Syrie à TE. Ch.-l., Damas ; environ 1,200,000 hab. Il comprend les sandjaks de Damas, d’Hama, d’Homs et d’Adjloum. Le sol en est généralement fertile, surtout dans les environs de Damas, qui sont couverts de magnifiques jardins d’orangers, de citronniers, de cèdres, d’abricotiers, de pêchers, de pommiers, de figuiers et d’arbres à fruits de toute sorte. Cette contrée est arrosée par TOronte, le cours supérieur du Jourdain, le Barrady, dont les sept branches fertilisent dans toutes les directions les plaines do Damas, et plusieurs autres cours d’eau de moindre importance. Les habitants de Teyalet de Damas n’ont pas une excellente réputation ; témoin ce proverbe arabe : CkÛmi choumi (Dainasquin, coquin).


Damas (siège de). Le siège le plus remarquable que Damas ait eu à supporter fut celui qu’en firent les chrétiens pendant le cours de la deuxième croisade, en 1149. L’arrivée dans la Palestine de Louis VII, roi de France, et de Conrad III, empereur d’Allemagne, excita le plus vif enthousiasme et ranima les espérances des croisés. Baudouin III régnait alors à Constantinople. C’était un prince jeune, actif et ambitieux, aussi avide d’étendre sa renommée que d’agrandir ses États, et il ne négligea rien pour presser la guerre qu’on voulait faire aux Sarrasins. Une grande assemblée eut lieu à Ptoîémaïs, à laquelle assistèrent les rois do France et de Jérusalem, l’empereur Conrad et tous les barons et chevaliers chrétiens. Là, il fut décidé qu’on commencerait la guerre par le siège do Damas, qui incommodait Antioche, Jérusalem et Tripoli, et qui, de plus, offrait aux croisés l’appât d’un immense butin. Une sage politique prescrivait d’ailleurs de s’emparer de cette ville, menacée par les Atabccks et surtout par Nonreddin, sultan d’Alep, qui désirait depuis longtemps en faire la conquête. L’armée chrétienne, à laquelle s’étaient réunis les chevaliers du Temple et de Saint-Jean, se rassembla dans la Galilée et s’avança vers la source du Jourdain : elle était commandée par le roi de France, 1 empereur d’Allemagne, le roi de Jérusalem, et précédée du patriarche de la sainte cité, qui portait la vraie croix. Partie de la petite ville do Melchisapar, toute pleine encore de la miraculeuse conversion de saint Paul, elle traversa les chaînes du Liban et alla camper près du bourg de Darie, d’où elle put contempler Damas,

À Torient et au midi, la ville était défendue par de hautes et fortes murailles ; mais du côté du nord et de l’occident, elle n’avait pour défense que ses innombrables jardins où s’élevaient de toutes parts des palissades, des revêtements de terre et de petites tours où Ton pouvait placer dos archers. C’est sur ce point que les croisés résolurent de diriger leurs premiers efforts, espérant y trouver de l’eau et des fruits en abondance ; mais l’entreprise était périlleuse : les jardins et les vergers, plantés d’une immense quantité d’arbres, s’étendaient jusqu’au pied de TAnti-Liban et présentaient 1 aspect d’une vaste forêt, sillonnée do sentiers étroits et tortueux où deux hommes pouvaient à peine marcher de front ; de plus, les Sarrasins avaient élevé partout des retranchements, à l’abri desquels ils pouvaienten sûreté faire pleuvoir une grêle de traits sur les chrétiens. Rien ne put néanmoins arrêter la bravoure impétueuse des croisés, conduits par les rois de France et de Jérusalem, qui avaient laissé à l’empereur d’Allemagne le commandement du corps de réserve, avec la mission de garantir les assiégeants des entreprises de l’ennemi. Los Sarrasins qui défendaient les abords tic Damas, abordés avec un élan irrésistible, reculèrent jusque sur les

DAMA

bords de la rivière qui coule sous les murs do la ville, et là, serrés en bataillons épais, opposèrent une invincible résistance à tous les efforts de l’armée chrétienne. C’est alors que l’empereur Conrad accomplit un de ces exploits, renouvelés de Godefroy de Bouillon, tels qu’on n’en a jamais vu qu’aux croisades, et qui ne sont jamais entrés dans l’imagination d’Homère. L’auteur des Gestes de Louis VU raconte que l’empereur d’Allemagne, suivi d’un petit nombre des siens, se porta de l’arrière-garde à l’avant-garde à travers l’armée des croisés, et que toute l’armée ennemie plia sous son attaque impétueuse. Un Sarrasin d’une taille gigantesque, couvert de son armure, s’avança alors au-devant de lui pour le délier et le combattre ; Conrad vola à la rencontre de ce guerrier musulman, et les deux armées s’arrêtèrent pour contempler ce combat singulier. La lutte ne fut pas longue ; Conrad, d’un coup d’épée déchargé sur l’épaule du Sarrasin, partagea en deux le corps de son adversaire. Ce prodige de force et de valeur jeta la consternation parmi los infidèles, qui abandonnèrent les bords de la rivière pour se réfugier dans la ville. Les historiens orientaux signalent eux-mêmes Teffroi qui s’empara des habitants de Damas après la victoire des chrétiens. Suivant Déhebi (Bibliothèque des croisades), les musulmans couchèrent sur la cendre pendant plusieurs jours ; au milieu de la grande mosquée, on exposa TAlcoran recueilli par Othman ; puis les femmes et les enfants se rassemblèrent autour du livre sacré, en invoquant le secours de Mahomet contre leurs ennemis. Déjà les assiégés songeaient à prendre la fuite, et, pour se donner le temps de sauver leurs familles et leurs richesses, ils barricadèrent les rues du côté des jardins, en y tendant des chaînes et en les encombrant de grosses poutres et d’amas de pierres.

Les chrétiens, de leur côté, étaient si persuadés qu’ils allaient s’emparer de Damas, que leurs principaux chefs ne s’occupèrent plus que de savoir auquel d’entre eux allait échoir la principauté de cette ville. L’éternelle fable de la peau de Tours se joua alors, avec les premiers barons de la chrétienté pour personnages. Ils accablèrent de leurs sollicitations le roi de France et l’empereur d’Allemagne. Ce fut Thierry d’Alsace, comte de Flandre, qui l’emporta sur ses concurrents et ses rivaux, et avec assez de justice peut-être, car il était déjà venu deux fois dans la Palestine et avait abandonné à sa famille ses possessions d’Europe. Cette préférence n’en amena pas moins des résultats funestes, qui d’ailleurs ne pouvaient manquer de se produire, quel qu eût été le choix du roi de France et do l’empereur. La jalousie s’éveilla dans le cœur des autres chefs et le découragement de l’armée ne tarda pas à en être la suite. Ils avaient montré de l’ardeur et du zèle, tant que la principauté de Damas avait pu être le rêve de leur ambition ; mais ils tombèrent dans l’inaction de-., qu’ils virent leurs espérances trompées ; quelques-uns même ne songèrent plus qu’à taire échouer une en trepriso du succès de kquelle ils n’avaient plus d’avantages à tirer.

Ce refroidissement subit et cette mésintelligence n’échappèrent point aux Sarrasins, qui appelèrent à leur secours la ruse, l’intrigue, les promesses et les menaces pour rendre plus profonde la division qui régnait au camp des chrétiens. Ils s’attachèrent surtout à éveiller la défiance des barons de Syrie, auxquels ils peignirent les guerriers d’Occident comme (les hommes ambitieux et avides, venus pour s’emparer des villes chrétiennes de l’Asie. Ils leur laissèrent entrevoir ensuite l’intention redoutable où ils étaient de livrer Damas à Noureddin, auquel r ; en ne pourrait plus résister, et qui ne tarderait pas a reconquérir Jérusalem, ainsi que toute la Palestine. Soit que les barons de Syrie fussent eifrayés de ce projet apparent, soit qu’ils craignissent réellement les entreprises des Francs qui avaient traversé les mers pour les secourir, ils ne s’occupèrent plus que de ralentir les opérations du siège, et ils ouvrirent un avis que les croisés adoptèrent trop aveuglément, et qui acheva de ruiner toutes les espérances qu’avait fait naître cette croisade. Dans un conseil tenu par tous les chefs de l’armée, les barons de Syrie proposèrent de changer le point d’attaque, sous prétexte que le voisinage des jardins et de la rivière empêchait de placer avantageusement les machines. Dans la position qu’occupait l’armée chrétienne, disaient-ils, elle pouvait être surprise et enfermée par l’ennemi sans pouvoir se défendre. Il paraissait donc plus prudent et plus facile de livrer un assaut à la ville du côté de Torient et du midi.

Les chefs dos croisés étaient tous d’intrépides chevaliers ; mais aucun d’eux, ni le roi de France, ni l’empereur d’Allemagne, ne possédait assez l’expérience de la guerre, et surtout de l’a guerre de siège, pour comprendre ce qu’un tel conseil avait de dangereux. Outre que l’exécution de ce nouveau plan devait nécessairement affaiblir la confiance que l’armée avait dans ses chefs, un simple coup d’œil jeté sur les moyens de défense de la ville eût dû suffire pour inspirer à tous de redoutables appréhensions sur l’issue de ce second siège. En effet, du côté où allait so porter l’effort des croisés, Damas était hérissée do tours et de remparts inexpugnables. Il devenait évident que la valeur des

DAMA

plus intrépides chevaliers viendrait se briser contre ces murs infranchissables, du haut desquels les Sarrasins se préparaient à faire pleuvoir une grêle de traits sur les assiégeants, campés dans une plaine découverte et aride où il était impossible de trouver de l’eau et de se procurer des vivres, car les infidèles avaient ravagé les campagnes voisines et caché les blés dans des souterrains qu’on ne pouvait découvrir. Tel fut cependant le parti désastreux qu’adoptèrent les chefs de l’armée chrétienne, à la grande joie des Sarrasins, qui, sur ces entrefaites, reçurent un secours de 25,000 hommes. Alors, dit un historien arabe, ils se revêtirent du bouclier de la victoire et exécutèrent plusieurs sorties qui furent fatales aux chrétiens. Ceux-ci livrèrent plusieurs assauts, qui furent vaillamment repoussés ; bientôt ils se virent menacés des horreurs de la famine, et la discorde éclata ouvertement parmi eux. On n’entendit plus parler, dans le camp des croisés, que de perfidie et de trahison, et les chrétiens de Syrie, ainsi que ceux d’Europe, laissèrent éclater leurs jalousies et leurs défiances mutuelles, paralysant ainsi réciproquement leurs efforts. Enfin on apprit que les princes d’Alep et de Mossoul arrivaient au secours de la ville à la tète d’une armée nombreuse, et il fallut perdre toute espérance de s’en emparer. Dès lors la levée du siège fut résolue et mise aussitôt à exécution. Ainsi la discorde priva les croisés du fruit de tant de fatigues et de travaux, et, bien qu’ils n’eussent manqué ni de courage ni de constance, ÎIs durent abandonner, au bout de quelques jours, une entreprise dont les préparatifs avaient occupé l’Europe et l’Asie.

La plupart des historiens latins et arabes racontent le siège de Damas avec des circonstances différentes ; mais ils s’accordent tous à dire que la retraite des chrétiens fut l’œuvre de la trahison. Un auteur oriental va jusqu’à prétendre que le roi de Jérusalem reçut des habitants de Damas des sommes considérables, mais qu’il fut trompé par les assiégés, qui lui donnèrent des pièces de plomb revêtues d’une feuille d’or (Bibliothèque orientale). Quelques chroniqueurs accusent en cette occasion l’avidité des Templiers ; d’autres dirigent leurs accusations contre Raymond, prince d’Antioche, qui avait à se venger du roi de France. Guillaume de Tyr, le grave historien du royaume de Jérusalem, après avoir rapporté les différentes assertions des contemporains, avoue qu’il n’a pu découvrir la vérité, et il termine son récit en invoquant la justice de Dieu contre les auteurs inconnus d’un si grand crime.

Après un tel revers, le but do la seconde croisade était complètement manqué. L’empereur d’Allemagne ne songea plus qu’à retourner dans ses États ; Louis VII resta encore près d’un an en Palestine, mais il n’y montra plus que la dévotion d’un pèlerin.


DAMAS, ancienne famille du Forez, qui remonte au milieu du XIe siècle. Elle a formé une infinité de branches, pour la plupart éteintes. Elle avait pour chef, au commencement du XIIIe siècle, Hugues de Damas, seigneur de Cousan, vicomte de Chalon-sur-Saône, père de Renaud de Damas, seigneur de Cousan, vicomte de Châlon et seigneur de Marcilly. Celui-ci, entre autres enfants, laissa Henri de Damas, bailli de Mâcon ; Jean de Damas, élu évêque de Mâcon en 1262, et Gui de Damas, marié à Dauphine de Lavieu. De ce mariage naquirent Renaud de Damas, continuateur de la ligne directe, éteinte pour les mâles dans la première moitié du XVe siècle, et Robert de Damas, souche commune des différentes branches de Damas existantes ou successivement éteintes depuis lors. Ce Robert eut pour fils Jean de Damas, seigneur de Marcilly et de Lassenay, vicomte de Chalon, pore d’un autre Robert de Damas, vicomte de Chalon, marié, vers 1340, à Isabelle de Montagu. De ce mariage sortirent Hugues, dont on va parler, Philippe de Damas, marié à Jeanne de Crux, auteur de la branche des seigneurs de Montagu, qui a fourni le rameau des barons de Digoine, et Philibert de Damas, qui a formé la branche des seigneurs de Vertpré, dont sont sortis les rameaux de la Bastie, du Rousset, du Breuil, marquis d’Antigny, de la Bazole, etc. Hugues de Damas mourut en Palestine, laissant de Philiberte de Crux, sa femme, Érard de Damas, lieutenant général pour le roi en Mâconnais et en Auxerrois, mort en 1447. Érard eut, entre autres enfants, Jean de Damas, tige de la branche des marquis d’Anlezy et comtes de Crux, et Jacques de Damas, vicomte de Chalon, fils aîné d’Érard, marié à Claude de Mello, et qui fut père de Jean de Damas, vicomte de Chalon, seigneur de Marcilly, lequel eut pour successeur Georges de Damas, marié à Jeanne de Rochechouart. De ce mariage sont sortis Claude, qui a continué la filiation directe, et Léonard de Damas, auteur de la branche des marquis de Thianges, comtes de Chalancey, éteinte au commencement du XVIIIe siècle. Claude de Damas, fils aîné de Georges ci-dessus mentionné, épousa, en 1555, Anne de Renty, et de ce mariage naquit Jean de Damas, père d’Antoine de Damas, baron de Marcilly. Celui-ci eut pour fils et successeur Louis de Damas de Marcilly, comte de Sassangy, père d’Antoine de Damas de Marcilly, qui hérita du titre de marquis de Thianges, lors de l’extinction du rameau de la famille qui l’avait porté. Les principaux membres de cette famille sont les suivants :


DAMAS-CRUX (Louis-Étienne-François, comte DE), général, né au château de Cruï. vers 17.50, mort à Paris en 1S14. D’abord menin du Dauphin, qui fut plus tard Louis XVI, il reçut fort jounejun brevet ’le colonel et

I était maréchal de camp lor’sqnil émigra en 1791. Après avoir pris part, avcJ’Autichump. en 1793, à la défense de MaBjtricht contre

| l’armée de la République, U combattit sous les ordres du prince de Condo, puis fut attaché, en 1794, au duc de Berry, et devint, en 179S, chevalier d’honneur de la duchesse d’Angoulème. Rentré en France en îsu, il fut nommé lieutenant général et élevé à la pairie.


DAMAS-CRUX (Étienne-Charles, duc DE), né au château de Crux on 1754, mort en 1S4G. 11 embrassa la carrière des armes, se battit à la’ tête du régiment d’Aquitaine contre les Anglais dans la guerre d’Amérique, fut fait prisonnier et mainter’i, à son retour en France, dans le grade de colonel. À l’époque de la Révolution, il émigra, forma une légion qu’il conduisit en Hollande, et qui fut presque entièrement détruite à Quiberon. en 1795. 11 passa ensuite dans l’armée de Condé avec le grade de maréchal de camp. En 1801, il se rendit en Russie, fut attaché à la personne du duc d’Angoulème, avec qui il revint en France en 1S14, et, après la seconde Restauration, il reçut, avec le commandement

du corps d’armée des Pyrénées-Orientales, la dignité de pair de France (1S15) et le titre de duc (1S16). En 1830, le duc de Damas-Crux refusa de prêter serment "un gouvernement de Louis-Philippe, et passa dans lft retraite les dernières années de sa vie.


DAMAS (Joseph-François-Louis-Charles-César, duc DE), né en 175S, mort à Paris on 1S29. Il entra au service à l’âge de treize ans, fit, comme aide decamp du comte de Roehambeau, les campagnesde 1780 et de 1781 en Amérique, puis fut nommé colonel des dragons du Dauphin, et ensuite de Monsieur, frère du roi, dont il était gentilhomme d’honneur. Chargé par Bouille de protéger Louis XVI dans son funeste voyage de Varennes, il occupa avec sa troupe le poste de Clermont. L’insubordination de ses soldats lui fit quitter son corps pour suivre presque seul le roi fugitif. Accusé de trahison par l’Assemblée nationale, il fut arrêté ; mais il profita de l’amnistie proclamée après que Louis XVI eut accepté la constitution (1791). Il émigra bientôt après, prit une part presque toujours malheureuse aux guerres de l’émigration, rentra en France quand il put le faire sans danger et vécut dans la retraite jusqu’à la chute de l’Empire. Louis XVIII le nomma pair de France, lieutenant général, commandeur de Saint-Louis et capitaine des chevau-légers. Il suivit le roi à Gand, lors du retour de Napoléon. Après les Cent-Jours, il fut chargé do commander à Dijon une division militaire, devint en 1824 premier gentilhomme de la chambre, et reçut l’année suivante le titre de duc.


DAMAS (comte Roger DE), frère du précédent, né en 1765, mort en 1S33. Il entra à douze ans dans le régiment du roi. Les premières années du règne de Louis XVI n’offrirent à son ardente valeur aucune occasion de se distinguer. N’ayant pu obtenir de son souverain ni de la czarine Catherine la permission de prendre part à la guerre entre les Moscovites et les Turcs, la seule qu’il y eût alors en Europe ; il partit en secret et arriva à Elisabethgorod, où il trouva le prince de Ligne, qui, plein d’enthousiasme pour la bravoure française, le fit admettre dans l’année russe. De Damas ne tarda pas à justifier la haute opinion qu’il avait su inspirer au général russe. Il prit à l’abordage, en vue d’Otchakow, ’ le vaisseau amiral turc échoué sur un banc de sable, et s’empara du premier drapeau ottoman qui lut tombé aux mains des Russes depuis la création de leur marine. Ce brillant fait d’armes et sa belle conduite au siège d’Otehakow et à l’assaut d’Ismaïlou lui firent donner par l’impératrice la croix do commandeur de l’ordre de Saint-Georges et le grade de colonel. À son retour en France, il fut attaché, en qualité d’aide de camp, au comte d’Artois, avec lequel il émigra, et qu’il accompagna à Saint-Pétersbourg et à Londres. En 1793, il passa dans l’année prussienne, combattit contre sa patrie, puis reçut, en 1794, dans l’armée de Condé, le commandement de la légion Mirabeau, qu’il conserva pendant trois ans. En 179S, il prit du service dans l’armée du roi de Naplés, Ferdinand, alors en guerre avec la France, se conduisit avec une rare bravoure, opéra en Calabre une retraite qui l’aurait couvert de gloire s’il n’avait combattu contre son pays, puis se rendit en Sicile et de là à Vienne, où il resta jusqu’en 1814. À cette époque, il accourut près du comte d’Artois, rentra avec lui en France, reçut le grade de lieutenant général et fut appelé au commandement de Lyon, lorsque Napoléon eut débarqué à Cannes, Ayant vainement tenté d’arrêter l’irrésistible élan qui entraînait les troupes vers l’empereur, il partit pour Paris et accompagna le roi à Bruxelles. Après les Cent-Jours, le comte de Damas fut rétabli dans son commandement et nommé député par la Côte-d’Or et la Haute-Marne.


DAMAS (Anne-Hyacinthe-Maxence, baron DE), général et homme politique, né à Pari3