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suivante, il remporta sur les impériaux la fameuse bataille de Nordlingen, prit Dunkerque, tandis que Turenne faisait déposer les armes à la Bavière. Enfin la victoire de Lens (1648), gagnée par Condé, et d’autre victoires de Turenne amenèrent la glorieuse et célèbre paix de Westphalie. La France obtint la possession définitive des Trois-Evêchés (Metz, Toul, Verdun), les landgraviats de haute et basse Alsace, Belfort, Huningue, les villes impériales de Haguenau, Landau, Wissembourg, etc., excepté la ville impériale de Strasbourg, la république de Mulhouse ; le droit de garnison dans Philipsbourg, le boulevard de l’empire, et Pignerol, clef de l’Italie. Mais, tandis que la France se couvrait ainsi de gloire au dehors, l’intérieur était compromis par les troubles de la Fronde, entre le parti de la cour et le parti de la noblesse appuyé du parlement (1648-1653). « La cour, dit M. Artaud, s’enfuit à Saint-Germain… Elle appela Condé contre les frondeurs. Les hostilités commencèrent, et, après une guerre dont les bons mots, les épigrammes et les chansons des deux partis semblaient faire une guerre pour rire, la cour rentra à Paris. Mais un nouveau parti ne tarda pas à se former : c’était celui des petits-maîtres, à la tête duquel se trouvaient Condé et le prince de Conti. La reine fit arrêter les princes ; un an après, les frondeurs la forcèrent à les délivrer et à chasser son premier ministre. Cependant Mazarin rentra en France l’année suivante, escorté par 6,000 hommes, et reprit sa place dans le conseil du roi. Condé se plaça à la tête de ses ennemis, tandis que Turenne, un moment dans les rangs des Espagnols qui essayaient de profiter des troubles de la France pour s’agrandir à ses dépens, commandait les troupes royales. Les deux armées arrivèrent aux environs de Paris, et y livrèrent la bataille du faubourg Saint-Antoine, durant laquelle Mlle de Montpensier, fille du duc d’Orléans, fit tirer le canon de la Bastille sur les soldats du roi. Enfin, la cour accorda une amnistie générale, et rentra de nouveau à Paris. Cette amnistie n’empêcha point l’arrestation du cardinal de Retz et le retour de l’objet des haines populaires, de ce Mazarin, auquel la cour avait insensiblement préparé les esprits. Le parlement, oubliant les opinions qu’il avait professées, condamna à mort le prince de Condé, qui alla offrir son épée aux Espagnols. » Les troubles civils apaisés, la. lutte éclata ou plutôt fut reprise entre la France et l’Espagne, et Turenne défit, à la bataille des Dunes, don Juan d’Autriche et Condé, qui avait compromis sa glorieuse réputation en s’unissant aux ennemis de sa patrie. En 1560, la paix des Pyrénées mit fin à la guerre. Cette paix, signée dans l’île des Faisans, sur la Bidassoa, confirma à la France la possession du comté d’Artois, moins Arras et Saint-Omer, d’une partie des comtés de Flandre et du Hainaut, du duché de Luxembourg et des comtés de Roussillon et de Conflans. Ce traité, qui est certainement l’œuvre capitale de Mazarin, stipula également le mariage de Louis XIV avec la fille aînée de Philippe IV, roi d’Espagne, ainsi que le retour et la réintégration du prince de Condé dans ses emplois et dignités. A la mort de Mazarin (1661), Louis XIV, révélant tout à coup une énergie que ses courtisans ne lui soupçonnaient pas, déclara que c’était à lui seul qu’appartenait désormais l’administration des affaires. « Ce prince, dit un historien, avait en lui-même l’étoffe de quatre rois. Il soumit tout à l’ascendant de sa volonté absolue ; car il vit tout, fit tout, gouverna tout par lui-même. Il donna à la France une administration sage et énergique à l’intérieur, et une attitude imposante à l’extérieur. Louvois organisa l’armée, tandis que Colbert rétablit les finances, releva le commerce, créa une marine imposante. Le canal du Languedoc fut commencé ; des colons français allèrent peupler Cayenne et le Canada. Le duc de Beaufort, chargé d’une expédition contre les corsaires barbaresques, les mit pour quelque temps dans l’impossibilité de tenir la mer, pendant que le pape était obligé de donner satisfaction à la France pour des insultes faites à Rome à l’ambassadeur français. Louis XIV acheta Dunkerque aux Anglais, auxquels Turenne l’avait remis après l’avoir enlevé aux Espagnols. Il fournit des secours à l’empereur, attaqué par les Turcs, à la Hollande contre l’Angleterre, et au Portugal. Le château de Versailles, la colonnade du Louvre, l’établissement d’un grand nombre de manufactures, attestèrent la sollicitude de Colbert pour les beaux-arts et le commerce (1667). » A la mort de Philippe IV, Louis XIV, faisant valoir les droits acquis sur les Pays-Bas à Marie-Thérèse, fille de ce monarque, qu’il avait épousée, fit la conquête de la Flandre en trois mois. La Franche-Comté tomba aussi en son pouvoir ; mais la paix d’Aix-la-Chapelle, en rendant cette province à l’Espagne, conserva à la France les nouvelles possessions qu’elle venait de conquérir en Flandre. Pour faire repentir la Hollande de la coalition qu’elle avait formée afin de forcer la France à la paix, Louis XIV, après avoir réussi à l’isoler des autres puissances de l’Europe, lui déclara la guerre en 1672, En peu de temps, la majeure partie de la Hollande se trouve au pouvoir des Français, et cet État ne doit son salut qu’à la ligue formée contre Louis XIV par l’empereur, l’électeur de Brandebourg, l’électeur palatin, l’Espagne et l’Angleterre. Néanmoins, le roi de France continue la guerre avec succès. Le Palatinat est mis à feu et à sang ; Turenne remporte victoires sur victoires en Alsace, mais la mort de ce grand capitaine est suivie de revers..Cependant la victoire sourit de nouveau à la France, et la paix de Nimègue (1678) lui assure la Franche-Comté, Valenciennes, Bouchain, Condé, Cambrai, Aire, Saint-Omer, Ypres, Warvich, Varneton, Poperingue, Bailleul, Cassel, Bavay et Maubeuge. Les événements qui suivirent cette paix glorieuse sont : la prise de Strasbourg, le bombardement d’Alger, la soumission de Gênes et l’impolitique révocation de l’édit de Nantes, qui force plus de 200,000 protestants à quitter le sol français. La guerre recommence de nouveau, en 1688, contre l’empereur d’Allemagne et les principaux États de l’empire, l’Espagne, la Suède, la Hollande et la Savoie. Les maréchaux de Luxembourg et Catinat remportent les victoires de Fleurus, de Staffarde, de Nerwinde et de la Marsaille. Quant à l’Angleterre, quoique victorieuse à La Hogue, elle a le dessous en plusieurs rencontres. La paix de Ryswick (1697) met fin à cette guerre désastreuse pour l’Europe entière.

Charles II, roi d’Espagne, ayant institué en mourant Philippe, duc d’Anjou, second fils du Dauphin, héritier de toute la monarchie espagnole, Louis XIV accepta ce testament en s’écriant, dit-on : « Il n’y a plus de Pyrénées. » L’empereur, la Hollande, l’Angleterre, etc., mécontentes de voir un Bourbon ceindre son front de la couronne d’Espagne, se liguèrent de nouveau contre la France (1702), et alors commença cette désastreuse guerre de la Succession, qui ne se termina qu’en 1713. Quelques victoires entremêlées de quelques revers, la conquête de la Savoie, le projet de marcher sur Vienne, tel fut le début ; mais là s’arrêtèrent les succès de l’armée française, En 1704, l’Angleterre, par son grand général Marlborough, et l’Autriche, par le prince Eugène, remportèrent à Hochstædt une sanglante victoire sur la France. Villars, qui termina la guerre civile contre les protestants des Cévennes, appelés Camisards, empêcha les alliés vainqueurs d’envahir la France. En 1706, Marlborough gagna sur Villeroy la sanglante bataille de Ramillies qui entraîna la perte des Pays-Bas espagnols, tandis que le prince Eugène nous forçait d’évacuer l’Italie. Louis XIV voulut protéger de toutes ses forces les Pays-Bas. Le prince Eugène et Marlborough réunirent leurs armées, et battirent à Oudenarde notre armée de Flandre, dernier espoir de la France. Ce désastre, un hiver rigoureux, la famine, une affreuse misère, obligèrent Louis XIV à demander la paix. Les conditions parurent si humiliantes que la France se décida à continuer la guerre. La sanglante journée de Malplaquet, gagnée par Eugène et Marlborough (1709), vint accabler tous les courages. Louis XIV, ce roi soleil, s’humilia jusqu’à offrir de l’argent pour détrôner son petit-fils, le roi fugitif d’Espagne ; mais il s’indigna de la nécessité d’aller le détrôner lui-même. Le grand roi avait résolu d’aller mourir au champ d’honneur, à la tête de sa noblesse, quand la victoire de Villars à Denain sauva la France et amena la paix d’Utrecht (1713), qui, pour première clause, défendait que les couronnes de France et d’Espagne fussent jamais réunies sur la même tête. Par différents traités, Louis XIV reconnut Anne pour reine d’Angleterre, consentit à la démolition des fortifications de Dunkerque et à ce que la Grande-Bretagne conservât Gibraltar et les ports qu’elle avait dans la Méditerranée ; il restitua au duc de Savoie Exilles, Fénestrelles, la vallée de Pragelas en échange de la vallée de Barcelonnette et de ses dépendances ; la Hollande obtint plusieurs villes de Flandre pour lui servir de barrière, et restitua Lille, Aire, Béthune et Saint-Venant. L’empereur voulut continuer la guerre ; mais les succès du maréchal de Villars le forcèrent de signer le traité de Rastadt. Accablé d’une si longue humiliation et de chagrins domestiques, Louis XIV mourut le 1er septembre 1715, après un règne de soixante-douze ans, le plus long de notre histoire. Le peuple, oubliant de longues années de gloire, alluma des feux de joie sur le passage de son cercueil. Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, n’avait que cinq ans à la mort du grand roi. La régence, confiée au duc d’Orléans, se présenta d abord sous l’aspect le plus paisible. La conspiration de Cellamare, ambassadeur d’Espagne, fut déjouée aussitôt que formée ; mais bientôt le ruineux système de finances de Law, l’administration équivoque du Régent et l’immoralité profonde du cardinal Dubois précipitèrent la France dans un abîme de malheurs. La chute du système du célèbre financier fut le signal du bouleversement universel des fortunes. Louis XV commença à régner par lui-même sous l’influence du duc de Bourbon, qui lui fit épouser Marie Leczinska, fille de Stanislas, ex-roi de Pologne. Le cardinal Fleury, devenu premier ministre, fit face, malgré son grand âge, aux nombreuses difficultés des affaires politiques et rétablit un peu d’ordre dans les finances. Résolu de garder la paix à tout prix, il aida faiblement Stanislas à remonter sur le trône de Pologne, et, après quelques campagnes sur le Rhin et en Italie, signa le traité de Vienne, qui rétablit la paix. Par ce traité, Stanislas abdiquait ses droits au trône de Pologne : on lui accordait en dédommagement la Lorraine et le Barrois, pour être annexés à la France après sa mort. Le duc de Lorraine reçut en échange la Toscane (1738).

Bientôt commença la guerre de la Succession d’Autriche (1740)., dont la France voulait obtenir une partie, entreprise contre laquelle le cardinal Fleury avait protesté avant de mourir. Louis XV, à la tête d’une nombreuse armée, pénétra dans les Pays-Bas autrichiens. Le maréchal de Saxe, au service de la France, gagna sur les armées anglaise et hollandaise la bataille de Fontenoy, et conquit toute la Flandre (1745), tandis qu’une autre armée envahissait l’Italie, Enfin, les victoires de Raucoux et de Lawfeld (1747) firent trembler la Hollande. Tous ces succès furent balancés par des désastres dans nos colonies ; de plus, l’approche d’une armée russe détermina la France à signer la paix d’Aix-la-Chapelle, qui ne lui donnait aucune compensation de ses énormes sacrifices (1748). « À partir de cette époque, dit un historien, Louis XV disparut honteusement des affaires, se renfermant, comme les princes de l’Orient, au fond de son palais, laissant toute l’autorité à Mme de Pompadour, qui précipita la France dans la désastreuse guerre de Sept ans (1756), tandis que la ruine de nos colonies dans l’Inde et l’Amérique était suivie de l’anéantissement de notre marine. Le ministère du duc de Choiseul fit conclure le pacte de famille entre les diverses branches de la maison de Bourbon (1761). La paix de Paris, qui mit fin à la guerre de Sept ans (1763), décida de l’abandon presque total de nos colonies à l’Angleterre, qui dès lors ne rencontra plus d’obstacle à l’empire des mers. En 1766, la mort de Stanislas fit réunir la Lorraine à la France, qui acheta encore la Corse aux Génois. Humiliée et affaiblie sous le despotisme de Louis XV, la France ne put empêcher le démembrement de la Pologne. »

Les premières mesures de Louis XVI, dont l’avènement sembla ramoner le calme et la tranquillité dans le royaume, furent de rétablir les anciens parlements et de rendre plusieurs édits favorables au peuple. Lorsque ce prince infortuné monta sur le trône, la France semblait ruinée ; les finances se trouvaient dans un tel désordre que l’économie n’était plus un remède suffisant. Le roi épousa Marie-Antoinette, de la maison d’Autriche (1770). Il secourut les Américains dans leur guerre d’indépendance contre la tyrannique métropole, puis attaqua sur mer les Anglais, auxquels il opposa une marine qui se releva de ses anciens désastres ; la paix de Versailles (1783) nous rendit quelques colonies. L’ouverture des états généraux (1789) commença la grande Révolution. Les états se formèrent bientôt en Assemblée nationale constituante. Les biens du clergé et les domaines du roi, devenus biens nationaux, furent vendus pour rétablir les finances. En 1790, l’ancienne division par provinces fut abolie, et la France divisée en quatre-vingt-trois départements. Alors on ne tint compte ni des coutumes ni des souvenirs ; on abolit les privilèges ; il n’y eut plus ni Provence ni Bretagne, mais seulement la France, unité nationale poursuivie avec tant de constance depuis Hugues Capet. Avignon et le Comtat-Venaissin furent enlevés au pape et incorporés à la France. Tout cela s’accomplit au milieu d’une grande fermentation des esprits. L’Europe émue prit les armes. Les Prussiens et les Allemands attaquèrent la France par le nord. Dumouriez les repoussa ; il gagna la victoire de Valmy sur les Prussiens et celle de Jemmapes sur les Autrichiens (1792). Alors la Constituante, puis la Législative, dont nous n’avons point à retracer ici la marche et les travaux, furent remplacées par la Convention, qui abolit la royauté, proclama la République et concentra en elle seule tous les pouvoirs. Louis XVI monta sur l’échafaud (21 janvier 1703). Dumouriez, maître de la Belgique, alla faire quelques conquêtes en Hollande, tandis que d’autres généraux attaquaient l’Allemagne et que Bonaparte, alors simple officier d’artillerie, arrachait Toulon aux mains des Anglais. La Vendée soulevée lutta contre les troupes de la République avec une grande énergie. En même temps, le général Bonaparte accomplit sa célèbre campagne d’Italie. Par le traité de Campo-Formio, Bonaparte assura à la France la rive gauche du Rhin ; peu après (1798), il partit pour la funeste campagne d’Égypte. Pendant son absence, les Autrichiens et les. Russes enlevèrent à la France les provinces conquises en Allemagne et en Italie. Masséna, par sa victoire de Zurich, sauva la France d’une invasion. Bonaparte accourut d’Égypte, débarqua à Fréjus. Il fut nommé premier consul, après avoir, le 18 brumaire an VIII (19 novembre 1799), renversé le Directoire qui avait succédé à la Convention. Bonaparte commença alors cette gigantesque épopée, qui aboutit la paix de Lunéville (9 février 1801). La paix d’Amiens, signée l’année suivante avec l’Angleterre, obligea celle-ci à rendre toutes ses conquêtes dans les colonies ; mais la Grande-Bretagne ne tarda pas à reprendre les armes, et Bonaparte réunit à Boulogne une flotte immense pour transporter son armée en Angleterre. Ces préparatifs demeurèrent inutiles. Le pape Pie VII, qui avait conclu avec Bonaparte le concordat de 1801, vint couronner Napoléon empereur héréditaire des Français (1804), titre auquel l’ambitieux conquérant ajouta bientôt celui de roi d’Italie. Parvenu au but de ses ardents désirs, Bonaparte rêva la suprématie européenne. L’Angleterre, la Russie et l’Autriche s’unirent contre la France. Bonaparte, devenu Napoléon, répondit à cette redoutable alliance en se mettant en campagne avec la grande armée. Après avoir complètement détruit l’armée austro-russe dans une brillante série de victoires couronnée par la bataille d’Austerlitz, il signa, le 20 décembre, la paix de Presbourg, qui dépouillait l’Autriche de l’État de Venise, de la Dalmatie. de l’Albanie, etc., et donnait un nouvel accroissement au territoire français. L’année suivante, Napoléon, conquit le royaume de Naples et remporta les victoires d’Iéna et d’Auerstædt sur la Prusse, qui, malgré ses assurances de paix, était entrée dans une nouvelle coalition. En 1807, les batailles d’Eylau et de Friadland achevèrent la destruction des armées russes et amenèrent la paix de Tilsitt. Tant de puissance enivra Napoléon ; il envoya ses légions victorieuses asservir le Portugal et l’Espagne. Cette guerre injusted êvora ses armées et prépara sa chute. Cependant l’Autriche voulut recommencer la lutte avec le géant qui faisait encore trembler le monde. La guerre s’ouvre donc de nouveau en Allemagne, et les batailles d’Abensberg, d’Eckmühl, d’Ebersberg, d’Essling et de Wagram ont bientôt forcé l’empereur François à demander de nouveau une paix humiliante. Napoléon, se voyant sans postérité, divorça avec Joséphine Beauharnais pour épouser l’archiduchesse Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche (1810). Cependant, partout en Europe les esprits fermentaient contre Napoléon ; la Russie enfin osa lui résister, et, en retirant ses armées jusque dans les steppes glacées de la Moscovie, amena le désastre de 1812. L’année suivante, les batailles de Dresde et de Leipzig ouvrirent aux alliés le chemin de la France, épuisée et fatiguée de tant de gloire si chèrement acquise. Malgré la glorieuse et brillante campagne de France, Napoléon dut abdiquer et se retirer à l’Ile d’Elbe (11 avril 1814). Louis XVIII monta sur le trône de France ; il y était à peine assis que Napoléon débarqua à Cannes (1er mars 1815) et arriva à Paris en triomphateur. Bientôt 300,000 hommes l’entourent, tandis que Louis XVIII se retire à Gand. Mais l’Europe lance ses dernières armées contre la France. Napoléon envahit la Belgique, remporte sur les Prussiens la victoire de Fleurus (16 juin) et va succomber à Waterloo. La France dut subir les fameux traités de 1815.

Le règne de Louis XVIII prouva que ce souverain n’avait rien appris, rien oublié. Le milliard des émigrés mit à deux doigts de la banqueroute la France, déjà ruinée par les guerres de l’Empire et par l’invasion. Mais si grande était la lassitude que, malgré la triste expédition d’Espagne, Louis XVIII put mourir dans son lit. Charles X, qui lui succéda, n’eut pas cette bonne fortune. Un réveil s’était produit dans les esprits. L’assassinat du duc de Berry, qui seul avait troublé le règne du père de Gand, avait lancé le gouvernement dans une voie funeste. Charles X voulut s’appuyer sur la réaction. Il fut brisé en 1830, malgré cette alliance du trône et de l’autel sur laquelle il avait cru pouvoir se reposer. La prise d’Alger fut le seul événement remarquable de ce règne sans gloire. Louis-Philippe, d’abord nommé lieutenant général du royaume, fut appelé au trône. Avec ce prince commence le despotisme de la bourgeoisie. Pour satisfaire aux exigences de cette classe à idées étroites et uniquement préoccupée de spéculations, le nouveau roi, qui ne se souvenait plus du duc d’Orléans, rompit avec son passé libéral et sacrifia constamment les intérêts des prolétaires. De nombreuses émeutes se produisirent sous son règne, qui s’épuisa dans des luttes stériles de parlement. Guizot, Thiers ; Thiers, Guizot, tel fut le jeu de bascule auquel la France assista pendant dix-huit ans. Guizot l’emporta et avec lui son système, qui nous débarrassa du dernier roi. Le 24 février, la République fut proclamée. Elle dura quelques mois. Le peuple, fatigué des intrigues d’une Assemblée réactionnaire et d’une faction bien connue sous le nom de Comité de la rue de Poitiers, se jeta dans les bras du prince Louis-Napoléon, neveu de l’empereur. L’ancien conspirateur de Strasbourg et de Boulogne fut d’abord nommé président de la République pour quatre ans ; puis, dans une nuit à jamais néfaste, il égorgea celle qui lui avait rendu une patrie, et l’Empire sortit, au matin du 3 décembre, d’un ruisseau de sang. Que dire de ce règne qui ne fut qu’une suite de rapines ? Rien, si ce n’est qu’il s’effondra le 4 septembre 1870 dans un ruisseau de boue. V. Napoléon III, Guerre de 1870 et Quatre septembre.

Tableau chronologique des souverains de la France.
première race.  mérovingiens.
Pharamond (douteux) 420
Clodion 428
Mérovée 447
Childéric 1er 458
Clovis 481-511
Premier partage.
austrasie.
Thierry Ier 511
Théodebert Ier 534
Théodebald 548-555
orléans.
Clodomir 511-524