Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 7, part. 1, E-El.djvu/205

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Entom. Syn. des genres d’insectes magdalide, rhinode, et thamnophile.

ÉDOCÉPHALE s. m. (é-do-sé-fa-le — du gr. aidoia, parties naturelles ; kephalê, tête). Térat. Genre de monstres autosites, dont le nez a la figure d’un pénis.

ÉDOCÉPHALIE s. f. (é-do-sé-fa-11 — rad. édocéphaie). Anat. Conformation monstrueuse des édocéphales.

ÉDOCÉPHALIEN, IENNE adj. (é-do-sé-fa-liain,iè-ne — rad. édocéphale). Anat. Qui a la conformation des édocéphales : Monstre ÉDOCÉPHALIEN.

ÉDOCÉPHAL1QUE adj. (é-do-sé-fa-li-ke — rad, édocéphalie). Anat. Qui offre les caractères de l’édocéphalie : La conformation édocéphalique est une monstruosité heureusement peu commune.

ÉDOLIEN, IENNE adj. (é-do-liain, iè-ne). Ornith. Qui ressemble au drongo ou édolius.

— s. m. pl. Groupe d’oiseaux qui a pour type le genre drongo.

ÉDOLIO s. m. (é-do-li-o). Ornith. Nom d’un sous-genre de coucous, comprenant quatre espèces dont l’une, qui sert de type, se rencontre en Syrie et quelquefois dans le sud de l’Europe.

ÉDOLIUS s. m. (é-do-li-uss — mot lat.) Ornith. Nom scientifique du genre drongo. || Section du genre coucou, ayant pour type le coucou noir. || On dit aussi ÉDOLIE s. m.

EDOM et EDOMITES. D’après la Genèse, Edom (c’est-à-dire roux) aurait été un autre nom d’Esaii, qui serait ainsi le père des Edomites. Le pays d’Edom, connu plus tard sous le nom d’Idumée, comprenait tout l’espace situé au sud de la Palestine, entre la tribu de Juda, la mer Morte et la pointe nord de lamer Rouge ; c’est la partie de l’Arabie Pétrée appelée aujourd’hui ElSchera. Ce pays, dont la population paraît avoir ressemblé beaucoup aux Bédouins de nos jours, est montagneux en certains endroits (montagne de Séir), maïs il offre surtout de grandes plaines arides coupées de piuce en place par des ouadis. 11 nous est parfaitement représenté, ainsi que la caractère de ses habitants, par la vieille poésie hébraïque que la Genèse nous rapporte connue ayant été la bénédiction de Jacob a Esail. :

Le pays de ta demeure sera privé de la graisse de la terre,

Et de la rosée des cieux, qui vient d’en haut.

Tu vivras de ton épée.

Tu seras asservi à ton frère ;

Mais i ! arrivera qu’en errant librement

Tu briseras son joug et le secoueras de dessus ton cou.

C’est bien là, en effet, l’histoire des Edomites. Peuple très-ancien de race sémitique, plus ancien même que les Hébreux (M. Duncker considère ces derniers comme une branche des Kdomites), ils étaient déjà solidement établis dans leurs montagnes lorsque les Israélites sortirent d’Égypte, et ils leur refusèrent le passage à travers leur territoire. C’est la prfmiène trace de cette longue hostilité signalée déjà par la vieille poésie mise dans la bouche de Jéhovah parlant à Rébecca qui sentait deux enfants se heurter dans son sein :

Deux nations sont dans ton ventre,

El deux peuples, au sortir de tes entrailles, se sépareront.

Un peuple sera plus fort que l’autre peuple,

Et le plus grand sera asservi au plus petit.

Les Hébreux avaient conscience de cette antiquité des Kdomites, et les divers mythes qui forment l’histoire d’Esa’i n’ont pas d’autre but que d’expliquer con.vnent, des deux peuples, le plus jeune était plus fort que le plus ancien.

— Plus tard les Edomites furent attaqués par Saùl et soumis par David. Salomon, sous le règne duquel ils essayèrent en vain de se révolter, équipa une flotte de commerce dans leurs ports. Us restèrent attachés au royaume de Juda après le schisme des dix tribus, mais ils parvinrent à reconquérir leur indépendance sous le règne de Joram (892-884). Soumis de nouveau par Ainasias (837-808), ils secouèrent le joug sous le règne d’Acliaz (740-724), et leur port d’Klath fut occupé par les Syriens. Ils demeurèrent indépendants jusqu’à l’invasion chaldéenne. Les prophètes hébreux ont prononcé peut-être leurs oracles les plus violents conire ce peuple rebelle, qui ne voulait point rester soumis à la maison de David et qui osa même se joindre" aux ennemis de Juda quelque temps avant la ruine de Jérusalem. Les Kdomites profitèrent de la captivité des Juifs à Babylone pour joindre à leur territoire une partie de la tribu de Juda. Après le retour de l’exil, l’hostilité héréditaire recommença à se montrer. Pendant la révolte des Macchabées, les Kdomites tirent cause commune avec les Syriens. Maïs, en 129 av. J.-O., Jean Hyrcan les vainquit complètement, les força même de se faire circoncire et les rendit tributaires. Pour la suite de leur histoire, voir l’article Idumée.

EDOM 1 S, nom latin d’ANTANDROS. EDONIUE, en grec Edonis, prov. de l’ancienne Macédoine, au N.-E., comprise entre les embouchures du Nestus et du Strymon ; elle faisait originairement partie de la Thrace et fut réunie à la Macédoine par Philippe, père d’Alexandre. Les bacchantes étaient apvn.

EDOÙ

pelées Edonides parce qu’elles célébraient les mystères de Bacchus sur le mont Edon, partie de l’Hémus, qui donnait son nom à la

province.

ÉDONIEN, IENNE s. et adj. (é-do-niain, iè-ne). Géogr. anc. Nom d’un peuple de la Thrace et des habitants de la Thrace en général ; qui appartient à la Thrace ou à ses habitants : Les Edoniens. Le peuple édonien.

— Mythol. Surnom de Bacchus.

— Encycl. Géogr. anc. Les Edoniens étaient un peuple de Thrace, établi sur les bords du Strymon, sur le golfe du même nom, au sud-ouest du mont Pangée (Pangœusmons on Pangcea). Le pays des Edoniens fut compris dans la Macédoine, lorsque Philippe, père d’Alexandre, en eut fait la conquête dans sa guerre contre les Thraces. Ce fut pour s’en assurer la possession et pour opposer un renipart à ce peuple belliqueux qu’il bâtit dans le pays conquis la forte ville de Philippi, Philippos.

^Le culte de Bacchus était fort en honneur p ; irmi les Edoniens. Ils avaient la même réputation que IcsuutresThraces en fait d’intempérance, et ils conservèrent cette réputation même après qu’ils furent considérés comme Macédoniens. Horace, se livrant aux transports que lui cause l’arrivée d’un ancien ami, parle des Edoniens dans son ode Ad Pompeium (v, 1. II), ode qui fait le plus grandhonneur au poëte, bien qu’il y avoue sa fuite des champs de Philippes, relicta non bene parmula. Il déclare qu’il ne veut pas garder plus de mesure dans sa joie que les Edoniens n’en gardaient dans leurs festins, et il venait précisément de les voir de près dans la compagnie de l’ami à qui s’adresse son ode :

Non ego sanius

Lacchabor Edonis : rcceplo Dulce mihi furerc est amico. Sur ce Non sanius bacchabor Edonis, le scoliaste d’Horace met en note : Thraciœ populo bibacissimo.

EDONUS, frère de M.ygdon. Il fut, d’après la Fable, le père de.s Edoniens, peuple de la Thrace.

ÉDOSSAGE s. m. (é-do-sa-je — rad. edosser). Teeim. Opération de la fabrication du parchemin, qui consiste h racler les peaux avec le dos du couteau à écharnar, pour en faire tomber les ordures, etc. Il On dit aussi

DOSSOYAGE.

ÉDOSSÉ. ÉE (é-do-sé) part, passé du v. Edosser : Champ ÉoossÉ.

ÉDOSSER v. a. ou tr. (é-do-sé — du préf. é, et de dos). Agiic. Enlever la superficie du sol avec les racines qui s’y trouvent, pour les transplanter ailleurs : La pratique d’ÉDOSSER le sol est blâmable, puisque, si elle donne le moyen d’améliorer une localité, elle produit une lonyue stérilité dans une autre. (Rozier.) Il On

dit aussi ÉDOSSOYER.

— Techn. Edosser une peau, En terme de parcheminier, La racler avec le dos du couteau à écharner, lui faire subir l’opération de l’édossage. Il On dit aussi DOSSOYER. . m.

ÉDOSTOME s. m. (é-do-sto-me — du gr. edo, je ronge ; stoma, bouche). Mamm. Syn. de desmode, genre de mammifères.


ÉDOUARD ou EDWARD Ier, l’Ancien, roi des Anglo-Saxons, mort en 925. Il succéda à son père Alfred le Grand en 901 et eut à lutter contre un compétiteur redoutable, son cousin Ethelwald, qui avait l’appui des Danois du Nord, mais qu’il vainquit en 907. Édouard soumit ensuite les Écossais et les Gallois, mit les villes en état de défense et rendit quelques lois qui nous sont parvenues. On lui attribue aussi la fondation de l’université de Cambridge. Une de ses filles, Ogine ou Edgine, épousa Charles le Simple, roi de France. Son fils naturel, Athelstane, lui succéda.


ÉDOUARD II, le Martyr, roi des Anglo-Saxons, né vers 961, mort en 978. Fils et successeur (975) d’Edgar, il ne régna que trois ans et fut assassiné par l’ordre d’Elfrida, sa belle-mère. Il est inscrit, on ne sait trop pourquoi, au martyrologe romain.


ÉDOUARD III (saint), le Confesseur, roi anglo-saxon, né vers 1004, mort en 1066. Il était fils d’Elhelred II et d’Emma, fille du duc de Normandie Richard Ier. Pendant la domination danoise, il avait vécu en Normandie et ne put prendre possession du trône qu’après la mort de Harde-Canut et de son fils Harold (1041) ; encore ne fut-ce que grâce à la protection du puissant Godwin, comte de Kent, qui lui fit épouser sa fille Edithe. Ce prince fit quelques efforts pour ranimer la monarchie anglo-saxonne, et son règne fut une ère de calme entre les dévastations des Danois et la conquête normande. Mais la faveur qu’il accorda aux nobles normands qu’il avait ramenés à sa suite excita des révoltes, dont chercha à profiter le puissant comte Godwin, qui possédait avec ses fils le gouvernement de neuf provinces. Godwin, condamné par le grand conseil de la nation, passa en Flandre, revint avec une flotte formidable et s’avança sans obstacle jusqu’à Londres. Édouard, redoutant d’être battu par son puissant sujet, entra avec lui en négociations, consentit à congédier les évêques normands et pardonna sa rébellion à Godwin, qui mourut subitement peu de temps après, à la suite d’un dîner pris à la table du roi (1053). En 1055, il envoya en Écosse une armée qui remit sur le trône Malcolm, dépossédé par l’usurpateur Macbeth. Ce prince régna avec douceur et diminua les impôts. Il publia un corps de lois dont on a cru retrouver des traces dans celles qui furent octroyées par Guillaume le Conquérant. Sa grande piété et la continence qu’il avait su garder avec son épouse le firent canoniser par le pape Alexandre III, qui lui donna le titre de confesseur de la foi, et depuis il fut invoqué sous le nom de saint Édouard le Confesseur. L’Église l’honore le 13 octobre. C’est du règne de ce prince que date en Angleterre l’usage du grand sceau. Il fut, dit-on, le premier roi de ce pays qui guérit les écrouelles en les touchant. Faible et irrésolu, ce prince, qui n’avait point d’enfants, ne sut se prononcer entre les divers prétendants à la succession. Tantôt il voulait appeler les fils du frère qu’il avait en Hongrie, tantôt il favorisait les vues du duc de Normandie dont il était le parent. Enfin, tout en refusant comme successeur Harold, fils de Godwin, il ne fit rien de ce qui était nécessaire pour l’écarter, et ce fut ce dernier qui monta sur le trône immédiatement après sa mort.


ÉDOUARD Ier, roi d’Angleterre, de la dynastie des Plantagenets, surnommé Long-Shanks à cause de l’extrême longueur de ses jambes, né à Westminster en 1239, mort en 1307. Il était fils de Henri III et d’Éléonore de Provence. Édouard fut d’abord investi du gouvernement de la Guyenne, soutint son père contre Simon de Montfort et les barons anglais, mais fut fait prisonnier à la bataille de Lewes (1264). L’année suivante, il parvint à s’échapper, gagna sur le comte de Leicester (Simon de Montfort) la bataille d’Evesham et rendit à son père le trône avec la liberté. La soif des aventures le conduisit bientôt à Tunis où saint Louis venait de mourir ; il passa de là en Orient, et ne revint en Europe qu’à la mort de son père. Il fut couronné sans obstacle (1272) et gagna aussitôt l’affection de ses sujets par la modération, la justice et la vigilance dont il fît la base de son gouvernement. « J’observerai la grande charte, dit-il aux barons du royaume, et vous l’observerez comme moi. Je serai juste envers vous et vous le serez envers vos vassaux.» Édouard s’attacha à réprimer le brigandage, chassa des tribunaux les juges corrompus, rétablit l’économie dans les dépenses, l’ordre dans les recettes, la pureté dans les monnaies, l’égalité dans les taxes, imposa le clergé comme les laïques ; mais il se montra d’une sévérité excessive envers les juifs, que leurs richesses faisaient accuser de toutes sortes de crimes, et il en fit pendre un très-grand nombre. Aux travaux du législateur il ne tarda pas à mêler les entreprises guerrières, et si son pouvoir s’en accrut, il n’en fut pas de même de sa gloire, car l’esprit de conquête lui fit entièrement oublier l’esprit de justice. Il commença par attaquer les Gallois, vivant depuis huit cents ans indépendants au cœur de l’Angleterre, remporta plusieurs victoires sur leur chef Léolyn, qui périt en combattant, et sur le frère de ce dernier, David, qu’il eut la barbarie de faire écarteler ; condamna à mort tous les bardes du pays de Galles pour les empêcher d’appeler de nouveau la nation à l’indépendance, et partagea le pays en comtés et en baronnies sur le modèle de l’Angleterre. La reine étant venue le rejoindre au château de Caernarvon et y ayant accouché d’un fils, Édouard donna à l’enfant, son premier-né, le titre de prince de Galles, et c’est depuis lors que ce titre a été constamment porté par l’héritier de la couronne d’Angleterre. En 1284, Édouard se rendit en France pour vider un différend entre Philippe le Bel et Alphonse, roi d’Aragon, au sujet du royaume de Sicile, et ne revint en Angleterre qu’en 1289. Il eut à punir à son retour un grand nombre de juges prévaricateurs, expulsa sur la demande du parlement, en 1290, 16,100 juifs dont les biens furent confisqués. Ayant par ce moyen rempli ses coffres, il résolut de conquérir l’Écosse, que se disputaient seize prétendants. Choisi par eux pour être l’arbitre de leurs prétentions, il saisit avec empressement cette occasion, s’empare des places fortes, désigne pour régner Baliol, celui des concurrents qui lui parait le plus capable de lui livrer la liberté de sa patrie, et le force à lui prêter foi et hommage comme vassal. Mais, abreuvé d’humiliations, Baliol secoue le joug et proclame l’indépendance de la couronne. Aussitôt Édouard Ier fond sur l’Écosse, remporte une victoire sur Baliol et l’emmène prisonnier à Londres, après avoir mis des garnisons dans toutes les villes principales. La guerre ayant éclaté sur ces entrefaites entre la France et l’Angleterre, Édouard demanda des subsides au Parlement pour combattre son nouvel ennemi, et dut s’engager, lui et ses successeurs, en 1297, « à ne lever aucune taxe, à n’imposer aucune charge sans le consentement commun et la volonté libre des archevêques, évêques, prélats, comtes, barons, chevaliers, bourgeois et autres hommes libres du royaume. » Il se rendit en Flandre, mais fut forcé de retourner en Écosse où une révolte formidable contre la domination anglaise venait d’éclater sous les ordres de Wallace, le héros des montagnes. Celui-ci, après avoir écrasé les armées du roi d’Angleterre, sous les ordres du comte de Warren, avait chassé d’Écosse tous les Anglais qu’il n’avait pas fait passer au fil de l’épée. Édouard, à la tête de 100,000 hommes, se jeta peu après sur l’Écosse et remporta la sanglante bataille de Falkirk, qui le remit en possession de toutes les provinces méridionales (1298). Une nouvelle insurrection ayant éclaté sous les ordres de Wallace en 1302, Édouard eut à recommencer la conquête de l’Écosse : il couvrit ce pays de ruines et de sang pendant deux années et vainquit l’héroïque Wallace, qu’il eut la cruauté de livrer au supplice (1305). Il mourut au moment où il préparait une expédition décisive contre ce pays, soulevé de nouveau à la voix de Robert Bruce (1307), Comme guerrier, Édouard Ier a terni ses qualités brillantes par d’injustifiables cruautés ; mais il montra une sagesse éclairée dans le gouvernement et accomplit d’importantes réformes dans l’administration de la justice et des finances. De plus, il donna au Parlement le droit de consentir l’impôt, créa les juges de paix et institua la Chambre des communes. On date de son règne la naissance du gouvernement représentatif, et il a été lui-même surnommé le Justinien anglais.


ÉDOUARD II, roi d’Angleterre, fils et successeur du précédent, né en 1284, mort en 1327. C’était un prince faible et vicieux, incapable de continuer l’œuvre de son père et livré à d’indignes favoris, qui soulevèrent contre lui les barons et le Parlement. En 1310, le Parlement s’empara de l’autorité et força Édouard à sanctionner ses actes. Ce prince entreprit de s’emparer de l’Écosse en 1314, mais il fut complètement battu à Bannockburn par Robert Bruce et dut revenir en Angleterre. Dans une nouvelle expédition qu’il tenta contre le héros de l’Écosse, il éprouva une nouvelle défaite, et ce ne fut qu’à grand’peine qu’il put se sauver. Sur ces entrefaites, sa femme, la reine Isabelle, se rendit en France auprès de son frère, le roi Charles le Bel, y trama un complot contre Édouard II, attira à son parti de nombreux champions et envoya, eu 1320, en Angleterre, une petite armée qui obtint des succès rapides et complets. Spencer, le favori d’Édouard, fut pris et attaché à une potence de 50 pieds. Quant au roi, il s’enfuit dans le pays de Galles ; mais, arrêté bientôt après, il se vit sommé de remettre son sceptre et sa couronne aux envoyés du Parlement, qui venait de prononcer sa déchéance, et il périt au bout de quelques mois d’un affreux supplice. Deux sicaires entrèrent dans son cachot pendant qu’il dormait et lui plongèrent un fer rouge dans les intestins.


ÉDOUARD III, roi d’Angleterre, fils du précédent et d’Isabelle de France, né en 1312, mort en 1377. Il monta sur le trône après la déposition de son père (1327), sous la tutelle de sa mère et du favori de cette princesse, Roger Mortimer. Ce prince se montra aussi actif et aussi valeureux que son père avait été lâche et efféminé. Non content de reconquérir l’Écosse, il éleva des prétentions sur la couronne de France (sa mère était fille de Philippe le Bel), s’assura l’appui de l’Allemagne et de la Flandre, vint mettre le siège devant Tournay, gagna sur la flotte française le combat naval de l’Écluse (1340), dévasta la Normandie et vint gagner sur le roi de France la célèbre bataille de Crécy (26 août 1346). L’année suivante, il mit le siège devant Calais et força les habitants à capituler (c’est cette capitulation qui donna lieu, suivant la tradition, au dévouement d’Eustache de Saint-Pierre et de cinq autres bourgeois). Toutefois il borna pour le moment ses conquêtes et ne recommença la guerre qu’en 1356, époque à laquelle son fils, le célèbre Prince Noir, gagna la bataille de Poitiers, où fut décimée une partie de la noblesse française et où le roi Jean fut fait prisonnier. La paix de Brétigny (1360) lui donna la moitié de la France. Mais bientôt celle-ci vengea ses revers ; il se vit enlever un grand nombre de places fortes par Duguesclin, et la trêve de 1375 ne lui laissa que Bordeaux, Bayonne et Calais. Ces revers, la mort de son fils et le mécontentement de la nation anglaise attristeront ses dernières années. C’est ce prince qui institua l’ordre de la Jarretière (pour l’origine de cette singulière décoration, v. jarretière). Il substitua comme langue officielle l’anglais au français (1361), essaya d’introduire et de perfectionner les manufactures de laine, en attirant et protégeant les manufacturiers étrangers, en défendant à ses sujets de porter d’autres étoffes que celles de fabrique anglaise. Il fit le premier essai d’un établissement des postes, en plaçant des relais à la distance de 20 milles l’un de l’autre, pour apprendre les événements de la guerre d’Écosse. Il résista aux prétentions de la cour de Rome et supprima le tribut qui était payé au pape depuis Jean sans Terre. « Édouard, dit Eyriès, était d’une taille grande et bien proportionnée ; son air noble et imposant inspirait le respect. Ses manières affables et obligeantes, sa bienfaisance, sa générosité firent chérir sa domination ; sa valeur et sa prudence assurèrent ses succès dans les expéditions militaires, qui jetèrent un si grand éclat sur son règne et dirigèrent contre l’ennemi de l’État cet esprit inquiet et turbulent des grands du royaume, cause de tant de troubles sous les règnes des princes faibles. Les guerres qu’il entreprit, quoique en général heureuses et marquées par des succès éclatants,