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dre à la charrue pour l’amener sur le trône. Dans ce poème, traité comme un opéra, le dogme de l’émancipation des femmes est représenté par une troupe d’amazones armées pour la conquête des hommes et rêvant une polyandrie d’abord fantastique, mais qui finit par tomber dans le réalisme le plus cru. Cette pièce est une des plus folles créations du romantisme allemand, mais aussi une des plus riches par la forme.

Fondation de la République des États-Unis. Washington, étude historique publiée, en 1855, par M. Cornélis de Witt, précédée d’une notice historique sur Washington, par M. Guizot. L’auteur est de la famille d’une grande victime populaire, de ce Jean de Witt, qui, traîné par des furieux dans les rues d’Amsterdam, répétait d’une voix, ferme cette ode d’Horace :

Justum et tenacem proposili virum…

Le nom qui fut celui du vertueux patriote hollandais fait bien au frontispice de cette histoire exacte, judicieuse et sincère du grand patriote américain, histoire qui peut, sans trop de désavantage, soutenir le parallèle avec la biographie de Washington, écrite par M. Sparks, le Plutarque américain. Washington ne semblait pas destiné à jouer un rôle important ; il n’avait ni cette ambition qui pousse aux entreprises hardies, ni les facultés qui sont nécessaires pour en assurer le succès. C’était un planteur de la Virginie, un vendeur de tabac ; mais il possédait au suprême degré le courage militaire et le courage civil, ces deux fondements des démocraties. Washington ne désirait pas la guerre, mais il fut toujours résolu à combattre pour le droit. « Sans doute, écrivait-il, il est douloureux que des frères se soient plongé l’épée dans le sein, et que les champs de l’Amérique, autrefois si heureux et si paisibles, soient désormais inondés de sang ou peuplés d’esclaves ; déplorable alternative ! Mais un homme vertueux peut-il hésiter ? » Cet homme incapable d’aveuglement et que l’enthousiasme n’emportait pas, une fois entré dans une carrière qu’il n’avait pas choisie, devait aller jusqu’au bout sans fatigue, sans découragement, comme le settler américain, enfoncé dans une forêt vierge, se fraye son chemin en abattant les arbres devant lui, ne s’arrête et ne se repose que lorsque l’obstacle est franchi.

M. de Witt montre parfaitement quelles difficultés Washington eut à vaincre pendant la guerre de l’indépendance et surtout au début de la guerre, à quels ménagements sa fierté fut obligée de se plier pour ne pas froisser les susceptibilités démocratiques. Tout cela est vu avec finesse et avec esprit ; mais l’auteur ne tient pas assez compte de l’élan patriotique, qui, en dépit de toutes les misères, emportait les Américains et devait les rendre invincibles. Il retrace très-fidèlement ainsi les débuts de la lutte : « C’était une guerre de position, froide comme une partie d’échecs ; peu de sang répandu, peu de combats héroïques et d’actions d’éclat ; un seul grand spectacle : la fermeté de Washington dans la mauvaise fortune, sa lutte sans relâche contre le découragement, la peur et la trahison des siens. » Mais l’auteur ne fait pas assez ressortir un autre spectacle bien plus grand encore, celui que donnèrent ces soldats improvisés, ces populations armées soudainement pour l’indépendance, ces hommes quittant la charrue ou le comptoir, et qui finirent par vaincre une armée régulière et se montrer dignes de l’homme qui les commandait. Un homme ne suffit pas pour fonder l’indépendance d’un peuple. Du reste, M. de Witt apprécie très-bien le caractère militaire de Washington, ce mélange de patience et d’audace, de temporisation habile et de décision hardie qui lui donnait la force d’attendre le moment propice et l’habileté d’en profiter, comme aussi l’énergie qui lui fit demander un pouvoir illimité, mais temporaire sur l’armée. Ce pouvoir lui fut accordé pour six mois. Le danger d’une dictature militaire n’était pas grand avec un homme qui écrivait au congrès : « Loin de me croire dégagé par cette marque de confiance de toute obligation civile, je me souviendrai toujours que l’épée à laquelle nous n’avons fait appel qu’à la dernière extrémité, pour la défense de nos libertés, doit être posée dès que ces libertés seront fermement établies. » Washington était de ceux qui, après avoir fait de semblables promesses, les tiennent.

Après la guerre commence le rôle politique du fondateur de la République des États-Unis, plus admirable encore que son rôle militaire. Il entre dans cette carrière de dévouement, d’abnégation et de sagesse au bout de laquelle s’est trouvée la liberté pour sa patrie, et pour lui la plus solide et la plus pure des gloires. Son ascendant réconcilie deux puissances dont les différends menaçaient l’avenir de l’Amérique : le parlement et l’armée victorieuse. Le parlement marchandait les récompenses promises à l’armée, l’armée menaçait de se dissoudre en présence d’un ennemi vaincu, mais qui pouvait encore être dangereux. Washington fit honte à celle-ci d’un pareil dessein, et au parlement de sa maladroite ingratitude, et cette victoire du bon sens acheva d’assurer l’indépendance que les armes venaient de conquérir. Il lui donna une force bien plus grande encore, en refusant, exemple trop peu suivi ! d’accepter le souverain pouvoir et de confisquer la liberté et la révolution à son profit. Tout, cependant, semblait l’y inviter. « Ce qui n’avait d’abord été que la guerre aux Anglais, dit M. de Witt, devint la guerre aux riches. La misère, la banqueroute, le communisme, la guerre sociale au sein des États, la guerre civile entre eux, le mépris et les insultes de l’étranger, toutes ces hontes et tous ces maux étaient imminents ou déjà présents. » Washington eût pu, comme d’autres, croire qu’il était un homme appelé par la Providence à sauver une patrie ainsi menacée, en saisissant la toute-puissance ; mais son âme était plus grande ; au milieu de tous ces périls, il ne désespéra pas de la liberté, et il alla, dans la convention de Philadelphie, travailler à fonder non sa puissance, mais celle de sa patrie.

La convention de Philadelphie a été le berceau de la constitution américaine. On y eut beaucoup de peine à s’entendre. Tout cet ensemble de discussions, de tâtonnements, de transactions, d’où est sortie la constitution des États-Unis, est parfaitement expliqué par M. de Witt. C’est la partie de son livre qui renferme les enseignements et les aperçus les plus nouveaux. Rien de plus laborieux que les premières années des États-Unis. Heureusement elles furent remplies par les deux présidences de Washington ; L’habileté toujours honnête et l’honnêteté toujours habile qu’il montra pendant cet intervalle étaient nécessaires pour assurer l’existence de la nouvelle république, et on ne voit personne autour de Washington, qui, à sa place, eût déployé tant de vigueur et de sagesse. Après avoir dirigé la guerre de l’indépendance, il conduisit, pendant huit ans, à travers une foule d’obstacles, les affaires de son pays. On peut dire qu’il a eu deux fois la gloire de le sauver. Sa carrière diplomatique fut, en effet, plus glorieuse, sinon plus brillante que sa carrière militaire. C’est un côté du personnage de Washington que son historien a mis plus en relief qu’on ne le fait d’ordinaire, et qui complète cette grande figure comme par une révélation inattendue, les extraits de correspondance, qu’il a fondus habilement avec le récit des événements, aident autant à expliquer la fondation de la république des États-Unis, qu’à faire comprendre le caractère de son fondateur ainsi résumé : « C’est une grande figure originale par sa simplicité : peu d’éclat, peu de traits dans le détail et un ensemble frappant ; peu de fécondité avec peu de concision ; de la monotonie dans la forme et la puissance entraînante du génie ; une perpétration et une portée dans les vues qui vont jusqu’à l’éloquence, une humilité sincère, mais sans emportement et sans pruderie, une passion ardente, mais dominée et contenue, contre laquelle on n’est jamais tenté de se mettre en garde, et qui émeut et attire les âmes les plus froides sans inquiéter las esprits plus réfléchis. ».

Cette étude dénote la droiture du jugement et l’élévation des sentiments de l’auteur. C’est une composition bien ordonnée, où les matériaux bien choisis sont disposés dans un ordre simple et lumineux. « L’Histoire de Washington par M. Cornélis de Witt ressemble à Washington lui-même, dit M. Ampère. Au premier abord, elle semble quelque peu froide ; mais à mesure qu’on avance dans cette lecture, l’historien intéresse davantage comme le héros se fait plus aimer à mesure qu’on le regarde de plus près. »

Fondation de Carthage (la), tableau de Turner. V. Carthage.

FOND-DU-LAC, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de Wisconsin, à l’extrémité méridionale du lac Winnebago, à 100 kilom. N.-E. de Madisson, ch.-l. du comté de son nom ; 8,000 hab. Bâtie sur l’emplacement d’un poste commercial fondé jadis par les Français, cette ville est agréablement située sur une colline dont le pied s’enfonce dans le lac, et possède de nombreuses scieries et moulins hydrauliques à farine. Des chemins de fer l’unissent à la plupart des villes de l’État de Wisconsin, et une ligne de bateaux à vapeur la met en communication avec le Mississipi, par le canal de la rivière Fox, laquelle sort du lac Winnebago.

FONDE s. f. (fon-de). Mar. Fond de l’eau. || Être à la fonde, Être au mouillage.

FONDÉ, ÉE (fondé) part, passé du v. Fonder. Établi, bâti, en parlant d’un édifice : Une maison fondée sur le roc. Un pont fondé sur pilotis. || Construit, en parlant d’une ville : Rome fut fondée par Romulus et Rémus. Paris a été fondé dans une île de la Seine. Jérusalem fut fondé l’an du monde 2023, par le grand prêtre Melchisédech. (Chateaub.) || Établi, institué : Le royaume de France fut fondé par des rois barbares. La monarchie russe fut fondée vers le Xe siècle. (Chateaub.)

— Fig. Qui a quelque raison, qui a quelque fondement : Les plus grandes réputations ne sont pas toujours les mieux fondées. (St-Réal.) || Dont les paroles ou les prétentions ont quelque chose de raisonnable, de légitime : Vous êtes fondé dans votre opinion. Il est fondé dans ses demandes. Il est fondé à se plaindre de nous. Nous sommes fondés en droit.

Fondé sur, Qui repose, qui est établi sur : Toutes nos connaissances sont fondées sur des rapports et des comparaisons. (Buff.) L’univers a été fondé sur le principe de la manducation de l’homme par l’homme. (Proudh.)

Tout le pouvoir du trône est fondé sur l’autel.

Fondé sur le sable, Qui manque complètement de solidité : Une fortune, une réputation FONDÉE SUR LE SABLE.

— Jurispr. Fondé de pouvoir, Dûment autorisé à agir au nom d’un autre. Il Substantiv. : J’ai délégué mon fondé de pouvoir.

— Fin. Dette fondée, Dette de l’État inscrite à perpétuité sur le grand livre.

— Encycl. Jurispr. Fondé de pouvoir. Pour pouvoir donner un mandat, il faut avoir la capacité de contracter (v.mandant) ; mais les principes sont différents en ce qui concerne la capacité pour être mandataire. Comme, en effet, en règle générale, on ne fait choix d’un mandataire que pour se mettre en rapport avec des tiers, il importe peu à ces derniers que le fondé de pouvoir, c’est-à-dire l’agent intermédiaire, qui n’est qu’un instrument passif, ait ou non une capacité à lui propre. « L’exécution du mandat, dit M. Tarrible, entraîne à sa suite une obligation respective dont la solidité est subordonnée à certaines conditions. Si le commettant a fixé son choix sur un mineur, sur une femme mariée ou sur toute autre personne qui n’avait pas la libre faculté de s’engager, il n’aura de reproches à faire qu’à sa propre imprudence, et les obligations qui sont à la charge du mandataire demeureront soumises à la nullité ou à la restitution inséparable des engagements contractés par les personnes de cette classe. »

Le fondé de pouvoir ou mandataire doit remplir trois conditions : 1o accomplir le mandat qu’il a accepté ; 2o y donner le soin convenable ; 3o rendre compte de sa gestion, et remettre au mandant tout ce qu’il a reçu. En principe, le mandat est gratuit ; mais la loi autorise le mandat salarié (code civil, art. 1986). Le fondé de pouvoir, même non salarié, est responsable de l’inexécution comme de l’exécution dommageable de son mandat, lorsqu’il y a, de sa part, faute grave. Mais il n’y a pas lieu à responsabilité pour inexécution du mandat, lorsque l’affaire dont le fondé de pouvoir avait été chargé n’est pas mise à fin par un fait indépendant de sa volonté. La responsabilité du mandataire est engagée plus ou moins sérieusement par les retards apportés à l’exécution du mandat, par l’inobservation des instructions qu’il a reçues du mandant, par son indiscrétion. Troplong va même jusqu’à dire qu’on pourra réputer faute le fait par le fondé de pouvoir d’entreprendre une chose qu’il saurait devoir nécessairement échouer, et que le mandant ne lui aurait commandée que parce qu’il la croyait possible.

Il peut arriver que le fondé de pouvoir, qui a été désigné pour agir par lui-même, se substitue un tiers dans la gestion, sans avoir reçu l’autorisation du mandataire. Il, est alors responsable des faits de ce tiers. Mais, s’il y a été autorisé, on doit distinguer : le pouvoir de substituer lui a-t-il été conféré avec désignation d’une personne déterminée, il échappe alors à toute responsabilité, quel que soit l’événement de la substitution. Lui a-t-on, au contraire, laissé le choix de la personne substituée, il ne saurait répondre d’autre chose que d’avoir mal fait son choix ; mais il n’est pas responsable de la conduite du substitué, car cette conduite n’est pas son fait. Quand le mandat est salarié, la responsabilité du fondé de pouvoir doit être appréciée plus rigoureusement, c’est-à-dire qu’il ne suffit pas que le substitué ne soit pas notoirement incapable ou insolvable, il faut encore qu’il soit notoirement capable, solvable, honnête.

Tout fondé de pouvoir est tenu de rendre compte de sa gestion ; cependant, un arrêt de la cour de cassation, du 24 août 1831, admet qu’il peut en être dispensé, quand le mandat intervient entre un père et son fils, ou bien lorsqu’il a été formellement dispensé de rendre compte. Un fondé de pouvoir comptable est réputé débiteur jusqu’à ce que son compte soit apuré ; il doit faire entrer dans son compte tout profit direct ou indirect qu’il a fait avec la chose du mandant ; il est même tenu d’y comprendre, non-seulement ce qu’il a perçu effectivement, mais encore ce qu’il aurait dû recevoir, et qu’il n’a pas reçu par sa faute.

Lorsqu’un même acte a établi plusieurs fondés de pouvoir, ils ne sont solidaires qu’autant que la solidarité est exprimée (code civil, art. 1995).

Dans le cas où plusieurs mandataires ont été choisis par le même acte, chacun d’eux doit, si les fonctions sont divisées, se renfermer strictement dans celle qui lui est assignée ; car, dans ce cas, cet acte est réputé contenir plusieurs mandats. Si, au contraire, les fonctions n’ont pas été divisées, chacun des fondés de pouvoir peut agir lui seul, et chacun est responsable de son propre fait.

M. d’Auvilliers cite deux cas qui peuvent se présenter quand le fondé de pouvoir ou mandataire a excédé les termes de sa procuration : 1o s’il a donné connaissance de cette procuration, les tiers ayant su ou pu savoir qu’ils traitaient avec une personne sans qualité n’ont rien à réclamer contre lui ; 2o s’il n’a pas donné connaissance de la procuration, il est responsable envers les tiers qui ont ajouté foi à sa parole. Du reste, dans l’espèce, l’appréciation des faits est entièrement abandonnée aux tribunaux.

Le mandat peut être donné par acte public ou sous seing privé, même par lettre ; il peut aussi l’être verbalement ; mais il ne peut être prouvé par témoins que dans le cas où la preuve testimoniale est admissible. Il existe, néanmoins, des cas où la loi exige une procuration authentique. Ainsi, elle est nécessaire : 1o pour représenter une partie dans un acte de l’état civil ; 2o pour former opposition à un mariage ; 3o pour prendre inscription de faux ; 4o pour accepter une donation ; 5o pour récuser un juge ou le prendre à partie ; 6o pour toucher des arrérages de rentes sur l’État (ordonnance du 1er mai 1816) ; 7o pour agir en inscription de faux contre les procès-verbaux en matière de douanes, et contre ceux des employés des droits réunis.

L’obligation du fondé de pouvoir cesse par sa révocation, par sa renonciation au mandat, par sa mort ou celle du mandant, par son interdiction ou par celle du mandant. Le mandant peut révoquer sa procuration quand bon lui semble (code civil, art. 2004). De son côté, le fondé de pouvoir peut renoncer au mandat en notifiant sa renonciation à la personne qui le lui a confié (code civil, art. 2007). Si, toutefois, cette renonciation porte préjudice au mandant, il devra en être indemnisé par son fondé de pouvoir, à moins qu’il soit impossible à celui-ci de continuer son mandat sans en éprouver lui-même un préjudice considérable : officium suum nemini damnosum esse debet.

Nous avons dit que le mandat cesse par le décès du mandant ; toutefois, lorsque le fondé de pouvoir ignore la mort du mandant ou l’une des autres causes qui font cesser le mandat, les actes qu’il a faits dans cette ignorance sont valides (code civil, art. 2008).

Quant à la compétence en matière de mandat, on doit distinguer : 1o Est-il civil, son exécution est poursuivie devant les tribunaux civils. 2o Est-il commercial, les différends auxquels son exécution peut donner lieu doivent être poursuivis devant les tribunaux de commerce.

FONDEMENT s. m. (fon-de-man — lat. fundamenium ; de fundare, fonder). Ensemble des travaux de maçonnerie qui arrivent jusqu’à fleur de terre, et servent de base à un édifice : Jeter les fondements d’un palais. De vils et faibles animaux minent quelquefois les fondements d’un palais, ou percent un vaisseau de haut bord. (Chateaubr.) || Tranchée que l’on ouvre pour y bâtir la base d’un édifice : Creuser les fondements d’une maison.

— Par ext. Base, partie d’un entassement naturel, qui supporte tout le reste de la masse : Les fondements d’une montagne. || Base imaginaire sur laquelle reposent la terre et l’univers : La terre a été ébranlée sur son antique fondement. Les fondements de l’univers semblent chanceler.

Ces ondes et ces vents, qui se livrent la guerre,
Jusqu’en ses fondements ont fait trembler la terre.
Saint-Lambert.

|| Base, appui sur lequel repose une institution : Les fondements de l’État. Les fondements de la société humaine. La justice est le premier fondement des sociétés. (Turgot.) Nulle autorité ne peut avoir de fondement solide que dans l’avantage de celui qui obéit. (Mirab.) || Source nécessaire ; principe, origine : Les premiers fondements de toute histoire sont les récits des pères aux enfants. (Volt.) La force est le vrai fondement de l’héroïsme. (J.-J. Rouss.) La liberté de conscience est le fondement de toutes les autres libertés. (J. Simon.) || Motif, raison : Des bruits sans fondement. Il y a un bon et un mauvais goût, et l’on dispute des goûts avec fondement. (La Bruy.) Rien n’est terrible, surtout à Paris, comme des soupçons sans fondement il est impossible de les détruire. (Balz.)

— Particulièrem. Partie inférieure du tube intestinal ; ouverture anale : Éprouver de vives douleurs au fondement. Avoir une chute du fondement. Un employé aux mines de diamants du Grand Mogol trouva le moyen de s’en fourrer un dans le fondement. (St-Simon.)

Syn. Fondement, base. V. BASE.

Antonymes. Faîte, pinacle.

Fondements de la métaphysique des mœurs, par Kant. Cet ouvrage, publié en 1783, cinq ans avant la Critique de la raison pratique, en est à la fois l’introduction et le résumé. On y trouve l’esquisse de la morale kantienne, faite avec autant de clarté que de profondeur et de précision, puisqu’elle est écrite par lui-même. Nous allons en présenter, d’après l’original et d’après le savant commentaire de M. Barni, une analyse très-succincte.

Après avoir expliqué, dans la préface, ce qu’il entend par une métaphysique des mœurs ou science des principes pratiques rationnels à priori, science qui étudiera, par conséquent, non pas l’homme et ses lois, mais l’idée et les principes d’une volonté pure à priori, Kant annonce qu’il va donner, dans cet opuscule, seulement les fondements de cette science, c’est-à-dire une étude sur le principe suprême de la moralité.

Ce petit traité se divise en trois sections : 1o passage de la connaissance morale ordinaire à la connaissance philosophique ; 2o passage de la philosophie élémentaire à la métaphysique des mœurs ; 3o passage de la métaphysique des mœurs à la critique de la raison pure pratique.