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On sait comment nos pères ont tenu leur serment.

Mais souvent aussi, par une tactique oratoire où il était fort habile, Danton commençait un discours par des cris de fureur et le terminait en insinuant des mesures de modération.

En septembre, il refusa d’entrer au comité de Salut public. Le mois suivant, l’exécution des girondins le plongea dans une douleur dont le témoignage nous a été conservé par Garat. Il sentait que ces impitoyables luttes de partis tueraient la République ; et, faut-il le dire, non-seulement il se lassait de la Terreur, ce qui restera son honneur, mais encore il paraissait se lasser de la lutte et de la Révolution ; il aspirait au repos.

Bientôt, on le vit suivre docilement Robespierre dans sa guerre contre la Commune et ceux qui avaient provoqué le mouvement anticatholique et contribué k la proscription des hébertistes, qui ouvrirent sa propre fosse à lui-même, en attendant qu’il ouvrît celle de Robespierre et de Saint-Just. Ici, il faut l’avouer, par calcul politique ou par crainte de Robespierre, qui le surveillait et préparait sa chute, Danton joua un rôle indigne de son caractère et de son génie ; en condamnant la philosophie en Cloots et en Chaumette, il se condamnait, il se proscrivait lui-même.

Déjà il avait, dans un discours, glissé le mot de clémence, qui fut assez mal accueilli ; et vraiment ce n’était pas encore l’heure de désarmer. M. Michelet, dont les sympathies pour Danton sont bien connues, dit à ce sujet : « Cette échappée irréfléchie d’une clémence impossible dépassait tout à coup la mesure de la situation, qui excluait la clémence, demandait la justice, une justice surveillée, sérieuse, efficace, celle que la Commune voulait exiger des comités révolutionnaires. »

Mais cette Commune, le parti robespierriste, aidé de Danton et de ses amis, l’écrasait à ce moment même, sous prétexte d’exagération et d’athéisme.

Quoi qu’il en soit, telle fut la conspiration de Danton, une réaction de la pitié, jointe à une lassitude évidente, à un invincible besoin de repos. Tous ses amis le suivirent dans cette entreprise ; Camille Desmoulins prépara les voies dans le Vieux Cordelier, écrivit des pages admirables contre le régime de la Terreur, entremêlées de personnalités cruelles, et finalement demanda l’établissement d’un comité de clémence et l’ouverture des prisons.

Cette proposition, qui honore infiniment les dantonistes, était évidemment prématurée, dans l’état où était la France. Elle produisit un orage, des polémiques violentes, des accusations meurtrières. Danton se sentait menacé ; mais il croyait que ses ennemis n’oseraient l’attaquer. « On ne me touche pas, disait-il, je suis l’arche ! » Et à des amis qui le pressaient de fuir : « Est-ce qu’on emporte sa patrie à la semelle de ses souliers ? »

Le 11 germinal an II (31 mars 1794), il fut arrêté, en même temps que Camille Desmoulins et Lacroix, les chefs du parti que l’on nomma alors la faction des Indulgents. Ainsi la Révolution, suivant la prédiction de Vergniaud, dévorait successivement tous ses enfants.

Nous verrons, à l’article Robespierre, quelle part réelle eut celui-ci dans cette nouvelle proscription. En arrivant à la prison du Luxembourg, Danton prononça ces paroles : « C’est à pareille époque que j’ai fait instituer le tribunal révolutionnaire… J’en demande pardon à Dieu et aux hommes… C’était pour prévenir un nouveau septembre ; ce n’était pas pour qu’il fût le fléau de l’humanité. >

Le procès des dantonistes, on le sait, ne fut qu’une monstruosité judiciaire. Bâillonnés, réduits au silence, ils furent condamnés à mort comme contre-révolutionnaires et conspirateurs, sans avoir pu pour ainsi dire se défendre.

Danton, qui avait retrouvé toute son énergie devant le tribunal, et qui peut-être eût triomphé si la défense n’avait pas été rendue impossible, marcha au supplice avec un héroïque sang-froid. Au pied de l’échafaud, Hérault de Séchelles se pencha vers lui pour l’embrasser ; le bourreau les sépara : « Imbécile ! dit Danton, tu n’empêcheras pas nos têtes de se baiser dans le panier ! » Et au moment de s’incliner sous le couperet, il dit à l’exécuteur : « Tu montreras ma tête au peuple ; elle en vaut la peine. » (16 germ. an II [5 avril 1794]).

Danton chez les contemporains illustres, poëme publié en Belgique, en 1863, par M. Benoît Quinet. Cette œuvre a eu cette singulière fortune d’atteindre sa quatrième édition avant l’âge où un nouveau-né fait d’ordinaire ses dents ; l’auteur est-il donc un Musset, un Victor Hugo ou un Lamartine ? Non. Le culte de la poésie ne paraît pas être sa première préoccupation ; il ne sacrifie pas aux Muses pour elles-mêmes ; il voit dans le langage rhythmé un instrument de propagande politique, philosophique et religieuse, une arme de polémique. Danton chez les contemporains n’est qu’une longue suite de satires, où les questions sociales modernes sont abordées de front, où toutes les idées chères au parti catholique et conservateur sont défendues contre les libéraux. La religion est le drapeau arboré par M. Benoît Quinet, et une foule de dogmes politiques modernes, que les publicistes français ne mettent pas nécessairement en opposition avec elle, sont ici pourchassés en son nom. Aux yeux de l’auteur, le progrès, la liberté, l’égalité, la fraternité, le socialisme, le communisme, l’anarchie ne sont que des nuances d’une même erreur, dont la Révolution française, en 1789, a été l’explosion, et dont la Terreur, en 1793, a été la conséquence fatale. Les secousses de la société et des trônes dans toute l’Europe en 1848 en ont encore été le contre-coup. 1848 et 1793 sont pour M. Benoît Quinet deux dates funèbres, et sa haine de poëte politique n’épargne aucun des noms qui ont été mêlés aux œuvres de ces époques qu’il maudit.

La satire de M. Benoît Quinet ne reste pas générale, comme celle des poëtes moralistes ; elle devient personnelle, elle prend à partie les hommes, elle les cite par leurs noms à comparaître devant elle ; elle dresse leur acte d’accusation, les condamne par contumace, les exécute en effigie. Pour les acteurs des drames révolutionnaires de 1793, ils appartiennent à l’histoire, qui ne doit que la vérité aux morts ; mais l’auteur oublie trop que l’on est tenu aux égards envers les vivants. Il exerce sa verve réactionnaire aux dépens de MM. Louis Blanc, Barbès, Ledru-Rollin, et d’une foule d’autres personnages de 1848, avec le même sans-gêne que s’ils étaient allés rejoindre dans la tombe leurs ancêtres de la première Révolution. Aristophane, que M. Benoît Quinet met en scène dans sa première satire, avait certes plus de vigueur, mais il n’avait pas plus de crudité. Sans vouloir relever le manque de convenance et l’injustice des accusations du satirique belge contre des hommes frappés par la proscription et l’exil, nous nous contenterons de lui répondre, : « L’histoire sera plus équitable que vous. »

Ce que nous ne pouvons passer sous silence, c’est l’erreur, volontaire, nous le craignons, qui fait confondre à l’auteur la liberté et le progrès, ces deux bases de la société parfaite, avec la licence et l’anarchie, cette ruine des États les mieux constitués. À moins d’être aveugle, et M-SBenoît Quinet, qui se présente comme doué en politique de la double vue, ne peut alléguer cette excuse, — on ne saurait nier la lumière répandue sur le monde par le soleil levant de 1793. En voulant trop prouver, l’auteur ne prouve rien, ou plutôt prouve contre lui-même.

Parmi les victimes flagellées par M. Benoît Quinet, plusieurs sont condamnées, non-seulement comme hommes politiques, mais encore comme écrivains, témoin Chateaubriand et Lamartine. Dans ses jugements littéraires, M. Benoît Quinet unit à la sévérité l’indépendance et le bon sens. Il fait, avouons-le, une analyse assez piquante du Raphaël de Lamartine, et cette analyse est à elle seule une vive et spirituelle critique. Voyez cette jeune fille qui se déclare trop malade pour se laisser séduire, déclaration, il faut l’avouer, tout au moins singulière !

 « Mon ami, restons purs… ou je meurs ! » disait-elle
Et moi je respectais sa noble chasteté…
C’est si beau la vertu par raison de santé !

Tous les vers de M. Benoît Quinet n’ont pas cette malice. En général, ils sont francs et énergiques, ce qui fait encore plus regretter de les voir employés au service d’une si mauvaise cause.


DANTON (Louise Gely, femme). Il y avait quatre mois et sept jours que Danton avait perdu sa première femme, la bonne, la sublime fille du limonadier du pont Neuf, et avec elle s’étaient envolés le bon ange du fougueux tribun, sa fortune, sa foi, sa force. Danton l’avait aimée pour sa bonté, pour sa soumission et parce que, disait-il lui-même, elle avait cru en lui quand personne n’y croyait. « Elle avait eu, dit Michelet, dans sa situation aisée et calme, le mérite de vouloir courir le hasard, de reconnaître et suivre ce jeune homme, ce génie ignoré, sans réputation ni fortune. Elle s’était associée à cette destinée obscure, flottante, et qu’on pouvait dire bâtie sur l’orage. Simple femme, mais pleine de cœur, elle avait saisi au passage cet ange de ténèbres et de lumière, pour le suivre à travers l’abîme… » Huit jours après que la terre lui eut pris sa compagne, il voulut la reprendre à la terre, et, éperdu, fou, rugissant de douleur, il se jeta sur son cadavre en putréfaction. Pourquoi donc, encore en deuil, Danton se remariait-il ? Ainsi l’avait voulu la morte. Elle l’avait voulu parce qu’elle avait deviné que l’affection de son mari pour elle n’était plus de l’amour, mais une tendresse assez voisine de la vénération ; elle avait fait une autre découverte encore : elle avait deviné que Danton aimait, et, bientôt après, qui il aimait. Et, voulant être généreuse après sa mort autant qu’elle l’avait été durant sa vie, elle avait, mourante, ordonné, préparé le mariage. Et puis elle laissait deux petits enfants (l’un avait été conçu le jour de la prise de la Bastille, l’autre après la mort de Mirabeau, au jour du triomphe de leur père), et elle espérait leur donner une mère en celle qu’aimait son mari. Enfin elle aurait voulu que son mari s’arrêtât dans la voie pleine de périls qu’il parcourait, sur cette pente au bout de laquelle il devait trouver la mort, et elle espérait en sa conversion, s’il épousait la jeune fille qu’il aimait, une royaliste, Mlle Louise Gely.

Louise Gely avait seize ans ; elle était belle et pure. Son père, huissier audiencier au Parlement, avait accepté que Danton, devenu ministre, le protégeât, le fît avancer, lui donnât une bonne place dans le département de la marine ; il était royaliste cependant.

Et lorsque Danton, Danton l’ancien ministre, le puissant, le dieu du jour, se présenta pour demander la main de la fille d’un huissier, le père se montra fier, hautain ; la mère parut offensée ; la jolie et délicate enfant fut effrayée.

On crut éloigner le prétendant en lui disant d’abjurer sa foi, Il abjura. On crut le révolter, le faire fuir en lui signifiant que la cérémonie du mariage devrait être faite scrupuleusement selon le rite catholique. « Ce fils, ce serf de la nature, dit l’auteur que nous venons de citer, obéit sans difficulté. Quelque autel ou quelque idole qu’on lui présentât, il y courut, il y jura… Telle était la tyrannie de son aveugle désir. La nature était complice ; elle déployait tout à coup toutes ses énergies contenues ; le printemps, un peu retardé, éclatait en été brûlant ; c’était l’éruption des roses. Il n’y eut jamais un tel contraste d’une si triomphante saison et d’une situation si trouble ; dans l’abattement moral pesait d’autant plus la puissance d’une température ardente, exigeante, passionnée. Danton, sous cette impulsion, ne livra pas de grands combats quand on lui dit que c’était d’un prêtre réfractaire qu’il fallait avoir la bénédiction. Il aurait passé dans la flamme. Ce prêtre enfin, dans son grenier, consciencieux et fanatique, ne tint pas quitte Danton pour un billet acheté. Il fallut, dit-on, qu’il s’agenouillât, simulât la confession, profanant dans un seul acte deux religions à la fois : la nôtre et celle du passé. Où donc était-il, cet autel consacré par nos assemblées à la religion de la loi, sur les ruines du vieil autel de l’arbitraire et de la grâce ? Où était-il l’autel de la Révolution, où le bon Camille, l’ami de Danton, avait porté son nouveau-né, donnant le premier l’exemple aux générations à venir… » Lorsque, pour se débarrasser de Danton, on l’accusa de conspirer : « Moi, dit-il, c’est impossible !… Que voulez-vous que fasse un homme qui chaque nuit s’acharne à l’amour ? »

Mlle Louise Gely a pour nous peu d’intérêt ; et Danton mort, elle ne nous intéresse plus, elle est morte pour nous. N’allons pas plus avant.


DANTON (Joseph-Arsène), littérateur français, né à Plancy en 1814, de la même famille que le célèbre conventionnel. Il entra à l’École normale (1833), après avoir fait de brillantes études, professa la philosophie au collège de Versailles de 1835 à 1837, puis fut appelé, en 1840, par M. Villemain, au poste de chef du secrétariat au ministère de l’instruction publique. Depuis lors, M. Danton a été successivement nommé inspecteur de l’académie de Paris, inspecteur général des études secondaires et membre du conseil supérieur de l’instruction publique. L’avénement de M. Bourbeau au ministère a décidé M. Danton à prendre sa retraite. On n’a de lui que quelques articles dans le Dictionnaire des sciences philosophiques. Il a édité le volume accessoire de philosophie qui fait partie du Cours d’histoire et de philosophie morale au XVIIIe siècle, par M. Cousin (1839), et les Œuvres philosophiques de Fénelon (1843).


DANTONISME s. m. (dan-to-ni-sme). Hist. Doctrines politiques de Danton.


DANTONISTE s. m. (dan-to-ni-ste). Hist. Partisan de Danton ou de ses doctrines politiques : Les dantonistes demandèrent que l’Assemblée tint sa parole. (Michelet.) Quand les girondins, quand les dantonistes périrent, il n’était pas temps encore d’invoquer l’humanité. (Thiers.) On dit aussi dantonien. || Adjectiv. : Il était montagnard et dantoniste.


DANTU (Mlle) est l’auteur d’un roman qui eut une grande vogue lorsqu’il parut en 1776 à Amsterdam, et qui a pour titre : Zélie ou la Difficulté d’être heureux. C’est un roman indien, qu’elle fit suivre de Lima et des Amours de Victorine et de Philogène.

DANTYSZEK, poëte et diplomate polonais, né à Dantzig, mort à Heilsberg en 1548. Il appartenait à une famille allemande appelée Hœffenn, et depuis longtemps établie en Pologne. Après avoir quitté Dantzig, où il avait fait ses études, il vint habiter Cracovie, et se fit connaître en composant des vers latins. La pièce qui commence ainsi : Iter et astriferi radiantia sidera coeli… est regardée comme le chef-d’œuvre de ce poète. Dantyszek visita successivement la Palestine, l’Arabie, la Grèce, les bords de l’Épire, les îles de Rhodes, de Crète et de Corse. Il fit aussi quelques campagnes comme militaire. Versé dans la science du droit (il avait titre de docteur), il occupa des fonctions publiques, et, vers 1512, il fut secrétaire de Sigismond le Vieux, avec qui, en 1515, il se trouva au congrès de Vienne. Il fut envoyé, en qualité de diplomate, à Venise, en compagnie de Drzewiecki et de Leszcrynski, puis vers le pape Clément VII et vers les empereurs Maximilien et Charles V, auprès de qui il eut un plein succès. Il contribua beaucoup à apaiser la guerre désastreuse des Wentiens avec l’empereur. Maximilien le couronna poète et lui donna des lettres de noblesse, distinction que le roi de Pologne ne tarda pas à confirmer. Il fut élu en 1532 député à l’assemblée nationale de Ratisbonne, et devint enfin, en 1537, évêque de Warmia. Sa dernière mission diplomatique l’amena, avec Janusz, à Rome, auprès de Ferdinand de Bohême, roi des Romains et des Hongrois ; il venait solliciter la main de sa fille Élisabeth pour Sigismond II, roi de Pologne. Dantyszek était un homme agréable, spirituel, recherchant beaucoup la société des femmes, d’une nature chevaleresque et vraiment artistique. On a trouvé à Heilsberg une de ses lettres d’amour, avec une mèche des cheveux de son amante. En 1529, Charles V fit frapper en son honneur une grande médaille à son effigie, ornée de ses armes. Dantyszek a écrit beaucoup de vers latins dans un style pur et élégant, plein de verve poétique ; Entre autres pièces, on a de lui : De virtutis et honoris differentia somnium (Cracovie, 1540, in-4o) ; Epithalamium in nuptiis inclyti Sigismundi regis Pol. invictissimi, ac illustr. principis Barbaroe, etc. (1515) ; Carmen heroicum de victoria Sigismundi contra Moscos ; Elegia amatoria ad Grinacam. Poemat. Soleria (Cracovie 1518) ; De nostrum temporum calamitatibus (1529) ; Jonas propheta de interitu civitatis Gedanensis (1530) ; Epigrammata varia ; Ad ingenuum adolescentem Constantem Alliopagum carmen paroeneticum ; Liber hymnorum ad imitationem Prudentii (Cracovie, 1548, in-12), etc.


DANTZ ou DANZ (Jean-André), orientaliste et théologien allemand, né à Sandhausen en 1654, mort en 1727. Élève du célèbre rabbin Edzardi, il compléta ses études en suivant les cours des principales universités d’Allemagne, parcourut la Hollande et l’Angleterre, et, après avoir successivement habité Brême, Hambourg, Helmstadt, il se fixa à Iéna, où il professa avec une grande distinction les langues orientales et la théologie. Dantz a publié en latin de nombreux ouvrages, dont voici les principaux : Interpres hebrœo-chaldeus, etc. (Iéna, 1694) ; Aditus Syriae reclusus, etc. (Iéna, 1689), dont la 7e édition a paru en 1735 ; Compendium grammatices hebraicae et chaldaicae (Iéna, 1706, 3e édition) ; Rabbinismus enucleatus, dont la dernière édition a paru à Francfort (1761, in-8o), etc.

DANTZELL (Joseph), graveur en médailles français, né à Lyon le 7 décembre 1805. Il suivit les cours de l’école des beaux-arts de cette ville et fut l’élève du statuaire Legendre-Hérald, l’un des professeurs les plus distingués de cet établissement, et qui a été le maître de tous les Lyonnais qui se sont fait un nom dans les arts, les Bonassîeux, les Chambard, les Flandrin, les Guichard, etc. M. Dantzell avait étudié la gravure en taille douce ; le hasard dirigea ses travaux vers la gravure en médailles. En 1826, la ville de Lyon voulut faire frapper une médaillé en souvenir de l’exposition organisée au profit des Hellènes et des ouvriers sans ouvrage. Le dessin présenté par M. Dantzell fut jugé le meilleur, et cet artiste, qui n’avait jamais fait ni même vu faire de médailles, entreprit néanmoins de l’exécuter, d’après les indications de Legendre-Hérald, lequel lui expliqua les procédés employés par les graveurs les plus renommés de Paris. Le succès qui couronna l’entreprise hardie de M. Dantzell le détermina à abandonner la gravure en taille-douce pour la gravure en médailles. Ses compatriotes le chargèrent d’exécuter la médaille offerte en 1830 au journal le Précurseur, et une autre médaille à l’effigie de Geoffroy Saint-Hilaire. En 1839, il vint se fixer à Paris, où ses ouvrages commençaient à être connus et appréciés. Les Lyonnais le chargèrent de nouveau d’exécuter une grande médaille offerte par une société lyonnaise à M. de Montalembert à l’occasion d’un banquet. Il fit aussi, pour la commission des monnaies, les médailles de Pascal et de J. Warin, de la collection des grands hommes français ; la médaille de la princesse Marie de Bade, d’après un dessin de Sébastien Cornu ; celle de l’architecte Achille Leclère, de l’Institut, d’après un médaillon, dernier ouvrage de David d’Angers, qui avait lui-même désigné Dantzell pour reproduire son œuvre ; la grande médaille de la société des Amis des arts de Lyon (0m081 de diamètre) ; celle de l’expédition de Rome en 1849, commandée par l’État ; celle qui fut frappée en présence de l’empereur et de l’impératrice, lors de leur visite à la Monnaie de Paris en 1854, pour consacrer le souvenir de la refonte des anciennes monnaies de cuivre ; enfin celle de l’établissement des halles centrales, commandée par la commission des monnaies. Tels sont les principaux travaux qui composent l’œuvre de Joseph Dantzell. Ses qualités dominantes sont une grande sagesse d’exécution, une sobriété sévère d’ornementation, un talent sérieux, une composition toujours claire, aisément intelligible, un heureux arrangement des figures, une harmonie tranquille qui séduit l’œil et donne à ses ouvrages un véritable charme.

DANTZIG ou DANTZICK (en latin Dantiscum, en polonais Gdansk), ville de Prusse, ch.-l. de la régence de son nom, sur la rive gauche de la Vistule, à 7 kilom. de l’embouchure de ce fleuve dans la Baltique, à 110 kilom. S.-O. de Koenisberg, et à 392 kilom. N.-E. de Berlin, par 54° 21’de lat. N. et 19° 10’de long. E. ; 87, 506 hab. Dantzig est le siège des autorités de la régence, d’un tribunal de 1re instance, d’un tribunal de commerce, d’un conseil d’amirauté ; c’est aussi la station de la marine militaire de la Prusse. Parmi les