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instruisant, de faire montre de bel esprit, il faut compter les Dialogues des morts (1683). Fénelon avait mis à la mode ce genre de littérature, nécessairement un peu faux. Fontenelle met en scène les plus grands personnages mêlés aux plus grands événements, et, malheureusement, il ne s’élève pas à la hauteur de son sujet ; les rapprochements sont forcés et quelquefois choquants, et il n’en tire guère que des conséquences assez frivoles. Les caractères les plus imposants et les plus variés paraissent presque toujours terre à terre, et semblent jetés dans le même moule. Aucun n’y est marqué de ses véritables traits. L’esprit que leur prête l’auteur n’est point dans leur ton ; tout s’y réduit à ce qu’on appelle du bel esprit, ce qui, dans de tels sujets, déplaît et choque, parce qu’on y sent l’afféterie.

L’Histoire des oracles, l’un des trois grands monuments philosophiques de Fontenelle, et le plus hardi de ses ouvrages, parut en 1687, un an après la publication des Entretiens sur la pluralité des mondes, et lui attira la haine des dévots ; il devait bien s’y attendre, car il entreprenait de démontrer que les oracles sont l’ouvrage de la superstition et de la fourberie des prêtres du paganisme, non celui des démons, et qu’à l’arrivée de Jésus, on les écoutait encore. Fontenelle prend occasion de rappeler quantité de contes puérils, de livres apocryphes, de subterfuges, que l’Église imaginait dans les premiers siècles pour accréditer le christianisme, et qu’elle a rejetés sur sa route comme un fardeau désormais inutile. Tantôt le prêtre avait fait un songe favorable à son client ; tantôt il lui remettait un billet cacheté où celui-ci, après avoir payé, pouvait lire sa destinée ; mais ces oracles, comme tous les autres, « sentaient plus l’homme que le diable. » Le fond de l’Histoire des oracles n’est pas de Fontenelle ; il n’a fait que traduire un livre de Van Dale, médecin anabaptiste de Harlem sur le même sujet ; mais il a su présenter avec charme à son lecteur les faits que Van Dale avait souvent mêlés dans sa confuse érudition. Autre inconvénient : le médecin hollandais avait écrit en latin, pour ses confrères les savants ; Fontenelle écrivit pour tout le monde.

À peu près vers le même temps avait paru, dans les Nouvelles de la république des lettres, de Bayle (1686), la Relation curieuse de l’île de Bornéo, piquante allégorie philosophique, où Mero (Rome) et Eenegu (Genève) se disputent l’héritage de leur mère, la reine Glisée (l’Église). On sut que cette Relation était de lui, bien qu’il ne l’eût pas signée, et cette plaisanterie, rapprochée de l’Histoire des oracles, faillit être fatale à son auteur. Les dévots cabalèrent contre lui, mais ils en furent pour leurs intrigues.

Voici Fontenelle arrivé à une phase plus brillante encore de sa longue existence. Il avait été reçu à l’Académie française en 1691. Au renouvellement de l’Académie des sciences, en 1699, il en fut nommé secrétaire perpétuel, continua de l’être pendant cinquante huit ans, et donna, chaque année, un volume de l’Histoire de cette Académie. La préface générale est un de ces chefs-d’œuvre qui suffiraient seuls pour faire une belle réputation à un auteur. Cette Histoire se compose, non-seulement d’extraits ou d’analyses des mémoires lus devant l’Académie, mais encore, et c’en est la partie la plus intéressante peut-être, des Éloges des académiciens morts dans le cours de chaque année. On trouve dans les Extraits un ordre et une clarté qui manquaient quelquefois aux mémoires eux-mêmes, et des vues nouvelles et profondes ajoutées à celles des auteurs. Dans les Éloges, Fontenelle, philosophe et moraliste, peint l’homme et l’académicien ; c’est la partie la plus estimée, et, dans un certain sens, la plus estimable et la plus précieuse de ses ouvrages, quoique ce ne soit pas celle qui lui ait le plus coûté. Son œuvre personnelle a été recueillie sous ce titre : Histoire du renouvellement de l’Académie royale des sciences en 1699, et Éloges historiques des académiciens morts depuis ce temps-là, avec un discours préliminaire sur l’utilité des mathématiques et de la physique. Le premier volume, imprimé en 1708, contenait douze Éloges ; ce sont ceux de Bourdelin, de Tauvry, de Tuillier, de Viviani, du marquis de l’Hôpital, de Jacques de Bernouilli, d’Amontons, de Duhamel, de Régis, du maréchal de Vauban, de l’abbé Gallois et de Dodart. Neuf ans après, en 1717, il avait prononcé un nombre suffisant d’Éloges pour en composer un second volume. En 1722 parut le troisième, qui contient onze Éloges, entre autres, celui de Leibnitz, qui est un chef-d’œuvre. Enfin, il en publia successivement vingt-neuf autres, qui, ajoutés aux quarante précédents, donnent en tout soixante-neuf Éloges prononcés par Fontenelle en quarante-deux ans, de 1699 à 1740.

Fontenelle avait d’abord demeuré à Paris, chez son oncle et son parrain, Thomas Corneille, dans la maison de la rue d’Argenteuil qu’avait habitée et où venait de mourir son autre oncle, Pierre Corneille. Le duc d’Orléans, depuis régent du royaume, lui donna un appartement au Palais-Royal, qu’il habita jusqu’en 1730. Il alla alors demeurer chez Richer d’Aube, connu par l’épigramme de Rulhière :

Auriez-vous, par hasard, connu feu monsieur d’Aube
Qu’une ardeur de dispute éveillait avant l’aube ?

Fontenelle vivait cependant très-bien avec lui, et avait trouvé divers moyens de déjouer son esprit de contradiction. Mme de Montigny, sœur de Richer d’Aube, vint le remplacer en 1752 auprès de Fontenelle, qui en fit, par testament, une de ses principales légataires.

En dépit d’un tempérament peu robuste en apparence, Fontenelle jouit d’une santé constante jusqu’à plus de quatre-vingt-quatorze ans, et ne commença à ressentir quelques-unes des infirmités de la vieillesse que vers cet âge, c’est-à-dire cinq ans avant sa mort.

À la surdité succéda l’affaiblissement de la vue. Malgré ces infirmités, il ne perdait rien de sa bonne humeur. La surdité vint par degrés ; l’affaiblissement de la vue fut subit. Il disait alors : « J’envoie devant moi mes gros équipages. » Un matin, en 1751, Fontenelle, qui ne s’était jamais servi de lunettes, et qui, la veille au soir avait encore lu à la bougie dans le Colombat, s’aperçut qu’il ne pouvait plus lire, ni même distinguer les plus gros caractères. On lui chercha un lecteur ; en attendant qu’on l’eût trouvé, son amie et sa voisine, Mme de Forgeville vint passer les matinées avec lui. Un jour, la conversation languissant un peu, elle proposa une lecture qui fut acceptée. Fontenelle ayant dit ensuite à Mme de Forgeville qu’elle lisait très-bien et très-intelligiblement, elle offrit d’en faire autant tous les jours, et elle le fit, en effet, jusqu’à la mort de son ami.

Dans les deux ou trois dernières années de sa vie, Fontenelle devint sujet à d’assez fréquentes faiblesses, et même à des évanouissements ; mais, le samedi matin 8 janvier 1757, l’évanouissement se prolongea jusqu’à sa mort, qui eut lieu le lendemain vers cinq, heures du soir.

De l’année de sa réception à l’Académie française (1691) jusqu’en 1721, il n’eut aucune occasion de parler dans cette Académie, ou de porter la parole pour elle. Cette année 1721, il y reçut, en qualité de directeur, le cardinal Dubois, et ensuite : Néricault Destouches, en 1723 ; Mirabaud, le traducteur du Tasse, en 1726 ; l’évêque de Luçon, Bussy Rabutin, en 1732, et enfin l’évêque de Rennes, Vauréal, en 1749. Après quoi, se défiant de lui-même, il pria ses confrères de ne plus l’exposer aux hasards du directorat.

Il y avait cinquante ans, en 1741, qu’il était de l’Académie française lorsque, devant un public nombreux et choisi, il prononça les paroles suivantes, qu’on ne put entendre sans frémissement : « Cinquante ans se sont écoulés, dit-il, depuis ma réception dans cette Académie… Ceux qui la composent présentement, je les ai vus tous entrer ici, tous naître dans ce monde littéraire, et il n’y en a absolument aucun à la naissance duquel je n’aie contribué. » Il devait vivre encore seize ans ; mais il avait alors déjà quatre-vingt-quatre ans ; c’est un âge assez respectable, et ce discours parut être son testament littéraire ou son chant du cygne. Il porta pendant soixante-six ans le titre de membre de l’Académie française.

Fontenelle fut en tout un homme heureux ; il jouit de la plénitude de sa renommée, et l’on peut dire de toute sa gloire, de son vivant même. Ceux de ses contemporains dignes comme lui de la postérité, ont presque tous célébré ses mérites, surtout cette qualité, ce talent de tout dire avec élégance et clarté, et de rendre la science aimable et souriante à tous. D’Alembert, dans la préface de l’Encyclopédie, le loue particulièrement « d’avoir appris aux savants à secouer le joug du pédantisme, » Lui-même semble s’être peint en ce portrait d’un de ses confrères, Dodart : « Il connaissait souverainement les qualités d’un académicien, c’est-à-dire d’un homme d’esprit qui doit vivre avec ses pareils, profiter-de leurs lumières et leur communiquer les siennes. » C’est ainsi qu’il concevait le rôle des Académies. « Rien ne peut plus contribuer à l’avancement des sciences, dit-il, dans l’Histoire de l’Académie, que l’émulation entre les savants, mais renfermée dans de certaines bornes. C’est pourquoi l’on convint de donner aux conférences académiques une forme bien différente des exercices publics de philosophie, où il n’est pas question d’éclaircir la vérité, mais seulement de n’être pas réduit à se taire. Ici, l’on voulut que tout fût simple, tranquille, sans ostentation d’esprit ni de science ; que personne ne se crût engagé à avoir raison, et que l’on fût toujours en état de céder sans honte ; surtout qu’aucun système ne dominât dans l’Académie à l’exclusion des autres, et qu’on laissât toujours toutes les portes ouvertes à la vérité. »

Jamais mathématicien ne fut plus homme d’esprit. « On prétend, disait Basnage (Histoire des ouvrages des savants, année 1702), que les mathématiques gâtent et dessèchent l’esprit… M. de Fontenelle pourrait servir de preuve pour réfuter la triste idée qu’on se fait des mathématiciens ; il n’apporte point dans le monde l’air distrait et rêveur des géomètres ;… il ne parle point en savant qui ne sait que les termes de l’art. Le système du monde qui, pour un autre, serait la matière d’une dissertation dogmatique, et qu’on ne pourrait entendre qu’avec un dictionnaire, devient, entre ses mains, un badinage agréable ; et, quand on a cru seulement se divertir, on se trouve quasi habile en astronomie, sans y penser. »

Voltaire lui écrivait, dans une lettre charmante : « Vous savez rendre aimables les choses que beaucoup d’autres philosophes rendent à peine intelligibles ; et la nature devait à la France et à l’Europe un homme comme vous, pour corriger les savants, et pour donner aux ignorants le goût des sciences. »


On a dit enfin très-justement que personne plus que lui n’avait « cet ordre fin et adroit » qu’il admirait dans Leibnitz ; cet art, « non-seulement d’aller à la vérité, mais d’y aller par les chemins les plus courts » (Éloge du marquis de l’Hôpital) ; « ces points de vue élevés d’où l’on découvre de grands pays, et surtout le soin, le grand soin de démêler toujours les idées. »

C’est là, en effet, son principal mérite, et ici nous ne parlons pas des œuvres de sa jeunesse, œuvres bien inférieures au grand ouvrage qui couronne sa carrière littéraire.

La raison a été constamment son guide dans tous les actes de sa vie comme dans toutes ses œuvres. Ainsi, il dit dans l’Avertissement des Éloges : « Le titre d’Éloges n’est pas trop juste ; celui de Vies l’eût été davantage, car ce ne sont proprement que des vies, telles qu’on les aurait écrites en rendant simplement justice. J’en puis garantir la vérité au public. J’ai su par moi-même un assez grand nombre des faits que je rapporte ; j’ai tiré les autres des livres de ceux dont je parle, même de livres faits contre eux, ou de mémoires fournis par les personnes les mieux instruites. Je n’ai pas eu la liberté et encore moins le dessein de faire des portraits à plaisir de gens dont la mémoire était si récente. Si cependant on trouvait qu’ils n’eussent pas été assez loués, je n’en serais ni surpris ni fâché. » Il dit, dans la Préface sur l’utilité des mathématiques et de la physique, et sur les travaux de l’Académie des sciences : « On traite volontiers d’inutile ce qu’on ne sait point, c’est une espèce de vengeance ; et, comme les mathématiques et la physique sont assez généralement inconnues, elles passent assez généralement pour inutiles. La source de leur malheur est manifeste : elles sont épineuses, sauvages et d’un accès difficile. »

On ferait aisément un volume de ces sortes de passages pleins de sens et de choses. Et ce n’est pas seulement la raison qui trouve à s’y satisfaire, c’est souvent le cœur, c’est l’homme moral.

« Il ne m’est jamais, disait-il, arrivé de jeter le moindre ridicule sur la plus petite vertu, »

Il disait des bonnes actions : « Cela se doit. » Quelques critiques ont reproché à Fontenelle son égoïsme, et ont appuyé leurs assertions par des exemples empruntés à sa vie. Nous ne contesterons pas la vérité de cette accusation, mais il s’agirait de définir le genre d’égoïsme du philosophe. C’était une philosophie prudente, résultat de ses réflexions et de la connaissance du monde plutôt que de son tempérament et de son caractère. Delille a, d’ailleurs, parfaitement rendu « l’état moral » de Fontenelle :

Fontenelle, toujours craignant quelque surprise,
Aux passions sur lui ne donne point de prise,
Soigne attentivement son timide bonheur,
Même dans l’amitié met en garde son cœur ;
Ami des vérités, par crainte les enchaîne.
Et s’abstient du plaisir pour éviter la peine.

L’histoire de son cœur et de son esprit est dans ces vers, et résume élégamment toutes les anecdotes dont on parsème ordinairement sa vie. Fontenelle faisait autour de lui plus de bien qu’on ne le pensait. À sa mort, on vit des gens le regretter et des malheureux le pleurer comme un père. Sa charité discrète et bien entendue était un des traits les plus touchants de cette physionomie souriante, où rien n’était forcé, où le feu de l’esprit était tempéré par un heureux mélange de la bonté du cœur. On l’aimait dans la société, où il avait le talent de se rendre toujours agréable. Les souvenirs d’un siècle le rendaient précieux et lui donnaient la majesté souveraine d’un homme respecté par la nature comme un monument éternel. Son esprit avait gardé sa souriante jeunesse. À quatre-vingt-douze ans, Fontenelle faisait des madrigaux et des vers sur le respect de Sparte pour la vieillesse. La vie solitaire déplaisait à ce vieillard né pour le monde. On le trouvait toujours ailleurs que dans sa maison, chez Mme de Tencin, ou chez Mme Geoffrin, et Piron, voyant passer son convoi, put s’écrier avec justice : « C’est la première fois que M. de Fontenelle sort de chez lui pour ne pas aller dîner en ville. » Philosophe jusqu’à ses derniers moments, il garda sur son visage, même dans l’agonie, une heureuse sérénité. « Vous souffrez ? lui demandait son médecin.

— Non, répondit le moribond, je sens une difficulté d’être. » Ce furent ses dernières paroles.

— Bibliogr. On peut consulter sur Fontenelle les ouvrages suivants : Lettres sur M. de Fontenelle, par d’Aquin de Château-Lyon (Paris, 1757, in-4o) ; Éloge historique de M. de Fontenelle, par de Solignac (Nancy, 1757, in-4o) ; Éloge historique de M. de Fontenelle, par Trublet (s. 1., 1758, in-8o) ; Mémoires pour servir à l’histoire de la vie et des ouvrages de M. de Fontenelle, tirés du Mercure de France, par le même (Amsterdam, 1759, in-12 ; 2e édit. corrigée et augm.) ; Éloge de M. de Fontenelle, par Le Cat (Rouen, 1759, in-8o) ; Éloge de M. de Fontenelle, par Lebeau (Hist. de l’Acad. des inscrip., tom. XXVII, 262) ; Éloge de M. de Fontenelle, par de Fouchy (Hist. de l’Acad. des scienc, ann. 1857, p. 185) ; Fontenelle jugé par ses pairs ou Éloge de Fontenelle en forme de dialogue entre trois académiciens des Académies française, des sciences et des belles lettres, par de Cubières (Londres et Paris, 1783, in-8o) ; Éloge de Fontenelle, par de Flers (Paris, 1783, in-8o ; s. 1., 1784, in-8o) ; Éloge de feu M. Bernard de Fontenelle, par de Tressan (s. 1., 1783, in-8o) ; Éloge de Bernard Le Bovyer de Fontenelle, par Deslyons (Liège, 1783, in-8o) ; Éloge de Bernard de Fontenelle, par Garat (Paris, 1784, in-8o ; couronné par l’Acad. franc.) ; Éloge de Fontenelle, par Le Roi (Paris, 1784, in-8o) ; Éloge de Bernard Le Bovier de Fontenelle, par Voiron (Amsterdam et Paris, 1784, in-8o) ; Fontenelle, ou De la philosophie moderne relativement aux sciences physiques, par P. Flourens (Paris, 1847, in-18). Voir aussi le Journal des Savants (1846) ; Fontenelliana, recueil des bons mots, réponses ingénieuses, pensées fines et délicates de Fontenelle, précédé d’une notice sur sa vie (Lille, 1853, in-32).

FONTENETTES (Louis de), médecin et poète français, né au Blanc (Berry) en 1612, mort à Poitiers en 1661. Il exerça son art dans ces deux villes et cultiva en même temps les belles-lettres et surtout la poésie. On a de lui : Anatomie des fautes contenues en la réponse au discours des maladies populaires de 1652 (Poitiers, 1653) et l’Hippocrate dépaysé, ou la Version paraphrasée de ses Aphorismes en vers françois (Paris, 1654),

FONTENIER s. m. (fon-te-nié — rad. fontaine). Celui qui est chargé de la surveillance, de l’entretien ou du service des fontaines publiques. || On dit aussi fontainier.

— Fabricant, marchand de fontaines. || Ouvrier qui répare les fontaines des ménages : Le cornet assourdissant des fonteniers a été remplacé par un timbre au moyen duquel ils avertissent de leur passage.

— Adjectiv. Qui a rapport à la construction ou au soin des fontaines : L’industrie fontenière. Un ouvrier fontenier.

FONTENOY, village de Belgique, arrond. et à 6 kilom. S.-E. de Tournay, près de la rive droite de l’Escaut ; 700 hab. Célèbre par la victoire des Français sur les armées anglaise, autrichienne et hollandaise alliées. V. ci-dessous.

Fontenoy (bataille de), le fait d’armes le plus éclatant de la guerre dite de la succession d’Autriche. On en connaît les motifs : l’empereur Charles VI, le dernier mâle de la maison Habsbourg-Autriche, était mort en 1740, laissant la couronne impériale à sa fille aînée, Marie-Thérèse, qui monta sur le trône en vertu de la pragmatique sanction. Des ennemis puissants se liguèrent alors contre cette princesse, épouse de François, de Lorraine, duc de Toscane. Frédéric H, roi de Prusse ; Charles-Albert, électeur de Bavière ; Auguste, électeur de Saxe et roi de Pologne ; Charles-Emmanuel, roi de Sardaigne, et Philippe V, roi d’Espagne, tous appuyés par la France, réclamèrent, sous un prétexte ou sous un autre, quelque partie de l’empire. Marie-Thérèse n’avait pour allié que l’Angleterre, excitée par sa vieille jalousie contre la France, et irritée des tentatives que nos ministres venaient de faire pour rétablir Charles-Édouard sur le trône de ses pères. Frédéric, aussi habile politique que grand capitaine, se détacha de la coalition dès qu’il eut atteint le but de son ambition. Auguste ne tarda pas à suivre son exemple, et, Charles-Albert étant mort, son fils Maximilien-Joseph reconnut lui-même les droits de François 1er  au trône impérial, de sorte que la France se trouva pour ainsi dire seule à soutenir le poids de cette guerre. Forcée alors de se tenir sur la défensive en Allemagne, elle résolut de porter les grands coups en Italie et surtout en Flandre, où se tenait prête à agir l’armée anglo-hollandaise, commandée par le duc de Cumberland, fils du roi George II, qui nous avait vaincus à Dettingen. Dans une circonstance aussi grave, les coteries féminines de la cour durent s’effacer, et le maréchal de Saxe reçut le commandement de l’armée française dans les Pays-Bas. Il était alors en proie aux douleurs d’une maladie mortelle, produite par les excès de tout genre qui avaient ruiné la prodigieuse vigueur de sa constitution. Les progrès toujours croissants d’une hydropisie nécessitaient à chaque instant des ponctions douloureuses, et on doutait qu’il pût se rendre à l’armée. Voltaire lui demanda même un jour comment il espérait dominer un état de faiblesse si menaçant : « Il ne s’agit pas de vivre, mais de partir, » répondit héroïquement le maréchal, et il se rendit au camp. De son côté, le roi, accompagné du dauphin, alla rejoindre l’armée, afin d’animer les troupes par sa présence (6 avril 1745). Le maréchal de Saxe ne fut pas plus tôt arrivé qu’il investit Tournay, dont la citadelle était un des chefsd’œuvre de Vauban ; près de 75, 000 Français cernèrent la place de tous côtés. Les ennemis se portèrent aussitôt en avant pour secourir Tournay ; ils comptaient environ 55, 000 hommes, dont la principale force consistait en 20 bataillons et 26 escadrons anglais. 5 bataillons et 16 escadrons hanovriens. Marie-Thérèse n’avait pu fournir à cette armée