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ÉTIE

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que l’imagination gracieuse et le cœur tendre de Fra Angelioo ne lui ont jamais permis d’exprimer les passions violentes ?

Jitienne (LA LAPIDATION DU SAINT), tapisserie exécutée d’après un carton de Raphaël ; palais du Vatican. Le saint, tombé à genoux, contemple avec extase l’apparition céleste. Derrière lui, un homme lève une lourde pierre pour le frapper ; six autres lapidateurs, et Saul gardant les habits, complètent cette composition, qui a été gravée par Mich. Sorello et par R. Dalton (1753). L’esquisse originale, différant quelque peu de la tapisserie, est conservée dans la collection Albertine, à Vienne ; elle a été gravée par Â.Bartsch (1787) éditliographiéeparPilizotli. Souvent on cite une gravure de l’école de 11 arc Antoine comme traduisant une première esquisse de Raphaël pour la Lapidation de saint Étienne, mais elle n’a aucun rapport avec ï’arazzo (tapisserie) dû Vatican. Zani croit qu’elle est de Martino Rota. Marelli en a fait une copie.

Étienne (LE MARTYRE DE SAINT), tableau

de Jules Romain ; dans l’église de Saint-Étienne, à Gênes. Cette peinture célèbre fut donnée par le cardinal de Médicis, depuis Léon X, non à la république de Gênes, comme beaucoup d’auteurs l’ont prétendu, mais à un abbé coiumendataire de Saint-Étienne ; si même nous en croyons Vasari, cet abbé aurait commandé directement cet ouvrage à l’artiste. On a prétendu aussi que Raphaël aurait fourni à son élève le dessin, sinon de la totalité de la composition, au moins de la partie supérieure ; mais c’est là une supposition toute gratuite.-Un des Guides de Gênes fait un éloge excessif de cette peinture ; nous y lisons : « On voit dans cette église un des plus beaux tableaux que l’on connaisse ; le sujet est la Lapidation de saint Étienne ; le martyr contemple le ciel ouvert. Pour connaître toutes les beautés de ce tableau, il faut le considérer en détail ; la composition en est solide, noble et majestueuse, l’action des bourreaux est furieuse et pleine d’expression, l’attitude du saint remplie de résignation et de piété : le clair-obscur y est bien ménagé ; c’est le chef-d’œuvre de Jules Romain. « Suivant un Guide moins enthousiaste, celui de M. du Pays (186S), « cette peinture est d’un coloris noir et dur que les restaurateurs ont sans doute désaccordé ; elle s’enfume d’ailleurs tous les jours à la fumée des cierges de l’autel. » Ce tableau a été transporté à Paris, sous le premier empire, et la tète du saint a été restaurée à cette époque par Girodet (d’autres disent par David), li a été gravé par Giuseppe Crafi’onara.

Étienne (LA LAPIDATION DE SAINT), tableau

d’Annibal Carrnche. Le Louvre possède sur le même sujet deux compositions attribuées au célèbre maître bolonais. L’une, qui a été gravée par Étienne Baudet, en 1677, représente le saint agenouillé sur une petite éminence, les bras étendus, les yeux tournés vers le ciel ; un soldat, ayant un casque et une cuirasse, soulève des deux mains la pierre qu’il va lancer sur la tête du martyr ; d’autres Juifs prennent part à cette action sauvage ; le jeune Saul, assis a terre, garde leurs vêtements. Un ange apporte à Étienne la palme et la couronne. Les cieux ouverts laissent voir le Père éternel appuyé sur un globe, Jésus-Christ et des anges.

Dans l’autre composition, la scène se passe au pied d’une tour ; les bourreaux sont au nombre de sept ; plusieurs spectateurs assistent à ce drame sinistre, les uns debout, les autres assis. Dans le fond s’étendent les remparts de la ville, dont une porte est ouverte. Ce tableau a été gravé par Guillaume Château, par Queverdo et Niquet (Musée JFilhol, pi. 673). Il fut apporté de Rome par le marquis de Rambouillet et donné à Louis XIV par le duc de Montausier. Quelques critiques y ont vu une œuvre de l’Albanie.

Étienne (LA PRÉDICATION, LU MARTYRE UT

l’enterrement de saint), triptyque de Ru- ’ bens ; musée de Valenciennes. Cette ma^ni- j (ique peinture, exécutée en 1623 pour labbaye de Saint-Amand, est une des œuvres qui donnent le mieux l’idée de la puissance du génie de Rubens. La composition centrale ’ représente la lapidation de saint Étienne. Le glorieux martyr s’est affaissé sous les coups ; mais, si son attitude révèle la faiblesse et les souffrances physiques, sou visage tourné vers le ciel exprime sa force morale, sa résignation, sa foi et son espoir dans le Dieu qu’il confesse. Les deux volets qui accompagnent cette grande toile représentent, celui de gauche la prédication du saint, celui de droite la remise de son corps aux chrétiens, qui vont le déposer dans le tombeau. Sur les volets refermés est peinte 'Annonciation. Ces trois compositions secondaires sont fort belles et dignes du tableau principal. « Que de force, d’éclat et d’ampleur ! a. dit au sujet de ce chef-d’œuvre M. de Pesquidoux (Voyage artistique en France) ; quelle intensité de ton I quelle richesse de couleurs I quello harmonie splendide ! Cette toile rayonne et caresse le regard comme les peintures dorées du Titien. Les couleurs les plus bizarres et les plus violentes, le bleu, le vert, le rouge, se juxtaposent sans nuances intermédiaires, et cependant elles se fondent avec une harmonie enchanteresse et un éclat sans pareil. Et en même temps que de mouvement I

quelle vie I quelle furie ! Michel-Ange n’a pas d’attitudes ou d’anatomies plus énergiques. Il semble que Rubens ait voulu réunir dans un seul cadre les qualités diverses des grands peintres italiens. Dans ce tableau, les défauts habituels du maître ont presque disparu, ou du moins, par la nature du sujet, ils ont perdu leur côté choquant. La trivialité des types familiers à Rubens n’est point déplacée dans une toile où il a mis en scène des hommes féroces et bas, appartenant à la lie de ia populace juive. » Ce triptyque, dont les figures sont plus grandes que nature, a été rentoilé en 1764, puis restauré de nouveau en 1838 par MM. Roehn et Jacquinot. Il existe des traces malheureusement trop évidentes de ces restaurations. Le Martyre, de saint Étienne a été gravé par Tassacrt.

Éiicnne (le martyre ce saint), tableau de Charles Le Brun ; musée du Louvre. Le jeune saint, renversé sur le dos, écarte les bras et regarde le ciel, d’où jaillit une lumière brillante et où apparaissent Dieu le Père, Jésus-Christ avec sa croix et des anges apportant la couronne et la palme du martyre. Quatre Juifs entourent le martyr : l’un, coiffé d’un turban, le saisit d’une main par sa tunique et s’apprête à le frapper avec une pierre qu’il lève de l’autre main ; un second le tient par l’épaule ; les deux autres, debout derrière lui, brandissent d’énormes pierres pour l’assommer. Un jeune homme, Saul, assis près de là, semble exciter les meurtriers. Une femme émue, tenant un enfant dans se3 bras, et un vieillard à mine austère assistent à cette scène.

Ce tableau, signé et daté de 1651, fut exécuté par Le Brun pour la confrérie des orfèvres, qui en fit présent au chapitre de Notre-Dame de Paris. Il a été gravé par G. Edelinck, E. Picart, G. Audran, Brissart, Duflos, Pécoul, Bazin, Gantrel, Tardieu, etc. Dans la gravure de Pécoul, les figures du Père éternel etdu Christ ontété supprimées, sans doute en raison de l’anachronisme que nous avons signalé dans notre Iconographie de saint Étienne. Le tableau, du reste, fait honneur à Le Brun : la tête du saint a une belle expression de foi et de résignation ; les bourreaux semblent pleins de férocité ; ceux qui se tiennent debout à gauche et qui ont le torse nu sont savamment dessinés.

Étienne portant de* ■ecoui’S a une pnuvre

rauille (saint), tableau de Léon Cogniet ; église Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris. Dans une chambre misérable est étendu sur un lit de paille un vieillard exténué par les privations, demi-nu, dont les pieds sont à peine recouverts- par une étoffe grossière. A son chevet est une jeune femme, sa fille sans doute. Saint Étienne, debout au milieu de la pièce, montre au vieillard le pain contenu dans une corbeille que portent les deux jeunes garçons qui l’accompagnent.

Cette peinture, qui a paru pour la première fois au Salon de 1827 et qui a figuré a l’Exposition universelle de 1855, est un des bons ouvrages de M. Cogniet. Voici comment Jal l’a appréciée dans ses Esquisses sur le Salon de 1827 : « Le style de ce morceau est gracieux et énergique a la fois. Le dessin est élégant, mais sans recherche, correct, d’ailleurs et bien loin de ce mépris des formes qu’on affecte aujourd’hui, par une contradiction singulière avec la propension qu’on a pour la reproduction scrupuleuse de la nature. L’effet général du Saint Étienne est calme ; la couleur est vierge de manière ; elle a de la solidité et ne manque pas d’éclat dans les tètes. La touche de M. Cogniet est large, facile ; elle est douce ou vigoureuse, selon qu’elle arrondit le front adolescent d’un des suivants d’Étienne ou qu’elle modèle le torse et la face décharnés du vieux soldat. »

Étienne martyr (SAINT), tableau d’Eugène Delacroix ; Salon de 1853. Le protomartyr, encore revêtu de son habit de diacre, est étendu près des remparts crénelés de Jérusalem, a l’endroit même où il a été lapidé. Des disciples viennent pieusement relever son cadavre ; une femme étanche le sang répandu avec un linge qui va devenir une relique sainte. «11 y a dans ce tableau des inventions admirables, a dit M. Paul Mantz. Delacroix, qui ne néglige aucun moyen d’émouvoir, a associé le paysage au deuil de la scène qu’il a retracée. Rien n’est lugubre comme les sévères profils de la muraille fuyante, et cette campagne infinie dont le soir estompe les lointains vaporeux, et ce ciel livide tout rayé de bandes d’un violet sanglant. Il y a dans le groupe des disciples qui ramassent le cadavre une sorte de tendresse empressée ; il semble que chacun s’étudie à ne pas froisser cette chose inerte qui ne sent plus. Les mains de quelques-uns de ces personnages et leurs pieds sont malheureusement d’une forme très-lâchée. Delacroix s’est montré particulièrement attentif dans le dessin du corps du martyr. Il en a brisé les membres, il en a distendu les muscles, il a mis enfin cette lourdeur, cette gaucherie, pour ainsi dire, qui n’appartiennent qu’à la mort ; aussi l’effet général est-il saisissant. Ce tableau, c’est la douleur même. »

Étienne (ORDRE DE SAINT-), fondé en ToS cane (1562) par le grand-duc Côme de Médicis, en souvenir de la bataille de Marciano, qu’il avait gagnée le jour de la Saint-Étienne, en 1554, sur les Français, commandés par le

maréchal de Strozzi. Il imposa aux chevaliers la règle de Saint-Benoît et leur donna pour mission de défendre la religion catholique. Pie IV approuva ces dispositions, confirma l’ordre et reconnut le grand-duc de Toscane en qualité de grand maître. Longtemps les chevaliers se distinguèrent par leur bravoure dans les expéditions contre les infidèles ; on calcula que, vers 1678, ils avaient déjà délivré plus de 6,000 chrétiens et plus de 15,000 esclaves. La grande chancellerie de l’ordre se trouvait à Pise. Un de leurs derniers faits d’armes fut la défense de Venise, en 1684, contre les Turcs. Avec la disparition de leurs ennemis, les chevaliers furent condamnés au repos, et l’ordre tomba dans un oubli complet. Le 22 décembre 1817, le grand-duo Ferdinand III prit pourtant lô parti de le relever et le divisa en quatre classes : les prieurs grands-croix, les baillis grands-croix, les chevaliers commandeurs et les chevaliers ; ces derniers se subdivisent encore en chevaliers de justice et en chevaliers do grâce. Pour être admis dans l’ordre, il fallait faire preuve de quatre quartiers de noblesse du côté paternel et du côté maternel, et justifier d’un certain revenu en propriétés foncières, pour fonder une commanderie qui est un majorât héréditaire dans la famille du titulaire. Outre ces coramanderies qu’on peut fonder, il y en a aussi d’autres, nommées commanderies di grazia, qui sont distribuées par lo grand-duc à titre de récompense. Ces commanderies retournent à l’ordre lorsque celui qui en est gratifié meurt. Il faut, comme première et indispensable condition, pour être admis dans l’ordre, professer la religion catholique. Les insignes de l’ordre sont : une croix émailléérouge, bordée d’or, anglée de fleurs de lis d’or, a quatre branches et huit pointes, et surmontée d’une couronne royale. Les deux classes de grands-croix portent la décoration en sautoir, les commandeurs et les chevaliers la mettent à la boutonnière. Les quatre classes portent une plaque analogue à la croix sur le côté gauche de la poitrine ; les membres de l’ordre ont, en outre, un costume militaire. Le ruban est rouge-feu. Depuis la récente unification de l’Italie sous le sceptre de Victor-Emmanuel, l’ordre n’a plus été conféré et va probablement disparaître.

Éiienne-du-Monl (SAINT-), une des plus intéressantes églises de Paris, située sur la place Sainte-Geneviève, à côté du Panthéon. Philippe-Auguste ayant englobé la montagne Sainte-Geneviève dans la nouvelle enceinte de Paris, les Parisiens se portèrent en foule sur ce territoire mis à l’abri des attaques extérieures, et y construisirent un grand nombre de maisons. Bientôt la crypte de Sainte-Geneviève, qui leur servait d église paroissiale, devint trop étroite pour les besoins religieux de la paroisse du Mont, dont la population augmentait sans cesse, et il fallut songer à élever une nouvelle église. Vers 1220, l’abbé de Sainte-Geneviève donna, à cet effet, un terrain contigu à l’église de l’abbaye, eX l’évêque de Paris ayant accordé son autorisation, on construisit, sur le côté septentrional de la basilique abbatiale, une église qui fut placée sous le vocable de saint Étienne, premier martyr. L’église Saint-Étienne dépendait complètement de l’église Sainte-Geneviève ; elle n’avait pas d’entrée particulière ; on ne pouvait y accéder que par le portail de l’église de l’abbaye.

En 1491, l’accroissement incessant du nombre des habitants de la paroisse rendit nécessaire la reconstruction de l’église Saint-Étienne, Au lieu d’agrandir l’édifice, on le rebâtit complètement, sur un plan beaucoup plus vaste. Toutefois, les travaux ne furent entrepris que sous le règne de François Ier ? en 1517. On commença par l’abside ; le chœur fut terminé en 1538. Dès l’an 1541, l’œuvre était tellement avancée, que l’évêque de Mé fare y vint, comme délégué de l’archevêque e Paris, célébrer la bénédiction des autels. La construction de Saint-Étienne, où le style gothique à sa dernière période se mêle à l’architecture de la Renaissance, se continua

sous les règnes de Henri II et de Charles IX. L’abbé de Sainte-Geneviève s’était d’abord opposé à ce que la nouvelle église eût une porte particulière ; avec le temps, cette difficulté s’aplanit, et, en 1610, Marguerite de Valois, femme divorcée de Henri IV, posa la première pierre du portail, qui ne fut terminé qu’en 1617. Les charniers qui enveloppent le chevet de l’église avaient été construits en 1606. La chapelle de la Vierge, au rond-point, a été rebâtie vers 1660. Jean-François de Gondi célébra en grande pompe !a dédicace de l’église le 25 février 1626. Pendant la cérémonie, deux jeunes filles tombèrent du haut des galeries du chœur sans se faire aucun mal et sans causer aucun accident. On ne manqua pas de crier au miracle, et le souvenir de ce fait est conservé par une inscription en marbre noir, encastrée dans le mur du bas-côté septentrional, près de l’entrée de l’église. Sous le règne de Charles IX, un jeune homme, ayant arraché l’hostie des mains d’un prêtre officiant dans l’église Saint-Étienne, fut condamné à avoir le poing coupé, à être pendu et étranglé, et son corps brûlé en la place Maubert. En expiation de ce sacrilège, il fut fait une procession générale, à laquelle le roi, la reine mère ; Catherine de Médicis, et toute la cour assistèrent,

portant à la main un cierge de cire blanche. Pendant le siècle dernier, le clergé de Saint-Étienne-du-Mont se distingua par son intolérance, dans l’affaire des billets de confession. Un curé de cette église fut banni pour avoir désobéi aux ordres du parlement, en lutte avec l’archevêque Christophe de Beaumont, soutien dévoué des jésuites. Rappelons encore que ce fut dans l’église Saint-Étiennedu-Mont que l’archevêque Sibour tomba, le 3 janvier 1857, sous le couteau du prêtre Verger.

Production élégante de l’alliance du style gothique et du stj-le de la Renaissance, l’église Saint-Étienne-du-Mont, placée au sommet de la montagne Sainte-Geneviève, offre un des points de vue les plus saillants et des plus remarquables du panorama de Paris. L édifice est soutenu, à l’extérieur, par des contre-forts surmontés de clochetons et de pyramides ; des chimères et d’autres animaux fantastiques, servant de gargouilles, rayonnent tout autour de lu toiture. Une triple rangée de fenêtres garnies de meneaux, les unes en ogive, les autres en plein cintre, percent les murs des chapelles, des collatéraux et de la nef principale. Sur le côté septentrional de la nef s’élève une tour svelte, légère, originale, surmontée d’un lanternon, où se trouve la cloche de l’horloge. Les baies et les ornements de l’étage inférieur de cette tour appartiennent au style gothique ; l’étage Supérieur, reconstruit et surélevé vers 1623, est percé de longues ouvertures en plein cintre.

« Le grand portail occidental (xvue siècle) se distingue, dit M. Guilhermy, par l’originalité de sa forme et par la belle exécution de sa sculpture. Il a perdu les statuettes de ses niches, les figures et les armoiries des tympans et des frontons. Les balles ne l’ont pas épargné non plus dans les dernières années de nos luttes civiles. Au premier ordre, quatre colonnes composites soutiennent un fronton triangulaire ; les fûts sont cannelés et coupés, de distance en distance, par des banderoles historiées de rosaces et de palmettes, comme on en voit aux colonnes de l’ordre inférieur du dôme des Tuileries. La facture des chapiteaux est excellente. Les guirlandes qui accompagnent les colonnes, les rinceaux des frises et des encadrements, les modifions et les rosaces du fronton, sont remarquables par l’ampleur du style et par le fini du travail. Dans la région supérieure de la façade, une rose à compartiments s’inscrit sous tin fronton demi-circulaire ; une seconde rose est percée dans le pignon, dont la décoration comprend aussi des pilastres cannelés et des vases richement ciselés. Deux petites portes et des fenêtres à meneaux s’ouvrent dans les parties latérales. » Le charnier, construit au chevet de l’église, est disposé en forme de cloître ; ses arcades, soutenues par des pilastres doriques, entourent une cour qui était autrefois le petit cimetière.

L’église Saint-Étienne-du-Mont comprend une grande nef, accompagnée de collatéraux et de chapelles. L’architecte, gêné par le voisinage de l’église Sainte-Geneviève et des dépendances de l’abbaye, a été obligé de donner à la nef un axe différent de celui du chœur ; ce défaut d’alignement est assez visible. Les voûtes ogivales de la nef et des bas-côtés sont d’une grande hardiesse ; elles s’appuient sur de gros piliers ronds, unis entre eux par des arcs bordés de balustres, qui forment une sorte de tribune étroite. Les voûtes de l’église, surtout dans le transsept, sont croisées de nervures qui se réunissent en clefs pendantes, d’un travail élégant ; la clef centrale a plus de 4 mètres de saillie en dehors du mur de la voûte. Des chapelles régnent tout autour de l’église. Ce qui frappe et étonne tout d’abord, quand on entre dans Saint-Étienne-du-Mont, c’est le jubé, qui est un véritable chef-d’œuvre. L’arc très-surbaissé de ce jubé, jeté avec une légèreté extraordinaire au travers du chœur, les tourelles à jour qui contiennent les escaliers en spirale, les rampes suspendues, sont dessinés et sculptés avec un art parfait et une délicatesse inouïe ; ce jubé est, pour ainsi dire, uno dentelle de pierre ; c’est, du reste, le seul qui existe encore à Paris. Le buffet d’orgues et la chaire sont très - remarquables. Saint-Étienne possède une riche collection de vitraux précieux ; les plus beaux sont dus à Pinaigrier etk-Cousin. Neuf de ces verrières, qui avaient d’abord été posées sous les arcs du charnier, ont été réunies dans une des chapelles absidales. Notre cadre restreint ne nous permet pas de donner une description détaillée de ces intéressants vitraux ; nous dirons, toutefois, que, si l’on en croit Sauvai, le vitrail de la première chapelle du chœur, au midi, représentant l’allégorio au pressoir mystique, contient les portraits fort exacts du pape Paul III, de Charles-Quint, de François Ier, de Henri VIII, du cardinal de Chàtillon et d’autres personnages historiques. Nous signalerons encore le grand vitrail de l’Apocalypse, placé dans le collatéral nord de la nef, et les verrières des cinq fenêtres hautes de l’abside, qui sont les plus anciennes de l’église ; elles représentent les Apparitions de Jésus ressuscité aux disciples d’Èmmaùs, à la Madeleine, d la Vierge, à saint Pierre, aux trois Marie.

On conserve dans une des chapelles absidales de Saint-Étienne-du-Mont le cercueil de pierre dans lequel le corps de sainte Geuu-