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DANA

clous d’airain. Cette nuit sans clarté ? ces noires ténèbres ne troublent point ton jeune cœur. Etendu sur ton vêtement de pourpre, ô bel enfant, tu ne t’inquiètes ni de ta voix du vent ni de la vague qui passe, sans les mouiller sur tes longs cheveux. Oh ! si tu comprenais quel est le péril où nous sommes, sans doute tu prêterais à ma plainte ta petite oreille. Mais, je le veux, dors, mon enfant, et vous, vagues, dormez ; dormez, douleurs sans bornes. Puisse la haine de nos ennemis être déjouée. Et toi, Jupiter, père souverain des hommes, accorde-moi, si ma prière ne te semble pas trop hardie, d’être vengée par la main de mon fils. »

Le Grée, dit Max Millier, ignorait qu’il y eût différentes idées accessoires, rayonnant de divers points vers l’idée centrale de Zeus. Pour lui, le nom de Zeus n’exprimait qu’une seule idée, et à l’exception du petit nombre d’esprits d’élite qui étaient capables de penser par eux-mêmes, et qui savaient, comme Socrate, qu’aucune légende, qu’aucun mythe religieux ne peut être vrai, s’il déshonore un être divin, les autres Grecs passaient légèrement sur les contradictions entre l’élément divin et l’élément naturel dans le caractère de Zeus. Mais, pour nous, il est manifeste que la fable de Zeus entrant dans la prison de Danaé sous forme de pluie d’or désignait le ciel pur qui délivre la terre des liens de l’hiver et qui réveille en elle une vie nouvelle par les ondées du printemps dorées par le soleil. Beaucoup des fables qui racontent l’amour de Zeus pour des héroïnes humaines ou demi-humaines ont une origine semblable.

Mme de Girardin a commenté moins poétiquement, mais peut-être plus exactement, la fable de Danaé : < M. de Lusigny ne pensait point que Danaé fût une princesse prisonnière dont Jupiter avait corrompu les geôliers ; il pensait que la pluie d’or était un symbole, et que Danaé était le type de la femme cupide et vaine. Et quand il rencontrait une de ces femmes pour qui la jeunesse, la beauté, l’esprit ne sont rien en amour, qui ne voient que la fortune, il se disait : « Danaé ! Danaé ! » Alors, pour cette conquête, il ne déployait ni soins ni esprit : il déployait pendant quelques minutes un luxe fabuleux ; on ne parlait plus à Paris que de ses chevaux, de sa table, de ses laquais, de ses meubles, de ses tapis et de son argenterie. Pour les Danaé, une superbe argenterie est une séduction irrésistible ; c’est la plus belle goutte de la pluie d’or. »

— Allus. littér. Toutes les allusions à la fable do Danaé se rapportent à la métamorphose au moyen de laquelle Jupiter s’introduisit auprès d elle, et, dans les applications qu’en font les écrivains, montrent que l’or est le séducteur auquel rien ne résiste ; c’est la clef magique qui ouvre toutes les portes et surtout tous les cœurs :

< Sheridan savait que, si la presse est assez forte pour se défendre des exempts et renverser les bastilles, la conscience des journaux se détrempe singulièrement à la pluie qui fit de Danaé la mère d’un bâtard. »

Louis "Veuillot.

« Tu quittes Irène pour toujours, envoie-lui une somme suffisante pour parer à tous ses besoins du moment. Tu es un Chapui, c’est-à-dire le fils d’un des plus riches banquiers de l’Europe ; or noblesse oblige. Jupiter en visite chez Danaé s’annonçait par une pluie d’or ; imite Jupiter en t’en allant. »

A. Acrard.

« Une troisième pièce roula sur le carreau, puis une autre, puis une au^re encore ; enfin tout un quadrille d’écus se mit a danser dans la chambre ; puis Rodolphe fouilla à pleines mains dans ses poches, et les écus commencèrent un steaple-chase fabuleux. C’était le débordement du Pactole, le bacchanal de Jupiter entrant chez Danaé. »

H. Murgek.

« J’avoue que, pour les riches vraiment riches, le premier jour de l’an doit être un heureux moment : il est si doux de faire des heureux et surtout des heureuses ! Avoir ses entrées à l’Opéra et envoyer le 31 décembre deux parures de 100,000 francs à M^" Z... et X..., c’est le métier d’un dieu sur la terre ; c’est jouer le rôle de Jupiter dans l’incomparable féerie de Danaé. »

Ed. About.

« Au son de la voix de Bonnefoi, Grippel se leva d’un bond sur sa couche, et, saisissant avec la promptitude de l’éclair la sébile de pièces d’or restée à portée de sa main, il la lui lança avec fureur à la tête. Bonnefoi reçut le projectile sur le front. Les pièces d’or tombèrent en pluie autour de lui, ce qui le fit ressembler pour un moment à Jupiter chez Danaé. »

Amédée Gouet.

Les femmes sopt comme le verre :

11 ne faut jamais éprouver S’il briserait ou non, en le jetant par terre ; Car on ne sait ce qui peut arriver.

Ceci sur la raison se fonde. Et c’est l’opinion de tout le monde encor :

VI.

DANA

Que tant que l’on verra des Danaês au monde, On y verra pleuvoir de l’or.

(Traduit de Cervantes.)

« Certain avare, vieux satyre, À Lais faisait les doux yeux ; Et, dans l’espoir de ta séduire, Lui contait, avec son martyre, Les métamorphoses des dieux.

« Monsieur, dit-elle a l’amoureux, ■ « La forme que Jupin a prisa

— Pour’gagner la fille d’Acrise

« Est celle qui me plaît le mieux. •

« Ah ! chère, il faut ouïr ces conversations

Que la Flore du change émaille d’actions 1

Dieu t’en garde 1 j’ensuis encor tout engourdie.

Et je bâillerais moins & quelque tragédie.

Mais c’est le moindre mal. Un visage assombri.

Un financier toujours et jamais un mari ;

Une humeur dont il faut supporter la rudesse,

Et dont le thermomètre est la hausse ou la baisse ;

Un homme qui, s’il perd, revêche et refrogné,

Se plaint, même en gagnant, d’avoir trop peu gagné ;

Sans compter que les gaina, dans ce genre de vie.

Chez quelques Danois vont se résoudre en pluie. >

PONSAE.D.

Danaé, comédie en trois actes et en vers, de Sainctyon, avec des intermèdes, musique de Mouret, précédée d’un prologue en prose, de Dominique et Riccoboni père, représentée sur le théâtre de la Foire Saint-Laurent, par les comédiens italiens, le 25 juillet 1721. Au prologue, le théâtre représente la façade de l hôtel de Bourgogne, avec cette inscription : Hôtel à louer. Trivelin répond a la Muse de la Foire, qui l’interroge au sujet de sa tristesse, qu’il est, lui ; S louer aussi bien que l’hôtel. La Comédie italienne parait, la Muse de la Foire ne la reconnaît pas d’abord, à cause de sa maigreur, et lui dit : « Madame, soyez la bienvenue ; il y a longtemps que vous devriez être ici. » Elle se retire ensuite pour aller rassurer ses acteurs qui redoutent l’arrivée des Italiens. La Comédie italienne présente la troupe au parterre, et demande sa protection,

La pièce commence. Jupiter, amoureux de Danaé, cherche avec Mercure des expédients pour tromper la gouvernante de cette princesse. Arlequin, consulté par eux, leur conseille de prendre les avis des gens à bonnes fortunes. Mercure amène un homme de robe, un petit-maître et un parvenu, leur disant que son maître, un.seigneur étranger, demande à les consulter sur 1 embarras où le réduit la vigilance importune d’une sévère gouvernante qui garde l’entrée d’une tour où est enfermée la beauté qu’il adore. L’homme de robe et le petit-maître ne savent que dire ; mais le parvenu s’écrie :

Faites pleuvoir de l’or, et la tour s’ouvrira. Jupiter goûte ce conseil, et, pour récompenser celui qui l’a donné, le recommande à la Fortune, dont le temple paraît à l’instant.

Au second acte, Jupiter apprend avec dépit l’amour du prince de Myeènes pour Danaé. Il donne toute sa puissance à Arlequin pour épouvanter et outrager son rival, sans qu’il puisse en être offensé. Arlequin, pour éprouver son pouvoir, trace un cercle et dit qu’il vent que tous ceux qui franchiront cette marque deviennent fous, et qu’en la repassant ils recouvrent leur raison. Le prince de Myeènes paraît. Il est désespéré de ne pouvoir délivrer Danaé, et se plaint à Pantalon. Mais il passe la marque, et extravague à l’instant. Pantalon, surpris, veut le consoler et le faire revenir, mais, passant la ligne, il perd l’esprit à son tour. Arlequin, satisfait, efface la raie. La princesse se présente, et Colombine, sa suivante, lui apprend qu’un grand prince veut l’épouser. La fine mouche, par son babil, fait sortir sa maîtresse de l’état d’ignorance dans lequel on l’avait maintenue.

Au troisième acte, un postillon monté sur un colimaçon conduit Arlequin, habillé en ambassadeur, à cheval sur une tortue. Il s’adresse à la gouvernante, et lui dit que son maître, le roi de Lydie, dont Jupiter a pris la figure, est amoureux de la princesse ; La vieille se laisse toucher et accepte des présents. Jupiter est près d’entrer dans la tour, lorsqu’il apprend 1 arrivée de Junon, qui paraît outrée de la perfidie de son époux. Arlequin, qui vent faire le plaisant, est changé en âne par la déesse, et, comme on s’étonne de l’entendre parler, il s écrie : « On est étonné de voir un âne parler comme un homme, et l’on voit tous les jours des hommes parler comme des ânes. » Junon apprend au prince de Myeènes ce qu’il doit craindre de Jupiter. Aussitôt la pluie d’or commence à tomber ; Junon excite une furieuse tempête, que le maître des dieux apaise. Celui-ci se montre alor3 dans sa gloire. ’ s

La représentation de cette pièce avait été défendue sous le règne de Louis XIV, à cause de certaines allusions assez hardies. À la mort du roi, le Régent autorisa les comédiens italiens à représenter, à la foire, cette redoutable Danae, et elle obtint le plus brillant succès.

Danaé, chef-d’œuvre du Corrége ; galerie Borghèse, à Rome. La fille d’Acrisius, assise sur son lit, écarte de la main le seul voile qui pourrait la couvrir et l’avance, en souriant, pour recevoir le dieu. Le dieu, ce sont les pièces d’or qui tombent en pluie et que Cupitlon, placé au pied de la couche, montre à la jeune fille. Sur le devant du tableau, à gauche, deux petits Amours, debout et vus seulement jusqu aux genoux, essayent sur une pierre de touche, l’un une pièce d’or, l’autre la pointe

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acérée d’une flèche. Ces gracieux bambini ont « une naïveté de pose, une contention d’esprit qui suffiraient à en faire un chefd’œuvre, dit M. Clément de Ris, si l’exécution ne-venait pas doubler ce premier mérite et joindra la valeur d’art à l’intérêt dramatique. • M. de Ris critique la figure de Danaé comme trop sensuelle et manquant d’élégance et de caractère. Cette figure est trop jeune, suivant M. Nadault de Butfon. • Danaé, nue, montre un beau et jeune corps tout frémissant d’amour. Elle possède le dieu. Mais pourquoi lui avoir donné ce caractère de beauté grêle et délicate qui me fait voir une toute jeune fille, presque une enfant, là où je cherche une femme ? En effet, si je consens à ce que vous offriez à ma vue une femme en proie à un tel délire, mon honnêteté se révolte devant cette jeune fille qui fait le métier de courtisane. Ce corps nu, que vous livrez a mes regards, conservant quelque chose des pudiques attraits de la vierge, je n’admire plus ; mais le rouge me monte au visage. Il me semble que je suis dans un mauvais lieu et qu’une matrone lubrique vient de dévoiler, durant son sommeil, le corps chaste d’une enfant. » M. Lavice voit une beauté dans ce qui semble un défaut à M. N. de Billion : « La tête un peu penchée de la jeune Danaé est ravissante. Ce n’est pas cette grande femme passionnée et déjà séduite que nous offre le Titien dans son tableau du musée de Naples ; c’est une innocente vierge sans défiance exprimant avec naïveté la joie que lui font éprouver la vue de l’or et les premières atteintes de l’amour. Ainsi disposé, le sujet est plus intéressant et l’allégorie est moins injurieuse. Le corps de Danaé est modelé et éclairé avec la magie qui nous charme dans l’Antiape du Louvre et la Vénus de Londres. Les formes en sont mignonnes, gracieuses. ■ M. de Toulgoet (Musées de /tome) proclame ce tableau un des chefsd’œuvre de la peinture. • Quelles paroles, dit-il, pourraient rendre l’expression charmante de pudeur et de joie et le sourire de la jeune fille, le modelé, la grâce et le naturel des petits Amours ? C’est là un de ces tableaux

tui passionnent et qu’on trouve d’autant plus élicieux qu’on les regarde davantage. • Ajoutons que la peinture est d’une conservation parfaite.

Ce tableau fut commandé au Corrége, en 1532, par le duc de Mantoue, Frédéric II, qui l’offrit à Charles-Quint. Il faisait pendant à la Léda, maintenant au musée de Berlin. Il a appartenu successivement à Christine de Suède, au cardinal Azzolini, au duc de Braeciano, au duc d’Orléans dans la collection duquel il se trouvait lorsque cette collection fut vendue à Londres en 1792, et enfin à M. Henri H ope, à la vente duquel il fut payé 0,000 fr. ; on le payerait quarante ou cinquante fois plus aujourd’hui. Une répétition qui passait pour originale se trouvait, en 1786, à Livourne, dans la collection du consul d’Angleterre, M. J. Udny. La Danaé a été souvent gravée, notamment par Desrochers et Louis Cunego.

Danaé recevant la pluie d’or, tableau de

Van Dyck ; galerie de Dresde. Jeune, belle, presque candide, la fiUe d’Acrisius est étendue sur sa couche, le corps entièrement nu à l’exception de la jambe gauche que recouvre une draperie, la tête renversée en arrière ; le bras droit accoudé sur un coussin, les mains tendues et les yeux tournés vers le ciel, d’où tombe la séduisante pluie d’or. Aux pièces de métal se trouva mêlé un bracelet ; les femmes ont toujours eu un faible pour les joyaux. Debout derrière le lit, une servante aux traits vulgaires regarde, avec une satisfaction non déguisée, tomber la rosée métallique ; pour que rien n’échappe, elle écarte et relève soigneusement la draperie sur laquelle est couchée sa maitresse. À droite ; un Amour, appuyant un genou à l’extrémité de la couche, essaye une des pièces sur une pierre de touche et paraît tout surpris de voir que ce n’est que de Vor. Les figures de ce tableau sont de grandeur naturelle. La Danaé a des formes jeunes, souples, élégantes ; les seins, le ventre sont modelés avec une exquise délicatesse ; la jambe droite est d’un dessin très-distingué, la tête est charmante. Ce tableau a été lithographie par Hanfstaengl.

Le Titien a aussi composé un chef-d’œuvre sur le même sujet.

DANAÉE s. f. (da-na-ê — du gr. Danaé, nom mythol.) Bot. Genre de végétaux cryptogames, de la famille des fougères, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans les régions chaudes et humides de l’Amérique, équatoriale.

DÀNAI, nom que portèrent primitivement les habitants d’Argos. Les postes étendirent ce nom à tous les Grecs. On en rencontre de nombreux exemples dans VEnéide :

Trojanns ut opes et lamentabile regnum

Eruerint Danai

Aut ulla putatis,

Dona cartre dolis Danaum ? ■...

« Quiiquid id est, timeo Danaos et dona ferentes.

DANAÏDE s. f. (da-na-i-de — nom mythol.). Entom. Genre d’insecte3 lépidoptères diurnes, renfermant un assez grand nombre d’espèces répandues dans les régions chaudes de l’Asie et de l’Afrique : La danaïde chrysippe a été trouvée à Naples. (A. Percheron.) il On dit aussi riANAïs.

— s. f, pi. Tribu de lépidoptères diurnes

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ayant pour type le genre danaïde. il On dit

aussi DANAÏTES.

— Bot. Genre de plantes, de la famille des rubiacées, tribu des cinchonées, comprenant quatre espèces, qui croissent aux lies de France et de la Réunion : La danaIdb à (leurs rouges a une odeur de narcisse des plus suaves. (V. de Bomare.)

— Encycl. Entom. Le genre danaïde renferme environ quarante espèces, propres aux, régions chaudes de l’ancien et au nouveau continent. Elles vivent sur les fleurs, et particulièrement sur celles de la famille des asclépiadees. Une Beule a été trouvée en Europe, et encore sa présence paraît-elle y être tout à fait accidentelle ; c’est la danaïde chrysippe {danois chrysippus). On l’a observée dans le royaume de Naples, aux pieds du Vésuve, en 1806 et 1807 ; mais on ne l’y a pas retrouvée depuis. On pense qu’elle vit dans plusieurs parties de la Grèce, et dans les îles qui avoisinent l’Afrique et l’Asie. La chenille, qui est d’un blanc violacé, avec des anneaux jaunes et noirs, vit sur plusieurs espèces d’asclépiades.

La tribu des danaïdes peut être ainsi caractérisée : tête à peu près ronde ; yeux ovales et proéminents • palpes labiales triarticuîées, divergentes, relevées, dépassantà peine le front ; article basilaire court, robuste, recourbé, le deuxième deux fois plus long, subcylindrique, arrondi à ses extrémités, le cinquième beaucoup plus petit, obovale, légèrement pointu ; antennes terminées en massue ; ailes supérieures allongées ; cellule fermée ; nervure subcostale partagée en cinq ramifications ; nervure diacocellulaire très-courte ou manquant même complètement- nervure interne grêle, s’anastomosant avec la nervure submédiane ; ailes inférieures subovales, à cellule fermée, à gouttière très-ample ; pattes allonfées et assez robustes, à l’exception de celles e la première paire, qui sont imparfaites ; tarses à article basilaire allongé, les autres étant de plus en plus courts jusqu’au cinquième, qui est un peu plus long ; abdomen presque aussi large que le bord abdominal des ailes inférieures.

Les chenilles, robustes, cylindriques, assez minoes à leur partie antérieure, présentent, sur un ou plusieurs de leurs segments, une paire de longs tentacules grêles, flexibles, charnus et. non rétractiles. Les chrysalides sont suspendues, lisses, courtes, presque ovoïdes et contractiles vers la partie médiane. La plupart des espèces qui forment cette tribu habitent l’ancien monde ; elles abondent surtout dans les Iles de l’archipel Indien. On en trouve cependant quelques-unes dans les îles de l’océan Pacifique, et en Amérique, depuis le Canada jusqu’au sud du Brésil. Les principales divisions de cette tribu sont constituées par les genres cuplée, danaïde et idea.

— Bot. Les danaïdes, plantes de la famille des rubiacées et de la tribu des cinchonées, sont des arbrisseaux dont les racines épaisses sont remplies d’un suc orangé. Les tiges, grimpantes, glabres, portent des feuilles opposées, oblongues ou ovales, munies de stipules ; les fleurs, odorantes, jaune orangé, sont groupées en cimes corymbiformes, à l’extrémité de pédoncules axillaires. Ces plantes deviennent quelquefois dioïques par avortement. et, comme ce sont ordinairement les étammes qui manquent alors, on a voulu rappeler, par le nom générique, les filles de Danaûs, qui tuèrent leurs maris dans la première nuit de leurs noces. Les quatre espèces que renferme ce genre croissent aux lies Maurice et de la Réunion.

DANAÏDE s. f. (da-na-i-de — par allus. au tonneau* des Danaïdes). Hydraul. Machine analogue aux turbines, imaginée en 1813 par le marquis Manoury d’Ectot, qui lui donna le nom qu elle porte.

— Encycl. La danaïde de Manoury d’Ectot était une roue hydraulique à axe vertical. L’eau y parcourait des canaux hélicoïdes et communiquait par réaction un mouvement de rotation au support de ces canaux. Le parcours se faisait du dehors au dedans, contrairement à ce qui a lieu dans la turbine Fourneyron ; l’eau y pénétrait dans les canaux à une certaine distance de l’axe et émergeait après s’être rapprochée plus ou moins de cet axe. La vitesse de rotation était réglée de manière que l’eau sortît à peu près sans vitesse, en sorte que le rendement eût été satisfaisant ; mais la disposition de la machine s’opposait à ce qu’elle dépensât une grande quantité d’eau ; c’est pourquoi la danaïde n’a pas été employée industriellement.

DANAÏDES. On désigne sous ce nom, dans —la mythologie, les’ cinquante filles de Danaûs, roi d’Argos. Ce prince avait pour frère Egyptus, roi d’Égypte, qui, de son côté, avait cinquante fils. Égyptus, voulant empêcher les Danaïdes de se marier avec des princes grecs, demanda à son frère de cimenter leurs intérêts communs par l’union de leurs enfants. Danaûs et ses filles repoussèrent cette alliance, le premier parce qu’un oracle lui avait prédit qu’il périrait de la main d’un de ses gendres ; les secondes parce qu’elles regardaient un pareil mariage comme impie et incestueux. Loin de renoncer à ses projets, Égyptus envoya ses fils en Grèce, avec up^ nombreuse armée, et Danaûs dut céder ; mais, après le repas de noces, le roi d’Argos ordonne. aux Danaïdes d’égorger leurs époux pendant

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