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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/316

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mis pour quelque temps, se révolta de nouveau, à la voix du brasseur Jacques d’Artevelde, et les Français perdirent la bataille navale de l’Ecluse. Une trêve d’un an fut conclue ; mais, avant l’expiration de cette trêve, la guerre recommença au sujet de la succession de Bretagne. Les deux maisons de Montfort et de Penthièvre se disputaient le duché, devenu vacant. Philippe se déclara pour Charles de Blois, représentant la maison de Penthièvre, et Edouard III prit parti pour Jean de Montfort. La guerre, qui dura vingt-trois ans, se termina par le traité de Guerande. En 1345, Edouard III débarqua près de Barfleur, à la tète d’une immense armée, prit Caen et marcha sur Paris ; mais, effrayé par la bonne contenance des troupes qui protégeaient la capitale, il se hâta de repasser la Seine. Philippe de Valois le poursuivit, et, le 26 août 1346, eut lieu la désastreuse bataille de Crécy, dans laquelle il fut fait usage de canons pour la première fois. 30,000 Français furent tués ou faits prisonniers. A la suite de cette bataille, Edouard III marcha sur Calais, qui se rendit après un siège immortalisé par le dévouement légendaire d’Eustache de Saint-Pierre. A tous ces désastres se joignirent une horrible peste, connue sous le nom de peste de Florence, la famine, le massacre des juifs, les folies des flagellants et l’établissement de la la gabelle ou impôt du sel. Philippe de Valois mourut en 1350. Malgré tous les malheurs qu’éprouva la France sous son règne, le domaine royal s’agrandit par la réunion de plusieurs provinces ou duchés, notamment du Valois, de l’Anjou, du Maine, de la Champagne, de la Brie, du comté de Montpellier, du Dauphiné, etc. Cependant Edouard avait envahi l’Artois, tandis que son fils, le fameux prince Noir, ravageait tout le Languedoc, puis venait gagner la fameuse bataille de Poitiers (1356), où le roi Jean, qui avait succédé à Philippe de Valois, perdit la liberté. Là périt toute la fleur de la chevalerie qui avait survécu à Crécy. La France consternée se sentit plongée dans un abîme de malheurs. Paris devint un foyer de troubles sous la funeste influence de Charles de Navarre. Les paysans se soulevèrent contre les nobles et formèrent la redoutable ligue qui fut appelée Jacquérie. Le roi Jean, prisonnier à Londres, n’hésitait pas à rendre, pour obtenir sa liberté, toutes les conquêtes de ses ancêtres sur les Plantagenets et à payer 4 millions d’écus d’or. Ainsi les Valois anéantissaient l’œuvre des capétiens. La France refusa de semblables conditions ; la guerre recommença avec fureur, et Edouard dicta la paix de Brétigny (1360). Le duc d’Anjou, fils de Jean le Bon, qui devait rester en otage en Angleterre jusqu’à ce qu’on eût fourni la somme stipulée, s’étant enfui de Londres, Jean alla se constituer de nouveau prisonnier et mourut en captivité. Le Dauphin succéda à son père sous le nom de Charles V. Les commencements de son règne furent marqués par deux traités importants. La victoire de Cocherel, remportée par Du Guesclin sur les troupes du roi de Navarre, et la bataille d’Auray décidèrent, en 1365, la conclusion des traités de Saint-Denis et de Guerande. Du reste, la sagesse de Charles V et la vaillante épée de Du Guesclin. réparèrent les malheurs qui avaient accablé la France sous les règnes précédents. Le héros breton fit si bien en Aquitaine, en Guyenne, en Poitou, en Normandie, que le vieux Edouard, en mourant, ne possédait plus en France que Bayonne, Bordeaux et Calais (1377). L’Angleterre se révolta contre son roi à la nouvelle de la reddition de Brest et de Cherbourg. Cependant des révoltes en Languedoc, en Bretagne, une guerre sanglante en Flandre, etc., balancèrent tant de succès ; puis la démence du roi Charles VI vint mettre le feu aux quatre coins de la France et la replongea dans un nouvel abîme de malheurs. Sous la fatale influence d’isabeau de Bavière, femme de l’infortuné roi, deux factions puissantes se partagèrent le royaume : l’une obéit à Jean sans Peur, duc de Bourgogne, l’autre au duc d’Orléans, qui, assassiné par son rival, eut pour successeur son fils. Celui-ci épousa la fille du comte d’Armagnac et appela à lui toute la noblesse de Gascogne, appuyée des ducs de Bretagne, de Bourbon et de Berry (1410). Dans cette sanglante guerre civile, les Armagnacs représentent le midi, les Bourguignons le nord de la France. Ces deux factions sollicitèrent l’appui de l’Angleterre, qui vint profiter de nos discordes civiles. Henri V, débarqué près du Havre, recula devant une armée française commandée par le Dauphin, marcha en hâte vers Calais, ville alors anglaise, et gagna la bataille d’Azincourt (1415). Cette grande bataille fut aussi funeste à la France que l’avaient été celles de Crécy et de Poitiers. 8,000 gentilshommes perdirent la vie à la journée d’Azincourt, et le jeune duc d’Orléans fut au nombre des prisonniers. Le vainqueur ne profita point de sa victoire et retourna en Angleterre. Alors les Bourguignons et les Armagnacs inondèrent Paris de sang. Les Bourguignons égorgèrent dans les prisons le comte d’Armagnac et tous ses partisans. Mais, l’année suivante, le duc de Bourgogne ayant accepté une entrevue au pont de Montereau avec le dauphin Charles, sous prétexte d’une réconciliation solennelle, y fut traîtreusement assassiné par Tanneguy Duchâtel. Ce nouveau crime jeta dans le parti des Anglais son fils et successeur Philippe le Bon. Le duc de Bourgogne et Isabeau de Bavière firent signer au pauvre insensé qui portait le titre de roi de France le honteux traité de Troyes, par lequel il déshéritait son propre fils et donnait au roi d’Angleterre, avec la main de sa fille, Catherine de France, le titre de régent du royaume et d’héritier de la couronne. A la mort de Charles VI, le fils de Henri V fut proclamé roi de France à Paris et à Londres, sous le nom de Henri VI. Mais le Dauphin se fit couronner à Poitiers sous le nom de Charles VII. Le règne de ce dernier prince commença par une longue suite de revers ; la France sembla tout à fait perdue dans ces luttes terribles. Les Anglais étaient partout vainqueurs, à Crevant-sur-Yonne, à Verneuil, près d’Evreux, et leurs succès avaient presque réduit Charles VII au territoire de Bourges. Orléans, la seule place qui se défendît encore, était assiégé. Alors apparut Jeanne Darc ; son courage, ses victoires, son martyre sauvèrent la France en répandant partout l’horreur du nom anglais (1431). Le tout-puissant duc de Bourgogne, dont les riches possessions entouraient le royaume à l’est et au nord, abandonna le parti anglais, qui dès lors faiblit chaque jour. Toutes les provinces que possédaient les Anglais furent successivement enlevées, et bientôt l’Angleterre ne posséda plus en France que Calais, qu’elle perdit bientôt, et les îles normandes de Guernesey et de Jersey, qu’elle a toujours conservées (1453). Ce règne, si glorieux pour nos armes, avait été un instant agité par la faction de l’aristocratie, dite la Praguerie, contre le roi Charles VII, sous l’influence tracassière du Dauphin, le futur roi Louis XI. A ces désordres s’étaient mêlés en même temps ceux des bandes errantes de soldats mercenaires habitués au pillage. Pour s’en débarrasser, le roi les envoya en partie faire une expédition contre les Suisses (1444), tandis que d’autres bandes allaient dans la Lorraine révoltée contre René d’Anjou ; là, les grandes cités s’étaient rendues indépendantes de l’empire. Charles prit un grand nombre de villes, assiégea Metz, l’une de ces républiques puissantes, odieuses à la haute aristocratie française ; elle se racheta. Toul et Verdun en firent autant. Charles VII posait ainsi les bases de l’unité territoriale. Il avait préparé ses victoires par l’établissement d’une armée régulière. Une taille perpétuelle ou impôt permanent était destinée a fournir la solde de cette armée. C’est encore au règne de Charles VII qu’il faut rapporter les premiers développements du commerce national. Ce roi songea surtout à abaisser la grande puissance de la maison de Bourgogne ; l’accomplissement de ce projet, si utile à la monarchie, occupa tout le règne de Louis XI, prince fourbe et cruel, mais d’une prudence et d’une habileté consommées. Louis XI avait compris que, tant que la royauté n’aurait pas abattu l’orgueil des grands vassaux, le royaume, affaili par le morcellement féodal, ne pourrait lutter avec avantage contre les ennemis extérieurs et serait mal administré au dedans. Les premiers actes de ce prince ne laissèrent aucun doute sur ses intentions ; aussi les seigneurs s’unirent-ils contre lui sous prétexte d’assurer le bien général ; leur ligue fut, pour cette raison, appelée Ligue du bien public. Les principaux membres étaient le duc Charles le Téméraire, le comte de Charolais et le duc de Berry, frère du roi. La bataille indécise de Montlhéry fut suivie des traités de Conflans et de Saint-Maur, qui assuraient des conditions avantageuses aux princes confédérés ; mais le roi n’avait signé la paix que pour affaiblir ses ennemis en les divisant. Une seconde ligue s’étant formée deux ans après, Louis XI reprit la Normandie à son frère, contraignit le duc de Bretagne à se séparer de la ligue et voulut traiter lui-même avec Charles le Téméraire, qui le retint prisonnier à Péronne et lui arracha un traité assurant Amiens, Abbeville, Saint-Quentin, Péronne, etc., au duc de Bourgogne, et promettant la Champagne au duc de Berry. Mais à peine libre, le roi s’empressa d’éluder le traité. La mort de Charles le Téméraire devant Nancy (1477) mit fin à la redoutable puissance des ducs de Bourgogne. Louis XI avait voulu s’assurer cet immense héritage ; mais Marie, fille du duc, épousa Maximilien, archiduc d’Autriche, auquel elle apporta la plus grande partie de ses riches domaines. Le traité d’Arras (1482) fut l’un des derniers grands actes de la féodalité souveraine ; il consomma le démembrement de la maison de Bourgogne. La France y gagna la Franche-Comté, l’Artois et la Picardie. De plus, la Flandre fit hommage au roi de France. Le reste des provinces bourguignonnes qui formèrent la magnifique dot de Marie empêchait la France d’occuper jusqu’au Rhin le cadre naturel de l’ancienne Gaule. Ces provinces rhénanes seront lougtemps le champ de bataille où la France disputera ses limites naturelles. Louis XI obtint, en outre, du roi d’Aragon le Roussillon et la Cerdagne ; par droit de succession, l’Anjou et le Maine lui revinrent, ainsi que la Provence ; mais cette principale partie de l’ancien royaume d’Arles regardait la France comme étrangère, voulant conserver ses droits et sa législation, et exigea que les rois de France portassent le titre de comtes de Provence. Louis XI mourut plein d’inquiétudes, après avoir traîné pendant quelque temps une existence misérable dans son château de Plessis-lès-Tours et, essayé en vain de prolonger son existence par les plus ridicules pratiques superstitieuses. Charles VIII succéda à Louis XI en 1483 ; son mariage (1491) avec l’héritière de Bretagne lui donna pour toujours cette province si longtemps rebelle, si longtemps l’alliée de l’Angleterre. Les circonstances le forcèrent à rendre à l’Autrtche l’Artois et la Franche-Comté, à l’Espagne la Cerdagne et le Roussillon, affaiblissant ainsi l’œuvre de Louis XI. Il crut réparer ces pertes en allant faire la conquête du royaume de Naples, héritage de la seconde maison d’Anjou. Il avait conçu, dit-on, un projet gigantesque. Il ne s’agissait de rien moins que de se diriger vers la Grèce, d’enlever Constantinople aux Turcs et de rétablir un empire chrétien d’Orient. Mais ce grand projet n’eut aucune suite ; la conquête de Naples (1495) fut éphémère, et, pendant ce temps, un orage formidable se formait contre le roi de France dans le nord de l’Italie. Venise, Milan, Florence et le pape, ligués avec Maximilien, Ferdinand le Catholique et Henri VII, avaient résolu d’enfermer Charles VIII dans le royaume de Naples ; mais ce prince remporta sur les confédérés la brillante victoire de Fornoue, qui lui ouvrit un libre passage à travers l’Italie. Charles VIII mourut en 1498, à l’âge de vingt-sept ans, regretté du peuple, qui aimait jusqu’à ses défauts. Charles ne laissait pas d’enfants. La couronne revint au premier prince du sang, Louis, duc d’Orléans, qui reprit les projets de son successeur. Outre les prétentions que lui avait liguées Charles VIII sur le royaume de Naples, il réclamait encore le Milanais, comme petit-fils de Valentine Visconti. Ces guerres de vanité et d’amour-propre, en concentrant toutes les forces de la France en Italie, l’empêchèrent de prendre part aux grandes entreprises dont le génie de Christophe Colomb avait donné le signal.

A Louis XII succéda (1515) le duc d’Angoulême, François Ier, qui continua les expéditions d’Italie, auxquelles vint encore se mêler la désastreuse querelle entre ce nouveau roi de France et Charles-Quint, au sujet de la couronne impériale. Comme arrière-petit-fils de Charles le Téméraire, Charles-Quint réclamait la Bourgogne, et, comme empereur germanique, le Milanais. François Ier revendiquait le royaume de Naples et la Navarre. Vaincu dans cette lutte, François Ier alla, prisonnier à Madrid, signer un traité honteux et funeste qu’il n’exécuta point (1526) ; mais il exécuta celui de Cambrai, par lequel il renonçait à Naples, à Milan, à la souveraineté de la Flandre et de l’Artois. « Ce règne de galanterie, d’art, de fêtes, fut ruineux pour la France, dit un historien. François Ier, vrai héros du moyen âge, paralysa par ses imprudences la valeur des Lautrec, des Nemours, des Bayard. » La politique sans franchise de Charles-Quint ralluma la guerre en 1542. Cette fois, l’Angleterre s’était unie à l’Autriche et voulait partager la France. Le roi déploya toutes ses forces, envoya cinq armées sur toutes les frontières envahies ; il avait, au grand scandale de la chrétienté, réclamé le secours de Soliman, sultan des Turcs, qui lui envoya sa flotte. Affaibli par des défaites, des désastres imprévus, Charles-Quint évacua la France, signa le traité de Crespy-en-Laonnais (1544), renonçant à la Bourgogne comme François Ier renonçait à Naples. Le Milanais devait être donné au fils de celui-ci, le duc d’Orléans. Les Anglais firent aussi la paix, moyennant une indemnité de 2 millions d écus d’or (près de 20 millions de francs), et la possession temporaire de Boulogne, que reprit bientôt Henri II. Les dernières années du règne de François Ier furent troublées par des discordes religieuses qui aboutirent au sanglant massacre des Vaudois (1545). François Ier mourut en 1547, à l’âge de cinquante-trois ans. C’est surtout comme protecteur des lettres, des sciences et des arts, que François Ier a bien mérité de la France et de l’Europe entière. Son nom est inséparable du nom de la Renaissance. Henri II, appelé au secours de l’Allemagne protestante, alla s’emparer des Trois-Evéchés (Metz, Toul, Verdun), s’assura de la Lorraine, menaça Strasbourg, puissante ville impériale, et s’empara d’une partie du Luxembourg. Charles-Quint vint attnquer Metz avec une armée de 100,000 hommes. Le duc de Guise repoussa l’ennemi et lui fit éprouver des pertes considérables. La guerre se faisait en même temps en Italie et en Piémont, et le maréchal de Brissae s’y montrait prudent général et habile tacticien. En 1557, la France perdit la fameuse bataille de Saint-Quentin contre les Espagnols de Philippe II, maître des Pays-Bas ; mais elle répara ce désastre par la prise de plusieurs villes, entre autres de Calais (1558). Ainsi échappa à l’Angleterre sa dernière possession sur le sol français. Enfin, le traité de Cateau-Cambrésis mit fin à la guerre. La France garda les Trois-Evêchés et la ville de Calais ; Philibert-Emmanuel fut remis en possession de son duché de Savoie, dont il avait été dépouillé, et Henri II renonça à toute espèce de droit sur le royaume de Naples. Un double mariage scella ce traité : la fille du rqi de France épousa Philippe II, et sa sœur, Philibert-Emmanuel. Le règne de Henri II se termina, comme celui de son père, par des troubles religieux. Le protestantisme avait fait de grands progrès en France. « Dès 1547, il y avait, dit M. Magin, dix-sept provinces et trente-trois villes dans lesquelles avaient pénétré les idées nouvelles. Henri II avait voulu en arrêter le développement par des édits qui ne firent qu’échauffer le zèle des protestants. » La Rochelle, Poitiers, Bourges, Orléans, devinrent les foyers de la Réforme. En 1551, il y avait en France plus de 2,000 Eglises réformées. Les protestants d’Allemagne et d’Angleterre soutinrent ceux de France ; des batailles avaient été perdues par les catholiques et les protestants, quand l’horrible massacre de la Saint-Barthélémy (24 août 1572) vint épouvanter la Réforme sans l’abattre. Cet affreux crime fut commis sous la fatale influence de Catherine de Médicis, des Guises et des cruelles agitations de la Ligue. Les réformés se battirent en désespérés. Henri de Bourbon, héritier présomptif de la couronne, chef du parti protestant, vit la puissance catholique faiblir par le massacre des Guises à Blois, et l’assassinat de Henri III, dernier des Valois (1589). Plusieurs fois vainqueur des fanatiques catholiques de la Ligue, qui faisaient de Paris affamé le centre de leurs fureurs, Henri IV eut à lutter contre le duc de Parme, au service de l’Espagne. Vainqueur à Arques et à Ivry, Henri IV triompha de tous les obstacles, abjura la Réforme à Saint-Denis, fut couronné à Chartres et entra solennellement à Paris, accordant une amnistie générale (1594). Ce ne fut pourtant qu’à force d’or que Henri arracha les belles provinces que les ambitieux avaient prises, sous la protection de Philippe II, dont les armées étaient toujours menaçantes. Pour assurer la paix intérieure, le roi de France signa l’édit de Nantes (1593), qui assurait aux protestants la liberté religieuse, et leur abandonnait un certain nombre de places de sûreté, notamment La Rochelle et Montauban. Avec Henri IV commence la dynastie des Bourbons. La première partie du règne de ce prince est signalée par des guerres et des conquêtes ; la seconde est remarquable par les réformes et les améliorations administratives que ce grand roi, aidé du sage Sully, son ministre et son ami, réalisa dans le royaume. En 1600, la France n’offrait qu’un déplorable chaos d’anarchie et de misère. Henri IV s’efforça de réparer tant de maux. Il échangea avec la Savoie le marquisat de Saluces contre la Bresse et le Bugey, et obtint ainsi le Rhône pour limite jusqu’à Genève. Il rétablit les finances, diminua les impôts, protégea l’agriculture et l’industrie, apaisa la sédition, déjoua les complots. Après avoir rendu à la France sa prospérité, et s’être élevé lui-même au comble de la gloire et de la puissance, Henri IV voulait étendre en Europe son influence et abaisser la maison d’Autriche, quand il tomba sous le poignard de l’infâme Ravaillac (14 mai 1610). La mort de ce grand roi laissa le trône à un enfant de neuf ans, Louis XIII, et la régence à une faible femme, Marie de Médicis, qui abandonna toute l’autorité au Florentin Concini. A la faveur des troubles, les protestants s’agitèrent ; leur assemblée à La Rochelle publia (1621) une déclaration d’indépendance, partagea en huit cercles les Eglises réformées, régla les levées d’argent et d’hommes, en un mot organisa la république protestante. En 1623, Richelieu entra au conseil du roi ; il sut prendre avec fermeté la direction des affaires, et y déploya aussitôt toutes les ressources et toute la vigueur de son génie. Les plans de Henri IV furent repris et complétés. Richelieu se proposa un double but : affermir le pouvoir de la royauté, afin de maintenir l’unité de la monarchie ; placer la France au premier rang parmi les puissances européennes. Pour atteindre ce double but, il fallait, au dedans, abattre le parti protestant et la noblesse ; au dehors, abaisser la maison d’Autriche : ce à quoi tendirent tous les efforts de ce grand ministre. La Rochelle était le boulevard protestant ; cette ville tomba, malgré le secours de l’Angleterre, grâce aux gigantesques travaux de siége exécutés par ordre du cardinal, qui réussit en peu de temps à imposer sa volonté à l’Europe entière et à abmsser la haute aristocratie française, dont il déjoua les intrigues et les dangereux desseins. Le parti protestant ruiné et la noblesse humiliée, Richelieu s’occupa de l’abaissement de la maison d’Autriche, et alors commença la fumeuse guerre de Trente ans. La guerre se fit à la fois en Allemagne, dans les Pays-Bas, en Italie, en Espagne, avec des succès divers ; mais, durant les dernières années de la première période de la guerre ou guerre de Sept ans, la France triompha : l’Alsace, la Cerdagne, le Roussillon, la Catalogne, Arras, Turin, Sedan, Perpignan, etc., succombèrent sous les coups des années françaises. Ainsi les frontières éLaient protégées, la maison d’Autriche abaissée, la France puissante, quand Richelieu mourut (1642). Le roi le suivit de près dans la tombe.

Louis XIV n’avait pas encore cinq ans lorsqu’il fut appelé au trône par la mort de son père. Le parlement de Paris déclara régente la reine mère Anne d’Autriche. Mazarin fut bientôt appelé au ministère, et il est juste de reconnaître que cet Italien a fait de grandes choses pour la France. Son premier titre de gloire fut l’heureuse et brillante conclusion de la guerre de Trente ans. L’Espagne avait cru pouvoir se relever de ses humiliations ; mais le prince de Condé inaugura le règne de Louis XIV en remportant sur elle la célèbre victoire de Rocroy (1043) ; il prit Thionville, Philippsbourg, Mayence et plusieurs autres places sur la rive droite du Rhin. L’année