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distribuaient l’eau à tous venants. On voit encore un assez grand nombre de ces fontaines sur le bord des routes, en Normandie, en Bretagne et en Bourgogne. En dehors du faubourg de Poitiers, le long du Clain, on trouve encore une fontaine dont la construction remonte au xve siècle ; la source est couverte par une arcade en maçonnerie et le bassin, qui s’avance sur la voie, est entouré de bancs à l’usage des promeneurs ; celui de face sert en même temps de déversoir pour l’écoulement du trop-plein ; une niche ménagée au fond de la voûte est décorée d’une statue de la Vierge, et les tympans portent les armoiries du fondateur. Cette disposition des fontaines ne se trouve guère que dans les campagnes ; dans les villes, c’est à la source même que l’on prend l’eau. M. Viollet-le-Duc cite, comme l’une des plus anciennes fontaines de ce genre, celle du xiie siècle que l’on voit encore à Provins en face de l’hôpital : « Une vasque hexagone, une grosse colonne dont le chapiteau est percé de trois trous munis de têtes de bronze assez saillantes pour verser l’eau dans les vases que l’on apporte au bord de la vasque, tel est ce petit monument dans sa simplicité primitive. » Quelques villes d’Italie, Pérouse, Viterbe, Sienne, ont conservé leurs fontaines de la fin du xiiie siècle et du commencement du XIVe. En France, elles ont toutes été détruites, sauf celle, mutilée et dénaturée, que l’on voit encore sur la place de la ville de Saint-Florentin (Yonne), ainsi que les fontaines du xiiie siècle qui existent à Brioude. L’Allemagne possède aussi quelques fontaines monumentales du xve et du xvie siècle. Dans les monastères, il existait des fontaines que l’on surmontait de pinacles ornés de sculptures ; à Rouen, on voit encore un assez joli monument de ce genre qui date du milieu du xve siècle. La fontaine de l’hôtel de Lisieux consiste en un rocher pyramidal figurant le mont Parnasse, sur lequel sont en relief Apollon, le cheval Pégase, la Philosophie et les neuf Muses ; au sommet, Apollon, vêtu à la mode du xvie siècle, son arc sous le bras, joue de la harpe. Au-dessous de Pégase, la Philosophie, debout, présente de la main droite un livre ouvert et de la gauche indique un flambeau. Des rochers, des gazons et quelques moutons composent les accessoires de la scène. Une autre fontaine, non moins remarquable, est celle de Saint-Maclou, adossée à l’église de ce nom. C’est une petite construction de la Renaissance, qui se recommande surtout par l’élégance, par la simplicité de sa composition et par ses gracieuses sculptures dues à Jean Goujon.

Parmi les fontaines des pays étrangers, il faut citer celle des Lions, dans le palais de l’Alhambra, à Grenade, et le fameux Manneken-Pis de Bruxelles (v. Manneken-Pis). L’Allemagne possède nombre de curieuses fontaines, dont quelques-unes sont très-anciennes. L’Italie en possède aussi une grande quantité ; mais c’est surtout Rome qui se fait remarquer par le nombre et la beauté de ces monuments.

« Indépendamment des curiosités anciennes et modernes dont cette ville fourmille, dit le président de Brosses, un seul des trois articles suivants, pris chacun en particulier, vaut la peine que l’on fasse exprès le voyage de Rome : l’église de Saint-Pierre, les fontaines, le coup d’œil du Janicule. Il est vrai que Rome paraît tout exprès située pour avoir des eaux, entourée comme elle l’est d’un demi-cercle de montagnes abondantes en sources ; mais elles sont toutes à une distance qui varie de 4 à 9 lieues. Quelles dépenses n’a-t-il pas fallu faire pour les conduire ! Les aqueducs des anciens Romains, leurs égouts, leurs châteaux d’eau sont des ouvrages prodigieux. Il en a coûté depuis deux ou trois siècles des frais énormes pour en remettre en état une partie seulement, qui, avec quelques adjonctions nouvelles, a suffi pour fournir la ville d’une quantité innombrable de fontaines, grandes ou petites. On en rencontre à chaque pas, le long des rues, dans les maisons, dans les jardins, partout. L’inégalité du terrain de la ville et ses montagnes ont donné la facilité de les multiplier par l’attention que l’on a eue de faire d’abord arriver les eaux dans des lieux élevés ; de sorte que les fontaines d’en haut servent de réservoir à celles d’en bas. Je n’imagine point d’ornements dans une ville comparables à cette profusion de sources et d’eaux jaillissantes ; elles me font plus de plaisir encore que les bâtiments. Les grandes sont toujours d’un goût noble, les petites d’un goût agréable, qui, parfois, dégénère trop en badinerie, surtout dans les jardins, où, à la vérité, cela est plus supportable ; mais, dans les grandes, ce ne sont plus des filets d’eau, ce sont des torrents, des rivières entières, qui s’échappent de tous côtés. Outre l’abondance naturelle de l’eau, on sait encore en ménager la chute avec l’adresse nécessaire pour lui donner la plus grande surface possible. De tout ce que j’ai vu ici et ailleurs, rien ne m’a surpris davantage que la fontaine de la place Navone ; aussi faut-il dire que rien en ce genre n’est plus auguste ni d’une plus merveilleuse exécution. L’admirable estampe que vous connaissez n’en donne encore qu’une faible idée ; elle me fit, à la première vue, beaucoup plus d’effet que Saint-Pierre. Figurez-vous seulement au milieu d’une place cette masse de rochers percés à jour ; ces quatre colosses du Danube, du Nil, du Gange et du Rio de la Plata, couchés sur les angles du rocher, versant de leurs urnes des torrents d’eau ; ce Nil qui voile sa tête ; ce beau lion qui sort de sa caverne et vient s’abreuver à la fontaine ; ce cheval qui boit d’un autre côté ; ces reptiles rampant sur la montagne ; ces bouillons d’eau qui rejaillissent de tous côtés sur les pointes des rochers, et, à la cime du roc, un obélisque de granit tant que l’on peut lever la tête. » Cette fontaine est située sur une grande place ovale qui occupe l’emplacement de l’ancien cirque Agonale ; aux deux extrémités, deux autres fontaines assez considérables, l’une de Nymphes, l’autre de Neptune avec ses tritons, accompagnent la fontaine principale et ajoutent à son effet. Chaque semaine, pendant l’été, on ferme les écoulements des bassins ; la place, creusée en coquille, se remplit d’eau sur laquelle on se promène en bateau : ce grand lavage ne parvient pas à y entretenir la propreté. Cette belle fontaine, unique au monde pour l’effet pittoresque, est l’œuvre du cavalier Bernin.

La fontaine de Termini, construite par Charles Pontana, sous Sixte-Quint, a pour motif principal un Moïse gigantesque frappant de sa verge le rocher d’où jaillit une nappe d’eau ; un portique en marbre blanc, à trois arcades, entoure la scène et complète le tableau. La fontaine Pauline, construite sur les hauteurs du Janicule, figure un arc de triomphe à cinq portes ; des nappes d’eau tombent par torrents des trois arcades centrales et produisent le plus bel effet. La fontaine de Trevi, construite au bas du Monte-Cavallo, représente la façade d’un palais, le palais de Neptune. Au-dessus du soubassements, trois niches ont été pratiquées. Celle du milieu est occupée par un Neptune traîné sur une conque par des chevaux marins que conduisent des tritons ; les deux autres niches contiennent les statues de la Salubrité et de la Santé. La fontaine Barberini, située devant le palais de ce nom et qui est, comme la précédente, l’œuvre du Bernin, passe pour une des plus belles de la ville éternelle, qui en compte de si nombreuses. Citons aussi celle de lacqua Felice, ainsi appelée du nom de Sixte V qui en fit restaurer les anciens aqueducs. Cette fontaine, située sur le mont Viminal, est formée par un grand bassin orné de lions en granit noir ; au milieu, on voit Moïse frappant le rocher d’où l’eau sort par trois ouvertures : ce Moïse, construit sur des proportions colossales, et seulement à demi achevé, n’est pas celui de Michel-Ange, qui se trouve dans l’église de Saint-Pierre-aux-Liens. La fontaine des Tortues, sur la place Mattei, est un chef-d’œuvre de grâce et de bon goût dû à Jean Bologne ; elle est formée par quatre statues de bronze représentant des enfants qui jettent des tortues dans un bassin, sur l’enroulement duquel ils sont assis. La fontaine du pont Sixte, bâtie sur les dessins de Fontana, est d’une élégante décoration. Sur la place d’Espagne, au bas de l’escalier en marbre de la Trinité-du-Mont, se voit la fontaine de la Barcaccia. Cette fontaine représente un petit lac sur lequel est une barque, et du milieu de cette barque s’élève un jet d’eau qui en fait le mât. L’idée est assez jolie ; malheureusement, l’exécution est loin d’être parfaite. Citons enfin, comme fontaines décoratives, les deux qui ornent la place Saint-Pierre, et qui, avec la colonnade, obélisque et le temple forment un ensemble si harmonieux. Ces deux fontaines, dans le genre de celles de la place de la Concorde à Paris, ont été dessinées par Charles Maderne ; elles lancent une gerbe d’eau haute de 10 pieds et ne s’arrêtent ni jour ni nuit. Entre les fontaines et l’obélisque se trouve, des deux côtés, un petit rond en marbre blanc sur le pavé ; c’est le centre de la circonférence que décrit chaque hémicycle. Les rayons qui vont de ce point à la périphérie sont tracés avec une exactitude si rigoureuse que le spectateur qui se place sur ce rond ne voit plus qu’un rang de colonnes au lieu de quatre. Un Anglais qui avait fait le voyage de Rome, ayant appris, à son retour en Angleterre, cette particularité dont ses guides ne lui avaient pas parlé, prit aussitôt la poste et repartit pour Rome. Arrivé dans la ville éternelle, il se fit conduire sur la place Saint-Pierre ; il resta un quart d’heure sur chacun de ces petits ronds en marbre, puis remonta en chaise de poste pour revenir en Angleterre. Rome garde également plusieurs traces de ses anciennes fontaines ; telle est, par exemple, celle appelée meta sudans ou la « borne suante », située tout auprès du Colisée. C’était une fontaine à jet d’eau existant déjà sous Néron, et qui fut reconstruite sous Domitien. La tradition rapporte que les gladiateurs, sortant du Colisée, venaient laver dans ses eaux leurs mains sanglantes. Au milieu du bassin était une de ces bornes de cirque en forme de cône qui servaient à régler la course des chevaux dans les hippodromes ; c’était de l’extrémité de ce cône que l’eau jaillissait pour retomber dans le bassin. Enfin, il y a la fontaine Egérie, où Numa Pompilius consultait la nymphe, et qui s’élevait entre le Cœlius et l’Aventin. Aujourd’hui, on donne le nom de fontaine Egérie à une nymphée située 3 milles plus loin, dans la vallée de la Caffarella. Les nymphées étaient de petits édifices consacrés aux sources et aux ruisseaux ; celle d’Egérie contient onze niches qui étaient en marbre blanc avec corniches de marbre rouge ; dans le fond est une statue mutilée figurant un fleuve ou un ruisseau.

En Orient, les fontaines sont de véritables bienfaits ; on en fonde par esprit de piété, comme chez nous des hôpitaux ou des écoles. Le Caire en compte trois cents, parmi lesquelles il faut citer celle de Seby-el-Bedawyeh, remarquable par son architecture et à l’approvisionnement de laquelle sont affectés plusieurs legs inaliénables.

Fontaine d’amour (la), chef-d’oeuvre de Fragonard ; galerie de lord Lyons (Angleterre). Un jeune homme et une jeune femme, court vêtus, se précipitent, en courant, vers une fontaine dont l’eau déborde d’une large vasque ; des Amours, voltigeant, présentent aux deux amants des coupes pleines du breuvage, délicieux : d’autres s’ébattent dans le bassin ; d’autres poussent un nuage qui commence à envelopper les amoureux. Ceux-ci ont un empressement et une sorte d’avidité qui trahissent leur passion. La jeune fille, suspendue sur la pointe du pied, les bras en arrière, les seins nus, les cheveux au vent, est charmante de grâce amoureuse. « Cette composition si originale, a dit M. Chaumelin, est exécutée avec infiniment de verve ; on ne pouvait mieux rendre l’ardeur immodérée, la passion irrésistible avec laquelle deux beaux adolescents se précipitent vers la source des plaisirs. »

La Fontaine d’Amour a été gravée par Regnault, à l’eau-forte par Veyrassat et sur bois par L. Dujardin. Elle a été payée 31,500 fr. par lord Lyons à la vente de la galerie San-Donato en 1870.

Une composition portant le même titre a été gravée par P. Aveline d’après Boucher. G. Huguier le père a gravé la Fontaine des Grâces, d’après Edme Bouchardon, et une composition intitulée simplement la Fontaine, d’après La Joue.

FONTAINE, bourg de France (Haut-Rhin), ch.-l. de cant., arrond. et à 12 kilom. de Belfort, à 63 kilom. de Colmar ; 312 hab.

FONTAINE (Charles), poète français, né à Paris vers 1515, mort à Lyon vers 1589. On ne sait guère sur sa vie que ce qu’il en a dit lui-même dans ses œuvres. Il était fils d’un marchand qui demeurait dans une

Maison assise vis-à-vis
De Nostre-Dame et du Parvis,,
Qui a la belle fleur de France
Pour son enseigne et démonstrance.

Dès ses jeunes années, il montra un goût irrésistible pour la poésie ; en vain, lorsqu’il eut reçu quelque instruction, son oncle Jean du Gué, avocat au parlement, voulut-il lui faire embrasser la carrière du droit, il n’en persista pas moins à s’adonner entièrement aux lettres qui remplirent rarement de « pécune sa marsupie, » pour parler comme un docte Gringoire d’alors, et le conduisirent, sur la fin de sa vie, à ce mélancolique aveu :

En tout honneur et excellence
Quiconque veut aller avant,
Quierre l’argent, non la science,
Les lettres n’aille poursuivant ;
Pour faire un sçavant la ressource
La plus certaine, c’est l’argent :
Aujourd’hui, l’homme est fort sçavant
Qui sait force écus en sa bourse.

Fontaine tenta d’abord la fortune par une poésie adressée à François Ier. N’obtenant de ce prince aucune gratification, il se rendit à la cour de la duchesse de Ferrare ; mais il ne tarda pas à revenir en France, aussi léger d’écus que lorsqu’il en était parti. Il se fixa à Lyon. En 1540, il essaya du mariage et s’unit à, Marguerite Carme. Bientôt devenu veuf, il épousa en secondes noces (1544) une autre Lyonnaise, qu’il célébra souvent en ses vers, sous le nom de Flora. En 1547, il dut faire un voyage à Paris à l’occasion d’un procès. Si nous ajoutons qu’il fut l’élève et l’ami de Clément Marot et qu’il fut lié d’amitié avec un grand nombre de poètes de son temps les plus connus, Ronsard, du Bellay, Baïf, etc., nous aurons résumé tout ce qu’on sait sur le compte de Fontaine.

Des divers ouvrages de Fontaine, il en est un qui mérite d’être lu. Il parut sous le titre : le Quintil Horatien (Lyon, J. de Tournes, 1551, in-18) ; il faut, pour comprendre ce titre, se souvenir du Quintilius Varus de l’Art poétique d’Horace. Le Quintil est une bonne critique de deux ouvrages de J. du Bellay : 1o Défense et illustration de la langue françoise ; 2o Olive, sonnets antiérotiques, odes et vers lyriques. En 1576, E. Sébillet fit réimprimer cette critique sous le titre nouveau de Quintil Censeur, à la fin de son Art poétique françois (Paris, in-16). Antérieurement au Quintil, le même J. de Tournes avait imprimé déjà deux ouvrages de Fontaine : 1o Estreines à certains seigneurs et dames de Lyon (1546, petit in-8o), recueil de quatrains, suivi d’un chant nuptial et d’une églogue sur son premier mariage ; 2o la Contr’Amye de court, réponse à l’Amye de court de La Borderie. La Contr’Amye était au nombre des Opuscules d’amour par Héroet, La Borderie et autres divins poètes (1547, in-8o). En 1550, J. Ruelle mettait aussi la Contr’Amye de Fontaine à la suite de son édition du Mépris de la court avec la vie rustique (Paris, in-16), qu’Antoine Allègre venait ; de traduire en français de l’espagnol d’Antoine Guevara. Après l’apparition du Quintil, le même de Tournes, cette fois associé avec G. Gazeau, publia les Vingt et une épitres d’Ovide (1556, in-16), dédiées à Mme Crussol. Saint-Romat, Octavien Saint-Gelais et Cl. Marot collaborèrent à cette traduction en vers français, et Fontaine donna pour sa part la traduction des dix premières épitres avec des annotations ; avant de céder la place à ses confrères, après la dixième, épître, il a mis un court avertissement des Translateurs aux lecteurs, qui est, sans nul doute, le morceau le plus original du livre. Un autre éditeur lyonnais, Payeri, donna, en 1555, les Ruisseaux de Fontaine (in-8o), recueil d’épîtres, élégies, épigrammes qui ne valent pas grand’chose. Enfin, en 1557, un troisième éditeur de Lyon, J, Céloys, publiait, de Fontaine, un nouveau volume d’odes, énigmes et épigrammes, qui ne mérite pas d’être lu, et un livre, non moins mauvais, qui est intitulé : les Dicts des sept sages. On cite quelques autres écrits de Fontaine, mais d’importance moindre encore.

FONTAINE (Nicolas), hagiographe et théologien, né à Paris en 1625, mort en 1709. Il entra à vingt ans à Port-Royal, professa dans les écoles de cette maison, employa une partie de son temps à transcrire les écrits des pieux solitaires jansénistes, Arnauld, Nicole, de Sacy, partagea, lorsque l’heure de la proscription eut sonné, leur exil et leur retraite et fut enfermé à la Bastille avec de Sacy, de 1664 à 1669. Rendu à la liberté, il vécut dans l’obscurité et finit par se retirer à Melun, où il mourut. Fontaine est le principal auteur de Histoire du Vieux et du Nouveau Testament représentée par des figures (1674, in-4o), plus connue sous le nom de Bible de Royaumonl, attribuée à Lemaistre de Sacy et souvent réimprimée. Parmi ses autres ouvrages, nous citerons : Vies des saints de l’Ancien Testament (Paris, 1079, 5 vol. in-8o) ; les Vies des saints pour tous les jours de l’année (1679, 5 vol. in-8o) ; Mémoires pour servir à l’histoire de Port - Royal (Utrecht, 1736, 2 vol. in-12), etc.

FONTAINE (Jacques), pasteur protestant français, né à Genouillé en 1658. « Doué, dit M. Prosper Mérimée (Revue des Deux Mondes, 1853), d’une constitution robuste et d’une force morale peu commune, Jacques Fontaine semblait destiné par la nature à la carrière des armes ; mais un accident l’ayant rendu boiteux, tout enfant, on le fit étudier pour en faire un jour un pasteur. » — « Vif, pétulant, indiscipliné, disent MM. Haag, il n’annonça d’abord que des dispositions très-médiocres, ou plutôt la négligence et l’excessive sévérité de ses différents maîtres retardèrent le développement de son intelligence et lui inspirèrent un profond dégoût pour l’étude. Heureusement sa pieuse mère, qui ne voulait pas renoncer à ta douce espérance d’en faire un ministre, se décida enfin à le mettre à Marennes dans le pensionnat de M. de La Bussière, qui fit, par une méthode d’enseignement plus rationnelle, accoucher enfin cet esprit paresseux. « Après avoir pris le grade de maître es arts, Fontaine préluda par des prédications secrètes à sa carrière pastorale, fait pour lequel il fut jeté en prison. Condamné à l’amende, il reçut, en outre, la défense d’exercer les fonctions de son ministère. Sur ces entrefaites, les dragonnades commencèrent. Fontaine, convaincu qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes et jugeant que la résistance est permise en certains cas, conseilla aux protestants de prendre les armes. Mais son conseil ne fut pas écouté. À l’approche des dragons, il prit la fuite et parcourut la Saintonge et le Poitou, puis, après la révocation de l’édit de Nantes, il se décida à passer en Angleterre, où il débarqua au mois de décembre 1685. Fontaine était sans ressources ; néanmoins il refusa une prébende, dont l’acceptation aurait exigé qu’il signât la confession de foi anglicane. Comme il fallait vivre, il se fit tour à tour instituteur, épicier, mercier, chapelier et fabricant de drap. La révolution de 1688 le rendit à ses travaux évangéliques, mais pour peu de temps ; en 1098, il partit pour le nord de l’Irlande pour y fonder un établissement de pèche. Là, il eut à lutter avec les corsaires qui venaient de temps à autre faire des incursions sur la baie qu’il habitait ; il construisit même un fort pour protéger ses pêcheries ; mais les corsaires eurent vite raison de la petite troupe commandée par Fontaine. Ayant vu sa maison brûlée et ses compagnons décimés dans un assaut, où il se distingua par sa bravoure, il dut se rendre. Il se retira à Dublin où il mourut.

FONTAINE (Pierre-François-Léonard), architecte célèbre né à Pontoise en 1762, mort à Paris en 1853. À l'âge de seize ans, son père l’appela à l’Isle-Adam, où il avait l’entreprise des travaux hydrauliques qui s’exécutaient pour la résidence du prince de Conti. Il se fit tout d’abord aimer de tous à l’Isle-Adam à cause de son activité et de ses aptitudes diverses. L’architecte André, qui y dirigeait les travaux, ne tarda pas à s’intéresser au jeune Fontaine, et il eut la sagesse de ne pas le condamner exclusivement à la vie de cabinet ; pour lui faciliter une éducation pratique qui laissât de profondes et durables empreintes, il entendit qu’il continuât à vivre, parmi les ouvriers de tout genre, sur les chantiers mêmes. Fontaine avait la per-