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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 6, part. 4, Domm-Dz.djvu/291

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Normandie contre le roi de Navarre, Charles le Mauvais. On était en 1364 : le roi Jean venait de mourir à Londres. La France, divisée par les factions et ouverte de tous les côtés à l’invasion étrangère, était à la veille de succomber. « La première affaire pour le nouveau roi, dit M. Michelet (Histoire de France, t. III), c’était de redevenir maître du cours de la Seine. Mantes et Meulan étaient au roi de Navarre ; Boucicaut et Du Guesclin les prirent par une insigne perfidie, « et tantôt se saisirent des portes et se mirent à crier : Saint-Yves Guesclin, et commencèrent à tuer et découper ces gens, » dit Froissart. Les deux villes payèrent tout le mal que les Navarrais avaient fait aux Parisiens. Les bourgeois eurent la satisfaction d’en voir pendre vingt-huit à Paris. »

Les Navarrais, fortifiés d’Anglais et de Gascons commandés par le captal de Buch, voulaient se venger et faire quelque chose pour empêcher le roi d’aller à Reims. Du Guesclin vint bientôt au-devant d’eux avec une bonne troupe de Français, de Bretons et aussi de Gascons. Le captal recula vers Évreux. Il s’arrêta à Cocherel, sur un monticule : mais Du Guesclin eut l’adresse de lui ôter l’avantage du terrain ; il sonna la retraite et fit semblant de fuir. Le captal ne put empêcher ses Anglais de descendre ; ils étaient trop fiers pour écouter un général gascon, quoique grand seigneur et de la maison de Foix. Il fallut qu’il obéît à ses soldats et les suivît en plaine. Alors Du Guesclin fit volte-face ; les Gascons qu’il avait de son côté avaient fait, à trente, la partie d’enlever le captal du milieu de ses troupes. Les autres chefs navarrais furent tués, la bataille gagnée… Charles V donna à Du Guesclin une récompense telle que jamais roi n’en avait donné : un établissement de prince, le comté même de Longueville, héritage du frère du roi de Navarre. Ce fut la même année (1364) que le sort de la Bretagne fut décidé, et Du Guesclin prit une grande part à cet événement. Le roi le donna avec mille lances au comte de Blois. Celui-ci en fit naturellement son général en chef. Les deux armées de Montfort et de Charles de Blois se rencontrèrent à Auray. « Montfort et les Anglais, dit encore M. Michelet, étaient sur une hauteur, comme le prince de Galles à Poitiers. Charles de Blois ne s’en inquiéta pas. Ce prince dévot, qui croyait aux miracles et qui en faisait, avait refusé, au siège de Quimper, de se retirer devant le flux. « Si c’est la volonté de Dieu, disait-il, la marée ne nous fera aucun mal. » Il ne s’arrêta pas plus devant la montagne, à Auray, que devant le flux à Quimper. »

Charles de Blois était le plus fort. Beaucoup de Bretons, même de la Bretagne bretonnante, se joignirent à lui, sans doute en haine des Anglais. Du Guesclin avait rangé cette armée dans un ordre admirable. « Chaque homme d’armes, dit Froissart, portait sa lance devant lui, taillée à la mesure de cinq pieds, et une hache forte, dure et bien acérée, à petit manche, « et s’en venoient ainsi tout bellement le pas. Ils chevauchoient si serrés qu’on n’eût pu jeter une balle de paume qu’elle ne tombast sur les pointes des lances. » Jean Chandos regarda longtemps l’ordonnance des Français, « laquelle en soy-même il prisoit durement. » Il ne s’en put taire et dit : « Que Dieu m’ayde, comme il est vray qu’il y a icy fleur de chevalerie, grand sens et bonne ordonnance. »

Charles de Blois fut tué avec ses meilleures troupes, Du Guesclin jeté à terre et fait prisonnier (29 septembre 1364). « Rendez-vous, messire Bertrand, lui avait dit Chandos, cette journée n’est pas la vôtre. » La paix fut conclue entre la France et l’Angleterre. Malheureusement, l’organisation sociale du moyen âge était faite pour la guerre. Qu’auraient pu faire en temps de paix tous ces gens d’armes, ayant reçu une éducation purement militaire et n’estimant d’autre métier que la guerre ? Ils s’adonnaient au brigandage et parcouraient le pays, pillant et volant, sous le nom de grandes compagnies. Quelque temps après la conclusion de la paix, les grandes compagnies des provinces du Midi comptaient au moins 30,000 hommes dans leurs rangs.

Du Guesclin, dont la rançon avait été fixée à 100,000 livres, se chargea de débarrasser les provinces des grandes compagnies. Le roi l’avait autorisé à employer au besoin toutes les forces du royaume pour les exterminer, car on les savait appuyées par le roi d’Angleterre et le roi de Navarre. Du Guesclin fit demander aux principaux chefs un sauf-conduit et alla les trouver dans les plaines de Chalon-sur-Saône, où ils avaient établi leur quartier général. « La plupart d’entre vous, leur dit-il, ont été autrefois mes compagnons ; vous êtes tous mes amis. Vous n’êtes point faits pour ravager et ruiner des provinces, mais pour les conquérir et pour les conserver. Je sais où la nécessité peut porter les hommes les plus vertueux. Je viens vous donner les moyens, en subsistant avec honneur, de combattre avec gloire : l’Espagne presque entière gémit dans les fers des Sarrasins ; vous aimerez mieux être les libérateurs d’un grand peuple que de ruiner une nation entière. Au reste, pour vous aider à faire ce voyage, le roi vous fait don de 200,000 florins d’or. Nous trouverons peut-être quelqu’un sur la route qui nous en donnera autant, car je prétends être du voyage avec mes amis. » Le quelqu’un dont il s’agit était le pape d’Avignon, qu’on se proposait de dévaliser avant d’entrer en Espagne. Les malandrins acceptèrent avec reconnaissance les propositions de Du Guesclin. On le prit pour général en chef, et l’élite de la noblesse de France s’empressa d’aller se ranger sous ses ordres. C’était une sorte de croisade. Arrivée à la hauteur d’Avignon, l’armée demanda au pape l’absolution de ses péchés, plus 200,000 livres. On ne pouvait pas faire moins pour des gens qu’on voulait absoudre. Le pape offrit l’absolution, mais d’argent point. L’incendie des environs d’Avignon décida le souverain pontife à transiger. On convint qu’il donnerait 100,000 livres, lèverait l’excommunication lancée contre les grandes compagnies, et qu’on s’en irait tranquillement, ce qu’on fit, car, au bout de quelques mois, l’armée française avait traversé le Languedoc et l’Aragon pour se rendre en Castille (1365). Du Guesclin allait défendre le bâtard Henri de Transtamare contre son frère, Pierre le Cruel, roi légitime de Castille. Ce dernier avait empoisonné sa femme, Blanche de Bourbon, belle-sœur du roi Charles V. Du Guesclin détrôna facilement Pierre le Cruel, et fit couronner à Burgos le prétendant Henri de Transtamare. Le gentilhomme breton devint lui-même possesseur du comté de Transtamare, dot de l’épouse du nouveau roi de Castille, mais qu’elle lui céda en témoignage de reconnaissance. On lui donna aussi le comté de Soria, on le nomma duc de Molina, et il reçut, en outre, le titre de connétable de Castille et de Léon.

Comme on le suppose, les grandes compagnies françaises s’en étaient donné à cœur joie dans un pays riche comme l’Espagne du moyen âge, civilisée par les Arabes. Aussi le prince Noir, le duc de Lancastre, Chandos et le captal de Buch n’eurent pas de peine à rétablir les affaires de Pierre le Cruel. Du Guesclin était revenu en France. Il réunit à la hâte 10,000 hommes de troupes françaises et bretonnes, força les Pyrénées et courut se ranger sous les ordres de Transtamare, qui avait rassemblé près de 100,000 hommes à Navarete. Du Guesclin lui conseillait d’éviter une bataille décisive. « Vous serez vaincu, lui dit-il ; je vous le prédis, je vous l’assure ; la nuit me trouvera mort ou prisonnier ; mais ce n’est pas moi qui y perdrai le plus. » Le combat fut livré et perdu (1367). Du Guesclin, sur le point d’être pris, entendit Pierre le Cruel crier à ses gens : « Point de quartier à Du Guesclin. » Le bon chevalier se jeta sur lui, le renversa d’un coup d’épée et dit au prince Noir en lui tendant son arme : « J’ai du moins la consolation de la rendre au plus vaillant prince de la terre. — Eh bien ! messire Bertrand, lui dit le captal de Buch, vous m’avez pris à Cocherel, mais je vous tiens aujourd’hui (il était chargé de le garder). — Oui, mais, fit Du Guesclin, à Cocherel, je vous ai pris moi-même ; ici, vous ne faites que me garder. » Pierre le Cruel, qui n’avait été qu’étourdi, voulut, quand il fut revenu à lui, assassiner Du Guesclin. Le prince Noir le retint et protégea le prisonnier, qu’on évacua sur Bordeaux.

Henri de Transtamare se réfugia en France et trouva le moyen de s’aboucher avec Du Guesclin dans sa prison de Bordeaux. Il s’agissait d’abord de procurer la liberté au héros. « Bah ! dit le sire d’Albret au prince Noir, il y a des gens, monseigneur, qui osent mettre ce guerrier au-dessus de vous ; il y en a même d’assez téméraires pour soutenir que la crainte seule vous empêche de lui rendre la liberté. — Je ne crains personne, dit le prince Noir, et je ferai taire ces gens-là en mettant tout à l’heure Du Guesclin en liberté : qu’on me l’amène ici. » Quand le gentilhomme fut là, le prince de Galles lui dit : « Vous êtes libre ; c’est pour prouver que je vous estime, mais que je ne vous crains point. — N’est-il pas vrai, monseigneur, reprit Du Guesclin, que vous vous repentez d’avoir servi ce traître de don Pèdre (il n’avait pas rempli ses engagements envers le prince Noir), qui vous a trahi à son tour ? Puisque je suis libre, je fais serment que don Henri chassera ce faux prince et qu’il remontera sur le trône. » Comme on voulait le mettre à rançon : « Souvenez-vous bien, dit-il, que je suis un pauvre chevalier. — Eh bien, dit le prince Noir, vous payerez 100 livres seulement, et moins si vous le désirez. — C’est trop peu : j’offre 100,000 florins d’or. — C’est trop, reprit le prince. — Alors j’en donnerai 70,000 et je n’en rabattrai rien : c’est mon dernier mot. — Mais, dit le prince anglais, s’il est vrai que vous êtes pauvre, où trouverez-vous tant d’argent ? — J’ai des amis ; les rois de France et de Castille ne m’en laisseront pas manquer, et il y a cent chevaliers bretons qui vendraient leurs terres pour faire la somme. »

La princesse de Galles fit accepter 30,000 florins d’or à Du Guesclin. Si le héros avait voulu écouter les propositions de Chandos et d’autres seigneurs de la cour du prince Noir, il eût eu de quoi payer sa rançon avant de sortir de Bordeaux. Ce fut une fête générale sur la route de Paris à Bordeaux ; Charles V fit rendre les honneurs souverains au prisonnier de Navarete, qui n’eut rien de plus pressé que d’accomplir la mission qu’il s’était imposée de replacer Henri de Transtamare sur le trône de Castille. Le roi de France et le pape d’Avignon l’aidèrent de leur mieux, l’un en fulminant contre Pierre le Cruel, l’autre en fournissant des troupes et de l’argent à Du Guesclin. Pierre le Cruel appela les rois maures à son secours ; ils furent battus près de Cadix par Du Guesclin. Alors l’Afrique mauresque vint au secours du prince excommunié, mais ce fut en vain ; il fut de nouveau vaincu et pris. On a vu plus haut qu’il avait voulu tuer Du Guesclin prisonnier ; on dit que, dans une entrevue qui eut lieu entre Du Guesclin et Pierre le Cruel, en présence de Henri de Transtamare, don Pedro voulut saisir le poignard de son frère et en frapper Du Guesclin. Toujours est-il que celui-ci l’étendit mort à ses pieds.

En France, on fit Du Guesclin connétable en son absence, et à son retour (1370) il prit le commandement de l’armée française. Les Anglais étaient aux portes de Paris ; il les chassa et leur prit la Normandie. Après cette expédition, le roi le choisit pour parrain de son second fils, Louis de France, duc d’Orléans. « Monseigneur, dit-il à l’enfant en lui mettant son épée dans la main, je vous fais présent de cette épée, priant Dieu qu’il vous fasse la grâce et qu’il vous donné tel et si grand cœur que vous soyez un jour aussi preux et aussi bon chevalier que fut oncques roi de France. » Puis, dans une campagne faite en Guyenne, après maints combats heureux, il emporta Limoges, Saint-Sever, Poitiers, Châtellerault, La Rochelle, Fontenay-le-Comte, Thouars, Niort, etc. D’autres expéditions au Nord et en Bretagne, où Montfort avait appelé les Anglais, le placèrent à la tête des plus grands généraux du siècle. Les Anglais et Montfort furent vaincus ; le connétable poursuivit les fugitifs, réduisit dans des combats journaliers leur armée de 60,000 à 6,000 hommes. Enfin, une incursion heureuse dans le comté de Foix et la prise de Lourdes (1373) forcèrent le prince de Galles à demander la paix. Pourtant Montfort était rentré en Bretagne avec une armée anglaise commandée par le duc de Lancastre. Charles V cita Montfort, vassal de la couronne, à comparaître à son tribunal, et, sur son refus, déclara la Bretagne réunie à la France. Du Guesclin, chargé d’exécuter la sentence, fut abandonné de ses Bretons et réduit à l’impuissance. Ses ennemis le desservirent, en outre, auprès du roi, qui crut à une trahison secrète. Du Guesclin déposa l’épée de connétable et écrivit (fit écrire) au roi une lettre de justification. Charles V, honteux de ses soupçons, lui envoya des ambassadeurs. « Beau cousin, lui dit le duc de Bourbon, des flatteurs avaient surpris le roi ; il vous prie de rester à son service, et voilà l’épée de connétable que je vous rapporte de sa part. — Je dois tout aux bontés du roi, dit Du Guesclin, mais je n’ai garde de m’exposer davantage à une disgrâce pareille à celle qui vient de m’arriver. C’est trop pour un homme de ma sorte d’avoir été soupçonné une seule fois. Je vais mourir en Espagne, où je porterai le désespoir de n’être pas mort en France un an plus tôt. » Les envoyés du roi lui laissèrent cependant l’épée de connétable, qu’il emporta dans son voyage en Espagne. En route, il s’arrêta sous les murs de Châteauneuf-Randon, qu’assiégeait le maréchal de Sancerre, ami de Du Guesclin. La soif de combattre le reprit, et il dirigea plusieurs assauts. Le gouverneur avait promis de se rendre dans quinze jours s’il n’était pas secouru. Du Guesclin tomba malade et mourut dans l’intervalle. Le gouverneur, fidèle à sa parole, apporta les clefs de la ville sur le cercueil du connétable. Celui-ci, se sentant mourir, dit à Sancerre en lui remettant l’épée de connétable : « Elle m’a aidé à vaincre les ennemis de mon roi, mais elle m’en a donné de cruels auprès de lui. Je vous la remets et je proteste qu’elle n’a jamais trahi l’honneur que le roi m’avait fait en me la confiant. » Il ajouta, en se tournant vers les officiers qui l’entouraient : « Souvenez-vous qu’en quelque pays que vous fassiez la guerre les gens d’Église, les enfants et le pauvre peuple ne sont point vos ennemis. »

Il mourut le 13 juillet 1380, quelques mois avant Charles V. De grands honneurs furent rendus à sa mémoire, et Charles V voulut qu’il fût enterré à Saint-Denis, dans le tombeau des rois de France. En 1389, Charles VI lui fit faire de nouvelles funérailles encore plus magnifiques que celles de 1380. Du Guesclin ne laissa qu’un fils naturel. Il avait épousé en secondes noces Jeanne de Laval, fille de Jean de Laval, sire de Châtillon, dans l’espérance d’avoir un héritier légitime ; ses vœux ne furent point exaucés, et sa succession revint à son frère, Olivier Du Guesclin, le compagnon ordinaire de ses exploits.

Il est assez difficile aujourd’hui de porter sur Du Guesclin un jugement exact. « La vie de ce fameux chef de compagnies, dit M. Michelet, qui délivra la France des compagnies et des Anglais, a été chantée, c’est-à-dire gâtée et obscurcie, dans une sorte d’épopée chevaleresque (Roumant de Bertrand Du Glaicquin), que l’on composa probablement pour ranimer l’esprit militaire de la noblesse. Nos histoires de Du Guesclin ne sont guère que des traductions en prose de cette épopée. Il n’est pas facile de dégager de cette poésie ce qu’elle présente de sérieux, de vraiment historique. »

D’après le même écrivain, « cet intraitable batailleur était pourtant, comme sont volontiers les Bretons, bon enfant et prodigue, souvent riche, souvent ruiné, donnant parfois tout ce qu’il avait pour racheter ses hommes ; mais, en revanche, avide et pillard, rude en guerre et sans quartier. Comme les autres capitaines de ce temps, il préférait la ruse à tout autre moyen de vaincre, et restait toujours libre de sa parole et de sa foi. Avant la bataille, il était homme de tactique, de ressource et d’engin subtil. Il savait prévoir et pourvoir. Mais, une fois qu’il y était, la tête bretonne reparaissait, et il plongeait dans la mêlée, et si loin qu’il ne pouvait pas toujours s’en retirer. Deux fois il fut pris et paya rançon. » Citons aussi le jugement que porte Henri Martin sur Du Guesclin : « Aussi susceptible que qui que ce fût sur le point d’honneur individuel, et toujours prêt à descendre en champ clos contre tout venant, il regardait l’application des idées du point d’honneur à la guerre comme une absurdité, et, dès qu’il se trouvait en campagne à la tête d’une troupe de gens d’armes, il ne connaissait plus d’autre but que le succès ; la force ouverte ou la ruse, tout lui était bon. Quoique terrible sur le champ de bataille, il aimait de prédilection les surprises nocturnes, les embuscades, les stratagèmes où se déployait son esprit inventif ; il aimait à combiner ses mouvements, à étudier les accidents du terrain, à mettre à profit toutes les circonstances qui pouvaient influer sur le sort des armes. Il voyait dans la guerre une science et non un jeu de hasard. Ce n’était pas là, comme on l’a dit, détruire la poésie de la guerre chevaleresque, c’était rendre la vie au génie militaire de la France, étouffé sous cette chevalerie de théâtre qu’avaient mise en faveur les premiers Valois. La passion intelligente du guerrier pour son art était certes quelque chose de puissant et d’élevé, et Bertrand Du Guesclin apparaissait aux masses sous un aspect qui n’était rien moins que prosaïque. On racontait qu’une nonne, juive convertie, experte en chiromancie, avait prédit autrefois que cet enfant si malvenu de ses proches serait « honoré entre tous ceux du royaume de France. » Les astres confirmaient les prédictions de la chiromancie, et le terrible soldat avait pour femme une savante « astrologienne, » qui donnait le ciel pour garant au succès de ses entreprises ; bien des gens la croyaient fée. Plus tard, quand Bertrand fut au comble de la renommée, on prétendit que Merlin avait présagé sa venue en parlant d’un guerrier qui portait un aigle sur son écu. »

— Bibliogr. Consulter les ouvrages suivants : le Triomphe des neuf preux…, avec l’ystoire de Bertran de Guesclin (Abbeville, 1487, in-fol. goth., fig. ; Paris, 1597, in-fol. goth., fig., trad. en espagnol par Antonio Rodriguez ; Lisbonne, 1530, in-fol. goth., fig.) ; Bertrand Du Guesclin (in-fol. goth., fig. ; c’est un roman historique qui a été réimprimé sous différents titres) ; Prouesses et vaillances du preux chevalier Bertrand Du Guesclin, jadis connétable de France et seigneur de Longueville (Paris, 1521, in-4o goth., fig. ; Lyon, 1529, in-4o goth., fig. ; même ouvrage que le précédent) ; les Faitz et gestes de noble et vaillant chevalier Bertrand Du Guesclin (Paris, Jehan Bonfons, in-4o goth., fig. ; autre édition du même ouvrage) ; Histoire de messire Bertrand Du Guesclin, connétable de France, duc de Molines, comte de Longueville et de Burgos, écrite en prose l’an 1387, à la requête de messire Jean d’Estouteville, et nouvellement mise en lumière par Me Claude Ménard (Paris, 1618, in-4o ; anc. traduct. en prose d’une chronique en vers) ; Histoire de B. Du Guesclin, composée nouvellement et donnée au public avec plusieurs pièces originales, par P. Hay du Chastelet (Paris, 1666, in-fol. ; 1693, in-4o) ; Anciens mémoires du XIVe siècle, où l’on apprendra les aventures de la vie du fameux Bertrand Du Guesclin, nouvellement traduits par Jacq. Le Febvre (Douai, 1692, in-4o, dans la Collect. universelle des Mém. relat. à l’hist. de France, t. III-IV ; dans la Collect. Petitot, t. IV-V ; dans la Collect. Michaud et Poujoulat, t. III) ; Vie de Bertrand Du Guesclin, dans les Vies des hommes illustres de France, par d’Auvigny (Paris, 1743, in-12, t. VIII) ; Histoire de Bertrand Du Guesclin, par Guyard de Berville (Paris, 1767, 1772, 1827, 2 vol. in-12 ; Tours, Mame, 1843, et souv. réimpr. depuis par la même maison en 1 vol. in-12 ; on connaît aussi plusieurs autres abrégés de cette histoire) ; Vie de Bertrand Du Guesclin, connétable de France, par A. Mazas (Paris, 1829, 2 part. en 1 vol. in-8o, t. III des Vies des grands capitaines français du moyen âge, avec un titre particulier) ; Chronique de Du Guesclin, collationnée sur l’édition originale du XVe siècle et sur tous les manuscrits, avec une notice bibliographique et des notes, par Fr. Michel (Paris, 1830, in-18, fig.) ; Chronique de Bertrand Du Guesclin, par Cuvelier, trouvère du XIVe siècle, publiée pour la première fois par E. Charrière (Collect. des docum. inédits sur l’histoire de France, Paris, 1839, 2 vol. in-4o : cette chronique est en vers monorimes) ; Chronique de Du Guesclin, dans le Panthéon littéraire (Paris, 1841, gr. in-8o) ; Archéologie armoricaine : notes recueillies sur B. Du Guesclin (Rennes, s. d., br. in-4o) ; Histoire de Bertrand Du Guesclin, considérée principalement sous le rapport stratégique, poliorcétique et militaire en général, par de Fréminville (Brest, 1841, in-8o, lithogr.) ; Bertrand Du Guesclin, par C. Fallet (Rouen, 1850, 1862, 1863, in-8o) ; Bertrand Du Guesclin en Bretagne, par L.-H. de Bérard (Dinan, 1862,